L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ÉVALUE L’ÉTAT D’AVANCEMENT DU PROCESSUS DE RÉFORME DU CONSEIL DE SÉCURITÉ
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Assemblée générale
72e et 73e séances plénières
matin – après-midi
L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ÉVALUE L’ÉTAT D’AVANCEMENT DU PROCESSUS DE RÉFORME DU CONSEIL DE SÉCURITÉ
Face au constat d'une impasse, depuis un an, dans le processus de réforme du Conseil de sécurité, l'Assemblée générale a organisé, aujourd'hui, un nouveau débat sur la question de la représentation équitable au sein de cet organe principal des Nations Unies et de l'augmentation du nombre de ses membres.
« Nous ne devons pas perdre l'espoir dans notre capacité à progresser sur cette question importante », a affirmé, ouvrant ce matin le débat, la Présidente de la soixante et unième session de l'Assemblée générale, Sheikha Haya Rashed Al Khalifa (Bahreïn). « Après tant d'années de discussions non concluantes, le moment est venu de procéder à une évaluation réaliste de l'ensemble de la question, avec un esprit ouvert afin de pouvoir enregistrer des progrès notables. »
L'Assemblée générale a inscrit pour la première fois ce point à son ordre du jour en 1979, lors de sa trente quatrième session. Le débat sur ce sujet a conduit, le 3 décembre 1993, lors de sa quarante-huitième session, à l'établissement d'un Groupe de travail à composition non limitée. Lors des cinquante neuvième et soixantième sessions, un certain nombre de projets de résolution sur la réforme du Conseil de sécurité avaient été présentés par plusieurs groupes de travail. Toutefois, les efforts entrepris jusqu'à présent n'ont pas permis d'aboutir à une réforme du Conseil de sécurité, selon les vœux exprimés par les dirigeants du monde, à l'occasion du Sommet mondial de septembre 2005.
Ceux-ci, dans le Document final du Sommet mondial, déclaraient en effet souhaiter que le Conseil de sécurité soit « réformé, sans plus tarder, afin de le rendre plus largement représentatif, plus performant et plus transparent, ce qui accroîtra encore son efficacité, la légitimité de ses décisions et la qualité de leur mise en œuvre ».
Les États Membres qui se sont exprimés au cours de la journée ont rappelé leurs positions sur la question de la représentation équitable au Conseil de sécurité et de l'augmentation du nombre de ses membres, compte tenu, notamment, des projets de résolutions présentés l’an passé. Les projets du G4 (Allemagne, Brésil, Inde et Japon), du groupe « Unis pour le consensus », qui comprend en particulier le Pakistan et l’Italie, et de l'Union africaine insistent sur la question de l’élargissement de la composition dans les deux catégories de membres, permanents et non permanents, du Conseil de sécurité. Le projet élaboré par cinq « petits pays » (Suisse, Liechtenstein, Jordanie, Costa Rica et Singapour) propose pour sa part une voie privilégiant une amélioration des méthodes de travail du Conseil, sans toutefois toucher à la Charte.
Le représentant de la Suisse a noté qu'un certain nombre de mesures prévues dans l'initiative des « petits pays » n'avaient pas encore été examinées ou partiellement seulement. Il a ainsi cité, entre autres, la possibilité pour le Conseil de soumettre des rapports thématiques à l'Assemblée générale sur les questions de portée internationale, un meilleur partage de l'information avec les pays contributeurs de troupes et avec les principaux contributeurs financiers sur l’évolution de la situation sur le terrain et la planification des missions, le renoncement volontaire au droit de veto en cas de génocide et de crimes contre l'humanité et la nécessité d'expliquer l’usage du veto.
Appuyant l’initiative du « Small Five » (S5) sur la réforme des méthodes de travail du Conseil, bien que celle-ci, soit à son avis trop timorée, le représentant du Pakistan a estimé qu’une réforme globale du Conseil de sécurité devait examiner la question vitale du veto. Compte tenu du fait que les cinq membres permanents n’ont pas l’intention de renoncer à ce pouvoir ou à le partager, il convient de parvenir à une répartition plus juste des pouvoirs à l’intérieur du Conseil, a-t-il dit, plaidant en faveur d’un relèvement de la majorité proportionnelle requise pour l’adoption de résolutions dans le cadre d’un Conseil élargi.
Le Brésil, qui estime que la réforme du Conseil de sécurité doit avoir pour but prioritaire de rendre cet organe plus démocratique et plus représentatif, a invité les États Membres à faire preuve de courage dans ce domaine. Autre membre du G4, l’Allemagne, a en effet observé que, depuis 20 mois, rien n’avait été obtenu, ce qui avait entraîné l’établissement d’un climat de méfiance qui dépasse la question du Conseil de sécurité. Il faut agir sans tarder, a lancé le représentant de ce pays, jugeant qu’un Conseil de sécurité élargi à 25 membres pouvait être efficace et efficient.
Pour le Sénégal, l'injustice faite à l'Afrique doit être réparée en priorité, en lui octroyant, avant tout examen de la réforme du Conseil de sécurité, un siège permanent. Il a, par ailleurs, défendu une augmentation du nombre des membres du Conseil juste et équitable, permettant à l'Afrique de disposer en fin de compte de deux sièges permanents, dont les titulaires auraient les mêmes prérogatives et privilèges que les membres permanents actuels, et de cinq sièges non permanents.
Enfin, les États-Unis ont appuyé un élargissement modeste et rappelé les critères qui, selon eux, doivent s’appliquer à tout pays briguant un poste de membre permanent du Conseil de sécurité: taille de l'économie et de la population du pays, capacité militaire, volume des contributions financières ou en matière de troupes aux Nations Unies, engagement en faveur de la démocratie et des droits de l'homme et équilibre géographique équitable. Il a réaffirmé le soutien de son pays à la candidature du Japon à un poste de membre permanent du Conseil.
Avant le début du débat, le Président du Conseil de sécurité pour le mois de décembre, Nassir Abdulaziz Al-Nasser,(Qatar), a présenté le rapport annuel du Conseil1, qui couvre la période allant du 1er août 2005 au 31 juillet 2006. L'ordre du jour du Conseil est de plus en plus chargé, a-t-il souligné, notant que celui-ci avait tenu 259 réunions officielles, dont 217 séances publiques, au cours desquelles 81 résolutions ont été adoptées et 65 déclarations présidentielles prononcées. Au cours de cette période, le Conseil a par ailleurs renouvelé 26 mandats d’opérations de maintien de la paix, et en a créé une autre.
Plusieurs délégations ont regretté que ce rapport, adopté par le Conseil de sécurité le 6 décembre dernier, ait été remis tardivement à l'Assemblée générale. Certaines ont également estimé que le rapport aurait été plus utile s'il avait été accompagné d'une évaluation plus analytique des activités du Conseil. Selon la Tunisie, le rapport n’est qu'une compilation de décisions et de résolutions adoptées et une description, plutôt factuelle, des travaux de cet organe.
