AG/DSI/3321

PREMIÈRE COMMISSION: ÉCHANGE SUR LE DANGER NUCLÉAIRE ET LE TERRORISME ENTRE DES ACTEURS DE LA CRISE AU MOYEN-ORIENT

5/10/06
Assemblée généraleAG/DSI/3321
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission

5e séance – matin


PREMIÈRE COMMISSION: ÉCHANGE SUR LE DANGER NUCLÉAIRE ET LE TERRORISME

ENTRE DES ACTEURS DE LA CRISE AU MOYEN-ORIENT


Les États-Unis plaident pour une attention accrue à la non-prolifération nucléaire


« Les deux priorités d’Israël en matière de sécurité sont la lutte contre le terrorisme sous tous ses aspects et la non-prolifération des armes de destruction massive (ADM) ».  C’est par ces mots que la délégation israélienne a lancé, ce matin, la quatrième séance du débat général sur tous Les points de l’ordre du jour de la Première Commission.  Qualifiant le Hezbollah d’« organisation terroriste » ayant pour objectif de déstabiliser la région en acquérant - auprès d’États qui soutiennent les terroristes - des systèmes de défense antiaériens (MANPADS) et des missiles sophistiqués, Mme Miriam Ziv a lancé un appel à la communauté internationale pour trouver des réponses à ces menaces. 


« Au lieu de limiter le droit des victimes à la seule autodéfense, il conviendrait de consentir des efforts spéciaux pour empêcher efficacement les transferts d’armes vers les groupes terroristes », a-t-elle préconisé.  Abordant le volet nucléaire, Mme Ziv a condamné les agissements de l’Iran, qui, selon les rapports de l’AIEA, a-t-elle dit, « foule au pied les résolutions du Conseil de sécurité en poursuivant le développement de son programme nucléaire militaire ». 


Elle a également estimé que la République islamique d’Iran était à la fois une source de prolifération d’ADM et un soutien aux groupes terroristes - « d’abord et avant tout, le Hezbollah » - et elle a noté que, dans ce contexte, la Syrie était un allié de l’Iran.


Exerçant son droit de réponse, le représentant de ce dernier pays a fustigé ce qu’il a qualifié d’« allégations » de la part d’un régime pratiquant le terrorisme d’État.  Estimant que la politique nucléaire d’Israël - menée selon lui de manière clandestine avec la complicité des États-Unis - faisait peser depuis des décennies des menaces sur la sécurité au Moyen-Orient et dans le monde, il a demandé instamment que ce pays soit soumis à des pressions constantes pour le contraindre à éliminer « enfin » ses arsenaux nucléaires et l’ensemble des installations y relatives. 


Prenant à son tour la parole pour répondre à la délégation israélienne, le représentant de la République arabe syrienne a déclaré qu’il n’y avait qu’un seul danger au Moyen-Orient, « le danger nucléaire israélien ».  Rappelant qu’Israël avait à ce jour construit huit réacteurs nucléaires avec l’aide de grandes puissances, il a indiqué que sa puissance de feu allait bientôt dépasser celle de certaines puissances nucléaires.


Le thème du terrorisme a aussi été abordé par les États-Unis.  Leur représentante, Mme Christina B. Rocca, a ainsi fait valoir l’Initiative mondiale pour combattre le terrorisme nucléaire lancée le 15 juillet dernier par les Présidents Bush et Poutine.  Cette initiative permettra, entre autres, de détecter et d’éliminer le trafic illicite et de renforcer les législations nationales en vue de poursuivre les auteurs d’actes terroristes et leurs complices.


Mme Rocca a ensuite exprimé la préoccupation de son pays face aux dangers persistants que sont les agissements des autorités nord-coréenne et iranienne.  Dans les deux cas, a-t-elle dit, les États-Unis pratiquent une diplomatie multilatérale, en collaboration avec ses alliés.  Elle a souhaité qu’à l’avenir, la communauté internationale accorde une attention croissante à la non-prolifération et à la mise en œuvre des arrangements multinationaux, ce qui, à son avis finirait par conduire à un changement du paradigme d’action collectif en rapport avec le régime de non-prolifération nucléaire.


