LES DÉLÉGATIONS DE LA PREMIÈRE COMMISSION SOULIGNENT L’EFFICACITÉ DES ZONES EXEMPTES D’ARMES NUCLÉAIRES POUR LA PAIX ET LA SÉCURITÉ AU NIVEAU RÉGIONAL
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Première Commission
3e séance – matin
LES DÉLÉGATIONS DE LA PREMIÈRE COMMISSION SOULIGNENT L’EFFICACITÉ DES ZONES EXEMPTES D’ARMES NUCLÉAIRES POUR LA PAIX ET LA SÉCURITÉ AU NIVEAU RÉGIONAL
Plusieurs délégations appellent la communauté internationale
à affermir la lutte contre la prolifération des petites armes
Au deuxième jour de son débat général, la Première Commission a entendu ce matin la plupart des délégations s’exprimer, comme hier, sur les mesures relatives à la réduction du danger nucléaire. L’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires, notamment, a été salué comme un moyen efficace de maintien de la paix et de la stabilité à l’échelle régionale.
Compte tenu de sa propre expérience en la matière, la Mongolie a ainsi indiqué que ces zones constituaient un élément fondamental de non-prolifération des armes de destruction massive et un outil important de renforcement de la confiance entre les États. C’est pourquoi, a déclaré le représentant de ce pays, « la Mongolie salue la signature d’un Traité relatif à l’établissement d’une zone de ce type en Asie centrale, et cela par cinq États de la région le 8 septembre 2006, à Semipalatinks ».
De nombreux pays arabes sont montés au créneau pour réclamer, comme au cours des sessions précédentes, la création d’une telle zone au Moyen-Orient. Tout en demandant que soit respecté le droit inaliénable des pays à développer des programmes nucléaires à des fins pacifiques sous l’égide de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), la Jamahiriya arabe libyenne a estimé qu’un Moyen-Orient dénucléarisé contribuerait sans nul doute à restaurer la sécurité dans la région et, au-delà, à faire du monde un lieu plus pacifique. Il a déploré le fait qu’Israël poursuive l’acquisition et le développement d’armes de destruction massive, et cela « sans en rendre compte à quiconque ». C’est encore en ce sens qu’il a souhaité que ce pays soumette au plus vite ses installations nucléaires au régime de surveillance de l’AIEA.
L’Iraq s’est rallié à cette position en jugeant que l’instauration d’une telle zone au Moyen-Orient aurait pour effet de renforcer le régime de non-prolifération dans son ensemble. À cette fin, a-t-il dit, « il faut que tous les pays concernés adhérent sans délai au Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et au régime de sauvegardes de l’AIEA ». « L’ONU, la Ligue arabe et l’AIEA sont dans un tel contexte les médiateurs incontournables sans l’action desquels rien n’est possible », a ajouté l’Iraq. Les Émirats arabes unis ont, eux, demandé vigoureusement aux États concernés de respecter la résolution les enjoignant à suspendre toute assistance scientifique, technologique et financière à l’Israël, « compte tenu du risque que font peser ces activités sur le processus de paix au Moyen-Orient ».
La lutte contre la prolifération des armes légères a constitué l’autre volet de choix des débats. Faisant part de leur déception suite à l’échec de la récente Conférence chargée d’examiner les progrès accomplis dans l’exécution du Programme d’action visant à prévenir, combattre et éliminer le commerce de ces armes sous tous ses aspects, plusieurs délégations ont souhaité que la communauté internationale ne baisse pas la garde. Intervenant au nom du Groupe africain, le Nigéria a expliqué que l’application du Programme demeurait un élément clef de promotion de la sécurité et le développement durable, en particulier en Afrique.
De son côté, le représentant des Philippines a estimé que pour relancer cette action il était nécessaire de veiller au renforcement de la coopération internationale, à la promotion du dialogue et d’une culture de la paix, et à l’accroissement du rôle de la société civile. Sur ce dernier point, il a mis l’accent sur les apports décisifs, sur le terrain, des communautés religieuses œuvrant ensemble à l’application du Programme d’action.
