L'ECOSOC ENTAME SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU SUR LA CRÉATION D'UN ENVIRONNEMENT PROPICE AU PLEIN EMPLOI ET À UN TRAVAIL DÉCENT
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Conseil économique et social
Session de fond de 2006
L'ECOSOC ENTAME SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU SUR LA CRÉATION D'UN ENVIRONNEMENT PROPICE AU PLEIN EMPLOI ET À UN TRAVAIL DÉCENT
(Publié tel que reçu)
GENÈVE, 4 juillet (Service d’information des Nations Unies) -- Le Conseil économique et social a entamé, ce matin, son débat de haut niveau consacré à la création, aux niveaux national et international, d'un environnement qui se prête à un plein-emploi productif et un travail décent pour tous, et son impact sur le développement durable.
Le Secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires économiques et sociales, M. José Antonio Ocampo, a présenté le rapport que le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies a préparé sur ce thème, qui signale notamment que le nombre de chômeurs atteint 192 millions dans le monde, malgré une croissance mondiale assez forte, et que la qualité de l'emploi a aussi diminué.
M. Milivoje Panic, Vice-Président du Comité des politiques de développement, a pour sa part présenté le rapport du Comité en soulignant que si la croissance économique est essentielle pour améliorer le bien-être social, la croissance en elle-même n'est pas suffisante pour atteindre cet objectif.
Dans le cadre du débat de haut niveau sont intervenus les Ministres du travail de l'Afrique du Sud (au nom du Groupe des 77), de la Finlande (au nom de l'Union européenne), des Émirats arabes unis et de la République du Congo et de Maurice, le Ministre des affaires économiques et du développement de la Mauritanie et le Ministre des finances de la Barbade. Ont également pris la parole le Vice-Ministre pour les relations économiques et l'intégration du Paraguay; le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie; le Vice-Ministre du travail et des affaires sociales de la République tchèque; la Vice-Ministre des relations extérieures du Venezuela; la Vice-Ministre du travail d'El Salvador; le Vice-Ministre du travail et de la politique sociale de la Bulgarie; le Secrétaire aux affaires étrangères du Ministère des affaires étrangères du Bangladesh; et le Directeur général du travail au Ministère des affaires sociales et du travail de l'Espagne.
Le Secrétaire général de l'Organisation mondiale du tourisme ainsi que le Représentant permanent de la République de Corée sont également intervenus. Ont en outre pris la parole, trois représentants d'organisations non gouvernementales: la Conférence des organisations non gouvernementales (CONGO); la Fédération mondiale des Associations pour les Nations Unies; et Chinese People's Association for Peace and Development.
Nombre d'intervenants ont souligné que la création d'un environnement propice au plein emploi et au travail décent pour tous est un élément indispensable pour la réduction et l'élimination de la pauvreté et pour favoriser la croissance économique. La croissance économique, à elle seule, ne garantit pas le plein emploi, a-t-il également été souligné. On ne saurait parler de travail décent sans parler d'employeurs décents, d'entreprises décentes et de salaires décents, a rappelé un intervenant. La lutte contre la pauvreté ne sera couronnée de succès que si une importance égale est accordée à l'investissement humain, à la protection des ressources naturelles, à l'investissement dans la création de richesse et au maintien de moyens de subsistance ruraux, a-t-il été affirmé.
Si la mondialisation a généré de la croissance économique et des créations d'emplois à travers le monde, elle a également eu un effet néfaste à court terme sur l'emploi, les salaires, les relations de travail et la portée de la couverture des systèmes de protection sociale, créant un déficit de travail décent; la communauté internationale ne peut se permettre de continuer à ignorer ces évolutions, a-t-il été souligné.
Certains ont exprimé leur soutien à la proposition du Secrétaire général visant à déclarer une décennie pour le plein emploi productif et le travail décent pour tous.
Le Conseil poursuivra cet après-midi, à 16h30, son débat de haut niveau. De 14h30 à 16h30, il tiendra un dialogue informel avec le Groupe d'experts de haut niveau sur la cohérence à l'échelle du système dans les domaines du développement. Cet après-midi, de 16h30 à 18h30, aura également lieu, en salle XX, une table ronde de l'Assemblée générale sur les migrations internationales et le développement.
DEBAT DE HAUT NIVEAU
Présentation du rapport du Secrétaire général
M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires économiques et sociales, présentant le rapport du Secrétaire général sur le plein emploi productif et décent pour tous (E/2006/55) a exposé les tendances récentes en matière d'emploi. Le nombre de chômeurs a augmenté pour atteindre en 2005 un pic de 192 millions, et ce malgré une croissance mondiale assez forte. On voit par là que la croissance économique ne suffit pas à garantir le plein emploi. La qualité de l'emploi a aussi diminué: sous-emploi et chômage sont très répandus, surtout chez les jeunes, qui représentent la moitié des chômeurs. La mondialisation et les changements économiques ont augmenté les disparités entre personnel qualifié et non qualifié et entre les sexes: les femmes sont plus souvent au chômage que les hommes. D'autre part les changements structurels récents nous éloignent sans cesse de la notion de sécurité de l'emploi et la pression pour davantage de flexibilité entraîne un sentiment général d'insécurité. Enfin, les migrations transfrontalières sont en train de redéfinir le marché mondial de l'emploi. Malgré leur effet globalement positif sur les situations d'emploi nationales, ces mouvements suscitent de forts sentiments de xénophobie, a relevé M. Ocampo.
