PREMIÈRE COMMISSION: LE DÉSARMEMENT NUCLÉAIRE AU CENTRE DES DÉBATS
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Première Commission
2e séance – matin
PREMIÈRE COMMISSION: LE DÉSARMEMENT NUCLÉAIRE AU CENTRE DES DÉBATS
La Chine et la Fédération de Russie préviennent des risques que ferait peser
sur la paix et la sécurité internationales une course aux armements dans l’espace
« Nous devons œuvrer ensemble pour jeter des ponts au-dessus des divisions persistantes », a lancé Nobuaki Tanaka, le Secrétaire général adjoint aux affaires de désarmement lors de son discours, ce matin, devant la Première Commission. Inaugurant le débat général de la Commission qui devrait s’échelonner sur sept séances, M. Tanaka a souhaité que cet organe chargé des questions de paix et de sécurité internationales ne soit pas qu’un « simple forum où se succèdent les déclarations d’intentions politiques ». Dans le contexte diplomatique marqué par le blocage actuel qui entrave la conduite des travaux des principaux instruments constitutifs de l’édifice onusien du désarmement, il a réaffirmé avec vigueur les inquiétudes de l’Organisation quant au futur du régime du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP), mis à mal par les crises iranienne et coréenne. De même, il a appelé de ses vœux la conclusion d’un traité sur l’interdiction de la production des matières fissiles à des fins militaires et l’entrée en vigueur rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN).
La Finlande, au nom de l’Union européenne, a renchéri en formant le souhait que la relance des efforts de désarmement s’appuie sur la revitalisation d’un système diplomatique multilatéral plus efficace. La Stratégie européenne de sécurité repose sur un concept de sécurité élargi et complet, qui, a dit son représentant, s’inspire du Document final du Sommet mondial de 2005 liant les questions de développement, de paix, de sécurité et de droits de l’homme. S’agissant du désarmement et de la non-prolifération des armes de destruction massive, le représentant a réaffirmé que l’Union européenne considérait le TNP comme la pierre angulaire du régime de non-prolifération. C’est pourquoi, il a souhaité que l’ensemble des États parties applique pleinement l’Article 6 sur l’élimination complète des arsenaux nucléaires existants; que l’Iran réponde rapidement et positivement aux demandes de la communauté internationale; et que la République populaire démocratique de Corée rétablisse un moratoire sur les essais de missiles à longue portée.
S’exprimant également sur les questions relatives au désarmement nucléaire, le représentant de l’Égypte a souhaité, au nom de la Coalition pour un nouvel agenda, que le TNP devienne universel, et il a également souligné l’importance de mener de front désarmement nucléaire et non-prolifération. À l’instar de nombreuses délégations, l’Égypte a ensuite exprimé les inquiétudes de la Coalition quant à la conduite de programmes de développement nucléaires militaires par certains États. Son représentant a, par ailleurs, jugé qu’il était urgent que la coopération internationale soit renforcée pour permettre la sécurisation des matières nucléaires susceptibles de tomber entre les mains de groupes non étatiques.
La résolution 1540 du Conseil de sécurité devait être pleinement mise en œuvre pour éviter que des armes de destruction massive ne tombent effectivement entre les mains de groupes terroristes », a lancé de son côté le représentant de la Chine. M. Cheng Jingye a demandé que des efforts accrus soient consacrés à la promotion de la signature et de la ratification des conventions pertinentes en matière de lutte antiterroriste, en particulier la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire.
Plaidant pour la réduction drastique des arsenaux nucléaires existants - identifiée par l’ensemble des délégations comme un préalable aux succès des activités de développement général et complet - le représentant a aussi mis en garde contre une éventuelle reprise de la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique. Sur ce dernier point, la Chine a été rejointe par la Fédération de Russie, l’autre puissance nucléaire qui est intervenue ce matin. Par la voix de son représentant M. Antonov, elle a fait savoir que la lutte contre l’armement dans l’espace faisait partie des priorités de son gouvernement. Se disant favorable à la restauration du Comité ad hoc de la Conférence du désarmement sur la prévention de la course aux armements dans l’espace, M. Antonov a estimé que la transparence et l’établissement de mesures de confiance devaient servir l’objectif visant à décourager les États à s’engager dans une telle entreprise.
