AG/DSI/3326

L’ACTION COLLECTIVE CONCERNANT LES ARMES CLASSIQUES AU CENTRE DES DÉBATS DE LA PREMIÈRE COMMISSION

12/10/2006
Assemblée généraleAG/DSI/3326
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission

12e séance – après-midi


L’ACTION COLLECTIVE CONCERNANT LES ARMES CLASSIQUES

AU CENTRE DES DÉBATS DE LA PREMIÈRE COMMISSION


Les délégations présentent dix projets de résolution


Les délégations de la Première Commission (désarmement et sécurité internationale), qui poursuivaient, cet après-midi leur débat thématique, se sont penchées sur les questions relatives aux armes légères et de petit calibre (ALPC) et au Registre des armes classiques.


Invité à intervenir en qualité d’expert, M. Prasad Kariyawasam, le Président de la Conférence d’examen de l’application du Programme d’action des Nations Unies pour éliminer le commerce illicite des armes légères et de petit calibre (ALPC), a fait part de sa grande déception après l’échec de la Conférence qui a eu lieu l’été dernier à New York. 


« Nous sommes tous déçus que cette Conférence ne soit pas parvenue à établir un document final, a-t-il dit.»  Tenant toutefois à relever les points positifs, il a indiqué que les États avaient réaffirmé à cette occasion avec fermeté leur volonté d’appliquer ledit Programme. 


La Conférence a achoppé sur deux questions, a ajouté M. Kariyawasam, l’une concernant le contrôle de l’acquisition des armes par des civils, la seconde le transfert d’ALPC vers des acteurs non étatiques.  Selon lui, ces différends n’ont pu être surmontés, car les mesures sont sur la base d’un consensus entre États Membres, cette règle pouvant se transformer parfois en une sorte de veto.  Il a toutefois tenu à souligné que des progrès avaient été enregistrés dans les domaines du traçage, du marquage et de la lutte contre le courtage.


Le Canada a également jugé que l’absence de document final lors de la Conférence d’examen, n’avait pas empêché que ne s’affirme de nouveau la volonté généralisée et collective des États de s’attaquer aux problèmes posés par les ALPC, les mines et autres armes classiques.  M. Earl Turcotte a ainsi plaidé pour une consolidation du cadre légal international régissant le transfert de tous les types d’armes classiques.  « Le Canada est ainsi favorable à l’élaboration d’un traité juridiquement contraignant sur le commerce des armes, pour empêcher les flux illicites d’armes dans les zones de conflits ».    


À l’instar du Canada, la Chine a aussi salué l’initiative britannique visant à établir un tel traité.  « Toutefois, a précisé le représentant de ce pays, la question de la régulation du commerce des armes est complexe, ce qui suppose qu’il convient de tenir compte, dans l’élaboration éventuelle de mesures de contrôle, des législations de défense nationale en vigueur pays par pays.»


L’Union européenne, par la voix de sa présidence finlandaise, a souligné le risque d’un usage des systèmes portables de défense aérienne MANPADS par des terroristes ou des acteurs non gouvernementaux.  « Les MANPADS sont faciles à concevoir et bon marché », a expliqué M. Kari Kahilouto.  Ce dernier a indiqué que l’UE soutenait toutes les démarches engagées, comme celles menées dans le cadre de l’OSCE ou du G-8 visant à internationaliser les contrôles dans ce domaine.


Évoquant les questions relatives à l’éradication des mines antipersonnel, le représentant du Kenya a considéré qu’il fallait renforcer le volet humanitaire des opérations de déminage, ce qui suppose davantage de ressources financières et de capacités, en particulier en matière de formation technique, a-t-il déclaré.


Exhortant les pays à ratifier dans les meilleurs délais la Convention  sur l’interdiction  de ces arsenaux – à laquelle sont parties 155 États et dont l’application a donné des résultats concrets -, le représentant du Kenya a indiqué que l’universalisation de la Convention d’Ottawa supposait une coopération accrue entre États, de sorte que l’appui apporté aux pays en développement leur permette de se joindre à l’action collective contre ces armes qu’il a qualifiées de « barbares ». 