L'instauration du plein emploi productif passe par l'adoption d'une approche globale visant notamment l'amélioration de la situation générale des plus pauvres, a poursuivi le Secrétaire général adjoint. Cette approche doit placer l'emploi au centre de toutes les politiques sociales et économiques et exige l'adoption de politiques macro-économiques et monétaires adéquates. Or, ces politiques ont, au cours des dernières décennies, surtout visé à contenir l'inflation, au détriment de l'emploi. On sait par ailleurs aussi que la flexibilité nouvelle doit s'accompagner de mesures sociales de la part des États. Ceux-ci doivent aussi mettre en place des institutions de coopération avec le secteur privé et instaurer le dialogue social. Dans les pays en voie de développement, on pourrait diminuer le nombre des travailleurs pauvres en facilitant le microcrédit ainsi que la création de petites entreprises familiales. L'action devrait également porter sur l'intégration des jeunes dans le marché de l'emploi, ceci pour garantir la stabilité socio-économique. Une stratégie complète de formation professionnelle, de promotion de la création d'entreprises et d'instauration de l'égalité entre hommes et femmes doit être appliquée. Tous ces efforts devront être soutenus par la création, au niveau international, d'un contexte propice, dont l'Organisation internationale du travail doit être le centre. Il s'agit de créer les conditions macroéconomiques globales favorisant la demande tout en réduisant les inégalités. Le Fonds monétaire international et les agences spécialisées des Nations Unies sont tous appelés à jouer un rôle dans ce domaine.
Le rapport du Secrétaire général sur la création, aux niveaux national et international, d'un environnement qui se prête à un plein emploi productif et un travail décent pour tous, et son impact sur le développement durable (E/2006/55) aborde les principaux aspects des difficultés structurelles liées à la création d'emplois. Le rapport montre à quel point il est important de faire du droit à un emploi décent un objectif mondial. Étant donné le nombre élevé de chômeurs et le nombre encore plus élevé de «travailleurs pauvres», la difficulté est double puisqu'il s'agit d'augmenter aussi bien le taux de croissance économique que la qualité des emplois créés par celle-ci. Le fait que de très nombreux travailleurs soient classés parmi les pauvres dans les pays en développement illustre à quel point il faut créer des emplois suffisamment productifs et, partant, suffisamment rémunérés. C'est pourquoi il faut agir aussi bien en faveur de l'emploi que des gains de productivité. Une stratégie de nature à accroître la productivité et à multiplier les emplois à long terme doit avoir deux composantes: les investissements dans les secteurs économiques porteurs et le renforcement des capacités dans les secteurs qui emploient la majeure partie de la main-d'œuvre, et l'établissement de liens entre les deux composantes. Le dialogue social est fondamental si l'on veut élaborer et exécuter des programmes qui allient souplesse et protection sociale et si l'on veut faciliter le changement.
Afin de progresser sur la voie du plein emploi et d'un emploi productif et décent pour tous, le rapport recommande que soient prises les mesures suivantes: au niveau national, les pouvoirs publics devraient s'engager à atteindre le plein emploi et à permettre à chacun d'avoir un emploi productif et décent. L'emploi en tant qu'objectif politique devrait être pleinement intégré aux stratégies nationales de développement et de croissance. À cette fin, les pouvoirs publics devraient s'attacher à harmoniser les politiques sectorielles et les politiques macroéconomiques et à adopter des stratégies intégrées pour créer des emplois aux échelons national, régional et local. L'objectif d'un emploi décent et productif pour tous devrait devenir un objectif mondial et être mis en œuvre au moyen de politiques cohérentes dans un cadre multilatéral afin d'améliorer la coopération internationale concernant les questions macroéconomiques et commerciales et de mettre au point une stratégie mieux équilibrée et coordonnée, le but étant de parvenir à une croissance mondiale durable et au plein emploi, au moyen d'un meilleur accès aux marchés, de l'aide au développement, du transfert de technologies et de l'appui au renforcement des capacités institutionnelles, et de mieux partager entre les pays la responsabilité de maintenir la demande mondiale à un niveau suffisamment élevée. Enfin, il faut continuer à mettre l'accent sur l'objectif consistant à créer des emplois décents et agir en ce sens. Le Conseil économique et social souhaitera peut-être envisager de lancer une Décennie en faveur du plein emploi et d'un emploi productif et décent pour tous.
M. MILIVOJE PANIC, Vice-Président du Comité des politiques de développement de l'ONU, a notamment indiqué que lors de sa huitième session, au mois de mars dernier, le Comité des politiques de développement s'est penché sur la nature et les causes des problèmes de chômage dans de nombreux pays en développement, y compris ceux qui connaissent une croissance rapide sans que cela n'ait permis de générer de nouveaux et de meilleurs emplois. L'analyse ayant découlé de l'examen de ces questions a donné lieu à de nombreuses recommandations qui sont contenues dans le rapport publié sous la cote E/2006/33, a précisé M. Panic. Le Comité est unanime pour affirmer que la création d'un environnement propice au plein emploi productif et au travail décent pour tous devrait être un objectif central des politiques économiques et sociales au niveau national. L'emploi productif est d'une importance capitale pour la lutte contre la pauvreté et pour l'octroi d'une sécurité sociale adéquate, a souligné M. Panic. L'engagement des gouvernements de réduire la pauvreté requiert une action constante visant à réconcilier la croissance économique et la création d'emploi dans un cadre macroéconomique cohérent, a-t-il ajouté.
Le rapport du Comité souligne en outre que les possibilités de trouver travail décent dépendent largement des niveaux de productivité des emplois disponibles et des politiques de l'État. Le Comité est également totalement d'accord pour affirmer que si la croissance économique est essentielle pour améliorer le bien-être social, la croissance en elle-même n'est pas suffisante pour atteindre cet objectif. Dans le monde en développement, les populations, comme celles des économies les plus avancées, aspirent à un travail décent et à des niveaux de vie plus élevés. Pour parvenir à cet objectif, les populations ont besoin, outre d'améliorations importantes de leurs conditions de travail, d'améliorations en faveur des travailleurs qui ne font pas partie du cadre institutionnel formel. Au niveau international, les partenaires du développement doivent s'assurer que des objectifs en matière d'emploi soient pleinement intégrés dans les politiques et stratégies visant à favoriser la croissance et réduire la pauvreté. La libération du commerce et une meilleure intégration dans l'économie mondiale peut générer de nouvelles possibilités d'emploi, a reconnu M. Panic; mais elles peuvent aussi aboutir à des pertes d'emploi et à une vulnérabilité économique accrue aux événements extérieurs sur lesquels les pays, à titre individuel, n'ont que peu, voire pas de prise. Les politiques commerciales peuvent éviter ces problèmes si la libération s'opère graduellement et s'efforce d'assurer que les économies nationales et la main-d'œuvre sont prêtes à faire face au changement et à en bénéficier.
