DE NOMBREUX ÉTATS MEMBRES PRÉCONISENT UNE AMÉLIORATION DE LA GESTION DES RESSOURCES DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
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Comité spécial des opérations
de maintien de la paix
Session de 2006
189e & 190e séances – matin & après-midi
DE NOMBREUX ÉTATS MEMBRES PRÉCONISENT UNE AMÉLIORATION DE LA GESTION DES RESSOURCES DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
Les ressources et les partenariats, deux des cinq domaines d’action proposés par le Secrétaire général dans le cadre des efforts collectifs à mener pour atteindre les objectifs de maintien de la paix des Nations Unies, ont occupé une partie essentielle du deuxième et dernier jour du débat général de la session annuelle du Comité spécial des opérations de maintien de la paix.
Comme hier, la question de l’exploitation et des abus sexuels dans les opérations de maintien de la paix a été largement commentée par les membres du Comité spécial. Le Département des opérations de maintien de la paix a pris différentes mesures pour empêcher ces abus et mettre en œuvre un code de conduite, a souligné la représentante des États-Unis, notant toutefois que de nouvelles accusations étaient apparues. Il est important, a-t-elle dit, que des mesures soient prises rapidement pour traduire les auteurs de ces actes en justice et éviter que de nouveaux cas ne se reproduisent à l’avenir. Son homologue péruvien a regretté que la totalité des plaintes n’aient pas fait l’objet d’enquêtes et a demandé un rapport au Secrétariat sur cette inaction. Le Japon a réitéré de son côté sa proposition, présentée conjointement avec huit autres pays, d’envoyer des observateurs civils dans les opérations de maintien de la paix afin d’éviter ces exactions.
Plusieurs délégations sont également revenues sur les informations faisant état d’abus et de mauvaise gestion des ressources des opérations de maintien de la paix qui, selon la représentante des États-Unis, mettent en danger la vie des participants à ces missions et compromettent la viabilité des missions elles-mêmes. Il est nécessaire, selon elle, que le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) soit entièrement autonome dans les enquêtes qu’il doit mener, la transparence étant l’élément clef de la réforme. De nombreux représentants ont, à l’instar du Secrétaire général dans son rapport, préconisé une utilisation « efficace et responsable » des ressources et une amélioration constante de leur gestion. Certains ont rappelé l’obligation faite aux États Membres de payer la totalité de leurs contributions dans les délais et sans conditions. L’Uruguay et la Tunisie ont tous deux regretté que les arriérés relatifs aux missions précédentes, notamment au Cambodge, n’aient pas encore été réglés.
Le rôle des organisations régionales, qui forment désormais des acteurs à part entière sur le théâtre du maintien de la paix, a été mis en exergue par de nombreux délégués. Pour l’Algérie, la priorité relative au partenariat donne l’occasion de rappeler le caractère irremplaçable de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales dans le domaine du maintien de la paix. L’assistance internationale est ainsi indispensable, selon lui, pour permettre à l’Union africaine et aux organisations sous-régionales de jouer pleinement leur rôle dans la prévention des conflits, la gestion des crises et la stabilisation. En revanche, pour l’Iran, la capacité des organisations régionales ne devrait être utilisée qu’à titre complémentaire. Celles-ci ne devraient pas, à ses yeux, se substituer au rôle inaliénable joué par les Nations Unies et exonérer l’Organisation des responsabilités que lui confère la Charte dans le domaine de la paix.
De manière plus générale, le Venezuela, Cuba, l’Iran et la Syrie ont insisté sur la nécessité de respecter la souveraineté des États dans les opérations de maintien de la paix, ainsi que l’exigent les principes de la Charte des Nations Unies.
Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Venezuela, Népal, Fédération de Russie, Kazakhstan, Brésil, Uruguay, Costa Rica, Pérou, Namibie, Algérie, Bélarus, États-Unis, Guinée, Japon, Bangladesh, Kirghizistan, Cameroun, République islamique d’Iran, Ukraine, Équateur, Kenya, Tunisie, République-Unie de Tanzanie, Fidji, Éthiopie, Ghana, Malawi, Cuba, Burkina Faso, République arabe syrienne, Afrique du Sud, Rwanda, et Timor-Leste. Israël et la République populaire démocratique de Corée (RPDC) sont également intervenus en qualité d’observateur.
La session annuelle du Comité se poursuit, dans le cadre de ses groupes de travail, jusqu’au 17 mars, date de sa séance de clôture.
Débat général
M. FERMÍN TORO JIMÉNEZ (Venezuela) a d’abord affirmé que sa délégation appuyait sans réserve les principes de la Charte des Nations Unies sur le maintien de la paix internationale. Cependant, nous constatons avec beaucoup d’inquiétude que les mandats de ces opérations ont été déformés et sont devenus des instruments des puissances néocoloniales. Selon le représentant vénézuélien, ces mandats doivent se limiter à garantir le cessez-le-feu entre les parties en conflit sans favoriser l’une d’entre elles. Il faut pour cela épuiser tous les moyens pacifiques dont dispose l’ONU: cela signifie qu’il ne doit pas y avoir d’ingérence dans le fonctionnement du pays où s’exerce le maintien de la paix ni d’entrave à une quelconque action qui relève de la compétence du gouvernement et du peuple en cause, a expliqué l’intervenant. Les Nations Unies doivent respecter la souveraineté des États et l’autodétermination des peuples, a-t-il poursuivi, estimant que dans le cas contraire, l’Organisation méconnaîtrait le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Le représentant a par ailleurs souligné l’importance de la transparence des mandats et la nécessité de consulter et d’obtenir le consentement. Ceci contribuerait à ce que les opérations de maintien de la paix ne dépassent pas leur mandat, comme c’est le cas à l’heure actuelle. Les opérations de maintien de la paix doivent être soumises à un processus de révision approprié, a conclu le représentant, en rappelant que pour le Venezuela, la Commission de consolidation était une institution illégale parce qu’elle était au service des États-Unis et de ses alliés.