Neuf délégations ont présenté des projets de résolution.  La Fédération de Russie a présenté un nouveau texte sur les mesures propres à promouvoir la transparence et à renforcer la confiance dans les activités spatiales.  L’Inde a défendu un texte sur les mesures visant à empêcher l’acquisition d’armes de destruction massive par des terroristes; les Pays-Bas, un projet relatif à la transparence dans les armements; la Hongrie, a présenté un texte relatif à la Convention sur l’interdiction des armes biologiques.  La Pologne a proposé un projet de résolution relatif à la mise en œuvre de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques.  L’Indonésie, au nom du Mouvement des non-alignés a présenté un texte sur les mesures visant à renforcer l’autorité du Protocole de Genève de 1925; la République islamique d’Iran, un projet de résolution intitulé « Missiles »; l’Égypte, un projet sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace.  Le Mexique a présenté deux projets de résolution, l’un sur l’étude des Nations Unies sur le désarmement et la non-prolifération, l’autre sur le Programme des Nations Unies sur le désarmement.


Les pays suivants ont pris la parole: Soudan, Inde, Pays-Bas, Hongrie, Fédération de Russie, Pologne, Indonésie, République islamique d’Iran, Égypte, Mexique, Canada, Finlande, Brésil, Costa Rica, Chine, Nouvelle-Zélande, Kenya, Mozambique et République de Corée.


La Première Commission poursuivra son débat thématique demain, vendredi 13 octobre, à 15 heures.



FIN DU DÉBAT THÉMATIQUE / PRÉSENTATION DE PROJETS DE RÉSOLUTION SUR LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE ET L’ESPACE EXTRA-ATMOSPHÉRIQUE


Déclarations


Le représentant du Soudan a insisté sur la nécessité de renforcer le système des mesures de confiance dans le cadre de la Convention sur les armes biologiques et de celle sur les armes chimiques.  Il a appelé tous les pays à adhérer à ces deux Conventions.  Le représentant a souligné que tous les pays devaient avoir librement accès à l’espace.  Il s’agit donc d’établir des accords de garanties allant dans ce sens.


Le représentant de l’Inde a présenté un projet de résolution intitulé « Mesures visant à empêcher les terroristes d’acquérir des armes de destruction massive ».  Ce texte, qui avait été adopté pour la première fois en 2002 par l’Assemblée générale, a attiré un nombre croissant de cosponsors et rassemble un fort consensus autour de ses propositions, a indiqué le représentant.  Les objectifs sont largement soutenus par le Mouvement des non-alignés, le G-8, l’Union européenne et la plupart des organisations regroupant des États comme l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a fait valoir le représentant.  Il souligne la nécessité d’une réponse multilatérale et globale à cette menace. 


Outre quelques adaptations techniques, ce texte réitère la demande faite au Secrétaire général d’établir un rapport sur les mesures déjà prises par les organisations internationales au sujet des questions relatives aux liens entre la lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive.  L’Assemblée disposerait ainsi d’un large moyen d’information sur le travail fait à ce sujet dans les organes de l’ONU ainsi que dans d’autres instances.


Le représentant des Pays-Bas a présenté un projet de résolution invitant à renforcer le champ d’action du Registre des armes classiques.  Des notifications plus claires devaient notamment être données sur les armes légères.


Le représentant de la Hongrie a présenté un projet de résolution sur l’interdiction des armes biologiques.  Ce texte a déjà obtenu un fort consensus.  Le projet actuel reprend les données présentées les autres années en les actualisant, a-t-il dit et ce texte ne préjuge pas du résultat des travaux de la prochaine conférence d’examen.  Le libellé du projet est soucieux d’éviter de rouvrir les débats sur des questions de calendrier, a-t-il encore expliqué.


Le représentant de la Fédération de Russie a présenté un projet de résolution proposant des mesures propres à promouvoir la transparence et à renforcer les mesures de confiance dans l’espace extra-atmosphérique (L.36).  Il s’agit d’assurer la transparence des activités spatiales afin de garantir le libre accès à l’espace pour tous.  Utiliser l’espace extra-atmosphérique de façon pacifique est vital, a souligné le représentant.  Ce texte est proche des résolutions précédentes allant dans le même sens.  Il a défendu le travail de groupes d’experts dans ce secteur, car les techniques ont beaucoup évolué, a-t-il conclu.


