L’ONU DISPOSE DÉSORMAIS D’UNE FEUILLE DE ROUTE POUR LE DÉVELOPPEMENT, AFFIRME LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT AUX AFFAIRES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES
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Troisième Commission
1e et 2e séances - matin et après-midi
L’ONU DISPOSE DÉSORMAIS D’UNE FEUILLE DE ROUTE POUR LE DÉVELOPPEMENT, AFFIRME LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT AUX AFFAIRES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES
La Troisième Commission ouvre ses travaux
Avec les engagements pris lors des grandes conférences internationales de Monterrey, Copenhague et de Johannesburg et l’adoption de la Déclaration du Millénaire, la communauté internationale dispose désormais non seulement d’une vision, mais aussi d’une véritable Feuille de route pour le développement durable des nations dans ses trois dimensions: économique, sociale, écologique. C’est le constat qu’a tiré aujourd’hui le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. José Antonio Ocampo, à l’ouverture des travaux de la Commission des affaires sociales, humanitaires et culturelles (Troisième Commission). Les travaux de la Commission dureront jusqu’au 23 novembre prochain.
Ouvrant le débat général consacré au développement social, le Secrétaire général adjoint a estimé que les Nations Unies avaient pris des mesures décisives pour revitaliser leurs travaux, grâce à l’adoption d’une vision courageuse et inclusive entérinée lors du Sommet mondial de 2005. Adopté par consensus par les chefs d’États et de gouvernement, le Document de 2005 réaffirme l’attachement de la communauté internationale au partenariat mondial au service du développement et sa détermination à adopter en 2006 au plus tard et de mettre en œuvre des stratégies de développement pour atteindre les buts et objectifs convenus. À titre d’exemple, le Consensus de Monterrey prévoit que les États consacrent 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) à l’Aide publique au développement (APD) d’ici à 2015 et au moins 0,5% d’ici à 2010.
Le Secrétaire général adjoint a par ailleurs insisté sur la nécessité de tisser des liens plus étroits entre politiques sociales et économiques, rappelant que sept citoyens sur huit vivent dans des pays où la répartition des salaires est devenue de plus en plus inégale au cours des trois dernières décennies. « Les inégalités de revenus sont devenues une véritable épidémie dans le monde. » Pour le Secrétaire général adjoint, la création d’emplois est en fait le lien clef entre le secteur économique et social. Elle ne doit pas être un produit secondaire, mais l’un des objectifs majeurs des stratégies de développement.
Le Directeur de la Division des politiques sociales et de développement, Johan Schölvinck, citant le Rapport du Secrétaire général sur le développement social, a souligné lui aussi le caractère inégal des progrès accomplis dans la lutte contre la pauvreté au cours de la décennie. Le Secrétaire général souligne toutefois qu’une conception purement économique de la lutte contre la pauvreté, centrée uniquement sur l’accroissement des revenus privés, ne brisera pas le cycle
de la pauvreté entre les générations, sauf s’il y a accumulation de richesses ou d’avoirs. De la même manière, l’objectif d’une réduction régulière de la pauvreté ne saurait être atteint en l’absence d’une égalité des chances et d’un accès aux services sociaux essentiels.
De nombreuses délégations, comme celle de l’Afrique du Sud, qui s’exprimait au nom du groupe des 77 et de la Chine, ont elles aussi constaté que 10 ans après l’adoption de la Déclaration de Copenhague, la pauvreté et le sous-développement restent les plus grandes menaces à l’égalité entre les nations. Ces pays ont insisté sur la nécessité de promouvoir un environnement propice à la poursuite d’objectifs sociaux dans des domaines liés à la pauvreté, la faim, l’éducation, la santé, la mortalité infantile, et à l’égalité entre les sexes.
D’autres pays, comme ceux de l’Union européenne, ont souligné que si la libéralisation et la privatisation sont des options politiques importantes dans les sociétés modernes, l’intégration sociale passe par la compétence des gouvernements et un processus démocratique. La protection de l’environnement a également été au centre des débats, le représentant de la Finlande estimant que la réduction de la pauvreté aujourd’hui, sur le long terme, signifie que la croissance économique ne doit pas entraîner un échec demain sur le plan de l’environnement. Les pauvres dépendent en effet largement des ressources naturelles, a rappelé M. Jokinen.
Outre ceux déjà mentionnés, les pays suivants ont également pris la parole: Japon, Suisse, Pakistan, Nigeria, Égypte, Lesotho, au nom de la SADEC, Pakistan, Soudan, Bangladesh, Chine, Sainte-Lucie au nom de la CARICOM, Algérie, République de Corée, Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Organisation mondiale du travail. Mme Bilello, Directrice par intérim du Bureau de l’UNESCO a également pris la parole.
En début de séance, la Commission avait adopté son programme de travail et son ordre du jour.*
*Documents portant les côtes A/C.3/61/L.1, Add 1 et Rev.1,
Organisation des travaux (A/C.3/61/L.1, A/C.3/61/L.1/Corr.1, A/C.3/61/L.1/Add.1/Rev.1, A/C.3/61/1 et A/61/250)
Suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/61/99)
Le rapport présente un aperçu du débat de fond sur l’examen de la première Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (1997–2006), qui a eu lieu au cours de la quarante-quatrième session de la Commission du développement social. Il insiste sur l’inégalité des progrès accomplis dans la lutte contre la pauvreté au cours de la Décennie et offre des considérations sur l’engagement pris à Copenhague au sujet de la pauvreté, en tenant compte de la notion d’inégalité.
Dans ses conclusions, le Secrétaire général insiste sur la nécessité de mettre en place des conditions propices, une condition indispensable pour parvenir à l’équité et au développement social. Si la croissance économique est indispensable, une inégalité solidement enracinée est un obstacle à la croissance large et soutenue. Il est donc impératif d’équilibrer les mesures axées sur la croissance et celles axées sur l’équité économique et sociale si l’on veut avoir un impact positif sur les niveaux de pauvreté en général. À cet égard, les politiques d’élimination de la pauvreté devraient s’attaquer à ses causes profondes et structurelles et devraient comporter des mesures en faveur de l’équité et de l’égalité.