M. MADHU RAMAN ACHARYA (Népal) a affirmé qu’aucune autre entité ou organisation que les Nations Unies n’était mieux placée pour maintenir la paix et la sécurité internationales. Toutefois, ce constat n’est pas satisfaisant, a-t-il ajouté, dans la mesure où la communauté internationale dépense beaucoup d’argent pour la paix et la sécurité alors que ces fonds devraient être alloués au développement économique et social des pays concernés. Le représentant a estimé que l’on pouvait s’appuyer sur les cinq domaines de priorité proposés par le Secrétaire général dans son rapport en vue de la réforme afin de rendre plus efficaces les opérations de maintien de la paix des Nations Unies. En tant que représentant d’un pays qui se classe au cinquième rang international des contributeurs de troupes et qui est associé depuis longtemps aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, ainsi il a souligné que les Casques bleus népalais étaient reconnus pour leur intégrité professionnelle, leur dévouement et leur discipline.
Le représentant a ajouté que son pays approuvait et appliquait lui-même la politique de tolérance zéro des Nations Unies en matière d’exploitation sexuelle et d’abus. Il a précisé que le Népal, depuis le début, travaillait main dans la main avec le Département des opérations de maintien de la paix sur ce sujet, afin de rendre cette politique plus efficace. Les pays fournisseurs de troupes devraient prendre part à toutes les discussions avant que des décisions sur les redéploiements soient prises par le Conseil de sécurité, a-t-il par ailleurs déclaré.
M. VLADIMIR F. ZAEMSKY (Fédération de Russie) a d’abord rappelé que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies comprenaient de plus en plus d’aspects multiples: militaires, politiques et économiques. C’est pourquoi, nous appuyons l’approche intégrée de la gestion des opérations de maintien de la paix que privilégie le Secrétariat. Selon le représentant, il faut en même temps améliorer l’expertise militaire de ces opérations et l’une des voies appropriées est d’utiliser les capacités du Comité d’état-major qui est resté ces dernières décennies sans action. La communauté internationale sera gagnante si elle pouvait renforcer le rôle de leader des Nations Unies en matière de maintien de la paix en favorisant la coopération entre les acteurs et organes compétents, a poursuivi l’intervenant.
Condamnant les actes d’abus et d’exploitation sexuels comme tout autre écart de conduite qui sapent la crédibilité des Nations Unies, le représentant russe, qui a salué notamment la politique de tolérance zéro promue par le Secrétariat dans ce domaine, a rappelé que le moment était venu pour lutter véritablement contre ce mal. Il a souhaité que la rédaction de documents relatifs aux opérations de maintien de la paix, notamment le Mémorandum d’accord ou le Code de conduite du personnel, reviennent à la Sixième Commission de l’Assemblée générale, compte tenu de leur complexité juridique. Parlant de l’Afrique, le représentant a indiqué que son pays soutenait les efforts de paix de l’Union africaine. À la tête du G-8 cette année, la Fédération de Russie a l’intention de convoquer une réunion d’experts gouvernementaux pour élaborer des conditions de coopération et va former des soldats de la paix africains. S’agissant de la doctrine, dont il a rappelé l’importance de sa mise en place, le représentant russe a estimé que le terme « opérations de paix » semblait être plus précis aujourd’hui pour refléter les fonctions des opérations de maintien de la paix de l’ONU puisqu’elles comprennent de multiples aspects. Enfin, le représentant a conclu avec la question de la réforme des contrats de l’ONU et s’est dit préoccupé par les implications financières des possibles propositions visant à permettre au personnel civil des opérations de maintien de la paix de bénéficier des conditions similaires à celles du personnel du Siège. Il a souhaité qu’une telle politique de « flexibilité » soit consacrée à responsabiliser davantage les dirigeants du Secrétariat dans l’exercice de leurs fonctions.
M. YERZHAN KAZYKHANOV (Kazakhstan) a déclaré que son pays appuyait fermement les efforts déployés par le Département des opérations de maintien de la paix pour renforcer la capacité de maintien de la paix des Nations Unies. Il s’est félicité que des opérations de maintien de la paix complexes aient été couronnées de succès au cours des deux dernières années en Afghanistan, au Burundi, au Libéria, au Sierra Leone et à Timor-Leste. Considérant l’Afghanistan comme une composante intégrante et importante de l’Asie centrale, le Kazakhstan se réjouit de son implication dans les affaires régionales afin de cimenter les réalisations politiques, sociales et économiques positives du pays. Le Kazakhstan est pleinement engagé à poursuivre ses efforts visant à contribuer à la reconstruction de l’Afghanistan, en partenariat avec les autorités afghanes et la communauté internationale, a-t-il ajouté.
Le représentant a également estimé qu’alors que croît la demande pour des opérations de maintien de la paix, le développement d’une doctrine appropriée des Nations Unies pour établir un système opérationnel pragmatique de gestion de l’ensemble des opérations de paix actuelles est devenu particulièrement important. De même, des efforts supplémentaires sont, selon lui, nécessaires pour adopter un concept intégré de partenariat avec les organisations régionales ou sous-régionales dans le domaine du maintien de la paix. Cette question a été soulevée, a-t-il poursuivi, car, malgré leur importance, les termes de partenariat avec les Nations Unies dans les domaines tels que ceux des normes unifiées de maintien de la paix, de formations communes, de communications et de pratiques optimales n’ont pas encore été acceptées par toutes les organisations régionales.
M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil) a rappelé que depuis 2003, l’ONU avait atteint un nouveau seuil dans le domaine du maintien de la paix avec une augmentation de ses opérations et missions entamées dans les années 1990. Le développement des mécanismes d’amélioration des opérations de maintien de la paix, notamment lors de crises importantes, devra tenir compte de deux points que le Comité spécial devra examiner à sa présente session: un choix d’options sur les capacités de déploiement rapide, ainsi qu’une réflexion sur d’autres points importants comme l’évaluation des futures besoins des missions de paix, l’adéquation du mandat aux ressources, ou encore la coopération régionale.
S’agissant de l’exploitation et des abus sexuels, le représentant brésilien a noté que la création d’équipes chargées de traiter des questions disciplinaires était importante. Il a souhaité que soit intégré un code de conduite dans le Mémorandum d’accord. Le caractère multidimensionnel des opérations de maintien de la paix va de pair avec la nécessité de consolider la paix pour que les pays ne retombent pas dans des situations de conflit, a poursuivi le représentant, qui a ajouté que la création de la Commission de consolidation de la paix véritablement représentative pourra jouer un rôle crucial dans ce domaine. Enfin, s’exprimant précisément sur le cas de Haïti, il a affirmé que dans le passé, la communauté internationale n’avait pas réussi à trouver des solutions aux problèmes de ce pays: notre rôle devrait donc être de renforcer l’assistance internationale à Haïti. Nous sommes convaincus qu’il faut mener une action de long terme en coopération avec les autorités élues de ce pays, a insisté le représentant, en rappelant que son pays était devenu en décembre 2005, le quatorzième contributeur des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.