Le représentant de la Pologne a présenté un projet de résolution sur la mise en application de la Convention d’interdiction sur les armes chimiques, comme elle le fait traditionnellement.  Dans ce texte déjà adopté par consensus les années précédentes, le représentant de la Pologne a réaffirmé l’obligation des États parties de détruire leurs armes chimiques dans le temps imparti par la Convention.  Ce texte met encore l’accent sur deux points.  Premièrement, les mesures d’application de la Convention au niveau national et deuxièmement, la lutte contre le terrorisme.   


Le représentant de l’Indonésie, au nom du Mouvement des non-alignés (MNA), a présenté un projet de résolution sur les mesures visant à maintenir l’autorité du Protocole de Genève de 1925.  Il a précisé que seules deux mises à jour techniques avaient été apportées à la version 2006 du texte.  Le représentant a appelé tous les États à appliquer les principes et objectifs du Protocole.  Il a indiqué que le projet de résolution comportait une demande aux États qui maintiennent leurs réserves au Protocole de les retirer.


Le représentant de la République islamique d’Iran a présenté un projet de résolution intitulé « Missiles ».  Il a expliqué que depuis 1999, cette question recevait un appui croissant quant à la nécessité de la traiter sous tous aspects.  Il a affirmé que le projet de texte visait à faciliter l’exploration de nouvelles voies et moyens d’aborder de la manière la plus complète possible la question des missiles au sein des Nations Unies.  Ce sujet complexe implique une préparation longue et des moyens pour que la communauté internationale puisse enfin parvenir enfin à un accord a-t-il dit.  Comme l’indique le texte, ses coauteurs sont convaincus qu’il faut aborder la question des missiles de manière globale, équilibrée et non discriminatoire afin de contribuer à la paix et à la sécurité.


Le représentant de l’Égypte a présenté un projet de résolution sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace.  Il a expliqué que l’objectif de ce projet de résolution était de parvenir à l’établissement d’un instrument juridique global pour traiter de l’insuffisance du régime actuel régissant les activités spatiales.  Le représentant a indiqué qu’il fallait que la Conférence du désarmement, au cours de l’année à venir, entame les négociations sur la création d’un tel outil.  Tout instrument de ce type devra contenir une interdiction ferme de toute tentative de militarisation et des dispositions claires encourageant la coopération entre les États pour garantir que l’exploitation des ressources spatiales se fera aux fins de développement économique et social. 


La délégation du Mexique a présenté un projet de résolution sur l’étude des Nations Unies sur le désarmement et la non-prolifération.  Diffuser des informations et données sur cette étude permettra d’accroître la sécurité nationale des pays intéressés, a dit le représentant de ce pays.  Ce dernier a souhaité que ce projet de texte soit adopté sans vote.


Il a présenté un second projet de résolution relatif au Programme des Nations Unies sur le désarmement.  Son but, a dit le représentant, est d’assurer et de faciliter le suivi de la campagne mondiale de désarmement.  Il est indispensable de maintenir cet effort de diffusion de l’information pour faire connaître et comprendre au public les mesures multilatérales qui visent à promouvoir le désarmement général et complet et ce, au profit du développent économique et social des sociétés du monde entier.


M. ROBERTO GARCIÁ MORITÁN, Président du Groupe d’experts gouvernementaux du Registre des armes classiques des Nations Unies, a déclaré que la Première Commission a besoin d’un leadership fort pour faire avancer le dossier du désarmement.  En 2003 et en 2006, le Groupe d’experts s’occupant du Registre est parvenu à d’importants succès avec le Registre des armes.  La participation de nombreux États Membres est un signe de ce succès, a-t-il souligné.  Depuis la constitution du Registre, au moins 170 États ont donné au moins une fois des données sur leur armement.  Vingt-deux pays ne l’ont jamais fait, dont une majorité en Afrique, a-t-il souligné.  Si nous comparons les informations couvertes par le Registre avec d’autres sources, près de 97% du commerce mondial d’armes classiques est ainsi recensé, s’est félicité le Président.  Ce Registre contribue à empêcher une accumulation excessive d’armes, ce qui favorise la confiance.  Nous avons enregistré d’autres progrès concrets concernant les navires de guerre en parvenant à obtenir des informations sur des bateaux de plus petits tonnages, a-t-il dit.  Le formulaire des armes légères a aussi été amélioré.  Autres succès relevés par le Président: le Groupe d’experts est pratiquement parvenu à inclure les éléments technologiques relatifs à la guerre électronique ainsi que les avions sans équipage (drones) dans le Registre.