Le rapport sur les travaux du Comité des politiques de développement (E/2006/33) rend compte des principales conclusions et recommandations adoptées par le Comité à sa huitième session (20-24 mars 2006), qui a notamment examiné la question de la création, aux niveaux national et international, d'un environnement qui se prête à un plein emploi productif et à un travail décent pour tous, et sur son impact sur le développement durable. Le Comité est d'avis que la création d'un environnement qui se prête à un plein emploi productif et à un travail décent pour tous devrait être l'un des tout premiers objectifs des politiques économiques et sociales nationales, l'emploi productif étant indispensable à la lutte contre la pauvreté et à la fourniture d'une couverture sociale adéquate. Le Comité souligne que la communauté internationale devrait faire en sorte que l'objectif consistant à assurer un plein emploi productif et un travail décent soit systématiquement pris en compte dans les accords commerciaux, les arrangements financiers et l'aide au développement des pays en développement, en particulier des pays les moins avancés.
Le Comité a également examiné la manière de faire face à la vulnérabilité et à l'instabilité économiques, constatant que les pays qui ont réussi à prévenir ou à surmonter des crises y sont parvenus en adoptant une stratégie à long terme fondée sur l'utilisation constructive du savoir local. Le Comité recommande à la communauté internationale d'aider les pays en développement, en particulier les pays les moins avancés, à renforcer leurs capacités dans plusieurs domaines essentiels tels que le développement des infrastructures et les activités commerciales. Les pays développés ne devraient pas compromettre le développement des pays en développement en restreignant l'accès aux marchés, en reportant la réforme de leur politique agricole et en maintenant les subventions agricoles. La communauté internationale doit aider techniquement les pays les moins avancés à faire face à leurs problèmes environnementaux ou à la dégradation de leur environnement.
Le Comité a enfin recommandé d'inscrire la Papouasie-Nouvelle-Guinée sur la liste des pays les moins avancés et de retirer le Samoa. Il constate par ailleurs que la Guinée équatoriale, Kiribati, Tuvalu et Vanuatu satisfont pour la première fois au critère applicable au retrait de la liste.
Dans le cadre de son débat de haut niveau, le Conseil est également saisi d'un rapport du Secrétaire général sur la coopération régionale dans les domaines économique et social et domaines connexes (E/2006/15 et Add.1).
Déclarations
M. M. MADLALANA, Ministre du travail de l'Afrique du Sud (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), a déploré l'échec récent des négociations de l'Organisation mondiale du commerce dans le cadre du cycle de négociations de Doha, négociations qui auraient permis de redresser quelque peu la situation injuste des subventions qui prévaut actuellement. Le ministre a déclaré qu'il appartient aux Nations Unies de créer les situations économiques internationales propices à la réalisation des objectifs de développement.
La flexibilité n'est pas toujours synonyme d'amélioration du marché de l'emploi et doit s'accompagner de mesures de protection sociale, a poursuivi le ministre sud-africain. Des mesures doivent ainsi être prises par les États en matière de défense des droits du travail et de l'égalité entre hommes et femmes en matière d'emploi. La mondialisation a apporté des défis et des opportunités, mais aussi des déséquilibres économiques qui accentuent la brèche entre les pays du Nord et du Sud. Par ailleurs, l'accès inégal aux techniques de l'information entraîne une nouvelle forme de marginalisation des pays en voie de développement. L'impact des politiques économiques et commerciales internationales a des effets sur les économies locales. Un système commercial multilatéral, équitable et ouvert est la base sur laquelle la croissance économique pourra amener le plein emploi, a estimé M. Madlalana.
MME TARJA FILATOV, Ministre du travail de la Finlande (au nom de l'Union européenne et de pays associés) a rappelé que le Sommet mondial de septembre 2005 avait exprimé un soutien sans précédent au principe d'un travail décent en tant qu'objectif mondial. Une mondialisation équitable, l'emploi productif et le travail décent pour tous doivent être au cœur de la vision des Nations Unies dans le domaine du développement, a souligné Mme Filatov. Au niveau de l'Union européenne, la stratégie de Lisbonne contient une série de politiques intégrées en matière économique, sociale et d'emploi qui se renforcent mutuellement et visent à répondre aux défis qui se posent dans ces domaines. Cette stratégie a récemment été réorientée vers trois axes: investir dans le savoir et l'innovation; faire de l'Europe un lieu plus attractif pour travailler et investir; et créer des emplois plus nombreux et meilleurs. L'Union européenne tient à souligner la nécessité de promouvoir le travail décent pour tous dans les relations et les programmes de coopération de l'Union avec les pays tiers. La lutte contre la pauvreté ne sera couronnée de succès que si une importance égale est accordée à l'investissement humain, à la protection des ressources naturelles, à l'investissement dans la création de richesse et au maintien de moyens de subsistance ruraux. Le consensus européen considère l'emploi comme un facteur crucial pour parvenir à un haut niveau de cohésion sociale, a ajouté Mme Filatov.
Les quatre objectifs stratégiques de l'Organisation internationale du travail sont les principes et droits fondamentaux au travail, l'emploi, la protection sociale, le dialogue social, a rappelé Mme Filatov. Ces quatre piliers ont une importance égale, a-t-elle déclaré. Nous devons mesurer le succès ou l'échec de nos politiques économiques non seulement à l'aune de la croissance du produit national brut et des taux d'inflation, mais aussi à l'aune de l'impact des politiques suivies sur l'emploi, a affirmé la ministre finlandaise.
