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AG/SHC/3849

LA TROISIÈME COMMISSION S’INQUIÈTE DE LA PROGRESSION DU TRAFIC DE DROGUES DANS LE MONDE, ET EN PARTICULIER EN AFGHANISTAN

05/10/2006
Assemblée généraleAG/SHC/3849
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Troisième Commission

6e et 7e séances - matin et après-midi


LA TROISIÈME COMMISSION S’INQUIÈTE DE LA PROGRESSION DU TRAFIC DE DROGUES DANS LE MONDE, ET EN PARTICULIER EN AFGHANISTAN


Selon le « Rapport mondial 2005 sur la drogue », quelque 200 millions de personnes, soit 5% de la population mondiale âgée de 15 à 64 ans, ont consommé des drogues illégales en 2004 – contre 185 millions en 2003, soit une augmentation de 8% pour un chiffre d'affaires de 320 milliards de dollars.  Confrontée à ces chiffres alarmants, la Commission des affaires sociales, humanitaires et culturelles (Troisième Commission) a consacré une bonne partie de son débat aujourd’hui à la lutte contre le trafic des stupéfiants. 


Avec une progression spectaculaire de l’industrie de l'opium, essentiellement dans les provinces du sud de plus en plus livrées à l'anarchie, l’Afghanistan a été au centre des discussions.  Qualifié par certaines délégations de « narco-état », l’Afghanistan dispose en effet de 165 000 hectares consacrés à la culture du pavot, soit une augmentation de 59% par rapport à l’année dernière.  Le trafic d’opium et d’héroïne implique 500 000 personnes, et génère un chiffre d’affaires de 40 milliards de dollars par an.  Pour le Kazakhstan, pays de transit, mais aussi de destination, les possibilités financières des trafiquants de drogues sont ainsi plus élevées que celles des États.  Son représentant a relevé que le trafic en provenance d’Afghanistan emprunte les routes des pays de la Communauté des États indépendants (CEI), ce qui ne fait que renforcer la criminalité au sein de la Communauté.


L’extrême pauvreté, les raisons économiques, la sècheresse et les pressions des trafiquants et des groupes criminels ont été identifiées par le délégué de l’Afghanistan comme les principaux facteurs expliquant l’expansion de la culture du pavot dans son pays.  La délégation a attiré l’attention sur le fait que les cultivateurs représentaient le maillon le plus faible dans la chaîne du problème des stupéfiants, ne s’appropriant que 3,4% du revenu illicite découlant des trafics.  Il a sollicité une coopération internationale renforcée, le renforcement des mesures de contrôle aux frontières du territoire afghan et la coopération des autorités juridiques et des agents de sécurité des États.


D’autres pays producteurs de drogues ont également fait part de leur difficulté à juguler le trafic de stupéfiants.  Ainsi, la représentante de la République populaire démocratique lao a expliqué que dans son pays le développement de cultures alternatives n’avait touché que 50% des producteurs de pavot.  Ainsi, 50% des villages qui produisaient de l’opium en 1998 –soit un millier de villages– ont besoin encore d’une aide d’urgence pour trouver des

moyens de subsistance alternatifs.   La représentante a lancé un appel pressant à la communauté internationale pour qu’elle fournisse une aide technique d’urgence à son pays.  Ce même appel a été relayé par les pays de l’Afrique de l’Ouest, en particulier ceux se trouvent le long des côtes du Golfe de Guinée.  Ainsi, a indiqué la représentante du Ghana, l’Afrique de l’Ouest est devenue une plaque tournante du trafic de cocaïne et d’héroïne en provenance d’Amérique du Sud et à destination de l’Europe.


Outre les pays cités, les délégations suivantes ont pris la parole: Japon, Chine, Mexique, Turquie, Ghana, République de Corée, Cuba, Singapour, Viet Nam, Jamaïque, Algérie, Russie, Israël, Iran, Myanmar, Inde, Venezuela, Kenya, Syrie, Thaïlande, Malaisie, Maroc, Népal, Nigéria, Albanie, Arménie, El Salvador, Cameroun, Liban.  Ce dernier a exercé son droit de réponse.  Les représentants de l’Organisation des migrations internationales (OMI) et le Fonds des Nations Unies pour l’agriculture (FAO) ont aussi fait des déclarations.


PR ÉVENTION DU CRIME ET JUSTICE PÉNALE (A/61/96, A/61/135, A/61/178, 1/61/179, A/61/284, A/C.3/61/L.2 ET A/C.3/61/L.3)


CONTRÔLE INTERNATIONAL DES DROGUES (A/61/208-S/2006/598 ET A/61/221)


Suite et fin du débat général


M. MAKOTO HASHIZUME (Japon) a dit que son pays attache une grande importance au travail de l’ONUDC.  Le trafic d’êtres humains est une violation grave des droits de l’homme et un délit international qui doit être combattu conjointement par les pays à l’origine des migrants, comme ceux de transit et de destination.  Le Japon a pris plusieurs mesures dans ce domaine et a envoyé diverses missions dans d’autres pays pour partager les informations et discuter des mesures à prendre avec les gouvernements, les organisations non gouvernementales et les groupes religieux.  Mais des actions multilatérales restent nécessaires dans ce domaine, a souligné le représentant du Japon, et l’ONUDC a un rôle central de coordinateur à y jouer.  Le Japon salue d’ailleurs, a relevé son représentant, la rencontre organisée à Tokyo par l’ONUDC la semaine dernière.  Un pas important a pu être franchi en vue de la mise en place d’une stratégie globale pour combattre la traite des êtres humains.


Dans la région Asie-Pacifique, des efforts importants ont également été menés pour lutter contre le trafic de drogue.  Une nouvelle amphétamine, fortement consommée au Japon, fait désormais des adeptes dans le monde entier.  Cette drogue est principalement fabriquée dans des pays de l’Asie de l’Est et du Sud-Est.  Le Japon soutient le travail de l’ONUDC dans ces régions pour permettre aux pays producteurs de renforcer leur lutte contre sa fabrication.  Souhaitant même un renforcement de l’action de l’agence onusienne, le représentant du Japon a salué l’ouverture d’un bureau en Chine.  Quant à la réforme de l’ONUDC, le Japon est favorable à la restructuration de son administration, a poursuivi M. Hashizume, tout en soulignant que le plus important reste le renforcement du rôle de coordinateur de l’Office.