M. PRASAD KARIYAWASAM, Président de la Conférence d’examen de l’application du Programme d’action des Nations Unies pour éliminer le commerce illicite des petites armes, a dit qu’il fallait tirer des enseignements du relatif échec de la dernière Conférence d’examen.  Nous sommes tous déçus que cette Conférence ne soit pas parvenue à publier un document final, a-t-il souligné.  Il a tenu toutefois à relever les points positifs.  Par exemple, près de 30% des intervenants étaient de niveau ministériel.  Les États ont aussi réaffirmé leur volonté d’appliquer le Programme d’action.  Parmi les difficultés rencontrées, l’une d’elle résidait dans la définition du but de cette Conférence d’examen.  Certains voulaient limiter la Conférence à une évaluation de l’application du Programme d’action tandis que d’autres voulaient l’améliorer.  La Conférence a achoppé sur deux questions: l’une concernait le contrôle des armes aux mains des civils, la seconde concernait le transfert d’ALPC à des acteurs non étatiques.  Les différends sur ces questions n’ont pas pu être surmontés.  Le travail sur les ALPC est aussi tributaire de l’agenda multilatéral de désarmement, agenda que l’on sait être grippé.  Le fait que les questions liées à la sécurité des États soient traitées par consensus dans les enceintes de l’ONU ne facilite pas les travaux, car la règle de consensus peut se transformer en une sorte de veto, a relevé le Président.  Il a conclu en soulignant qu’il fallait éviter le découragement et a rappelé que depuis 2001, des centaines de milliers d’ALPC ont été détruites.  Des progrès ont aussi enregistrés dans les domaines du traçage, du marquage et la lutte contre le courtage.


M. EARL TURCOTTE (Canada) a affirmé que le transfert illicite et l’usage abusif des armes légères et de petit calibre (ALPC) avaient de graves répercussions sur les populations du monde entier.  Il a ajouté qu’en dépit des déceptions connues au cours de la dernière année, des progrès avaient été réalisés, témoignage selon lui, de la volonté généralisée et collective des États de s’attaquer aux problèmes posés par les ALPC, les mines et autres armes classiques.  Le représentant a dit que son pays estimait qu’il fallait continuer à renforcer le cadre légal international régissant le transfert de tous les types d’armes classiques.  Le Canada est ainsi favorable à l’élaboration d’un traité juridiquement contraignant sur le commerce des armes, pour empêcher le flux illicite des armes dans les zones de conflits.  À cet égard, le représentant a salué les efforts de la société civile et le Royaume-Uni en ce qui concerne le projet de traité sur cette question.  Il a réaffirmé l’attachement du Canada à la mise en œuvre du Programme d’action sur les armes légères des Nations Unies, et il s’est félicité de la mise sur pied du Groupe d’experts gouvernementaux chargé d’examiner les modalités du courtage des ALPC. 


S’agissant des systèmes portatifs et de défense aérienne (MANPADS), le représentant a précisé que son pays envisageait la question dans une perspective de non-prolifération, de contrôle des armements et de désarmement.  Sur le plan des mines antipersonnel, le Canada a salué le fait que sous l’égide de la Convention d’Ottawa et grâce à l’effort d’un grand nombre de pays donateurs, l’action internationale avait permis de faire diminuer le nombre de victimes directs de ces armes.  De plus, a-t-il ajouté, de vastes étendues de terrain peuvent de nouveau être utilisées à des fins productives. 


Pour ce qui est de la Convention sur l’interdiction de l’emploi de certaines armes classiques produisant des effets traumatiques excessifs (CCCAC), le représentant a souhaité que la troisième Conférence d’examen de cet instrument, prévue le mois prochain à Genève, se traduise par des résultats concrets.  Il a notamment souhaité que plus soit fait dans la lutte contre les mines autres que les mines antipersonnel.


M. KARI KAHILUOTO (Finlande), au nom de l’Union européenne (UE), a déclaré que les ALPC sont responsables chaque année, de la mort d’un demi-million de personnes, en majorité des civils.  Dans les 49 conflits qui se sont déroulés sur la planète ces dix dernières années, les ALPC étaient les armes principales utilisées dans 47 conflits.