Par ailleurs, l'Assemblée générale a décidé de suspendre les travaux de sa soixante et unième session le jeudi 21 décembre 2006 et de prolonger ceux de la Cinquième Commission jusqu'au mardi 19 décembre 2006.
Les représentants des États suivants ont pris la parole: Qatar, Cuba, au nom du Mouvement des non alignés, Ukraine, au nom du GUAM, Barbade, au nom de la Communauté des Caraïbes, Émirats arabes unis, Koweït, Bahreïn, Suisse, Liechtenstein, Tunisie, Arabie saoudite, Égypte, République tchèque, Costa Rica, Pakistan, Saint-Marin, Colombie, Jordanie, Pays-Bas, Japon, Turquie, Viet Nam, Allemagne, Islande, Chine, Myanmar, Brésil, République démocratique populaire lao, États-Unis, Singapour, Finlande, Sénégal et Mexique.
L'Assemblée générale poursuivra ce débat demain matin, à 10 heures.
1 Rapport publié sous la cote A/61/2
RAPPORT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ (A/61/2); QUESTION DE LA REPRÉSENTATION ÉQUITABLE AU CONSEIL DE SÉCURITÉ ET DE L’AUGMENTATION DU NOMBRE DE SES MEMBRES ET QUESTIONS CONNEXES
Déclarations
SHEIKHA HAYA RASHED AL KHALIFA, Présidente de la soixante et unième session de l’Assemblée générale, a souligné que la question de la représentation équitable au Conseil de sécurité et de l’augmentation du nombre de ses membres a, pour la première fois, été introduite à l’ordre du jour de l’Assemblée générale en 1979, lors de sa trente-quatrième session. Les discussions sur ce sujet ont abouti, le 3 décembre 1993, lors de la quarante-huitième session, à l’établissement d’un Groupe de travail à composition non limitée. Lors des cinquante-neuvième et soixantième sessions, un certain nombre de projets de résolution sur la réforme du Conseil de sécurité ont été présentés par plusieurs groupes de travail, donnant lieu à des réunions officieuses et officielles, a-t-elle ajouté. Les efforts entrepris jusqu’à présent n’ont pas permis de conclure sur la réforme du Conseil de sécurité. Nous ne devons pas perdre l’espoir dans notre capacité à progresser sur cette question importante, a-t-elle dit. Après tant d’années de débat non concluant, le moment est venu de procéder à une évaluation réaliste de l’ensemble de la question, avec un esprit ouvert et frais afin de pouvoir faire des progrès conséquents. La Présidente s’est dite disposée à travailler avec toutes les délégations pour mettre sur pied le processus le plus approprié.
M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar), Président du Conseil de sécurité, a présenté le rapport annuel du Conseil à l'Assemblée générale, qui recouvre la période allant du 1er août 2005 au 31 juillet 2006. Il a noté que, comme cela avait été déjà constaté auparavant, l'ordre du jour du Conseil était de plus en plus chargé. Le Conseil a tenu 259 réunions officielles, dont 217 séances publiques, au cours desquelles il a adopté 81 résolutions et 65 déclarations présidentielles. Il a renouvelé 26 mandats d’opérations de maintien de la paix, et en a créé une autre. Le Conseil a aussi mis l'accent sur plusieurs questions thématiques, comme le raffermissement du droit international, la coopération entre les organisations internationales et l'ONU pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, ou encore les femmes dans les conflits armés. M. Al Nasser a rappelé que le Conseil de sécurité avait organisé quatre missions: en Afrique centrale, en Éthiopie et Érythrée, au Soudan et au Tchad, et enfin en République démocratique du Congo. La délégation française, qui a préparé le rapport d'activité du Conseil, y expose toutes les activités menées par le Conseil au cours de l’année écoulée, a précisé le Président. Il a souhaité rappeler les principaux éléments de ces activités, en commençant par l'Afrique. En Côte d'Ivoire, où un nouveau Premier Ministre a été nommé, le Conseil a renouvelé le mandat de l'ONUCI, a-t-il indiqué. Le Président a également cité les améliorations constatées en Guinée-Bissau, avec les élections qui se sont tenues, et en Sierra Leone, avec la création du Bureau intégré de l'ONU dans ce pays. Il a évoqué la situation au Libéria, où le Conseil a renouvelé le mandat de la MINUL, ainsi que les actions du Conseil au Burundi, où la tenue d'élections était l'objectif premier, et au Darfour où le Conseil a coopéré avec l'Union africaine.
Pour ce qui est de la région du Moyen-Orient, le Conseil de sécurité a souvent exprimé ses préoccupations concernant l'Iraq et la Palestine, a rappelé M. Al-Nasser. En outre, au moment de l'escalade de la violence dans la bande de Gaza, il a rappelé que le Conseil avait exprimé sa réprobation lorsque les forces israéliennes avaient ouvert le feu sur un poste d'observation des Nations Unies. Pour ce qui est de la situation politique au Liban, elle a conduit à une réunion à laquelle a participé le Premier Ministre libanais, a-t-il rappelé, évoquant aussi la négociation avec le Gouvernement libanais pour créer un tribunal pénal spécial pour juger les responsables de l'assassinat de Rafik Hariri. Le Président du Conseil a aussi évoqué les progrès connus par Haïti en matière d'élections, ainsi que la situation en Afghanistan et au Timor-Leste. En Europe, le Conseil a été saisi notamment des questions relatives à Chypre et au statut final du Kosovo. Le Président a rappelé ensuite les questions des programmes nucléaires de la République populaire démocratique de Corée et de l'Iran. Une question prioritaire du Conseil a été la lutte contre le terrorisme international, a-t-il poursuivi. À cet égard, il a évoqué les activités des trois comités relatifs à cette question. Pour conclure, le Président a indiqué que le Conseil de sécurité avait travaillé à améliorer ses méthodes de travail, en s'engageant à développer plus de transparence et d'interaction avec les membres du système des Nations Unies.
M. RODRIGO MALMIERCA DÍAZ (Cuba), qui s’exprimait au nom du Mouvement des pays non alignés, a regretté que le rapport du Conseil de sécurité n’ait été publié en tant que document officiel que quelques jours seulement avant la tenue de ce débat. Il a demandé au Conseil de sécurité de présenter un rapport annuel plus complet et plus analytique, et de présenter des rapports spéciaux pour que l’Assemblée puisse, conformément à la Charte des Nations Unies, les examiner en session. Il a attiré l’attention de l’Assemblée générale sur ce qu’il a qualifié d’usurpation par le Conseil de sécurité de fonctions et de pouvoirs qui relèvent de ceux d’autres organes principaux des Nations Unies. Une coopération étroite et nourrie entre les organes principaux des Nations Unies est indispensable pour faire face aux défis existants, nouveaux et qui se profilent, a-t-il déclaré. Il a ainsi exhorté les Présidents de l’Assemblée générale, de l’ECOSOC et du Conseil de sécurité à se réunir périodiquement pour coordonner le travail sur l’ordre du jour et les questions relevant du programme de travail des organes qu’ils représentent.
