CONFÉRENCE DE PRESSE DE M. JAN ELIASSON, PRÉSIDENT DE LA 60ème SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
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CONFÉRENCE DE PRESSE DE M. JAN ELIASSON, PRÉSIDENT DE LA 60ème SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Faisant un bref bilan des travaux de l’Assemblée générale, qu’il a dirigée au cours des douze derniers mois, M. Jan Eliasson (Suède), Président de la 60ème session de l’Assemblée, a déclaré au cours d’une conférence de presse, que l’un de ses principaux motifs de satisfaction était l’adoption par consensus, par les États Membres, de la Stratégie mondiale contre le terrorisme, élaborée par les Nations Unies. « Au vu de l’importance de la question du terrorisme, je suis heureux que ce document ait été adopté, vendredi dernier, dans le cadre de mon mandat », a indiqué M. Eliasson. En dehors de la lutte contre le terrorisme international, les deux autres questions auxquelles l’ONU et l’Assemblée auront consacré une part importante de leurs travaux sont la situation au Darfour et la question de la réforme du Secrétariat de l’Organisation, et du Conseil de sécurité, a estimé le Président de la 60ème session de l’Assemblée.
L’Assemblée a tenu à débattre de ces questions, car si la communauté internationale a dit « Never again » - Plus jamais ça - après les meurtres de masse du Cambodge, les nettoyages ethniques de l’ex-Yougoslavie, dont notamment la tragédie de Srebrenica, et le génocide du Rwanda, il faudrait qu’elle démontre la sincérité de cette déclaration au Darfour. Si elle ne le faisait pas, l’autorité morale, dont elle se réclame et sur laquelle s’appuient les actions internationales, n’existerait plus, a dit M. Eliasson.
À la question d’un journaliste qui, lui avait fait remarquer que la mise en œuvre des termes de la Stratégie mondiale contre le terrorisme, adoptée vendredi soir, n’étaient pas juridiquement contraignants, et qui se demandait donc quand la Convention générale sur le terrorisme international, encore en négociation, serait adoptée et ratifiée, M. Eliasson a indiqué qu’un consensus existait déjà sur certains aspects de ce texte. « Certaines notions, comme celles du terrorisme, ou « d’ennemis combattants », restent à définir de manière consensuelle », a-t-il dit. Les juristes et autres experts y travaillent, et nous devons leur laisser le temps dont ils ont besoin pour accomplir leurs tâches, a dit M. Eliasson.
Répondant à une autre question qui portait sur le caractère moral des agissements d’un État qui provoquerait la mort de civils en combattant un mouvement qui se réclame d’autodétermination ou de libération nationale, Jan Eliasson a dit qu’en ce qui concerne le Darfour, il espérait que tous les États Membres feraient pression sur le Gouvernement du Soudan. Ce dernier devrait réaliser qu’une présence internationale aiderait à la fois à sauver les vies de populations en danger et à favoriser un retour général à la paix. Ce qui s’est passé en Bosnie ne devrait par ailleurs pas décourager les pays contributeurs qui voudraient soutenir une action internationale au Soudan, car le mandat donné à cette intervention est différent de celui qu’ont eu les Casques bleus à Srebrenica.
Concernant le Moyen-Orient, M. Eliasson s’est félicité du voyage que vient d’effectuer le Secrétaire général, Kofi Annan, en Europe et dans la région. « Ce périple du Secrétaire général est important, car il a permis de relancer le dialogue sur des questions cruciales; et la décision de certains pays européens de contribuer au renforcement de la FINUL a été, pour nous tous, un geste encourageant », a déclaré le Président de l’Assemblée. La résolution des grands dossiers internationaux ne saurait cependant incomber à la seule ONU, a-t-il poursuivi. La vie internationale dépend désormais de questions tellement diverses et complexes, que la recherche de solutions doit impliquer tous les acteurs. « C’est pourquoi, au cours de sa 60ème session, l’Assemblée générale et moi-même avons encouragé et soutenu plus de collaboration et une meilleure coordination et cohérence entre les actions de l’ONU, de la Banque mondiale, de l’Organisation mondiale du commerce et du Fonds monétaire international », a tenu à préciser M. Eliasson. Il a à cet égard, rappelé que dans les relations internationales, la recherche de solutions aux questions économiques, commerciales et financières devrait aller de pair avec la résolution des conflits et la recherche de la paix.
Abordant la réforme de l’ONU, M. Eliasson a parlé de la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale. Le dialogue qui s’est engagé sur cette question est important, et j’espère que mon successeur le poursuivra avec le soutien des États Membres, a-t-il dit. Aux remarques de certains journalistes qui se demandaient si l’ONU disposait d’outils qui lui permettraient de faire face aux évolutions internationales actuelles, le Président de l’Assemblée et ses conseillers ont indiqué que certains aspects de la Charte de l’ONU auraient sans doute besoin d’être actualisés dans le cadre d’une discussion sur un ensemble de propositions -« package »- de réforme. « Nous en avons, de manière informelle, parlé avec quelques États », a dit le principal conseiller du Président.
En ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité, M. Eliasson a estimé que c’était une question sensible, et qu’il fallait éviter d’en polariser le débat entre les membres permanents actuels, les États candidats à un statut permanent, qui sont regroupés dans le G4 (Allemagne, Brésil, Inde, Japon), et les autres, majoritairement en développement. Il revient aux États Membres de trouver un consensus sur les termes de l’élargissement du Conseil, et le juste ton des débats. « Au cours de cette présidence, nous avons eu des contacts avec toutes les parties, et notamment avec le G4, qui n’a jamais exercé de pression pour que son agenda ou son point de vue soient imposés », a indiqué M. Eliasson. « Cependant, en février et en mars, nous avons enregistré des réactions négatives de la part des États-Unis sur la tentative de soumettre à un vote les propositions du G4 », a ajouté M. Eliasson en estimant que ces réactions étaient le fruit de malentendus.
À un correspondant de presse qui lui demandait si la « dispute » qui a eu lieu sur la question du budget régulier de l’ONU, et qui a abouti à la levée du plafond de dépenses imposé en décembre dernier n’allait pas être contre-productive pour la réforme de l’ONU, M. Eliasson a estimé qu’après ce débat, des progrès d’ordre qualitatifs avaient eu lieu au sein de l’Assemblée. Loin de créer ou d’accentuer une fracture Nord-Sud, le débat sur le budget a permis d’envisager de nouveaux mécanismes qui, à l’avenir, permettront à l’ONU de mieux faire face à certaines situations d’urgence, a-t-il dit en parlant notamment des questions d’urgence humanitaire.
Concernant les questions d’éthique, évoquée par la presse à propos de la conduite de certains hauts responsables de l’ONU, M. Eliasson a dit que les officiels du Secrétariat devaient respecter les règles strictes que leur imposent leur statut et la fonction publique internationale. Durant la durée de leur mandat ou de leur nomination, les officiels ne devraient pas avoir, en dehors de leurs biens personnels, d’autres revenus que ceux qui leur sont versés par l’Organisation.
M. Eliasson a terminé sa conférence de presse en parlant de l’Iran. « J’espère que le problème de l’Iran sera résolu à travers un processus qui permette à ce pays de rejoindre la communauté des nations. Il est cependant clair que la communauté internationale doit être stricte sur la question de la prolifération », a insisté le Président de la 60ème session de l’Assemblée générale.
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