Le représentant du Kenya a, quant à lui, noté qu’il manquait toujours de normes internationales de régulation de la circulation des ALPC. Il est temps, a-t-il déclaré en substance, de transposer certains succès régionaux au niveau international et d’établir des directives applicables à cette échelle. Le Kenya a encore fait savoir que sa délégation, avec d’autres pays, présenterait un projet de résolution sur un instrument juridique visant à encadrer plus drastiquement la circulation d’armes classiques. « Le but ultime est de juguler le trafic illégal pour prévenir les conflits, le crime et le terrorisme », a dit le représentant.
Outre ceux déjà cités, les pays suivants ont pris la parole: Indonésie, Colombie, Australie, Koweït, Érythrée, Sénégal et Islande.
La Première Commission poursuivra son débat général demain, mercredi 4 octobre, à 10 heures.
DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE
Déclarations
M. BATAAR CHOISUREN (Mongolie) a déclaré que la violence et les attaques terroristes continuaient de ravager chaque jour des vies humaines, aggravant de surcroit la pauvreté des populations victimes de ces fléaux. Il a estimé que le conflit récent au Liban était le symbole de la vulnérabilité à laquelle la paix et la sécurité humaines restent exposées. Le représentant a ajouté que la prolifération des armes de destruction massive (ADM) entretenait la menace que ces arsenaux ne tombent entre les mains de groupes non étatiques.
L’inquiétude prévaut parmi les États Membres, a-t-il ajouté, notamment en ce qui concerne la situation actuelle au plan de l’action multilatérale dans le domaine du désarmement et de la sécurité internationale. Le représentant a jugé que pour sortir de l’impasse, la communauté internationale devait réaffirmer sa volonté politique et sa détermination à renforcer le régime de non-prolifération.
Évoquant la situation dans son pays, M. Choisuren a expliqué que, compte tenu de sa propre expérience en la matière, la Mongolie appuyait le projet d’établissement d’un monde exempt d’armes nucléaires. C’est en ce sens qu’il a appelé tous les États qui ne l’ont pas encore fait, à accéder aux traités et conventions en vigueur, en particulier le Traité de non-prolifération (TNP). Le représentant a, en outre, réitéré l’importance que son pays attache à l’entrée en vigueur rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) et la conclusion d’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires.
M. Choisuren a également dit qu’en tant qu’État dénucléarisé, la Mongolie soutenait pleinement l’objectif de dénucléarisation de la République populaire démocratique de Corée. Nous attachons une importance capitale à la résolution de la crise coréenne par des moyens pacifiques, a-t-il dit. Il a finalement indiqué que les zones exemptes d’armes nucléaires constituaient un élément fondamental de non-prolifération des armes de destruction massive à l’échelle mondiale et un outil important de renforcement de la confiance au niveau régional. C’est pourquoi, la Mongolie salue la signature d’un Traité relatif à l’établissement d’une zone de ce type en Asie centrale, et cela par cinq États de la région le 8 septembre 2006, à Semipalatinks.
Mme ADIYATWIDI ADIWOSO (Indonésie) a fait observer que la politique multilatérale visant au désarmement et à la non-prolifération a perdu du terrain ces dernières années. Certains pays sont désormais sceptiques quant à l’efficacité des outils multilatéraux tandis que d’autres ne veulent pas que l’on remette en question leur supériorité armée. C’est pourquoi, selon Mme Adiwoso, le rôle de la Première Commission en est d’autant plus important.
