L'ECOSOC DEMANDE LE RENFORCEMENT DE LA COORDINATION DE L'AIDE HUMANITAIRE D'URGENCE FOURNIE PAR L'ONU
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Conseil économique et social
Session de fond de 2006 – matin
L'ECOSOC DEMANDE LE RENFORCEMENT DE LA COORDINATION DE L'AIDE HUMANITAIRE D'URGENCE FOURNIE PAR L'ONU
Il tient une réunion-débat sur les situations d'urgence chroniquement sous-financées
(Publié tel que reçu)
GENÈVE, 18 juillet (Service d’information des Nations Unies) -- Le Conseil économique et social a adopté, ce matin, une résolution sur le renforcement de la coordination de l'aide humanitaire d'urgence fournie par l'Organisation des Nations Unies, dans laquelle il encourage la communauté internationale et les entités compétentes du système des Nations Unies à appuyer les initiatives nationales en matière de préparation aux catastrophes et de réduction des risques connexes.
L'adoption de cette résolution marque la fin du débat consacré aux affaires humanitaires, qui a porté ce matin sur « Les situations d'urgence sous-financées ». La réunion-débat organisée autour de ce thème était animée par M. Jan Egeland, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence des Nations Unies, qui a notamment demandé comment il se fait que les États les plus riches ne donnent pas au moins 10 fois plus d'argent et comment se fait-il que les économies émergentes du Sud ne donnent rien du tout, malgré leur préoccupation proclamée? Il a par ailleurs indiqué que le Liban avait requis l'aide internationale et qu'un appel de contributions serait lancé cette semaine pour l'assistance d'urgence à ce pays.
M. Dennis MacNamara, Conseiller spécial de M. Egeland pour les personnes déplacées, qui a souligné que seul un financement suffisant est en mesure d'apporter une solution à long terme à la crise des déplacements de populations. La réponse de la communauté internationale devrait s'attacher à régler ces crises par un financement suffisant: c'est ce qui manque actuellement en Afrique.
Le Directeur général du Département de l'aide humanitaire de la Commission européenne, M. Antonio Cavaco, a souligné que la Commission porte une attention particulière aux « crises oubliées », comme en témoigne la mise au point d'un outil d'évaluation de la vulnérabilité dont l'objet est d'identifier les situations de crise qui reçoivent une attention et une aide insuffisantes.
Un représentant de la Direction générale de l'Africa Rescue Committee a souligné qu'en dépit de besoins criants, la crise humanitaire en Somalie demeure l'une des moins bien financées au monde. La communauté humanitaire a réagi au problème de la sécheresse trop tardivement car elle est trop focalisée sur les dons alimentaires à court terme, a-t-il expliqué.
Dans le cadre du débat qui a suivi ces présentations, plusieurs intervenants ont déploré le manque de volonté politique de trouver des solutions à certaines crises jugées secondaires. Le financement des situations d'urgence ne doit pas se faire au détriment des programmes à long terme, a-t-il en outre été souligné. La nécessité de renforcer la coordination entre donateurs lors des crises, afin que les dons soient plus cohérents, a aussi été mise en évidence.
Les représentants des pays suivants se sont exprimés: Guinée, Finlande (au nom de l'Union européenne), Guinée-Bissau, États-Unis, Iran, Royaume-Uni, Pays-Bas et Canada. Les représentants du Programme alimentaire mondial, de l'Organisation mondiale de la santé et du Centre des Nations Unies pour les établissements humains sont également intervenus.
La prochaine réunion publique du Conseil aura lieu demain, mercredi 19 juillet, à 15 heures. Le Conseil se penchera sur l'application et le suivi des recommandations issues des grandes conférences et réunions au sommet des Nations Unies et sur la suite donnée aux résolutions de l'Assemblée générale portant sur la restructuration et la revitalisation de l'Organisation des Nations Unies dans les domaines économique et social.
