CONFÉRENCE DE PRESSE CONJOINTE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT AUX AFFAIRES HUMANITAIRES ET DU DOCTEUR DENIS MUKWEGE MUKENGERE DE L’HÔPITAL PANZI (RDC) AU SIÈGE LE 1er DÉCEMBRE
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CONFÉRENCE DE PRESSE CONJOINTE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT AUX AFFAIRES HUMANITAIRES ET DU DOCTEUR DENIS MUKWEGE MUKENGERE DE L’HÔPITAL PANZI (RDC) AU SIÈGE LE 1er DÉCEMBRE
Jan Egeland, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a dénoncé, aujourd’hui, l’utilisation du viol comme arme de guerre et appelé les autorités de l’un des pays les plus touchés au monde, la République démocratique du Congo, à faire en sorte que les victimes ne soient pas exclues par leur communauté, comme cela est généralement le cas.
À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, M. Egeland avait invité le docteur Denis Mukwege Mukengere, Directeur de l’hôpital Panzi, situé près de Bukavu (Sud-Kivu), dans l’est de la RDC. Son hôpital a traité 7 500 victimes d’abus sexuels, parmi lesquelles se trouvaient une douzaine de patientes âgées de moins de 12 ans.
On dénombre une vingtaine de milices dans le Sud-Kivu et, selon Jan Egeland, elles sont les principales responsables de ces viols qui se comptent par dizaines de milliers – environ 41 000 selon une estimation d’une ONG. Certes, ce n’est pas la seule région du monde où ce phénomène a été observé, mais M. Egeland parle d’un « tsunami » dans le cas de l’est de la RDC. Il tient à rappeler qu’aucune culture, aucune religion n’est épargnée, citant en particulier le cas de la Bosnie-Herzégovine –où on estime que quelque 20 000 femmes ont été violées pendant la guerre de 1992 à 1995– ainsi que le Darfour à l’heure actuelle.
« Le viol est une perversion qui s’est ancrée dans la société congolaise, qui a infecté l’esprit des jeunes gens armés », note M. Egeland. Pour le docteur Mukwege Mukengere, « il s’agit d’un cancer, un terrible cancer qui empêche la victime d’en parler. Les femmes ont peur de dire ce qui leur est arrivé, de peur d’être sanctionnées encore davantage ». Il s’agit aussi, explique ce médecin, d’une « destruction massive » dans la mesure où le mari et les enfants sont souvent les témoins de ces actes, ce qui entraîne des conséquences psychologiques dévastatrices. En outre, le risque de contamination par le VIH/sida est la première raison donnée par le mari pour rejeter sa femme par la suite. L’hôpital de Panzi dispose ainsi d’une équipe d’assistantes sociales chargées de renouer les liens entre époux.
L’autre conséquence possible de viols répétés est l’apparition de fistules, lésion provoquant une communication entre le vagin et la vessie ou le rectum, ce qui ajoute au rejet de la victime si celle-ci n’est pas opérée. Ainsi, sur les 4 100 opérations effectuées sur des femmes violées à l’hôpital de Panzi, 1 225 concernaient des cas de fistules.
Son directeur se dit convaincu que « si nous nous battons, ce mal peut disparaître ». Après 20 ans de pratique médicale dans la région, il note que le viol de masse est une pratique récente apparue vers l’année 2000: « C’est une nouvelle technique de guerre qui nous est imposée. C’est un mal de notre siècle. Ce n’est pas une conséquence de la guerre, c’est la guerre elle-même, une tactique qui vise à détruire par la transmission du VIH et la mutilation ». Le docteur Mukwege Mukengere est convaincu qu’il faut entreprendre « un travail éducatif pour sensibiliser la communauté afin que celle-ci aide la victime, au lieu de la stigmatiser. Il faut plutôt stigmatiser et exclure le violeur plutôt que la victime ».
Jan Egeland a affirmé que lors de son récent déplacement à Kinshasa, Joseph Kabila lui avait promis que s’il était élu, il « lancerait une croisade » contre ce phénomène et des sanctions immédiates seraient prises contre les auteurs de viols. Par ailleurs, M. Egeland a appelé à la levée de fonds, qui sont indispensables pour accompagner les femmes dans leur réinsertion après la sortie de l’hôpital.
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