PLUSIEURS DIRIGEANTS APPELLENT À LA POURSUITE DES EFFORTS EN VUE DE COMBATTRE LE COMMERCE ILLICITE DES PETITES ARMES
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Assemblée générale
soixante et unième session
18e & 19e séances plénières
matin & après-midi
PLUSIEURS DIRIGEANTS APPELLENT À LA POURSUITE DES EFFORTS EN VUE DE COMBATTRE LE COMMERCE ILLICITE DES PETITES ARMES
La communauté internationale doit surmonter l’échec de la dernière Conférence d’examen de l’application du Programme d’action visant à prévenir et à combattre le commerce illicite des armes légères et de petit calibre. C’est le sens des messages que plusieurs dirigeants de pays sensibles à ce fléau ont aujourd’hui lancé du haut de la tribune de l’Assemblée générale. Les interventions des Ministres des affaires étrangères de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan ont, de leur côté, donné un coup de projecteur sur le conflit entre les deux pays au sujet du Haut Karabakh.
Malgré l’échec de la Conférence d’examen relative aux petites armes, l’été dernier à New York, le Programme d’action demeure valable, ont insisté plusieurs Ministres des affaires étrangères lors de la poursuite du débat général de la soixante et unième session de l’Assemblée générale, et ont demandé aux États Membres de l’appliquer. LaMinistre du Nigéria, soulignant que l’Afrique de l’Ouest avait été victime d’une instabilité résultant essentiellement de la prolifération illicite de ces armes, a rappelé que les États Membres de la CEDEAO avaient adopté en juin dernier une Convention historique qui vise à interdire leur transfert, à l’exception des cas de légitime défense et de sécurité nationale. La communauté internationale devrait s’inspirer de cet exemple, a-t-elle soutenu. Son homologue du Gabon a également souhaité, pour sa part, des progrès dans les consultations en vue d’entamer les négociations concernant l’adoption d’un instrument international sur le courtage de ces armes.
Les Ministres des affaires étrangères de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan ont vigoureusement opposé leurs points de vue au sujet du Haut Karabakh, source d’un long conflit entre les deux pays. Selon le premier, qui a évoqué des pogroms et des massacres anti-arméniens, ainsi que des déplacements de populations, l’Azerbaïdjan a perdu tout droit moral de garantir la sécurité du Haut Karabakh. Ce pays, a-t-il ajouté, ne croit toujours pas en un règlement pacifique du conflit. L’espoir d’une percée dans les négociations est vain tant que l’Arménie persistera à rejeter toute réunion en tête-à-tête et refusera toute approche constructive pour tenter de résoudre les problèmes existants, a maintenu le second, demandant un retrait sans condition des forces d’occupation de tous les territoires de l’Azerbaïdjan, le rétablissement de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de son pays et l’élaboration d’un statut d’autogestion dans le cadre d’un processus démocratique et légal fondé sur un accord des deux communautés de la région.
Au-delà de cette question, c’est le débat sur la légitimité des mouvements d’autodétermination des peuples qui a également dominé une partie du débat. Le chef de la diplomatie arménienne a ainsi jugé que le statut du Kosovo ne saurait, une fois défini, constituer un prétexte pour mettre un terme à d’autres mouvements d’autodétermination. D’un avis contraire, son homologue ukrainien, a dénoncé le scénario selon lui regrettable par lequel certains régimes autoproclamés de l’espace postsoviétique essaient d’utiliser le Kosovo comme précédent pour revendiquer l’indépendance, évoquant ainsi des référendums sur l’indépendance en Transnistrie, en Moldavie et le prochain en Ossétie du Sud. Ces référendums sont illégitimes et n’ont pas de conséquence légale, a-t-il affirmé. Le succès des négociations sur le statut du Kosovo dépendra de toute façon non seulement de la capacité des parties à parvenir à des arrangements mutuellement acceptables, mais aussi de la mise en place de normes, du respect des minorités et d’une décentralisation efficace, a jugé, de son côté, la Ministre de la Hongrie.
Diversité religieuse et dialogue entre les cultures ont par ailleurs été l’objet d’un débat soulevé notamment par la Slovénie et l’Indonésie. Pour la Ministre slovène des affaires étrangères, il n’existe pas de conflit entre les civilisations, mais plutôt un conflit entre notre civilisation mondiale et les groupes radicaux illégitimes qui luttent pour le pouvoir en utilisant la terreur et en détournant croyances religieuses et liens ethniques. Le chef de la diplomatie indonésienne a, de son côté, attiré l’attention sur l’erreur de certains cercles occidentaux attribuant à l’Islam une tendance à la violence. La seule façon de libérer les hommes des terroristes passe par le dialogue interreligieux et interculturel que l’Indonésie soutient afin de renforcer la voix des modérés, a-t-il insisté.
Les Ministres des pays suivants ont pris la parole: République populaire démocratique lao, Cambodge, Népal, Gabon, Nigéria, Barbade, Indonésie, Ukraine, Algérie, Slovénie, Hongrie, Malte, Botswana, République centrafricaine, Arménie, Bangladesh, Tadjikistan, Ouzbékistan, Saint-Marin, Érythrée, Azerbaïdjan, Jamahiriya arabe libyenne, Gambie, Guinée-Bissau, Vietnam, Uruguay et Zambie.
Le débat général se poursuivra demain, à 10 heures.
SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL
Déclarations
M. THONGLOUN SISOULITH, Vice-Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères de la République démocratique populaire lao, a constaté que bien que la mondialisation ouvre de nouvelles perspectives au développement économique, ses avantages sont inégalement répartis. Les PMA, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement continuent à souffrir du manque d’infrastructures de base, d’un accès limité aux marchés et aux technologies et d’une pénurie d’investissements. Il a appelé la communauté internationale à créer un environnement propice au développement qui permettra la promotion des intérêts des pays en développement.
Pour permettre à l’ONU de répondre aux défis qui se posent, il faut réformer l’Organisation d’une manière complète et équilibrée, a-t-il dit. Le Ministre a préconisé la revitalisation de l’Assemblée générale, le renforcement du Conseil économique et social et la réforme du Conseil de sécurité pour rendre ce dernier plus légitime, démocratique et efficace. Malgré l’échec de la dernière Conférence d’examen de l’application du Programme d’action visant à prévenir et combattre le commerce illicite des armes légères et de petit calibre, le délégué a estimé celui-ci toujours valable et a demandé aux États Membres de l’appliquer.
En sa qualité de Président du Groupe des pays en développement enclavés, il a indiqué que lors de leur premier Sommet tenu à la Havane le 14 septembre dernier, ceux-ci avaient réaffirmé le droit d’accès à la mer conformément au droit international et a appelé la communauté internationale à soutenir l’application du Programme d’action d’Almaty.
Par ailleurs, il a fait part des priorités du nouveau gouvernement formé dans son pays à la suite des dernières élections à l’Assemblée nationale. La principale tâche sera la mise en œuvre d’un plan quinquennal de développement socioéconomique pour la période 2006-2010 qui vise à renforcer la stabilité politique de la nation tout en consolidant la cohésion sociale. Les dépenses publiques sont concentrées sur le secteur social, en particulier sur les ressources humaines, par le biais de l’éducation et la santé. Il a souhaité que la croissance économique se poursuive pour atteindre 7,5%. Il a fait valoir la politique d’industrialisation et des mesures en faveur des petites et moyennes entreprises. M. Sisoulith a, par ailleurs, précisé que son pays continue à renforcer ses relations sur la scène internationale, notamment au sein de l’Association des nations du Sud-Est asiatique (ANASE) pour renforcer son rôle dans la région.
M. HOR NAMHONG, Vice Premier-Ministre et Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Cambodge, a estimé que la communauté internationale devait être plus vigilante par rapport aux armes de destruction massive, notamment pour s’assurer que de telles armes ne tombent pas entre les mains des terroristes. Il a donc jugé nécessaire de renforcer le régime du Traité sur la non-prolifération, tout en appelant à ne pas négliger la question des armes légères et de petit calibre. Concernant le terrorisme, il a jugé indispensable de mieux comprendre ses racines dans la mesure où les actes terroristes sont parfois stimulés par le désespoir. Par ailleurs, il a souligné la nécessité de trouver une solution durable au conflit israélo-palestinien, basée sur la coexistence de deux États.