Le représentant s’est dit inquiet devant le manque de progrès dans les débats de l’Assemblée générale sur la réforme du Conseil de sécurité. Les débats ne doivent pas, selon lui, se concentrer uniquement sur la question du nombre des membres du Conseil de sécurité, mais doivent aussi traiter de son ordre du jour, de ses méthodes de travail et du processus de prise de décision. Dénonçant un abus du recours par le Conseil de sécurité au Chapitre VII de la Charte de l’ONU, il a plaidé en faveur d’une définition plus stricte de l’objectif du régime des sanctions. Sa durée doit reposer sur des bases juridiques cohérentes et les sanctions doivent être levées dès que les objectifs sont réalisés, a-t-il soutenu. La transparence, la franchise et la cohérence constituent des éléments que le Conseil de sécurité doit respecter, a estimé le représentant, qui a, par ailleurs, plaidé en faveur de l’élimination définitive du droit de veto des membres permanents du Conseil de sécurité. Il a également souhaité que le Conseil de sécurité tienne plus de réunions publiques. De même, selon lui, les sessions d’information du Conseil doivent faire l’objet de réunions publiques, sauf lors de cas exceptionnels. Enfin, il a demandé que le Conseil raffermisse ses relations avec le Secrétariat des Nations Unies et les pays contributeurs de troupes.
M. VIKTOR V. KRYZHANIVSKYI (Ukraine), au nom des États membres de l’Organisation pour la démocratie et le développement économique (GUAM), a affirmé qu’une des plus graves menaces à la paix et la sécurité internationales était le terrorisme international. Pour combattre ce fléau, il a souhaité que le Conseil de sécurité continue à jouer son rôle unique de mobilisateur de la communauté internationale et d’utilisateur du Comité contre le terrorisme, élément essentiel dans cette lutte. Le représentant a, par ailleurs, invité la République populaire démocratique de Corée à cesser ses programmes nucléaires et à reprendre le dialogue avec l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA). Évoquant aussi la nécessité de trouver une solution négociée au problème que pose l’Iran en la matière, le représentant a estimé que le Conseil de sécurité devait continuer à jouer un rôle important dans les efforts multilatéraux visant à renforcer le régime de non-prolifération. S’agissant de la situation en Iraq et au Moyen-Orient, il a salué les efforts du Conseil pour faire appliquer les résolutions pertinentes et concernant le statut final du Kosovo, il a souhaité que la décision que prendrait le Conseil sur la question n’impose pas une solution mais reflète le consentement des deux parties. Il a également salué l’adoption de la résolution 1716 du Conseil de sécurité qui réaffirme l’engagement de tous les membres du Conseil quant à la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Géorgie dans ses frontières reconnues sur le plan international.
Le représentant a, par ailleurs, jugé indispensable l’initiative de rendre le Conseil plus représentatif et équilibré et son travail plus efficace et transparent. Il a estimé que les groupes régionaux devaient continuer à intervenir dans le processus de cette réforme, soutenant l’idée selon laquelle l’augmentation du nombre des membres non permanents devait assurer une meilleure représentation de l’Europe de l’Est avec au moins un siège pour cette région. Il s’est également prononcé en faveur de l’élargissement de la composition permanente du Conseil, affirmant que les plus gros pays contributeurs à l’ONU, en matières militaire, diplomatique et financière, participent davantage au processus de décision au sein du Conseil de sécurité.
M. CHRISTOPHER FITZHERBERT HACKETT (Barbade), qui s'exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a souhaité que le Conseil de sécurité continue de rester engagé en faveur d'Haïti et de fournir au pouvoir actuel le temps et le soutien nécessaires pour qu'elle établisse une paix durable et de bonnes bases pour le développement durable du pays. Le représentant a, en outre, regretté que le rapport du Conseil de sécurité ne contienne pas une évaluation de son travail. Une évaluation est essentielle pour que l'Assemblée ait un examen riche de sens des activités du Conseil, a-t-il estimé. Il s'est, par ailleurs, déclaré préoccuper par le fait que l'Assemblée générale ne soit toujours pas en mesure d'entreprendre la réforme du Conseil de sécurité. Il a mis l'accent sur la nécessité de redoubler d'efforts pour parvenir à un accord sur cette question importante, souhaitant qu'ils aboutissent avant la fin de l'actuelle session de l'Assemblée générale. Le représentant de la Barbade a également rappelé la position de la CARICOM en faveur d'une augmentation, dans les deux catégories, du nombre des membres du Conseil de sécurité et d'une plus grande représentation des pays en développement. Le veto est un anachronisme qui devrait être aboli, a-t-il également dit. Selon lui, si cette question ne fait pas l'objet, dans l'immédiat, d'un accord, le veto doit être utilisé avec retenue. Les méthodes de travail du Conseil de sécurité doivent être plus transparentes et ouvertes, a-t-il aussi affirmé.
M. ABDULAZIZ NASSER AL-SHAMSI (Émirats arabes unis) a relevé la complexité de la réforme du Conseil de sécurité compte tenu des différences de vues des États Membres de l'ONU sur la question. Il a toutefois déploré une certaine incohérence de l’action du Conseil, qui a parfois adopté des mesures efficaces et conformes aux dispositions du Chapitre VII de la Charte de l'ONU pour gérer des questions de sécurité dans certaines régions du monde, tout en restant silencieux ou ignorant d’autres situations, ailleurs, qui sont à son avis, plus menaçantes pour la paix et la sécurité internationales. Le représentant s’est, par ailleurs, déclaré favorable à l'augmentation du nombre des membres permanents et non permanents, respectueux d’une représentation géographique équitable et d’une meilleure représentation des pays en développement, affirmant par ailleurs qu’un siège permanent devait être réservé au Groupe des pays arabes de l’ONU. Il s’est, par ailleurs, prononcé pour une limitation du droit de veto, proposant notamment que celui-ci ne soit utilisé que pour les résolutions présentées dans le cadre du Chapitre VII de la Charte et qu’il puisse être annulé par une majorité des deux tiers comme moyen d’assurer que les décisions du Conseil de sécurité ne sont ni partiales ni sélectives. Il a aussi souhaité que le Chapitre VII de la Charte ne soit plus invoqué pour des situations qui ne posent pas de menaces imminentes à la paix et la sécurité internationales, et estimé que l’imposition de sanctions ne devrait intervenir que lorsque tous les autres moyens de dissuasion pacifiques ont été épuisés.