L’accès à un emploi productif et à un travail décent doit faire partie intégrante des stratégies de promotion de la croissance et de lutte contre la pauvreté, une attention particulière étant accordée aux dispositions visant à incorporer la création d’emplois dans les politiques macroéconomiques. La proposition visant à accorder plus d’attention aux questions de développement dans la création de sociétés non exclusives, qui figure dans le Document final du Sommet mondial, est tout aussi importante.
Par ailleurs, insiste le Secrétaire général, les stratégies de lutte contre la pauvreté devraient adopter une approche intégrée pour répondre au caractère multidimensionnel de la pauvreté, la priorité étant accordée aux mesures de nature à favoriser l’intégration sociale, la cohésion et l’accès aux services sociaux et aux chances offertes. Des initiatives doivent être prises pour renforcer les capacités et la participation des pauvres aux stratégies d’élimination de la pauvreté afin de stimuler le débat à l’échelle nationale, de mobiliser les parties prenantes et, plus particulièrement, de promouvoir l’autonomisation politique, sociale et économique.
Les efforts devraient être renforcés pour aider les pays à atteindre les objectifs de développement social en mettant des ressources à leur disposition, et pour éliminer l’effet débilitant de la dette de ces pays pour leur permettre de redistribuer leurs maigres ressources au profit du secteur social.
Développement social, y compris les questions relatives à la situation sociale dans le monde et aux jeunes, aux personnes âgées, aux handicapés et à la famille
Décennie des Nations Unies pour l’alphabétisation: l’éducation pour tous (A/61/151)
Le Secrétaire général transmet dans sa note le rapport du Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) sur la mise en œuvre du Plan d’action pour la Décennie des Nations Unies pour l’alphabétisation, à partir du 1er janvier 2003, conformément à la résolution 59/149 de l’Assemblée générale du 20 décembre 2004. L’Assemblée a pris acte du premier rapport sur l’état de mise en œuvre du Plan d’action et préconisé l’adoption de mesures renforcées, mieux coordonnées et suivies pour assurer l’alphabétisation de groupes et de populations de tous âges.
Le rapport du Directeur général de l’UNESCO note que d’après les statistiques les plus récentes, il y aurait 771 millions d’adultes âgés de plus de 15 ans qui n’ont pas le niveau d’alphabétisation de base à la date d’avril 2006. Les chiffres sont plus élevés lorsqu’on tient compte des jeunes âgés de 15 à 24 ans qui ont été privés de la possibilité d’apprendre. Le rapport fait également état des résultats du questionnaire envoyé par l’UNESCO à toutes ses commissions nationales, ainsi qu’à d’autres organismes onusiens, non gouvernementaux, etc.
Le rapport du Directeur général déclare que les efforts déployés par les partenaires de la Décennie des Nations Unies pour l’alphabétisation doivent être poursuivis et renforcés. Pour encourager de telles actions, il recommande que les États Membres renforcent leur volonté politique de réagir efficacement face à l’analphabétisme et augmentent les ressources financières allouées, sachant que la négligence de ces deux mesures se traduit directement et indirectement par un retard du développement; qu’ils s’emploient davantage à renforcer les partenariats avec tous les interlocuteurs nationaux et internationaux de la Décennie; qu’ils prêtent davantage leurs concours aux États Membres, en leur apportant une aide technique ou financière accrue. Il a finalement recommandé que l’UNESCO renforce son rôle de coordinateur et de catalyseur de l’action menée dans le cadre de la Décennie au niveau international.
Suite donnée à l’Année internationale des personnes âgées: deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement (A/61/167)
Le rapport du Secrétaire général dresse le bilan des activités de coopération internationale visant à aider les États Membres à développer les capacités dont ils ont besoin pour la mise en œuvre du Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement. La stratégie envisagée pour appliquer le Plan d’action avait fait du renforcement des capacités nationales et de la prise en compte du vieillissement dans les programmes de développement nationaux deux éléments essentiels du processus de mise en œuvre. Le Secrétaire Général déclare que les questions liées au vieillissement et aux personnes âgées ne figurent guère parmi les priorités du développement, comme en témoignent le peu d’attention dont elles bénéficient, ainsi que l’insuffisance des moyens financiers consacrés au développement des capacités nationales. En conséquence, comme de nombreux États Membres méconnaissent le Plan d’action de Madrid et ses recommandations, ils ne considèrent pas que les questions liées au vieillissement réclament une assistance internationale, ce qui contribue à leur manque de visibilité. Pour que les défis que présente le vieillissement des populations soient intégrés aux politiques, programmes et projets nationaux, le Secrétaire général recommande en conséquence les mesures stratégiques suivantes:
Accorder une plus grande attention au renforcement des capacités afin de lutter contre la pauvreté chez les personnes âgées, et notamment les femmes, en incorporant les questions liées au vieillissement, aux stratégies générales de réduction de la pauvreté et aux cadres nationaux de développement. Élaborer les politiques relatives au vieillissement à la suite de consultations regroupant ministères, parlementaires et autres parties prenantes. Que les gouvernements et les organisations établissent des partenariats plus étroits avec les groupes de la société civile de façon à développer les capacités. Que les gouvernements désignent un organisme principalement responsable du suivi des plans d’action nationaux sur le vieillissement. (L’Assemblée nationale souhaitera peut-être encourager les gouvernements à privilégier une approche participative partant de la base et s’étendant à l’ensemble du processus de mise en œuvre.) Que les gouvernements, les organisations intergouvernementales et non gouvernementales fassent preuve de leur engagement et contribuent davantage financièrement aux initiatives afin de mieux comprendre les défis et les opportunités que présente le vieillissement de la population, et de fournir aux décideurs des informations plus exactes sur le vieillissement en général et la situation des femmes en particulier.
Déclarations
M. JOSE ANTONIO OCAMPO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a déclaré que les Nations Unies avaient pris des mesures décisives pour revitaliser leurs travaux grâce à l’adoption d’une vision courageuse et inclusive entérinée lors du Sommet de 2005. Dans le cadre de ce processus, la troisième Commission a le devoir de mettre en lumière des questions cruciales qui font la différence dans la vie de citoyens ordinaires et de leur famille, à savoir, des opportunités d’emploi décent, l’accès aux services et droits de base et la pleine participation à la vie sociale, politique, culturelle et économique de leurs pays. Pour le Secrétaire général adjoint, la communauté internationale est non seulement animée d’une vision, mais dispose aussi d’une Feuille de route pour le développement durable des nations dans ses trois dimensions: économique, sociale, et écologique.