M. JIA GUIDE (Chine) a estimé que le Document du Sommet mondial de 2005 reflétait l’avis unanime des États Membres.  La Chine se félicite du fait que les efforts de la communauté internationale aient déjà donné des résultats en endiguant la production de drogue, comme l’indique le rapport 2006 de l’ONUDC. 


La production d’opium décline, celle de cocaïne a été à peu près stabilisée.  Ces efforts sont tout à fait encourageants, notamment dans le « triangle d’or », et ils sont en train de prendre de la vigueur pour éradiquer la drogue dans les autres régions du monde.  Mais la route reste longue et ardue, a-t-il prévenu.  Ainsi, la culture du pavot a fortement augmenté en Afghanistan et cette situation est inquiétante: il convient d’en analyser les causes fondamentales, a–t-il affirmé.


Il faut donc agir conjointement pour prévenir le trafic d’héroïne, a souligné le délégué chinois dont le Gouvernement, a-t-il dit, attache la plus haute importance au contrôle des drogues.  Beijing a ainsi renforcé sa législation tout en menant une campagne au sein de la population.  La Chine attache aussi une très grande importance à la collaboration bilatérale, notamment au sein de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), et avec ses voisins immédiats.  Les États ont la responsabilité première à ce sujet, et la collaboration policière et judiciaire internationale est également essentielle, selon lui.  Mais dans les faits, la pratique du deux poids deux mesures, les considérations politiques, les lois locales freinent cette collaboration.


La délégation chinoise félicite l’ONUDC pour son travail et estime qu’elle devrait parvenir à des résultats encore plus importants.  La collaboration internationale entre pays de toutes tailles devrait être la seule stratégie allant de soi, a conclu le délégué chinois.


M. YERZHAN KAZYKHANOV (Kazakhstan), s’exprimant au nom de la Communauté d’États indépendants (CEI), s’est associé aux propos du Directeur du service de prévention de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), qui a attiré l’attention de la Commission hier sur l’ampleur sans précédent du trafic de drogues en Afghanistan.  La surface consacrée à la culture de pavot a augmenté de 59% depuis l’année dernière et atteint désormais les 165 000 hectares.  Ce trafic d’opium et d’héroïne implique 500 000 personnes et génère un chiffre d’affaires de 40 milliards de dollars par an.  Les possibilités financières des trafiquants de drogues sont ainsi parfois plus élevées que celles des États.  Ce trafic emprunte les routes des pays de la CEI, ce qui ne fait que renforcer la criminalité et la propagation de maladies infectieuses au sein de la Communauté.


Le représentant a évoqué la tenue récente de la deuxième Conférence de Moscou sur la drogue en Afghanistan, qui a examiné une série de questions dans le but de créer une coalition antidrogue.  Il a été décidé entre autres de créer un centre régional de coordination pour l’Asie centrale qui, en coopération avec l’ONUDC, pourra procéder à des échanges d’informations en temps réel sur la criminalité transnationale organisée.  Ainsi, la coopération régionale constitue l’un des mécanismes les plus efficaces pour l’élimination du trafic de drogues sur le territoire de la CEI.  Le représentant a appelé la communauté internationale à consolider les bases de la société afghane et à libérer le pays du trafic de drogues.  Il a souhaité une participation plus active de l’Afghanistan dans un cadre de coopération accrue avec les Nations Unies.


Mme JENNIFER FELLER (Mexique) a fait part de sa grande préoccupation quant aux répercussions dévastatrices et à l’impact politique de la criminalité transnationale organisée ainsi que le trafic de drogue.  Au moment où la lutte contre le terrorisme arrive en tête des priorités internationales, le monde ne peut pas prendre le risque de réduire ses efforts de lutte contre la criminalité transnationale organisée et le trafic des drogues, qui représentent de grandes menaces à la paix et à la sécurité internationale. Pour la représentante, seule la coopération internationale permettra de vaincre ces fléaux dans la mesure où il s’agit également d’une responsabilité commune des États.  Cette lutte doit toutefois être menée dans le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de la réciprocité des juridictions.


M. KERIM URAS (Turquie) a rappelé que son pays figure parmi les destinations du trafic d’êtres humains.  Ankara a mis en œuvre un plan d’action national, impliquant aussi des organisations non gouvernementales (ONG), avec des refuges pour les victimes à Istanbul et Ankara.  Parmi les autres mesures d’urgence, une ligne téléphonique spéciale a été créée.  Un spot est diffusé à la télévision ainsi qu’en Moldova et en Ukraine.  Le représentant turc a rappelé qu’un plan d’action avait été élaboré au niveau européen.  Seule une coopération bilatérale intense et une collaboration au niveau international pourront permettre d’arriver à des résultats, a-t-il souligné, la coopération régionale étant essentielle. 


L’intensification de la coopération dans la lutte contre le trafic de drogue est tout aussi importante, a-t-il ajouté.  Il existe toutefois des lacunes dans la lutte contre le trafic entre l’Afghanistan et l’Europe, a affirmé le représentant turc. 


Ankara est préoccupé par les liens entre terrorisme et criminalité organisée qui touchent aux stupéfiants, au trafic humain, au blanchiment d’argent et à l’extorsion de fonds.  Ces activités criminelles constituent une source majeure de financement du terrorisme.  Mais les organisations terroristes exploitent aussi l’économie traditionnelle et les organisations caritatives pour financer leurs activités.  En conséquence, une approche intégrée doit être adoptée pour combattre le terrorisme et d’autres formes de crime organisé, a conclu le représentant de la Turquie.


M. NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a estimé que le trafic des drogues demeure la menace la plus importante à la paix et à la sécurité internationale ainsi qu’au développement socio-économique des États.  L’Afrique, a indiqué le représentant, devient une plaque tournante du trafic de cocaïne et d’héroïne en direction de l’Europe.  Dans notre région, a-t-il ajouté, les trafiquants de drogues ont recours de plus en plus aux pays de l’Afrique de l’Ouest se trouvant le long du Golfe de Guinée pour mener leur trafic d’héroïne en provenance d’Amérique du Sud et en direction de l’Europe.  Le représentant s’est inquiété tout particulièrement des conséquences de ce trafic sur le Ghana et les pays voisins, qui sont touchés plus particulièrement par le trafic de cocaïne.  Le Ghana est non seulement devenu un pays de transit pour les trafiquants mais également un pays de stockage, ce qui ne fait qu’exacerber les abus des drogues dans le pays.  Ainsi, la lutte contre ce fléau fait partie des stratégies de développement national du Ghana, qui déploie des efforts incessants pour ajuster sa législation nationale ainsi que pour établir un mécanisme national de suivi et de contrôle des précurseurs chimiques.  À cet égard, il a appelé l’ONUDC à fournir une aide technique à son pays en vue de renforcer les capacités des agents d’imposition de la loi.