La communauté internationale est gravement préoccupée par le risque que présente la prolifération d’armes de destruction massive, en particulier de l’arme nucléaire, mais il ne faut pas oublier qu’il existe déjà des milliers d’armes nucléaires et que d’autres armes de ce type, encore plus destructrices, sont en train d’être conçues. Pour l’Indonésie, le risque que l’arme nucléaire tombe dans les mains de terroristes ou d’États parias est réel, mais ces armes sont tout aussi dangereuses dans les arsenaux des pays reconnus comme dotés de l’arme nucléaire. L’Indonésie préconise l’élimination totale des stocks d’armes nucléaires, menée de façon progressive et systématique.
L’élimination de ces armes n’est pas hors de portée, a souligné l’Indonésie qui a déploré que les États nucléaires ne prennent pas plus au sérieux leur engagement à l’égard du désarmement nucléaire. Le prochain cycle d’examen du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP), prévu à Vienne, donnera une nouvelle occasion aux États parties de montrer leur volonté pour un désarmement nucléaire. La lenteur de la ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) inquiète aussi l’Indonésie, qui s’oppose clairement à tout essai nucléaire.
En revanche, l’Indonésie est en faveur de l’utilisation de l’énergie nucléaire dans un cadre civil et selon l’intervenant, la communauté internationale ne devrait pas être sceptique au sujet des activités de certains États parties au TNP qui souhaitent mettre sur pied un programme nucléaire. L’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques est un droit inaliénable de tous les pays. L’Indonésie a invité les délégations à reconnaître que L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) est la seule autorité compétente pour vérifier que les États parties au TNP s’acquittent de leurs obligations. L’Indonésie estime qu’une attention aussi importante doit être portée à la régulation et à la réduction des armes classiques.
Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a relevé que son pays s’associe à la déclaration faite hier au nom du Mouvement des pays non alignés, avant de se concentrer sur la question des petites armes et du manque de résultats obtenus dans ce secteur. La Colombie est revenue sur l’échec de la dernière Conférence d’examen sur l’application du Programme d’action relatif au commerce illicite des armes légères, l’été dernier, à New York. La Colombie est l’un des pays les plus touchés par ce fléau et regrette le manque de résultats obtenus dans ce domaine car pour lui ce Programme établi en 2001, reste la pierre angulaire du désarmement dans ce secteur précis. La Colombie a aussi rappelé son soutien à la Déclaration d’Antigua signée par tous les pays d’Amérique latine et des Caraïbes en mai dernier.
La Colombie reviendra avec la résolution, intitulée « Le trafic illicite des petites armes sous tous ces aspects », qui a déjà été présentée conjointement avec le Japon et l’Afrique du Sud ces dernières années devant la Première Commission. La Colombie espère que ce texte sera adopté par consensus.
La représentante a réaffirmé sa confiance dans le multilatéralisme en particulier pour atteindre des buts tels que le désarmement et la non-prolifération. À ce titre, la Colombie demande que la Première Commission reprenne tout son poids dans le domaine du désarmement. Enfin, la Colombie a rappelé qu’elle soutient tous les instruments internationaux développés pour lutter contre les armes de destruction massive.
M. BRUCE BAIRD (Australie) a estimé que 2007 devait être l’année de la réaffirmation, par les États Membres, de leur volonté politique de surmonter efficacement la montée des défis en matière de désarmement et de sécurité internationale. Le nouveau cycle d’examen du TNP sera ainsi l’occasion de renforcer le régime de non-prolifération, a-t-il dit. M. Baird a plaidé pour une réflexion nouvelle qui devra permettre d’éviter les échecs de la Conférence d’examen de 2005. Il a ajouté que dans un monde de plus en plus complexe, un seul outil n’était pas suffisant pour répondre aux menaces que fait peser sur les États et les acteurs non étatiques la prolifération des armes de destruction massive.
C’est en ce sens qu’il a prôné une approche reposant sur une coopération accrue, incluant notamment un renforcement des mesures de contrôle des exportations.