Abordant ensuite la réforme des Nations Unies, M. Hor a affirmé que le processus était dans l’impasse, déclarant que l’accent avait trop été mis sur la seule réforme du Conseil de sécurité. Nous devons mettre en œuvre les réformes les plus simples en premier, a-t-il expliqué, soulignant la nécessité de renforcer le rôle du Conseil économique et social pour le développement et la revitalisation de l’Assemblée générale. Ce n’est qu’ensuite qu’il sera possible de s’intéresser à la réforme du Conseil, a-t-il estimé. Les Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il déploré, se sont rarement traduits par des résultats concrets pour les pays en développement. Le Cambodge a adopté ses propres Objectifs du Millénaire pour le développement, réalisant des progrès en matière de réduction de la pauvreté et de lutte contre le VIH/sida. Enfin, il a appelé à œuvrer en faveur de l’élimination de la pauvreté par le biais d’une approche globale et d’actions collectives. En conclusion, il a espéré que la réforme des Nations Unies sera en mesure de progresser.
M. SHARMA OLI, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Népal, a déclaré que son pays connaissait aujourd’hui une transformation politique réelle vers une démocratie parlementaire. Ayant pour objectif la pérennité d’un État démocratique et inclusif, un processus de paix est en cours. Nous avons pu apprécier l’action du Bureau de la Haut-Commissaire aux droits de l’homme au Népal qui a permis d’améliorer la situation dans le pays. Pour la première fois de son histoire, le peuple népalais est devenu la vraie source de souveraineté et d’autorité de l’État. Avec le retour de la démocratie et du processus de paix, une amélioration sensible du respect des droits de l’homme a pu ainsi voir le jour. Le règlement de notre conflit interne sera d’ailleurs un bon exemple pour le reste du monde, a-t-il ajouté, même si nous avons aujourd’hui des besoins pressants dans les domaines de la réinsertion après les conflits, dans la reconstruction et la réhabilitation.
Dans cet esprit, il a affirmé qu’il soutenait le nouveau Fonds des Nations Unies pour la démocratie. Il a ensuite souligné le rôle clef des Nations Unies face aux nombreux problèmes internationaux qui se présentent à elles tels que le crime organisé international, le trafic des personnes, les conflits régionaux, les violations des droits de l’homme, le VIH/sida et la grippe aviaire. Le multilatéralisme, a-t-il dit, est la clef pour trouver des solutions à ces problèmes et pour assurer une maîtrise collective des résultats. Sur le volet nucléaire, le Népal s’est dit favorable à un désarmement global et complet, programmé avec des échéances. Nous devons être en compétition pour la paix, a-t-il dit, non pour la guerre. Le Gouvernement du Népal a d’ailleurs proposé d’installer à Katmandou un centre régional pour la paix et le désarmement pour l’Asie et le Pacifique qu’il faut, à son avis, établir sans plus tarder. Quant à la question de la paix au Liban, le Népal se dit prêt à envoyer un bataillon au pays.
S’agissant des considérations économiques, le représentant a déclaré que le Népal est préoccupé par la suspension du Cycle des négociations de l’OMC sur le développement et a invité la communauté internationale à revivifier les pourparlers, en vue de compléter l’ordre du jour du développement de Doha. Il a rappelé, en outre, que les pays les moins avancés (PMA) avaient besoin d’un flux d’aide substantiel et d’investissement. Sur la question des flux migratoires, le Népal a fait part de la présence de 10 000 réfugiés du Bhoutan du Sud qui se trouvent toujours dans des camps au Népal, malgré les accords bilatéraux conclus entre le Népal et le Bhoutan. La communauté internationale, a-t-il lancé, doit faire pression pour régler cette affaire et sommer le Bhoutan de s’occuper de ces réfugiés. Aucune solution ne sera trouvée, a-t-il précisé, si le Bhoutan ne manifeste pas sa bonne volonté puisqu’il s’agit ici d’un problème entre ce pays et ses citoyens.
M. Jean Ping, Ministre des affaires étrangères de la coopération et de la francophonie du Gabon, a rendu hommage au Secrétaire général, Kofi Annan, pour avoir su offrir une vision claire de l’action des Nations Unies autour des trois piliers que sont la paix et la sécurité internationales, le développement et la promotion des droits de l’homme dans le monde. Président de l’Assemblée générale il y a deux ans, il s’est réjoui de ce que, depuis le Sommet mondial 2005, une majeure partie des recommandations du Document final aient été mises en œuvre dans le cadre du processus de réforme des Nations Unies. Confortés par ces avancées majeures, les États Membres devront encore poursuivre leurs efforts pour parachever le processus des réformes, a-t-il estimé. Il faudra ainsi, selon lui, intensifier les efforts pour mener à terme les négociations en vue de l’adoption d’une convention générale contre le terrorisme international, la réforme de la gestion du Secrétariat et du Conseil économique et social (ECOSOC).
Le Ministre s’est également félicité du choix du thème du débat général de cette session, à savoir « mettre en œuvre le partenariat global pour le développement », thème qui, reprenant le point 8 des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), permettra à son avis d’assurer le suivi et l’application des décisions issues du Consensus de Monterrey et réaffirmées par le Sommet mondial. Il est en effet plus qu’urgent pour tous les partenaires en développement, selon lui, de tenir leurs engagements, notamment la création des conditions d’un commerce international plus équitable, l’allègement de la dette et le financement adéquat du développement. L’appel lancé pour ce partenariat prend pleinement en compte la responsabilité première qui incombe à tout État de concevoir et de mettre en œuvre son propre développement et porte sur les multiples contraintes qui pèsent sur les pays en développement, particulièrement, l’impact de la pandémie du VIH/sida, du paludisme et d’autres maladies infectieuses sur leurs populations et leurs économies. Par ailleurs, évoquant les situations en Côte d’Ivoire, au Soudan ou en République démocratique du Congo (RDC), le Ministre a estimé que, pour être complets et efficaces, les efforts en vue du renforcement de la paix et de la sécurité internationales devaient surtout s’accentuer dans le domaine de la prévention des conflits.
Le Ministre a par ailleurs appelé à poursuivre la mise en œuvre du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères ainsi que de l’Instrument international sur le traçage et le marquage de ces armes. Il a aussi souhaité des progrès dans les consultations en vue d’entamer les négociations devant aboutir à l’adoption d’un instrument sur le courtage.
Mme JOYCE UCHE OGWU, Ministre des affaires étrangères du Nigéria, a déclaré qu’un véritable partenariat mondial est la clef du développement, a fortiori compte tenu des nombreux défis auxquels le monde est confronté aujourd’hui. Pour l’Afrique, le principal défi demeure le règlement des conflits et le maintien de la paix et de la sécurité comme fondement des progrès sociaux et économiques. Tout en saluant les progrès réalisés notamment au Libéria et en Sierra Leone, elle a jugé nécessaire que, si la CEDEAO, lors de sa réunion extraordinaire prévue en octobre prochain, ne parvenait pas à fixer la date des élections en Côte d’Ivoire d’ici le 31 décembre 2006, le Conseil de sécurité adopte une résolution imposant des sanctions sévères à tous les principaux responsables. Concernant le Darfour,
Mme Uche Ogwu s’est dite préoccupée par le rythme lent de la mise en œuvre des dispositions clefs de l’Accord de paix pour le Darfour et a appelé toutes les parties concernées à respecter leurs engagements. Elle a indiqué que la situation au Darfour a placé un lourd fardeau sur l’Union africaine et c’est pourquoi, elle a exhorté la communauté internationale à appuyer logistiquement et financièrement la MUAS jusqu’au 31 décembre 2006. Les conséquences du retrait de la MUAS, sans soutien des Nations Unies, incomberont pleinement au Gouvernement du Soudan, a-t-elle prévenu.
Pendant de nombreuses années, l’Afrique de l’Ouest a subi des conflits résultant essentiellement de la prolifération illicite d’armes légères et de petit calibre, a rappelé la Ministre, qui s’est déclarée convaincue que l’instauration d’une paix durable est essentielle pour le développement socioéconomique des pays de la sous-région.. À cet égard, a-t-elle précisé, les États membres de la CEDEAO ont adopté en juin dernier une Convention historique sur les petites armes. Cette Convention a pour objectif d’interdire les transferts d’armes, à l’exception des cas de légitime défense et de sécurité nationale. À cet égard, elle a regretté l’échec de la première conférence d’examen sur les armes légères et de petit calibre, appelant la communauté internationale à s’inspirer de l’exemple de la CEDEAO.