Les pays suivants ont aussi pris la parole: Norvège, Bangladesh, Indonésie, Mexique, Argentine, Suisse, Brésil, Japon, et Nouvelle-Zélande.
La Première Commission poursuivra son débat général demain 3 octobre, à 10 heures.
DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE
Déclarations
Mme MONA JUUL (Norvège) Présidente de la Première Commission, a lancé un appel aux délégations pour que celles-ci s’unissent, dans un contexte d’urgence, pour répondre aux défis en matière de sécurité régionale et mondiale. Nous devons trouver des terrains d’entente et des accords significatifs en tenant véritablement compte de nos déclarations respectives. Mme Juul a rappelé le but des travaux de la Première Commission, soit faire aboutir les délibérations des États Membres à des accords ayant un effet réel sur la société civile. C’est pourquoi, a-t-elle dit, la Commission entendra cette année encore les membres de la société civile à l’occasion d’un dialogue. Elle a finalement plaidé pour que les délégations trouvent une voie collective, dont les résolutions et décisions, appuyées par des consensus qu’elle a souhaités le plus larges possibles, devront se faire l’écho.
M. NOBUAKI TANAKA, Secrétaire général adjoint aux affaires de désarmement, a rappelé qu’au cours du débat de fond de l’Assemblée générale, de nombreux orateurs avaient évoqué les inquiétudes de la communauté internationale en matière de paix et de sécurité. Toutefois, a ajouté M. Tanaka, rien ou presque n’a été dit sur les questions de désarmement. C’est pourquoi, il a exhorté les délégations à œuvrer au sein de leur gouvernement en mettant l’accent sur ces questions prioritaires, en particulier le renforcement du régime de non-prolifération, la lutte antiterroriste, l’augmentation des budgets militaires, les crises au Moyen-Orient et dans la péninsule de Corée et la persistance dommageable d’approches sécuritaires unilatérales. L’intervenant a ensuite énuméré les progrès accomplis au cours de l’année écoulée, adoption d’une stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme et destruction de 70 000 agents chimiques et de près de 30% des 8,6 millions de munitions du même type dans le cadre des conventions pertinentes, notamment. Il a cependant regretté que la Conférence du désarmement, en dépit de la densité du débat général de sa session 2006, n’ait pu adopter qu’un rapport pour l’essentiel axé sur les questions de procédure. M. Tanaka a ainsi souhaité que la Conférence entame ses travaux de fond au cours de sa session 2007.
Dans ce cadre, l’intervenant a formé le souhait que la Première Commission ne soit pas qu’un simple forum où se succèdent les déclarations d’intentions politiques. Nous devons œuvrer ensemble pour jeter des ponts au-dessus des divisions persistances, a-t-il lancé. C’est en ce sens que M. Tanaka a indiqué, que cette année encore, la Première Commission allait entendre des principaux représentants des instruments constitutifs de l’édifice onusien de désarmement, notamment Hans Blix, Président de la Commission sur les armes de destruction massive. Sur ce dernier point, M. Tanaka a réaffirmé les inquiétudes de l’Organisation quand au futur du régime du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP), mis à mal par les crises iranienne et coréenne. De même, il a appelé de ses vœux la conclusion d’un traité sur les matières fissiles à des fins militaires et l’universalisation rapide des conventions sur les armes biologiques et chimiques.
À cet égard, il a souhaité que la prochaine Conférence d’examen de la Convention sur les armes biologiques soit l’occasion de décider de mesures de confiance en vue de renforcer la transparence dans l’application par les États Parties de ladite convention.
En ce qui concerne le combat contre la prolifération des armes légères et de petit calibre (ALPC), M. Tanaka a jugé que la création, l’an dernier, d’un instrument de traçage et de marquage marquait une étape importante. La prochaine phase doit porter sur le courtage illicite de ses arsenaux, le Groupe d’experts gouvernementaux nommé par l’Assemblée générale pour réfléchir à un instrument juridiquement contraignant en la matière devant commencer ses travaux en novembre prochain, a-t-il rappelé.
Enfin, le Secrétaire général adjoint s’est félicité des progrès accomplis par le Groupe d’experts gouvernementaux en vue de parvenir à l’élargissement du Registre sur les armes classiques à d’autres types d’armes légères.