L’Australie encourage le Conseil de sécurité à prendre une part plus active dans la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive, a poursuivi le représentant. Nous saluons ainsi la décision prise par le Conseil d’élargir le mandat de la résolution 1540. Nous appuyons aussi les mesures prises par celui-ci pour parvenir à une solution négociée aux crises iranienne et coréenne. Sur ce dernier point, le représentant a jugé que le moratoire sur les essais des missiles balistiques dans ce dernier pays était plus urgent que jamais, et cela alors que la République populaire démocratique de Corée annonce, aujourd’hui, qu’elle procédera sous peu à un test nucléaire.
M. ZACHARY DOMINIC MUBURI-MUITA (Kenya) a affirmé que son pays accorde une grande importance au Traité de non-prolifération des armes nucléaires(TNP) et soutient tous les efforts, ayant pour but le désarmement et la non-prolifération sous tous ces aspects. Il invite tous les États parties du TPN à coopérer avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et d’honorer leurs obligations au regard du Traité. Le Kenya invite aussi les pays non signataires du Traité de le joindre au plus vite.
En Afrique, la prolifération des armes légères et de petit calibre et leurs effets négatifs est un sujet bien documenté. Le Kenya s’est engagé sans équivoque contre le trafic de ce type d’armes, dans une action qui englobe la prévention, la lutte et la suppression de ce commerce. Selon le Kenya, il faut réduire la demande, non seulement au niveau régional, mais aussi international. Le Kenya a pris des mesures en ce sens avec notamment la mise en place de cellules spécialisées dans les provinces et des districts, chargées de détruire les armes et de renforcer la coordination et la participation de la société civile à ces efforts.
Le Kenya attache une grande importance au Programme d’action relatif aux armes légères. Cependant, ce programme a besoin d’être clarifié et renforcé. Des succès ont déjà été enregistrés aux niveaux régional et sous-régional, qui permettent de travailler sur des critères communs. Mais ce n’est pas le cas au niveau international. Un exemple de succès au niveau régional est celui des directives permettant une meilleure application de la Déclaration de Nairobi et du Protocole de Nairobi sur les armes. Des normes et modèles se font jour dans la plupart des initiatives régionales et multilatérales et il existe un consensus sur un grand nombre de critères, s’appliquant au domaine des petites armes. Mais il manque toujours des normes internationales, a souligné le Kenya. Il s’agit maintenant de transposer les succès régionaux au niveau international et d’établir des directives applicables à cette échelle. Le représentant a indiqué que suite à l’échec de la dernière Conférence d’examen de l’exécution du Programme d’action sur les armes légères, le Kenya, avec d’autres pays, revient devant la Première Commission avec une résolution, qui prône l’élaboration d’un instrument international qui permettrait permettant de régler le trafic international d’armes classiques. Le but ultime étant de juguler le trafic illégal pour prévenir les conflits, le crime et le terrorisme.
M. CHUKA CHIDEBELEZE UDEDIBIA (Nigéria) au nom du Groupe des États d’Afrique, a déclaré que le Groupe était convaincu que la présence persistante d’armes nucléaires posait une menace à l’existence de l’espèce humaine. C’est pourquoi, a-t-il dit, il est absolument nécessaire d’entamer un cycle de négociations multilatérales devant mener à la conclusion d’une convention interdisant le développement, la production, le stockage, le déploiement et le transfert des armes nucléaires. Pour l’heure, un instrument juridiquement contraignant devrait être mis en place garantissant la non-utilisation de leurs arsenaux par les puissances nucléaires contre les États non dotés de l’arme atomique. Un tel instrument aurait pour effet de restaurer la confiance entre les pays de certaines régions et, ce faisant, de réduire les tensions à ce niveau.
Réaffirmant que le TNP est la pierre angulaire du régime de non-prolifération et que le TICEN doit entrer en vigueur dans les meilleurs délais, le représentant a souligné l’importance de la création des zones exemptes d’armes nucléaires. À cet égard, il a salué la signature, le 8 septembre dernier par cinq États de la région, d’un traité sur une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale. Il a, par ailleurs, exhorté tous les pays qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier le Traité de Pelindaba établissant une zone de ce type en Afrique.
