LE PRÉSIDENT DE L’AUTORITÉ PALESTINIENNE MAHMOUD ABBAS RÉITÈRE DEVANT L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE L’APPEL LANCÉ IL Y A 32 ANS PAR YASSER ARAFAT
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Assemblée générale
Soixante et unième session
14e & 15e séances plénières
matin & après-midi
LE PRÉSIDENT DE L’AUTORITÉ PALESTINIENNE MAHMOUD ABBAS RÉITÈRE DEVANT L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE L’APPEL LANCÉ IL Y A 32 ANS PAR YASSER ARAFAT
Émile Lahoud du Liban dresse un constat d’impuissance de la communauté internationale et se réserve le droit de réclamer réparation à Israël
Entre constat d’impuissance de la communauté internationale et main tendue, la situation au Moyen Orient a occupé, aujourd’hui encore, une partie essentielle de la poursuite du débat général de la soixante et unième session de l'Assemblée générale, dominée par les interventions des Présidents libanais et palestinien. Le premier, Émile Lahoud, a « tiré la sonnette d'alarme sur l'ébranlement des fondements de la seule assemblée internationale », tandis que le second, Mahmoud Abbas, a réitéré l’appel lancé au même endroit, en 1974, par Yasser Arafat : « Ne laissez pas la branche d’olivier tomber de ma main ».
Le Président libanais Lahoud, dans un discours qui fut très applaudi, a estimé que le Conseil de sécurité avait été, hélas, « impuissant à mettre un terme à l'injustice et à la barbarie, à faire cesser les massacres des enfants et à préserver la paix au Liban et dans la région ». « Où est la crédibilité des Nations Unies sérieusement mise en cause par le retard dans l'adoption de la résolution 1701? » a-t-il interrogé. Quelle est la capacité réelle de l'Organisation à protéger le monde tant que ses résolutions sont tributaires de la volonté d'une grande puissance? »
Émile Lahoud a ainsi tiré « la sonnette d'alarme sur l'ébranlement des fondements de la seule assemblée internationale qui doit être une garantie pour la paix, la justice, le droit et le bien ». Évoquant les principes de l'ONU et de sa Charte, il a affirmé que le Liban se réservait le droit d'intenter un procès à Israël devant les instances internationales compétentes, notamment l'Assemblée générale et la Cour pénale internationale (CPI), afin de lui réclamer des indemnités proportionnelles à l'ampleur de la catastrophe qu'il a provoquée dans son pays.
La paix et la stabilité au Liban ne seront atteintes que lorsque le conflit israélo-arabe sera réglé d'une manière juste et durable, a convenu M. Lahoud comme bon nombre de ses homologues, chefs de gouvernement ou ministres qui se sont succédé à la tribune. Et « sans un règlement de la question de la Palestine, avec la poursuite de l'occupation des terres palestiniennes et arabes depuis 1967, la porte demeurera largement ouverte à toutes les formes de violence, de terrorisme, de confrontations régionales et de crises mondiales », a déclaré, en fin de journée, le Président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, constatant une stagnation, et même un recul des initiatives et plans internationaux, au premier rang desquels la Feuille de route du Quatuor -ONU, États-Unis, Fédération de Russie et Union européenne.
M. Abbas a réaffirmé que tout gouvernement palestinien futur respecterait les accords que l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et l’Autorité palestinienne ont acceptés et a assuré que les négociations avec Israël continueraient de relever de la juridiction et de l'autorité de l'OLP qu'il dirige. Il a enfin réitéré l'appel lancé à cette même tribune, il y a 32 ans, par Yasser Arafat, alors chef de l’OLP: « Ne laissez pas la branche d'olivier tomber de ma main. »
Le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Aboul Gheit, a de son côté assuré les Israéliens qu’il existait une autre voie que celle de la violence et que le monde arabe était prêt à accepter Israël comme voisin et partie intégrante de la région, par le biais d’un accord de paix global qui transcendrait les souffrances du passé, préserverait les intérêts des peuples et garantirait aux Arabes comme aux Israéliens une vie dans la sûreté, la sécurité et la coopération.
Lors du débat, placé aujourd’hui sous le signe de la Journée internationale pour la paix, plusieurs dirigeants africains ont mis l'accent sur les défis énormes qu'affronte leur continent, en particulier celui de la dette. Le Président de Madagascar, Marc Ravalomanana, a ainsi jugé qu'en dépit des initiatives du G-8, de la Banque mondiale, de l’Union européenne et d'autres bailleurs de fonds, l'Afrique recevait moins d’aide internationale, par personne, qu'il y a 20 ans. Selon lui, les dossiers « Afghanistan », « Iraq », « Liban », « Palestine » et « pétrole » ont éclipsé le dossier « Afrique ». Le fait est là, a-t-il affirmé: l'Afrique n'est pas une priorité pour les instances internationales.
Comme en écho, son homologue mozambicain, Armando Emilio Guebuza, a relevé le peu de progrès réalisés depuis l’an dernier dans la création de partenariats en faveur du développement. « Aucun pays ne peut s’en sortir seul, au moins à moyen terme », a-t-il dit. « Nous n’avons pas d’autre choix que de développer des partenariats, aux niveaux national, régional et international.
La situation dans les Balkans fut également à l'ordre du jour, avec l'intervention de deux dirigeants de la région. Le chef de l'État serbe, Boris Tadic, a considéré que l'autonomie offerte par la Serbie aux Albanais du Kosovo devait constituer une solution durable permettant à ce territoire, placé aujourd'hui sous administration intérimaire des Nations Unies, d’accéder directement aux institutions financières internationales. Avant de déterminer le statut du Kosovo, il est nécessaire d’établir l’état de droit et de mettre un terme à sept années de discrimination à l’encontre des Serbes et des communautés non-albanaises, cibles de l’extrémisme et du terrorisme, a-t-il assuré.
La Ministre autrichienne des affaires étrangères, Ursula Plassnik, a, pour sa part, exhorté Belgrade et Pristina à s'engager dans les négociations de manière constructive, avec le sens indispensable du réalisme. En préalable à la conclusion de l’Accord sur le statut final du Kosovo, une autre question doit être réglée, a souhaité en tout cas son homologue de l’ex-République yougoslave de Macédoine, Branko Crvenkovski, celle de la démarcation technique de la frontière nord du Kosovo bordant son pays. Selon lui, cette délimitation doit être effectuée en concordance avec l’Accord sur la démarcation de la frontière entre son pays et l’ancienne République de Yougoslavie qui a été signé en 2001, et avec les recommandations du Représentant spécial du Secrétaire général, Kai Eide.
Les chefs d'État et de Gouvernement et les Ministres des affaires étrangères des pays suivants ont pris la parole: Malawi, Serbie, Colombie, Liban, Mozambique, ex-République yougoslave de Macédoine, Burundi, Madagascar, Canada, Portugal, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Mauritanie, Comores, Sénégal, Lituanie, Andorre, Lesotho, Samoa, Slovaquie, Mongolie, Sierra Leone, République de Corée, Fédération de Russie, Pays-Bas, Australie, Autriche, Espagne, Égypte, Mali, Niger, Angola et Palestine.
Le débat général de l’Assemblée générale se poursuivra demain à 10 heures.
SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL
Déclarations
M. BINGU WA MUTHARIKA, Président du Malawi, a déclaré que la paix, la sécurité et la stabilité ne pourront pas être assurées si la plus grande partie de l’humanité continue de souffrir de la pauvreté la plus abjecte. Quand un pays est pauvre, tous les secteurs à développer deviennent prioritaires. Le Malawi a défini un catalogue de mesures, les priorités parmi les priorités, que le Président entend appliquer dans les cinq prochaines années avec l’aide de la communauté internationale. L’agriculture et la sécurité alimentaire figurent en tête de liste suivies de l’irrigation, des transports et communication, de l’énergie, du soutien à un développement rural intégré et de la prévention et la gestion du VIH/sida.