M. ALI BIN ABDULLAH AL KA'ABI, Ministre du travail des Émirats arabes unis, a souligné qu'il est indéniable que le chômage de millions de personnes dans les pays en voie de développement est un facteur d'instabilité et une menace pour la paix et la sécurité. Le chômage et la pauvreté endémiques entraînent une détérioration des conditions économiques et sociales dans les pays les moins avancés et sont à la source de nombreux conflits. Il appartient donc à la communauté internationale tout entière de s'attacher à régler les problèmes d'emploi. Il faut dans ce contexte créer des partenariats internationaux efficaces visant à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement, entre autres objectifs communs.
Les Émirats arabes unis ont toujours défendu l'idée du plein emploi, une préoccupation inscrite dans la stratégie de développement nationale du gouvernement, dont l'objectif général est l'amélioration des conditions de vie des citoyens. La Constitution des Émirats arabes unis pose le droit au travail pour tous les citoyens et le Gouvernement a adopté pour l'appliquer un certain nombre de lois et règlements visant en particulier l'égalité entre les sexes sur le marché de l'emploi, la sécurité sociale ou l'amélioration des conditions de travail. Le Gouvernement a ratifié neuf instruments internationaux concernant le travail forcé, l'inspection du travail, le travail de nuit, la discrimination et l'élimination des pires formes de travail des enfants, entre autres. Le rapport sur le développement humain 2005 des Nations Unies a montré les bons résultats des Émirats depuis trente ans en matière de développement économique et social, résultat ayant contribué à la création d'un cadre national favorable à l'emploi. Ceci a été rendu possible par l'adoption d'une véritable stratégie fondée sur l'utilisation judicieuse des revenus pétroliers, l'instauration de la liberté économique, l'encouragement du secteur privé, la promotion des investissements étrangers et l'adoption des nouvelles technologies de l'information. Dans le cadre de cette stratégie, le Gouvernement consacre 20% de son budget à l'éducation et à la formation professionnelle des garçons et des filles, ces dernières faisant l'objet de mesures d'intégration spéciales dans le marché du travail. Enfin, a précisé le ministre émirien, les travailleurs étrangers dans les Émirats sont en grande majorité (90%) des travailleurs munis de contrats temporaires, rentrant chez eux au terme de leur engagement. Cet arrangement permet d'importants transferts de fonds en direction de pays d'origine de ces travailleurs, ce qui représente, outre l'aide internationale directe financière consentie par les Émirats, une forme d'aide aux pays les moins avancés.
M. GILBERT ONDONGO, Ministre du travail, de l'emploi et de la sécurité sociale de la République du Congo, a souligné que le travail décent est incontestablement l'un des facteurs qui contribuent le plus au bien-être des hommes. Il faut donc s'atteler à l'instauration et à la pérennisation du plein-emploi, tant il est vrai que là où il y a plein emploi, il y a nécessairement au moins un point d'ancrage pour une vie agréable. Le bonheur du présent ne doit pas faire oublier la préparation de l'avenir, a poursuivi M. Ondongo. Dans nos pays dits sous-développés, a-t-il précisé, la tentation est grande de passer outre les préoccupations environnementales et de gestion rationnelle de nos ressources naturelles pour répondre aux besoins pressants et illimités du présent. Céder à ces tentations est une faute lourde de conséquences pour l'avenir, a-t-il souligné. Dans la pratique, chacun de nos gouvernements met en œuvre des politiques visant sans doute le plein-emploi ou à tout le moins la lutte efficace contre le chômage, a fait observer le ministre congolais; mais le chômage persiste dans quasiment tous nos pays, ce qui montre les limites de nos politiques respectives.
Au Congo, la création d'un environnement propice au plein emploi et au travail décent ne se décline pas uniquement en termes de politique macroéconomique; le bon environnement à créer au Congo passe aussi par l'édification d'infrastructures fiables, l'éducation des jeunes et la stabilité politique, a expliqué M. Ondongo. L'ONU et ses institutions spécialisées, entre autres, nous semblent parfaitement appropriées pour promouvoir l'environnement international nécessaire; mais ce qui est à craindre ou à corriger, c'est la domination en leur sein des égoïsmes nationaux qui compromettent l'adaptation de l'environnement international existant aux nécessités du bonheur pour tous ou tout simplement du mieux-être collectif. La présente réunion offre, une fois de plus, l'occasion d'en appeler à chacun et à tous pour consentir l'effort de renoncer à certains privilèges ou avantages acquis, dans l'intérêt bien compris de toute l'humanité ou de son plus grand nombre, a déclaré M. Ondongo. L'organisation de la production dans le monde de nos jours ne garantit pas le développement durable, a-t-il ajouté, estimant toutefois que cela n'est pas irréversible. Il faut réorienter ou recadrer la mondialisation de manière à ce qu'elle profite à tous sans déstabiliser quelque partie du monde que ce soit, a conclu le Ministre congolais du travail.
M. MADAN MURLIDHAR DULLOO, Ministre des affaires étrangères de l'Île Maurice, s'est dit heureux d'avoir entendu hier la Norvège se féliciter de l'instauration de l'État providence, un système qui est en voie d'introduction à Maurice. Le Ministre a expliqué les trois facteurs économiques externes ayant entraîné une remise en question de la prospérité relative dont jouissait son pays il y encore dix ans. Le chômage atteignant désormais 10% de la population active, le Gouvernement a adopté un programme de réformes économiques et commerciales radicales impliquant la restructuration et la diversification de l'économie, réformes risquées au plan politique, mais justifiées par la nécessité de faire en sorte que la jeunesse dispose des conditions sociales et économiques à même de garantir leur emploi. Le Ministre a plaidé pour la mise en place d'un régime commercial international libéralisé et équitable. Il a aussi appelé à la revitalisation de l'ECOSOC grâce à la procédure d'examen ministériel pour que cet organe puisse coordonner les efforts de développement nationaux et internationaux.