Abordant la question de l’énergie nucléaire, source fiable de développement économique, la Ministre a fait part de la création du Conseil de la Commission nigériane de l’énergie atomique dans le but de parvenir à l’autosuffisance énergétique. Elle a par la même occasion rappelé l’attachement de son gouvernement au TNP et au Traité de Pelindaba sur la zone dénucléarisée en Afrique. Par ailleurs, soulignant que les échanges commerciaux constituent un moteur puissant pour la croissance économique, elle a exhorté toutes les parties à reprendre les négociations du Cycle de Doha dans un esprit de partenariat et de coopération mondiale. Le Nigéria, a indiqué la Ministre, s’est retiré de la Péninsule de Bakassi conformément à la décision prise par la Cour internationale de Justice. À cet égard, elle a exprimé le vœu que les droits des ressortissants nigérians soient garantis comme convenu par le Cameroun. Concernant la réforme des Nations Unies, aucun organe ne doit être affaibli, a insisté la Ministre, qui a rappelé que l’Assemblée générale demeurait le seul organe au sein duquel les États sont tous égaux. En outre, aucune réforme ne sera complète sans une réforme du Conseil de sécurité qui ne reflète pas les réalités de notre temps, a-t-elle fait remarquer avant de conclure.
Mme BILLIE MILLER, Ministre d’État et Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Barbade, a déclaré que le retour d’Haïti au sein du Conseil de la communauté des Caraïbes (CARICOM) avait été bien accueilli et que le CARICOM avait promis son assistance afin de promouvoir le développement. Elle a appelé la communauté internationale à aider Haïti à renforcer son développement social et son renouveau démocratique. Évoquant la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, la Ministre a estimé que les 10 prochaines années seraient décisives pour parvenir à ce but et lancé un appel à la communauté internationale pour que les engagements financiers qu’elle a précédemment pris lors de la réunion du G-8 à Gleneagles et au Sommet de l’ONU soient honorés le plus rapidement possible. Elle s’est également prononcée pour la démocratisation de la gestion des systèmes financier et commercial internationaux, et l’incorporation des pays et des économies en développement dans les processus de formulation et de prise de décisions politiques des institutions multilatérales, financières et commerciales. La mondialisation doit bénéficier à plus de monde et ses bénéfices doivent être plus équitablement distribués, a-t-elle dit.
La Ministre a par ailleurs déploré l’échec des négociations de l’OMC sur la réforme commerciale des secteurs agricoles et des biens industriels. Pourtant, a-t-elle souligné, un accord sur ces points n’est pas insurmontable, exhortant les pays industrialisés à tenter de régler leurs différends sur la question. Elle a indiqué par ailleurs à ce sujet que tout accord commercial négocié devrait comprendre des dispositions permettant aux pays en développement de formuler des politiques visant à transformer leurs économies, pas seulement à ouvrir les marchés. Il ne sert à rien d’ouvrir les marchés si on ne dispose pas de produits à vendre, a-t-elle dit en substance. En conclusion, la représentante a invité la communauté internationale à adopter des mesures économiques destinées à faciliter le développement économique durable de la région.
M. HASSAN WIRAJUDA, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a déclaré qu’à long terme, la sécurité ne pouvait être atteinte qu’à travers une paix durable et juste, et non par une paix imposée par les plus forts aux plus faibles. M. Wirajuda a dénoncé les centaines de civils innocents tués au Liban par les frappes israéliennes, soulignant que l’incapacité du Conseil de sécurité à agir immédiatement a contribué à radicaliser de nombreuses personnes dans le monde musulman. Cela démontre à nouveau l’importance de réformer le Conseil de sécurité, a-t-il insisté. Il a rappelé que le problème palestinien était au cœur du conflit israélo-arabe, et qu’il fallait parvenir à une solution basée sur deux États, encourageant la formation d’un gouvernement palestinien d’unité nationale afin de favoriser la reprise du dialogue. Le Conseil de sécurité doit agir rapidement sur cette question, dans la mesure où les musulmans du monde entier réagissent de façon très émotionnelle à ce qu’ils perçoivent comme l’oppression de leurs coreligionnaires en Palestine, en Iraq et en Afghanistan. Même les terroristes qui opèrent en Asie du Sud-Est justifient leurs crimes par ce qui se passe au Moyen-Orient, car ils y voient une agression contre l’Islam. M. Wirajuda a attiré l’attention sur l’erreur de certains cercles occidentaux, qui attribuent à l’Islam une tendance à la violence, tandis que les terroristes affirment que leur violence est sanctifiée par cette même religion. La seule façon de libérer les hommes de ces erreurs passe par le dialogue interreligieux et interculturel, que l’Indonésie soutient afin de renforcer la voix des modérés.
M. Wirajuda a ensuite évoqué la prolifération des armes nucléaires en Asie, insistant sur la nécessité de parvenir à une solution diplomatique à la question nucléaire en Iran et en République populaire démocratique de Corée, et exigeant le renforcement du Traité de non-prolifération nucléaire. Il a souligné la nécessité d’éliminer la pauvreté pour assurer la paix sur la base du partenariat mondial pour le développement, qui doit être mis en œuvre concrètement par les nations industrialisées comme par les pays en développement. Il a souligné que l’Indonésie cherchait actuellement à sortir de l’abîme dans lequel l’avait plongée la crise financière d’il y a 10 ans, ce qui l’a amenée à renforcer sa démocratie et à instituer de nombreuses réformes. Elle est désormais prête à jouer son rôle dans le partenariat pour le développement.
M. BORIS TARASIOUK, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a réaffirmé le droit légitime de l’Europe de l’Est à avoir un de ses représentants au poste de Secrétaire général des Nations Unies. L’Europe de l’Est est la seule région à n’avoir pas été représentée, a-t-il dit, se félicitant de la candidature à ce poste de la Présidente de Lettonie, Vaira Vike-Freiberga.
Il s’est félicité de l’adoption récente de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU, se déclarant prêt à y apporter sa contribution. Cette Stratégie, a-t-il précisé, montre que le terrorisme ne sera pas toléré et exprime la détermination de la communauté internationale à renforcer sa coopération pour combattre cet horrible phénomène. Il a appelé les États Membres à redoubler d’efforts, au cours de cette session, en vue d’adopter une convention globale contre le terrorisme international. Le Ministre a également estimé que l’absence d’accord dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération constituait l’un des échecs majeurs du Sommet mondial 2005. Il a appelé les États Membres concernés à accomplir des progrès dans le cadre des Nations Unies et d’autres forums, et ce, dans l’intérêt des générations futures. De même, si l’Iran coopère avec l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA), la communauté internationale se montrera moins préoccupée, a-t-il souligné, notant la position de son pays en faveur du droit des nations à utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. Mais il faut toutefois, a ajouté le Ministre, respecter pleinement les obligations dans le domaine de la non-prolifération.
Le Ministre a estimé que le processus politique qui déterminera le statut futur du Kosovo devrait être géré de façon à ce que toutes les parties concernées puissent assumer leurs responsabilités. Selon lui, toute décision imposée menant à une modification unilatérale des frontières internationalement reconnues des États démocratiques contribuerait inévitablement à déstabiliser la région des Balkans et à créer des précédents dangereux en Europe et dans le monde. Il a ainsi dénoncé le scénario selon lui regrettable par lequel certains régimes autoproclamés de l’espace postsoviétique essaient d’utiliser le Kosovo comme précédent pour revendiquer l’indépendance, évoquant des référendums sur l’indépendance en Transnistrie, en Moldavie et celui qui aura bientôt lieu en Ossétie du Sud. Ces référendums sont illégitimes et n’ont pas de conséquences légales, a-t-il assuré. Il a également jugé nécessaire que des négociations aient lieu entre Belgrade et Pristina, sur la base des décisions du Conseil de sécurité. Toute solution doit se fonder sur un consentement des deux parties, a-t-il dit.
Le Ministre a par ailleurs mis l’accent sur la coopération économique en mer Noire, qui, a-t-il expliqué, constitue un modèle prometteur d’initiative multilatérale politique et économique. Le Forum de la communauté de choix démocratique, qui regroupe les États des Mers Baltique et Caspienne dans leurs aspirations à une plus grande démocratie, qui s’est tenu à Kiev en décembre 2005, est également une contribution en vue de créer en Europe de l’Est un espace homogène avec l’Union européenne de démocratie, de stabilité et de prospérité, a-t-il ajouté.