Après avoir détaillé les mesures pratiques prises dans ces domaines prioritaires, lesquelles participent de la mise en œuvre du « Partenariat mondial pour le développement », le Président a indiqué que pour ralentir l’exode des campagnes vers les villes, le Gouvernement du Malawi va tenter de rendre la vie dans les zones rurales moins difficiles en créant de petits centres permettant à la population de bénéficier des services nécessaires à la vie quotidienne. Un bon réseau routier et sanitaire, une poste, un hôpital, une école sont quelques ingrédients qui devraient permettre aux non-citadins du Malawi de vivre dans des conditions plus acceptables. Le Malawi cherche aussi des partenaires internationaux pour lutter contre le VIH/sida, a poursuivi M. Mutharika. Ce pays ne peut pas lutter seul, même si d’importants progrès y ont été effectués depuis les deux dernières années.
Par la voix de son Président, le Malawi remercie le G-8, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale d’avoir annulé sa dette et soutient l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés, qualifiée de « vrai exemple de partenariat global » dans le cadre du développement. Cette initiative ajoutée à l’annulation de la dette pourrait permettre au Malawi de retrouver le chemin d’un développement durable, a conclu M. Mutharika.
M. BORIS TADIĆ, Président de la République de Serbie, a rappelé que le drapeau de la Serbie flotte pour la première fois devant les Nations Unies, avant de souligner que les problèmes des Balkans ne peuvent pas être résolus isolément et qu’il faut donc prendre en compte l’histoire commune de la région. Il a affirmé que la Serbie est sincèrement attachée à l’intégrité territoriale de tous les États des Balkans et à la préservation de leurs frontières existantes. L’intégrité de la Bosnie-Herzégovine ne peut être modifiée que par un consensus entre les trois peuples qui constituent ses citoyens, a-t-il précisé. De même, la préservation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Serbie sert les intérêts de la démocratie et de la prospérité dans toute l’Europe du Sud-Est. Le renforcement de la coopération régionale constitue donc la priorité de la Serbie, qui considère les Balkans comme un espace commun où il est possible d’assurer stabilité politique et sociale, démocratisation et paix, sur la base d’une responsabilité partagée de tous les États de la région, dont aucun ne doit se considérer comme perdant.
Évoquant ensuite le Kosovo-Metohija, placé sous administration intérimaire des Nations Unies, il a déclaré que le futur statut du Kosovo devrait prendre en compte la complexité des relations au sein des Balkans. Avant de déterminer ce statut, il est nécessaire d’établir l’état de droit et de mettre un terme à sept années de discrimination à l’encontre des Serbes et des communautés non albanaises, qui sont la cible de l’extrémisme et du terrorisme. M. Tadić a affirmé que l’autonomie offerte par la Serbie aux Albanais du Kosovo est plus large que celle de n’importe quelle autre région d’Europe, et qu’elle constitue une solution durable qui permettrait au Kosovo d’accéder directement aux institutions financières internationales. Par ailleurs, il a apporté son soutien au renforcement du dispositif de maintien de la paix des Nations Unies, indiquant que la Serbie est prête à contribuer aux opérations. La Serbie entre dans une ère nouvelle de coopération entre États que les Serbes ont inaugurée en écartant démocratiquement, en 2000, un régime qui était largement responsable des difficultés passées de la région. La Serbie poursuivra donc sa coopération avec le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie.
M. ÁLVARO URIBE VÉLEZ, Président de Colombie, a déclaré qu’en matière de démocratisation de la vie politique, son pays avait réalisé des progrès considérables. Il a cité à titre d’exemples le référendum et les élections des maires et des gouverneurs qui, toutes, se sont tenues en 2003. Cette année, a-t-il ajouté, l’élection présidentielle et législative, fortement menacée par les terroristes, s’est déroulée de manière pacifique. M. Vélez a indiqué qu’en matière de sécurité et de paix, beaucoup restait à faire pour assurer la protection efficace de tous les Colombiens. Toutefois, a-t-il dit, la réduction du nombre d’homicides, de rapts, d’actes terroristes, de crimes et de menaces à l’encontre des journalistes et des chefs syndicaux, marque un progrès indéniable. Le Président colombien a ajouté que l’instauration d’une sécurité durable dans son pays devait s’appuyer sur le respect à tous les niveaux des droits de l’homme. Dans ce cadre, a-t-il lancé, « la sécurité est la voie menant à la paix. » M. Vélez a indiqué, à cet égard, que son pays avait réussi à mettre hors d’état de nuire plus de 40 000 membres de groupes violents qu’il s’employait désormais à réinsérer dans la vie sociale. Il a ensuite demandé à la communauté internationale d’appuyer la politique sécuritaire de son pays, notamment en l’aidant à combattre le trafic de drogue, « source principale de la violence et obstacle majeur à la paix ».
Le Président Vélez a en outre fait savoir que son pays était parvenu à détruire, pour la deuxième année consécutive, 70 000 hectares de coca. Il a ajouté que des cultures alternatives avaient été établies avec succès, 43 000 familles des zones rurales ayant remplacé l’exploitation des drogues par la protection des forêts et la production d’autres récoltes. L’écotourisme se développe et, selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, 80% des champs de drogue ont été détruits dans les zones exploitées par les familles de gardes forestiers. Le Président a réitéré son appel à l’appui des Nations Unies pour mener à bien le programme de reforestation entrepris par son gouvernement. Il a enfin formé le vœu que la Colombie, pleinement engagée dans la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement, devienne à terme une démocratie moderne, libre et transparente.
M. ÉMILE LAHOUD, Président du Liban, a consacré son discours à la plaie béante du Liban. Il a ainsi retracé les faits qui se sont déroulés dans son pays du 12 juillet au 14 août derniers, une agression barbare, a-t-il précisé, qui a causé une destruction systématique, comme le reste du monde en a bien peu connu. Le Conseil de sécurité a été, hélas, impuissant à mettre un terme à l'injustice et à la barbarie, à faire cesser les massacres des enfants et à préserver la paix au Liban et dans la région, a-t-il déclaré, jugeant par conséquent normal de poser les questions suivantes: qu’en est-il de la crédibilité des Nations Unies, mise en cause par le retard dans l'adoption de la résolution 1701? Quelle est la capacité réelle de l'Organisation à protéger le monde tant que ses résolutions sont tributaires de la volonté d'une grande puissance?
De la tribune des Nations Unies, M. Lahoud a ainsi tiré la sonnette d'alarme sur l'ébranlement des fondements de la seule assemblée internationale qui devrait être une garantie pour la paix, la justice, le droit et le bien. Il s’est en outre, demandé si le moment n'était pas venu pour cette Organisation de contraindre Israël à respecter les résolutions internationales, alors que cet État a lui-même été fondé grâce à une résolution de ce genre. Il a rappelé qu’Israël refusait aussi de remettre aux Nations Unies les cartes des mines et des bombes à fragmentation qu'il a semées au Sud-Liban, et que ce pays restait sans solution claire sur le dossier des détenus libanais. La communauté internationale doit donc aujourd’hui protéger la résolution 1701 et la sauver pour qu'elle ne devienne pas comme tant d'autres résolutions, une lettre morte, et cela, dans l'intérêt de la paix au Moyen-Orient et dans le monde, a-t-il déclaré. Le Président libanais a dit espérer que les États-Unis n'utiliseraient pas comme à l'accoutumée leur droit de veto pour éviter une condamnation d'Israël, par respect pour les victimes innocentes, dont des femmes, des enfants et des vieillards déchiquetés par les bombes dites "intelligentes", à fragmentation, au phosphore et à l'uranium enrichi.