Mme SUSANA RIVERO (Uruguay) a rappelé que son pays était le huitième contributeur de troupes aux opérations de maintien de la paix, et s’intéressait tout particulièrement, de ce fait, aux travaux du Comité spécial. L’Uruguay partage la préoccupation exprimée par le Secrétaire général sur la nécessité de maximiser les ressources pour l’exécution de mandats déterminés, a-t-elle également souligné. Notant que le Comité spécial des opérations de la paix rappelait dans son rapport que les États Membres devaient tous payer la totalité de leurs contributions dans les délais et sans conditions, la représentante a constaté qu’il y avait encore des pays contributeurs de troupes qui n’avaient pas été encore remboursés. Ainsi, la dette de l’ONU résultant de la participation de l’Uruguay à l’Autorité provisoire du Cambodge date depuis 11 ans, a-t-elle rappelé. Selon elle, le Secrétariat devrait jouer un rôle plus dynamique sur cette question et devrait présenter des propositions à la Cinquième Commission. L’Uruguay attend également un rapport du Secrétaire général avec des propositions concrètes devant être examinées par l’Assemblée générale.
La représentante a en outre estimé injuste que les pays contributeurs de troupes, en majorité des pays en voie de développement, aient à supporter une charge supplémentaire très lourde sans être remboursés dans un délai raisonnable. L’Uruguay exprime son plein appui à la politique de tolérance zéro s’agissant des cas d’exploitation et d’abus sexuels dans les opérations de maintien de la paix. Il appuie également tout ce qui a trait à la parité entre les hommes et les femmes, a-t-elle conclu.
M. JORGE BALLESTERO (Costa Rica) a rendu hommage au diplomate canadien Glyn Berry, qui en tant que Vice-Président du Comité spécial, avait toujours fait en sorte que les négociations soient fructueuses. Abandonnant la commodité dont il jouissait ici, il a décidé d’aller sur le terrain, a rappelé l’intervenant. Cependant la barbarie a étendu la liste de « serviteurs de la paix « qui ont consacré leur vie à une noble cause. Il a souhaité que la mort de ces serviteurs de la paix serve au Comité spécial pour aborder ses travaux avec une nouvelle énergie. Enfin, il a exprimé la solidarité de sa délégation aux pays dont des soldats de la paix ont perdu leur vie dans l’exercice de leurs fonctions.
M. CARLOS OBANDO (Pérou) a déclaré que l’inclusion d’un code de conduite dans le mandat des opérations et missions de maintien de la paix permettrait de renforcer l’engagement juridique des troupes engagées dans ces missions. Le représentant a regretté qu’il n’y ait pas d’enquêtes sur la totalité des plaintes concernant les cas d’exploitation et d’abus sexuels. Il a ainsi demandé un rapport au Secrétariat sur cette inaction afin que la totalité des plaintes fasse l’objet d’enquêtes. Selon lui, les équipes déontologie et discipline, qui exercent un contrôle, élaborent des politiques et des orientations sur toutes les questions relatives à la déontologie et à la discipline intéressant le personnel de maintien de la paix, et recueillent des données sur les manquements aux normes de conduite, doivent également faire preuve de davantage d’objectivité. On pourrait envisager le fait qu’elles rendent directement compte à l’Assemblée générale, a-t-il dit.
Le représentant s’est par ailleurs déclaré inquiet des conclusions formulées dans le rapport du Bureau des services de contrôle interne de janvier dernier. Il a en outre réaffirmé la position de son pays en faveur de la mise à la disposition de l’Organisation par les États de forces de réserve stratégiques, une mise à disposition volontaire de troupes devant être déployées de façon immédiate, a-t-il précisé.
Colonel CLEMENT MWAALA (Namibie) a déclaré que l’ONU devrait adopter une approche pragmatique en matière d’opérations de maintien de la paix afin de faire face aux défis du XXIe siècle. Il s’est félicité que la communauté internationale se soit engagée à renforcer l’appui aux organisations régionales dans ce domaine, notamment en Afrique. À l’initiative de la Namibie, a rappelé le représentant, le Conseil de sécurité avait organisé un débat sur le thème de « la femme, la paix et la sécurité » qui a abouti à l’adoption de la résolution 1325. Notre pays a toujours inclus des femmes en tant qu’officiers de l’armée et de la police, en tant que membres des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Le renforcement des capacités de déploiement rapide est nécessaire pour garantir le succès des opérations de maintien de la paix. Le soutien apporté par une mission à une autre pourrait faire partie du Mémorandum d’accord initial lorsqu’il s’agit de déployer des troupes sur le terrain, ce qui contribuera à mettre fin aux retards des négociations pour le déploiement des troupes des pays contributeurs. Saluant enfin l’établissement de la Commission de consolidation de la paix, le représentant a conclu en rendant un hommage appuyé à ceux qui sont tombés dans l’exercice de leurs fonctions.
M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a affirmé que son pays adhérait aux objectifs identifiés par le Secrétaire général pour les prochaines années et trouvait intéressante sa proposition de concentrer les efforts sur cinq domaines prioritaires qui seraient de nature à contribuer efficacement à la concrétisation des objectifs de maintien de la paix. Dans le cadre de ces priorités, a-t-il précisé, l’aspect relatif aux organisations régionales et sous-régionales du partenariat donne l’occasion de rappeler le caractère irremplaçable de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales dans le domaine du maintien de la paix. L’assistance internationale est, en effet, indispensable, selon lui, pour permettre à l’Union africaine et aux organisations sous-régionales de jouer pleinement leur rôle dans la prévention des conflits, la gestion des crises et la stabilisation. Il a, à cet égard, noté la proposition du Secrétaire général de créer auprès du Département une entité assurant la liaison avec l’Union africaine, et s’est dit attentif à toute clarification sur le rôle qu’elle pourrait jouer dans le renforcement des capacités de l’Afrique en matière de maintien de la paix et, en particulier, dans la mise en place d’une force africaine en attente.