M. MOHAMMED BEDJAOUI, Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, a affirmé que dans les vastes espaces du monde en développement, et singulièrement à travers celui de la civilisation musulmane, une sourde frustration montait et s’élargissait devant l’impuissance des Nations Unies à soutenir, au bénéfice des peuples palestinien et libanais, les valeurs humaines les plus élémentaires. Selon lui, il est temps que la communauté internationale appréhende le conflit du Moyen-Orient dans toutes ses dimensions et ses exigences, en termes de rectitude morale et politique, et aille résolument dans le sens de la légalité internationale en mettant en œuvre, comme l’initiative arabe de paix en indique la voie, une paix juste, globale et durable du conflit. Le Ministre s’est, par ailleurs, félicité de la création de la Commission de consolidation de la paix et de celle du Conseil des droits de l’homme. Il est important de redoubler d’efforts en vue d’arriver, au cours de la présente session, à un accord général sur les questions en suspens, notamment celle de la réforme du Conseil de sécurité rendue encore plus pressante par la tragique incapacité du Conseil à arrêter, cet été, la brutale agression du Liban par l’armée israélienne.
Le Ministre a également souligné l’urgence de la finalisation du projet de convention générale sur le terrorisme international comprenant une définition sans équivoque de ce fléau, qui distinguerait la lutte légitime des peuples contre l’occupation étrangère des actes perpétrés par des individus ou des groupes terroristes, et qui prendrait soin d’éviter l’amalgame qui est fait entre ce fléau et une religion, une civilisation ou une sphère géographique données. Il a, par ailleurs, constaté qu’aucune évolution positive n’a été enregistrée au Sahara occidental, en raison du rejet du Plan de paix par l’une des deux parties en conflit et de sa volonté de préjuger, à son avantage, du statut définitif du territoire qui ne pourrait résulter que d’un référendum d’autodétermination. Il a ajouté que l’Algérie ne cessera pas de soutenir les efforts tendant à permettre au peuple sahraoui d’exercer souverainement son droit à l’autodétermination dans des conditions incontestables de liberté et de régularité. Le Ministre a enfin estimé de la plus haute importance, que l’ajustement pacifique de la crise du Darfour, dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Soudan et en conformité avec l’Accord d’Abuja, s’accompagne d’une conjugaison harmonieuse des actions de toutes les bonnes volontés, singulièrement celles de l’Union africaine et des Nations Unies.
M. DIMITRIJ RUPEL, Ministre des affaires étrangères de la Slovénie, a affirmé que la mise en œuvre du Partenariat pour le développement constituait une priorité pour la Slovénie, pays qui compense sa petite taille par sa créativité. Tout en mettant en garde contre la tentation de remettre en question le principe de la souveraineté pour intervenir dans les affaires internes des États, il a jugé néanmoins que les frontières nationales ne devaient pas représenter un prétexte pour ignorer les génocides. Il a donc souhaité que le Conseil de sécurité mette en œuvre le concept de responsabilité de protéger, adopté l’année dernière. Il a ensuite relevé que certaines crises recevaient plus d’attention que d’autres, appelant à prendre en compte les souffrances de la population civile du Darfour et à ne pas négliger l’Ouest des Balkans, où le Kosovo entame une étape importante de son processus de paix. Contrairement aux prévisions, a-t-il poursuivi, les petits États nés de la désintégration de l’ex-URSS ou de l’ex-Yougoslavie ont avancé sur la voie du progrès et de la démocratisation, et ils veulent maintenant rejoindre le système multinational.
M. Rupel a ensuite évoqué les problèmes posés par les relations complexes entre les systèmes multinationaux, multiethniques et multiculturels. L’intégration ne peut plus être fondée sur la subordination, mais sur la solidarité et la coopération. Les Nations Unies doivent fournir à son avis un cadre efficace pour gérer la diversité religieuse et le dialogue entre les cultures, et permettre ainsi d’assurer la transition vers la démocratie et la coexistence de systèmes multiculturels et multiethniques. Il n’existe pas de conflit entre les civilisations, a-t-il insisté, mais plutôt un conflit entre notre civilisation mondiale et les groupes radicaux illégitimes qui luttent pour le pouvoir en utilisant la terreur et en détournant croyances religieuses et liens ethniques, a-t-il conclu.
Mme KINGA GÖNCZ, Ministre des affaires étrangères de la Hongrie, abordant d’entrée le thème de la réforme des Nations Unies, a estimé que l’Assemblée générale doit rester l’organe de délibération le plus important et s’est prononcée en faveur d’un élargissement du Conseil de sécurité pour mieux tenir compte des réalités politiques actuelles, parallèlement à des mesures pour améliorer son efficacité et ses méthodes de travail.
Au sujet de la question des droits de l’homme, elle a souligné l’importance de la pleine participation des ONG aux activités du Conseil des droits de l’homme. Soulignant le lien entre démocratie et droits de l’homme, Mme Göncz a fait part de la création d’un Centre international pour la transition démocratique à Budapest dont l’objectif est de partager des informations sur le processus de transition avec ceux qui ont l’intention de s’engager dans cette voie. Elle a, à cet égard, salué la création du Fonds pour la démocratie des Nations Unies, rappelant que son pays est membre du Comité consultatif et contributeur. La Ministre a aussi affirmé que la protection des droits des minorités est un élément central de la politique des droits de l’homme de son pays.
La Ministre a rappelé que 50 ans se sont écoulés depuis que les Hongrois, se dressant contre une dictature brutale, ont réclamé démocratie, droits de l’homme et dignité. La Révolution hongroise de 1956 avait commencé par une démonstration pacifique en solidarité avec la nation polonaise, a dit la Ministre. Aujourd’hui, a-t-elle ajouté, je suis fière d’assurer que la Hongrie témoignera sa solidarité avec toute nation qui réclame la liberté et la démocratie pour son peuple.
Les Balkans étant d’une extrême importance pour la paix et la stabilité en Europe, la Hongrie est persuadée que le succès des négociations sur le statut du Kosovo dépend d’une part de la capacité des parties à parvenir à des arrangements mutuellement acceptables et d’autre part de la mise en place de normes, du respect des minorités et d’une décentralisation efficace, a-t-elle estimé. Mme Göncz a poursuivi sur le thème des questions internationales en évoquant entre autres l’engagement de son pays à construire un Afghanistan stable et paisible. La Hongrie assume à cet effet un rôle de chef de file dans l’équipe de reconstruction de la province de Baghlan. Concernant le Darfour, le Gouvernement du Soudan devrait accepter le déploiement d’une force sous l’égide des Nations Unies, a déclaré la Ministre. À cet égard, elle a fait part de son espoir que des avancées seront réalisées lors de cette session sur le principe de « responsabilité de protéger ».
M. MICHAEL FRENDO, Ministre des affaires étrangères de Malte, a rappelé les liens qui existaient entre le développement durable et la sécurité. Il ne peut y avoir de sécurité, a-t-il dit, sans développement; et inversement, il ne peut y avoir de développement sans sécurité. S’adressant au problème de l’éradication de la pauvreté, il a évoqué le rapport sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), qui souligne que l’Asie reste le continent qui a le plus réduit son taux de pauvreté, tandis que l’Afrique continue de voir grandir le nombre de ses pauvres. Il a également rappelé, sans préciser le rapport de cause à effet, que quatre cinquième des conflits dans le monde se situaient en Asie et en Afrique. Malte y voit une des causes directes du problème d’immigration illégale auquel elle doit faire face. Le manque de développement, de sécurité et de bonne gouvernance a un effet direct, d’après lui, sur un pays comme Malte, qui avec 1 200 personnes au kilomètre carré est déjà l’un des pays les plus densément peuplés du monde.
Ces migrations, a-t-il poursuivi, empruntent les voies des Canaries à l’est et les voies de l’Italie et de Malte en Méditerranée, et les statistiques du Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) montrent que cette île reste l’un des pays qui reçoit le plus de demandes d’asile au monde. Or, a-t-il dit, nous avons besoin d’appui pour lutter contre les organisations criminelles qui organisent ces filières de migration, ainsi que des aides pour fournir aux immigrants illégaux le minimum vital pendant qu’ils sont sur notre sol, ou encore des aides pour le rétablissement des personnes ayant un statut humanitaire. Par ailleurs, la lutte contre les migrations illégales nécessite des renforcements de contrôle aux frontières. Aussi a-t-il exhorté l’Assemblée générale, et en particulier l’UNHCR, à soutenir les pays qui, comme Malte, se trouvent aux avant-gardes de la route des migrations dans une position fragile, et de par sa faible population et de par la forte densité de celle-ci sur un petit territoire. Ainsi donc, a-t-il conclu au sujet des phénomènes migratoires, Malte attend avec impatience la tenue de la conférence de haut niveau à Tripoli sur la migration et le développement avant la fin de l’année, jugeant que seule une approche multilatérale pouvait désormais être susceptible d’améliorer cette situation.