M. Lahoud, évoquant les principes de l'ONU et de sa Charte, a affirmé que le Liban se réservait le droit d'intenter un procès à Israël devant les instances internationales compétentes, notamment l'Assemblée générale et la Cour pénale internationale (CPI), afin de lui réclamer des indemnités proportionnelles à l'ampleur de la catastrophe qu'il a provoquée dans son pays. Il a ainsi demandé aux États Membres de soutenir le Liban dans cette revendication et d'être du côté du droit. La volonté de vivre des Libanais est trop puissante pour céder la place au désespoir, a-t-il assuré, ajoutant que ceux-ci avaient entamé plus vite que beaucoup ne le pensaient le chantier de la reconstruction. Grâce à l'aide humanitaire et économique reçue, le Liban, qui a l'ambition de redevenir un pôle d'attraction régional voire international en un temps record, s'en sortira plus vite que prévu, a souligné M. Lahoud. Selon lui, la paix et la stabilité au Liban ne seront atteintes que lorsque le conflit israélo-arabe sera réglé d'une manière juste et durable.
Sa vision du Moyen-Orient s'inscrit, a-t-il précisé, dans le respect et l'application des résolutions internationales, qui restituent la terre occupée à ses propriétaires, qui ramènent chez eux les détenus arabes en Israël, et assurent le retour des réfugiés palestiniens sur leur terre. Elle englobe, a-t-il poursuivi, une relance des négociations israélo-arabes en vue d'aboutir à la préservation des droits de tous et à une paix globale.
M. ARMANDO EMÍLIO GUEBUZA, Président du Mozambique, a relevé le peu de progrès réalisé depuis l’an dernier dans la création de partenariats en faveur du développement. Il a salué le choix fait cette année du thème de l’Assemblée générale, intitulé la mise en place d’un partenariat global pour le développement. Car aucun pays ne peut s’en sortir seul, au moins à moyen terme, et les conséquences de la pauvreté ont des répercussions en dehors des frontières des pays, a-t-il dit. Nous n’avons pas d’autre choix que de développer des partenariats, aux niveaux national, régional et international.
Pour M. Guebuza, la coopération régionale joue un rôle central dans cette mosaïque. La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) en est un exemple, elle qui défend le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), la Feuille de route de l’Union africaine pour la prospérité, selon les termes du Président. Le Mouvement des pays non alignés, qui s’est réuni la semaine dernière à la Havane, a défendu la création de partenariats directement entre les pays du Sud, a-t-il ajouté, en rappelant aussi que le Mouvement a également décidé de réveiller l’esprit de Bandung, qui a inspiré une nouvelle coopération entre l’Asie et l’Afrique.
En plus du Consensus de Monterrey sur le financement du développement, le Mozambique demande l’augmentation du soutien financier international, via l’aide publique au développement (APD) et les investissements étrangers directs (IED). Des pays comme le Mozambique, qui ont un grand potentiel agricole, industriel, agro-alimentaire et touristique, en ont besoin, a-t-il souligné. Dans le même registre, le Mozambique regrette l’arrêt des négociations du Cycle de Doha, a dit le Président, qui a demandé, en conclusion, que les pays développés fassent preuve de plus de compréhension, dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), à l’égard des besoins des pays en développement.
Rappelant les estimations de 2005 selon lesquelles un certain nombre de pays en développement dont le Mozambique ont fait des progrès remarquables vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, le Président a néanmoins estimé que pour rendre cette tendance irréversible, les partenaires de développement doivent continuer à fournir un appui substantiel et en temps voulu aux priorités définies par les pays bénéficiaires de leur aide.
M. BRANKO CRVENKOVSKI, Président de l’ex-République yougoslave de Macédoine, a salué l’adoption de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, avant de souligner l’importance de poursuivre la réforme de l’Organisation. Il a rappelé que son pays avait pris part aux coalitions antiterroristes en Iraq et en Afghanistan, et qu’il avait accru ses contingents dans les forces internationales. Il a ensuite déclaré que la Macédoine était devenue une démocratie multiethnique, qui a mis en œuvre de nombreuses réformes afin de se rapprocher de l’OTAN et de l’Union européenne, cette dernière lui ayant accordé le statut de pays candidat. Il a souligné que l’Europe du Sud-Est était en pleine mutation et qu’elle avait accompli des progrès démocratiques considérables. Le bon voisinage et la coopération régionale sont au sommet des priorités de la Macédoine.
Évoquant ensuite le futur statut du Kosovo, il a jugé que tous les efforts nécessaires devaient être mis en œuvre pour parvenir à un règlement négocié qui soit mutuellement acceptable pour les deux parties concernées, et qui soit conforme à la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité ainsi qu’aux Principes directeurs du groupe de contact. M. Crvenkovski a alors rappelé que la question de la démarcation technique de la frontière nord du Kosovo, qui borde la Macédoine, restait en suspens. Cette délimitation doit être effectuée en concordance avec l’Accord sur la démarcation de la frontière entre la Macédoine et l’ancienne République de Yougoslavie qui a été signé en 2001, et avec les recommandations du Représentant spécial du Secrétaire général, Kai Eide. Le Président a souhaité que cette question soit réglée avant la conclusion de l’Accord sur le statut final du Kosovo.
M. PIERRE NKURUNZIZA, Président du Burundi, a déclaré que dans la situation postconflit que traverse son pays, le premier souci avait été de restaurer la paix et la sécurité sur l’ensemble du territoire. Il a rappelé que cette tâche avait été rendue possible grâce au déploiement d’une force des Nations Unies et la formation des Forces de défense nationale et de la Police nationale, conformément à l’Accord d’Arusha et au récent Accord global de cessez-le-feu, signé le 7 septembre 2006 entre le Gouvernement et le Mouvement PALIPEHUTU-FNL. Cet Accord nous encourage à accélérer le programme de désarmement des populations civiles, et il constitue une étape très importante dans la reconstruction du pays, a-t-il dit.
Le Président burundais a ajouté qu’en matière de bonne gouvernance, une loi sur la lutte anticorruption venait d’être promulguée, qui, a-t-il précisé, devrait permettre à son gouvernement de travailler avec beaucoup plus de transparence dans la gestion du patrimoine public. Il a indiqué que s’agissant de la promotion de l’état de droit et des droits de la personne humaine, des réformes avaient été engagées dans les secteurs de la justice, de la solidarité nationale et de l’égalité des genres. De même, a fait savoir M. Nkurunziza, outre les 5 000 prisonniers politiques déjà relâchés, nous avons décidé de libérer les personnes détenues sans dossier au-delà des délais réglementaires, et cela à l’occasion de la célébration du 44ème anniversaire de l’indépendance nationale, le 1er juillet dernier.
M. Nkurunziza a aussi indiqué qu’une Commission nationale « Terres et autres biens » a été créée comme un complément indispensable à la Commission « vérité et réconciliation » et au Tribunal spécial, structures sur lesquelles son gouvernement espère un accord rapide avec l’ONU, convaincu que cette Commission contribuera à lutter contre les velléités de génocide et l’impunité mais aussi à consolider le processus de réconciliation. Il a ajouté que son pays continuait à faire face à un nombre important de personnes vulnérables, dont près de 4 000 réfugiés, 120 000 déplacés de l’intérieur et d’autres touchés par la guerre. Il a appelé la communauté internationale à appuyer le Burundi pour aider notamment les réfugiés à regagner leur foyer.