Abordant lui aussi les questions sensibles liées au dossier nucléaire, le représentant du Pakistan, Masood Khan, a expliqué que la sécurité et la paix en Asie du Sud était une priorité de son gouvernement.  « Depuis 2004, le Président Musharraf et le Premier Ministre indien Nanmohan Singh œuvrent à la paix en recherchant une solution mutuellement acceptable dans le règlement du conflit sur l’administration du Jammu-et-Cachemire », a-t-il dit.  


Il a prévenu que le Pakistan, dans l’attente d’un accord satisfaisant, continuerait de faire le nécessaire pour assurer sa propre défense.  La communauté internationale a tout intérêt à ce que la paix prévale dans la région, a ajouté M. Khan, enjoignant la communauté internationale à renoncer aux approches discriminatoires dans le domaine nucléaire, et cela pour permettre au Pakistan de mener à bien son programme d’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins de développement.  À cet égard, il a réitéré la confiance de son pays dans l’action de l’AIEA, puis il a souhaité que le Groupe des fournisseurs nucléaires (GFN) adopte prochainement des mesures offrant des chances égales d’accès aux technologies nucléaires civiles. 


Outre ceux déjà cités, les pays suivants ont pris le parole: Maroc, Bolivie, Burkina Faso, El Salvador, Myanmar, Trinité et Tobago, Liban, Soudan, Saint-Marin, Arabie saoudite, Jamaïque, Lesotho, Fidji et Saint-Siège.


La Commission poursuivra son débat général demain, vendredi 6 octobre, à 10 heures. 



DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE


Déclarations


Mme MIRIAM ZIV (Israël) a estimé que des objectifs à long terme, tels le désarmement nucléaire ou la recherche des causes profondes du terrorisme, peuvent contribuer à établir la paix et la sécurité régionales et internationales.  Elle a cependant ajouté qu’il était clair que l’identification des menaces actuelles était un préalable à la réalisation de ce but.


Mme Ziv a expliqué que pour son pays, les deux priorités en matière de sécurité étaient la lutte contre le terrorisme sous tous ses aspects et la non-prolifération des armes de destruction massive.  Elle a déclaré que le Hezbollah –« une organisation terroriste équipée d’un armement de pointe »- utilise les villages comme bases militaires et des habitations vides comme sites de lancement de leurs roquettes.  Cette organisation utilise également de la manière la plus cruelle les populations civiles libanaises comme boucliers humains.  Son objectif est de déstabiliser la région, notamment en continuant de s’armer en acquérant auprès d’États qui soutiennent les terroristes des systèmes de défense antiaériens (MANPADS) et des missiles plus sophistiqués.  Pour la représentante, la communauté internationale doit trouver des réponses à ces menaces, et ce, au lieu de limiter le droit des victimes à la seule autodéfense.  Mme Ziv a ainsi souhaité que des efforts spéciaux soient engagés en vue d’empêcher les transferts d’armes vers les groupes terroristes.  Elle a appelé à la mise en œuvre pleine et entière de la résolution 1701 du Conseil de sécurité.   


S’agissant de la prolifération des armes de destruction massive, la représentante a rappelé que depuis l’entrée en vigueur du TNP, quatre cas significatifs de non conformité avaient été clairement identifiés par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Trois d’entre eux concernaient des pays de la région du Moyen-Orient qui ne reconnaissent pas l’existence d’Israël.  Un de ces pays appelle régulièrement à la destruction de notre État.  La représentante a ajouté que l’Iran continuait, toujours selon les rapports de l’AIEA, à fouler au pied les résolutions du Conseil de sécurité en poursuivant le développement de son programme nucléaire militaire.  Elle a estimé que la République islamique d’Iran était une source de prolifération d’ADM et un soutien aux groupes terroristes, d’abord et avant tout, le Hezbollah.  Elle a noté que la Syrie était, dans ce contexte, un allié de l’Iran.