La lutte pour le plein emploi doit tenir pleinement compte du rôle des marchés, a souligné M. Dulloo. On constate en effet que, sous leur influence, dès lors que les coûts de production ne sont plus compétitifs, une pression s'exerce pour la réduction des postes. Il est essentiel de mettre en place des règles financières et commerciales susceptibles d'assurer le plein emploi et l'emploi décent dans les pays en voie de développement. À Maurice, le gouvernement a décidé de recycler les travailleurs du secteur agricole vers des secteurs plus porteurs - communications, services - tout en poursuivant l'objectif d'élever les niveaux sociaux. Le Ministre a aussi fait valoir qu'il fallait tenir compte des ressources limitées des pays qui conditionnent leur capacité de créer des emplois. En particulier, les États dotés d'écosystèmes fragiles sont soumis à des certaines contraintes qui les rendent moins compétitifs sur les marchés internationaux et menacent la qualité de leur environnement. Pour prévenir ces situations, la solidarité est nécessaire.
M. MOHAMED OULD EL ABED, Ministre des affaires économiques et du développement de la Mauritanie, a souligné que la création d'un environnement qui se prête à un plein emploi productif et un travail décent pour tous constitue une condition indispensable pour la réduction de la pauvreté, le développement social et la promotion des droits de l'homme. Les initiatives prises ces dernières années par la communauté internationale dans le domaine de la réduction de la dette, du développement humain durable, de la bonne gouvernance et de la lutte contre la pauvreté témoignent de la nécessité et de l'urgence qu'il y a à trouver des solutions adaptées aux défis spécifiques auxquels font face les pays en développement, en particulier les pays les moins avancés. Les engagements pris dans le cadre de ces initiatives, y compris les objectifs du Millénaire pour le développement restent largement à concrétiser.
En Mauritanie, les objectifs fixés en matière d'emploi pour le premier plan de mise en œuvre du Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (2001-2004) n'ont pas été atteints, a souligné le ministre mauritanien. Face à cette situation, la place de l'emploi dans le nouveau plan quinquennal de lutte contre la pauvreté (2006-2010) a été revue et renforcée. La mise en œuvre de la nouvelle politique nationale intervient dans un contexte propice marqué par l'amorce d'une ère nouvelle grâce au processus de transition entamé le 3 août 2005 en vue de l'instauration d'un État de droit fondé sur les principes de la démocratie pluraliste et de la bonne gouvernance. Les perspectives politiques et économiques de la Mauritanie permettent d'envisager avec optimisme l'avenir, a affirmé le Ministre. Il n'en demeure pas moins que l'ampleur des défis à relever pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement exige une meilleure solidarité internationale.
M. RUBÉN RAMÍREZ, Ministre des relations économiques internationales et de l'intégration du Paraguay, a déclaré que la responsabilité incombe aux membres du Conseil économique et social et aux autres membres de l'ONU de mettre en place des stratégies de développement et de réduction de la pauvreté qui tiennent pleinement compte de la nécessité de tendre vers le plein emploi. Les études montrent qu'en 2005, le chômage a atteint un record historique, malgré une forte croissance économique. Il faut donc analyser les raisons de cette disparité. Le Consensus de Monterrey souligne que le développement est l'outil de plus efficace pour le développement, la réduction du chômage, l'augmentation des revenus et finalement l'amélioration des conditions de vie. Le système multilatéral prôné dans le cadre du cycle de négociation de Doha exprime quant à lui la reconnaissance de la nécessité pour tous les peuples de bénéficier des avantages du système commercial multilatéral.
Les progrès sont malheureusement restés modestes, a regretté le ministre paraguayen, les dernières discussions ayant au contraire témoigné d'une volonté totalement insuffisante de régler le sort des plus pauvres. Le commerce peut devenir le moteur du développement, l'action devant concerner avant tout le secteur rural, qui représente 50% de l'emploi dans les pays en voie de développement. Hommes et femmes doivent participer à l'amélioration des conditions matérielles et il faut dans ce contexte encourager par des meures pratiques la pleine participation des femmes. Les jeunes doivent aussi faire l'objet de mesures spéciales qui leur permettront d'accéder sans discrimination au marché de l'emploi. Il faut aussi concentrer les efforts sur la réduction de l'énorme fossé qui sépare encore les pays riches des plus pauvres.