Conscient de la paupérisation générale des populations due à une décennie de guerre, le Gouvernement du Burundi a mis en place un programme d’urgence pour l’année en cours, a poursuivi M. Nkurunziza. Il a cependant déclaré que la reconstruction du pays, la lutte contre la pauvreté et la relance de l’économie nationale nécessitaient plus qu’un programme de ce type. La préparation du cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté (CSLP) pour une période de trois ans répond à cette préoccupation. En outre, a encore dit le Président burundais, le Code d’investissement a été révisé pour encourager les investissements au Burundi.
« Le Burundi attache une grande importance aux initiatives d’intégration régionale », a indiqué M. Nkurunziza. Saluant le processus électoral en cours en République démocratique du Congo (RDC) et la signature du cessez-le-feu intervenue entre le Gouvernement ougandais et l’Armée de résistance du Seigneur (LRA). Le Président a conclu en soulignant, entre autres, que l’élection du Burundi à la Commission de consolidation de la paix est une raison de fierté et une motivation supplémentaire pour travailler au renforcement des acquis de la paix. Malheureusement, a-t-il reconnu, le changement de mentalité et des comportements antidémocratiques n’est pas toujours automatique dans des pays qui sortent des crises comme le Burundi.
M. MARC RAVALOMANANA, Président de Madagascar, a estimé qu'en dépit des initiatives du G-8, de la Banque mondiale, de l’Union européenne et d'autres bailleurs de fonds, l'Afrique recevait moins d’aide internationale, par personne, qu'il y a 20 ans. Selon lui, les dossiers « Afghanistan », « Iraq », « Liban », « Palestine » et « pétrole » ont éclipsé le dossier « Afrique ». Le fait est là, a-t-il affirmé: l'Afrique n'est pas une priorité pour les instances internationales. Le Président malgache a ainsi relevé un paradoxe entre le discours et l'action. Rappelant que la tâche de la communauté internationale était d'éviter les crises au lieu de les traiter, il a déclaré que cette « Maison » ne devait pas être une maison de pompiers mais une maison de stratèges. Cette idée d'un monde unique, fondement de la mondialisation, ne peut nous emmener vers un avenir juste et pacifique tant qu'une grande partie des pays pauvres reste marginalisée, a-t-il assuré, revendiquant le même billet d'entrée dans la communauté mondiale que celui que l'Union européenne a offert aux pays de l'Europe de l’Est. Selon lui, les Objectifs du Millénaire pour le développement doivent demeurer la base des délibérations et des actions de la communauté internationale, même si leur réalisation devient de plus en plus difficile.
M. Ravalomanana a également indiqué avoir développé un nouvel instrument dans son pays, le Madagascar Action Plan (MAP), qui vise notamment, a-t-il précisé, à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement. Il a jugé que les moyens internationaux pour le développement de l’Afrique devaient être doublés ou triplés à court terme. Les promesses doivent être respectées et réalisées à court terme si l'on veut vraiment relancer la croissance économique de l'Afrique, a-t-il affirmé, précisant que la réduction de l’aide au cours des 20 dernières années constituait l’une des causes du ralentissement économique du continent. Plus vite la croissance économique sera renforcée, plus vite l'indépendance sera effective, a-t-il assuré. Soulignant que la confiance, structurée par l'ouverture, la stabilité, la sécurité, la transparence, la bonne gouvernance et la démocratie, était la base du développement, le Président malgache a indiqué qu'il organiserait avec son gouvernement, en décembre prochain, des élections présidentielles libres, justes et transparentes. M. Ravalomanana a enfin demandé à la communauté internationale de développer une nouvelle approche plus dynamique et plus engagée en faveur de l'Afrique.
M. STEPHEN HARPER, Premier Ministre du Canada, a jugé que la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan est l’une des plus importantes à l’heure actuelle. Et c’est aussi l’engagement le plus important et le plus vaste du Canada à l’étranger, a-t-il dit. Ainsi, à ses yeux, la mission de l’ONU est la mission du Canada. Sur le plan militaire, environ 20 000 soldats, dont près de 2 500 Canadiens qui ont payé le prix fort, provenant de 37 pays participent aux actions pour stabiliser le régime et éliminer les dernières traces du régime taliban. « Les Canadiens sont fiers du rôle de leader qu’ils ont joué, ils pleurent aussi les pertes qu’ils ont subies », a-t-il dit.
Mais l’action militaire ne suffit pas. Il y a au moins 19 agences de l’ONU présentes en Afghanistan qui aident « à bâtir une démocratie et une société plus sûres ». Le Canada prend part par exemple à des travaux de reconstruction des écoles de filles, détruites par les Taliban. D’autres progrès ont été enregistrés, même s’ils restent fragiles. Plus d’un quart des sièges de l’Assemblée législative de l’Afghanistan sont désormais occupés par des femmes. Ce qui est remarquable, selon M. Harper, dans un pays où les femmes n’avaient aucun droit, il y a encore peu de temps. Pour soutenir toutes ces actions, le Canada a augmenté son aide au développement la portant à près de 10 milliards de dollars sur 10 ans.
L’ONU, a poursuivi le Premier Ministre, doit faire face à d’autres situations difficiles comme celles qui prévalent au Moyen-Orient, à Haïti ou au Darfour. Le spectre de la prolifération nucléaire est un autre dossier chaud. Pour être en mesure d’y faire face, les Nations Unies doivent poursuivre leurs réformes. L’une d’entre elles concerne son administration. « Cette organisation doit rendre davantage de comptes et devenir efficace », a dit M. Harper. Les contribuables des États Membres, dont le Canada, font des contributions financières significatives à cette organisation. Ils ont donc, a-t-il argué, le droit de s’attendre à des mécanismes de contrôle plus stricts, à des rapports plus précis sur la façon dont les fonds sont dépensés et à des pratiques de recrutement et de promotion fondées sur le mérite.
M. JOSÉ SOCRATES, Premier Ministre du Portugal, a salué la naissance d’un nouvel État au Timor oriental, soulignant le rôle crucial joué par les Nations Unies à cette occasion, mais mettant en garde contre les problèmes de sécurité liés à la récente crise interne. Il a rappelé qu’il n’y avait pas d’alternative au multilatéralisme, et qu’il fallait donc renforcer l’Organisation des Nations Unies. Le multilatéralisme repose en grande partie sur le dialogue entre les cultures et les civilisations, ce qui implique d’inclure tous les citoyens au sein de leur société, sans distinction de croyance ni de religion, et de renforcer les liens économiques entre le Nord et le Sud à travers les mécanismes du commerce international. Il est donc important de surmonter les obstacles du Programme de Doha dans le contexte des négociations avec l’OMC, quitte à ce que chaque État fasse un petit sacrifice qui, à terme, bénéficiera à tous.
M. Socrates a estimé que le Moyen-Orient constituait l’un des plus grands défis au dialogue entre les cultures et les civilisations, et l’un des principaux points d’instabilité dans le monde. Les souffrances des civils pendant le conflit israélo-libanais doivent nous inciter à poursuivre plus activement que jamais une solution permanente et équilibrée, a-t-il affirmé, appelant à appliquer la résolution 1701 du Conseil de sécurité. Il a ensuite évoqué l’Afrique, que le monde développé ne doit pas oublier, ne serait-ce que parce qu’il a sur ce continent une responsabilité héritée de l’histoire. M. Socrates a salué le renforcement du partenariat de l’Union européenne avec l’Afrique ainsi que l’élaboration d’une stratégie conjointe eurafricaine. Il a relevé que des progrès significatifs avaient été accomplis au cours des dernières années grâce au renforcement de l’Union africaine et de différentes organisations et initiatives régionales.