La politique porteuse de dangers de ce pays combine plusieurs menaces que seule une approche claire et consciente des réalités permettra de résoudre.  Enfin, Mme Ziv a appelé les pays à mettre en œuvre l’ensemble des résolutions et traités pertinents de désarmement qui, appliqués pleinement, aurait empêché que le conflit minant le Moyen-Orient ne perdure ainsi pendant plusieurs décennies. 


M. LOTFI BOUCHAARA (Maroc) a d’abord relevé les échecs dans l’ensemble des organes des Nations Unies en charge du désarmement et le scepticisme grandissant de la société civile, qui s’interroge sur la réelle volonté politique des États Membres dans ce domaine et dans celui de la non-prolifération.  Il a jugé essentiel que les États Membres définissent d’abord les priorités d’actions collectives ainsi qu’une vision commune du monde, afin de pouvoir ensuite moderniser les méthodes de travail et d’éviter des débats stériles sur des points de procédure.


Il a pris l’exemple concret du TNP.  Il est devenu usuel de décrier le TNP en mettant en exergue les insuffisances de ce Traité, a relevé le représentant du Maroc.  Pourtant le TNP a permis de juguler en grande partie la prolifération des armes nucléaires et de déterminer les paramètres fondamentaux de l’usage du nucléaire à des fins civiles. Le Traité a aussi fixé des obligations juridiques pour les puissances nucléaires en vue de la réalisation d’un désarmement général et complet, a rappelé le représentant.


Pour progresser sur la voie du désarmement, le représentant a préconisé de consolider les acquis.  Les grands traités ne doivent pas être décriés, mais renforcés, car le multilatéralisme est la voie idoine vers un désarmement général et complet.


Dans sa région, le Maroc, suit avec intérêt toutes les initiatives pouvant permettre de renforcer la sécurité dans la région méditerranéenne.  Celle-ci passe par l’édification d’un Maghreb uni dans le respect de la souveraineté et l’intégrité territoriale de ses États membres.  Cela passe aussi, au Moyen-Orient, par un règlement de la question palestinienne et la création d’un État palestinien avec pour capitale Al Qods Al Charif.  Il est essentiel pour garantir une paix durable dans la région, qu’Israël adhère au TNP et place les installations nucléaires sous les garanties de l’AIEA, a souligné le représentant.


Mme MARIA ALICIA TERRAZAS ONTIVEROS (Bolivie) s’est interrogée sur la volonté irrésistible, de certains États d’acquérir coûte que coûte des armes de destruction massive, et cela alors que la communauté internationale est consciente de leurs effets dévastateurs.  À ses yeux, seul l’emploi à des fins pacifiques de l’énergie nucléaire et l’adhésion universelle aux traités pertinents en matière de non-prolifération permettront d’inverser cette tendance.


Signalant que l’action mondiale est la seule manière de faire face aux nouveaux défis, la représentante a insisté sur la nécessité d’une communauté internationale plus soudée et respectueuse des accords multilatéraux pour redonner confiance aux peuples de la planète.


Elle s’est félicitée du nombre croissant de signataires du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN).  La représentante a par ailleurs salué la création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale.  En tant qu’État signataire du Traité de Tlatelolco, nous reconnaissons le rôle important de ces zones dans le domaine de la paix régionale et du développement économique et social des pays les plus défavorisés, a-t-elle souligné.  S’agissant du trafic des armes légères, elle a plaidé pour un partage accru des expériences entre les pays du MERCOSUR et pour la promotion d’une culture de la paix par l’amélioration des moyens d’éducation dans les régions les plus touchées par ce fléau.


Mme CHRISTINA B. ROCCA (États-Unis) a déclaré qu’après bien des années d’inaction, le Conseil de sécurité avait finalement commencé à prendre au sérieux les menaces que font peser sur la paix et la sécurité les programmes nucléaires de l’Iran et de la Corée du Nord.  De même, a-t-elle ajouté, après près d’une décennie de débats procéduriers, la Conférence du désarmement s’est consacrée cette année à des travaux substantiels qui redore son blason de principale instance multilatérale de négociation d’accords de contrôle des armes, de non-prolifération et de désarmement.  La représentante a ainsi estimé que les négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles à des fins militaires étaient particulièrement importantes, car le monde fait face aujourd’hui au plus grand défi sécuritaire de son histoire avec la prolifération des armes de destruction massive (ADM), a-t-elle lancé.