M. KANG BYONGJO (République de Corée) a déclaré que son pays avait créé récemment un Groupe de travail dans la perspective de la signature de la Convention contre la corruption.  Concernant le terrorisme, un Groupe de travail sur la législation et la lutte contre le financement du terrorisme a aussi été mis sur pied.


L’autre priorité majeure du Gouvernement de Séoul concerne la protection des femmes et des enfants et la lutte contre la violence sexiste.  En ce qui concerne la délinquance juvénile, il a pris des mesures pour empêcher sa récidive, notamment en améliorant les centres d’éducation consacrés à la jeunesse.


Le représentant a enfin souligné que les perspectives en matière de lutte contre la drogue étaient encourageantes.  Séoul s’est doté d’un organisme de lutte contre les stupéfiants.  En outre, l’adoption de la loi contre le blanchiment d’argent a permis de prendre un certain nombre de mesures concrètes.


M. JORGE CUMBERBACH MIGUEN (Cuba) a estimé qu’aucun pays ne peut relever tout seul les défis qu’implique la lutte contre la criminalité transnationale.  Les réponses à ces questions nous sont connues, a-t-il poursuivi, et sont contenues dans des instruments négociés au cœur des instances internationales.  Pourtant, a regretté le représentant, ces instruments se trouvent relégués aux oubliettes.  C’est pourquoi il est urgent de consacrer le principe de coresponsabilité des États face à la criminalité transnationale organisée.  Il faut que certains États renoncent à l’exercice de la terreur depuis les milieux de pouvoir, mettent un terme à la menace du recours à la force, et rejettent les doctrines fondées sur des prérogatives illégales.  Il faut promouvoir l’application des accords négociés, mobiliser les ressources nécessaires afin de garantir l’accès à l’éducation – pierre angulaire de ce combat.  Il serait nécessaire également de dépenser une infime portion du budget alloué aux budgets d’armement à la lutte contre le crime.  Ce phénomène ne saurait souffrir de l’application de deux poids deux mesures.  Il est inconcevable que les États-Unis –où la drogue génère entre 13,6 et 48,4 milliards de dollars par an pour les trafiquants et où on enregistre 35 millions de consommateurs de cocaïne– cherchent alors à s’ériger en juge. 


Mme TRACY CHAN (Singapour) a constaté que la culture du pavot avait fortement diminué en Asie ces dernières années.  Le défi aujourd’hui est de consolider cette réussite, a-t-elle noté.  Singapour a toujours combattu sérieusement le problème de la drogue, a-t-elle affirmé, car celui-ci menace de détruire le tissu social des pays.  Elle a expliqué que Singapour exigeait des toxicomanes qu’ils se soumettent à des activités de réhabilitation, et que leur nombre a fortement diminué dans la ville-État.


La représentante a en outre rappelé que depuis 2000 un certain nombre de séminaires avaient été organisés avec l’Australie.  Son pays, a-t-elle ajouté, est disposé à partager son expérience avec tout pays intéressé.  Les trafiquants ne respectent aucune frontière: tous les pays doivent donc se montrer unis et résolus à collaborer face à ce fléau.  La représentante a par ailleurs souligné que les Nations Unies, et plus particulièrement l’ONUDC, avaient un rôle important à jouer à cet égard.


M. PHAM HAI ANH (Viet Nam) a estimé que les mesures de lutte contre la criminalité transnationale organisée devraient être concertées et équilibrées.  Les Nations Unies dans ce contexte doivent continuer à jouer un rôle de chef de file en matière de coordination des efforts internationaux.  Le représentant s’est félicité de l’entrée en vigueur de la Convention des Nations Unies contre le terrorisme nucléaire, ainsi que de l’adoption par l’Assemblée générale de la Stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme.  Toutefois, il a jugé que beaucoup restait à faire dans le domaine notamment de l’aide technique aux pays en développement, afin de renforcer leurs capacités nationales et d’améliorer leur système juridique.  Le représentant a expliqué que son pays avait adopté un programme d’action au plan national pour la prévention et la suppression du crime, tandis que le Code pénal et le Code de procédure pénale avaient été révisés pour que les dispositions des traités internationaux y figurent.  Le représentant a également évoqué les activités menées par son pays au plan régional dans le cadre notamment de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE). 


M. RAYMOND WOLFE (Jamaïque), qui s’exprimait au nom de la Communauté des États des Caraïbes (CARICOM), a estimé que des efforts concertés de la communauté internationale restaient indispensables.  Il a noté que trois faiblesses principales avaient été identifiées dans le Rapport du Secrétaire général sur la coopération internationale dans la lutte contre le trafic de drogue.  Deux d’entre elles concernent particulièrement la CARICOM: la poursuite de la demande de cocaïne à destination de l’Europe, et la fourniture et demande de cannabis partout dans le monde.  La situation centrale des États des Caraïbes dans ce trafic, placés entre l’Amérique du Sud, l’Amérique du Nord et l’Europe, constitue un défi de taille.


Par ailleurs, les liens évidents entre trafic de stupéfiants, usage des armes légères, et augmentation dramatique de la criminalité dans la région caraïbe sont bien connus.  Nous ne pouvons pas ignorer, a-t-il ajouté, le problème que pose à nos pays l’expulsion vers nos territoires de délinquants venus d’autres régions du monde. Nous considérons cette pratique comme déraisonnable, ces individus ayant peu ou pas de liens avec nos pays, alors qu’ils ont cultivé et développé leurs activités criminelles à l’étranger.  Ils menacent de déstabiliser nos sociétés alors que nos États sont mal armés pour faire face au problème. 


C’est la raison pour laquelle la CARICOM a demandé une assistance internationale, a expliqué le représentant de la Jamaïque.  Il est en effet impératif d’avoir une telle approche, a-t-il souligné.  Il a reconnu qu’au niveau national, les pays de la CARICOM ont également besoin d’aide, sans quoi ils ne pourront pas tenir leurs engagements.  Leurs ressources humaines et financières sont limitées, alors que les problèmes s’aggravent, a-t-il expliqué. Il a donc demandé le maintien du bureau régional de l’ONUDC à la Barbade dont les activités ont été réduites et dont la fermeture est prévue. 