S’agissant des armes légères et de petit calibre (ALPC), le représentant a expliqué que l’application du Programme d’action pour prévenir, combattre et éradiquer le commerce de ses armes sous tous ses aspects était un élément clef de promotion de la sécurité et le développement durable, en particulier en Afrique. Pour mener à bien cette action, a-t-il dit, il est impératif que la communauté internationale sorte de l’impasse dans laquelle l’a plongée l’échec de la Conférence d’examen de la mise en œuvre du Programme d’action.
M. JASEM IBRAHIM AL NAJEM (Koweït) a relevé les occasions manquées dans le secteur du désarmement nucléaire ou autres armes de destruction massive. Aucun progrès dans ce secteur n’a été enregistré par manque de volonté politique, a-t-il estimé. Des actions communes doivent être menées dans le cadre des conventions existantes, a poursuivi le représentant du Koweït, tandis que d’autres conventions devront être signées à l’instar du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN). Le Koweït attend aussi, comme beaucoup d’autres pays, les débats concernant la négociation sur un traité d’interdiction des matières fissibles à des fins militaires.
Le Koweït a également lancé un appel à Israël pour que ce pays renonce à l’arme nucléaire et permette ainsi au Moyen-Orient d’être transformée en une zone exempte d’armes nucléaires. La Cour internationale de Justice s’est prononcée sur la licéité de la menace ou de l’emploi de l’arme nucléaire, a rappelé le Koweït. Le Koweït souhaite que l’Iran continue à travailler avec l’AIEA pour aboutir à une solution diplomatique de la crise actuelle.
Enfin, le représentant koweïtien a appelé les pays à ratifier le TNP et les autres traités dans ce secteur. Quant aux petites armes, il a regretté que la Conférence d’examen sur la question n’ait pas abouti l’an dernier.
M. ALI A. BERBASH (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que le désarmement complet passait, en premier lieu, par la destruction des armes de destruction massive, en particulier les arsenaux nucléaires. Cela suppose une coopération sans faille et transparente de tous les États Membres. Le représentant a ajouté que cette action ne devait pas être menée en entravant le droit inaliénable des pays à développer des programmes nucléaires à des fins pacifiques. Le droit international consacre le droit de tous à améliorer les capacités technologiques à des fins de développement économique et social. Le représentant a rappelé que son pays avait fait la preuve de sa volonté de souscrire aux conventions internationales de désarmement pertinentes. En renonçant à son programme nucléaire le 19 décembre 2003. Nous nous sommes engagés à adapter progressivement notre législation nationale aux conventions et résolutions internationales, a-t-il précisé. Le représentant a fait savoir que les autorités compétentes de son pays avaient déposé ses instruments de ratification au Protocole additionnel de l’AIEA. Il a également remercié les pays du G-8 pour leurs dispositions à œuvrer aux côtés de son pays dans le cadre de programmes liant désarmement et développement.
Le représentant a appelé de ses vœux la création rapide d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Il en va de la sécurité dans la région et, au-delà, du monde, a-t-il dit. Il a déploré le fait qu’Israël poursuive l’acquisition et développement d’armes de destruction massive, et cela sans en rendre compte à quiconque. C’est en ce sens qu’il a souhaité que ce pays soumette au plus vite ses installations au régime de surveillance de l’AIEA.
Mme ELSA HAILE (Érythrée) a regretté que la Conférence d’examen de l’application du Programme d’action concernant les armes légères se soit soldée par un échec. Mais ce n’est pas le seul secteur du désarmement connaissant des blocages. La plupart des négociations et discussions sur des instruments juridiques touchant les armes nucléaires, les matières fissibles, les missiles ou les armes chimiques et biologiques sont dans l’impasse. L’Érythrée n’est pas pour autant pessimiste. La représentante a souhaité que des actions soient prises permettant de rétablir la confiance au niveau international et favorisant la cause du désarmement et de la non-prolifération.