Le problème du trafic illicite des munitions constitue un des défis majeurs dans ce domaine, a poursuivi le représentant.  En effet, ce trafic est une partie intégrante du problème des ALPC.  Il s’agit, dès lors, d’empoigner plus prestement ce dossier.  Des standards globaux pour permettre le marquage et le traçage des ALPC sont également essentiels pour permettre une lutte efficace contre le trafic illégal de ce type d’armes.  L’adoption d’instruments internationaux est un premier pas important dans l’application du Programme d’action relatif aux petites armes, a-t-il souligné.  L’UE est favorable à la proposition de transformer cet outil en un instrument légal et contraignant.


Le représentant de l’UE a aussi appelé de ses vœux un traité sur le contrôle des armes.  Son absence permet au trafic illégal des armes de faire d’importants dégâts parmi la population mondiale, en particulier en Afrique.  Il a invité les délégués à adopter les résolutions allant dans ce sens.


Concernant les systèmes portables de défense aérienne (MANPADS), le représentant de l’UE a dit que pour éviter leur usage par des terroristes ou des acteurs non gouvernementaux, des actions de la communauté internationale étaient nécessaires.  Les MANPADS sont faciles à concevoir et bon marché.  L’UE soutient toutes les démarches, a dit son délégué, comme celles menées dans le cadre de l’OSCE ou du  G-8 visant à internationaliser les contrôles dans ce domaine.  L’UE encourage également, selon son représentant, les autres États à faire leur possible pour empêcher un accès facile au MANPADS.


S’arrêtant aux mines antipersonnel, le représentant de l’UE a défendu une universalisation du Traité les interdisant.  L’UE a rappelé avoir investi 530 millions d’euros entre 2003 et 2005 pour des actions de déminage et notamment de soutien humanitaire.


M. CARLOS ANTÔNIO DA ROCHA PARANHOS (Brésil), au nom du MERCOSUR, a affirmé que le trafic illicite des armes légères et de petit calibre (ALPC) posait des problèmes d’une gravité toute particulière.  Voilà pourquoi, a-t-il ajouté, il est important de consacrer des efforts fondés sur une coopération internationale accrue, tout en renforçant les législations nationales de lutte contre la prolifération et l’usage abusif des armes légères. 


Il a expliqué que le Groupe de travail du MERCOSUR sur les armes à feu et leurs munitions s’était réuni récemment pour réfléchir à des mesures visant à durcir le marquage individuel des cartouches.  Déplorant le manque de résultat de la Conférence d’examen sur l’application du Programme d’action des Nations Unies sur les ALPC, le représentant a plaidé pour la mise sur pied de mécanismes clairs de suivi.  Il s’est ainsi dit en faveur de la tenue de réunions biennales qui permettraient une évaluation constante de la mise en œuvre dudit Programme.  Malgré l’échec de la Conférence, a-t-il ajouté, marquée par l’absence de document final, la volonté politique continue de pencher en faveur de la relance du processus de lutte contre la circulation illégale d’ALPC.  Dans ce cadre, la coopération et l’assistance sont importantes, notamment en ce qui concerne le contrôle du transfert de technologies.  Le représentant a encore déclaré que la question des munitions devait être traitée de manière spécifique au sein des Nations Unies.  De même, a-t-il poursuivi, un instrument juridique contraignant visant à enrayer le courtage illicite doit être établi dans les meilleurs délais.  À cet égard, le représentant a souhaité que le Groupe d’experts gouvernementaux commence ses travaux sur cette question au plus vite. 


S’agissant de la lutte antimines, le représentant a noté le caractère complexe de cette question.  Les conséquences humanitaires des mines antipersonnel sont gravissimes, du fait même de la longévité pernicieuse de ces arsenaux.  Ceux-ci continuent de frapper les civils longtemps après la fin d’un conflit armé.  Voilà pourquoi les pays du MERCOSUR ont adopté en 2002 la Déclaration établissant une zone de paix sud-américaine.  Son objectif est de parvenir à l’élimination totale des mines antipersonnel dans la région, et cela conformément aux dispositions de la Convention d’Ottawa en la matière.