M. AL-MURAD (Koweït) a affirmé que son pays soutenait la réforme de tous les organes principaux des Nations Unies, afin, notamment, que le Conseil de sécurité puisse accomplir sa mission principale, qui repose sur la Charte de l’ONU, d'assurer la paix et la sécurité mondiales. Tout changement ne doit pas affecter l'efficacité du Conseil de sécurité face aux défis et menaces que rencontre la communauté internationale, a-t-il ajouté. Le Koweït, a-t-il également souligné, appuie toutes les propositions visant à assurer davantage de transparence, d'honnêteté et de clarté, ainsi qu'un échange d'informations entre les pays membres. Il est nécessaire d'utiliser des normes sur l'utilisation du droit de veto, a-t-il également estimé, notant que celle-ci devait être limitée au cadre de questions relatives au Chapitre VII de la Charte de l’ONU. Le représentant a enfin plaidé en faveur d'un élargissement du nombre des membres du Conseil de sécurité qui prendrait en compte une meilleure représentation des pays asiatiques.
M. TAWFEEQ AHMED ALMANSOOR (Bahreïn) a souligné que la réforme du Conseil de sécurité est devenue l’une des priorités, car le Conseil est la structure principale des Nations Unies qui traite des questions relatives à la paix et la sécurité internationales. Dans sa forme actuelle, le Conseil ne peut pas relever les défis qui se posent à lui et sa réforme doit se faire de façon globale, en prenant en compte les intérêts de tous les pays, a-t-il estimé. Selon lui, sa nouvelle structure devrait permettre d’en faire un organe plus démocratique, plus responsable et plus transparent. Le Mouvement des pays non alignés a estimé que le processus de démocratisation était nécessaire pour abolir le droit de veto, a-t-il dit, rappelant à cet égard la réunion de La Havane qui s’est tenue en septembre dernier. Il faut créer un mécanisme qui permette aussi de faire face aux changements et de mieux répondre aux questions nouvelles. Le Groupe de travail à composition non limitée créé en 1993 pour travailler sur cette réforme n’est pas parvenu à un accord, a regretté le représentant. Il a rappelé que les discussions sur l’augmentation des membres du Conseil de sécurité sont dans une impasse totale. Le Conseil représente pourtant la vitrine des Nations Unies, et tous les États Membres doivent ressentir que cet organe les représente, a-t-il fait remarquer.
M. PETER MAURER (Suisse) a estimé que le rapport du Conseil de sécurité gagnerait en utilité s'il s'accompagnait d'une évaluation plus analytique des activités du Conseil au cours de l’année. Il a plaidé en faveur d'un élargissement du nombre des membres du Conseil de sécurité qui, a-t-il dit, renforcerait la représentativité de celui-ci et refléterait plus fidèlement la réalité géopolitique présente. Toutefois, a-t-il estimé, cet élargissement devrait s’effectuer de manière raisonnable et gérable, sans entraîner l'octroi du droit de veto à d'autres membres pour ne pas alourdir le processus décisionnel. Le représentant a rappelé que son pays, en coopération avec le Costa Rica, la Jordanie, le Liechtenstein et Singapour, formant le Groupe des « Small Five » (S5), plaidait en faveur d'une amélioration des méthodes de travail du Conseil, de manière à leur donner plus de transparence, et de préserver la capacité des pays qui n'ont pas les ressources nécessaires pour être membres du Conseil, à interagir valablement avec lui. Le délégué a, par ailleurs, noté qu'un certain nombres de mesures prévues dans l'initiative des S5 n'avaient pas encore été examinées ou partiellement seulement, citant ainsi, entre autres, la possibilité pour le Conseil de soumettre des rapports thématiques à l'Assemblée générale sur les questions de portée internationale; l'établissement de groupes chargés d'évaluer et de tirer parti des expériences acquises dans la mise en œuvre des décisions du Conseil; un meilleur partage de l'information avec les pays contributeurs de troupes et avec les contributeurs financiers importants sur l’évolution de la situation sur le terrain et la planification des missions; le renoncement volontaire au droit de veto en cas de génocide et de crimes contre l'humanité; et la nécessité d'expliquer l’usage du veto.
M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a affirmé que la réforme du Conseil de sécurité était essentielle, même si certains commencent à se demander si elle est réalisable. Avant tout, a-t-il demandé, cette réforme doit être guidée par la Charte des Nations Unies qui précise que le Conseil agit au nom de tous les États Membres. Par cette disposition, le Conseil de sécurité devrait représenter les réalités géopolitiques du monde d'aujourd'hui comme la diversité des opinions, a-t-il dit, constatant que ce n'était pas le cas actuellement. Le grand problème est la composition du Conseil et, malgré tous les efforts du Groupe de haut niveau en 2005, il n'y a pas eu d'initiative depuis plus d'un an, a-t-il fait remarquer. M. Wenaweser a considéré qu'il était fort peu probable qu'on arrive à trouver une formule qui réunisse les volontés politiques, par rapport à ce qui avait déjà été proposé. Le Liechtenstein, qui fait partie des cinq pays connus sous le nom des « Small Five » (Groupe des cinq petits États), a concentré ses efforts sur les questions concernant l'élargissement de la composition du Conseil de sécurité, sachant que l'impasse serait longue. Ces pays ont aussi réfléchi aux méthodes de travail, considérant qu'elles ne sont pas secondaires, et ont apprécié que le Conseil ait adopté une note présidentielle sur cette question le 19 juillet dernier. L'Assemblée générale a toute la compétence nécessaire pour traiter de cette question, a-t-il ajouté. Nous avons cependant préféré ne pas présenter notre texte à l'Assemblée générale pour accorder au Conseil le temps nécessaire pour l'étudier, a expliqué le représentant. Ces propositions ne constituent pas un éventail complet, mais se concentrent plutôt, selon lui, sur les points les plus importants. De l’avis du représentant du Liechtenstein, il ne sera pas possible de parvenir à une solution rapide concernant la réforme du Conseil de sécurité et il fallait donc continuer à y travailler, pour adapter cette institution aux défis du XXIe siècle.
M. ALI HACHANI (Tunisie) a souhaité une amélioration des rapports des activités du Conseil de sécurité, ceux-ci ne constituant, à ses yeux, qu’une compilation de décisions et de résolutions adoptées et une description, plutôt factuelle, des travaux de cet organe. Les efforts du Conseil au Moyen-Orient demeurent en deçà des attentes, a-t-il également souligné. Selon lui, la frustration devant l’incapacité répétée du Conseil d’honorer ses responsabilités et de s’impliquer davantage dans le règlement de la question palestinienne fait peser une lourde menace sur la région et sur l’autorité du Conseil. Le représentant a estimé, en outre, que la finalité de toute réforme du Conseil est le renforcement de la représentation équitable au sein de cet organe, de sa crédibilité et de son efficacité. Le Conseil, a-t-il dit, doit refléter les réalités politiques et économiques du monde d’aujourd’hui et être doté de la légitimité nécessaire pour agir au nom de la communauté internationale dans l’accomplissement du mandat qui est le sien, conformément à la Charte. Ces objectifs ne sont pas réalisables sans un élargissement dans les deux catégories des membres, permanents et non permanents, a-t-il déclaré, précisant que la taille du Conseil de sécurité restructuré devait refléter toutes les sensibilités de la communauté internationale.
