CONFÉRENCE DE PRESSE DES REPRÉSENTANTS DE LA FRANCE ET DU ROYAUME-UNI SUR LA MISSION DU CONSEIL DE SÉCURITÉ AU SOUDAN, AU TCHAD ET EN RDC
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CONFÉRENCE DE PRESSE DES REPRÉSENTANTS DE LA FRANCE ET DU ROYAUME-UNI SUR LA MISSION DU CONSEIL DE SÉCURITÉ AU SOUDAN, AU TCHAD ET EN RDC
Le Représentant permanent de la France, M. Jean-Marc de la Sablière, et son homologue du Royaume-Uni, M. Emyr Jones Parry, ont énuméré aujourd’hui les objectifs de la mission que le Conseil de sécurité dépêche, du 5 au 12 juin 2006, au Soudan, au Tchad et en République démocratique du Congo (RDC). Sur 15 délégations, 10 Représentants permanents ont répondu présent, ont indiqué les deux chefs de la mission pour illustrer le caractère « crucial » d’une visite au Soudan et en RDC, deux pays qui, combinés, auront bientôt sur leur sol 35 000 à 40 000 Casques bleus.
La visite au Soudan, qui portera principalement sur la situation au Darfour, vise trois objectifs, a annoncé le Représentant britannique. Il s’agit de reconnaître les progrès accomplis, dont l’Accord d’Abuja du 5 mai dernier; d’expliquer au Gouvernement soudanais les buts et objectifs du Conseil de sécurité au Darfour; et de l’encourager à aller de l’avant, dans la mise en œuvre de l’Accord d’Abuja. Emyr Jones Parry n’a pas caché la difficulté d’une telle démarche, compte tenu, en particulier, des différents « instruments de politique » mis en place, dont la Mission de l’Union africaine au Darfour (MUAS), et les sanctions imposées à certains belligérants ou leur poursuite par la Cour pénale internationale (CPI).
« Nous voulons travailler avec, et non contre le Gouvernement soudanais », a dit M. Parry en indiquant qu’il avait l’intention de le dire à ce dernier pour le convaincre de l’urgence qu’il y a à remplacer la MUAS par une mission de l’ONU. Il s’agit d’une transition délicate et militairement complexe, a reconnu le Représentant britannique, en dévoilant un plan selon lequel les forces de la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS), déployées après la signature de l’Accord de paix global entre le Nord et le Sud, du 9 janvier 2005, et celles de la future mission de l’ONU, auront deux mandats distincts mais un commandement commun basé à Khartoum.
Rien de tout ceci ne violera l’intégrité territoriale et la souveraineté du Soudan, a-t-il tenu à souligner, en jugeant important que la future mission soit caractérisée par une forte présence africaine en son sein. Le Représentant britannique s’est déclaré tout à fait optimiste quant à l’obtention de l’accord du Gouvernement soudanais au déploiement d’une force de l’ONU, après le feu vert qu’il vient de donner à la mission d’évaluation technique conjointe de l’Union africaine et de l’ONU, créée par la résolution 1679 (2006).
Auprès des autorités soudanaises, la mission du Conseil de sécurité compte aussi mettre l’accent sur la présence du Chef du Mouvement de résistance du Seigneur (LRA), Joseph Kony, dans le sud du pays. Commentant le fait que le Soudan semble encourager des négociations entre le chef du LRA et le Président de l’Ouganda, le Représentant britannique s’est voulu clair: Joseph Kony est poursuivi par la CPI, et il doit répondre de ses actes. Outre les nombreuses atrocités commises par le LRA, les combats qu’il mène, depuis 20 ans, dans le Nord de l’Ouganda, ont provoqué le déplacement interne de 1,5 million de personnes.