En ce qui concerne le développement, il a mis en avant un impératif écologique faisant allusion non seulement à la pollution, mais aussi aux ressources de la planète, en particulier des forêts, qui doivent pouvoir se régénérer. Le mot « développement » ne doit pas être synonyme d’exploitation sauvage des ressources, a-t-il conclu.
M. MOMPATI MERAFHE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Botswana, a déclaré que grâce à ses politiques et pratiques visant à mettre en place un environnement propice à la croissance économique et au développement, le Botswana est aujourd’hui un pays en développement à revenu intermédiaire. Il demeure toutefois confronté à de nombreuses difficultés. Le Ministre a souligné les retombées positives de l’industrie du diamant sur le développement humain, les ressources qui en découlent étant utilisées pour éduquer, fournir de l’eau potable ou encore construire un réseau d’infrastructures. En tant que Président actuel du Processus de Kimberley, le Botswana s’engage à renforcer et légitimer le commerce de diamant, que le représentant a qualifié de très important puisque l’industrie diamantaire fait vivre environ 10 millions de personnes dans le monde.
Parmi les principaux défis, celui présenté par les guerres doit recevoir une attention prioritaire et mettre un terme à ces guerres est un impératif moral et politique, a-t-il poursuivi. Le Botswana est, à cet égard, préoccupé par les conflits en Afrique, le continent qui, en outre, abrite le plus grand nombre de déplacés, de malades du VIH/sida, de pauvres et de conflits. Abordant la question du Darfour, il a appelé toutes les parties au conflit à respecter l’Accord de paix et a encouragé celles qui n’y sont pas encore parties de prendre des mesures en ce sens et ce, le plus rapidement possible.
Abordant le Cycle des négociations de Doha, le Ministre a estimé qu’il est impératif de mettre en place un système commercial équitable pour réduire la pauvreté. Il est de notre responsabilité, en tant que Nations Unies, de donner l’orientation politique nécessaire à l’Organisation mondiale du commerce, a-t-il lancé.
Le pays appuie pleinement le processus de réforme de l’ONU, a-t-il poursuivi. Il s’est félicité de la résolution 283, adoptée par la précédente session autorisant le Secrétaire général à déployer les ressources nécessaires selon la priorité des programmes. L’Afrique s’attend à ce que la Commission de consolidation de la paix s’acquitte de son mandat de manière efficace, a-t-il ajouté. Les questions relatives au développement ne doivent pas être sous-estimées. Le Conseil des droits de l’homme doit ainsi réfléchir aux moyens de répondre aux faiblesses institutionnelles et aux ressources limitées des pays en développement qui les empêchent de concrétiser les dispositions constitutionnelles ou législatives relatives aux droits de l’homme. Enfin, selon le Ministre, ce n’est que lorsque les États Membres considèrent leurs intérêts nationaux comme partie intégrante des intérêts de la communauté internationale qu’ils peuvent envisager sans appréhension l’élargissement du Conseil de sécurité, à la fois dans la catégorie des membres permanents et dans celle des non-permanents.
M. CÔME ZOUMARA, Ministre des affaires étrangères, de l’intégration régionale et de la Francophonie de la République centrafricaine, a déclaré que son pays venait à peine de sortir de plus de deux décennies de crises graves, en établissant des institutions républicaines et un gouvernement de réconciliation nationale. Pourtant, malgré ces efforts, l’insécurité persistait avec un problème particulier dans le nord-est du pays où une insécurité endémique est entretenue par des coupeurs de route et la rébellion qui sévit dans la zone frontalière du Soudan et du Tchad et où les forces de sécurité et de défense peinent à venir à bout de ce phénomène. La prolifération des armes légères et de petits calibres dans cette sous-région, due à la crise du Darfour, ne fait qu’aggraver l’insécurité en Centrafrique, a-t-il indiqué. Le Ministre s’est, par ailleurs, dit favorable au déploiement des troupes onusiennes à la frontière entre la RCA, le Tchad et le Soudan, proposé par plusieurs chefs d’État et le Président de l’Union africaine, et a indiqué que son pays participait au programme multi pays de démobilisation et de réintégration de la Banque mondiale qui a pour objectif la réinsertion harmonieuse des ex-combattants dans les activités économiques et sociales de la RCA.
Abordant les questions liées à la santé et à l’éducation, qui figurent au nombre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), le Ministre a rappelé que le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme demeuraient plus que jamais des sujets de préoccupations graves pour son pays et fait part des efforts déployés par son Gouvernement depuis 2003 pour redonner au système éducatif centrafricain, avec le concours de l’Organisation de la Francophonie, « sa crédibilité d’antan », suivant des années où l’insécurité dans certaines régions, l’insuffisance des moyens et la démotivation du personnel enseignant avaient abouti à la régression de la qualité de l’enseignement. Le Ministre a, par ailleurs, exprimé la détermination de son gouvernement pour atteindre les objectifs 3 et 4 des OMD, ayant trait à la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, et à la réduction de la mortalité des enfants de moins de cinq ans.
M. VARTAN OSKANIAN, Ministre des affaires étrangères de l’Arménie, a affirmé que de tous les conflits de l’année écoulée, celui du Liban fut l’un des plus tragiques, la communauté internationale y ayant perdu de sa crédibilité et de son autorité morale aux yeux des peuples du monde. Il s’est dit par ailleurs encouragé par les réformes politique et économique menées depuis de nombreuses années dans son pays. L’Arménie, a-t-il assuré, est prête à une deuxième série de réformes pour continuer de construire sur la base des efforts entrepris. La société arménienne est, selon lui, plus démocratique, l’économie du pays est plus ouverte, avec une croissance à deux chiffres. L’attention est désormais portée sur les zones rurales afin de tenter de régler le problème de la pauvreté, a-t-il ajouté.
Le Ministre a par ailleurs indiqué que la fermeture des frontières ouest et est de l’Arménie avec la Turquie entravait la coopération régionale et l’activité économique de son pays. Le dialogue entre les deux peuples en souffre, a-t-il dit. Selon lui, la Turquie finira par comprendre que l’ouverture des frontières sera fructueuse pour les deux peuples. Il a également souligné que le règlement de la question du Kosovo ne devrait pas constituer un précédent, qui serait source d’autres conflits. Il y a des mouvements d’autodétermination dans le monde qui ont acquis le droit d’exister, a-t-il déclaré. De l’avis du Ministre, le statut final du Kosovo ne doit pas être un prétexte pour mettre un terme à ces autres mouvements d’autodétermination. Le principe d’autodétermination est égal aux autres principes dans le dernier Acte d’Helsinki, a-t-il assuré. Le Ministre a affirmé en outre que le peuple du Nagorny-Karabakh avait depuis longtemps décidé de ne pas être gouverné par l’Azerbaïdjan. L’Azerbaïdjan a perdu tout droit moral de garantir la sécurité du Nagorny-Karabakh, a-t-il dit, évoquant des pogroms et des massacres antiarméniens et des déplacements de populations. L’Azerbaïdjan essaie de gommer toutes les traces arméniennes en détruisant des monuments, a-t-il fait remarquer. Ceci démontre que l’Azerbaïdjan ne croit toujours pas en un règlement pacifique, a-t-il estimé. Il n’y a pas d’option militaire, la seule option étant celle du réalisme, a-t-il souligné.
M. MORSHED KHAN, Ministre des affaires étrangères du Bangladesh, a déclaré que le fléau du terrorisme ne connaissait pas de frontière. Il a noté que les efforts pour le combattre aux niveaux international et national avaient donné des résultats positifs. Toutefois, a regretté M. Khan, des divisions entre les peuples ont affecté les relations interconfessionnelles. Il a encore déploré les comportements racistes nés de la stratégie antiterroriste mondiale, et appelé à ce que ces agissements cessent au niveau des pays. Il a par ailleurs réaffirmé la volonté du Bangladesh d’éradiquer tous les réseaux d’extrémistes sévissant dans ce pays, ce dont témoigne le durcissement, maintes fois proposé par la Première Ministre de son pays, de la législation à l’encontre des « ennemis de l’Islam, de la démocratie, du développement et de l’humanité ».
S’agissant de la réforme des Nations Unies, M. Khan a estimé que celle-ci était un processus et non pas une fin en soi. C’est pourquoi, a-t-il prévenu, forcer le pas dans la poursuite de résultats ne sert à rien. Au contraire, pour qu’une réforme utile voie le jour, mieux vaut créer un climat de confiance et de respect mutuels. À cet égard, il a souhaité que le nouveau Conseil des droits de l’homme ne devienne pas un organe politisé, et que la Commission de consolidation de la paix comble le vide institutionnel empêchant le système des Nations Unies de faciliter la transition du maintien de la paix au soutien à la paix.