Le représentant a par ailleurs estimé que la création d’équipes déontologie et discipline au Siège de l’Organisation et dans huit opérations constituait une expérience qui, au niveau du Siège, devait être étudiée avec soin pour éviter tout risque de dédoublement de fonctions et de ressources et qui, sur le terrain, devrait être élargie à toutes les missions de maintien de la paix. Pour donner son efficacité à la politique de tolérance zéro, d’autres actions doivent être engagées à tous les niveaux, y compris dans les États Membres, pour briser le mur du silence qui semble entourer ces pratiques, en menant des enquêtes vigoureuses et en sanctionnant sévèrement les coupables, mais aussi, pour sensibiliser le personnel des missions et lui inculquer la connaissance des normes de conduite en vigueur, a-t-il observé.
M. SERGEI RACHKOV (Bélarus) a déclaré que la législation nationale de son pays sur la participation d’officiers bélarussiens aux opérations de maintien de la paix était entrée en vigueur. Actuellement, des officiers supérieurs hautement qualifiés ont été désignés pour participer aux opérations de maintien de la paix en tant qu’observateurs militaires. Le représentant a souhaité que soit renforcée la sécurité du personnel des soldats de la paix et des civils. Enfin, il a également plaidé pour que les ressources financières des États Membres soient utilisées de la manière la plus efficace possible.
Mme JACKIE WOLCOTT SANDERS (États-Unis) a affirmé qu’au cours des dernières années, des cas d’exploitation et d’abus sexuels dans les missions de maintien de la paix ont souvent été ignorés. Elle a, à cet égard, remercié le Prince Zeid Ra’ad Zeid Al-Hussein de Jordanie pour son travail en tant que Conseiller spécial du Secrétaire général. Le Département a pris différentes mesures pour empêcher ces abus et mettre en œuvre un code de conduite, a-t-elle souligné, notant toutefois que de nouvelles accusations étaient apparues. Il est important, a-t-elle dit, que des mesures rapides soient prises pour traduire les coupables en justice et éviter que de nouveaux cas ne se reproduisent à l’avenir. La représentante a également mis l’accent sur les informations faisant état d’abus et de mauvaise gestion des ressources des opérations de maintien de la paix, qui mettent en danger la vie des participants à ces missions ainsi que la viabilité des missions elles-mêmes. Elle a ainsi lancé un appel à tous les États pour qu’ils remédient à ce problème. Il est, selon elle, nécessaire que le Bureau des services de contrôle interne soit entièrement autonome dans les enquêtes qu’il va mener, la transparence étant l’élément clef de la réforme.
Jugeant les opérations de maintien de la paix de plus en plus complexes, la représentante a affirmé qu’il était important de distinguer entre les tâches relevant du Département et celles du PNUD, de l’UNICEF ou d’arrangements régionaux. Les objectifs de la communauté internationale doivent rester ambitieux mais doivent aussi tenir compte qu’une assistance efficace et appropriée peut être apportée par d’autres institutions des Nations Unies, a-t-elle déclaré. Elle a reconnu les pas positifs enregistrés par les opérations de maintien de la paix depuis la dernière session, comme la création de la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS), bien planifiée, selon elle, et qui peut servir d’exemple. Deux autres progrès ont été enregistrés dans le cadre des mandats de 2005, comme la Mission d’appui des Nations Unies au Timor oriental, qui s’est achevée en mai, et celle au Sierra Leone, qui a pris fin en décembre. La représentante a enfin pris note des efforts réalisés dans le cadre de la réforme du Département.
M. PAUL GOA ZOUMANIGUI (Guinée) s’est félicité du renforcement de la coopération entre le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents et de la tenue de réunions qui ont permis une meilleure compréhension des enjeux qui sous-tendent les opérations de maintien de la paix, ainsi que la coordination des différents acteurs. Il a cependant souhaité que le Secrétariat relance le dialogue avec les États Membres pour une meilleure sensibilisation et renforcer sa coopération avec les organisations régionales et sous-régionales. Saluant la création de la Commission de consolidation de la paix qui permettra, a-t-il souhaité, aux pays concernés de profiter effectivement des dividendes de cette paix et des projets de développement, le représentant a souhaité que des efforts supplémentaires soient fournis pour prendre en compte les langues de travail dans le recrutement des observateurs militaires et de police civile. Il s’est en outre félicité de la mise en place d’un service pour les équipes de formation intégrée afin d’appuyer les activités de formation de l’ONU destinées aux pays africains et aux pays émergents qui fournissent des contributions. Si ce service pouvait être basé à Brindisi, il serait souhaitable d’examiner les possibilités de sa coopération avec les centres de formation africains, a-t-il estimé.
M. TOSHIRO OZAWA (Japon) a mis l’accent sur la nécessité de renforcer le partenariat entre les différentes parties oeuvrant en faveur des activités de paix, citant particulièrement le partenariat entre les Nations Unies et l’Union africaine. Le représentant a en outre estimé nécessaires les efforts constants visant à définir une doctrine. Le Japon s’est toujours félicité des efforts entrepris pour établir les meilleures pratiques et s’attend à ce que ces efforts soient poursuivis, a-t-il également souligné. Le représentant a en outre souhaité que tous les efforts soient déployés pour régler la question de l’exploitation et des abus sexuels dans le cadre des opérations de maintien de la paix. À cet égard, il a rappelé que le Japon, avec huit autres pays, dont la Suède, avait proposé récemment l’envoi d’observateurs civils dans des opérations de maintien de la paix. Il a espéré que cette position fasse l’objet de discussions au cours de la présente session du Comité spécial.
Le représentant s’est également dit inquiet des informations faisant état de fraudes et de mauvaise gestion dans le cadre des opérations de maintien de la paix. Il a demandé que les parties pertinentes poursuivent leur enquête sur les malversations constatées et que leurs auteurs soient identifiés afin d’empêcher qu’elles ne se reproduisent à l’avenir.