M. KJETIL SKOGRAND, Secrétaire d’État de la Norvège, a indiqué que compte tenu des récents échecs dans le secteur du désarmement, le contexte international n’est pas particulièrement propice à la coopération multilatérale dans le domaine du contrôle des armes. Soutenir l’objectif de contrôle de l’armement n’est pas une question de pure idéalisme, ni d’altruisme, a-t-il souligné, mais de sécurité. Il est regrettable que le manque de confiance entre les pays ait ralenti ce processus ces dernières années.
La communauté internationale ne peut rester passive, a estimé l’intervenant. Il s’agit de continuer nos efforts en vue du cycle de révision du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TPN). Deuxièmement, le stock global des armes recourant aux matières fissibles est beaucoup trop important. Cette assemblée pourrait être l’occasion de commencer à préparer les négociations pour un traité interdisant la production de matières fissibles destinées aux armes nucléaires.
La Convention sur les armes biologiques est un autre sujet important. La Première Commission peut donner un signal important à la communauté internationale pour faire progresser ce dossier. Le commerce illicite de petites armes est un autre domaine de préoccupation: j’espère que nous réussirons à parvenir à un consensus, pour oublier le dernier échec dans ce secteur, a souligné le représentant de la Norvège.
M. REAZ RAHMAN (Bangladesh) a indiqué que la position de son pays est celle du Mouvement des non alignés, mais il a tenu à revenir sur un certain nombre de thèmes. Le Bangladesh regrette les derniers échecs dans le secteur des petites armes et celui du TNP. Le Sommet mondial l’an dernier n’a pas non plus été fructueux en matière de désarmement. La prolifération des armes de destruction massive est un sujet de préoccupation.
Selon, M. Rahman, il est très inquiétant de voir les puissances nucléaires continuer à s’armer: cela représente une grande menace. À son avis, l’élimination des arsenaux est la seule garantie dans le domaine des armes nucléaires. Avant de parvenir à cette étape, le Bangladesh demande le renforcement du système de garanties négatives de la part des pays détenteurs de l’arme atomique. Selon lui, le TNP reste la pierre angulaire du système de non-prolifération.
Le Bangladesh soutient une élimination progressive des armes nucléaires, qui doit commencer avec la conception. Il a signé tous les instruments pertinents et soutient les accords de sauvegarde de l’AIEA. Pour le Bangladesh, les États nucléaires ne jouent pas le jeu. Nous sommes aussi soucieux du développement de la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique, a souligné le représentant. Enfin le Bangladesh soutient la création de zones exemptes d’armes nucléaires, particulièrement au Moyen-Orient. Les mines antipersonnel nous préoccupent grandement.
M. SAMEH SHOUKRY (Égypte) a déclaré, au nom de la Coalition pour un nouvel agenda, que la seule existence d’armes nucléaires continuait de poser une menace grave à la paix et la sécurité internationales. C’est en ce sens que le représentant a rappelé que la Coalition estimait que le TNP demeure la pierre angulaire du régime de non-prolifération et de désarmement général. Il a exhorté les États parties à respecter leurs obligations, en particulier celles contractées au titre de l’Article 6 sur l’élimination totale des arsenaux nucléaires. À cette fin, le représentant a fait savoir que la Coalition allait soumettre une résolution à la commission. Il a souhaité que le TNP devienne universel et il a souligné l’importance de mener de front désarmement nucléaire et non-prolifération.
M. Shoukry a ensuite exprimé les inquiétudes de la Coalition quant à la conduite de programmes de développement nucléaires militaires par certains États. Pour notre part, a-t-il dit, nous continuerons d’insister sur la nécessité impérieuse de réduire les arsenaux stratégiques et non stratégiques et d’inclure des mesures visant à s’assurer que de telles réductions soient irréversibles, vérifiables et pratiquées en toute transparence. Dans ce cadre, a ajouté le représentant, le rôle de la société civile est vital. Les organisations non gouvernementales en particulier, doivent être associées de manière systématique à l’effort visant à l’établissement d’un monde exempt d’armes nucléaires.
M. Shoukry a finalement jugé qu’il était urgent que la coopération internationale soit renforcée pour permettre la sécurisation des matières nucléaires susceptibles de tomber entre les mains de groupes non étatiques.