Mme Rocca a précisé que son pays a consacré chaque année plus d’un milliard de dollars pour réduire le risque de prolifération des ADM.  Elle a également évoqué le Sommet de Bratislava qui, en 2005, a abouti à un accord entre les Présidents Bush et Poutine visant à compléter la sécurisation des matériaux nucléaires vulnérables et l’élimination des surplus de matière utilisable dans les armes nucléaires. 


S’agissant de la lutte antiterroriste, la représentante a indiqué que les Présidents russe et américain avaient également, le 15 juillet dernier, lancé l’Initiative mondiale pour combattre le terrorisme nucléaire qui permettra entre autres, de détecter et d’éliminer le trafic illicite et de renforcer les législations nationales en vue de poursuivre les auteurs d’actes terroristes et leurs complices. 


Mme Rocca a ensuite exprimé la préoccupation de son pays face aux dangers persistants que sont les agissements des autorités nord-coréenne et iranienne.  Dans les deux cas, les États-Unis pratiquent une diplomatie multilatérale, en collaboration avec ses alliés.  Toutefois, la représentante a souhaité qu’à l’avenir la communauté internationale puisse s’appuyer sur un paradigme d’action collectif spécifique en rapport avec le régime de non-prolifération nucléaire.  Elle a dit que son pays était particulièrement inquiet en ce qui concerne l’annonce d’un futur essai nucléaire par la République populaire démocratique de Corée.  Nous travaillerons aux côtés du Japon, de la Corée du Sud et des autres pays impliqués dans les pourparlers pour parvenir à la dénucléarisation de la péninsule coréenne et garantir la paix et la sécurité des pays de la région.  Nous nous tenons résolument aux côtés de nos alliés dans la région et réaffirmerons notre engagement à l’égard de leur sécurité.


À propos de l’Iran, Mme Rocca a indiqué que si Téhéran faisait le choix de poursuivre son programme d’enrichissement d’uranium, et ce au mépris des résolutions et accords pertinents, ce pays prendrait seul le risque de l’isolement international et s’exposerait à des sanctions.  Le choix positif pour l’Iran est de respecter les obligations de la résolution 1696 du Conseil de sécurité, qui demande l’arrêt de son programme d’enrichissement d’uranium sous le contrôle de l’AIEA.  Elle a ajouté que ce texte, en cas de non-prolifération ouvre clairement la voie pour l’adoption d’une résolution imposant des sanctions au titre du Chapitre VII.  


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a rappelé que les dépenses militaires ont été évaluées en 2005 à 1,12 trillion de dollars en 2005, ceci alors que plus de 10 millions d’enfants meurent chaque année avant l’âge de cinq ans.  Près de 800 millions de personnes souffrent de sous-alimentation et plus de 25 millions de personnes sont mortes du Sida depuis 25 ans.  De tels chiffres, a-t-il dit, devraient interpeller nos consciences.


De l’avis du représentant, dans les domaines du désarmement, de la non-prolifération des armes nucléaires et de la sécurité internationale, les derniers développements sont de sérieux motifs d’inquiétude.  Un sursaut est impérieux et urgent, a-t-il souligné.  Il doit être assis sur le socle d’un multilatéralisme renforcé et d’une primauté du droit acceptés par tous.  C’est pourquoi, à ses yeux, une entrée en vigueur rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires est devenue vitale.


Les armes nucléaires et de destruction massive ne doivent pas occulter le dossier des armes légères, a encore affirmé le représentant.  Ces armes sont la plaie de nombreuses régions du monde, nourrissant les conflits, la criminalité transnationale organisée et les trafics illicites en tout genre.  À ce titre, le représentant du Burkina Faso a salué la transformation en Convention du moratoire sur les armes légères de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest.  Ce texte va permettre de renforcer la base juridique de l’action des pays de la sous-région dans ce domaine.   