M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a estimé que la quête de la communauté internationale des causes profondes des conflits devrait se poursuivre pour parvenir à une paix durable. Selon le représentant, le respect des principes de la Charte de l’ONU est important à cette fin. Il a également insisté sur l’importance des principes d’impartialité et du respect du consentement des parties en conflit dans le déploiement des opérations de maintien de la paix (OMP) de l’ONU. Un dialogue constant entre le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et le Secrétaire général dans toutes les phases de la planification et de la mise en œuvre des opérations de maintien de la paix devrait se poursuivre également. S’agissant de la question de la sécurité du personnel, le représentant du Bangladesh, qui a rappelé que son pays avait perdu 70 soldats de la paix au cours de ses missions, a souhaité que certains éléments, comme la taille et la composition des futures opérations de maintien de la paix, soient évaluées à la lumière des réalités du terrain. Il a demandé que soit renforcée l’analyse d’informations pour assurer la sécurité de ces missions. Il a affirmé que son pays appuyait la création d’une capacité de police permanente et souhaité que le Comité se prononce sur ce point. Nous demandons aux États Membres de payer entièrement leurs contributions dans les délais impartis, a-t-il ajouté, estimant par ailleurs que le principe d’une représentation géographique équitable devrait être respecté à tous les niveaux, en particulier en ce qui concerne le recrutement des hauts officiers des opérations de maintien de la paix. Enfin, il a rendu hommage aux membres de missions de la paix morts dans l’exercice de leurs fonctions.
M. NURBEK JEENBAEV (Kirghizistan) a affirmé que son pays appuyait l’ensemble des réformes multiformes proposées par le Département des opérations de maintien de la paix. La situation actuelle des opérations de maintien de la paix, dans le cadre de leur multiplication et de leur élargissement, nécessite une solution à ces problèmes, a-t-il dit. Selon lui, les efforts faits par les Nations Unies pour assurer la primauté du droit constituent un élément indispensable pour résoudre les conflits et garantir la paix. Le travail effectué pour assurer la discipline est également essentiel, a-t-il ajouté, saluant, à cet égard, les recommandations formulées par le Conseiller spécial du Secrétaire général concernant les questions de l’exploitation et des abus sexuels. Il a également souligné la nécessité de sanctionner les écarts de conduite constatés.
Le représentant a par ailleurs indiqué que son pays attachait une grande importance au renforcement de la coopération avec les organisations régionales. Le Kirghizistan appuie en outre les efforts visant à assurer la parité dans les opérations militaires et civiles des Nations Unies. Il faut que cela constitue une tâche prioritaire pour le Département, a-t-il assuré.
M. MARTIN BELINGA EBOUTOU (Cameroun) a salué le bilan positif de l’Organisation en matière d’opérations de maintien de la paix, tel que souligné par le Secrétaire général dans son rapport. Selon lui, pour favoriser la planification intégrée de ces opérations, il importe que les États et les organisations régionales adhèrent à un mécanisme de déploiement rapide. S’agissant des hommes et des ressources, aussi bien matérielles que financières, il a estimé qu’il était important de continuer à réfléchir au moyen de disposer d’hommes et de femmes de qualité, avec une formation adéquate, et de ressources suffisantes. Appuyant la création d’une force de police permanente, le représentant du Cameroun a souhaité que les 27 postes prévus soient pourvus conformément au respect du principe de la répartition géographique équitable et l’équilibre linguistique. Sur la question de la sécurité du personnel, il a exhorté le Département des opérations de maintien de la paix et le Département de la sûreté et de la sécurité de l’ONU à accélérer la mise en place de structures communes. Il est urgent et particulièrement important que l’Afrique, qui est le théâtre de la plupart des conflits actuels, voit ses capacités en matière de maintien de la paix renforcée, a conclu le représentant, qui s’est félicité de la mise en place en 2004 d’une cellule d’assistance de l’ONU auprès de l’Union africaine.
M. HOSSEIN MALEKI (République islamique d’Iran) a souligné que si les opérations de maintien de la paix doivent se poursuivre en conformité avec les objectifs et les principes de la Charte des Nations Unies, et avec l’autorisation des Nations Unies, les principes fondamentaux du maintien de la paix, comme le consentement des parties, le recours à la force à l’exception des cas de légitime défense, l’impartialité, ainsi que les principes de souveraineté, d’intégrité territoriale et d’indépendance politique des États devaient être strictement observés. Il a réaffirmé la position de son pays selon laquelle les opérations de maintien de la paix ne devraient pas être utilisées comme un substitut au règlement des causes sous-jacentes des conflits. Afin d’assurer une paix durable, la sécurité et le développement, en particulier dans les zones de conflit, il est nécessaire de régler les causes sous-jacentes des conflits de manière coordonnée, complète et cohérente, en utilisant tous les instruments politiques, sociaux et de développement, a-t-il poursuivi.
Répondre aux demandes croissantes d’intervention par le biais d’une action rapide, efficace et à temps est important, a-t-il en outre observé. Le représentant a ainsi indiqué que son pays appuyait l’initiative visant à améliorer les capacités de déploiement rapide dans le cadre des opérations traditionnelles de maintien de la paix des Nations Unies. L’Iran appuie également l’initiative en vue de créer une capacité de déploiement rapide, considérant qu’il s’agirait là d’un instrument important pour mener des opérations efficaces sans avoir besoin de recourir à des forces situées en dehors du système des Nations Unies. Il a par ailleurs mis en garde, comme l’a fait le Mouvement des pays non alignés, contre tout danger d’ingérence du Conseil de sécurité concernant des questions qui ne relèvent pas de sa compétence. La capacité des organisations régionales ne devrait être utilisée qu’à des fins complémentaires, a-t-il également affirmé. Celles-ci ne devraient pas, selon lui, se substituer au rôle inaliénable joué par les Nations Unies et exonérer l’Organisation de ses responsabilités au titre de la Charte dans le domaine de la paix. La capacité de maintien de la paix des Nations Unies devrait être renforcée plutôt que d’être régionalisée, a-t-il estimé, plaidant néanmoins en faveur d’un renforcement de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine.
M. VICTOR KRYZHANIVSKYI (Ukraine) a déclaré que son pays soutenait les cinq priorités sur les opérations de maintien de la paix proposées par le Secrétaire général dans son rapport. Nous sommes convaincus que la sécurité du personnel doit être optimisée ainsi que les préparatifs aux mandats des missions, a-t-il noté. Tout en notant l’importance de la capacité de police déployable, le représentant a estimé que le développement de partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales pourrait permettre aux Nations Unies de mieux faire face aux situations d’urgence. À cet effet, il a souhaité que la coopération entre le Département des opérations de maintien de la paix et les organisations régionales demeure toujours une priorité. Enfin, s’agissant des écarts de conduite, et en particulier de l’exploitation et des abus sexuels, l’intervenant a salué la politique de tolérance zéro développée actuellement par le Secrétariat.