Pour sa part, l’Érythrée a souscrit à toutes les grandes conventions en vue de la non-prolifération et permettant de lutter contre les armes de destruction massive. Au niveau régional, l’Érythrée a signée le Traité de Pelindaba pour l’instauration d’une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique. L’Érythrée s’est aussi engagée contre le terrorisme et a adhéré à une organisation africaine luttant contre ce phénomène. Sensible aux événements qui se déroulent du Darfour, l’Érythrée a accueilli des délégations des parties en conflit au Soudan pour promouvoir à un accord.
M. HAMID AL BAYATI (Iraq) a déclaré que la prolifération des armes menait de fait à la course aux armements et aux conflits. À ses yeux, la communauté internationale doit faire plus pour assurer la sécurité humaine des citoyens du monde. « Un monde sans maitrise des armements est un monde dangereux », a-t-il dit. S’agissant de la situation au Moyen-Orient, le représentant a appelé à un renforcement du régime de non-prolifération. En vue d’établir une zone exempte d’armes nucléaires dans la région, il faut que tous les pays concernés adhérent sans délais au Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et au régime de sauvegardes de l’Agence internationale de l’énergie atomique (l’AIEA). L’ONU, la Ligue arabe et l’AIEA sont dans un tel contexte les médiateurs incontournables sans l’action desquels rien n’est possible.
La consolidation du régime de non-prolifération est une priorité pour notre pays, a encore dit le représentant. Évoquant la Constitution nationale récemment adoptée, il a fait savoir que celle-ci indiquait que le Gouvernement iraquien s’engage à respecter les dispositions prévues par le TNP, en vue notamment d’empêcher la mise au point de toute arme de destruction massive (ADM). Le représentant a également indiqué que l’Iraq étudiait actuellement la possibilité d’adhérer à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques et au régime de garanties de l’AIEA. En outre, a-t-il dit, nous serons cette année coauteurs de projets de résolutions, et cela dans l’objectif de nous joindre plus avant au concert des nations.
M. PAUL BADJI (Sénégal) a souhaité s’arrêter sur l’état des mécanismes de désarmement les plus importants qui sont tous dans l’impasse avant de se concentrer sur les armes légères. Là aussi, a-t-il noté, la Conférence d’examen de l’application du Programme d’action pertinent, tenue cette année, a rencontré de nombreuses difficultés pour aboutir à un document final consensuel. Ces blocages interviennent à un moment où la communauté internationale fait face à des défis majeurs dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Pour le Sénégal, la seule instance où il est encore possible de discuter et de prendre des décisions demeure la Première Commission. Pour sortir de l’impasse, il s’agit en premier lieu de renforcer l’autorité du TNP, ce qui pourrait être facilité par la conclusion d’un arrangement sur les garanties négatives de sécurité. Un tel arrangement dissiperait les craintes des États non dotés de l’arme nucléaire. Mais le TNP ne pourra lui seul permettre d’atteindre les objectifs de désarmement et de non-prolifération. Il doit être complété par une entrée rapide en vigueur du Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaire et par la conclusion d’un instrument sur l’interdiction de la production de matières fissibles à des fins militaires
Les armes classiques ne doivent toutefois pas être oubliées. Leur maîtrise et leur réduction figurent parmi les priorités du Sénégal. Ce pays salue les compromis satisfaisants auxquels a abouti le Groupe d’experts de 2006 sur le registre des armes classiques. Les compromis obtenus améliorent la transparence et la confiance dans les transferts des armes classiques. En revanche, le transfert des armes légères et de petit calibre n’a pas été pris suffisamment au sérieux, selon le Sénégal. À la suite de l’échec d la dernière Conférence, il semble urgent au Sénégal que des mesures soient prises en vue d’assurer une correcte mise en œuvre du Programme d’action, qui devrait rapidement être complété par un instrument sur le courtage des armes légères.
