CONFÉRENCE DE PRESSE DE LA PRÉSIDENTE DU LIBÉRIA, ELLEN JOHNSON-SIRLEAF
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CONFÉRENCE DE PRESSE DE LA PRÉSIDENTE DU LIBÉRIA, ELLEN JOHNSON-SIRLEAF
Première femme élue à la tête d’un État africain, Ellen Johnson-Sirleaf du Libéria, a donné aujourd’hui une conférence de presse au cours de laquelle elle a été amenée à clarifier l’initiative « courageuse et risquée » de demander aux dirigeants africains de prendre la « décision collective » de déférer l’ancien Président libérien, Charles Taylor, devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone.
Ellen Johnson-Sirleaf a refusé le terme « extradition », en parlant de l’ancien Chef d’État qui vit en exil au Nigéria depuis qu’il a quitté le pouvoir en août 2003. Ce que nous voulons, a-t-elle expliqué, c’est clore définitivement ce dossier et retirer « cette épée de Damoclès » qui pèse sur la stabilité du Libéria. Tout en affirmant ne pas avoir de preuves tangibles de l’ingérence de Charles Taylor dans les affaires intérieures libériennes, la Présidente a estimé qu’un homme qui est resté au pouvoir aussi longtemps garde forcément des partisans qui maintiendront leur lien tant qu’une autre alternative ne leur sera pas présentée.
La Présidente libérienne a donc précisé qu’elle a appelé le Président du Nigéria, Olusegun Obasanjo, pour qu’il consulte ses pairs africains sur les moyens de hâter le jugement de Charles Taylor « dans un environnement non hostile, respectueux de toutes les garanties judiciaires ». Ellen Johnson-Sirleaf a insisté sur l’importance d’une décision collective des pays africains et a rappelé la promesse du Nigéria de déférer Charles Taylor dès qu’un Gouvernement élu au Libéria lui soumettrait la demande.
Ellen Johnson-Sirleaf a prêté serment le 16 janvier 2006 après avoir remporté le scrutin du 8 novembre 2005. Elle a succédé à Guy Bryant qui a dirigé le Gouvernement national de transition mis en place après que le Gouvernement de Charles Taylor, le LURD (Libériens pour la réconciliation et la démocratie) et le MODEL (Mouvement pour la démocratie au Libéria) eurent signé, le 18 août 2003, l’Accord de paix global. Les efforts du Libéria sont appuyés par la Mission des Nations Unies (MINUL) qui a été créée par la résolution 1509 du 19 septembre 2003.
« Nous avons hérité d’un problème énorme qui nous fait subir des pressions injustes et nous conduit à lancer une initiative qui aurait dû être prise par des pays plus puissants », a souligné la Présidente libérienne, en revenant au jugement de Charles Taylor, et en se félicitant de l’appui manifesté aujourd’hui par les membres du Conseil de sécurité. Quant à savoir si les Libériens considèreront que justice est faite alors que Charles Taylor est appelé à être jugé par un Tribunal en Sierra Leone, Ellen Johnson-Sirleaf a répondu que ce n’est pas le Libéria qui poursuit Charles Taylor.
Justice sera faite, a-t-elle ajouté, le jour où les projecteurs des médias se désintéresseront du sort d’un seul homme, Charles Taylor, pour se braquer sur la marche des 3 millions de Libériens vers le développement et la stabilité. L’incapacité des dirigeants libériens à répondre aux besoins de leur population a conduit à une guerre de 14 ans qui a été suivie d’une période de transition de deux ans. Après les élections, le Libéria s’est embarqué dans un processus « ambitieux » de consolidation de la paix et de la stabilité, et de développement. La Présidente libérienne, qui a souligné le rôle toujours important de la MINUL, a rappelé son empressement à mettre en place un gouvernement le plus inclusif possible et à lui accorder un délai de 150 jours pour la réalisation de projets à impact.
La Présidente libérienne a cité comme priorité la réhabilitation des infrastructures socioéconomiques, le retour des réfugiés et des personnes déplacées, le renforcement des relations bilatérales aux niveaux sous-régional, régional et international, le lancement de négociations sur l’allègement de la dette « considérable » du Libéria avec le Fonds monétaire international (FMI); et l’appropriation nationale de la gestion des ressources naturelles.
Ellen Johnson-Sirleaf a évoqué, dans ce contexte, la perspective de la levée des sanctions sur les diamants et le bois imposées à son pays, entre 2001 et 2004. Elle a admis qu’à ce stade, le Libéria n’a encore répondu à tous les critères même si des progrès ont été enregistrés, comme en atteste son adhésion au Processus de Kimberley. Elle a dit attendre avec intérêt le réexamen de la situation que le Comité des sanctions du Conseil de sécurité doit tenir au mois de juin.
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