M. MISHAL BIN ABDULLAH BIN ABDULAZIZ AL-SAUD (Arabie saoudite) s'est dit favorable à une représentation géographique équitable concernant la répartition des sièges du Conseil de sécurité, autant pour les membres permanents que non permanents. Il a estimé que le Conseil, qui s'emploie à maintenir la paix et la sécurité internationales, était l'organe le plus important de l'ONU, et sa réforme était donc indispensable pour rendre son fonctionnement plus efficace et plus transparent. Le représentant a, par ailleurs, abordé la question du conflit au Moyen-Orient, affirmant que la communauté internationale avait pu assister aux agressions israéliennes au Liban et dans les territoires palestiniens, en violation des droits nationaux et humanitaires des habitants de ces régions. Selon lui, les pays membres du Conseil de sécurité, en particulier les membres permanents, ont un rôle important à jouer pour tenter de désamorcer les tensions relatives à ce conflit avant qu’elles ne s’aggravent.
M. MAGED ABDELAZIZ (Égypte) a mis l'accent sur la nécessité de s’assurer que l’action du Conseil de sécurité n’empiète pas sur les attributions de l'Assemblée générale et du Conseil économique et social de l’ONU. Il a, par ailleurs, déploré l’incapacité, selon lui, du Conseil de sécurité de s’opposer aux violations israéliennes lors du récent massacre de Beit Hanoun en raison de l'utilisation du droit de veto par l’un des membres permanents du Conseil et son échec à mettre un terme à l'agression d'Israël contre le Liban après 34 jours. Dénonçant l’utilisation excessive du droit de veto, le représentant a estimé que toute réforme du Conseil de sécurité doit inclure, à ses yeux, l'élargissement du nombre de ses membres dans les deux catégories, permanents et non permanents, ainsi qu’une réforme de ses méthodes de travail. Le représentant a plaidé, en particulier, pour une représentation juste des pays en développement, notamment des pays africains, ainsi que de toutes les cultures et civilisations. Par ailleurs, a-t-il affirmé, la question du droit de veto devait être examinée de façon holistique et intégrée, conformément aux principes d'égalité et de gouvernance démocratique internationale. Ceci suppose, a-t-il affirmé, l'élimination éventuelle du droit de veto, et, en attendant, son extension à tous les nouveaux membres permanents du Conseil.
M. PALOUS (République tchèque) a affirmé que toute réforme passait par celle du Conseil de sécurité. La République tchèque, a-t-il souligné, reste pour sa part favorable au projet du G4 formulé l’année dernière, qui a l’avantage sur les nouvelles propositions soumises depuis d’être la plus réaliste dans la réforme du Conseil et de permettre la meilleure représentation des pays en développement. Il ne faut pas pour autant oublier la réforme des méthodes de travail du Conseil, a poursuivi le représentant tchèque. À cet égard, a-t-il souligné, les idées du « Small Five » S5, bien qu’intéressantes et bien intentionnées, manquent toutefois de réalisme, dans la mesure où les réformes des méthodes de travail du Conseil doivent s’effectuer parallèlement à la réforme structurelle de cet organisme.
M. JORGE URBINA ORTEGA (Costa Rica) a indiqué que l’élargissement de la composition du Conseil n’était utile que pour le rétablissement d’une représentativité géographique affaiblie au fil des années, qui attribuerait des responsabilités accrues aux pays les plus pauvres de la planète. Affirmant par ailleurs que les représentants des États Membres permanents du Conseil de sécurité avaient tendance à accaparer les postes les plus importants à l’intérieur de l’Organisation, le représentant costaricien a estimé qu’il fallait se pencher sur ce problème avant de procéder à une quelconque augmentation du nombre de membres permanents du Conseil. Il a affirmé par ailleurs essentiel d’améliorer les méthodes du Conseil de sécurité, estimant que le travail accompli sur cette question par le Groupe de travail sur la documentation constituait un progrès important. En outre, a-t-il déclaré, le Conseil, qui agit au nom de tous les États Membres et œuvre pour le maintien de la paix et la sécurité internationales, devait rendre compte de ses travaux et décisions à l’Assemblée générale, comme, par exemple, au moment de la création d’une mission de maintien de la paix. Le représentant a également évoqué le problème du veto, déplorant qu’il ait été vidé de sa fonction première, car il est utilisé souvent comme un outil des intérêts particuliers au détriment des intérêts généraux. Il s’est prononcé pour une limitation drastique du droit de veto, celui-ci ne pouvant être utilisé qu’en cas de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a exprimé la fierté de son pays d’être celui qui contribue le plus, en terme d’effectifs, aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Il a déploré, par ailleurs, que la mise en œuvre de certaines résolutions soit ignorée ou que le Conseil ne réagisse pas, comme lors de l’agression israélienne contre le Liban. Il a, en outre, déploré la tendance du Conseil de sécurité d’empiéter sur les attributions confiées à d’autres organes principaux de l’organisation, comme l’Assemblée générale. Cette situation nuit à l’équilibre délicat envisagé par la Charte et à l’efficacité des Nations Unies, a-t-il estimé, affirmant qu’une réforme globale du Conseil de sécurité était souhaitable pour le doter de plus de légitimité et de crédibilité. Il a, par ailleurs, appuyé l’initiative des cinq « Small Five » (S5) sur la réforme des méthodes de travail du Conseil, laquelle, à son avis, ne va pas assez loin.
Le représentant a également estimé qu’une réforme globale du Conseil de sécurité devait examiner la question vitale du veto, qui sert, à son avis, à bloquer les prises de décisions. Les cinq membres permanents n’ayant pas l’intention de renoncer à ce pouvoir ou à le partager, le représentant a proposé qu’afin de parvenir à une répartition plus juste des pouvoirs à l’intérieur du Conseil, il soit procédé à un relèvement de la majorité proportionnelle requise pour l’adoption de résolutions dans le cadre d’un Conseil élargi, faisant passer la majorité des trois cinquièmes actuellement en vigueur à une majorité des deux tiers. Cette modification permettrait, à son avis, aux membres élus du Conseil, en particulier les pays en développement, d’accroître leur influence dans les prises de décisions, a-t-il déclaré. Le projet de résolution « Unis pour le consensus », défendu par le Pakistan, est réalisable et juste, a-t-il affirmé, précisant que plus l’élargissement du Conseil sera modeste, plus grand sera le besoin de trouver les moyens d’assurer une représentation équitable de tous les États.