M. REZLAN ISHAR JENIE (Indonésie) a déclaré, au nom du Mouvement des non-alignés, que l’échec de la Conférence d’examen de 2006 sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Programme d’action sur le commerce illicite des armes légères et de petit calibre ne devait pas saper l’autorité du Programme. Des efforts coordonnés au sein de l’ONU doivent permettre de parvenir à un accord sur le suivi du Programme d’action. C’est pourquoi, a dit le représentant, il est important que les États Membres réaffirment leur plein engagement à respecter les principes du droit international tels qu’édictés par la Charte. Il a ainsi insisté sur la nécessaire restauration, dans le contexte actuel, d’une diplomatie multilatérale dans les domaines du désarmement et de la non-prolifération.
Le représentant a indiqué que le Mouvement des non-alignés était d’avis que l’édifice onusien de désarmement devrait être en mesure de jouer son rôle dans la formulation des réponses à trouver aux nouveaux défis en matière de paix et de sécurité internationales. C’est en ce sens qu’il a jugé que la Première Commission était un corps de délibération incontournable, compte tenu en particulier de la complexité des situations sur le terrain.
Regrettant que certains États continuent de mener des programmes de développement nucléaire à des fins militaires, le représentant a estimé que le seul moyen d’empêcher que des terroristes ne se procurent un jour de tels arsenaux était leur élimination totale.
Il a, par ailleurs, plaidé pour l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des essais nucléaires (TICEN), et il a estimé que les questions de prolifération devaient être abordées par le biais de moyens politiques et diplomatiques convenus sous l’égide du droit international.
M. Jenie a en outre demandé que, en attendant que soit achevée l’élimination totale des arsenaux nucléaires, des mesures de sécurité soient données par les puissances nucléaires aux États non détenteurs de l’arme atomique. Un instrument juridiquement contraignant en la matière doit être élaboré. Par ailleurs, le représentant a salué le rôle des zones exemptes d’armes nucléaires, qui constituent une avancée décisive sur le chemin du désarmement nucléaire complet. C’est pourquoi, il a indiqué que le Mouvement des non-alignés continuait d’appuyer l’établissement d’une de ces zones au Moyen-Orient.
M. KARI KAHILUOTO (Finlande) au nom de l’Union européenne, a défendu la conviction de l’Union européenne que les questions de paix et de sécurité doivent être abordées dans le cadre d’un système diplomatique multilatéral efficace.
La Stratégie européenne de sécurité s’appuie sur un concept de sécurité élargi et complet, qui, a-t-il dit, s’inspire du Document final du Sommet mondial de 2005 liant les questions de développement, de paix, de sécurité et de droits de l’homme. Ce consensus doit être traduit en actions. Dans le domaine de la prévention des conflits notamment, le représentant a ainsi estimé que les causes de leur émergence devaient en premier lieu être combattues, ce qui suppose que l’accent soit mis sur l’élimination de la pauvreté, sur l’aide au développement et sur la promotion des droits humains.
Aux yeux du représentant, les traités multilatéraux et leurs mécanismes de vérification demeurent incontournables. Il a ajouté que la Commission de consolidation de la paix était à présent partie intégrante du concept de sécurité tel que retenu par l’Union européenne. Il a estimé que les travaux de la Commission devraient intégrer de manière systématique les mesures relatives aux programmes de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR). Dans le domaine de la lutte contre le terrorisme international, le représentant a, là encore, souligné l’importance de la prévention et du respect des droits humanitaires, à l’encontre des personnes incriminées notamment. Il a exhorté les États Membres à intensifier leurs efforts en vue de parvenir à la création d’une convention globale des Nations Unies sur le terrorisme.
S’agissant du désarmement et de la non-prolifération des armes de destruction massive, le représentant a indiqué que l’Union européenne considérait le TNP comme la pierre angulaire du régime de non-prolifération. C’est pourquoi, il a souhaité que l’ensemble des États parties applique pleinement l’Article 6 sur l’élimination complète des arsenaux nucléaires existants. Il a, en outre, rappelé que l’Union européenne continuerait d’ouvrer à l’accélération de l’universalisation du TNP. L’Union européenne appelle l’Iran à répondre rapidement et positivement aux demandes de la communauté internationale. Elle exhorte la République populaire démocratique de Corée à rétablir un moratoire sur les essais de missiles à longue portée, a-t-il estimé.