Mme SALIMA ABDELHAK (Algérie) a déclaré que la criminalité transnationale, présentée sous forme de trafic de drogue, de blanchiment d’argent, de traite des êtres humains ou de corruption ou de terrorisme, continue de représenter une menace pour la sécurité des sociétés et d’entraver le développement des États.  Elle estime qu’aucun pays ne peut seul faire face à ce phénomène dévastateur, amplifié par la mondialisation et rendu complexe par la diversité de sa nature.


Selon la représentante, c’est l’adoption et l’entrée en vigueur de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, ses trois Protocoles additionnels et la Convention contre la corruption qui ont marqué la prise de conscience de la communauté internationale de la nécessité d’une approche concertée pour lutter contre le phénomène.


Elle déplore cependant que le nombre des ratifications des instruments est loin de réaliser leur universalité, qui est, à son avis, seule capable de réaliser l’harmonisation dans le domaine législatif et d’empêcher les organisations criminelles internationales de profiter des vides et des contractions résultant des disparités normatives.


La représentante s’est félicitée que le terrorisme ait été identifié comme l’un des problèmes les plus graves pour l’humanité, et s’est réjoui de l’adoption unanime de la Stratégie globale sur le terrorisme.  Elle a par ailleurs estimé que seule une approche solidaire, intégrée et collective peut venir à bout des activités terroristes basées sur la corruption, l’intimidation, et la violence, et qui recyclent les produits de leur crimes dans les pays autres que ceux dans lesquels ils les commettent.


Cependant, les sources d’infiltration des drogues en Algérie étant les centres de production de drogues qui avoisinent son territoire et les candidats à l’immigration clandestine qui financent leur passage aux frontières par la drogue, les efforts consentis au niveau national ne peuvent à eux seuls venir à bout de ce trafic ravageur.  La coopération régionale et internationale est primordiale pour coordonner les actions à mener pour y parvenir.


M. ILYA ROGACHEV (Fédération de Russie) a estimé que la clef du succès dans la lutte contre la drogue et le crime réside dans le dialogue entre États Membres.  Ce dialogue doit tenir compte des spécificités de chaque État.  Le principe doit s’appliquer également dans le cadre de la revitalisation des activités de l’ONUDC.  La résolution omnibus sur le contrôle des drogues devrait refléter, sur une base annuelle, les changements et les aspects multiples des actions menées par les États Membres.  Par ailleurs, a ajouté le représentant, il est important que les efforts de rationalisation des travaux des Nations Unies n’entravent pas la coopération régionale avec les États.  Le représentant a fait part de la détermination de son pays à travailler de concert sur le plan bilatéral et multinational dans le cadre de la CEI et dans le cadre de coopération de Shanghai.  Le représentant a également fait part de sa préoccupation quant à la situation en Afghanistan, estimant que la communauté internationale avait peu de raisons de se réjouir tant l’Afghanistan était sur le point de devenir un narco-état.


Mme MEIRAV EILON SHAHAR (Israël) a constaté que l’on assistait à une mondialisation des activités criminelles.  Elle a noté un certain nombre de succès en Israël en matière de saisies des stupéfiants ainsi que de réhabilitation des toxicomanes.  Mais elle a prévenu que de plus en plus de produits licites sont utilisés comme des drogues.  En outre, le problème du cannabis se pose de manière massive, ce produit étant souvent considéré comme une drogue « douce ».  L’Israël, a-t-elle poursuivi, est bien conscient qu’individuellement les pays ne peuvent lutter seuls contre le problème.


Concernant le trafic d’êtres humains, Israël a accru ses efforts, a-t-elle expliqué.  Et il est conscient que les activités liées à la criminalité organisée doivent être traitées conjointement.  S’appuyant sur un rapport de l’ONUDC de 2005, la représentante a cité l’exemple du Hezbollah qui, a-t-elle dit, finance ses actions terroristes par les profits générés par des activités criminelles, la drogue en particulier.


Enfin, concernant la société dans son ensemble, elle a mis en avant le rôle de l’éducation pour que les citoyens respectent l’état de droit. 


Mme KHANTHALASY SOUTHICHACK (République démocratique populaire lao) est revenue sur les initiatives prises par son pays au cours des sept dernières années pour contrer la prolifération et l’abus de drogue.  Elle a regretté toutefois que le développement de cultures alternatives n’ait touché que 50% des producteurs de pavot au Lao.  Ainsi, 50% des villages qui produisaient de l’opium en 1998 –soit un millier de villages– ont besoin d’une aide d’urgence pour trouver des moyens de subsistance alternatifs alors, que 12 000 toxicomanes ont besoin de suivre un traitement.  Le Gouvernement lao a adopté un programme d’action pour la période 2006-2009, qui exige un financement à hauteur de 8,3 millions de dollars.  Si ce programme est mis en œuvre avec succès, cela nous permettra de stabiliser la situation dans nos provinces septentrionales, a-t-elle expliqué.  La représentante a ainsi lancé un appel pressant à la communauté internationale pour qu’elle fournisse une aide technique d’urgence à son pays.


Mme PAIMANEH HASTEH (Iran) a exprimé l’inquiétude de son pays face à l’augmentation de la culture du pavot en Afghanistan.  Elle a noté que l’ONUDC avait constaté que l’Iran constituait la route la plus courte du trafic des opiacés à partir de l’Afghanistan.  La lutte contre ce trafic coûte à Téhéran plus d’un milliard de dollars par an, a-t-elle affirmé, en expliquant la difficulté de surveiller les 1,920 kilomètres de frontière avec les deux voisins afghans et pakistanais.


Des saisies importantes ont toutefois été effectuées en 2005, a déclaré Mme Hasteh, qui a donné le chiffre de 319 tonnes de tous types de stupéfiants.  Il est urgent qu’une collaboration plus étroite soit mise en place entre les États, a-t-elle dit, en citant les accords conclus et ceux actuellement en négociation dans lesquels l’Iran est partie prenante.


Les experts internationaux réunis en septembre 2005 en Iran dans le cadre du Pacte de Paris ont constaté que la République islamique d’Iran était « le leader mondial de la lutte contre les drogues », a indiqué Mme Hastaie.  Elle a demandé aux pays développés ainsi qu’aux organisations internationales de fournir une aide financière accrue, ainsi qu’une assistance technique aux pays producteurs et de transit.  Pour l’Iran, il est impératif de former des réseaux régionaux et internationaux d’échanges d’information.  Il s’agit là d’une responsabilité commune, a-t-elle dit, appelant à un plus grand sens des responsabilités.