M. DANIELE BODINI (Saint-Marin) a déploré que l’on en soit toujours au même point et que la réforme du Conseil n’ait pas avancé malgré diverses propositions. Sa composition devrait être réellement représentative et personne ne s’y oppose, a-t-il noté. Le représentant de la principauté de Saint-Marin a souhaité qu’au cours de l’année 2007, les États Membres soient convoqués pour négocier de nouvelles règles régissant le futur Conseil de sécurité.
Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a expliqué que son pays donnait la priorité à la réforme des méthodes de travail. Celles-ci doivent s’adapter aux temps nouveaux avec une plus grande participation des États non membres du Conseil. Cela éviterait de parachuter des solutions artificielles et trop générales et permettrait de prendre des décisions en meilleure connaissance de cause, a-t-elle estimé. Le Conseil doit fournir des informations régulières afin d’informer tous les États Membres, a-t-elle estimé. La Colombie, qui s’est toujours opposée au veto, est favorable à son abolition. En attendant, il doit en être fait une utilisation parcimonieuse, a souligné la représentante colombienne.
Nous avons toutes les cartes en mains pour jeter des ponts afin d’arriver à la réforme, a-elle estimé. Les projets de texte doivent assurer une représentation juste des membres non permanents. La représentante a estimé qu’il faudrait faire preuve de réalisme et de souplesse, et exclure les privilèges qui distinguent les membres permanents des membres non permanents, a-t-elle ajouté. Il faut dépasser les simples consultations informelles au sujet de la réforme du Conseil, les simples échanges de vues, et en venir à un véritable processus de négociations avec des objectifs clairs et des procédures définies. Si l’Assemblée générale se dirige dans cette direction au cours de la présente session, nous aurons gagné en crédibilité, a conclu la représentante de la Colombie.
M. ZEID RA’AD AL-HUSSEIN (Jordanie) a souhaité la mise en œuvre de toutes les recommandations du Groupe de travail sur les méthodes de travail du Conseil de sécurité, qui prévoient notamment la consultation des États Membres sur les questions débattues par le Conseil. Cela contribuerait à renforcer les résultats que recherche le Conseil, dans le cadre du maintien de la paix et la sécurité internationales. Le représentant a aussi souligné l’utilité de consultations avec les pays fournisseurs de contingent pour les opérations de maintien de la paix. De l’avis de sa délégation, la réforme des méthodes du Conseil de sécurité constitue un processus en évolution constante. Dans la proposition du Groupe des cinq petits États « Small Five », dont la Jordanie fait partie, M. Al-Hussein a indiqué que les idées exprimées peuvent jeter de bonnes bases pour la réforme du Conseil de sécurité. Nous tenons à souligner que la réforme de l’ONU ne serait pas complète sans la réforme du Conseil de sécurité et de ses méthodes de travail, en particulier l’augmentation de ses membres permanents et non permanents. Il faut une base démocratique pour cet élargissement, a-t-il précisé, et les États arabes doivent être représentés de façon continue.
M. FRANK MAJOOR (Pays-Bas) a jugé essentiel que les États Membres, les gouvernements, la société civile et les citoyens perçoivent les décisions du Conseil de sécurité comme légitimes et équitables. C’est ainsi, a-t-il dit, que les décisions du Conseil seront respectées. Un Conseil de sécurité élargi, avec davantage de responsabilités, pourrait permettre un partage de son travail qui le rendrait plus efficace, a-t-il souligné, et l’avantage, de donner plus de pouvoirs à certaines régions, comme l’Afrique. Le représentant a, en outre, proposé d’offrir un siège, en certaines occasions, en particulier lors de négociations à huis clos, à des organisations régionales. L’un des grands défis est, selon lui, de définir quels pays pourraient avoir davantage de poids au sein du Conseil de sécurité. Il est important d’offrir à certains pays briguant un siège de membre permanent, la possibilité d’incarner leurs aspirations. Il s’est dit favorable à une réforme du Conseil de sécurité progressive et large, le moyen le plus sûr étant de s’entendre sur un accord provisoire.
M. KENZO OSHIMA (Japon) a rappelé que le Japon, en tant que membre du Conseil de sécurité depuis deux ans, avait participé activement aux travaux du Conseil, et a en particulier présidé le Groupe de travail sur les opérations de maintien de la paix et celui sur les méthodes de travail. En ce qui concerne le premier, le représentant a souligné les problèmes de gestion que pose l’augmentation significative de missions de maintien de la paix, notamment les difficultés rencontrées avec le personnel qui pratique l’exploitation sexuelle. C’est dans ces conditions que le Groupe de travail a été renouvelé, en assurant par exemple une plus grande participation à ses travaux des pays fournisseurs de contingent et des plus gros donateurs. Le Japon a, par ailleurs, présidé le Groupe de travail sur la documentation et autres questions de procédure depuis février. Le Conseil a mentionné, dans une note, les propositions de ce Groupe qui visent à améliorer la transparence, l’interaction et le dialogue avec ceux qui ne sont pas membres du Conseil et les membres du Conseil se sont engagés à mettre en œuvre ces recommandations. C’est un petit pas pour l’instant mais nous espérons qu’il sera accompagné d’autres mesures, a-t-il ajouté. Concernant la question de la réforme du Conseil de sécurité, le représentant a rappelé que le Japon, à l’instar de nombreux États, a toujours estimé que le Conseil n’est pas aussi efficace qu’il pourrait l’être. Plusieurs pays ont exprimé leur soutien pour les candidatures du Brésil, du Japon, de l’Allemagne et de l’Inde pour des sièges de membres permanents. Le représentant a émis l’espoir que l’élargissement le Conseil se fasse d’une façon conforme aux réalités d’aujourd’hui. Le débat sur cet élargissement est cependant dans l’impasse depuis lacinquante-neuvième session de l’Assemblée générale, a-t-il regretté. Il nous faut maintenant une proposition nouvelle, pour permettre un accord sur l’augmentation des membres permanents et non permanents. Il a espéré qu’il pourrait présenter des propositions élargies et a invité les autres États à formuler des solutions novatrices. Cela fait 15 ans que l’on parle du Conseil de sécurité et le Japon entend déployer tous ses efforts pour que cette réforme puisse enfin être réalisée.