De même, a-t-il dit, le régime de sauvegarde de l’AIEA représente un moyen de choix pour que les États parties puissent faire, en toute transparence, la preuve de leur plein respect des obligations prises en vertu du Traité. Toutefois, a poursuivi le représentant, le régime de non-prolifération est mis en péril par les crises coréenne et iranienne. Nous demandons à la République populaire démocratique de Corée d’abandonner et de démanteler complètement son arsenal nucléaire et, en outre, de soumettre ses installations de manière inconditionnelle au régime de garanties de l’AIEA.
Le représentant a ajouté que l’Union européenne attachait la plus grande importance à l’entrée en vigueur dans les meilleurs délais du TICEN. C’est pourquoi, il a appelé tous les États qui ne l’ont pas encore fait, de ratifier ce traité d’interdiction complète des essais nucléaires et matériaux connexes. Il a, à cet égard, salué la récente ratification du Viet Nam. En attendant l’entrée en vigueur effective du TICEN, a ajouté le représentant, nous exhortons tous les États à maintenir leur moratoire et à ne pas entreprendre d’actions contraires aux obligations du Traité.
M. PABLO MACEDO (Mexique) a d’abord relevé les échecs dans le secteur du désarmement. Nous avons été déçus que la Conférence du désarmement n’ait pas pu reprendre son travail de fond, a-t-il dit. Le ralentissement des progrès dans le secteur des petites armes a aussi été une immense déception pour les pays d’Amérique du Sud.
Selon M. Macedo, il s’agit maintenant de chercher des alternatives pour avancer car dans les diverses conférences traditionnelles, certains pays ont paralysé les débats en les freinant, par tous les moyens. Le caractère lourd du consensus, qui finit par être l’équivalent d’un droit de veto, joue aussi un rôle défavorable. Le Mexique soutient l’élaboration du traité contre la production de matières fissiles. Nous espérons que 2007 sera une année plus fructueuse, a indiqué M. Macedo, qui est favorable au nouveau cycle d’examen du TPN et au fait que la première rencontre se tienne à Vienne.
Dans l’enceinte de cette première Commission, nous espérons que nous avancerons sur la question nucléaire pour éviter, en particulier, que ce type d’armes finisse entre les mains des terroristes. Sans un désarmement digne de ce nom, tous nos efforts ne serviront pas à grand chose, a estimé le représentant du Mexique. La question des missiles est aussi un secteur jusqu’ici négligé, a encore dit M. Macedo.
M. CÉSAR MAYORAL (Argentine) a mis l’accent sur le soutien qu’apporte son pays à un dialogue multilatéral efficace. Dans ces travaux de la Première Commission, l’Argentine partage la position du Brésil dans le cadre du MERCOSUR et des pays alliés. Nous sommes face à une situation de paralysie dans le domaine du désarmement, a poursuivi M. Mayoral. La délégation argentine a invité toutes les délégations à se mettre à la table de négociations. En matière d’armes de destruction massive, l’Argentine a continué de soutenir l’universalité et le renforcement des traités dans ces domaines.
Dans le secteur des armes classiques, l’accumulation des petites armes continue de provoquer la mort de nombreux civils. L’Argentine a souligné les progrès réalisés avec la tenue améliorée du Registre. Il a fait part de sa déception devant le manque de résultats obtenus lors de la dernière conférence concernant les petites armes.
M. CHENG JINGYE (Chine) a rappelé que depuis le début de l’année 2006, la non-prolifération régionale avait occupé le devant de la scène. Le processus diplomatique a connu des hauts et des bas dans la résolution des crises considérées. S’agissant de la situation dans la péninsule de Corée, la Chine s’est engagée à maintenir la paix et la sécurité, et ce, en faisant pleinement confiance aux Pourparlers à Six. L’Accord conjoint doit s’appliquer de manière graduelle. En ce qui concerne la situation en Iran, le représentant a déclaré que son pays soutenait les efforts de la communauté internationale pour maintenir l’efficience du régime de non-prolifération. En l’État, la priorité doit aller à la poursuite du dialogue entre Téhéran et ses interlocuteurs occidentaux et onusiens.