Le Secrétaire général adjoint a insisté sur la nécessité de tisser des liens plus étroits entre politiques sociales et économiques pour traduire cette vision dans les faits, rappelant que sept citoyens sur huit vivent dans des pays où la répartition des salaires est devenue de plus en plus inégale au cours des trois dernières décennies. Les inégalités de revenus sont devenues une véritable épidémie dans le monde. Pour contrer cette tendance, M. Ocampo a estimé qu’il fallait s’éloigner du concept étroit des politiques sociales –simple mécanismes compensatoire des effets sociaux adverses- pour intégrer les objectifs de développement social aux politiques économiques. Il a souligné que la stabilité économique et un environnement macroéconomique sains ont plus d’effet qu’une inflation faible et un équilibre fiscal, dans la mesure où ils sont les vecteurs de la croissance économique et de l’emploi. L’expérience des pays en développement a montré que le développement humain peut se faire même avec de faibles revenus par habitant.
Toutefois, a prévenu M. Ocampo, établir un lien positif entre développement social et développement économique exige toutefois que la croissance économique ait des répercussions sociales positives, ce qui n’est pas sans difficultés en raison des inégalités de salaires, de l’inadéquation du marché de l’emploi, du sous-emploi de la main d’œuvre et de la vulnérabilité croissante aux risques. La création d’emplois est en fait le lien clef entre le secteur économique et social. Malheureusement, chaque région du monde fait face à l’inadéquation des créations d’emploi, même dans les pays en développement connaissant une croissance soutenue, a regretté M. Ocampo, qui a plaidé pour une flexibilité accrue du marché de l’emploi. La création d’emplois ne doit pas être un produit secondaire, mais l’un des objectifs majeurs des stratégies de développement. Il est indispensable aujourd’hui d’accorder davantage d’attention au développement de politiques sociales et économiques intégrées afin de mettre en place des systèmes de protection sociale. Enfin, de nouvelles institutions et une participation inclusive des citoyens seront nécessaires pour permettre la mise en place de ces cadres de politiques intégrés.
Abordant l’adoption de la Convention sur les droits des personnes handicapées, le Secrétaire général adjoint a rappelé que ce texte comporte une dimension sociale. Compte tenu de la nature normative de cette Convention, a-t-il suggéré, la Commission voudra peut être revoir les mandats existants dans le domaine du handicap et notamment le Programme d’action de 1982. Quant à l’étude du Secrétaire général sur la violence à l’égard des femmes, M. Ocampo estimé que les recommandations qui y figurent doivent obtenir un rang de priorité. Il a également attiré l’attention de la Commission sur les questions urgentes que sont les personnes âgées et les peuples autochtones.
M. JOHAN SCHÖLVINCK, Directeur de la Division des politiques sociales et de développement, a indiqué que le Rapport du Secrétaire général offrait un aperçu des discussions portant sur l’examen de la Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté, qui se sont déroulées lors de la quarante quatrième session de la Commission du développement social. Il conclut à des progrès inégaux, reflète les engagements pris dans le cadre de la Déclaration de Copenhague sur le développement social, et évalue l’ampleur des inégalités. Le Directeur a rappelé à cet égard que les populations qui souffraient le plus des inégalités croissantes étaient les victimes de la discrimination et les plus pauvres. Le rapport souligne cependant qu’une conception purement économique de la lutte contre la pauvreté, centrée uniquement sur l’accroissement des revenus privés, ne brisera pas le cycle de la pauvreté entre les générations, sauf s’il y a accumulation de richesses ou d’avoirs. De la même manière, l’objectif d’une réduction régulière de la pauvreté ne saurait être atteint en l’absence d’une égalité des chances et d’un accès aux services sociaux essentiels. Le rapport affirme que l’inégalité constitue un obstacle à la croissance économique durable et à un développement inclusif axé sur le respect des personnes. Il est donc impératif d’équilibrer des mesures en vue d’atteindre la croissance avec d’autres visant à réaliser l’égalité économique et sociale pour avoir un impact sur la pauvreté à tous les niveaux. Soulignant la nécessité d’un processus consultatif à cette fin, le Rapport indique qu’une large participation de toutes les parties prenantes, y compris des pauvres eux-mêmes, est indispensable pour améliorer la bonne gestion des affaires publiques et la responsabilisation, ainsi que pour intensifier le sentiment d’appropriation et garantir le succès de leur mise en œuvre.
Le Directeur a ensuite attiré l’attention sur l’importance de renforcer les capacités nationales pour faire face au vieillissement de la population mondiale, un problème complexe et multidimensionnel. Le rapport réitère les cinq éléments essentiels identifiés dans le cadre du Plan de Madrid: une infrastructure institutionnelle; des ressources humaines; une mobilisation de ressources financières; la recherche et la collecte de données et d’analyses et des
politiques fortes. Indispensable à cet égard, la coopération internationale est cependant encore trop limitée, déplore le Rapport. Celui-ci conclut qu’au sein du système des Nations Unies, une grande partie de l’assistance déployée pour faire
face aux problèmes posés par le vieillissement se concentre sur le financement d’activités spécifiques plutôt que sur l’élaboration d’une stratégie intégrée. Des efforts de plus en plus nombreux sont toutefois consentis depuis quelques temps au sein de la communauté des donateurs, s’est félicité M. Schölvinck.
Mme SUZANNE BILELLO, Directrice par intérim du Bureau de New York de l’UNESCO, présentant le Rapport de l’Organisation sur l’alphabétisation, a évoqué le lancement en 2005 de l’Initiative LIFE en tant que contribution importante à la Décennie des Nations Unies pour l’alphabétisation. LIFE sera mis en œuvre sur 10 ans dans 45 pays. Des contributions initiales financent pour l’instant les besoins les plus urgents, tels la formation de professeurs et la remise en état des infrastructures. Le Rapport de 2005 de l’UNESCO rappelle que l’éducation est un droit de l’homme, constitue un objectif de développement et exige le renforcement des programmes d’alphabétisation. Le rapport relève également que l’alphabétisation ne dispose pas d’un rang de priorité suffisamment élevé. L’UNESCO organisera prochainement des ateliers de travail dans toutes les régions du monde qui seront suivis de programmes d’alphabétisation, a-t-elle expliqué. La première réunion de ce genre aura lieu au Qatar en mars prochain. Les conférences régionales de l’UNESCO permettront d’aborder les priorités régionales et les besoins nationaux des pays.