M. SAUL WEISLEDER (Costa Rica), au nom de l’Organisation des États d’Amérique centrale, a rappelé que les pays de sa région étaient touchés par ce problème.  Il s’est dit inquiet de la lenteur des travaux au niveau multilatéral.  Il a ensuite défendu la mise en place d’un instrument juridiquement contraignant permettant le traçage des ALPC ainsi que des munitions.  Transparence et critères non discriminatoires sont des éléments dont il s’agira de tenir compte lors des négociations, a-t-il souligné.  Le représentant a aussi abordé la question de la détention d’armes légères par les civils sans qu’elles soient recensées, ce qui pose problème.  Il a relevé le manque de volonté politique, au niveau international, pour suivre le Programme d’action sur le trafic illicite, ce dont les pays de l’OEAC s’inquiètent.


M. CHENG JINGYE (Chine) a expliqué que malgré l’échec de la Conférence d’examen sur les progrès réalisés dans son application, le Programme d’action des Nations Unies sur les ALPC restait tout à fait pertinent.  Ce qui a consacré la Conférence, a-t-il ajouté, c’est le fait que la volonté politique derrière les efforts déployés pour son application totale ne baisse pas. 


À cet égard, le représentant a souhaité que le Groupe d’experts chargé de réfléchir à un instrument sur le courtage des ALPC commence au plus vite ses travaux.  De même, il a salué l’initiative britannique visant à établir un traité contraignant sur le commerce des armes.  Toutefois, a précisé le représentant, la question de la régulation du commerce des armes est complexe.  Ce qui suppose qu’il convient de tenir compte dans l’élaboration éventuelle de mesures de contrôle des législations de défense nationale en vigueur pays par pays.  La recherche de telles mesures doit s’effectuer sur la recherche du consensus. 


En ce qui concerne le Registre des armes classiques, le représentant a indiqué que la Chine salue les progrès accomplis par le Groupe d’experts pertinent, qui, a-t-il dit, tient compte dans la formulation de ses recommandations des résolutions de l’ONU.  Le représentant s’est notamment félicité des efforts entrepris par le Groupe pour faciliter la flexibilité et l’élargissement du Registre à d’autres types d’armes conventionnelles. 


Sur le plan des mines antipersonnel, le représentant a souhaité que soient surmontées les difficultés financières en vue de renforcer le volet humanitaire des opérations de déminage.  Il s’est également félicité de l’entrée en vigueur récente du Protocole relatif aux restes explosifs de guerre.


M. DON MCKAY (Nouvelle-Zélande) a dit que son pays soutient l’instauration d’un instrument contraignant concernant les armes et les munitions à fragmentation touchant principalement des civils.  La Nouvelle-Zélande met aussi en garde contre le risque d’une prolifération accrue de ce type d’armes, a dit son représentant.  Il a ensuite défendu l’universalisation de la Convention d’Ottawa.  Concernant les ALPC, il a appuyé le projet de traité sur le commerce des armes et a salué la résolution de la Grande-Bretagne allant dans ce sens.  Il a enfin défendu la proposition du Canada d’organiser une conférence mondiale à Genève en 2007 à ce sujet.


M. KANDIE (Kenya) a exhorté tous les États à adhérer à la Convention d’Ottawa sur l’interdiction des mines antipersonnel.  Cent cinquante cinq États sont déjà parties à cet instrument fondamental, dont l’application a déjà donné des résultats concrets remarquables.  Toutefois, a ajouté le représentant, il convient de renforcer le volet humanitaire des opérations de déminage, ce qui suppose davantage de ressources financières et de capacités, en particulier dans le domaine de la formation technique.


Le représentant a, par ailleurs, expliqué que l’universalisation de la Convention supposait une coopération accrue entre États, de sorte que l’appui apporté aux pays en développement leur permette de se joindre à l’action collective contre ces armes qu’il a qualifiées de « barbares ».  Dans deux ans, a-t-il ajouté, les premiers délais impartis à la destruction des stocks collectés seront atteints, ce qui nécessitera bientôt de répondre aux demandes de délais supplémentaires.  Cette réflexion ne doit pas laisser de côté les principes humanitaires qui sont à la base de la Convention d’Ottawa.  Tout doit continuer d’être fait pour mettre fin aux souffrances insensées causées par ces armes.