M. DIEGO CORDOVEZ (Équateur) a estimé qu’au vu de la complexité des opérations de maintien de la paix et des défis et des obstacles auxquels font actuellement face les contingents, le débat ne doit pas se limiter seulement aux cinq domaines identifiés par le Secrétaire général dans son rapport. Il a également indiqué que son pays condamnait avec énergie l’exploitation et les abus sexuels, jugeant à cet égard indispensable une application aussi large que possible de la politique de tolérance zéro. Il est, selon lui, également indispensable que des sanctions soient prises. Il faut des mécanismes clairs de responsabilité, permettant d’établir les responsabilités à tous les niveaux de la chaîne de commandement, a-t-il ajouté.
Le représentant a en outre déclaré qu’un des éléments essentiels du succès des missions de maintien de la paix était le personnel. Il s’est ainsi dit préoccupé par le constat du Secrétaire général concernant les difficultés liées à la formation.
Mme JUDITH BAHEMUKA (Kenya) a, à l’instar des autres intervenants, salué la mémoire de Glyn Berry pour son action au sein du Comité spécial ainsi qu’en Afghanistan. Elle a ensuite souhaité que les cinq priorités sur les opérations de maintien de la paix proposées par le Secrétaire général dans son rapport soient examinées de manière approfondie par le Comité spécial. Il faut davantage de coordination entre le Département des opérations de maintien de la paix et les pays contributeurs de troupes, notamment en ce qui concerne les données d’informations. Les opérations de maintien de la paix deviennent de plus en plus complexes, et il est par conséquent impératif, a-t-elle souligné, qu’une doctrine commune et systématique soit développée. Nous proposons qu’un groupe de travail établisse un ensemble de principes de base tenant compte de l’expérience tirée sur le terrain par les opérations de maintien de la paix. Par ailleurs, la représentante a souhaité que la charge de maintien de la paix soit partagée par un renforcement du partenariat. Aussi, la communauté internationale a-t-elle l’obligation d’appuyer l’architecture sécuritaire mise en place par l’Union africaine, a insisté la représentante. Enfin, elle a souhaité que les responsables des missions soient rémunérés à la hauteur de leurs responsabilités.
M. KAIS KABTANI (Tunisie) a estimé que le maintien de la paix ne saurait se substituer à la recherche d’une solution définitive aux conflits ou au traitement de leurs causes profondes. La Tunisie a ainsi toujours mis en exergue le lien étroit entre la paix et le développement, soulignant que la pauvreté et le sous-développement sont parmi les facteurs majeurs des conflits, a-t-il rappelé. Il a réitéré l’importance que sa délégation attache au renforcement de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine, notamment en vue de l’amélioration des capacités institutionnelles de cette dernière. La Tunisie soutient ainsi la proposition de mettre en place une entité au sein du Département chargée d’assister les capacités africaines en matière de maintien de la paix, a-t-il ajouté.
Le représentant s’est par ailleurs félicité des réaménagements introduits par le Département en vue d’accélérer le traitement des demandes de remboursement des pays fournisseurs de troupes, regrettant toutefois que les arriérés relatifs aux missions précédentes, notamment au Cambodge, ne soient pas encore réglés.
Mme TUVAKO N. MANONGI (République-Unie de Tanzanie) a d’abord remarqué que l’augmentation du nombre d’opérations de maintien de la paix ces dernières années posait un certain nombre de défis et de difficultés aux Nations Unies. Saluant les efforts de l’Organisation dans ce domaine, elle a reconnu cependant la nécessité de réviser certains aspects de ces opérations pour renforcer leur potentiel. À cet égard, nous croyons ainsi au renforcement des mécanismes régionaux, notamment ceux de l’Union africaine. À une époque où l’Afrique avance vers la création de capacités autonomes pour gérer ses propres conflits, a poursuivi l’intervenante, il faut que la communauté internationale la soutienne. Cela implique qu’il faudrait investir dans la formation et dans la logistique, et créer des institutions clefs. Il est important de rétablir la crédibilité et la réputation des Casques bleus de l’ONU, a–t-elle insisté, faisant allusion à la question de l’exploitation et des abus sexuels dans les opérations et missions de maintien de la paix. Nous devons avoir pour seul critère l’excellence de notre personnel, a conclu la représentante tanzanienne qui a souhaité par ailleurs que le Comité spécial se penche également sur la question de sécurité du personnel des opérations de maintien de la paix sur le terrain.
M. ISIKIA R. SAVUA (Fidji) a affirmé que son pays appuyait l’établissement de partenariats stratégiques au sein du système des Nations Unies qui répondent de manière cohérente et complémentaire à la complexité d’un maintien de la paix moderne. L’objectif de déployer des personnels professionnels sur le terrain, dirigés par des responsables efficaces est important, a-t-il également souligné. Selon lui, les efforts entrepris par les Nations Unies et une coopération étroite des États Membres et des organisations régionales peut s’avérer un outil utile vers l’établissement d’une capacité dans ce domaine.
Le représentant a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité d’une expertise et d’une formation à la dimension sexospécifique pour renforcer la capacité des cellules de formation sur le terrain. Il a également reconnu les progrès enregistrés en vue d’éliminer les problèmes de l’exploitation et des abus sexuels. Il s’est toutefois dit découragé de constater que le Secrétaire général relevait dans son rapport que tous les dirigeants, les commandants et le personnel des missions de maintien de la paix ne suivaient pas rigoureusement la politique de tolérance zéro.