M. BAYANI S. MERCADO (Philippines) a souligné l’importance de la lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre (ALPC). Regrettant l’échec de la Conférence d’examen de l’application du Programme d’action pour prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des ALPC sous tous ses aspects, le représentant a affirmé qu’il était indispensable de veiller au renforcement de la coopération internationale, à la promotion du dialogue et d’une culture de la paix, à l’accroissement du rôle de la société civile et à la consolidation des mécanismes de suivi. Il a mis l’accent sur les apports décisifs, sur le terrain, des communautés religieuses qui, ensemble, œuvrent à l’application du Programme d’action. Le représentant a ainsi estimé que le prochain Forum tripartite sur la coopération interconfessionnelle pour la paix, qui réunira 50 gouvernements, 15 agences des Nations unies et 110 ONG religieuses accréditées par l’ONU, pourra renforcer plus avant encore l’action de ces communautés dans le domaine du désarmement.
M. Mercado a, par ailleurs, indiqué que son pays partageait les vues du Secrétaire général en matière de multilatéralisme. L’impasse actuelle ne peut être dépassée que par le biais d’un dialogue actif soucieux de remettre le désarmement au cœur de l’ordre du jour international. Des progrès urgents sont requis et, à cette fin, tous les États Membres doivent unir leur volonté politique aux fins de réalisation des principaux objectifs de désarmement et de non-prolifération.
Notant les manques juridiques en la matière, le représentant a, par ailleurs, appelé de ses vœux un renforcement de l’ensemble des initiatives internationales visant à prévenir l’acquisition d’armes de destruction massive par des acteurs non étatiques. Il a en outre fait savoir que les Philippines faisaient partie de 17 des 32 pays d’Asie-Pacifique à avoir complété le processus de ratification du TICEN, cela 10 ans après l’ouverture à la signature de ce traité important pour l’établissement de la paix. Son entrée en vigueur permettrait d’en finir avec une période marquée par plus de 2 000 essais nucléaires de par le monde.
M. HJALMAR W.HANNESSON (Islande) a déclaré qu’il s’associait pleinement aux propos tenus par la Norvège au nom de l’Union européenne. Il a souligné que comme tous les petits pays, elle est très attachée à un monde où les relations sont régies par le droit. Les traités ou conventions régissant l’usage des armes sont parties de cet ensemble. Mais le dossier du désarmement montre des signes de blocage. Par exemple, le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires a été ouvert, il y a dix ans, à la signature. Depuis cette date, 176 pays l’ont signé et 135 l’ont ratifié, mais cela ne suffit pas pour qu’il entre en vigueur. Le Traité de non-prolifération des armes nucléaires est un autre pilier important de cet ensemble. Des vérifications efficaces et crédibles sont nécessaires pour prévenir les abus. À ce titre, l’Islande soutient les efforts pour trouver une solution diplomatique concernant le programme nucléaire de l’Iran. Les autorités iraniennes doivent collaborer avec l’AIEA et répondre aux demandes de cette dernière pour que la clarté soit faite sur la nature de son programme nucléaire, a souligné le représentant islandais.
L’Islande est aussi sensible au problème posé par les armes légères et de petit calibre. Elle regrette aussi les blocages dans ce dossier. Elle est favorable à l’élaboration de normes internationales communes concernant le commerce des armes classiques. À ce titre, l’Islande va soutenir la résolution allant dans ce sens, qui sera déposée durant cette session.
M. ABDULAZIZ NASSER R. AL-SHAMSI (Émirats arabes unis) a déclaré que son pays continuait d’appuyer le droit de tous les États à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire sous les auspices de l’AIEA. Dans le même temps, a-t-il dit, nous souhaitons que les négociations en cours sur la question nucléaire touchant l’Iran aboutiront à un règlement durable et pacifique garantissant la sûreté et la sécurité des États de la région et les protégeant des risques de confrontation avec les détenteurs de l’arme atomique.