Le Ministre a par ailleurs estimé que l’aide aux pays les moins avancés (PMA) n’était pas suffisante pour permettre à ces derniers d’accumuler les ressources nécessaires à leur propre développement. Le Cycle de Doha doit reprendre ses négociations et garantir un traitement spécial pour les PMA, a-t-il lancé. Il a également plaidé pour une augmentation de l’aide publique au développement et pour un transfert accru de technologie dans le cadre du renforcement du « Partenariat mondial de développement ».
Enfin, M. Khan a souhaité que les Nations Unies renforcent ses capacités de réponse aux catastrophes naturelles. Ces désastres sapent le développement, a-t-il dit, et le Bangladesh se tient prêt à faire partager son expérience dans le domaine de la gestion des risques.
M. TALBAK NAZAROV, Ministre des affaires étrangères de la République du Tadjikistan, a déclaré que son pays était en faveur d’un renforcement du système des Nations Unies. S’agissant de la réforme du Conseil de sécurité, il a estimé que celle-ci devait aller dans le sens de la défense des intérêts de tous les États Membres. À propos de la Commission de consolidation de la paix, M. Nazarov a dit que son pays avait soutenu activement l’établissement de ce nouvel organe onusien. La difficile expérience de transition qui a conduit le Tadjikistan de la guerre civile à la paix nous a convaincus de l’utilité d’un tel instrument pour appuyer le Conseil de sécurité et les autres corps de l’ONU dans leurs efforts en vue d’accélérer la réhabilitation des pays sortant d’un conflit.
Le Ministre a par ailleurs fait savoir que la question du développement durable était l’une des priorités de son gouvernement. Dans ce cadre, a-t-il ajouté, la mise en œuvre d’un programme d’appui à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement nécessite non seulement des efforts supplémentaires mais aussi un financement accru. M. Nazarov a souhaité, à cet égard, que les travaux de la Commission sur le développement durable et le prochain Dialogue de haut niveau sur le financement du développement soient assortis de résultats tangibles. En ce qui concerne la situation en Asie centrale, il a jugé que la stabilité dans la région était liée au développement des pays et de leur intégration à ce niveau. C’est en ce sens que le Ministre a qualifié l’Asie centrale de « marché commun ».
Abordant les questions de paix et de sécurité, M. Nazarov a déclaré que le terrorisme international, le crime organisé transfrontalier et le trafic de drogue étaient des obstacles au développement économique et social. Nous appuyons pleinement la Stratégie antiterroriste mondiale récemment adoptée par l’Assemblée générale, a-t-il dit. Il a ajouté qu’il était maintenant urgent d’approuver le projet de convention sur cette question et de renforcer les organisations régionales et sous-régionales pertinentes. Pour le Ministre, de telles initiatives devraient être discutées lors de l’adoption de mesures visant à combattre toute manifestation d’extrémisme et de violence aux niveaux régional et international. À ses yeux, il convient de s’attaquer aux sources du fondamentalisme religieux et du terrorisme, à savoir les problèmes économiques et sociaux qui minent les sociétés.
M. VLADIMIR NOROV, Ministre des affaires étrangères de l’Ouzbékistan, a souligné le rôle unique des Nations Unies et reconnu la nécessité de procéder à une réforme de l’Organisation compte tenu de l’état du monde. Il a présenté les principaux points sur lesquels l’Ouzbékistan voudrait que la réforme des Nations Unies porte. En tout premier lieu, a-t-il dit, il faudrait améliorer le niveau d’efficacité de son administration, tant du point de vue du réalisme de ses objectifs que de celui de sa capacité de réaction, dans le temps, face aux défis et menaces qui se présentent à elle. Cette réforme de l’Organisation doit aussi refléter les principes de l’égalité souveraine, obtenir l’adhésion d’un consensus international et respecter le principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures. Ensuite, l’Assemblée générale doit se concentrer sur les moyens de garantir la sécurité au plan régional et mondial, en portant une attention particulière aux questions de terrorisme et de reconstruction d’après-guerre.
Le Ministre a ensuite abordé le problème de la représentation géographique et régionale des pays en développement et des pays développés au Conseil de sécurité en arguant qu’une répartition plus juste pourrait se faire, tenant compte de leur mérite, de leur prestige et du rôle qu’ils jouent dans la réalisation des principaux objectifs de l’Organisation.
Au sujet de l’élection du prochain Secrétaire général de l’ONU, il a affirmé que, compte tenu du principe de rotation et du poids économique et politique grandissant du continent asiatique, son pays est pleinement en faveur d’une candidature asiatique et soutient celle de M. Ban Ki-Moon, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la République populaire démocratique de Corée.
Sur le Conseil des droits de l’homme, il a mis en garde contre l’utilisation politique de cet organe par ses membres qui ne doivent pas l’utiliser pour promouvoir les intérêts de certains États au détriment d’autres. Abordant la question du terrorisme et de la sécurité, il a expliqué que les efforts des nations pour vaincre ce fléau ne seraient garantis qu’en s’attaquant à la source du problème et, au premier chef, aux centres idéologiques et extrémistes qui financent et dirigent l’action terroriste internationale. Enfin, sur la question de la paix régionale, il a rappelé que l’Ouzbékistan avait été à l’origine d’un projet de zone régionale dénucléarisée, finalement signé en septembre 2006 par les États d’Asie centrale. Il a mis l’accent sur la situation de l’Afghanistan, il faut, a-t-il dit, travailler à la renaissance d’un Afghanistan pacifique, neutre, sans quoi le maintien durable de la paix dans la région ne sera pas possible.
M. FIORENZO STOLFI, Ministre des affaires étrangères et politiques de et de la planification économique de Saint-Marin, a souhaité qu’il n’y ait pas, à l’avenir, de chevauchement des agendas du nouveau Conseil des droits de l’homme et de l’Assemblée générale. Indépendants, ces deux organes pourront ainsi se compléter mutuellement de manière efficace et équilibrée, a-t-il dit. M. Stolfi a expliqué que son pays partageait les vues de la Présidente de l’Assemblée générale sur la nécessité, en vue de parvenir dans les délais fixés à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, d’établir un « partenariat mondial pour le développement ». Pour mettre fin à l’extrême pauvreté, la coopération à tous les niveaux est essentielle, a-t-il renchéri. Le Secrétaire d’État a en outre indiqué que Saint-Marin, dans un contexte international particulièrement troublé, continuait à prôner le dialogue entre les cultures et les religions, dans le respect de la diversité et des droits humains. À cet égard, il a réaffirmé la détermination de son gouvernement d’apporter tout son soutien à la communauté internationale pour réaliser cet objectif. M. Stolfi a rappelé à ce propos la récente adhésion de Saint-Marin à la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles de l’UNESCO. Par ailleurs, il a salué la création de la Commission de consolidation de la paix et l’adoption récente de la Convention sur la protection des personnes handicapées. Il a fait savoir que le Parlement de Saint-Marin avait approuvé, il y a seulement deux semaines, un agenda invitant le gouvernement à signer et ratifier la Convention dès que possible.
M. SALEH SAID MEKY, Ministre de la santé de l’Érythrée, a attiré une nouvelle fois l’attention de l’Assemblée générale sur le mépris effronté du droit international par l’Éthiopie. Il a attribué le gel du processus de démarcation entre les deux pays au rejet par l’Éthiopie de la décision d’arbitrage, définitive et contraignante, de la Commission de démarcation. Il a par ailleurs insisté que l’attitude de l’Éthiopie est contraire aux dispositions de l’Accord de paix d’Alger, puisqu’elle continue d’occuper par la force des territoires souverains d’un État Membre des Nations Unies. Désigner l’Éthiopie comme seul coupable ne reviendrait qu’à voir l’arbre qui cache la forêt, a-t-il mis en garde, soutenant que l’attitude illégale de l’Éthiopie continue d’être soutenue par certaines puissances du Conseil de sécurité, dénonçant l’attitude et les initiatives hostiles des États-Unis. L’Érythrée ne permettra aucun empiètement de son intégrité territoriale, a-t-il souligné. Il a exhorté l’Éthiopie à accepter publiquement et sans équivoque la décision de la Commission de démarcation, et a indiqué que les modalités de cette démarcation doivent se faire dans un environnement exempt de toute ingérence politique, en évitant tout mécanisme illégal et sans mesures entraînant des distorsions.