M. SEIFESILASSIE LEMMA (Éthiopie) a affirmé que son pays avait toujours attribué une grande place aux opérations de maintien de la paix, comme en témoigne le fait que celui-ci fait partie des 10 premiers contributeurs de troupes de l’ONU. Nous attachons une grande importance à la nécessité de mettre en place un large système de coordination intégrée de l’ONU pour la planification et la conduite des opérations de maintien de la paix. Il est important d’établir une stratégie claire entre le Bureau d’appui de la Commission de consolidation de la paix d’une part et le Département des opérations de maintien de la paix d’autre part. Le représentant est ensuite revenu sur les efforts de l’Union africaine, pour prendre en charge la sécurité en Afrique. Il a regretté que le soutien de l’ONU à l’Union africaine se fasse d’une manière occasionnelle et souhaité à cet effet que la création d’une cellule de gestion des crises au sein du Secrétariat permette le renforcement de la coopération entre ces deux organisations. Le représentant a en outre indiqué que le Gouvernement éthiopien attachait une grande importance à la question de la formation des troupes des opérations de maintien de la paix. Il a à ce sujet rappelé qu’Addis-Abeba, la capitale de l’Éthiopie, avait accueilli du 12 au 28 octobre 2005 un séminaire pour des officiers de l’ONU.
M. NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a estimé que sans le maintien de la paix, l’objectif de la communauté internationale de promouvoir un environnement de paix durable et de développement ne serait qu’illusion. Le représentant a appuyé les cinq domaines prioritaires identifiés par le Secrétaire général dans son rapport, le Comité devant, selon lui, examiner ces questions ensemble afin de mieux relever les défis auxquels sont confrontés les opérations de maintien de la paix. Il a appuyé en outre la proposition de création d’une capacité de police déployable.
Le représentant a par ailleurs soutenu la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, l’Afrique ayant fait montre à cet égard de sa détermination à assumer un grand rôle pour mettre un terme aux conflits. Il s’est déclaré également choqué par les conclusions du rapport d’audit intérimaire sur la gestion des ressources des opérations de maintien de la paix, et a ainsi insisté sur une utilisation efficace de ces ressources. Il faut prévoir une responsabilisation dans ce domaine, a-t-il poursuivi. S’agissant du problème de l’exploitation et des abus sexuels, le représentant a lancé un appel au Secrétariat pour qu’il mette pleinement en œuvre la politique proposée. Les résultats des enquêtes doivent être communiqués rapidement, a-t-il également souligné, ajoutant que toute justice retardée est un déni de justice.
M. BROWN B. CHIMPHAMBA (Malawi) a souhaité que le Comité spécial se concentre sur les cinq priorités établies par le Secrétaire général dans son rapport. Sur la question du partenariat, il a rappelé que le Sommet mondial de septembre 2005 avait insisté sur la nécessité de renforcer la coopération régionale. Saluant et remerciant l’Union européenne pour son soutien à l’Union africaine, qui a établi une architecture en matière de sécurité, il a demandé que les autres organisations de l’OTAN ainsi que les bailleurs de fonds apportent leur aide pour le soutien logistique aux bataillons de réserve que tente de mettre en place l’Union africaine. Enfin, s’agissant du recrutement du personnel des opérations de maintiens de la paix, il a affirmé que l’Afrique voudrait que l’on tienne compte de ses compétences en ressources humaines. Le représentant a conclu en rendant hommage aux 136 membres du personnel des opérations de maintien de la paix, notamment le diplomate canadien Glyn Berry, qui entre janvier 2005 et janvier 2006 ont perdu leur vie au cours de leur service.
M. RODRIGUO MALMIERCA DIAZ (Cuba) a affirmé que les opérations de maintien de la paix devaient respecter rigoureusement les principes et les objectifs de la Charte de l’ONU, notamment ceux concernant la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique des États, ainsi que la non-ingérence dans les affaires intérieures des États. De même, il est essentiel d’observer les principes fondamentaux concernant le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force à l’exception des cas de légitime défense.
Le représentant a estimé que les opérations de maintien de la paix devaient faire l’objet d’un mandat réaliste et clairement défini. Avant même leur autorisation et leur déploiement par le Conseil de sécurité, il faut que les opérations de maintien de la paix disposent de stratégies de sortie claires. Il a également souligné la nécessité pour tous les États Membres de payer leurs contributions. Il a par ailleurs plaidé en faveur d’une augmentation de la transparence dans le recrutement du personnel, surtout à un niveau élevé. Il a enfin exprimé sa préoccupation face à l’absence d’un mécanisme de suivi concernant les recommandations du Comité spécial.
M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a affirmé que la présente session du Comité spécial, qui se tient dans un contexte nouveau de l’Organisation des Nations Unies, devrait veiller à prendre en compte les orientations du Document final du Sommet mondial de septembre 2005 et intégrer, dans ses objectifs, les perspectives ouvertes par la création de la Commission de la consolidation de la paix. Déplorant les actes d’abus sexuels, il a néanmoins affirmé que ceux-ci ne devaient pas constituer une occasion pour ternir l’effort des milliers d’hommes et de femmes qui, spontanément, mettent en gage leur vie pour la cause des Nations Unies en acceptant d’être déployés dans des conditions souvent très difficiles. Le représentant a en outre plaidé pour que le Comité spécial mène une réflexion approfondie sur le respect du principe du multilinguisme dans le recrutement du personnel des opérations de maintien de la paix, tant au Siège que sur le terrain. Il a ainsi déploré que pour 95% des postes vacants dans le Département des opérations de maintien de la paix, il ait été requis des candidats une maîtrise à l’oral et à l’écrit de l’anglais. De même, il a regretté que le Service de constitution des forces ait lancé, le 20 janvier 2006, une nouvelle politique de recrutement des observateurs militaires auxquels il est également demandé une parfaite maîtrise de la langue anglaise.
M. HAYARD ALI AHMAD (République arabe syrienne) a affirmé l’importance que son pays attachait aux opérations de maintien de la paix. En dépit de la confiance placée dans le rôle joué par les opérations de maintien de la paix, celles-ci, selon lui, ne devraient pas se substituer à une solution durable des conflits. Il a par ailleurs réaffirmé l’importance d’un dialogue continu avec les pays fournisseurs de contingents. Le représentant a en outre souligné la nécessité de respecter rigoureusement les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies, notamment ceux concernant la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique des États, ainsi que la non-ingérence dans les affaires intérieures des États.
De même, le représentant a jugé essentiel d’observer les principes fondamentaux concernant le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force à l’exception des cas de légitime défense. Il est tout aussi indispensable, a-t-il poursuivi, de définir des mandats clairs et durables afin, notamment, de garantir la crédibilité de l’Organisation.