M. A.YAKOVENKO, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a rappelé que le Sommet mondial de 2005 avait exprimé, au plus haut niveau, son soutien à une mondialisation équitable. Il a en outre assuré que la discussion sur les initiatives russes lors du Sommet du G8 à Saint-Pétersbourg (sécurité énergétique, lutte contre les maladies infectieuses dangereuses, développement de l'éducation) tiendra compte non seulement des intérêts des membres du G8 mais aussi de ceux de la communauté internationale dans son ensemble. Malheureusement, dix ans après le Sommet de Copenhague sur le développement social, la situation de l'emploi continue de se détériorer, a déploré M. Yakovenko, rappelant que le monde compte actuellement près de 192 millions de chômeurs. Les caractéristiques spécifiques actuelles de l'ensemble des facteurs liés à la croissance économique, au développement durable et à l'emploi exigent du système des Nations Unies qu'il procède à une analyse précise et ajuste en conséquence ses activités. De l'avis de la Fédération de Russie, l'OIT, la CNUCED et l'ONUDI ont ici un rôle essentiel à jouer. M. Yakovenko a fait observer qu'un nouvel aspect important des problèmes actuels dans le domaine de l'emploi réside dans le déficit croissant de capital productif plutôt que dans la faiblesse de la demande sur le marché du travail. Il a en outre attiré l'attention sur le problème de ce que l'on appelle la discrimination indirecte dans le domaine de l'emploi, sur la base de l'origine ethnique, de la langue ou de l'appartenance politique. Il n'est un secret pour personne que dans de nombreux pays, y compris ceux qui se considèrent comme pleinement démocratiques, cette question est loin d'être résolue. L'OIT et les institutions internationales de droits de l'homme devraient surveiller étroitement de tels cas et y réagir activement. M. Yakovenko a indiqué que la Fédération de Russie soutient la proposition du Secrétaire général de déclarer une décennie pour le plein emploi productif et le travail décent pour tous
M. CESTMIR SAJDA, Vice-ministre du travail et des affaires sociales de la République tchèque, a présenté quelques exemples de développement dans son pays pertinents dans le cadre des débats de l'ECOSOC. La République tchèque bénéficie d'une évaluation très favorable quant à la situation de la pauvreté, limitée dans un pays qui connaît une forte tradition de solidarité sociale et de volonté de transferts de richesses vers les plus démunis. Cependant, la libéralisation économique, les attentes nouvelles des consommateurs et, comme dans certains autres pays européens, le vieillissement de la population, suscitent des défis que le Gouvernement affronte de manière proactive. Il a introduit de nouvelles lois qui prévoient une organisation du travail plus libérale. Les exigences internationales ont été prises en compte dans l'élaboration de toutes ces mesures. Dans ce contexte, la République tchèque suit de près les discussions en Europe et au sein de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) autour de la notion de «flexisécurité», combinant protection des travailleurs et nécessaire «flexibilisation» des conditions d'emploi. D'autre part, le système de sécurité sociale, et notamment de retraites, de la République tchèque a été progressivement réformé après de longues consultations avec toutes les parties concernées. M. Sajda a aussi relevé que la position de l'Organisation internationale du travail sur la pauvreté est qu'il s'agit d'un «fléau pour la prospérité partout», ce qui est particulièrement vrai de nos jours. Le défi actuel est de promouvoir des possibilités pour les femmes et les hommes de bénéficier de conditions de travail dignes et productives. L'engagement de la communauté internationale de créer des partenariats de lutte contre la pauvreté, de remettre en question les inégalités du monde moderne et de participer à la création du travail productif et décent a été formulé de manière très claire dans les conclusions de la conférence de l'OIT sur la coopération technique. Dans tous les cas, il faudra favoriser la conciliation sociale et ne pas manquer de tenir compte de l'avis des partenaires sociaux et de coopérer avec eux, a souligné M. Sajda.
MME MARÍA PILAR HERNÁNDEZ, Vice-Ministre des relations extérieures de la République bolivarienne du Venezuela, a déclaré qu'il y a des moments où l'on a l'impression que certaines couches de la société tentent de priver les travailleurs des acquis qu'ils ont obtenus au cours de l'histoire. On ne saurait parler de travail décent sans parler d'employeurs décents, d'entreprises décentes et de salaires décents, a-t-elle rappelé. Il faut donc favoriser et défendre la construction d'un monde décent; or, tel ne semble pas être le credo de ceux qui ne jurent, entre autres, que par l'accroissement de la productivité. Faisant valoir les mesures prises au Venezuela pour promouvoir le microcrédit, Mme Hernández a indiqué qu'avant 1999, il y avait 600 coopératives au Venezuela et qu'aujourd'hui, le pays en compte plus de 14 000. L'octroi de microcrédits donne lieu presque instantanément à un emploi direct, a souligné la Vice-Ministre. Elle a souligné qu'aujourd'hui, grâce aux mesures prises pour réformer la période d'essai à laquelle ils étaient soumis, les jeunes vénézuéliens travaillent dans les mêmes conditions que les adultes. Comment, au XXIe siècle, des gens peuvent-ils encore douter qu'il est possible de concilier la vie professionnelle et la vie familiale des femmes, a poursuivi Mme Hernández ? Les femmes d'aujourd'hui souhaitent être à la fois travailleuses et mères et savent qu'elles peuvent s'acquitter avec brio de ces deux fonctions.
MME CARMEN ELISA SOSA DE CALLEJAS, Vice-Ministre du travail d'El Salvador, a déclaré que le travail étant source de sécurité, il convient de donner à chacun et à chacune les moyens d'assurer son avenir. Le défi à cet égard est de générer le progrès et l'équité, autrement dit de faire en sorte que la croissance économique profite à tous, au monde rural comme aux villes. El Salvador est d'accord avec le rapport du Secrétaire général estimant que la fiscalité doit contribuer au bien-être social et que la coopération internationale doit aider les pays à tirer parti de leurs ressources nationales pour éradiquer la pauvreté. Il convient de créer des environnements favorables à la réalisation des politiques nationales et améliorer les infrastructures susceptibles de contribuer au développement. Les questions d'emploi doivent occuper une place centrale dans les politiques des États. Les migrations, la science et les techniques sont des facteurs essentiels pour l'emploi. El Salvador estime qu'il faut parvenir à une croissance économique susceptible de favoriser l'emploi. C'est pourquoi le gouvernement s'est fixé comme priorité «le progrès dans l'équité». Le prochain plan vise à améliorer les activités de production qui permettront la croissance économique et l'emploi des femmes, pour lesquelles des mesures d'intégration spéciales ont été prise. Le gouvernement encourage aussi le microcrédit et le crédit agricole, dont l'offre au sein des minorités les plus pauvres est croissante. Un autre volet du microcrédit est axé sur les familles le démunies. Les investissements étrangers sont aussi favorisés par une institution gouvernementale. On espère voir se créer grâce à ces investissements quatre mille emplois d'ici un an. Au plan régional, un séminaire tenu dans le second semestre 2005 a permis l'adoption par les dirigeants d'engagements en faveur de l'emploi. Mme Sosa de Callejas a aussi estimé que l'emploi des jeunes doit être au cœur des politiques de développement de l'emploi.