Répondant aux questions des délégations, M. Ocampo a précisé que depuis les grandes conférences, comme celle de Monterrey, l’Aide publique au développement s’est accrue, ce qui constitue une tendance positive. Toutefois, cela ne signifie pas que les pays industrialisés atteindront l’objectif de consacrer 0,7% de leur PIB à l’Aide publique au développement, un objectif réaffirmé à Monterrey notamment. De plus, l’Aide pour le développement (APD) connaît certaines difficultés en ce sens qu’elle se présente parfois sous la forme d’une assistance technique ou sert à rembourser la dette. Peut-être faudrait-il inviter la communauté internationale à réfléchir à l’efficacité de l’aide et à accroître la part de l’APD directement affectée aux budgets nationaux des pays. Il s’agît de soutenir un effort plus important d’appropriation de la dette. Les pays n’ayant pas bénéficié de ce type d’initiatives grâce au Club de Paris connaissent des difficultés. Pour un grand nombre de pays à revenus moyens, il est possible d’augmenter les dépenses publiques dans les secteurs sociaux. Mais pour les pays à faibles revenus, l’APD sera indispensable au lancement de projets sociaux de grande ampleur. L’appel que je lance aujourd’hui et que j’avais lancé en 2003, a ajouté M. Ocampo, est que l’intégration des questions politiques et sociales doit faire l’objet d’une attention accrue. Les objectifs sociaux ne peuvent et ne doivent pas être traités en isolement. L’emploi, par exemple, doit être un objectif central des politiques économiques et non pas simplement des politiques sociales. Au-delà des filets de protection, il nous faut des systèmes de gestion de risques accrus.
Débat général
M. DUMISANI KUMALO, représentant du Groupe des 77 et de la Chine, de l’Afrique du Sud, a regretté que 10 ans après l’adoption de la Déclaration de Copenhague par le Sommet mondial sur le développement social, la pauvreté et le sous-développement restent les plus grandes menaces à l’égalité entre les nations. Ces progrès lents et inégaux représentent un souci majeur pour le Groupe des 77, étant donné les priorités urgentes qui devraient être accordées à l’éradication de la pauvreté, à la promotion de l’intégration sociale, et à la création du plein emploi. Il a donc espéré que la présente session de la Commission adoptera la résolution annuelle sur le suivi de l’application des engagements du Sommet mondial sur le développement social. Pour atteindre plus rapidement les objectifs il faudra une approche compréhensive, intégrée, coordonnée et équilibrée qui garantirait aux pays l’espace requis pour l’adoption de politiques et de stratégies socio-économiques possédées et développées par eux-mêmes.
Le Représentant a souligné le besoin d’un environnement propice à la poursuite d’objectifs sociaux dans des domaines liés à la pauvreté, la faim, l’éducation, la santé, la mortalité infantile, et à l’égalité entre les sexes. La coopération internationale, a-t-il poursuivi, est un élément-clé des efforts pour atteindre ces objectifs, et il a appelé les partenaires des pays développés à honorer leurs engagements en matière d’APD. Il a toutefois reconnu que l’APD ne peut pas être l’unique source de financement pour le développement social, et que la coopération internationale devrait par conséquence s’orienter vers le soutien du développement de politiques et stratégies nationales liées à la situation des pays en développement, les encourageant à effacer l’héritage du passé.
Mr Kumalo a ajouté que le Groupe de 77 et de la Chine soutient les efforts continus d’inclusion des catégories sociales telles les femmes, les jeunes, les personnes âgées, les familles, et les handicapés dans les programmes de développement, tant nationaux qu’internationaux. Il s’est félicité de la conclusion récente du texte de la Convention sur les droits des personnes handicapées, qui marque, a-t-il dit, un changement d’envergure dans le traitement des quelque 650 millions de personnes handicapées dans le monde.
L’application de ces programmes internationaux exige un engagement politique et financier tant au niveau national qu’international, a-t-il déclaré. Il a souligné l’importance de l’éducation dans la formulation des politiques de développement centrées sur les personnes, surtout en ce qui concerne des défis tels que l’analphabétisme. Il a remis l’accent sur l’importance dans ce domaine d’une aide financière et politique accrue de la part des États Membres.
M. JANNE JOKINEN, représentant de l’Union européenne (UE) et des pays associés, de la Finlande, a rappelé son engagement fort en faveur du Document final du Sommet mondial des Nations Unies de 2005 et de la résolution de suivi sur la question du développement adoptée par l’Assemblée générale fin juin 2006. Il a relevé que les idées principales du Sommet social de Copenhague, à savoir le caractère multidimensionnel de la pauvreté et un développement centré sur les personnes, sont toujours très pertinentes pour toutes les sociétés, qu’elles soient développées ou en développement. Pour soutenir les stratégies nationales de réduction de la pauvreté, il serait donc une erreur de minimiser la valeur positive de la coopération, de la coordination et de l’harmonisation, a-t-il ajouté.
En ce qui concerne la Décennie des Nations Unies pour l’éradication de la pauvreté (1997-2006), le représentant a apprécié que son examen constitue le thème prioritaire de la Commission du développement social. Il s’est inquiété cependant que la majorité des peuples de l’Afrique subsaharienne continue à souffrir d’une grande pauvreté. Pour l’UE, il faut avant tout mettre l’accent sur la promotion de l’emploi décent, qui représente notamment un facteur de cohésion sociale. Le Consensus européen sur le développement est le premier document par le biais duquel toute l’Union s’engage pour l’emploi décent. À cet égard, l’UE encourage le dialogue avec l’Organisation internationale du travail, l’Organisation mondiale du commerce et les institutions de Bretton Woods.
