CONFÉRENCE DE PRESSE DES DIRECTEURS EXÉCUTIFS DE L’ONUSIDA, DE L’UNICEF ET DU FNUAP SUR LA RÉUNION DE HAUT NIVEAU CONSACRÉE AU VIH/SIDA
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Department of Public Information • News and Media Division • New York |
CONFÉRENCE DE PRESSE DES DIRECTEURS EXÉCUTIFS DE L’ONUSIDA, DE L’UNICEF ET DU FNUAP SUR LA RÉUNION DE HAUT NIVEAU CONSACRÉE AU VIH/SIDA
À la veille de l’ouverture de la Réunion de haut niveau consacrée au VIH/sida, M. Peter Piot, Directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), a déclaré ce matin à la presse que, depuis 2001, des progrès substantiels avaient été réalisés en vue de commencer à inverser le cours de l’épidémie à l’échelle mondiale.
Présentant le Rapport sur l’épidémie mondiale de sida –« La plus importante synthèse jamais élaborée sur l’évolution de l’épidémie et les réponses qui y sont apportées dans les 126 pays recensés »- M. Piot a salué le fait que, cinq ans après l’adoption de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida, on pouvait noter « un premier retour sur investissement ». Il a précisé à cet égard que l’objectif qui avait été fixé de consacrer de 7 à 10 milliards de dollars par an à la prévention, à l’accès universel aux traitements, et à la prise en charge des malades, était atteint. Cette levée de fonds a déjà permis d’infléchir la courbe des infections chez les jeunes en Afrique de l’Ouest et de l’Est, ainsi que dans certains pays des Caraïbes, en Thaïlande ou encore au Cambodge, s’est notamment félicité M. Piot. De plus, toujours depuis 2001, le nombre de personnes bénéficiant de traitements antirétroviraux est passé de moins de 250 000 à près d’un million et demi, a-t-il précisé.
« Il y a actuellement 39 millions de personnes contaminées dans le monde, et 8 000 d’entre elles meurent chaque jour. On compte 11 000 nouveaux cas de contaminations par jour », a rappelé M. Piot. Selon lui, seule une réponse durable en matière de financement permettra d’inverser le cours de la pandémie mondiale d’ici à 2015.
Évoquant la situation au niveau des régions, M. Piot a indiqué que la crise du VIH/sida en Afrique australe (Afrique du Sud, Swaziland, Namibie et Botswana) continuait à y faire des ravages. 30% des personnes au monde vivant avec le sida sont concentrées dans cette région, a-t-il précisé. Concernant l’Asie, M. Piot a indiqué que l’Inde, avec 5,5 millions de personnes contaminées, présentait désormais un tableau égal à celui de l’Afrique du Sud, les femmes et les jeunes filles étant les principales victimes de cette aggravation de l’épidémie dans la région. « L’Europe de l’Est connaît également une hausse du nombre de personnes infectées, cette situation étant due principalement à l’usage grandissant de drogues inoculées par injection ».
Mme Ann Veneman, Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a pour sa part rappelé que 1 500 nouveaux enfants âgés de moins de 15 ans étaient contaminés chaque jour. Elle a mis l’accent sur la nécessité impérieuse de renforcer l’accès aux traitements visant à prévenir la transmission de la mère à l’enfant. Citant l’exemple du Botswana, Mme Veneman s’est félicitée de ce que 60% des femmes enceintes de ce pays avaient maintenant accès à une médication efficace permettant de réduire fortement le risque de transmission du virus du sida de la mère à l’enfant.
« Trois cents par jour et par enfant, voilà ce dont nous avons besoin pour venir en aide aux 4 millions d’enfants qui manquent de traitements, antibiotiques notamment, et aux 15 millions qui ont perdu un parent ou les deux », a lancé Mme Veneman.
La Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Mme Thoraya Obaid, a, quant à elle, estimé que les méthodes de prévention devaient s’adresser prioritairement aux femmes, ces dernières devant être autonomes et habilitées à prendre en charge les programmes pertinents. Évoquant le phénomène de la prostitution, elle a déclaré que combattre les pratiques qui y sont associées faisait partie intégrante de la défense des droits de l’homme et de la promotion du développement économique et social.
17, 3 millions de femmes vivent avec le virus du VIH, soit près de la moitié de la population totale des personnes contaminées. 13,2 millions d’entre elles vivent en Afrique subsaharienne. L’accès à l’éducation ainsi qu’une autonomie minimale leur sont refusés, ce qui explique, que, dans un contexte d’extrême pauvreté, la prostitution soit la seule issue pour ces femmes. D’autres options doivent être proposées à cette population particulièrement vulnérable des femmes et des jeunes filles contaminées.
Répondant aux journalistes, M. Piot a émis le souhait que la Réunion de haut niveau, qui s’ouvrira demain, marque une nouvelle étape dans la lutte contre la pandémie. « Sans un réengagement financier fort de la part de la communauté internationale, cette réunion sera pour moi un échec », a-t-il indiqué. 20 milliards de dollars par an doivent être mobilisés pour parvenir à l’accès au soin universel d’ici à 2008. M. Piot a en outre souligné la dimension politique de la lutte contre le sida. Les comportements, en ce qui concerne les pratiques à risque, le rôle des femmes, l’abstinence, ou encore l’usage de préservatifs relèvent de changements de mentalités que seules des politiques sociales volontaires peuvent impulser et ancrer dans les mœurs, a-t-il estimé.
S’agissant du triptyque « Abstinence, Fidélité ou Préservatif » (méthode ABC), Mme Thoraya Obaid, qui répondait à son tour aux questions, a estimé que cette approche avait ses limites. « Comment peut-on prôner l’abstinence à des femmes mariées? », a-t-elle par exemple demandé. D’autres stratégies de communication qui tiennent compte du contexte culturel dans lequel évoluent les publics visés doivent être mises en place, a-t-elle recommandé.
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