M. BAKI ILKIN (Turquie) a affirmé que la réforme du Conseil de sécurité devait rendre celui-ci être plus représentatif dans sa composition et plus efficace dans ses méthodes de travail, déplorant que les projets de réforme proposés ne correspondaient pas aux attentes et exigences de tous les États Membres. À son avis, il n’y a que deux possibilités: ou bien on continue de préconiser l’adoption de l’un des modèles existants, ce qui risque de mener à une impasse; ou bien, chacun présente des modèles nouveaux et différents, capables de répondre, partiellement du moins, aux exigences de la communauté internationale. À l’heure actuelle, a affirmé le représentant, nous sommes face à une situation où « le mieux est l’ennemi du bien ». C’est à nous de décider si l’on veut camper sur des positions maximalistes en maintenant nos exigences nationales ou si on est disposé à entamer le dialogue pour aboutir à un dénominateur commun, même s’il ne satisfait pas toutes nos exigences, a-t-il indiqué. La Turquie, pour sa part, se dit prête à prendre une part active dans ce processus, a conclu le représentant.
M. HOANG CHI TRUNG (Viet Nam) a énuméré les succès enregistrés par le Conseil de sécurité dans ses missions de maintien de la paix en Sierra Leone, République démocratique du Congo, au Libéria, en Haïti et au Burundi, estimant décourageante en revanche l’escalade de la violence au Moyen-Orient. Une paix stable et durable dans la région exige de la part de l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité de parler d’une seule voix, a-t-il dit. Le représentant a, par ailleurs, estimé que la réforme du Conseil de sécurité ne pourrait pas être achevée sans une réforme de sa composition et de ses méthodes de travail, souhaitant notamment que ce dernier point fasse l’objet d’une grande coordination entre le Président du Conseil de sécurité, celui de l’Assemblée générale et celui du Conseil économique et social. Le représentant a d’autre part salué la volonté des États de continuer à discuter de la réforme de la structure du Conseil et à vouloir surmonter leurs différends sur cette question.
M. THOMAS MATUSSEK (Allemagne) a souligné que la réforme du Conseil de sécurité s’est avérée être une question sensible et délicate. Il a rappelé que le Groupe des quatre, qui est composé de l’Allemagne, du Brésil, de l’Inde et du Japon, avait été accusé par certains de trop vouloir se hâter de façon artificielle dans la réforme. Or, a-t-il estimé, depuis les 20 mois qui se sont écoulés, rien n’a été obtenu, ceci se traduisant par une atmosphère de méfiance qui dépasse la question du Conseil de sécurité. Il faut agir sans retard, a-t-il affirmé. Le représentant a jugé qu’un Conseil de sécurité élargi devait être efficace et efficient, ce qui, a-t-il dit, peut être réalisé avec un Conseil de 25 membres. L’OTAN et l’Union européenne, qui ont récemment élargi le nombre de leurs membres, ont montré que ceci était possible, a-t-il ajouté. Le représentant a, en outre, appuyé les idées développées par le Groupe des « Small Five » (cinq petits États) sur les méthodes de travail du Conseil, mais s’est interrogé sur le fait de savoir si cette question devait être traitée indépendamment de la réforme de la structure. Il a appelé tous les États concernés à s’engager de nouveau dans la réforme du Conseil de sécurité dans le but de surmonter l’impasse actuelle.
M. HJALMAR HANNESSON (Islande) a estimé qu’il fallait faire preuve d’ouverture d’esprit dans ce débat, chacun connaissant désormais les positions des uns et des autres. Malheureusement, rien ne s’est passé depuis un an et nous avons perdu la dynamique de départ, a-t-il déploré, constatant que la réforme du Conseil de sécurité faisait l’objet de débats depuis plus d’une décennie. Il s’agit pourtant d’un élément essentiel à une plus grande efficacité des Nations Unies, a-t-il affirmé. Affirmant que son pays avait appuyé la proposition du G4 car elle préconisait plus de transparence, et avait soutenu la proposition du Groupe « Small Five » (S5), car elle n’était pas contradictoire avec celle du G4, le représentant islandais a annoncé que l’Islande, qui n’a jamais été candidate à un siège non permanent au Conseil de sécurité, avait décidé d’y postuler pour la période 2009-2010. Il a affirmé que l’Islande continuerait à s’impliquer activement dans les débats concernant la réforme du Conseil de sécurité.
M. WANG GUANGYA (Chine) a estimé qu'un Conseil de sécurité hautement efficient et responsable était dans l'intérêt de tous. Depuis le Sommet mondial de septembre 2005, la réforme des Nations Unies a bien avancé dans de nombreux domaines, a-t-il constaté, citant, notamment, la création du Conseil des droits de l'homme, de la Commission de consolidation de la paix ou du Fonds d'intervention pour les urgences humanitaires. La réforme des Nations Unies touche aux intérêts de l'ensemble des 192 États Membres, a-t-il ajouté. Il s'ensuit donc que pour que la réforme du Conseil de sécurité soit suffisamment viable, a-t-il constaté, celle-ci doit être le résultat de consultations étendues. La Chine a constamment appuyé le Conseil de sécurité en mettant en œuvre toutes les réformes raisonnables en vue de lui permettre d'affronter les nouveaux défis et menaces. La réforme du Conseil doit tenir compte des intérêts et préoccupations de toutes les parties, tout en tenant compte d'une plus grande représentation des pays en développement, en particulier des pays africains, a-t-il poursuivi. Selon lui, la réforme du Conseil doit être mise en œuvre sur la base de consultations approfondies et non de confrontations. Le consensus le plus large possible est la condition pour le succès de la réforme, a-t-il expliqué.
M. U MAUNG WAI (Myanmar) a affirmé que la participation active d’un grand nombre de délégations au débat sur la réforme du Conseil de sécurité en juillet dernier avait démontré l’intérêt pour cette question. À son avis, la réforme du Conseil de sécurité devait passer nécessairement par l’élargissement de sa composition. La solution qui sera adoptée devra être acceptable pour la majorité des États Membres, a précisé le représentant. Il a, par ailleurs, estimé que les activités du Conseil de sécurité ne devaient pas empiéter sur les prérogatives de l’Assemblée générale, le Conseil devant strictement respecter toutes les dispositions de la Charte et les résolutions de l’Assemblée générale relatives aux relations entre le Conseil et les autres organes des Nations Unies. À titre d’exemple, le représentant a cité le cas de son pays, qui avait été dénoncé à l’initiative d’un des membres permanents du Conseil comme menaçant la paix et la sécurité internationales, en dépit des démenties des pays limitrophes et du groupe des pays non alignés. Le représentant a, par ailleurs, souhaité que le monde en développement fasse entendre davantage sa voie dans le cadre d’un Conseil élargi.