M. RALPH GONZALVES, Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a jugé que la réforme des Nations Unies était indispensable pour répondre à l’appel du monde en développement. Or, a-t-il déploré, le rythme des réformes est lent, sapant de ce fait l’efficacité et la crédibilité des Nations Unies. Qualifiant de « progrès modestes » la création du Conseil des droits de l’homme et celle de la Commission de consolidation de la paix, M. Gonzalves a stigmatisé le temps perdu à se pencher sur des questions subalternes alors même que l’importante résolution sur le développement, adoptée par l’Assemblée générale, tarde à être mise en œuvre. Il a par ailleurs plaidé pour une réforme du Conseil de sécurité qui permette de démocratiser cet organe et le rendre plus crédible.
Le Ministre a par ailleurs noté le désengagement des pays riches en matière d’aide au développement, ce dont témoignent leurs manquements vis-à-vis de l’aide publique au développement (APD) ainsi que le blocage du Cycle de négociations de Doha. M. Gonzalves a toutefois salué le renforcement encourageant de la coopération Sud-Sud. À cet égard, a-t-il dit, Saint-Vincent-et-les Grenadines bénéficie de son intégration à l’Organisation des États des Caraïbes orientales et du marché unique de la CARICOM. Il a en outre expliqué que lors du Sommet des chefs d’État du Mouvement des non-alignés (MNA) qui s’est tenu récemment à Cuba, les 118 nations présentes avaient reconnu la nécessité de définir, dans un monde de plus en plus unipolaire, un agenda sur le développement visant à l’établissement d’un ordre mondial plus juste.
Évoquant le droit inaliénable des peuples à l’autodétermination et la nécessité de renforcer les mécanismes de résolution des conflits de l’ONU, le Ministre s’est félicité du rétablissement de la démocratie en Haïti. Il a enfin lancé un appel aux Nations Unies pour qu’elles permettent à Taiwan – « une démocratie progressiste de 23 millions d’habitants » - d’y être représenté.
M. SIDI MOHAMED OULD BOUBACAR, Premier Ministre de Mauritanie, a salué les importantes réalisations que sont la création du Conseil des droits de l'homme et celle de la Commission de consolidation de la paix. Ces deux nouvelles instances, a-t-il dit, contribueront à l'amélioration de l'action de l'Organisation dans la recherche de solutions à deux des préoccupations majeures des peuples et des gouvernements des pays membres, à savoir les conflits et les guerres ainsi que leurs répercussions sur les droits et la dignité des individus et des collectivités. Évoquant le Sahara occidental, le Premier Ministre a indiqué que son pays soutenait les démarches entreprises par l'ONU et son Secrétaire général en vue de trouver une solution définitive garantissant la stabilité dans la sous-région, bénéficiant de l’accord de toutes les parties.
Le Premier Ministre mauritanien a par ailleurs assuré que son pays, après le changement du 3 août 2005, était entré dans une nouvelle ère de son histoire politique, laquelle ouvre la voie à l’instauration d'un système démocratique, pluraliste, fondé sur la garantie de l'égalité et de la justice pour tous et consacrant l’alternance pacifique au pouvoir, la transparence dans la gestion, la réforme de l’administration et l’ancrage des mécanismes de bonne gouvernance. En vue de garantir une transparence totale et une neutralité absolue dans le déroulement des élections, le Conseil militaire pour la justice et la démocratie a décidé l’inéligibilité du Président et des membres du Conseil militaire ainsi que du Premier Ministre et des membres du gouvernement civil de transition lors des échéances municipales législatives et présidentielles futures.
L'absence de démocratie réelle, de liberté et de choix et d'élections transparentes a présidé à la décision du Conseil militaire pour la justice et la démocratie de prendre l'initiative, avant qu'il ne soit trop tard, de sauver le peuple mauritanien et le pays des conséquences dangereuses de cette situation, a-t-il déclaré. Le Premier Ministre mauritanien a, par ailleurs, exprimé la foi inébranlable de son pays dans l'édification du Maghreb arabe, qu'il considère comme un choix stratégique incontournable. La Mauritanie, a-t-il ajouté, restera également attachée au renforcement des fondements du dialogue, des échanges et de l'entente entre les peuples et les civilisations, en particulier dans le cadre du Forum 5 + 5 et du processus euroméditerranéen de Barcelone.
M. AHMED ABDALLAH MOHAMED SAMBI, Président de l’Union des Comores, a remercié tous ceux qui avaient contribué à ce que s’instaure, pour la première fois dans son pays, une alternance politique démocratique et pacifique, à l'issue d’élections libres et transparentes. Tout en remerciant la communauté internationale d’y avoir contribué, il lui a demandé de continuer à accompagner son pays pour qu'une période de paix et de stabilité politique s’y installe et que s’éloigne définitivement le cycle infernal des coups d’État. Il a ensuite indiqué que son gouvernement s'efforçait d’impulser un développement économique en diversifiant sa coopération et en créant les conditions propices aux investissements. Nous luttons également contre la corruption et pour l’instauration d'une justice indépendante, a-t-il précisé, ce qui nécessite une aide internationale multiforme.
Il a ensuite estimé qu’il était temps que la communauté internationale mette un terme au conflit au Moyen-Orient par une solution négociée, avant d'évoquer une série de conflits à travers le monde, précisant que seul le droit garantit le rétablissement de la légalité et soulignant le rôle irremplaçable des Nations Unies. Par ailleurs, il a attiré l’attention sur le développement extraordinaire des connaissances et sur les moyens quasi illimités consacrés à la production d'armes, tandis que la maladie, la faim et la pauvreté continuent d’affliger des millions de personnes de par le monde. Il a jugé nécessaire d’intervenir au niveau de la gouvernance des pays mais aussi de la gouvernance internationale, mentionnant notamment la détérioration des termes de l’échange qui paupérise les pays les plus pauvres tandis que les pays les plus riches continuent à prospérer. Rappelant enfin la position géographiquement stratégique des Comores, il a rappelé qu’elles restaient le pays le plus pauvre.
M. ABDOULAYE WADE, Président du Sénégal, a affirmé que le problème de la dette, en particulier celui du continent africain, demeurait toujours une entrave au développement. La question préalable que l'on devrait poser est celle de l'évaluation de la dette, voire du surendettement de l'Afrique, pour savoir combien ses pays devront payer car, a-t-il précisé, il est arrivé que des pays remboursent plus qu'ils ne doivent. En outre, l'échec des négociations agricoles du Cycle de Doha donne, selon lui, la pleine mesure du chemin qui reste à parcourir pour le respect par tous des règles du jeu. Le Président sénégalais a en outre plaidé en faveur du développement des biocarburants. Avec ses immenses terres cultivables et ses énormes ressources en eau, l'Afrique dispose sans aucun doute d'atouts incomparables dans ce domaine et peut même se donner comme ambition de devenir le premier producteur mondial de biocarburants, a-t-il déclaré. Il a ainsi appelé tous les partenaires intéressés à se lancer dans cette nouvelle révolution de l’« énergie verte », d'autant que celle-ci est en parfaite harmonie avec les objectifs de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et ceux du Protocole de Kyoto.
S’agissant du Soudan, M. Wade a indiqué que son pays travaillait à l'élargissement du camp de la paix pour que les protagonistes jusque-là en dehors de ce processus puissent adhérer à l'Accord d'Abuja pour le règlement de la crise du Darfour. Il a en outre invité instamment les dirigeants politiques ivoiriens, toutes tendances confondues, à faire preuve de dépassement pour favoriser le retour d'une paix durable. Le Président sénégalais a, par ailleurs, suggéré aux États Membres d’adhérer au « Principe de Genève », qui consiste à insérer dans les appels d’offres portant sur des objets du domaine numérique le versement au Fonds de solidarité numérique, dont il a proposé la création en 2003, de 1% du montant de marché de biens ou services lié aux technologies de l'information et de la communication.