Adoption d'une résolution dans le cadre du débat consacré aux affaires humanitaires
Par une résolution sur le renforcement de la coordination de l'aide humanitaire d'urgence fournie par l'Organisation des Nations Unies(E/2006/L.13), adoptée sans vote, le Conseil économique et social prend acte du rapport du Secrétaire général sur le renforcement de la coordination de l'aide humanitaire d'urgence fournie par les organismes des Nations Unies et le prie d'encourager les organismes compétents des Nations Unies à recenser et à exploiter les ressources et compétences techniques qui sont disponibles à l'intérieur du pays touché et/ou dans les pays voisins pour répondre aux besoins humanitaires. Le Conseil encourage également les États Membres à poursuivre leurs initiatives en matière de préparation aux catastrophes et de réduction des risques connexes, et encourage la communauté internationale et les entités compétentes du système des Nations Unies, dans le cadre de leurs mandats respectifs, à appuyer les initiatives nationales à cet égard. Le Conseil souligne que les organismes des Nations Unies devraient s'efforcer de renforcer les dispositifs, les connaissances et les institutions existants dans le domaine humanitaire, notamment en transférant des technologies et des compétences spécialisées vers les pays en développement et les pays en transition. Il encourage tous les États à renforcer leur capacité de réaction aux catastrophes naturelles ou causées par l'homme, notamment en élaborant des plans d'urgence nationaux ou en les étayant et en créant des institutions de gestion des catastrophes ou en les étayant, selon qu'il convient, encourage également le partage des connaissances et des données d'expérience entre les États, et encourage en outre la communauté internationale à appuyer les initiatives nationales à cet égard.
Réunion-débat sur le thème des situations d'urgence chroniquement sous-financées
Introduction
L'animateur de la réunion, M. JAN EGELAND, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence des Nations Unies, a déclaré qu'il fallait admettre que l'on avait toujours pas trouvé la formule pour investir dans un système financier efficace et prévisible à l'intention des pays ayant besoin d'assistance humanitaire. Aujourd'hui, un nouveau tsunami vient de s'abattre sur l'Indonésie et la situation des populations du Sud du Liban et au Darfour est très préoccupante. Cependant, la discussion de ce jour portera sur des situations qui ne sont pas au cœur de l'actualité, mais n'en sont pas moins inquiétantes.
Présentations
M. ANTONIO CAVACO, Directeur général du Département de l'aide humanitaire à la Commission européenne, a rappelé que la Commission européenne est un des plus importants contributeurs d'aide humanitaire et porte une attention particulière aux « crises oubliées », reléguées loin des feux des médias et qui coïncident souvent avec des situations d'urgence de longue durée. Il a ensuite abordé la question des crises sous-financées, comme dans la corne de l'Afrique, délaissée des donateurs, et où près de 3000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque jour des suites de malnutrition. M. Cavaco a fait remarquer que la problématique du manque de financement intervient souvent dans les pays les plus pauvres dont les populations sont aussi les plus vulnérables. Face à ce problème, la Commission européenne a mis au point un outil d'évaluation de la vulnérabilité, l'indice global des besoins humanitaires (ou GNA pour Global Needs Assessment), complété par l'indice FCA (Forgotten Crisis Assessment) qui identifie les situations de crise qui reçoivent une attention et une aide insuffisantes. M. Cavaco a ensuite mentionné que les appels de fonds conjoints ne s'étaient pas toujours effectués sur la base d'une solide évaluation des besoins. Se félicitant des nouvelles résolutions prises en matière de réponse et de distribution de l'aide, en particulier dans le cadre du Fonds central d'intervention d'urgence (CERF), il a toutefois indiqué que la Commission européenne avait décidé de ne pas contribuer financièrement à ce programme, mais préférait continuer à allouer ses ressources limitées aux situations identifiées comme urgentes, de manière souple et rapide, tel qu'elle est habilitée à le faire. En guise de conclusion, M. Cavaco a assuré les Nations Unies de son soutien à la réforme entreprise et a exprimé le souhait que la Commission européenne et les Nations Unies puissent continuer à œuvrer ensemble, afin que personne ne soit oublié.
M. ABDI ALI RAGHE, Direction générale de l'Africa Rescue Committee, a rappelé que depuis 2000, la Somalie s'est lentement dirigée vers une restauration de l'administration centrale et des infrastructures nationales. Ces progrès ont été éclipsés par une résurgence des combats entre des chefs de guerre. Dans ces conditions, et après des années d'insécurité alimentaire et de malnutrition, la situation humanitaire en Somalie est dramatique. Le nombre de Somaliens dans une situation d'urgence est passé de 200 000 à plus de 900 000. Au total, les Somaliens ayant besoin d'une aide humanitaire se chiffrent à plus de deux millions, dont 400 000 personnes déplacées. Malgré ces besoins criants, la crise humanitaire en Somalie demeure l'une des moins bien financées au monde. Seuls 47% des financements promis au titre des appels de fonds conjoints ont été reçus (324 millions de dollars), dont plus des trois quarts sont consacrés à l'aide alimentaire: des secteurs aussi critiques que le soutien à l'agriculture, la protection, la construction d'abris et d'installation d'eau et sanitaires ne reçoivent que 20% des fonds. Outre les appels de fonds conjoints, le pays bénéficie aussi de l'aide directe d'États arabes ou d'organisations non gouvernementales, soit un total de 25 millions de dollars en 2006. Mais la plus grande source de financement provient des Somaliens eux-mêmes, les expatriés envoyant chaque année entre 800 millions et un milliard de dollars, soit plus de 80% de l'aide internationale. Le manque de fonds entraîne d'abord l'impossibilité de mener à bien les activités humanitaires prévues, dont la réalisation dépend aussi, il est vrai, de la précarité des conditions de sécurité et de la faible capacité d'action locale. Cependant, a relevé M. Raghe, il est possible d'accomplir beaucoup malgré les difficultés présentes, comme en témoignent par exemple les campagnes de vaccination menées avec succès ou l'efficacité accrue de la communauté humanitaire opérant en Somalie.