M. MZOLISA BONA (Afrique du Sud) a observé que les opérations de maintien de la paix étaient arrivées à un moment crucial de leur histoire à l’instar de nombreux autres domaines d’activités de l’ONU, compte tenu de l’augmentation et de l’ampleur de la demande de pays qui doivent faire face à des situations de conflit. En dépit des faiblesses et des contraintes, les opérations de maintien de la paix sont importantes pour le maintien de la paix internationale, a souligné le représentant, qui a estimé par ailleurs que les priorités proposées par le Secrétaire général pour la réforme devraient être examinées plus avant par le Comité spécial. Une attention particulière doit être donnée à l’établissement d’une coopération plus étroite entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales. Il a à cet effet salué l’Union européenne pour son soutien à l’Union africaine. S’agissant de la question du personnel, il est important de recruter des personnes qui soient professionnelles et respectent les valeurs d’intégrité de l’ONU. Le représentant a ainsi souhaité que les capacités sur le terrain soient renforcées mais également que les soldats soient formés, notamment en matière de droit humanitaire. En outre, il a insisté pour que soit renforcée la sécurité du personnel sur le terrain. Enfin, le représentant sud-africain a souhaité que soit discutée au cours de la présente session du Comité la question de l’interaction entre le Bureau d’appui de la Commission de consolidation de la paix et le Département des opérations de maintien de la paix.
M. NICHOLAS SHALITA (Rwanda) a déclaré que l’échec le plus spectaculaire en 50 années de missions de la paix des Nations Unies fut enregistré dans son pays, en 1994. Il ne faut pas répéter ce qui s’est passé au Rwanda, a-t-il ajouté, mais faire en sorte que les Casques bleus réalisent ce que les populations, sous la menace, attendent d’eux, c’est-à-dire les protéger et sauver des vies, promouvoir les droits de l’homme, l’état de droit et la réconciliation.
La coopération avec les structures régionales, en particulier avec l’Union africaine, doit être encouragée, a par ailleurs souligné le représentant. Il faut ce que soutien, jusqu’ici ponctuel, soit institutionnalisé, a-t-il observé. Il s’est félicité également du soutien offert par les Nations Unies pour ce qui est de l’établissement d’une force de réserve africaine. S’agissant du Darfour, il s’est aussi félicité de la coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine. S’agissant de l’exploitation et des abus sexuels dans les opérations de maintien de la paix, il a estimé qu’il ne pouvait y avoir pire trahison de la confiance accordée par les populations aux Casques bleus. Ces actes ternissent la réputation des Nations Unies et de tous les États Membres, a-t-il ajouté, appuyant la politique de tolérance zéro en la matière.
M. JOSE LUIS GUTERRES (Timor-Leste) a rappelé que le partenariat entre son pays et l’ONU remonte à plusieurs années. À quelques mois de la fin du mandat du Bureau des Nations Unies au Timor-Leste (BUNUTIL), prévu pour le 20 mai 2006, le représentant a tenu à remercier toute la famille des Nations Unies et les pays contributeurs de contingents qui ont joué un grand rôle pour la paix, la sécurité et la stabilité de son pays. Pour exprimer notre solidarité à ceux qui souffrent encore, notre pays a déployé 10 officiers de police pour servir au sein du contingent de police de la Mission d’administration intérimaire de l’ONU au Kosovo, a conclu le représentant.
M. GERSHON KEDAR (Israël) a jugé positives les priorités de réformes proposées par le Secrétaire général. Ces réformes permettront aux opérations de maintien de la paix de rester efficaces dans un cadre de plus en plus complexe, a-t-il estimé. À cet égard, il a salué la création de la Commission de consolidation de la paix qui pourrait jouer un rôle crucial dans les processus de paix. Toutefois, a-t-il fait remarquer, une paix permanente doit être bâtie à travers la promotion de la démocratie, la création d’institutions gouvernementales et de la société civile, le développement économique et une meilleure compréhension entre les peuples.
Le représentant a, par ailleurs, mis l’accent sur l’utilisation des ressources, Israël ayant, a-t-il dit, beaucoup mieux tenu, ces dernières années, ses obligations de paiement. En outre, Israël a entamé une étape de discussion préliminaire, aussi bien au niveau national qu’au niveau international, sur la possibilité que le pays devienne un contributeur de personnel aux opérations de maintien de la paix. Le représentant israélien a tenu à souligner que les missions de maintien de la paix ne peuvent se substituer au règlement d’un conflit et c’est pourquoi, Israël attend avec impatience le jour où, par le biais de négociations directes menées de bonne foi, il sera en mesure de conclure des accords de paix avec tous les pays voisins. En attendant, Israël demeure engagé à continuer d’assister et de coopérer pleinement avec les missions de maintien de la paix tout en faisant de son mieux pour assurer la sécurité et la protection de leur personnel.
M. PAK GIL YON (République populaire démocratique de Corée) a estimé que le principe de souveraineté des États doit être respecté de façon très stricte dans les opérations de maintien de la paix. S’agissant des abus sexuels, le représentant a souhaité que cette question soit traitée avec impartialité et que les auteurs soient punis. Dans le cadre de la réforme des Nations Unies, la rivalité entre plusieurs organes principaux est contraire à l’esprit de la réforme qui milite pour que soit évité le double emploi, a par ailleurs estimé le représentant. Enfin, il s’est insurgé contre la désignation de commandement des Nations Unies pour le « commandement des forces de l’Armée américaine en Extrême-Orient ». Les États-Unis prétendent que le « commandement des Nations Unies » a été établi en vertu d’une résolution du Conseil de sécurité, adoptée en juillet 1950. Le « commandement des Nations Unies » que les États-Unis ont créé illégalement, en usurpant l’emblème des Nations Unies, constitue un obstacle au règlement de la question coréenne et porte atteinte à la crédibilité des Nations Unies. L’Assemblée générale, a-t-il rappelé, reconnaissant lors de sa trentième session en 1975 que l’existence continue du « commandement des Nations Unies » en Corée du Sud n’était pas nécessaire, avait adopté une résolution le démantelant. Il a souhaité que ce commandement soit démantelé car, selon lui, les États-Unis utilisent le nom de l’ONU pour faire avancer des objectifs militaires nationaux dans la péninsule coréenne. Le processus de réforme en cours, a-t-il insisté, devrait viser à éliminer l’usage abusif pendant le siècle dernier de l’emblème des Nations Unies à des fins politiques et militaires inappropriées.
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