M. Jokinen a poursuivi en soulignant que si la libéralisation et la privatisation sont des options politiques importantes dans les sociétés modernes, l’intégration sociale passe par la compétence des gouvernements et un processus démocratique. Au Sommet de 2005, a-t-il dit, nous nous sommes engagés à adopter et mettre en œuvre des stratégies nationales de développement pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Pour l’UE, le développement social et l’égalité, ainsi que la protection de l’environnement, sont des éléments cruciaux pour une croissance économique durable. Réduire la pauvreté aujourd’hui, sur le long terme, signifie que la croissance économique ne doit pas entraîner un échec demain sur le plan de l’environnement. Les pauvres dépendent en effet largement des ressources naturelles, a rappelé M. Jokinen. Il a aussi rappelé la nécessité d’étendre la protection sociale à ceux qui en sont exclus. Le bon fonctionnement des autorités étatiques chargées des questions sociales, environnementales et de l’emploi, est également essentiel pour assurer que toutes les dimensions du développement soient prises en compte. Enfin, le représentant a insisté sur la nécessité de réguler la mondialisation de l’économie pour qu’elle profite largement à chacun. C’est au secteur public de chaque pays de prendre en charge la dimension sociale de la mondialisation, selon M. Jokinen. Il a regretté à cet égard que les institutions chargées de la protection sociale des pays en développement soient souvent trop faibles et ne bénéficient pas des partenariats nécessaires.
M. SATOMI OKAGAKI (Japon) a indiqué que son pays accorde une importance particulière à la sécurité humaine, et qu’il a consenti une aide de 280 millions de dollars au Fonds d’affectation spéciale pour la sécurité humaine. Ce Fonds a permis de lancer 160 projets. Le représentant s’est par ailleurs félicité de l’accord obtenu récemment sur le texte de la Convention sur les droits des handicapés, qui a consacré la participation continue de la société civile. Rappelant par ailleurs que cette année marque le cinquième anniversaire du Programme d’action de Madrid sur les personnes âgées, le représentant a indiqué que son pays connaît un vieillissement démographique qui atteint 21 pourcent de la population, et que cette situation implique des défis importants. S’agissant de l’analphabétisme dans le monde, le représentant a relevé que 771 millions d’adultes dans le monde ne savent ni lire ni écrire. Nous reconnaissons qu’investir dans l’éducation doit être à la base des efforts d’édification de la nation, a-t-il dit. Le Japon, à cet égard, dispose d’un programme de coopération appelé « World Terakoya Movement », unique en son genre, qui a permis de mettre en œuvre 409 projets dans divers pays en coopération avec l’UNESCO, les organisations non gouvernementales locales et les gouvernements.
M. MAJA RÜEGG (Suisse) a déclaré que le développement social passe par l’intégration de tous les groupes de la société et que l’intégration des jeunes, qui représentent près de la moitié de la population, est la condition indispensable pour le développement social de tous les pays du monde. L’emploi a été identifié par la représentante comme un élément crucial de l’intégration sociale. Elle a précisé que la situation des jeunes sur le marché de l’emploi était particulièrement difficile, près de la moitié de chômeurs dans le monde étant des jeunes. La promotion de l’emploi des jeunes est donc une condition nécessaire au développement social. Passant à l’expérience propre à son pays, la représentante a expliqué que le taux de chômage des jeunes en Suisse est relativement faible, mais qu’une attention doit être accordée aux jeunes issus des migrations. Ceux-ci rencontrent en effet des difficultés d’ordre linguistique, social, culturel et économique et ont besoin d’outils de promotion pour que leur intégration réussisse. C’est pourquoi, a souligné la représentante, les gouvernements doivent reconnaître le rôle primordial des jeunes dans le
développement social de la société. Nous nous adressons aussi à l’ONU: la jeunesse n’est pas seulement un groupe social mais aussi un partenaire clef dans l’élimination de la pauvreté, la gestion des migrations, la promotion des droits de l’homme et le maintien de la paix et de la sécurité. La Suisse demande donc que la perspective de la jeunesse doit être intégrée dans tous les aspects du travail de l’Organisation, a-t-elle ajouté.
Mme SOHA GENDI (Égypte) a déclaré qu’aujourd’hui personne ne peut nier les progrès réalisés pour protéger les droits des jeunes, des peuples autochtones, des personnes handicapées. Nous sommes pourtant encore bien loin d’avoir éliminé la pauvreté, a-t-elle poursuivi, et nous sommes en particulier préoccupés par les défis que doit relever le continent africain. Il nous faut donc revoir les modes de consommation et de production actuelle et faire un lien entre développement économique et social. La représentante a fait état des progrès réalisés dans son pays et a ainsi expliqué que son gouvernement avait réussi à réduire le coût du logement, notamment dans les bidonvilles, et faisait progresser les questions de parité entre les sexes. Aujourd’hui 96% des enfants sont inscrits à l’école primaire, dont 70% en cycle secondaire. En matière de lutte contre la pauvreté, nous n’avons eu de cesse d’atténuer les effets des programmes d’ajustement structurel sur les plus pauvres et avons mis en place diverses initiatives en faveur de l’éducation. Nous disposons également d’un Plan d’action contre la pauvreté et disposons de programmes éducatifs pour les populations rurales et urbaines.
M. LEBOHANG F. MAEMA(Lesotho), s’exprimant au nom de la Communauté pour le développement de s États d’ Afrique australe (SAD EC ), a déclaré que l’association accordait une grande importance aux engagements pris lors du Sommet mondial sur le développement social. C’est ainsi que la SADEC a lancé un plan régional stratégique qui accorde la priorité au développement social et propose des stratégies pour trois domaines d’intervention majeurs, à savoir le développement durable des capacités humaines, la définition de valeurs culturelles positives et la pleine utilisation des capacités humaines.
En conséquence, a-t-il déclaré, la région a réussi à atteindre un niveau moyen de développement humain. Certains États membres de la SADC ont enregistré des taux annuels de croissance du produit national brut qui devraient leur permettre d’atteindre leur objectif de réduire la pauvreté de 50% d’ici 2015. Toutefois, a-t-il déploré, la SADEC doit faire face à de graves problèmes sur les plans social et humain, dont, en particulier, l’élimination de la pauvreté. À présent, a-t-il indiqué, il y a plus de 14 millions de personnes dans la région qui vivent dans l’extrême pauvreté, la plupart d’entre elles dans les zones rurales. Pour améliorer leur situation, les États membres de la SADEC ont élaboré des stratégies de croissance globale qui encouragent l’injection de capitaux dans le développement rural, la mobilisation des ressources étrangères et nationales pour le financement de ces stratégies et la formation de partenariats avec le secteur privé et les organisations non gouvernementales pour la création de services sociaux. La SADEC a également mis en œuvre des stratégies de lutte contre le sida, a-t-il dit, qui reste le fléau le plus redoutable pour les pays de la région.