Le représentant a, par ailleurs, déclaré que son pays estimait que les instruments multilatéraux de désarmement formaient la composante essentielle du régime du système de sécurité internationale. Ils contribuent au maintien de la paix et au développement de tous les États. C’est en ce sens qu’il a regretté la crise actuelle du multilatéralisme. Il a ainsi appelé au renforcement des stratégies globales visant l’instauration de la sécurité de tous les pays qui s’attaquent aux causes des menaces à la paix et à la stabilité des sociétés.
Le représentant a plaidé pour la réduction drastique des armes nucléaires, la mise en place de mesures de prévention de la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique ainsi que pour le renforcement des régimes existants dans les domaines du contrôle des armes, du désarmement et de la non-prolifération. Il a en particulier appelé la communauté internationale à privilégier une approche tenant compte de la sécurité humaine. À cet effet, il a souhaité que la Convention sur les armes conventionnelles produisant des effets traumatiques et ses protocoles additionnels soient davantage promus.
Le représentant a ajouté que la résolution 1540 du Conseil de sécurité devait être pleinement mise en œuvre pour éviter que des armes de destruction massive ne tombent effectivement entre les mains de groupes terroristes. Dans ce cadre, a-t-il ajouté, des efforts accrus devraient être consacrés à la promotion de la signature et de la ratification des conventions pertinentes, la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire notamment.
En qualité de puissance nucléaire, la Chine ne s’est jamais dérobée à ses obligations en matière de désarmement nucléaire, et cela en prônant toujours la destruction des arsenaux existants et en s’opposant à toute course aux armements nucléaires. En outre, la Chine respecte scrupuleusement ses engagements au titre d’État partie aux conventions sur l’interdiction des armes biologiques et chimiques, et à toujours œuvrer pour empêcher une course aux armements de l’espace extra-atmosphérique.
Le représentant a finalement dit que son pays était attaché à la réalisation d’un développement pacifique en vue de parvenir à l’établissement d’un monde harmonieux et prospère.
M. JÜRG STREULI (Suisse) a estimé que les blocages dans les questions de désarmement ne relèvent pas d’un problème de structures, mais de manque de volonté politique. Les divergences d’intérêts entre les États se manifestent très clairement dans le cadre de la Conférence du désarmement à Genève.
Mais grâce à l’Initiative des six présidents en 2006 (P6), la Conférence semble de nouveau être sur la bonne voie. La Suisse se réjouit particulièrement des progrès faits dans les débats préparatoires sur l’arrêt de la production de matières fissibles à des fins militaires, mais il s’agit maintenant d’entamer des négociations sur ce dossier.
La non-prolifération, le désarmement et la coopération dans le domaine nucléaire sont au cœur des préoccupations de la Suisse. Avec l’Iran, la Suisse appelle les parties engagées à s’asseoir au plus vite à la table des négociations afin d’éviter tout dérapage, dont les dérapages toucheraient le monde entier. Au sujet de la question nucléaire dans la péninsule coréenne, la Suisse appelle la République populaire démocratique de Corée à réintégrer le TNP.
La question de la coopération nucléaire entre l’Inde et les États-Unis soulève des questions fondamentales pour l’avenir du système de non-prolifération nucléaire, basée sur le TPN, a relevé la Suisse. Les armes biologiques sont aussi un sujet de préoccupation pour la Suisse, qui attend beaucoup de la Conférence d’examen de la Convention sur les armes bactériologiques ou à toxines, qui aura lieu à Genève cet automne.
M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil) a affirmé que son pays défend le multilatéralisme dans tous les secteurs, pas seulement dans celui du désarmement. Il s’agit maintenant de prendre des mesures pour réinstaurer la confiance entre les pays, à un moment où l’escalade des tensions continue dans plusieurs régions du monde.
Mais le multilatéralisme perd du terrain et l’on a vu récemment certains États agir de façon unilatérale. Des normes et conventions dans le secteur des armes de destruction massive ne sont pas non plus observées. Et parmi les plus graves menaces, qui pèsent actuellement sur le monde, le terrorisme et la prolifération de ce type d’armes sont bien les plus inquiétantes. Le scénario le plus terrifiant serait celui où des terroristes s’empareraient de ce type d’armes. Pour le Brésil, éviter ce scénario est absolument prioritaire dans le dossier des armes de destruction massive. C’est pourquoi, pour le Brésil, la seule garantie est leur élimination totale.