M. TARRAGO (Brésil) a déclaré qu’il fallait disposer d’un Conseil de sécurité capable de répondre aux difficultés de notre époque, compte tenu de l’exacerbation des tensions régionales et de la victimisation croissante des populations civiles. Il a estimé que certains progrès avaient été enregistrés récemment à l’ONU avec la création de la Commission d’établissement de la paix et du Conseil des droits de l’homme. Affirmant que la réforme du Conseil de sécurité avait pour but prioritaire de le rendre plus démocratique et plus représentatif, le représentant s’est prononcé pour un élargissement de cet organisme, compte tenu de l’augmentation considérable du nombre d’États Membres au fil des années. Le représentant a affirmé qu’un tel élargissement apporterait en outre une plus grande légitimité au Conseil, invitant les États Membres à faire preuve de courage dans l’élaboration d’une telle réforme.
M. ALOUNKEO KITTIKHUN (République démocratique populaire lao) a souhaité que le Conseil de sécurité soit plus efficace, plus démocratique et plus transparent. Son pays, a-t-il assuré, est favorable à ce que le Conseil soit élargi, en ce qui concerne tant ses membres permanents que ses membres non permanents, en tenant compte d’une répartition géographique équitable. Il faudrait aussi, selon le représentant, plus de transparence des méthodes du Conseil de sécurité, en particulier dans les processus de prise de décisions. Cela augmenterait la confiance des États Membres et permettrait à ceux-ci de soutenir les décisions du Conseil. Le Conseil de sécurité, premier organe responsable du maintien de la paix et la sécurité internationales, devrait s’adapter aux changements intervenus depuis 1945, a ajouté M. Kittikhun. C’est avec un grand esprit de compromis que nous pourrons réaliser la réforme du Conseil de sécurité, a-t-il souligné.
M. WALLACE (États-Unis) a affirmé que son pays était favorable à une Organisation des Nations Unies forte et dynamique, ajoutant qu'il défendait la réforme visant à permettre à l’Organisation d'affronter avec succès les principaux défis du XXIe siècle. Le représentant a déploré toutefois que les efforts collectifs en faveur de la réforme n'avaient donné que des résultats modestes. Il faut moderniser le Conseil de sécurité, a-t-il dit, se prononçant pour un élargissement modeste du nombre de ses membres. L'équilibre du pouvoir n'est plus le même qu'en 1945, a-t-il constaté, tandis que les acteurs non étatiques et les activités transnationales comme le terrorisme ont considérablement accru les menaces à la paix et à la sécurité internationales. À son avis, toute expansion du Conseil de sécurité doit renforcer la capacité du Conseil de sécurité à répondre avec souplesse, crédibilité et efficacité aux crises de notre époque. L’une des raisons de son fonctionnement efficace est sa taille qui lui permet d'avoir des discussions utiles et gérables, a-t-il expliqué. Le représentant a, par ailleurs, déclaré que les nouveaux membres permanents, s’ils devaient être ajoutés à la composition actuelle du Conseil, devaient être d’une compétence extrême pour assumer les énormes responsabilités qui sont les leurs, citant comme critères la taille de l'économie et de la population du pays, sa capacité militaire, ses contributions financières ou en contingents aux Nations Unies, son engagement en faveur de la démocratie et des droits de l'homme et un équilibre géographique équitable. Il a affirmé que les États-Unis continuaient à soutenir la candidature du Japon à un poste de membre permanent du Conseil de sécurité.
M. VANU GOPALA MENON (Singapour) a déclaré que le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale devraient travailler de concert. Évoquant les propositions du Groupe des « Small Five », le représentant de Singapour a noté que bien qu’elles aient été formulées il y a neuf mois, elles n’ont pas été discutées avec le Conseil en tant que tel. Singapour appuie les propositions du Groupe des quatre, tout en étant opposé à l’extension du veto aux nouveaux membres car cela compliquerait la prise de décisions tout en sapant la crédibilité et l’efficacité du Conseil. Le représentant convient que dans un monde idéal il faudrait en même temps élargir le Conseil de sécurité et réformer les méthodes de travail des Nations Unies. En attendant, il est plus praticable de se recentrer sur les méthodes de travail, celles-ci étant plus susceptibles de consensus.
Mme KIRSTI LINTONEN (Finlande) a affirmé qu’elle était en faveur de la réforme du Conseil de sécurité et, en particulier, de l’augmentation de ses membres. Nous devons tout faire pour donner une plus grande efficacité au Conseil de sécurité, notamment dans sa fonction première qui est de maintenir la paix et la sécurité internationales. Tous les membres des Nations Unies sont directement ou indirectement affectés par les décisions du Conseil de sécurité, a-t-elle souligné. Pour que le Conseil soit efficace, elle a souhaité que le droit de veto ne soit pas donné aux nouveaux membres. Les méthodes de travail doivent, en outre, être réformées, a-t-elle estimé. La Finlande appuie les aspirations exprimées par l’Allemagne, le Japon, le Brésil et l’Inde de siéger en tant que membres permanents du Conseil élargi, tout en y incluant des représentants de pays en développement de l’hémisphère Sud.
M. MAMADOU MOUSTAPHA LOUM (Sénégal) a estimé que l’injustice faite à l’Afrique devait être réparée en priorité, en lui octroyant, avant tout examen de réforme du Conseil de sécurité, un siège permanent. Comment, a-t-il dit, concevoir que l’on puisse discuter au Conseil de sécurité des problèmes africains, prendre des mesures et des décisions et les appliquer sans que l’Afrique ne soit représentée au moins par un membre permanent? C’est, selon lui, une hérésie de l’histoire qu’il convient de corriger au plus vite, dans le cadre d’une expansion juste et équitable, à l’issue de laquelle l’Afrique disposerait de deux sièges permanents, dont les titulaires auraient les mêmes prérogatives et privilèges que les membres permanents actuels, et de cinq sièges non permanents. Le Sénégal, a-t-il dit, n’envisage aucunement la proposition visant l’élargissement du Conseil dans la seule catégorie de sièges non permanents. Selon lui, l’exercice de la réforme du Conseil de sécurité est un processus délicat et appelle de la part des États Membres une somme considérable d’efforts, d’imagination et d’initiatives hardies et novatrices.
M. ENRIQUE BERRUGA (Mexique) a constaté que la question de la réforme de l’ONU fait l’objet de discours incessants depuis une douzaine d’années, soulignant qu’il était grand temps de mettre un terme à cette succession de monologues. La question prioritaire est de savoir comment corriger les faiblesses actuelles du Conseil et comment moderniser le fonctionnement du Conseil de manière à ce qu’il soit capable d’assumer ses responsabilités et pour qu’on ne soit pas contraints de recommencer à réformer cet organisme dans 20 ans. Cet exercice pose à son avis un certain nombre de défis, dont, notamment, comment assurer une représentation plus juste au Conseil sans compromettre son efficacité; comment rendre le Conseil plus responsable, surtout en cas d’élections périodiques; comment rendre sa structure plus souple et plus évolutive, notamment en cas d’élections périodiques; et comment explorer davantage les voies du règlement pacifique des conflits, sans avoir systématiquement recours au Chapitre VII de la Charte de l’ONU.
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