Le manque de financement signifie que les besoins urgents de la population somalienne ne sont pas couverts et que, par conséquents, davantage de personnes meurent, a poursuivi M. Raghe. Les indicateurs de développement humain de la Somalie, malgré une décennie d'aide internationale, sont parmi les plus bas du monde. La population souffre de maladies évitables et du manque de nourriture. Les taux de malnutrition atteignent des niveaux qui devraient théoriquement entraîner une aide internationale d'urgence. De plus, la sécheresse récente a mis en péril les moyens d'existence même du peuple somalien: 70% du cheptel est perdu, les récoltes de céréales ont souffert et les prix explosé. La communauté humanitaire a réagi au problème de la sécheresse trop tardivement, a expliqué M. Raghe, car elle est trop focalisée sur les dons alimentaires à court terme. Il faudrait agir sur le terrain pour préserver les moyens de subsistance de la population pastorale, des mesures qui demandent des financements rarement obtenus. Le système de solidarité,
qui a toujours permis au peuple somalien de faire face à l'adversité, est aujourd'hui à la limite de ses capacités. Même les transferts d'argent des travailleurs émigrés ne suffisent plus à assurer la survie de la communauté en général, car ils ne bénéficient qu'à certaines parties du pays. Un financement humanitaire opportun et suffisant permettrait à la Somalie de préserver ses troupeaux et donc la vie des populations pastorales qui en dépendent. Il permettrait aussi de maintenir davantage d'enfants à l'école et de mettre un frein aux conflits autour des ressources, a conclu M. Raghe.
M. DENNIS MCNAMARA, Conseiller spécial pour les personnes déplacées du Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU, a relevé que la plupart des grands pays enregistrant des déplacements de population importants ont été ceux qui subissent un sous-financement. Il a regretté le manque d'investissement dans les processus de stabilisation et de relèvement post-crises, qui est à même de décourager le retour des populations déplacées et même de conduire à de nouveaux déplacements et à de nouvelles violences, comme cela a été le cas, notamment, en Somalie. Dans les situations de conflits, il est essentiel d'assurer la protection des groupes vulnérables et de leur porter secours; dans les situations post-conflits, il faut assurer la réinstallation permanente des victimes. M. McNamara a souligné que le sous-financement peut mener à un cercle vicieux d'assistance et de poursuite d'un conflit lorsque les personnes ne sont pas réinstallées. Seul un financement suffisant est en mesure d'apporter une solution à long terme à la crise des déplacements de populations. La réponse de la communauté internationale devrait s'attacher à régler ces crises par un financement suffisant: c'est ce qui manque actuellement en Afrique.
Discussion
M. EGELAND a déploré que la communauté internationale semble prête à tolérer, en Somalie par exemple, des taux de mortalité extrêmement élevés faute de financements adéquats. Comment la communauté humanitaire peut-elle progresser vers une rationalisation de l'action humanitaire et, ainsi, rassurer et encourager les donateurs à s'engager davantage en faveur des pays en détresse? Comment se fait-il que les États les plus riches ne donnent pas au moins 10 fois plus d'argent, et comment se fait-il que les économies émergentes du Sud ne donnent rien du tout, malgré leur préoccupation proclamée? Enfin, quelles mesures doivent être prises à l'égard des mécanismes de financement des Nations Unies, a demandé M. Egeland, invitant les membres de l'ECOSOC à proposer des solutions?
