VIH/SIDA: METTRE FIN À L’ÉMIGRATION DES PROFESSIONNELS DE LA SANTÉ POUR ÉLARGIR L’ACCÈS AU TRAITEMENT DANS LES PAYS DU SUD
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Réunion de haut niveau sur le VIH/sida
Discussions de groupe (2) – après-midi
VIH/SIDA: METTRE FIN À L’ÉMIGRATION DES PROFESSIONNELS DE LA SANTÉ POUR ÉLARGIR L’ACCÈS AU TRAITEMENT DANS LES PAYS DU SUD
« Nous n’avons pas donné l’attention nécessaire au personnel médical, nous n’avons pas investi suffisamment dans le secteur de la santé et nous avons imposé des plafonds de salaires et des coupures dans les services publics ». Panélistes, représentants d’États et de la société civile ont débattu, cet après-midi, des moyens de surmonter les pénuries d’agents sanitaires et autres contraintes entravant l’accès universel au traitement.
« Dans la lutte contre le sida, il faut des soldats sinon la lutte ne pourra être gagnée », a déclaré le représentant de la France. Il a indiqué que loin d’être stabilisée, la pénurie de personnel s’aggravait, résultat notamment de décennies de sous-investissements dans les ressources humaines et de limites au recrutement et au salaire. Les pays du Nord absorbent une grande partie des ressources humaines dans le domaine de la santé, a–t-il ajouté, appuyé par une des panélistes qui a exhorté ces derniers à réexaminer leurs politiques afin d’éviter de recruter à l’extérieur.
Ces États participent au problème alors qu’ils devraient y trouver une solution et cela se fait sans compensation. Une telle compensation pourrait se faire dans le cadre d’accords bilatéraux pour obtenir des flux inverses de retour, a suggéré la même panéliste. Un autre a plaidé pour des mesures protectionnistes en matière de migration des agents de santé. C’est une question de survie, a-t-il insisté, en rappelant que des 2,8 millions de nouveaux cas déclarés de VIH/sida en 2005, l’Afrique en comptait 2 millions.
Ce débat a commencé par les interventions de six panélistes qui ont été précédés par une déclaration de Ann Veneman, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). La prévention est la seule manière de garantir que nous parviendrons à stopper l’épidémie du VIH/sida, a-t-elle prévenu. Parallèlement aux réponses d’urgence qui doivent bien sûr être fournies, il faut renforcer l’éducation et la protection sociale, a affirmé Mme Veneman.
Elle a rappelé que la propagation de la pandémie était deux fois plus importante chez les filles non éduquées que chez celles qui avaient été scolarisées. Elle a aussi fait valoir que les programmes de prévention, notamment à l’école, prévenaient la sexualité précoce et permettaient de freiner la propagation du VIH/sida. S’agissant de la pénurie des professionnels de la santé, la Directrice exécutive de l’UNICEF a estimé qu’il fallait accélérer la formation et le recrutement tout en améliorant les conditions de travail, et particulièrement le salaire.
Illustrant ce phénomène, M. Abdou Fall, Ministre de la santé et de la prévention médicale du Sénégal, s’est inquiété de la migration du personnel qualifié de la région africaine vers les pays occidentaux qui offrent des conditions de travail et des salaires plus attrayants. Il a aussi constaté que la rareté du personnel de santé engendre des conséquences non seulement pour les personnes les plus exposées au sida, mais aussi pour le personnel lui-même. La pandémie du VIH/sida plonge notre continent dans une situation d’urgence sanitaire jamais égalée dans son histoire, a-t-il déploré. Il a affirmé que la pauvreté augmentait les risques de VIH/sida, d’une part, et que le VIH/sida générait une baisse de productivité, une hausse de la mortalité dans la population active ainsi qu’un accroissement des dépenses de santé, d’autre part. Selon lui, la lutte contre le VIH/sida doit donc être au centre des stratégies de réduction de la pauvreté.