Nous nous engageons à verser des sommes au fonds de solidarité à cette fin et que la lutte contre le sida puisse évoluer de façon significative. Le Représentant a invité les donateurs à tenir leurs engagements pour une meilleure application de leurs stratégies en matière de développement.
M. FARUKH AMIL (Pakistan) a évoqué les nombreuses conférences et sommets consacrés au développement social, tout en regrettant la lenteur ayant caractérisé les progrès en faveur des plus pauvres, des plus marginalisés et vulnérables. Revenant sur les engagements pris lors du Sommet de Copenhague, le représentant a insisté sur la nécessité de parvenir à des avancées sur trois fronts, à savoir l’élimination de la pauvreté, la création d’emploi et l’intégration sociale. Il est aussi indispensable d’adopter une approche inclusive qui identifie les causes sous-jacentes de la pauvreté, d’éliminer les déséquilibres que génère la mondialisation, de créer de nouvelles ressources financières par le biais notamment de l’Aide publique au développement, et de faire un usage optimal des opportunités créées par le biais des migrations internationales, afin d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement. Le Sommet de Copenhague, a ajouté le représentant, insistait également pour que l’être humain soit placé au centre des préoccupations.
Passant à l’expérience de son pays, le représentant a expliqué que son gouvernement accordait la priorité au développement social grâce à un processus de réformes structurelles, l’objectif étant de promouvoir la croissance, de faire en sorte que les plus pauvres bénéficient des fruits de la croissance et que les plus vulnérables soient protégés. Cette approche à plusieurs volets a donné des résultats positifs puisque le PIB a connu une croissance inégalée, soit 7% au cours des quatre dernières années, tandis que l’incidence de la pauvreté est passée de 34% de la population totale à 23,8% en 2006. La Stratégie de réduction de la pauvreté a aussi généré des emplois -5,82 millions de nouveaux emplois créés- faisant passer le taux de chômage de 8,3% à 6,5%. Toutefois, a précisé le représentant, les programmes de réduction de la pauvreté seuls ne suffisent pas: il est essentiel de redistribuer les fruits des programmes de lutte contre la pauvreté aux plus vulnérables.
M. IDREES MOHAMED ALI MOHAMMED SAEED (Soudan), exprimant son soutien à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine, a noté que la Déclaration de Copenhague avait établi une méthodologie pragmatique pour traiter de façon compréhensive les questions du développement social. Pour atteindre les objectifs convenus, a-t-il poursuivi, un partenariat est nécessaire. Les progrès enregistrés ont été impressionnants, mais ils n’ont pas été à la hauteur des ambitions et des attentes internationales. Une intensification accrue des efforts s’avère donc nécessaire. Le Soudan pour sa part, conscient du rapport entre l’éducation et le développement, soutient le projet en faveur de l’alphabétisation et travaille de concert avec l’UNESCO pour répandre l’éducation dans les régions rurales.
Le Soudan, a-t-il poursuivi, a renforcé le développement dans chacun de ses secteurs sociaux, y compris en ce qui concerne les femmes, les jeunes, les personnes âgées et les handicapés. Son gouvernement a également signé au mois de mai un accord de paix pour le Darfour, sous l’égide de l’Union africaine et avec le soutien des Nations Unies. Entre temps, en Érythrée, les négociations sur le Soudan oriental ont fait des progrès et pourraient bientôt aboutir à des résultats positifs. Le Soudan, tout en acceptant les défis de la paix, s’attend à ce que la communauté internationale remplisse ses engagements en matière d’allègement de la dette et de l’abolition des obstacles au développement. Le Soudan a fermement l’intention d’appliquer le Plan d’action de Madrid sur le vieillissement et apporte son soutien au projet de Convention sur les droits des personnes handicapées.
M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a lui aussi relevé que les progrès réalisés avaient été inégaux. Il a assuré la Commission de la détermination de son pays à avancer dans toutes les sphères du développement social. La pauvreté, a-t-il dit, est l’obstacle majeur au développement des sociétés. Au Bangladesh, celle-ci prend un visage multiple, d’où la nécessité de s’y attaquer sur plusieurs fronts. Il s’agit aussi de trouver le bon équilibre entre action publique, initiatives privées, et mobilisation des communautés, a ajouté le représentant. Celui-ci a indiqué que son pays avait atteint l’Objectif 3 du Millénaire pour le développement, visant la parité entre les sexes dans les écoles primaires et secondaires. Dans le monde en développement, le Bangladesh dispose du taux le plus élevé de scolarisation, soit 97%, tandis que l’incidence de la pauvreté est passée de 70% à 40% aujourd’hui. Le Bangladesh a également réduit de manière sensible les taux de mortalité maternelle et infantile. De même, plus de 13 000 femmes ont été élues au sein de gouvernements locaux et les programmes de microcrédit ont touché 12 millions de personnes.
Le représentant s’est par ailleurs félicité de l’adoption du projet de Convention sur les droits des personnes handicapées et a souhaité qu’il soit adopté au cours de la soixante et unième session de l’Assemblée générale. S’agissant des personnes âgées, le représentant a souhaité la mise en œuvre d’actions soutenues à tous les niveaux pour que le Programme d’action de Madrid soit traduit dans les faits. Revenant aux initiatives prises par son pays, le représentant a expliqué que le Bangladesh avait adopté une approche centrée sur les personnes qui accordent également de l’importance à un environnement adéquat. L’éducation occupe une place importante dans le budget du gouvernement. L’éducation, y compris celle des fillettes, est gratuite jusqu’à la terminale, tandis que le pays a promu l’éducation des adultes.