M. KYAW TINT SWE (Myanmar) a décrit de quelle manière son pays avait gagné la bataille contre le trafic de stupéfiants.  Cette réussite, a-t-il expliqué, repose sur une volonté politique ferme et sur la fin de l’insurrection dans les régions isolées où se trouvaient les champs de pavot.  Elle est aussi due à la  mise en œuvre du Programme d’action national pour l’élimination des drogues, échelonné sur 15 ans.  Ce Programme a par ailleurs été complété par un programme visant le développement de moyens de subsistance alternatifs pour les producteurs d’opium intitulé «  New Destiny Project ».  Ainsi, la production de drogues au Myanmar a diminué de 34% pour les seules années 2003-2004.  Nous avons aussi mis en place des modèles de coopération régionale, bilatérale et internationale, a-t-il ajouté.  Au niveau régional, le Myanmar dans le cadre de l’ANASE travaille à la création d’une région libérée du fléau des drogues d’ici 2015.  De plus, son pays a signé un mémorandum d’accord avec six pays de la sous-région pour la création d’une zone du Grand Mékong qui soit libérée des drogues.  Malgré les efforts déployés par son gouvernement, il est toutefois regrettable qu’un certain pays puissant refuse de lui fournir une aide matérielle mais tente au contraire de ternir l’image du pays avec des accusations non-fondées.


Mme MABEL REBELLO (Inde) a estimé urgent de repenser les politiques de lutte contre le trafic de drogue et contre le trafic organisé.  Les Nations Unies doivent porter un message sans ambiguïté en matière de terrorisme, a-t-elle dit, en considérant comme injustifiable l’assassinat aveugle de civils.  Pour l’Inde, il est donc urgent de finaliser le projet de Convention globale contre le terrorisme international, dont elle est l’un des pays initiateurs.


S’adressant ensuite au problème de la drogue, elle a constaté que bien qu’il y ait eu des évolutions positives, la communauté internationale doit agir rapidement pour éviter que les nouvelles menaces émergentes, telles que l’engouement pour les nouvelles amphétamines, ne s’installent.  L’Inde, en tant que producteur traditionnel d’opiacés licites à fins médicinales et scientifiques, se voit déstabilisée par ailleurs par la prolifération des sources de production licite et par la surproduction.  La délégation indienne s’inquiète par ailleurs du développement du trafic de produits via la pharmacie en ligne.


M. FRANCISCO ARIAS CÁRDENAS (Venezuela) a souligné l’importance de mettre en place des mesures préventives, telles l’éducation et le sport, pour prévenir la délinquance et la criminalité.  Passant aux mesures propres à son pays, il a expliqué que son gouvernement avait lancé un processus de reforme de la police mis en place en consultation avec la population.  Ce nouveau service policier est ainsi conçu comme un service public reposant sur le professionnalisme.  Nous avons aussi renforcé nos infrastructures contre le blanchiment d’argent, a-t-il déclaré.  Par ailleurs, nous estimons que le problème de la traite des êtres humains doit être abordé sous le prisme de la coresponsabilité des pays d’origine, de transit et d’accueil, en gardant à l’esprit que la pauvreté fragilise les sociétés qui

sont ainsi plus vulnérables aux trafiquants d’êtres humains.  Au Venezuela, a-t-il encore expliqué, l’accent est mis sur la variable sociale et la protection de l’environnement, afin d’éloigner les populations vulnérables de ce fléau.  Nous avons revu la loi organique sur les substances psychotropes, et nous revoyons le régime de sanctions pour que celles-ci soient à la hauteur de la gravité de ces crimes.  Nous avons augmenté de 70% nos prises de drogues, et ces chiffres illustrent avec force les efforts que déploie le gouvernement pour éliminer le trafic des drogues. 


M. WANJUKI MUCHEMI (Kenya) a fait part de la détermination de son pays à participer à la lutte contre le crime transnational organisé.  Il a rappelé que le Kenya bénéficiait entre autres de l’assistance technique de l’ONUDC.  Concernant le trafic de drogue, le Kenya est une plaque tournante de par sa situation géographique, a-t-il rappelé, mais ses capacités de lutte sont limitées.  Notant que les stupéfiants étaient étroitement liés au blanchiment d’argent et au terrorisme, M. Muchemi a indiqué que son pays avait renforcé sa législation et son action contre ces phénomènes.


Un groupe de travail a été créé sur le recyclage d’argent, la législation étant insuffisante à cet égard et celle-ci ayant besoin d’être renforcée.  Le Kenya a pourtant rencontré peu de succès, en particulier dans la récupération d’avoirs détournés et recyclés, a-t-il reconnu, en admettant des lacunes dans la règlementation financière.


Mme WARIF HALABI (République arabe syrienne) a déclaré qu’il était nécessaire de fournir une aide technique aux pays en développement, pour réduire la criminalité au niveau national et international et pour donner des modèles de législation dont ces pays pourraient s’inspirer.  La Syrie contribue avec efficacité aux efforts internationaux de lutte contre la criminalité transnationale organisée, et a participé à toutes les réunions et conférences régionales visant l’élaboration, en collaboration avec l’Organisation internationale de la migration (OIM), d’un programme d’action régionale contre la traite des personnes.  Nous avons conclu également des accords bilatéraux pour assurer l’extradition de criminels, a-t-elle signalé.  Nous avons aussi signé la Convention contre la corruption et nous sommes parties à la Convention contre le financement du terrorisme.  La représentante a dit condamner le terrorisme, quels qu’en soient les sources et les auteurs, qu’il s’agisse d’individus ou d’États.  Il est toutefois nécessaire de maintenir une distinction entre le terrorisme et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.  Elle a regretté que la Stratégie mondiale adoptée pour lutter contre le terrorisme ne comprenne pas la définition du terrorisme ni cette distinction.


Mme KHUNYING LAXANACHANTORN LAOHAPHAN (Thaïlande) s’est dite encouragée par la baisse de la production et par l’augmentation des saisies de drogue.  Toutefois, on ne peut se reposer sur ses lauriers, a-t-elle reconnu.  L’usage des amphétamines et des méta-amphétamines, nouvelles drogues synthétiques, a particulièrement touché la Thaïlande, a-t-elle fait remarquer.  Il faut empêcher le détournement des produits précurseurs à la fabrication de ces drogues, a-t-elle dit.  Par ailleurs, pour la délégation thaïlandaise, il faut s’attaquer à la fois à l’offre et à la demande.