M. VALDAS ADAMKUS, Président de la République de Lituanie, a déclaré que l’action de l’Équipe lituanienne de reconstruction provinciale en Afghanistan l’avait convaincu de la nécessité d’engager plus avant les nations dans l’appui au développement des pays sortant d’un conflit. Il a salué l’augmentation des capacités dont bénéficie désormais l’Afghanistan pour sa reconstruction, et s’est dit encouragé par l’élargissement du mandat de la Force internationale d'assistance à la sécurité. M. Adamkus a ajouté, s’agissant de la situation au Moyen-Orient, que la promotion d’un plan de paix complet était plus nécessaire que jamais. Il a émis le souhait que la résolution 1701 du Conseil de sécurité, pleinement appliquée, permettra la restauration d’un Liban fort et souverain. Il a rappelé que le but des États Membres demeurait l’instauration de deux États, israélien et palestinien, vivant côte à côte et dans la paix.
Le Président lituanien a en outre salué l’adoption récente par l’Assemblée générale de la Stratégie antiterroriste mondiale. Pour vaincre ce fléau, a-t-il lancé, il faut éviter d’attiser les peurs qui divisent et œuvrer à l’amélioration d’une humanité commune. C’est pourquoi, nous espérons que l’Alliance des civilisations contribuera à la promotion de la solidarité et du renforcement des valeurs et principes que cherchent à saper les extrémistes. M. Adamkus a aussi souligné la nécessité de renforcer le régime de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), et cela en vue de répondre plus efficacement aux défis en matière de désarmement et de non-prolifération. Il a ainsi appelé tous les États parties aux traités de désarmement à s’acquitter de leurs obligations. Il a également noté que la sécurité, dans son acception la plus large, concernait à présent le changement climatique, l’énergie, les pénuries alimentaires et d’eau potable.
M. Adamkus a jugé que pour répondre aux nouvelles menaces et aux défis dans le domaine du développement, il était vital que l’ONU poursuive ses réformes. Il a aussi mentionné la « responsabilité de protéger » invoquée lors du Sommet mondial de 2005 pour mettre fin à l’impunité des auteurs de crimes les plus graves aux yeux de la communauté internationale. C’est encore en ce sens que le Président lituanien a réaffirmé l’attachement de son pays à l’élargissement du Conseil de sécurité. Un Conseil rénové, a-t-il dit, devrait garantir une représentation plus équitable de toutes les régions.
M. ALBERT PINTAT, Président de la Principauté d’Andorre, a rappelé qu’après la fin de la guerre froide, certains intellectuels ont parlé de la fin de l’histoire. La chute des Twin Towers, les guerres en Afghanistan, en Irak et au Liban comme les attaques terroristes de Londres et de Madrid, sont autant de cruels démentis. Ces conflits ont été présentés comme des « chocs de civilisations », entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest, les Chrétiens et les Musulmans, mais M. Albert Pintat a rejeté cette analyse. Nous vivons plutôt un affrontement sanglant entre des forces extrémistes, présentes dans les deux camps, et une tradition séculaire de tolérance, a-t-il expliqué.
N’est-ce pas paradoxal qu’au moment où le monde a plus besoin que jamais d’un forum de discussions, les Nations Unies sont attaquées de toutes parts? a poursuivi M. Pintat. Certes, l’ONU a besoin de réformes, mais à titre d’agence humanitaire, dont dépend tant de programmes sociaux vitaux, son travail est inestimable. Comme forum de discussions pour permettre aux différents pays de se comprendre, son travail est d’une absolue nécessité, selon lui. Les Nations Unies sont la conscience morale du monde, qui défend des principes essentiels tels que l’égalité, la solidarité, les droits de l’homme et la dignité humaine.
L’idée d’État-nation est à l’origine de beaucoup de conflits et incite à utiliser la rhétorique du «nous» contre «eux», selon M. Pintat. Cette vision du monde occulte le fait que le fossé grandissant entre les riches et les pauvres dépasse les frontières des pays et des continents. Elle fait oublier que la plupart des gens sur cette planète cherchent simplement une façon digne et heureuse de vivre, a-t-il dit.
Andorre est un petit pays caché dans les montagnes, vieux de plusieurs siècles et qui a survécu aux tourments de l’histoire. Mais dans un univers mondialisé, les montagnes ne sont plus guère une protection devant les malheurs de la planète, et l’isolation de l’Andorre ne peut pas abriter le pays face aux soucis que partage la communauté internationale. Nous devons reconnaître que nous, collectivement, sommes les Nations Unies. Nous trahissons l’humanité si nous ne cherchons pas à les rendre plus robustes, plus efficaces. C’est dans cet esprit d’engagement aux objectifs de l’Organisation qu’Andorre vient de signer avec l’UNICEF un accord pour lui verser la somme d’un million d’euros, qui serviront à aider les enfants camerounais touchés par le VIH/sida.
M. PAKALITHA BETHUEL MOSISILI, Premier Ministre du Lesotho, a estimé que le retard avec lequel le Conseil de sécurité avait réagi au conflit israélo-libanais démontrait la nécessité de le réformer. Le Lesotho soutient la position du Groupe africain en la matière. Évoquant les conflits armés qui continuent à dévaster l’Afrique, il a souligné le rôle joué par l'Union africaine, dont les ressources et les capacités sont pourtant limitées. C’est la raison pour laquelle l’UA s’est résignée à devoir passer le relais à l’ONU au Darfour, a-t-il expliqué, avant d'espérer que le différend entre l'Organisation et le Gouvernement du Soudan serait bientôt résolu. Il a souligné que le Conseil de sécurité ne pouvait se permettre d'assister, à nouveau en spectateur, à un génocide. Il a également souhaité le règlement des crises en Côte d’Ivoire et en Somalie, appelant à lever l’embargo sur les armes qui empêche le Gouvernement de transition somalien de fonctionner. Il a en outre félicité le peuple de la République démocratique du Congo pour la tenue d'élections, ainsi que les Burundais pour la signature d’un Accord de paix.
M. Mosisili a ensuite regretté que la mise en œuvre de l’aspect développement du Document final du Sommet mondial ait donné lieu à une division entre pays du Nord et du Sud, empêchant le lancement d'actions concrètes. Il a espéré qu'il y serait remédié au cours de cette soixante et unième session de l’Assemblée générale. Il a alors évoqué la coopération pour le développement, jugeant que les modes traditionnels de financement du développement étaient devenus obsolètes. Il a réclamé le doublement de l’aide publique au développement, l’établissement d’un lien entre tous les partenariats scellés en vertu du NEPAD et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Il a aussi réclamé la suppression totale de la dette des pays pauvres très endettés et de tous les pays les moins avancés. Il s'est ensuite inquiété de la suspension des négociations sur le Programme de développement de Doha, alors même que le commerce a été identifié comme le meilleur moyen de sortir de la pauvreté. Il a aussi évoqué la pandémie du VIH/sida et regretté la paralysie du système onusien de désarmement, ainsi que l'incapacité à parvenir à une convention générale sur la réaction internationale au terrorisme. Enfin concernant le programme nucléaire iranien, il a espéré qu'une solution serait trouvée pour éviter l’imposition de sanctions.
M. TUILAEPA SAILELE MALIELEGAOI, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et du commerce de Samoa, a affirmé à nouveau son soutien au principe de la coopération multilatérale, soulignant que tous les États devaient être considérés sur un pied d’égalité, aucun n’étant trop petit ou trop faible pour faire entendre sa voix aux Nations Unies.