M. YOSHIKI MINE (Japon) a reconnu que la question du désarmement et de la sécurité internationale traverse des temps difficiles. La communauté internationale doit faire face à des menaces comme la prolifération d’armes de destruction massive ou le terrorisme. Aucun consensus n’a été obtenu dans les domaines sensibles, mais nous ne pouvons pas nous lamenter, a-t-il expliqué.
La Première Commission doit trouver des pistes pour sortir de la paralysie. Par exemple, la résolution du Japon pour le désarmement nucléaire entre dans le cadre d’une politique de petits pas réalistes, préconisant une forte réduction de tous les types d’armes nucléaires. La résolution sur les petites armes soumise chaque année par la Colombie, l’Afrique du Sud et le Japon a aussi abouti à une feuille de route concrète.
M. DON MACKAY (Nouvelle-Zélande) a jugé que le moyen le plus sûr de revitaliser la Conférence du désarmement était de lui permettre de reprendre, au plus tôt, les négociations sur le traité d’interdiction des matières fissiles à des fins militaires. Le potentiel d’un tel instrument d’appui à l’effort de désarmement nucléaire est clairement établi.
Le représentant a, par ailleurs, indiqué que l’une des priorités de la Première Commission serait, cette année, d’assurer une reprise du prochain processus d’examen du TNP de sorte que puissent être définis les progrès réels accomplis dans ce domaine. Il a appelé la République islamique d’Iran à mettre en place une coopération transparente avec l’AIEA et à respecter les résolutions l’enjoignant de cesser son programme d’enrichissement d’uranium. De même, le représentant a exhorté la République populaire démocratique de Corée à retourner à la table des négociations.
M. Mackay a, en outre, indiqué que la Conférence d’examen sur la Convention sur les armes biologiques, qui se tiendra en novembre prochain, sera l’occasion, pour les États parties, de mesurer l’efficacité d’une gestion internationale de la menace que font peser ces arsenaux.
M. ANATOLY ANTONOV (Fédération de Russie) a estimé que la crise actuelle du mécanisme de désarmement avait, de toute évidence, des effets négatifs sur le processus de lutte contre la prolifération des armes de destruction massive. De ce fait, le risque persiste de voir des groupes terroristes mettre la main sur de tels arsenaux. Dans ce cadre, a estimé le représentant, les relations entre les États-Unis et la Fédération de Russie sont d’une importance capitale pour prévenir une nouvelle reprise de la course aux armements et pour maintenir, ce faisant, la stabilité stratégique au niveau mondial. À cet égard, le représentant a rappelé que l’Initiative pour prévenir le terrorisme nucléaire impulsée, dans le cadre du G-8, par les présidents russe et américain, représentait un moyen de choix pour accélérer l’application de la Convention de 2005 sur la lutte contre les actes de terrorisme nucléaire.
M. Antonov a ajouté que son pays attachait une grande importance à la lutte contre l’armement de l’espace extra-atmosphérique. À cet effet, il s’est déclaré favorable à la restauration du Comité ad hoc de la Conférence du désarmement sur la prévention de la course aux armements dans l’espace et il a estimé que, dans ce cadre, la transparence et la prise de mesures de confiance devaient servir l’objectif visant à décourager les États de s’engager dans une telle entreprise.
S’agissant du désarmement nucléaire, le représentant a salué l’établissement d’une zone dénucléarisée en Asie centrale. Le traité afférent devrait contribuer à renforcer la paix et la sécurité dans cette région, a-t-il dit, et à lutter plus efficacement contre les risques de développement des activités terroristes. Il a, par ailleurs, estimé que la prochaine étape en matière de désarmement nucléaire était l’élaboration d’un traité d’interdiction des matières fissiles à des fins militaires.
Documentation
Promotion du multilatéralisme dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération: se reporter au document publié sous la cote A/61/114 et qui se présente sous la forme de réponses reçues de gouvernements
Réduction du danger nucléaire et désarmement nucléaire (A/61/127)
Ce rapport note que le désarmement et la non-prolifération nucléaires continuent de figurer au premier plan des préoccupations relatives à la paix et à la sécurité internationales. Plusieurs revers ont suscité des déconvenues depuis le deuxième semestre de 2005, et l’action en faveur du désarmement nucléaire semble marquer le pas.