M. GORAN BANKOV, Vice-Ministre adjoint du travail et de la politique sociale de la Bulgarie, a souligné que la transition de son pays d'une économie centralisée et planifiée vers une économie de marché libérale a eu un coût social très élevé, caractérisé, entre autres, par l'accroissement de la pauvreté et du chômage, ainsi que par la baisse des revenus et de la qualité des services sociaux. La réduction des tensions sociales, l'atténuation des conditions économiques défavorables et la réalisation d'une plus grande efficacité et de la justice sociale ont constitué nos principales priorités politiques pendant longtemps, a rappelé M. Bankov. Aujourd'hui, à la veille de son accession à l'Union européenne, les efforts de la Bulgarie s'orientent vers la création d'une main-d'œuvre bien éduquée et bien formée, ainsi que vers un emploi plus étendu et plus efficace pour la population, sans parler bien entendu de la réalisation des objectifs de la Stratégie de Lisbonne de l'Union européenne. Actuellement, l'une des principales priorités de la Bulgarie consiste à assurer des revenus plus élevés et de meilleurs niveaux de vie pour la population, en tant qu'instrument de croissance économique, de compétitivité accrue et de plus grande justice sociale, a poursuivi M. Bankov. Les statistiques laissent apparaître que nos efforts nous conduisent sur le bon chemin, a-t-il affirmé.
M. HAMAYETTUDIN, Secrétaire aux Affaires étrangères du Bangladesh, a évoqué les progrès enregistrés par son pays en matière de croissance. S'établissant à 5% par an, cette croissance est robuste mais insuffisante. Deux objectifs de développement pour le millénaire ont déjà été atteints, qui concernent l'eau potable et les inscriptions à l'école primaire, tandis que des progrès importants ont été réalisés en matière de réduction de la mortalité infantile et de la pauvreté. La dépendance du Bangladesh à l'égard de l'aide internationale est en diminution, de 7% du produit national brut en 2000 à moins de 2% en 2004, et sa politique d'investissements est l'une des meilleures de la région. La mobilité des travailleurs a un effet financier important sur l'économie du Bangladesh, a dit M. Hamayettudin, les transferts de fonds de travailleurs émigrés représentant quatre milliards de dollars par an. Tous les experts s'accordent sur l'importance des migrations, qui renforcent l'efficacité économique tant des pays de destination que d'origine. Ce phénomène fait néanmoins l'objet de fortes oppositions dans les pays d'accueil: xénophobie, restrictions d'entrée, réactions politiques. Le problème est ici de parvenir à changer les mentalités. La mobilité des facteurs de travail fait partie des négociations sur les questions de commerce international. Les efforts de la communauté internationale doivent s'orienter dans cette direction, en créant des conditions acceptables pour tous. La création d'emploi est au cœur du développement du pays et de ses stratégies de réduction de la pauvreté. L'éradication complète de la pauvreté est un objectif encore loin d'être atteint, mais l'action des autorités a donné de bons résultats à ce jour. L'État a investi dans le développement des ressources humaines, ce qui est un véritable défi compte tenu de l'importance de la population (140 millions d'habitants). M. Hamayettudin a réitéré l'engagement de son gouvernement de poursuivre ses efforts en faveur de l'emploi et se déclare prêt à collaborer avec les Nations Unies pour atteindre ses objectifs.
M. ESTEBAN RODRÍGUEZ, Directeur général du travail au Ministère des affaires sociales et du travail de l'Espagne, a souligné que depuis sa mise en place en avril 2004, son gouvernement a fait de la création d'emplois plus nombreux et meilleurs une priorité de son action, en particulier en direction des personnes les plus défavorisées et les moins bien traitées sur le marché du travail. Cette priorité s'est rapidement traduite en objectif partagé par les interlocuteurs sociaux puisque, le 8 juillet 2004, le Gouvernement espagnol, les organisations patronales et les syndicats signaient une déclaration pour le dialogue social sur la compétitivité, l'emploi stable et la cohésion sociale. Le 9 mai dernier, a ajouté M. Rodríguez, a été signé un accord tripartite visant à améliorer la croissance et l'emploi par le biais de mesures destinées à favoriser la création d'emplois et à augmenter la stabilité au travail, notamment en évitant le recours abusif aux contrats temporaires. Le Gouvernement espagnol a par ailleurs approuvé une loi intégrale d'égalité entre hommes et femmes, également négociée dans le cadre du dialogue social. Actuellement, l'économie espagnole se porte bien: son rythme de croissance est deux fois plus rapide que la moyenne européenne et elle crée des emplois de manière également plus intense que la moyenne européenne.
M. FRANCESCO FRANGIALLI, Secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme, a estimé que l'emploi dans le secteur du tourisme, l'emploi direct et celui généré dans les activités productrices de biens et de services qui travaillent pour, ou en relation avec l'activité touristique, peut porter des réponses aux interrogations de l'ECOSOC en matière d'emploi. L'essor continu du tourisme constitue l'un des traits les plus remarquables de notre époque, le nombre d'arrivées de touristes internationaux étant passé de 25 millions et 1950 à 800 millions en 2005, et ce malgré les crises de ces dernières années qui ont ébranlé le secteur. Le tourisme est une activité à forte intensité de main-d'œuvre. Là où le tourisme avance, l'emploi se crée et la pauvreté recule. Pour agir sur l'emploi, il faut d'abord en connaître le volume et la structure. L'emploi touristique est mal connu: cela vient du fait qu'il est pour une large part indirect et saisonnier. Dans une certaine mesure, il relève de l'économie parallèle et s'accompagne d'une immigration échappant à tout contrôle. Le compte satellite du tourisme mis au point par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et EUROSTAT (l'organe de statistiques de la Commission européenne) est l'instrument central de connaissance macroéconomique pour mieux mesurer l'emploi touristique. Cet emploi doit aussi être décent, durable et équitablement accessible et réparti, dépourvu d'effets externes insupportables, que ceux-ci soient sociaux, environnementaux ou culturels. Le tourisme est pour l'essentiel relativement propre. À niveau égal de valeur ajoutée, son impact environnemental, s'il n'est pas négligeable, apparaît comme très inférieur à celui de tout type d'activité agricole ou industrielle. Cependant, l'exploitation de travailleurs mal payés, déracinés de leurs communautés d'origine et marginalisés est une réalité, tout comme le travail des enfants et leur exploitation sexuelle dans l'activité hôtelière ou de loisir. L'Organisation mondiale du tourisme est fière d'avoir ouvert ce dossier dès 1993 et d'être pour une large part à l'origine du mouvement qui a entraîné une réelle mobilisation de la communauté internationale.