M. CÉSAR E. MARTINEZ FLORES (El Salvador) a affirmé être particulièrement préoccupé par le blocage dans le dossier des armes légères.  Il a salué aussi la mise en place de la Commission de consolidation de la paix, dont les travaux sont étroitement liés à ceux du désarmement.  Le délégué a relevé que son pays est aussi concerné par le travail effectué dans le secteur des mines antipersonnel.


Au chapitre du TNP, le représentant d’El Salvador a considéré que la non-prolifération et le désarmement sont deux processus devant aller de pair.  En tant que membre de la Commission de consolidation de la paix, il a souligné l’importance des processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration des ex-combattants dans les opérations de maintien de la paix et s’est félicité que cette question, à l’initiative de l’Union européenne, ait été intégrée aux travaux du nouvel organe.  Pour conclure, M. Flores a fait part de son inquiétude devant l’annonce faite par la République populaire démocratique de Corée (Nord) de son intention de procéder à un test nucléaire.


M. MASOOD KHAN (Pakistan) a préconisé la tenue d’une conférence spéciale en vue de convenir d’un nouveau consensus pour répondre à la montée des défis dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération.  Une telle conférence, a-t-il ajouté, aiderait à promouvoir le désarmement nucléaire sous contrôle international.  Ce nouveau consensus devrait permettre également de mettre fin à la politique de deux poids deux mesures qui caractérise les accords de non-prolifération actuels.  Il devrait ainsi contribuer à revitaliser l’engagement de tous les États à achever le désarmement nucléaire, en normalisant notamment les relations entre le TNP et les trois États nucléaires qui n’y sont pas parties.  Le représentant a en outre plaidé pour une utilisation pacifique non-discriminatoire de l’énergie nucléaire.


Il a appuyé la tenue de négociations sur la finalisation d’un traité sur l’interdiction de la production des matières fissiles à des fins militaires et souligné l’importance d’assurer la prévention d’une course aux armements dans l’espace.  M. Khan a poursuivi en qualifiant de succès pour le multilatéralisme, le régime d’interdiction des armes chimiques que supervise l’Organisation pour l'interdiction de ces armes.  Il a cependant estimé que pour renforcer la crédibilité de ce régime il fallait accélérer le rythme de destruction des armes, et cela en tenant compte du respect de l’environnement. 


M. Khan a expliqué que la sécurité et la paix en Asie du Sud étaient une priorité de son gouvernement.  Rappelant que, depuis 2004, le Président Musharraf et le Premier Ministre indien Nanmohan Singh œuvraient à la paix en recherchant une solution mutuellement acceptable dans le règlement du conflit sur l’administration du Jammu-et-Cachemire, il a prévenu que le Pakistan continuera de faire le nécessaire pour assurer sa propre défense.  La communauté internationale a tout intérêt à ce que la paix prévale dans la région, a ajouté le représentant.  C’est pourquoi, il convient de renoncer aux approches discriminatoires dans le domaine nucléaire, de sorte que le Pakistan puisse bénéficier de la liberté requise pour mener à bien son programme d’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins de développement.  Il a réitéré à ce propos la confiance de son pays dans l’action de l’AIEA et il a souhaité que le Groupe des fournisseurs nucléaires adopte prochainement des mesures offrant des chances égales d’accès aux technologies nucléaires civiles.     


M. THAUNG TUN (Myanmar) a déclaré que sa délégation, qui soutient l’élimination totale des armes nucléaires, est très préoccupée par l’échec de la Conférence d’examen du TNP en 2005.  L’élimination totale des armes nucléaires est la seule garantie absolue dans ce domaine, selon lui.  Le représentant a rappelé que sa délégation déposé un projet de résolution d’ensemble demandant aux puissances nucléaires de réduire étape par étape le danger nucléaire, précisant que toutes les mesures devaient être irréversibles, transparentes et vérifiables.  Il a préconisé, en attendant l’élimination totale des arsenaux nucléaires, la poursuite des efforts en vue de la conclusion d’un instrument juridique contraignant sur les garanties de sécurité aux États non nucléaires


Le représentant a considéré que la création de zones exemptes d’armes nucléaires est une bonne option en vue du désarmement et de la non-prolifération.  Nous vivons dans une telle zone depuis 1995, a-t-il déclaré.  La course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique est un autre sujet de préoccupation, a-t-il poursuivi, estimant que la Conférence du désarmement est l’enceinte adéquate pour faire progresser ce dossier.  