Il a par la suite évoqué la crise en Somalie, fruit de multiples causes sous-jacentes dont, entre autres, les conflits intestins et les rivalités chroniques des seigneurs de la guerre dont les alliances inconstantes conduisent à une fragmentation de l’autorité politique. Sur le plan du processus de réconciliation nationale, il a souligné la dimension interne du problème politique. Il a jugé politiquement imprudent la qualification des récents développements en Somalie de stratégie antiterroriste mondiale. Il a considéré que toute intervention militaire externe entraînerait des complications non nécessaires, soulignant qu’aucun consensus sur les modalités de déploiement d’une force étrangère n’a été atteint au sein de l’Autorité intergouvernementale sur le développement. Il a jugé déséquilibré et potentiellement dangereux l’appel récent de certains à lever en partie l’embargo de l’ONU sur les armes. M. Meky a finalement exhorté la communauté internationale à être prudente dans ses efforts pour régler les problèmes au Soudan.
M. ELMAR MAHARRAM OGLU MAMMADYAROV, Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, a affirmé que la situation dans les territoires occupés de son pays avait fait l’objet d’un examen urgent de l’Assemblée générale en raison des incendies importants qui ont ravagé ces territoires. L’Assemblée générale a adopté sans vote une résolution soulignant la nécessité de dépêcher sur le terrain une opération écologique d’urgence en vue de remettre en état les territoires dévastés. Il s’agit là d’un exemple sans précédent d’une coopération entre les parties engagées au conflit, l’Arménie et l’Azerbaïdjan, a-t-il précisé, déplorant toutefois qu’aucun progrès de fond n’ait été enregistré sur le dossier les opposant.
Le Ministre a rappelé à cette occasion les deux problèmes majeurs séparant les deux pays: la définition du statut d’autogestion pour la population de la région occupée du Nagorny Karabakh et le retrait des forces arméniennes des territoires occupés de l’Azerbaïdjan. Certes, a-t-il dit, ce statut ne peut pas être défini sur-le-champ, mais doit être examiné dans le cadre d’un processus pacifique, démocratique et juridique avec la participation directe des communautés arménienne et azérie de la région du Nagorny Karabakh. À cette fin, les forces occupantes devraient se retirer des territoires occupés et des mesures être prises pour faciliter le retour des Azéris déplacés au Nagorny Karabakh et dans les territoires environnants de l’Azerbaïdjan, a-t-il affirmé. Le Ministre a précisé que la position de son pays était conforme aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et des décisions de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), lesquelles demandent le retrait sans conditions des forces d’occupation de tous les territoires de l’Azerbaïdjan, le rétablissement de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan, le rétablissement des relations intercommunautaires et l’élaboration d’un statut d’autogestion dans le cadre d’un processus démocratique et légal fondé sur l’accord des deux communautés de la région. Toutefois, selon lui, il est difficile d’espérer des progrès dans les négociations tant que l’Arménie rejette tout contact direct et refuse toute approche constructive pour résoudre les différends existants.
M. ABDURRAHMAN MOHAMED SHALGHEM, Secrétaire du Comité général populaire pour les relations extérieures et la coopération internationale de la Jamahiriya arabe libyenne, abordant la question de la réforme des Nations Unies, a affirmé que l’Assemblée générale devait prendre immédiatement des mesures pour empêcher le Conseil de sécurité d’usurper l’autorité de celle-ci. Le Conseil de sécurité doit devenir l’organe exécutif des décisions de l’Assemblée générale, a-t-il déclaré. Selon lui, le Conseil de sécurité n’est jamais parvenu à créer la paix et la
sécurité dans le monde, mais a, au contraire, contribué à servir d’outil pour les agressions et les guerres. Il faut que l’application du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies relève exclusivement de l’Assemblée générale, a-t-il également souligné, demandant à ce que l’Afrique bénéficie d’un siège de membre permanent du Conseil de sécurité et que soit aboli le droit de veto.
Le désarmement complet, qui commence par les armes de destruction massive, est impossible si les États ne coopèrent pas volontairement et de manière transparente, a ajouté M. Shalghem, précisant que son pays avait lui-même supprimé tous ses programmes liés aux armes de destruction massive. Il convient néanmoins, selon lui, de ne pas confondre les questions des armes de destruction massive et de non-prolifération nucléaire avec les programmes concernant une utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. Il a ainsi rejeté, dans ce domaine, la politique des « deux poids, deux mesures ». De même, à ses yeux, il est honteux et inacceptable de décrire la lutte légitime contre l’occupation de forces étrangères comme un acte terroriste. Il a ainsi plaidé en faveur d’une définition du terrorisme, sous les auspices de l’ONU, laquelle ferait la distinction entre d’une part le terrorisme et d’autre part la lutte pour l’autodétermination et l’indépendance des peuples. Par ailleurs, il a espéré, qu’avec la création du nouveau Conseil des droits de l’homme, les questions afférentes aux droits de l’homme ne soient pas utilisées comme des moyens de pression sur les petits États. S’agissant du Moyen-Orient, il a estimé que toute solution cherchant à imposer le statu quo ne contribue pas à résoudre la question palestinienne et à assurer la paix et la sécurité dans la région. La seule solution consiste, a-t-il ajouté, à garantir le retour de tous les réfugiés palestiniens sur leurs terres et l’établissement d’un État démocratique sur la terre historique de la Palestine où Arabes et Juifs vivront sur un pied d’égalité, à l’instar de l’Afrique du Sud, où Blancs et Noirs ont réussi à coexister après des décennies de conflits et de sang versé.
M. LAMIN KABA BAJO, Secrétaire d’État aux affaires étrangères de la Gambie a déclaré que d’après les évaluations conduites par les agences des Nations Unies, si la tendance se poursuit, la Gambie comptera parmi les rares pays africains à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement dans les délais. Nous avons stoppé la propagation du VIH/sida, promu l’égalité des sexes à l’école et par extension enregistré des progrès significatifs dans la société tout entière, a-t-il fait valoir. Nous avons approvisionné 70% de la population en eau potable, avons concentré nos efforts sur l’hygiène, l’éducation aussi, sans oublier la réduction du paludisme.
Tous ces résultats, a-t-il poursuivi, se sont accompagnés sur le plan économique par une politique d’ouverture aux principes de libéralisation, de dérégulation et de promotion de l’investissement. Nous avons également abaissé progressivement nos droits de douane tout en améliorant nos infrastructures, ceci afin d’améliorer notre compétitivité. Nous considérons le secteur privé comme un important moteur de la croissance. Aussi avons-nous opté pour une politique de renforcement des petites et moyennes entreprises. Nous espérons désormais que suite à ces mesures, notre pays attirera un volume important d’investissements directs de l’étranger, ce qui permettra de réduire notre taux de pauvreté. Nous avons conscience, a-t-il ajouté, que nos partenaires de développement ont besoin de pouvoir s’adresser à nous d’une seule voix. À cette fin, nous avons encouragé nos principaux partenaires multilatéraux- la Banque mondiale, le FMI, le PNUD et son projet du Millénaire- à travailler avec nous à la rédaction d’un texte cohérent pour une stratégie de réduction de la pauvreté, stratégie qui sera la base d’une structure coordonnée de partenariat pour le développement. Du point de vue démocratique, nous avons également obtenu de nettes améliorations. Il y a quatre jours encore, l’électorat gambien est allé aux urnes pour choisir librement d’élire leur candidat. Notre processus électoral a été applaudi dans le monde entier pour son ouverture, sa transparence et sa justice.
M. ANTONIO ISAAC MONTEIRO, Ministre des affaires étrangères, de la coopération internationale et des Communautés de la Guinée-Bissau, a attiré l’attention sur les conditions dramatiques dans lesquelles vivent des millions d’Africains au Darfour. Nous ne comprenons pas pourquoi nous ne sommes pas capables de prendre des mesures appropriées et urgentes pour mettre fin à cette situation tragique, a-t-il poursuivi.
Se tournant vers les questions économiques, le Ministre a prévenu que si les tendances actuelles de l’économie mondiale devaient persister, les pays pauvres ne seraient pas en mesure d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement d’ici 2015, les réformes des systèmes de gouvernance des pays du continent étant à son avis insuffisantes. Il a déploré en outre l’absence d’accords relatifs aux règles régissant le commerce international qui découle, à son avis, d’un manque de volonté politique.