M. CLYDE MASCOLL, Ministre des finances de la Barbade, a souligné que la création d'un environnement propice au plein emploi et au travail décent pour tous est un élément indispensable pour la réduction et l'élimination de la pauvreté et pour favoriser la croissance économique nationale. Pour sa part, la Barbade s'est engagée à poursuivre l'objectif du plein emploi dans le cadre d'un paradigme de développement centré sur l'humain, considérant que cette approche est essentielle pour promouvoir un développement durable et atteindre les objectifs de justice sociale, de progrès économiques et de durabilité de l'environnement. M. Mascoll a fait valoir que le taux de chômage est passé dans son pays de 24% environ en 1993 à 8,5% à la fin de 2005.
Le récent développement économique et social de la Barbade est, dans une large mesure, à porter au crédit du Pacte social, assorti de protocoles, mis en place dans le pays, a fait valoir le ministre. Si la mondialisation a généré de la croissance économique et des créations d'emplois à travers le monde, elle a également eu un effet néfaste à court terme sur l'emploi, les salaires, les relations de travail et la portée de la couverture des systèmes de protection sociale, créant un déficit de travail décent. La communauté internationale ne peut se permettre de continuer à ignorer ces développements, a déclaré M. Mascoll. Il faut s'engager fermement à respecter les droits des travailleurs, a-t-il insisté. De l'avis de la Barbade, a-t-il ajouté, l'un des éléments les plus importants de l'ordre du jour de réformes des Nations Unies réside dans le renforcement de la gestion et de la coordination des activités opérationnelles des Nations Unies dans le domaine du développement. La Barbade est candidate à un siège à l'ECOSOC pour la période 2007-2009, a-t-il également indiqué.
M. CHOI HYUCK, Représentant permanent de la République de Corée, a déclaré que dans un «monde globalisé», l'intégration économique a des effets positifs. Cependant, la croissance de l'emploi s'est ralentie ces dernières années, ce qui demande l'introduction de politiques d'emploi au sein des stratégies nationales de développement. En République de Corée, le défi à consisté à créer des emplois en zone rurale et à répondre aux défis des marchés du travail. Dans ce dernier domaine, les changements structurels et les ajustements sont des défis que connaissent les économiques mondiales en voie d'intégration. Le pays a connu ce phénomène dans le sillage de la crise des années 1990, qui a suscité en particulier une demande en travailleurs informels et à une augmentation du chômage des jeunes, suite à l'introduction de mesures législatives de flexibilisation du marché. Le Gouvernement a adopté des politiques sociales destinées à contrebalancer ces tendances; il estime que l'équilibre entre la protection sociale et la flexibilité du marché de l'emploi sert de mécanisme stabilisateur en temps de transition, et permet aux sociétés de s'adapter. Il estime aussi que le travail des jeunes doit faire l'objet d'une plus grande attention, étant donné que leur intégration au marché du travail est nécessaire pour la croissance future. Le Gouvernement agit aussi en direction de l'emploi agricole grâce au développement rural et mène des programmes de formation à l'intention des dirigeants des communautés rurales les initiant aux aspects techniques du développement ainsi qu'aux fonctions dirigeantes. L'action a également porté sur l'amélioration des infrastructures rurales par une action graduellement plus importante, aboutissant actuellement à la construction d'unités de logement à l'amélioration des installations sanitaires. La République de Corée est prête à partager son expérience avec d'autres pays, notamment d'Afrique, dont elle s'apprête à accueillir plus de mille stagiaires qu'elle formera à des méthodes de travail susceptibles d'améliorer la productivité de leur secteur agricole. Cependant, cette forme de coopération est insuffisante à assurer le développement durable, qui passe par la promotion du commerce, a dit le représentant, faisant valoir à cet égard que son pays allait ouvrir ses marchés aux pays moins développés.
MME RENATE D. BLOEM (Conférence des organisations non gouvernementales-CONGO) a fait part des activités menées par la Conférence des ONG sur les questions intéressant le présent débat de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC). De nombreux ateliers ont ainsi été organisés sur différents thèmes, a-t-elle indiqué. Il serait judicieux que l'ECOSOC tienne compte des riches recommandations issues de ces ateliers lors de l'élaboration de sa déclaration ministérielle, a-t-elle affirmé. La représentante de la Conférence des ONG a appelé, pour l'avenir, à une meilleure institutionnalisation des relations de l'ECOSOC avec la société civile.
MME BRUNA MOLINA (Fédération mondiale des Associations pour les Nations Unies) a notamment dit que si les migrations sont liées directement à la question du développement, elles doivent être envisagées en même temps que le problème des sans-papiers et de leurs familles. La Fédération mondiale est activement engagée avec d'autres organisations non gouvernementales et a participé au Forum de la société civile de l'Organisation internationale du travail les 29 et 30 juin 2006. La création d'un environnement propice à l'emploi productif pour tous y a été préconisée, et son impact sur le développement durable discuté. Des recommandations ont été émises auxquelles la Fédération adhère pleinement. Elle se déclare aussi prête à collaborer étroitement avec le Programme des Nations Unies pour le développement à la réalisation des objectifs de développement pour le Millénaire.
M. CUI JIANJUN (Chinese People's Association for Peace and Development) a appelé le Conseil économique et social à être à la hauteur des engagements pris lors du Sommet mondial de 2005 et à placer les populations au centre des stratégies nationales et internationales en faveur du développement. Après un siècle de réforme et d'ouverture, la Chine a réalisé des progrès énormes, a-t-il par ailleurs fait valoir, rappelant que 26% des travailleurs du monde se trouvent en Chine.
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