Des ex-producteurs de pavot en Thaïlande se sont reconvertis dans des produits tels que le café ou la noix de macadamia, tout en multipliant leurs revenus par dix.  La représentante s’est dite convaincue que ce résultat pouvait être obtenu dans d’autres pays.  La Thaïlande a ainsi entrepris de faire partager son expérience avec le Myanmar et l’Afghanistan, et est en contact avec plusieurs pays d’Amérique latine.  Il convient en particulier que le secteur privé s’engage dans la mise au point et la commercialisation de nouveaux produits issus de projets de développement alternatifs, a-t-elle dit.  Mais il faut aussi que ces produits puissent être écoulés sur les marchés des pays développés qui doivent faire preuve d’une plus grande coopération, a insisté la représentante.


M. MOHAMMAD YUNUS BAZEL (Afghanistan) a rappelé que son pays était engagé avec force et détermination dans la lutte contre les stupéfiants en parallèle avec son combat contre le terrorisme, d’autant plus qu’il existe un lien incontestable entre ces deux fléaux qui minent la paix, la sécurité et le développement de l’Afghanistan.  La Conférence de Londres du 31 janvier dernier a d’ailleurs adopté le Pacte pour l’Afghanistan, qui constitue un accord entre ce pays et la communauté internationale.  Dans ce cadre, le combat contre la drogue a été considéré comme une priorité, compte tenu de la menace qu’elle représente pour la sécurité nationale, régionale et internationale ainsi que contre le développement et la bonne gouvernance du pays.  Le représentant a ensuite fait valoir qu’une stratégie nationale de contrôle de la drogue avait été adoptée à cet égard à Londres par le Gouvernement afghan.  Elle comprend huit volets: les cultures alternatives; le rétablissement des institutions; les campagnes d’information; le renforcement des lois antidrogues; l’éradication; la justice criminelle; la réduction de la demande de la drogue et le traitement des toxicomanes; et la coopération régionale.


Le représentant a cependant repris les conclusions du dernier rapport de l’ONUDC, selon lequel la production d’opium dans le pays a augmenté en 2006.  L’extrême pauvreté, les raisons économiques, la sècheresse et les pressions des trafiquants et des groupes criminels ont été identifiés comme principaux facteurs à l’expansion de la culture du pavot, a-t-il expliqué.  Dans ce contexte, la délégation a attiré l’attention sur le fait que les cultivateurs représentent le maillon le plus faible dans la chaîne du problème des stupéfiants, ne s’appropriant que 3,4% du revenu illicite découlant des trafics.  Le Gouvernement afghan ne pouvant faire face seul à cet énorme problème, l’aide au développement fournie par la communauté internationale doit constituer un facteur déterminant dans les efforts pour réduire la culture de l’opium.  À cet égard, le renforcement des mesures de contrôle aux frontières du territoire afghan et la coopération mutuelle des autorités juridiques et des agents de sécurité des pays concernés contribueraient fortement au succès de cette entreprise, a-t-il conclu.


M. ABDELFATAH KADIRI (Maroc) s’est déclaré préoccupé par le problème de la criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale.  Aussi, l’initiative de l’ONU qui a fait de la lutte contre celle-ci une des priorités de ce siècle, a-t-elle permis l’adoption et l’entrée en vigueur de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et trois de ses Protocoles relatifs au trafic illicite des migrants par terre, mer et air; la traite des personnes (en particulier des femmes et des enfants); et la fabrication illicite d’armes.


Le représentant a reconnu que l’absence de mécanismes régissant l’entraide judiciaire a pu constituer un point faible pour la prévention et la lutte contre le terrorisme et les autres formes de criminalité transnationale organisée.  Or, la réussite des actions à mener dans la mise en œuvre de ces instruments juridiques internationaux dépend des moyens et de l’importance qui seront accordés à leur application et de la volonté politique qui les soutiendra. Ainsi, l’ONUDC est-il le centre par excellence pour l’examen et la discussion de ces questions au sein du système des Nations Unies.  Le rapport du Secrétaire général « Dans une liberté plus grande », publié le 21 mars 2005, souligne cette importance en proposant de renforcer les moyens dévolus à l’Office pour qu’il puisse accomplir sa mission.  Bien conscient de l’importance d’agir sur ce point, le Maroc est en phase d’harmonisation et d’adaptation de sa législation nationale avec les dispositions de la Convention et se tient prêt à poursuivre sa coopération fructueuse avec l’ONUDC.  Preuve de sa bonne volonté en est la signature en 2003 de la Convention contre la corruption, déjà adoptée par le Conseil du Gouvernement marocain et bientôt soumise au Parlement.  Toujours dans cet esprit, le Maroc a accueilli à Rabat la Conférence ministérielle euro-africaine sur la migration et le développement les 10 et 11 juillet 2006.  En liant cette question au développement, l’établissement d’un plan d’action lors de cette conférence marque une nouvelle approche au sein de la coopération internationale quant à la gestion du problème de la migration clandestine.


À ce stade, a-t-il conclu, mon pays a signé et ratifié la majorité des Conventions liées à la lutte contre le terrorisme et continue de militer pour une adoption rapide de la Convention mondiale sur le terrorisme.


M. HAJI IDRIS HARON (Malaisie) a insisté sur la nécessité de mettre en œuvre une approche coordonnée et mondiale permettant de lutter contre le terrorisme.  À cet égard, la Malaisie a toujours soutenu le rôle de chef de file que jouent les Nations Unies dans le maintien de la paix et de la sécurité internationale.  La Malaisie pour sa part est partie aux cinq instruments sur 12 portant sur la lutte contre le terrorisme.


Au plan régional, la Malaisie coopère dans le cadre de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), qui est en train d’élaborer une convention de lutte contre le terrorisme.  Le représentant a établi un lien étroit entre terrorisme et blanchiment d’argent mais malheureusement, a-t-il dit, les efforts mondiaux en vue de battre en brèche le financement du terrorisme se heurtent encore à de nombreux obstacles en raison de la complexité des transactions financières et de la volatilité des mesures de suivi et de contrôle.  Il est donc nécessaire de mieux coordonner et d’harmoniser les systèmes pénaux des États.  Le représentant a également évoqué la nécessité de lutter contre la corruption qui affaiblit la légitimité des institutions publiques.  S’agissant du trafic de drogues, il a assuré la Commission de la détermination de son pays à combattre ce fléau.