L’exemple de la région des Caraïbes, au deuxième rang mondial de la prévalence du VIH/sida, a ensuite été mis en avant par M. Nicholas Adomakoh, Directeur clinique de la « Ladymeade Reference Unit » et Directeur médical du Centre national de formation de la Barbade.
Il a affirmé que pour avancer, il fallait travailler à l’échelon régional de manière à élaborer les infrastructures et capacités nécessaires pour faire face aux lacunes et pénuries. Il a toutefois indiqué que la mise en œuvre du plan stratégique quinquennal des Caraïbes sur le VIH/sida avait montré les grandes variations d’un pays à l’autre et donc la nécessité d’offrir des formations adaptées aux spécificités locales. Rappelant que la formation nécessitait de nombreuses ressources, il a plaidé pour un transfert des connaissances continu, notamment grâce aux technologies de l’information.
À son tour, M. Jon Ungphakorn, fondateur de la Fondation AIDS Access, organisation non gouvernementale thaïlandaise, a jugé essentiel de former du personnel afin qu’il soit capable de prodiguer les soins de base aux personnes touchées par le VIH/sida. Il a surtout insisté sur la nécessité d’une réaction mondiale face au VIH/sida. L’accès à la santé est un droit humain fondamental pour tous les peuples, a-t-il rappelé. La grande question est de savoir si les pays du monde sont assez mûrs politiquement pour faire des sacrifices afin de faire bénéficier tous les peuples de l’accès à la santé et à l’éducation primaire, a-t-il ajouté. Il a par ailleurs appelé à soutenir les industries pharmaceutiques qui développent les médicaments génériques.
Le Coordonnateur pour les États-Unis de « Global Aids », Mark R. Dybul, a lui déclaré que le Consensus de Monterrey montrait la voie à suivre pour parvenir à l’accès universel aux traitements. Il a ainsi insisté sur les quatre éléments clefs qui, selon lui, sont l’appropriation des programmes par les pays, la bonne gouvernance, la participation de tous les secteurs et l’attention portée aux résultats. Mettant également l’accent sur le rôle des partenariats, il a argué qu’il fallait renforcer les capacités locales et les ressources dans le cadre des stratégies nationales établies. Dans ce contexte, M. Jeffrey Sturchio, Vice-Président de la compagnie pharmaceutique Merck & Co., a donné des exemples d’actions entreprises par cette société pour améliorer la capacité de réponse au VIH/sida des États africains ou la formation dans les Caraïbes.
Notant l’importance des partenariats entre les secteurs public et privé, il a affirmé que c’était en travaillant dans cet esprit de coopération que des solutions innovantes serait trouvées pour un accès universel à la prévention du VIH/sida, au traitement et aux soins, d’ici à 2010. Dans un dernier exposé, Mme Sigrun Mogedal, Ambassadrice de la Norvège pour le VIH/sida, a regretté que les professionnels de la santé n’aient pas les conditions de travail et de rémunération qu’ils méritent. Elle a estimé qu’il fallait tirer partie de l’urgence pour remettre en cause la structure des services de santé et avoir l’audace d’agir même si toutes les infrastructures ne sont pas en place. Les travailleurs de la santé sont une ressource qu’il faut utiliser plus efficacement, a-t-elle ajouté.
Si beaucoup d’intervenants ont mis en avant l’importance de régler cette question, ils ont aussi fait valoir qu’il était impossible d’interdire aux travailleurs de se déplacer et que les pays riches avaient de plus en plus besoin de spécialistes de la santé. De nombreux intervenants ont aussi noté que les professionnels de la santé méritaient une attention urgente. Ils souffrent d’épuisement émotionnel, font des choses pour lesquelles ils ne sont pas formés et vivent dans la peur d’être contaminés sur leur lieu de travail, a notamment noté le représentant de l’Association de santé de la Zambie. Comme de nombreux représentants de la société civile, il a fait valoir la nécessité de tirer partie des ressources et compétences locales et notamment les ONG afin, entre autres, d’assurer une prise de médicaments adéquate.
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