M. PHILLIP SEALY (Trinité-et-Tobago) au nom de la CARICOM, a souhaité que la mer des Caraïbes puisse bénéficier rapidement d’un régime de désarmement et de sécurisation.  Il a noté les transferts hasardeux, les risques d’accident ou, pire, d’attaques terroristes dans le cas de navires transportant des matériaux dangereux, qui, ensemble, font peser une menace très grave sur l’environnement économique et social des pays des Caraïbes.  Le représentant a déploré l’absence de mécanismes compensatoires en cas de catastrophes, appelant l’AIEA à se pencher sur cette question.  Au plan des armes légères et de petit calibre (ALPC), il a exprimé la déception des États de la CARICOM suite à l’échec de la Conférence chargée d’évaluer le progrès dans l’exécution du Programme d’action concernant le commerce illicite des ALPC.  De même, il a estimé qu’il était urgent que des mesures de contrôle drastiques des transferts légaux des ALPC soient mises sur pied.


M. Sealy a conclu son intervention en disant que des progrès significatifs étaient requis en vue de parvenir au désarmement nucléaire complet, à la réduction des risques de prolifération d’armes de destruction massive (ADM) et à l’arrêt du commerce illicite des ALPC.  Ces fléaux constituent les causes potentielles contemporaines de destruction massive; leur élimination est donc essentielle à nos yeux pour permettre aux peuples du monde de poursuivre leur développement dans la paix et la sécurité.


Mme REINA CHARBEL (Liban) a relevé qu’à la menace du terrorisme viennent s’ajouter les signes d’une nouvelle course aux armements.  Parallèlement, les efforts de désarmement n’ont pas obtenu de bons résultats.  Plusieurs grandes conférences ont connu des échecs, comme celles consacrées au TNP ou aux armes légères.  Mais l’absence de progrès dans le domaine du désarmement ne doit pas décourager cette Commission qui doit au contraire continuer à renforcer ses travaux.


Le Liban préconise que les questions de désarmement continuent d’être posées dans un contexte multilatéral.  Le Liban appuie la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, a dit la représentante, affirmant qu’Israël est le principal obstacle, étant le seul pays de la région à disposer de l’arme nucléaire.


La représentante s’est aussi arrêtée sur le dossier des armes légères qu’elle juge très important.  Elle a prôné un contrôle à l’importation et à l’exportation, qui selon elle, constituerait déjà un premier pas.  Après le retrait de l’armée israélienne, le Liban ne dispose pas encore de cartes sur l’emplacement des mines qui ont été posées, a indiqué la représentante.


M. ABDHUL HAHMOUD (Soudan) a déclaré que le seul moyen d’instaurer la paix est de renforcer le multilatéralisme et cela pour mieux faire face aux dangers de prolifération des ADM et corriger le déséquilibre des forces entre les États dotés de l’arme nucléaire et ceux qui n’en ont pas.


Le représentant a noté qu’en dépit des efforts de réduction des arsenaux, de grands États poursuivaient le développement de nouvelles technologies militaires prenant part, ce faisant, à une compétition entreprise au prétexte fallacieux de la dissuasion.  Il a demandé à ces pays de respecter les protocoles en vigueur qui interdisent ces pratiques.  Il a également appelé ces mêmes États à réduire leurs budgets et capacités militaires en reversant les ressources ainsi épargnées à l’effort de réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.


Le représentant a, par ailleurs, estimé que les zones exemptes d’armes nucléaires étaient le moyen le plus rapide pour œuvrer concrètement à la paix et à la sécurité régionales.  Le Moyen-Orient doit être déclaré zone dénucléarisée et, pour ce faire, il faut contraindre Israël à soumettre sans délai ses installations nucléaires au régime de contrôle de l’AIEA.