M. BHAGIRAT BASNET (Népal) a rappelé que, parallèlement à la promotion de la croissance économique et au développement international qu’elle a facilité, la mondialisation avait aussi aidé les criminels à élargir leur emprise, leurs réseaux et leur clientèle.  Le Népal a donc rappelé son ferme engagement à lutter contre la criminalité transnationale organisée, notamment en adoptant des mesures contre la corruption, sachant que la bonne gouvernance est indispensable au développement des nations.  Le Népal est également partie à la Convention pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui et à son Protocole de clôture, a poursuivi le représentant, ainsi qu’aux traités internationaux de lutte contre les stupéfiants.  À cet égard, son pays appelle la communauté internationale et les Nations Unies à fournir une assistance technique et financière aux pays en développement pour renforcer les efforts nationaux en ce domaine.  Condamnant vigoureusement le terrorisme, le Gouvernement népalais a renforcé sa coopération avec le Comité de lutte contre le terrorisme (CTC) du Conseil de sécurité et le service de prévention du terrorisme de l’ONUDC.  Nous sommes favorables à une approche intégrée, a-t-il poursuivi, pour endiguer les menaces multidimensionnelles provenant de l’expansion de la criminalité transnationale.


M. SIMEON ADEKANYE (Nigéria) a, quant à lui, fait part de la préoccupation que lui inspire le recours accru à l’Afrique comme continent de transit dans le cadre du trafic des drogues à destination de l’Europe et des États-Unis où les marchés sont énormes.  Evoquant également la menace que posent la criminalité transnationale organisée et le terrorisme, il a plaidé en faveur d’une coopération internationale renforcée, notamment dans le domaine de l’édification des capacités nationales.


Au niveau régional, le Nigéria a mis en place des opérations conjointes dans le cadre de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui ont permis de saisir de vastes quantités de drogues.  Des efforts complémentaires ont porté sur la formation des représentants de la loi.  Le Nigéria est par ailleurs partie à tous les instruments des Nations Unies de contrôle des drogues.  Conscient du lien entre offre et demande, le Nigéria a également intensifié ses programmes préventifs, afin de parvenir à une réduction de la demande par le moyen de campagnes de sensibilisation et de programmes de réhabilitation. 


M. LORENC XHAFERRAJ (Albanie) a d’entrée annoncé que son gouvernement préparait une Stratégie nationale pour le développement et l’intégration.  Ce plan septennal élaboré en étroite relation avec les représentants de l’ONU vise à garantir l’application des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et des questions sociales de développement, ainsi que leur conformité aux critères d’adhésion européens.


M. Xhaferraj s’est dit fermement convaincu que la bonne gouvernance est le facteur clef pour améliorer la vie de ses concitoyens et une condition importante pour garantir une croissance économique durable et l’éradication de la pauvreté.  Les principales préoccupations de son pays sont la consolidation de l’état de droit et des institutions démocratiques, la lutte contre la corruption, contre le crime organisé et les trafics.  À cet égard, il a fait part du démantèlement de 35 grandes entités et organisations criminelles.  Par ailleurs, selon le Centre international de lutte contre le crime organisé, les routes illégales pratiquant les trafics ne traversent plus le territoire albanais.  Il importe d’autre part d’instaurer une étroite coopération entre les agences de répression de la région.  Cela permettra de contrôler plus efficacement les frontières et de coordonner les efforts pendant les enquêtes et les opérations d’arrestation des membres de ces organisations.


Sur la question de la lutte contre la corruption, le Gouvernement albanais a pris des mesures énergiques pour y mettre un terme, selon le délégué.  Il a à cet égard cité l’adoption de nouvelles règles administratives et éthiques au sein de l’ensemble des institutions de l’administration publique et l’amendement de la loi sur les conflits d’intérêts.  La criminalité transnationale et organisée est un phénomène mondial qui nécessite une réponse collective, a conclu M. Xhaferraj.


M. ARA MARGARIAN (Arménie) a rappelé qu’après avoir obtenu son indépendance auprès de l’ex-Union soviétique, l’Arménie avait traversé une période de transition délicate, pendant laquelle la criminalité organisée, la corruption et l’insécurité avaient prospéré.  En réponse, le Gouvernement arménien est devenu partie à l’ensemble des instruments des Nations Unies existant dans le domaine de la lutte contre les stupéfiants, s’efforçant de mettre en œuvre concrètement les mesures contenues dans ces textes.  Bien que ne produisant pas de stupéfiants, l’Arménie fait partie des trois pays, avec l’Iran et la Turquie, formant le « croissant d’or », par lesquelles transitent de nombreux trafiquants et leurs marchandises.  Aussi le gouvernement a-t-il entrepris d’amender sa législation pour mettre un terme à cette situation, notamment en lançant un programme en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Le Code pénal a également été aménagé pour y intégrer les principales dispositions des traités internationaux.  Une loi relative aux stupéfiants et les substances psychotropes a été par ailleurs amendée, pour la rendre plus conforme aux mesures existant en matière de répression et de traitements des toxicomanes.  En outre, une brigade antistupéfiants a été intégrée au principal bureau de lutte contre la criminalité organisée de la police arménienne, a souligné la délégation.  Enfin, dans ses efforts de lutte contre le terrorisme, l’Arménie a développé une coopération bilatérale et multilatérale dans la lutte contre le terrorisme international, notamment dans la surveillance des frontières et le renseignement.


Mme LUCIA BORJAS CHAVEZ (El Salvador) a reconnu la menace grave que font peser les drogues contre l’état de droit et la sécurité nationale et internationale.  Il s’agît d’un phénomène qui comporte de multiples dimensions et a des répercussions graves contre les sociétés.  Il est donc important de trouver des solutions coordonnées et à l’échelle mondiale.  Au Salvador, a-t-elle expliqué, nous abordons cette problématique sous trois volets : éducation, santé et sécurité publique.  Nous disposons également d’un plan d’action qui vise l’atténuation des conséquences socio-économiques du phénomène et qui cherche à établir des normes minimums de traitement.  Le trafic des drogues a une dimension qui ne connaît pas de frontière, d’où la nécessité absolue de la coopération et l’assistance internationales.  La représentante a attiré l’attention de la Commission sur la question des gangs qui s’alimentent des lacunes des systèmes juridiques et de son corollaire, à savoir la corruption.  Elle a souhaité que les débats de la première Conférence des parties à la Convention sur la corruption, qui aura lieu en juin en Jordanie, soient couronnés de succès.