Le représentant de la Guinée Bissau a estimé que le problème ne relevait pas seulement de la volonté politique, mais traduisait aussi une crise morale. Le devoir de protéger, a-t-il dit, est un devoir universellement reconnu. Il a estimé qu'il n'était pas normal que ceux qui souffrent soient considérés selon leur origine. Tout en se félicitant qu'il y ait des institutions, comme l'Union européenne, qui apportent leur contribution sans discrimination, il a relevé un manque généralisé d'équité dont l'Afrique est la première à souffrir. Il a appelé à l'inventivité, à sortir des sentiers battus, pour fédérer les énergies et venir en aide à ceux qui en ont le plus besoin. Il a, lui aussi, posé la question de l'inertie des États par rapport à certains appels d'aide. Il a souligné que la famine ne constitue pas un terrain favorable à la démocratie.
La représentante de la Finlande, au nom de l'Union européenne, a souligné que lorsqu'il y a une volonté politique, il est possible de trouver des financements suffisants. Préoccupée par une situation dont l'Afrique a surtout été victime, elle a insisté sur la nécessité de pourvoir aux besoins des victimes de manière neutre et impartiale et a invité les Nations Unies à ne pas verrouiller l'affectation des fonds, afin de pouvoir répondre aux besoins prioritaires. Elle a relevé que des évaluations des besoins précises et régulières devraient contribuer à faire apparaître les lacunes en matière de financement. À cet égard, il est important, a-t-elle précisé, que les agences humanitaires communiquent clairement les priorités, afin que les donateurs aient une image claire lorsqu'ils prennent des décisions concernant l'affectation des fonds. Elle a relevé que le Fonds central d'intervention d'urgence (CERF) constituait un complément important pour identifier les crises oubliées et y remédier, tout en notant qu'il complétait mais ne remplaçait pas les instruments de financement existants. À ce titre, il devait être utilisé en dernier recours. Notant que les appels conjoints gérés par les Nations Unies étaient, à ce jour et pour cette année, financés à hauteur de 68%, elle a relevé que les résultats étaient mitigés et inégaux en ce qui concerne les situations d'urgences complexes. Elle a encore exhorté les États parties à ne pas se laisser influencer par les médias et à mobiliser leurs ressources en fonction des besoins. Se félicitant des efforts entrepris par les Nations Unies pour assurer une collecte de fonds efficace, elle a invité les donateurs à faire état de leur contribution auprès du service de surveillance financière, afin de permettre un partage de l'information quant au financement des différentes crises. Le tableau des financements devrait apporter des informations utiles par rapport à ces situations qui sont sous-financées et réclament davantage l'attention des donateurs.
Il y a une tendance à oublier un pays dès lors qu'il est dans une situation de conflit, a relevé un représentant, la nécessité de protéger les populations civiles s'effaçant au profit de considérations politiques. Il manque une volonté politique forte de résoudre ces crises, a déploré le représentant.
Un autre représentant a évoqué le problème des personnes victimes de conflits mais déplacées dans des pays voisins: elles ne bénéficiant ainsi ni de la couverture de l'aide internationale d'urgence, ni de l'aide post-crise. Des éléments positifs sont à retenir, comme la méthode d'évaluation rapide des besoins adoptée par l'Union européenne et qui permet de dégager rapidement des fonds en cas d'urgence. Le financement des situations d'urgence ne doit pas se faire au détriment des programmes à long terme, a dit le représentant. Un autre intervenant a dit la nécessité de renforcer la coordination entre donateurs lors des crises, afin que les dons soient plus cohérents. Quelle serait la mesure la plus réaliste que pourraient prendre les bailleurs de fonds à cet égard?
Le sous-financement est moins grave que l'oubli pur et simple, a fait remarquer un représentant, qui a également relevé la nécessité d'opérer des choix éclairés dans la répartition des fonds disponibles. La sécurité du personnel humanitaire et l'accès aux populations touchées sont des facteurs cruciaux pour l'efficacité de l'aide internationale, a dit le représentant, les ressources ne constituant qu'un élément du tableau.
Un autre intervenant a dit que le rôle sur le terrain des acteurs non étatiques (organisations non gouvernementales, presse, entre autres) devait être renforcé.
Plusieurs intervenants ont mis l'accent sur la nécessité de promouvoir plus avant le financement de la transition.
Le représentant de l'OMS a attiré l'attention sur le sous-financement de la composante « santé » des opérations d'urgence et a insisté sur la nécessité de mettre en place des ponts entre l'humanitaire et le développement tout en clarifiant le rôle de chacun.
Un autre intervenant a affirmé que le logement est le secteur le moins bien financé lors des opérations d'urgence.
Un intervenant a souligné que les efforts de réforme visant une meilleure performance dans la distribution de l'aide étaient aussi importants que la recherche de financements accrus.