M. FILIPE CHIDUMO (Mozambique) a estimé que l’un des principaux défis que le monde devait relever était l’élimination du trafic illicite des armes légères et de petit calibre (ALPC).  Il a ajouté que la persistance de la circulation et de l’usage abusif de ces arsenaux faisaient peser une menace sur la paix, la sécurité et le développement dans de nombreux pays, en Afrique notamment.  Déplorant l’échec de la Conférence d’examen sur la mise en œuvre du Programme d’action des Nations Unies, le représentant a tenu a réitérer la pertinence dudit Programme – « élément clef en vue de la prévention et de la résolution des conflits armés », a-t-il dit.  Selon le représentant, le Programme doit jouer un rôle dans la promotion de la sécurité et de la stabilité durables afin de créer un environnement favorable à l’essor économique et social des États, en particulier en Afrique.   


M. Chidumo a précisé qu’au niveau national, la collecte et la destruction d’armes à feu avaient commencé dès 1992.  En 1995, a-t-il ajouté, des opérations ont été menées pour débusquer et éliminer les caches d’armes, ce qui a permis d’aboutir à la destruction, à ce jour, de 30 000 armes à feu de différents types et de plus d’un million de munitions et matériels connexes.  Le représentant continue d’encourager toutes les initiatives entreprises par la société civile, celles notamment visant la promotion et la consolidation d’une culture de la paix et de la non-violence.


M. CHOI HONG-GHI (République de Corée) a déclaré que la communauté internationale avait fait un pas en avant en prenant en compte plus sérieusement les problèmes des armes classiques, et en particulier les ALPC.  Dans ce domaine, le Programme d’action sur les ALPC, suivi par l’accord sur un instrument international permettant le marquage et le traçage des armes, peuvent être considérés comme des résultats substantiels, a dit le représentant. 


Concernant le Programme d’action, le représentant a défendu la mise en place d’un mécanisme de suivi en soulignant qu’une réunion biennale serait la bienvenue.  Il a dit que son pays allait apporter son soutien à une résolution allant dans ce sens.  Mais davantage pourrait être fait dans ce domaine, a-t-il dit.  La République de Corée soutient, a dit le représentant, l’initiative pour la création d’un instrument international de contrôle sur le transfert des armes, car le transfert légal d’armes sert parfois de couverture à des transactions illégales, en particulier dans le domaine des ALPC.  Un système transparent de contrôle du transfert international des armes serait un pas en avant.  Un groupe d’experts gouvernementaux pourrait se pencher sur ce dossier, a-t-il préconisé.  Dans un registre plus large, il a souligné la qualité du Registre des armes classiques et le fait que de plus en plus d’États y participent.


M. ALEXEI TULBURE (Fédération de Russie) a dit que les problèmes des armes classiques se développaient dans les régions les plus pauvres.  Le trafic illicite est au cœur de ce problème.  Pour son pays, a-t-il dit, le Registre des armes classiques de l’ONU est un instrument important, mais il faudrait y intégrer les MANPADS.  Concernant le traité pour le commerce des armes, qui doit avoir une portée universelle, la tactique pragmatique des petits pas est une bonne tactique, a-t-il estimé.  Revenant aux ALPC, il a dit que la Conférence d’examen du Programme d’action n’avait pas été vaine.  Pour lui, plusieurs mesures concrètes s’imposent pour empêcher que les ALPC tombent dans des circuits parallèles comme le marquage.


Préoccupé par la prolifération des MANPADS, qui représentent un important danger pour l’aviation civile, il a indiqué que son pays travaillait avec ses partenaires de la Communauté d’États indépendants (CEI) pour empêcher qu’ils alimentent les marchés noirs dans les régions en crise.  Le traité sur le commerce des armes serait une bonne chose pour traiter cette question, a-t-il poursuivi, et le travail de l’ONU doit permettre de mettre de l’ordre pour éviter le détournement de ces armes.


Concernant les missiles balistiques, le représentant est d’avis que le Code de conduite de La Haye doit devenir multilatéral pour que les États le respectent.  Enfin, même si la Fédération de Russie n’a pas signé la Convention d’Ottawa, elle a soutenu l’idée d’un monde sans mines, et a rappelé qu’elle a éliminé six millions de mines antipersonnel.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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