M. ZHANG DAN (Chine) a déclaré que le développement devait passer en premier lieu par un environnement international qui soit stable et pacifique. Sans la paix et la sécurité, les objectifs d’élimination de la pauvreté resteront vains. Nous devons aussi renforcer le partenariat mondial sur la base de bénéfices mutuels, a-t-il dit. Les pays en développement ont le droit d’élaborer des stratégies globales d’élimination de la pauvreté en tenant compte de leurs spécificités nationales. Les pays développés de leur côté doivent honorer leurs obligations dans les domaines de l’aide financière, des transferts de technologies, de l’allègement de la dette et de l’accès aux marchés, afin d’accélérer le développement de ces pays, en particulier des pays les moins développés. Enfin, le représentant a jugé indispensable de bâtir des modèles d’élimination de la pauvreté qui garantissent la participation de tous les acteurs de la société, y compris les ONG, le secteur privé et les gouvernements.
Pour sa part, la Chine tente d’éliminer la pauvreté par la mise en place d’un processus de développement qui soit durable. En conséquent, le nombre de personnes en Chine vivant sous le seuil de pauvreté est passé de 250 millions en 1978 à 23,65 millions à la fin de 2005. À l’heure actuelle, la Chine fait face au défi qui veut qu’elle doit subvenir aux besoins des plus pauvres et consolider ce que les autres ont obtenu. S’agissant de l’illettrisme, le représentant a indiqué que son pays avait lancé la « Bourse Confucius » afin de récompenser les institutions et organisations non gouvernementales qui avaient fait des contributions extraordinaires dans ce domaine. En Chine, a–t-il précisé, le taux d’analphabétisme est passé sous la barre des 4 pourcent pour les adultes, mais nous sommes conscients toutefois du fossé qui sépare les zones rurales des zones urbaines, a-t-il conclu.
Mme MICHELLE JOSEPH, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), de Sainte Lucie, a insisté sur la vulnérabilité socio-économique des petits États insulaires en développement, qui constitue un frein à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Ceci a été reconnu lors de la Conférence mondiale de la Barbade et lors de la Conférence d’examen de Maurice dix ans après l’adoption du programme d’action. La CARICOM, a ajouté la représentante, réitère avec un sentiment d’urgence l’importance de mettre en œuvre les conclusions tirées des grandes conférences d’examen. Par ailleurs, les Membres de la CARICOM reconnaissent les activités menées par la Commission économique pour l’Amérique latine et des Caraïbes dans ses efforts d’atténuation des vulnérabilités, et a appuyé la mise en place d’un indice de la vulnérabilité pour les petites îles en développement.
Lors du Dialogue qui s’est tenu au mois de juin dernier à Antigua et Barbuda, a ajouté la représentante, il a été reconnu que les pays membres de la CARICOM avaient obtenu de bons résultats dans certains domaines, mais que de nombreux facteurs faisaient obstacle au développement, à savoir la pauvreté et les inégalités. Par ailleurs, la représentante a assuré la Commission que la CARICOM continuait à mettre en place des initiatives en faveur des jeunes, qui se sont traduites notamment par leur inclusion dans la délégation de la CARICOM. S’agissant des personnes âgées, la représentante a indiqué que la CARICOM disposait d’une Charte sur la santé et le vieillissement. La représentante a en outre appuyé l’adoption lors de cette session de la déclaration sur les droits des handicapés.
M. YOUCEF YOUSFI (Algérie) a rappelé que depuis le Sommet mondial sur le développement social tenu à Copenhague en 1995, la communauté internationale a accordé une attention soutenue au problème de la pauvreté, une des causes principales des crises et conflits multiformes. Il a rappelé combien il est urgent d’agir collectivement contre ce fléau. L’objectif de réduire la pauvreté extrême de moitié d’ici à 2015 constitue désormais la pierre angulaire de l’agenda mondial pour le développement. La mise en œuvre des engagements pris à Copenhague, et tout au long de cette décennie, n’a pas répondu aux attentes, a regretté M. Yousfi. Alors que dans plusieurs régions du monde la pauvreté semble reculer, de nombreux pays africains demeurent marqués par une pauvreté généralisée. Ces pays, loin de réaliser les résultats les moins ambitieux de la première Décennie, ne seront certainement pas au rendez-vous en 2015, a-t-il fait remarquer, surtout s’ils continuent à faire face aux mêmes difficultés structurelles qui freinent leur développement économique et social. Le manque de ressources, les difficultés d’accès aux marchés mondiaux, les conflits et pandémies et l’hostilité d’un environnement mondial marginalisant qui n’avantage guère les économies fragiles, et creuse un fossé abyssal entre le Nord et le Sud, aggravent davantage cette situation.
Avant de renverser cette tendance, le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) s’est fixé pour priorité de lutter résolument contre la pauvreté en Afrique et de combler l’écart qui sépare le continent africain du reste du monde. En dépit de l’aide de la communauté des donateurs, a fait observer le représentant, les ressources financières du NEPAD et celles des pays africains restent trop limitées pour permettre la mise en œuvre d’actions concrètes et durables de lutte contre la pauvreté. C’est pourquoi, il faudrait renforcer l’élan de solidarité qu’ils ont témoigné à ce programme dès ses premiers
jours. Convaincu que la croissance économique à elle seule n’est pas une panacée, l’Algérie s’est engagée à éliminer toute forme d’exclusion et de marginalisation en adoptant un programme de soutien à la croissance économique, en prenant en considération le caractère multidimensionnel de la pauvreté et favorisant la création d’emplois pour son rôle en matière d’élimination de la pauvreté et de promotion d’un développement équitable.