Enfin, le représentant a expliqué que la circulation des petites armes au Soudan alimentait l’insécurité.  La possession de ces armes est culturellement encouragée dans certains groupes de la population.  Nos voisins et la communauté internationale doivent nous aider à exercer un contrôle plus strict de la circulation des ALPC, en nous aidant à démanteler les réseaux existants sur notre territoire et en imposant des mesures de contrôle plus fortes des exportations dans les pays producteurs.


M. DANIELE D. BODINI (Saint-Marin) a dit que la première ligne de défense pour un petit pays comme le sien sont les Nations Unies et la Première commission.  Pour faire face au défi des armes de destruction massive pour ne citer qu’un exemple, a-t-il dit, il est urgent de revitaliser les travaux de la Première Commission et de trouver des mesures pratiques permettant d’assurer la sécurité globale.  Il a exhorté les pays qui ne l’ont pas encore fait à adhérer au Traité d’interdiction des essais nucléaires (TICEN).


M. EHAB M. Al-NAJJAR (Arabie saoudite) a constaté que peu de succès ont été enregistrés en matière de désarmement, concernant les armes de destruction massive notamment.  Les échecs s’expliquent principalement par la politique de deux poids deux mesures, appliquée dans ce domaine.  Mais ces échecs ne devraient pas nous décourager, a estimé le représentant de l’Arabie saoudite, mais nous encourager à plus de travail pour parvenir à la destruction de toutes les armes de destruction massive.  Notre pays s’est engagé dans la lutte contre les armes chimiques et biologiques en signant les traités pertinents, a dit M. Al-Najjar.  Il en a fait de même pour les petites armes.


L’Arabie saoudite a dit qu’Israël était le seul pays au Moyen-Orient à posséder l’arme nucléaire et à n’avoir pas adhéré au TNP.  Cela empêche de faire du Moyen-Orient une zone exempte d’armes nucléaires.  Au sujet du programme de l’Iran, le représentant a fait remarquer que ce pays a toujours annoncé vouloir faire un usage civil de l’atome.


Mme VILMA MCNISH (Jamaïque) a déclaré que son pays était convaincu que l’élimination conjointe des armes nucléaires et des autres armes de destruction massive était, in fine, le seul moyen de parvenir à une paix internationale durable.  Nous n’établissons aucune distinction entre désarmement nucléaire et non-prolifération, a-t-elle précisé.  Dans ce cadre, a ajouté la représentante, nous exhortons les puissances nucléaires à respecter leurs obligations et engagements au titre de l’Article 6 du TNP sur l’élimination des arsenaux et, à garantir aux autres États parties à ce Traité leur droit à une utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. 


La représentante a par ailleurs indiqué que son pays ne fabriquait aucun type d’armes.  Toutefois, l’importante circulation illégale d’ALPC et de leurs munitions a pour conséquence un taux de violence urbaine particulièrement élevé sur l’île.  À ce titre, la représentante a déploré l’échec de la conférence qui a évalué l’exécution du Programme d’action sur l’élimination du commerce illicite des ALPC.  Estimant que davantage devait être fait dans le domaine du contrôle de ces armes, elle a estimé qu’une juridiction renforcée aux plans national et international faciliterait le traçage des armes acquises illégalement.  


M. LEBOHANG FINE MAEMA (Lesotho) au nom des pays de la Communauté pour le développement de l’Afrique centrale (SADC), s’est concentré sur les armes légères et a fait valoir la création de centres régionaux et subrégionaux sur le continent, permettant la coordination de l’action et la destruction des armes.  À ses yeux, la Conférence chargée de l’évaluation du Programme d’action relatif au commerce illicite des armes légères ne peut être qualifiée d’échec.  Abordant la question des mines, rappelant que l’Afrique était le continent où se trouvaient le plus grand nombre de mines, il a noté que le déminage est un travail très coûteux et très long.  Il a souligné que la SADC déployait tous les efforts pour l’application du Traité d’interdiction des mines antipersonnel.