Touché par le conflit au Darfour, le Tchad mérite une visite des membres du Conseil de sécurité, a argué le Représentant permanent de la France, en promettant d’encourager ce pays à mettre en œuvre rapidement l’Accord de Tripoli, du 8 février 2006, qui, conjugué à l’Accord d’Abuja, qu’il a lui-même appuyé, devrait contribuer à atténuer les tensions avec le Soudan. Les membres du Conseil comptent également visiter un camp de réfugiés pour évaluer la situation humanitaire à laquelle, pays pauvre, le Tchad ne peut faire face seul. Ils appelleront surtout à des mesures fermes pour mettre un terme au recrutement des réfugiés par les différentes factions du Darfour. Écartant l’idée de déployer des Casques bleus au Tchad en prévision de l’arrivée, en provenance du Darfour, de belligérants en fuite, après le déploiement d’une mission de l’ONU, Jean-Marc de la Sablière a précisé qu’aucune demande n’a été faite en ce sens et qu’en ce moment, l’heure est plutôt à des efforts « diplomatiquement actifs » pour aider le pays.
Le Représentant de la France s’est particulièrement attardé sur la septième visite en RDC d’une mission du Conseil de sécurité depuis le déploiement, en 2000, de la Mission de l’ONU dans ce pays (MONUC). Par sa dimension, le nombre de ses frontières, sa large population et ses richesses naturelles, la RDC fait face à des enjeux considérables pas seulement pour elle, mais pour toute l’Afrique. Elle est l’hôte aujourd’hui d’une mission composée de 17 500 Casques bleus dont le budget d’opération s’élève à plus de un milliard de dollars par an.
Il est donc important qu’à la veille des élections présidentielles et législatives qui, le 30 juillet prochain, concerneront 25,5 millions d’électeurs et exigeront la mise en place de 52 000 bureaux de vote, et le déploiement de 300 000 agents électoraux et de 50 000 policiers, le Conseil aille tâter le pouls de la situation. La RDC traverse un moment clef, maintenant que la transition, soutenue depuis le début par la communauté internationale et le Conseil de sécurité, entre dans sa dernière ligne droite, a ajouté le Représentant français.
Soulignant l’importance de réussir un processus électoral qui a coûté à l’Union européenne quelque 400 millions d’euros, Jean-Marc de la Sablière a dévoilé le message que la mission du Conseil entend livrer aux parties prenantes. Le scrutin, a-t-il dit, doit se tenir dans les délais prévus par la Commission électorale indépendante. Il est essentiel que les autorités de transition déploient des efforts toujours plus accrus pour garantir le caractère démocratique du processus électoral, un accès équitable des candidats aux médias, un contrôle impartial de la légalité des opérations électorales et l’éducation des électeurs.
La mission du Conseil, a poursuivi le Représentant de la France, fera savoir sa préoccupation face à la situation en matière de sécurité et soulignera que les élections doivent se dérouler dans un environnement pacifique. M. de la Sablière a estimé que l’Ituri est désormais stabilisé grâce à une action musclée des Forces armées de la RDC (FARDC) et de la MONUC. Il a néanmoins reconnu que dans les deux Kivu, malgré les problèmes subsistants, des progrès sont enregistrés tous les jours. Le processus électoral ne sera sans doute pas parfait, mais toutes les conditions sont réunies pour qu’il soit crédible, a encore estimé le Représentant de la France.
Ces élections ne sont pas une fin en soi, a-t-il ajouté, concluant par son message aux Congolais. À ces derniers, il sera dit que lorsque la transition aura pris fin, il faudra s’atteler au respect des normes de bonne gouvernance et de transparence dans la gestion économique; à l’intégration de l’armée; au désarmement des anciens combattants et des groupes armés étrangers, et à la fin de l’impunité pour les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire, a-t-il déclaré. Il sera d’autre part promis que la communauté internationale et notamment les Nations Unies, maintiendront leur coopération sur le long terme, a noté le Représentant de la France.
« La mission du Conseil participe a un agenda global qui vise aussi l’établissement de bonnes relations entre la RDC et les pays voisins », a souligné Jean-Marc de la Sablière pour justifier la raison pour laquelle le Conseil n’a pas jugé nécessaire de se rendre cette fois-ci dans les autres pays de la région des Grands Lacs.
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