M. SHIN DONG-IK (République de Corée) a relevé les progrès accomplis dans la réduction de la pauvreté dans le monde depuis 10 ans, tout en rappelant qu’il reste encore beaucoup à faire avec encore plus d’un milliard de personnes vivant dans des conditions d’extrême pauvreté. S’il revient à chaque pays de prendre ses responsabilités en la matière, l’aide au développement au niveau mondial doit augmenter de façon significative, non seulement d’un point de vue humanitaire, mais aussi dans une perspective économique et sécuritaire. Pour la République de Corée, il est très important que la quarante quatrième session de la Commission pour le développement social ait pris l’éradication de la pauvreté comme thème central. En ce qui concerne l’aide publique au développement, son pays a comme objectif de la doubler d’ici 2009, a précisé M. Dong-Ik, et une initiative a été lancée spécialement pour le développement en Afrique. Le Gouvernement coréen a aussi adopté diverses politiques nationales en matière de développement social, comme le font l’essentiel des pays développés et en développement. Le représentant a aussi noté que la flexibilité du marché du travail a fait augmenter l’insécurité de l’emploi et même souvent diminuer les salaires. La croissance économique ne pourra pas durer sans l’intégration sociale. Le Gouvernement coréen a d’ailleurs placé la question de l’inégalité économique au sommet de son programme national pour 2006, a précisé le représentant. En ce qui concerne les personnes âgées, cette question concerne particulièrement son pays, dont la société est une des plus vieillissantes. Des mesures ont donc été adoptées pour intégrer les idées du Plan d’action de Madrid sur le sujet. Pour ce qui est des personnes handicapées, M. Dong-Ik a donné des informations sur un programme lancé en République de Corée qui vise à créer 100 000 emplois destinés à cette catégorie de personnes. Le Gouvernement coréen a aussi mis en place une aide spéciale pour les femmes atteintes de handicaps, a-t-il ajouté.
Mme SAFIYE ÇAGAR, Directrice de la Division de l’information, du Conseil d’administration et de la mobilisation des ressources au Fonds des Nations Unies pour les activités en matière de population, a prévenu qu’à moins d’un changement radical dans les stratégies de réduction de la pauvreté, les gouvernements et la communauté internationale ne seraient pas en mesure de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Soulignant ensuite la nécessité d’une plus grande cohérence politique dans les secteurs social et économique en vue d’atteindre une croissance plus juste, elle a rappelé que le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) s’efforçait pour sa part de promouvoir les droits des femmes, des jeunes et des personnes âgées dans une société en voie de vieillissement. Une personne sur dix en effet est âgée de 60 ans ou plus et celles-ci ont besoin d’une protection sociale renforcée de la part de leurs gouvernements qui, avec le soutien de la communauté internationale, doivent assumer la responsabilité de fournir des services publics et sociaux. En même temps, a poursuivi Mme Çagar, il existe plus de jeunes que jamais. Le FNUAP a identifié quatre domaines prioritaires d’action en leur faveur, qui sont les suivants: tout d’abord, elle a appelé à passer des partenariats avec les jeunes eux-mêmes pour incorporer leurs préoccupations aux stratégies nationales de développement et de réduction de la pauvreté. Il faut également faciliter l’accès
à une éducation en phase avec les réalités quotidiennes, y compris une éducation sexuelle, afin de promouvoir des modes de vie équilibrés et l’égalité entre les sexes. Il s’agit en outre de fournir de toute urgence des services de santé reproductive et sexuelle, face aux problèmes posés par les mariages, les grossesses précoces et la pandémie de VIH/sida. Enfin, le FNUAP soutient la participation et le leadership des jeunes. Le Fonds reste également engagé dans la défense de l’émancipation des femmes et des filles dans plus de 140 pays, dans la mesure où la discrimination sexuelle demeure un facteur d’aggravation de la pauvreté et que la pandémie de VIH/sida se féminise de façon croissante, a conclu Mme Çagar.
M. DJANKOU NDJONKOU, représentant de l’Organisation internationale du travail, a rappelé que le Programme d’action de Copenhague avait attribué un rôle tout à fait spécial à l’OIT dans les domaines du travail et du développement social, et que l’OIT avait ainsi œuvré considérablement en faveur de la promotion de l’emploi. Le Sommet de Copenhague a appelé à promouvoir les droits fondamentaux des travailleurs, et c’est ainsi que lors de la quatre-vingt sixième session de la Conférence internationale du travail a été adoptée une Déclaration sur cette question. Ces droits sont classés en quatre catégories, à savoir la liberté d’association et la reconnaissance effective du droit de négociation collective; l’élimination du travail forcé ou obligatoire; l’abolition du travail des enfants; et l’élimination de la discrimination par rapport à l’emploi. M. Ndjonkou a aussi cité l’adoption par la Conférence internationale du travail en 1999 de la Convention sur les pires formes du travail des enfants, qui lutte contre le travail forcé, l’exploitation sexuelle, les activités illégales et le travail dangereux. Lors du Sommet mondial de 2005, a-t-il poursuivi, les dirigeants mondiaux ont reconnu le programme de l’OIT sur le travail décent comme instrument important en vue du plein emploi et d’un travail décent pour tous. Il a aussi évoqué la Réunion régionale asienne de l’OIT qui s’est tenue en septembre 2006 et qui a lancé la Décennie du travail décent en Asie.
Le travail des jeunes est un des sujets qui préoccupent le plus l’OIT, a indiqué M. Ndjonkou. En 2000, un réseau d’emploi des jeunes a été créé par le Secrétaire général, invitant l’OIT et la Banque mondiale à s’engager dans un partenariat. En ce qui concerne le travail des personnes âgées, l’OIT est depuis longtemps engagée dans l’élaboration de critères internationaux de travail qui leur sont applicables. Les personnes handicapées, quant à elles, sont souvent prises dans un cercle vicieux et souffrent de l’exclusion sociale, a poursuivi M. Ndjonkou. Il existe ainsi un Programme de l’OIT sur le handicap qui agît en faveur de l’égalité des chances, de la réinsertion, de la formation et de l’emploi des handicapés. Pour ce qui est du bien-être des familles, le représentant de l’OIT a mis l’accent sur les graves conséquences de l’absence de travail décent. À cet égard, il a cité la Convention de l’OIT sur les travailleurs ayant des responsabilités familiales, qui constitue un premier pas important dans la lutte contre la discrimination en la matière. Bien que le nombre de ratifications de cette Convention augmente, il reste encore beaucoup à faire, à son avis, pour résoudre les problèmes de ces travailleurs, et l’OIT œuvre en ce sens. Enfin, dans le domaine de l’éducation, l’OIT s’engage depuis longtemps pour une alphabétisation dans le cadre des programmes de formation des entreprises. En outre, le Centre de formation de l’OIT à Turin s’attache à augmenter la capacité des gouvernements, des employeurs et des syndicats à jouer un rôle effectif dans le développement économique et social de leur pays et régions.
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