Plus globalement, le représentant a regretté l’impasse dans laquelle se trouve le processus de désarmement.  Des efforts authentiques doivent être faits pour permettre l’application du TNP, a-t-il dit.  Le représentant a loué le Brésil pour les préparatifs entrepris en vue de la prochaine conférence des parties au Traité.  Enfin, il a relevé le lien très fort entre développement et désarmement et a exprimé l’espoir de parvenir à une approche commune en la matière.


M. SAINIVALATI S. NAVOTI (Fidji) a estimé que les ravages causés par les armes légères et de petit calibre (ALPC) en faisaient, au quotidien, de véritables armes de destruction massive.  C’est en ce sens que le représentant s’est déclaré très préoccupé par la persistance de leur circulation à grande échelle, et ce, dans de nombreuses régions du monde, y compris le Pacifique.  Réagissant à l’échec de la Conférence d’examen sur l’application du Programme d’action contre le commerce illégal des ALPC, il a toutefois demandé aux États Membres de s’en tenir au catalogue de mesures établies collectivement lors de ladite Conférence.  Ces mesures visant au renforcement du contrôle de la circulation et des transferts d’armes légères doivent bénéficier, pour leur application, d’une coopération pus grande entre les pays concernés.  


Mgr CELESTINO MIGLIORE (Saint-Siège) a relevé que malgré l’existence de stocks d’armes impressionnants et les dépenses de montants sans précédent consacrés à l’armement, une autre voix se faisait entendre: celle d’une partie de l’humanité qui considère que la guerre n’est jamais la bonne réponse.


Au chapitre des éléments positifs du champ plus large de la sécurité, l’intervenant a relevé que le nombre de conflits interétatiques a diminué.  Des opérations de maintien de la paix empêchent que des conflits ne s’embrasent à nouveau.  La Commission de consolidation de la paix, qui vient d’être créée, pourra permettre aux États de se reconstruire après un conflit et d’éviter qu’ils ne retombent dans la violence, a-t-il encore souligné.


Le représentant en a appelé à un dialogue constructif et à la fin des débats stériles.  Si le coût humain de la prolifération des petites armes était mieux souligné, peut-être serait-il possible de parvenir à un traité sur le commerce de ce type d’arme, traité dont on a grand besoin.  Il a conclu en rappelant que tandis que les différentes législations en vigueur dans les pays continuent d’être contournées par des revendeurs peu scrupuleux, le commerce des petites armes, qui a atteint annuellement quatre milliards de dollars n’est toujours pas réglementé au niveau mondial. 


Droit de réponse


Le représentant de la République islamique d’Iran a répondu à la déclaration d’Israël en fustigeant les « allégations » tenues à son propos par ce pays.  


Ces propos sont sans fondement et ils émanent d’un régime pratiquant sans vergogne le terrorisme d’État, a-t-il dit.  Ce pays viole les normes du droit international et des dizaines de résolutions des Nations Unies - témoignage de son irresponsabilité et son illégitimité.  Sa politique sur le plan nucléaire, laquelle, menée de manière clandestine avec la complicité des États-Unis, fait peser depuis des décennies des menaces sur la sécurité au Moyen-Orient et dans le reste du monde. 


Le représentant iranien a demandé que le régime israélien soit désormais soumis à des pressions constantes pour le contraindre à éliminer  « enfin » ses arsenaux nucléaires et l’ensemble des installations y relatives.  Il a déploré le fait qu’une zone exempte d’armes nucléaires ne puisse être établie au Moyen-Orient, « simplement parce que Israël refuse d’adhérer au TNP ».


Le représentant de la République arabe syrienne a affirmé qu’il y a un seul danger au Moyen-Orient, le danger nucléaire israélien.  Israël a construit huit réacteurs nucléaires avec l’aide de grandes puissances, a-t-il affirmé.  À ses yeux, ce pays menace la sécurité de toute la région.  Sa puissance nucléaire va bientôt dépasser celle des pays dotés de l’arme nucléaire comme la France et la Grande-Bretagne.  Israël utilise aussi l’espace, a dit le représentant, qui a insisté sur le non-respect des résolutions de l’AIEA et du Conseil de sécurité par Israël. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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