Il a été rappelé que les pays voisins des pays nécessitant une aide humanitaire ont la responsabilité d'aider et de protéger les populations en danger. Il a également été souligné que l'aide humanitaire traite les symptômes, mais que si les crises se prolongent, c'est souvent faute de solutions politiques.
M. CAVACO a fait observer que la crise humanitaire en Afrique absorbe une grande part des budgets de l'aide européenne. La procédure d'attribution urgente de fonds mise en place par la Commission européenne a été sollicitée plusieurs fois déjà entre 2005 et 2006, a-t-il indiqué. Certains programmes concernant la République démocratique du Congo relèvent de l'aide au développement et non pas de l'aide d'urgence, a-t-il en outre souligné.
M. RAGHE a souligné que la Somalie constitue aujourd'hui une situation d'urgence humanitaire oubliée, doublée d'incertitudes sur le plan politique, les affrontements actuels risquant d'entraîner une nouvelle catastrophe humanitaire. Il semble que la communauté internationale ne dispose pas de plan d'urgence pour traiter ce problème qui risque de durer encore des années voire des décennies, a-t-il déclaré.
M. MCNAMARA a suggéré la tenue de dialogues spécifiques autour des « crises oubliées », pour en identifier les besoins prioritaires.
M. EGELAND a constaté des progrès du point de vue des méthodes de financement des donateurs, ainsi que du point de vue de l'organisation des systèmes internationaux d'aide humanitaire. Il faut systématiser les progrès et renforcer les modalités d'appel à l'assistance, afin que les préoccupations les plus urgentes soient dûment prises en compte, a-t-il affirmé. Il a par ailleurs pris note de la part prépondérante que prennent de plus en plus les partenaires non onusiens, en particulier les sociétés nationales de la Croix-Rouge. Estimant que les progrès enregistrés ne sont toutefois pas assez rapides, il a suggéré que les donateurs traditionnels, ainsi que la douzaine de nouveaux donateurs prévisibles, augmentent leurs engagements afin que puissent se dégager non seulement une masse critique de financements, mais aussi une évaluation précise des besoins.
Conclusion du débat consacré aux affaires humanitaires
En conclusion de l'ensemble du débat consacré aux affaires humanitaires, M. JAN EGELAND, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, s'est déclaré satisfait de ce que la session ait permis aux États de prendre la mesure de leurs obligations. Il a remercié les délégations pour leur travail et a assuré que les réflexions engagées et les décisions prises auront une incidence sur la manière dont les politiques humanitaires sont appliquées sur le terrain. Il a relevé les éléments importants mis en lumière notamment dans le cadre des discussions sur les violences sexistes et sur les crises sous-financées. S'agissant de ce dernier thème, il a comparé les Nations Unies à une entreprise dont les investisseurs se fâchaient de ce qu'elle investisse 20 milliards de dollars pour répondre à un problème qui exige, en réalité, 200 milliards.
M. Egeland s'est dit satisfait de ce que la résolution adoptée aujourd'hui aborde nombre des problèmes essentiels et les place dans un contexte opérationnel. Elle encourage notamment les États à renforcer leurs plans d'action et leur gestion des crises, et tire pour cela parti des leçons apprises lors des crises au Pakistan, en Tanzanie, au Pérou et ailleurs. La résolution reconnaît aussi le rôle important que les organisations non gouvernementales et les structures communautaires peuvent jouer dans la planification et la coordination de l'aide humanitaire. Cette résolution rationalisera l'action humanitaire de l'ECOSOC et de l'Assemblée générale, a estimé M. Egeland.
La situation qui prévaut actuellement au Moyen Orient rappelle que les décisions et discussions collectives dans cette salle sont plus urgentes et plus pertinentes que jamais, apoursuivi M. Egeland. Cette crise rappelle aussi que ce sont les civils qui paient le prix le plus élevé dans les conflits, a-t-il ajouté. Il a informé le Conseil que le Liban avait requis l'aide internationale et que cela serait suivi, cette semaine, par un appel d'urgence.
Concluant le débat consacré aux affaires humanitaires, M. PRASAD KARIYAWASAM, Vice-Président du Conseil, a dressé un bilan des discussions de l'ECOSOC autour du thème de l'aide humanitaire en se félicitant notamment du contenu particulièrement informatif des différentes réunions organisées dans le cadre de ce débat. M. Kariyawasam a dit accueillir avec une grande satisfaction l'adoption par consensus d'une résolution qui offre aux États des recommandations précises et concrètes pour une rationalisation de l'action humanitaire.
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