Le représentant a rappelé que la Conférence d’examen de 2000 du TNP avait appelé à la création de zones exemptes d’armes nucléaires dans toutes les régions du globe. Dans ce cadre, il est de la responsabilité des États Membres les plus influents d’exercer des pressions sur Israël pour que ce pays démantèle et soumette au régime de vérification de l’AIEA la totalité de ses installations nucléaires. Le représentant a, par ailleurs, demandé aux États concernés de respecter la résolution les enjoignant à suspendre toute assistance scientifique, technologique et financière à l’État hébreu, compte tenu du risque que font peser ces activités sur le processus de paix au Moyen-Orient.
Enfin, le représentant a appelé instamment les puissances nucléaires à appliquer l’Article 6 du TNP relatif à l’élimination de leurs arsenaux nucléaires, afin de renforcer l’efficacité dudit traité et de protéger ce faisant l’humanité du risque de génocide.
Documentation
Sécurité internationale et statut d’État exempt d’armes nucléaires de la Mongolie (A/61/164)
Le rapport note que les références de plus en plus nombreuses au statut d’État exempt d’armes nucléaires de la Mongolie aux niveaux bilatéral, multilatéral et international traduisent bien la reconnaissance de plus en plus large dont elle jouit au niveau international. À ce sujet, la Mongolie continue de bénéficier du concours de l’ONU pour promouvoir sa sécurité internationale et son statut d’État exempt d’armes nucléaires.
Création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient (A/61/140 – Part 1): ce rapport se présente sous la forme d’une série de réponses reçues de gouvernements
Désarmement général et complet. Consolidation de la paix grâce à des mesures concrètes de désarmement. Assistance aux États pour l’arrêt de la circulation des armes légères et de petit calibre (ALPC). Commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects (A/61/288)
Le présent rapport reconnaît que les États, les organisations internationales et régionales et la société civile sont demeurés attachés à l’application aux niveaux national, régional et mondial du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects. Cela s’est notamment traduit par l’intensité des débats tenus pendant la Conférence d’examen de 2006 et les révisions de son comité préparatoire ainsi que la réaffirmation unanime, par les États participant à la Conférence, de leur appui au Programme d’action. La communauté internationale continue à attacher la plus haute importance à la lutte contre le commerce illicite des ALPC.
Toutefois, comme le souligne le rapport, la Conférence a aussi révélé que les États membres n’avaient pas pu surmonter leurs divergences sur un certain nombre de questions essentielles. Dans ce cadre, la création du Groupe d’experts gouvernementaux chargé d’examiner de nouvelles mesures à prendre pour renforcer la coopération internationale pour ce qui est de prévenir, de combattre et d’éliminer le courtage illicite d’armes légères et de petit calibre constitue une importante avancée dans le règlement de la question du courtage des ALPC au niveau mondial.
Le rapport note, en outre, que le Groupe d’États intéressés (GEI) par des mesures concrètes de désarmement – qui a été crée en mars 1998, en application de la résolution 52/38 G de l’Assemblée générale intitulée « Consolidation de la paix grâce à des mesures concrètes de désarmement » - a élargi encore ses activités et apporte désormais une assistance aux ONG. Ce qui constitue un progrès du fait que dans la plupart des pays en développement, ce sont souvent les ONG et la société civile qui assurent la mise en œuvre de programmes que les gouvernements ne peuvent assurer eux-mêmes faute de ressources.
Le plus notable, cependant, est le rôle croissant que jouent les organisations régionales, sous-régionales et internationales pour promouvoir l’application du Programme d’action. Le rapport se félicite donc de l’accroissement de la coopération et de la collaboration entre les divers membres du mécanisme de coordination de l’action concernant les armes légères.
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