Samoa attend avec impatience la mise en place des partenariats dont la nécessité a été convenue aux Nations Unies pour promouvoir la croissance des petits États vulnérables. Dans le cas de Samoa, les partenariats entre le gouvernement, la communauté de donateurs, la société civile et le secteur privé inscrits dans la Stratégie pour le développement de Samoa doivent traiter en priorité des problèmes tels le VIH/Sida et la menace potentielle de grippe aviaire.
Abordant les questions de sécurité, le Ministre a renouvelé l’appel de son pays en faveur de l’application rapide du Programme d’action visant à prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères et de petit calibre..
Rappelant les discussions qui se sont tenues la semaine passée sur les Pays les moins avancés, le représentant a soutenu que Samoa continue d’être confronté à de nombreux défis. Il a affirmé que les progrès acquis à Samoa jusqu’ici, au prix de grands efforts, pourraient être réduits à néant par un seul désastre et il a donc demandé à ce que son pays demeure sur la liste des PMA, que le retrait envisagé soit suspendu et que la situation soit réévaluée compte tenu de la vulnérabilité économique.
Beaucoup de défis auxquels nous sommes confrontés sont des « problèmes sans frontières » tels le changement climatique, les épidémies ou encore le terrorisme, a-t-il poursuivi. Concernant le terrorisme, il importe de faire suivre les engagements par des actes, les actes terroristes n’étant ni justifiables ni moralement acceptables. Par ailleurs, il a assuré du soutien de Samoa au travail de prévention des conflits et de maintien de la paix, rappelant à cet égard la contribution de son pays aux opérations au Soudan, au Libéria, au Timor Leste et aux Iles Salomon.
La question du changement climatique demeure une priorité pour la région Pacifique. Face à l’effet dévastateur des catastrophes naturelles, il importe de disposer de systèmes d’alerte et de prévention fiables. L’appui et l’échange d’expertise en ce domaine sont les bienvenus, a lancé le Premier Ministre à ses partenaires Samoa continue d’appuyer fortement les efforts internationaux et régionaux dans la lutte contre le réchauffement climatique et la dégradation de l’environnement, a-t-il insisté, mettant en garde contre les conséquences de retards supplémentaires dans ce combat.
M. ROBERT FICO, Premier Ministre de la Slovaquie, a rappelé combien son pays s’était employé à travailler dur pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement. Son pays ayant fait l’expérience de réformes complexes, tant sur le plan économique que social, il a déclaré comprendre d’autant plus facilement ceux qui s’apprêtent aujourd’hui à faire de semblables transformations. Le fait que la Slovaquie soit passée du stade de bénéficiaire de l’aide au développement à celui de pays donateur est une preuve supplémentaire que le développement, la sécurité et les droits de l’homme sont étroitement liés au sein d’un rapport d’interdépendance. Dès lors, la clé de notre réussite à tous, a ajouté le Premier Ministre, consiste à savoir comment gérer cette complexité du monde actuel, ceci tout en préservant la pertinence, la primauté des Nations Unies au cœur même de ce processus.
Abordant la question des réformes de l’ONU, il a affirmé que la Slovaquie défend une institution forte, appuie la revitalisation de l’Assemblée générale, le renforcement du rôle du Conseil économique et social, ainsi que la réforme du Conseil de Sécurité. La Slovaquie a suivi attentivement l’évolution de la situation dans l’Ouest des Balkans, a poursuivi le Premier Ministre. Nous souhaitons une consolidation de la stabilité dans la région et appuyons les processus d’intégration et de démocratisation. Pour ce qui est de l’avenir du Kosovo, il a appuyé la recherche d’un accord dans le cadre de pourparlers directs, estimant qu’il n’y aurait pas de règlement sans compromis de la part de Belgrade et de Pristina. Concluant sur le volet nucléaire, et après avoir exhorté les autorités iraniennes à suspendre ses activités d’enrichissement d’uranium, il a rappelé que la Slovaquie présidait la Conférence sur le désarmement et qu’à ce titre, elle comptait bien redonner au débat un second souffle, le faisant ainsi sortir de sa léthargie.
M. MIYEGOMBO ENKHBOLD, Premier Ministre de la Mongolie, a fait observer que bien que des progrès considérables ont été réalisés dans la mise en place de mesures visant à assurer la paix, le développement et les droits de l’homme –citant à cet égard la création du Conseil des droits de l’homme ou de la Stratégie antiterroriste mondiale– il faut redoubler d’efforts pour s’assurer que tous les peuples du monde puissent bénéficier des bienfaits du développement. Il a ensuite porté à l’attention de l’Assemblée générale différentes politiques et actions entreprises par son pays pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il a notamment mentionné que la Mongolie s’est dotée d’une nouvelle loi contre la corruption et que des subventions sont accordées à chaque enfant de Mongolie, aux couples mariés, ainsi qu’aux femmes ayant plus de cinq enfants.
Le Premier Ministre a cependant nuancé: « les objectifs visant à éradiquer la pauvreté et à assurer la durabilité de l’environnement continuent d’être une source de préoccupation. A l’instar de nombreux autres pays en développement, la Mongolie ne pourra pas les atteindre par elle-même ». Il a donc appelé à un partenariat véritable et à une coopération efficace entre toutes les parties prenantes dont les donateurs bilatéraux et multilatéraux, les institutions financières internationales et le secteur privé. La qualité de l’aide doit être améliorée et pour ce faire, il faut la rendre plus conforme aux stratégies nationales de développement, assurer des flux de ressources plus prévisibles et accorder l’attention requise aux faiblesses des capacités institutionnelles.
Le Premier Ministre a rappelé qu’en tant que pays en développement sans littoral, l’économie dépend de quelques produits d’exportation et est donc extrêmement vulnérable aux fluctuations du marché des ressources énergétiques. Il s’est dit convaincu que la mise au point d’instruments de stabilisation des cours des matières premières et de mécanismes d’atténuation des chocs financiers pourrait contribuer grandement à la réduction de la pauvreté. Il a aussi plaidé pour la relance des négociations du Cycle de développement de Doha, avant de rappeler que son pays sera l’hôte, en 2007, d’une conférence des ministres du commerce des pays en développement sans littoral.
Le Premier Ministre a conclu en rappelant aussi que cette année marque le 800ème anniversaire de la Grande Mongolie et que, l’année dernière, l’Assemblée générale a adopté une résolution invitant les États Membres, les organisations internationales et les universitaires à prendre une part active aux cérémonies commémoratives. Il les a donc remerciés de leur présence aux nombreuses conférences qui ont été organisées, avant de se féliciter de ce que plus de 300 dignitaires de 30 pays ont assisté à la Fête nationale organisée, cette année.
M. SOLOMON EKUMA BEREWA, Président de Sierra Leone, a regretté que le processus de réforme des Nations Unies soit si lent, même si la diversité des intérêts de chaque nation peut en expliquer la lenteur. S’il apprécie la création du Conseil des droits de l’homme et celle de la Commission pour la construction de la paix, il a regretté en revanche le retard pris par la réforme du Conseil de sécurité. Il a demandé que la machinerie de la réforme accélère afin que le continent africain puisse occuper la place qui lui revient au sein de l’organe, responsable du maintien de la paix et de la sécurité internationale. Le Conseil de sécurité ne pourra jamais être un corps démocratique et représentatif tant que les 55 pays africains Membres de l’ONU ne disposent pas d’un représentant permanent. Le Président de la Sierra Leone a également estimé que le développement n’a pas été traité avec l’urgence nécessaire.