La communauté internationale continue pourtant de se heurter aux dangers de l’utilisation éventuelle d’armes de destruction massive, y compris d’armes nucléaires et d’armes à matière radioactive ou « bombes sales». Les accords de sauvegarde de l’AIEA ont aussi été difficiles à appliquer, ce qui augmente l’inquiétude de la Communauté internationale face à l’efficacité du régime de non-prolifération.
Pour réduire la menace, des efforts renouvelés sont nécessaires aux niveaux unilatéral, bilatéral et multilatéral, selon le rapport. Les mesures prises par les États dotés de l’arme nucléaire, pour réduire leurs arsenaux ont enregistré des progrès, mais il est cependant inquiétant que la tendance dominante va dans le sens de la possession d’armes moins nombreuses, mais plus puissantes.
Malgré l’issue décevante de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en mai 2005, qui n’est parvenue à aucun accord sur les questions de fond, le Traité demeure la pierre angulaire du régime mondial de non-prolifération et la base de la poursuite du désarmement nucléaire.
Dans un secteur proche, la signature par le Viet Nam du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) est saluée, mais le rapport relève que le nombre de ratifications requises n’a pas encore pu être atteint. De son côté, la Conférence du désarmement doit sortir de l’impasse et reprendre ses travaux de fond. Des signes positifs sont toutefois apparus: pour la première fois depuis une décennie, la Conférence a convenu d’un programme de travail qui lui permet de tenir des débats structurés.
Dix ans après l’avis consultatif sur la licéité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires rendu par la Cour internationale de Justice le 8 juillet 1996, le risque de prolifération d’armes de destruction massive, de leurs vecteurs et éléments connexes sont venus s’ajouter aux difficultés auxquelles se heurte l’action multilatérale en faveur du désarmement, relève le rapport. La découverte récente de marchés clandestins de la technologie nucléaire, et la possibilité que de telles armes et éléments tombent aux mains de terroristes en sont la preuve.
Travaux du Conseil consultatif pour les questions de désarmement (A/61/297)
Le rapport indique que le Conseil, ayant examiné les faits les plus récents survenus en matière de désarmement et de non-prolifération, s’est déclaré profondément préoccupé par le manque de résultats dans de nombreux domaines fondamentaux. Le Conseil a été profondément déçu que les questions liées au désarmement et à la non-prolifération n’aient pas été prises en compte dans le Document final du Sommet mondial de 2005. Il a réaffirmé les principes fondamentaux du multilatéralisme et la nécessité que tous les États Membres renouvellent et renforcent leur engagement à ces principes.
Le Conseil a exprimé son inquiétude face à l’évolution et aux incidences de la question nucléaire iranienne, relève le rapport. Ses membres ont souligné que toutes les parties à la recherche d’une solution négociée devraient chercher à adopter une position équilibrée et faire des efforts en faveur de l’adoption de mesures de confiance.
Le Conseil a débattu des causes de l’impasse dans laquelle se trouve la question du désarmement. Il a évoqué la question de la relation politique entre la lutte anti-prolifération, la non-prolifération, le désarmement et la maîtrise des armes. Il a pris note, relève le rapport, de la dimension politique des différences de fond entre ces termes et des incidences qu’elles avaient sur le manque de progrès constaté dans les domaines du désarmement et de la maîtrise des armements. Le Conseil a encore formulé plusieurs recommandations concernant le désarmement, les moyens d’empêcher la prolifération de systèmes d’armement au profit d’agents non étatiques, l’édification d’un système de sécurité internationale et l’élaboration de nouvelles normes visant les armes légères.
Le Conseil a insisté sur la nécessité de recourir davantage aux organisations régionales pour le règlement des crises et de continuer de réfléchir à leurs relations avec l’Organisation des Nations Unies. Le Conseil a également souligné l’importance des travaux menés sur les armes légères et armes portatives et la très utile contribution apportée par le programme d’action original. Chaque fois que l’on fait face à la criminalité organisée, au terrorisme ou à des soulèvements, on se heurte également à des problèmes de sécurité directement liés aux armes légères, peut-on lire dans le rapport.
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