Selon le représentant, cette situation a provoqué un sentiment de découragement dans d’importants segments des populations, notamment chez les jeunes. Il est nécessaire que la communauté internationale accorde une plus grande attention à la question, a dit M. Monteiro, en proposant entre autres la création de centres de formation professionnelle permettant une meilleure intégration sociale. Soulignant comme prioritaire la question des migrations pour son pays, il a fait part de l’engagement de son gouvernement dans l’élaboration d’une politique nationale conséquente en la matière en coopération avec les pays d’accueil.
Il a par ailleurs souligné qu’à l’occasion de la sixième Conférence des chefs d’État de la communauté des pays de langue portugaise, les dirigeants politiques présents ont réaffirmé leur volonté de lutter pour l’éradication de la faim et de la pauvreté et pour la consolidation de la démocratie. Le Ministre a, à cet égard, lancé un appel à ses partenaires au développement et aux pays du G8 afin qu’ils aident à régler le problème crucial du fardeau de la dette extérieure. Il importe également de trouver une nouvelle orientation pour réorganiser et renforcer les États démocratiques, en privilégiant l’éducation et la formation, a-t-il lancé.
Enfin, abordant le processus de réforme des Nations Unies, M. Monteiro a estimé que l’ONU avait besoin de s’adapter aux changements intervenus dans le monde pour tenir compte de l’émergence de nouveaux acteurs, dont la contribution au maintien de la paix et de la sécurité internationales est devenue, à son avis, de plus en plus importante. Parmi ces États figurent des pays en développement de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique latine qui, légitimement, peuvent revendiquer un siège permanent au Conseil de sécurité, a conclu le Ministre.
M. LE CONG PHUNG, Premier Ministre adjoint aux affaires étrangères du Vietnam, a estimé qu’il était nécessaire de créer un environnement favorable en vue de parvenir à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. C’est en ce sens que M. Phung a estimé que le thème de la présente session de l’Assemblée générale - dont les travaux vont se concentrer sur le partenariat mondial pour le développement – était particulièrement bien choisi. Il a regretté que, malgré des efforts soutenus vers l’établissement de la paix, de la coopération et du développement, l’on constate en même temps une escalade des conflits régionaux et ethniques ainsi que du terrorisme international. La paix et la stabilité sociopolitique sont indispensables au développement, a-t-il insisté. C’est pourquoi il est essentiel que les pays œuvrent ensemble pour régler les
différends par le dialogue, qu’ils renoncent à l’usage de la force et qu’ils se conforment aux principes du droit international. M. Phung a réaffirmé l’engagement de son gouvernement à appuyer tous les efforts visant à trouver une solution pacifique aux crises nucléaires coréenne et iranienne. Il a ajouté que, s’agissant de la situation au Moyen-Orient, le Vietnam avait toujours soutenu la lutte du peuple palestinien pour exercer ses droits inaliénables. Il a appelé toutes les parties au conflit à mettre en œuvre la résolution 1701 du Conseil de sécurité.
M. Phung a ensuite estimé que les relations commerciales internationales avaient contribué à créer de nouvelles opportunités économiques pour tous les pays. Toutefois, la face sombre de la mondialisation se traduit par un accroissement du fossé entre riches et pauvres, cet écart grandissant générant de nouvelles menaces à la paix et à la sécurité internationales. L’intervenant a ainsi appelé à l’établissement d’un partenariat mondial pour le développement basé sur les recommandations définies à l’occasion du Sommet mondial de 2005. Il a également souhaité que les négociations du Cycle de Doha reprennent au plus vite, et cela pour juguler la fluctuation des prix du pétrole et de l’or qui entrave les efforts entrepris par de nombreux pays pour réaliser dans les temps les Objectifs du Millénaire pour le développement.
M. Phung a aussi souhaité que les pays en développement soient davantage soutenus par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), les barrières non tarifaires devant être levées pour faciliter l’accès au marché de ces pays. Il a également indiqué que la prévention des désastres et la mitigation de leurs conséquences étaient des facteurs cruciaux pour l’essor économique et social des pays.
Mme BELELA HERERRA, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, a déclaré que les liens qui pouvaient unir l’Uruguay et les Nations Unies étaient des liens d’espoir et d’exigence. Lien d’exigence, de par les difficultés que pose le monde moderne et qui exigent de notre gestion de permettre l’avenir. D’espoir, car nous sommes réunis dans le concert des nations par le lien de la démocratie, à laquelle nous devons croire comme à une maison commune de l’humanité, maison dans laquelle la liberté serait son langage. Elle a réaffirmé, en tant que valeurs communes, les principes qui caractérisent la politique extérieure du Paraguay. Tout d’abord, un compromis politique entre les diverses nécessités de paix, de souveraineté et de solidarité. Ensuite, la lutte contre le terrorisme, la violence et la discrimination. Puis le droit inaliénable de vivre en paix dans ses frontières en y exerçant librement son droit à l’autodétermination et, sous couvert de respect du droit international, la garantie de la souveraineté du peuple. De même a-t-elle prohibé toute ingérence des États dans des situations qui relèvent de la juridiction interne d’un pays. Elle a également souligné les mérites du multilatéralisme et le caractère indivisible des droits de l’homme.
Enfin, après avoir rappelé l’engagement actif de son pays dans la Mission de l’ONU pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), elle a expliqué comment, dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement, l’Uruguay avait lancé un plan d’urgence social qui a permis de réduire le taux de pauvreté en un an de 32,6% de la population à 29,8% (2004-2005). Ce qui définit la pauvreté, a-t-elle ajouté, n’est pas seulement la faim, c’est aussi la discrimination sous toutes ses formes les plus diverses ou encore tout simplement le désespoir de l’individu. Ainsi, sa définition du citoyen ne se résume pas à celle d’un individu-objet: sortir de la pauvreté, a-t-elle dit, c’est aussi exercer le droit de revendiquer un statut de citoyen actif. Par ailleurs, elle a rappelé en faisant référence à la campagne d’information qu’elle a initiée sur la période noire du régime dictatorial de 1973 à 1985 en Uruguay, qu’il n’y avait pas d’avenir sans mémoire, ni de liberté sans justice. Enfin, abordant les questions d’écologie et de conservation de la planète, elle a conclu en prônant une participation vigilante de la société civile. Il faut, d’après elle, une action ferme de l’État, qui doit contrôler les entreprises nationales ou étrangères, suivant des normes écologiques, et vérifier la qualité des investissements du point de vue de l’environnement. Le souci de l’écologie, a-t-elle ajouté, doit être compris comme un droit.
M. KALOMBO MWANSA, Envoyé spécial du Gouvernement de la Zambie, a déclaré que le monde actuel fait face à de nombreux problèmes, tels l’extrême pauvreté, le sous-développement et les conflits, sans oublier le trafic humain. Sans la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales, on ne pourra parvenir à un développement qui ait un sens, a-t-il estimé. À cet égard, la Zambie, membre du Conseil des droits de l’homme, s’engage à soutenir les droits de l’homme sur son territoire et dans le monde. Enumérant les progrès de son pays dans ce domaine, M. Mwansa a appelé la communauté internationale à soutenir son pays dans le renforcement et l’établissement des institutions relatives aux droits de l’homme.
Abordant la question de l’insécurité internationale, il a estimé que si les Nations Unies prévoient de renforcer les opérations en ce domaine, les États membres doivent œuvrer par le biais du Conseil de Sécurité et les institutions des Nations Unies pour mettre au point des régimes plus énergiques de lutte contre le terrorisme, la prolifération des armes nucléaires et la criminalité. L’inaction du Conseil de sécurité dans certains cas a révélé la nécessité de réformer le Conseil, tant en ce qui concerne son élargissement que ses méthodes de travail. À cette occasion, il a fait part de la tenue en décembre prochain de la conférence internationale sur la région des Grands Lacs, visant à adopter le pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement de la région. Nous avons besoin de l’appui politique et financier continu de la communauté internationale pour garantir cette adoption, a-t-il indiqué.
Abordant le thème des épidémies qui concerne particulièrement la Zambie, le représentant a assuré le soutien de son pays aux efforts déployés par la communauté internationale dans la lutte contre le VIH/Sida, le paludisme et la tuberculose. M. Mwansa s’est d’ailleurs félicité de la création d’un Fonds international destiné à l’achat de médicaments pour y faciliter l’accès et pour en baisser les coûts, ce qui profitera en particulier aux pays en développement.
Par ailleurs, il a noté que la pauvreté résulte de nombreuses injustices sociales et économiques. Il a appelé au retrait du système commercial multilatéral injuste qui nuit à la participation des pays en développement. Il a par ailleurs salué les pays du G8 pour leur initiative d’allègement de la dette multilatérale qui pèse également sur la Zambie.
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