M. MARTIN BELINGA EBOUTOU (Cameroun) a rappelé que parmi les crimes qui gangrènent les sociétés, il en est un qui est particulièrement grave, c’est la corruption, parce qu’elle est synonyme de déformation du système politique, de sous-développement et de pauvreté.  La corruption atteint tous les milieux et sape le fondement même des institutions, dans la mesure où elles sont conçues comme un champ d’échanges clientélistes au lieu de promouvoir l’intérêt général.  La lutte contre ce fléau devient donc une nécessité pour les pays concernés, a affirmé le représentant.  Ce fléau de dimension transfrontalière rend indispensable une synergie entre les efforts nationaux et internationaux.

Pour sa part, le Cameroun a placé son action depuis 1982 sous le signe de la moralisation des comportements.  Plus récemment, en décembre dernier, le Président Paul Biya a souligné qu’il y avait une totale incompatibilité entre les efforts déployés par son pays pour éradiquer la pauvreté et l’enrichissement scandaleux de quelques-uns.  La politique nationale camerounaise de lutte contre la corruption a donc emprunté une triple orientation: renforcement de l’armature normative; institutionnalisation des mécanismes de contrôle appropriés; et répression de la délinquance économique.  En outre, sur le plan de la sanction, le Cameroun n’a eu de cesse de montrer chaque jour sa détermination à mettre fin à l’impunité, en luttant contre la corruption et le détournement des deniers publics.  Enfin, sur le plan disciplinaire, des mesures allant jusqu’à la révocation ont également été prises et des procès sont en cours, a conclu la délégation.


M. MAJDI RAMADAN (Liban) a fait état des modifications apportées à sa législation et a précisé que son pays applique une politique de tolérance zéro en matière de trafic de drogue.  Nous disposons aussi, a-t-il déclaré, d’un programme de lutte contre le trafic de stupéfiants qui repose sur une réduction de l’offre et de la demande.  Nous avons ainsi détruit 120 millions d’hectares de cannabis et 10 millions d’hectares de culture de pavot.  Notre législation définit le

toxicomane comme un malade et non pas comme un criminel, et lui offre la possibilité de se soigner plutôt que d’aller en prison.  Le blanchiment d’argent est devenu un délit pénal en 2001.  Par ailleurs, le Liban est la victime d’un terrorisme d’État qui veut que ses terres soient occupées par Israël depuis 28 ans.


M. LUCA DALL’OGLIO, Observateur permanent de l’Organisation internationale des migrations (OIM), a affirmé que c’était une tâche délicate, à l’heure de la mondialisation, de préserver l’équilibre crucial entre la protection des droits des migrants et une prévention efficace de la criminalité.  Il a ensuite souligné la nécessité d’appliquer les stratégies visant à mettre en œuvre les protocoles contre la traite humaine.  Se félicitant ensuite de l’avancée des technologies biométriques, qui a permis à de nombreux pays de mieux lutter contre les réseaux de passeurs et de trafiquants, il a cependant regretté qu’elles ne soient pour l’instant accessible qu’aux pays les plus riches.  Il faut aussi tenir compte du facteur humain dans la lutte contre les trafics de personnes et se pencher sur les causes structurelles de la pauvreté, qui poussent les individus à tenter de passer la frontière.  Les poursuites judiciaires a l’encontre des trafiquants ne doivent pas non plus se faire au dépens des consommateurs qui sont souvent des victimes et les seuls témoins disponibles, a fait observer M. Dall’Oglio.  Nous sommes en train de former du personnel dans plusieurs pays en développement pour les sensibiliser à ces questions, a-t-il précisé, soulignant l’importance revêtue par les mécanismes de coopération ad hoc et interagences à cette fin.


Mme FLORENCE CHENOWITH, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture a dit que la FAO travaille en étroite coopération avec d’autres agences du système des Nation Unies et en dehors.  Les activités communes permettent la mise en place de personnel et de ressources et d’élaborer des approches coordonnées en vue d’éradiquer la production et le trafic des stupéfiants.  La FAO travaille aussi en partenariat avec l’Agence technique de coopération allemande, dans le cadre d’un projet de la Commission européenne pour offrir des activités de substitution aux cultivateurs économiquement contraints de produire des stupéfiants.  En outre, la FAO a mis sur pied un projet agroforestier en Bolivie, ainsi que d’autres activités en Afghanistan, au Myanmar, au Cambodge, en Thaïlande, au Liban et en Colombie, a indiqué Mme Chenowith. 


M. ULRICH KERSTEN, Interpol, a brossé un tableau d’ensemble des activités d’Interpol, qui compte 186 membres.  Ses principales fonctions sont premièrement de protéger les communications internationales entre les forces de police.  Sur ce point, 185 pays membres et 25 autres entités sont liés au système de communications policières I-24/7.  Deuxièmement, Interpol a mis en place un système de base de données pour partager des informations utiles à la solution d’enquêtes et a conduit des travaux de recherche et analyses.  Troisièmement, a poursuivi M. Kersten, l’organisation apporte des services d’assistance opérationnels.  Les cinq domaines cibles d’Interpol sont: la drogue et le crime organisé; la criminalité relative aux finances et hautes technologies; les fugitifs; la sécurité publique et le terrorisme; et le trafic d’êtres humains.  Grâce à son réseau, Interpol renforce la capacité de répression de la communauté internationale pour lutter contre le crime transnational et le terrorisme et appuyer les enquêtes transnationales.  Des centaines d’arrestations et d’extraditions ont été réalisées chaque année à la suite de l’utilisation de ce réseau par les pays membres.


Dans le domaine de la corruption, M. Kersten a fait part de la création l’an passé de l’Académie de lutte contre la corruption, basée à Vienne.  Cette académie formera et fournira un appui technique autour du monde.  Elle aidera d’autre part les États Membres d’Interpol à appliquer la Convention de l’ONU sur la lutte contre la corruption, a précisé M. Kersten.  Il a par ailleurs souligné que l’Organisation ne réalisait l’ensemble de ses activités qu’avec un budget de 42 millions d’euros.  Il a finalement exprimé le souhait que s’accroisse la coopération entre Interpol et l’ONUDC.


Droit de réponse


Le représentant du Liban, répondant au représentant d’Israël, a accusé ce dernier de vouloir politiser le problème des drogues alors que tous les autres États tentent de le régler.  Le Hezbollah est né au Liban à la suite de l’occupation militaire israélienne, a-t-il ajouté.  Le Hezbollah est un front populaire créé par les agressions répétées d’Israël.  Celui-ci est par ailleurs un centre du trafic international du stupéfiant « Ecstasy » et exerce un monopole sur ce commerce. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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