Concernant le Conseil des droits de l’homme, M. Berewa a espéré qu’il fera oublier les faiblesses et les pratiques qui avaient discrédité l’ancienne commission. La Sierra Leone a un attachement particulier à la Commission pour la construction de la paix (CCP), chargée d’aider les sociétés à se reconstruire après les conflits. La Sierra Leone est l’un des deux premiers pays à bénéficier de son appui. Nous avons préparé un document stratégique, a-t-il dit, pour la consolidation de la paix, qui devra être présenté à la CCP avant les élections en 2007. La Sierra Leone attend la visite des représentants de la Commission.
La mission de maintien de la paix de l’ONU au Sierra Leone a pris fin à la fin de l’année dernière, mais l’ONU n’a pas complètement quitté le pays, car le Binusil est encore sur place pour aider le pays dans sa première phase de reconstruction. La Sierra Leone, a-t-il dit en conclusion, doit faire face à trois défis: le premier est de rectifier les erreurs du passé, le deuxième de panser les blessures de la guerre et le troisième de poser les bases pour le développement du pays. Nous avons les ressources, nous aurons bientôt les compétences humaines si la communauté internationale nous soutient dans cette phase, a-t-il conclu.
M. BAN KI-MOON, Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, a estimé que le rôle des Nations Unies restait incontournable même si ses instruments ont besoin d'être affûtés. Il a regretté l'absence de consensus pour une Convention générale sur le terrorisme international et a souligné la menace que représente la prolifération des armes de destruction massive. Il a appelé à trouver des solutions pacifiques aux crises qui secouent le monde, y compris à la question du nucléaire iranien. Il a évoqué la menace que représente, pour sa région et pour le régime de non-prolifération, le programme nucléaire et de missiles de la République populaire démocratique de Corée, appelant ce pays à reprendre les négociations en vue d'une solution diplomatique et d'une dénucléarisation de la péninsule coréenne. Il a ensuite évoqué le maintien de la paix, faisant part de l'aide humanitaire fournie par son gouvernement à la Force intérimaire des Nations Unies au Liban, et appelant à la reprise du processus de paix pour le conflit israélo-palestinien.
M. Ban Ki-Moon a ensuite souligné qu'il était de toute première importance que le système des Nations Unies continue à garantir les droits de l’homme, évoquant la conclusion d'une convention sur les droits des personnes handicapées, ainsi que la situation inquiétante en République populaire démocratique de Corée. Par ailleurs, il a constaté que les Objectifs du Millénaire pour le développement avaient progressé de manière inégale, soulignant le retard pris par l’Afrique, qui risque de se confirmer si la communauté internationale ne réagit pas. La crédibilité des Nations Unies dépend largement de sa capacité à atteindre ces objectifs, a-t-il déclaré, avant d’insister sur l’importance de l’aide publique au développement. Puis il a évoqué la nécessité d'assurer la cohérence au sein du système onusien et de mettre en œuvre la réforme, notamment pour permettre le déploiement sur le terrain de personnes compétentes et pour garantir que le Secrétariat rende des comptes. À cet égard, il a souhaité le lancement anticipé d'un comité consultatif d’audit qui soit réellement indépendant, afin d’accroître la transparence de l’Organisation.
M. SERGEI LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a estimé que l’ONU avait mis en œuvre un certain nombre de décisions prises lors du Sommet mondial de 2005, citant les créations de la Commission de consolidation de la paix et du Conseil des droits de l'homme. Selon lui, tout le travail futur sur la réforme devra s'appuyer sur le principe fondamental de l'universalité de l'ONU. Il s'est également félicité du renforcement des organisations régionales et de leur coopération et coordination avec les Nations Unies dans le cadre des opérations de maintien de la paix et de la sécurité internationales, une question, a-t-il précisé, débattue hier lors d'une séance extraordinaire du Conseil de sécurité au niveau ministériel. La Communauté des États indépendants (CEI) a contribué de manière significative à une telle interaction, a rappelé le Ministre, qui a également cité les efforts entrepris dans le cadre de l'Organisation de coopération de Shangaï, laquelle a lancé et réalisé une initiative établissant un Réseau de partenariats des organisations multilatérales dans la région Asie-Pacifique. Les projets de développement dans cette région façonneront dans une large mesure la configuration future de la planète, a-t-il observé.
Le Ministre a également mis l'accent sur la nécessité d'entreprendre des efforts collectifs pour que se poursuive le développement du droit international, tout d'abord dans le cadre de la lutte contre les nouvelles menaces. Selon lui, la Stratégie mondiale contre le terrorisme adoptée par consensus est une contribution importante pour la coalition antiterroriste en termes de renforcement des bases juridiques et pour assurer une démarche d'ensemble. La prochaine étape, a-t-il souligné, est de convenir d'une convention antiterroriste globale. Il a par ailleurs plaidé en faveur de mesures plus énergiques pour empêcher que des armes de destruction massive ne tombent entre les mains d'entités non étatiques. M. Lavrov a souhaité que l'Initiative mondiale russo-américaine de lutte contre le terrorisme nucléaire, approuvée par le Président russe Vladimir Poutine et le Président américain George Bush à Saint-Pétersbourg, en juillet dernier, devienne un instrument important pour empêcher les liens entre les armes de destruction massive et le terrorisme. Cette initiative appelle à des efforts collectifs de la part des autres États intéressés, a-t-il précisé. Le Ministre a en outre affirmé que l'une des priorités était de parvenir à un règlement général du conflit israélo-arabe. M. Lavrov a jugé important d'encourager constamment les parties au rapprochement. La guerre récente au Liban a montré à quel point la situation était précaire au Moyen-Orient, a-t-il dit. La voie d'une paix globale sera difficile, mais il faut l'engager maintenant, a conclu le Ministre russe.
M. BERNARD BOT, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a estimé que les actes terroristes systématiques et commis à grande échelle relevaient du crime contre l’humanité. Tandis que les sociétés civilisées se reposent sur les valeurs du droit et de la morale lorsqu’elles doivent se défendre, les terroristes bafouent totalement les principes de la législation internationale. C’est en ce sens que le Ministre néerlandais a souligné l’importance de mener une campagne contre cette menace basée sur la recherche du dialogue et l’effort de développement économique et social. Car, a-t-il expliqué, les personnes sans perspectives d’avenir sont les plus promptes à céder aux « sirènes de la haine ». M. Bot a ainsi jugé qu’il était de la responsabilité collective des États Membres de l’ONU d’offrir aux hommes un avenir et la possibilité de faire entendre leur voix. Saluant l’adoption récente par l’Assemblée générale de la Stratégie antiterroriste mondiale, il a estimé qu’il était maintenant temps de conclure une convention sur cette question.
M. Bot a par ailleurs plaidé pour un dialogue interconfessionnel accru, dans le respect de la diversité et de la tradition du pluralisme qui prévaut dans les régimes démocratiques. À ses yeux, la paix au Proche-Orient contribuerait grandement à la consolidation d’un tel dialogue entre les cultures. À cet égard, a-t-il dit, la FINUL renforcée est un symbole d’espoir important puisque les soldats de la paix de différents pays vont s’unir sous la bannière des Nations Unies. Le Ministre a appelé tous les pays à coopérer à la paix, y compris la Syrie et l’Iran, à qui il a demandé d’agir conformément aux dispositions de la résolution 1701. Il a finalement déclaré que son pays continuerait à œuvrer à la revitalisation des Nations Unies. Il a ainsi fait part de son souhait de réformer le Conseil de sécurité, dont la composition élargie devrait refléter un monde en constante mutation.
M. ALEXANDER DOWNER, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a évoqué la question de l’extrémisme en abordant la situation en Afghanistan et en Iraq. La reconstruction de l’Afghanistan, a-t-il dit, représente un test fondamental pour la communauté internationale. Si nous échouons à protéger ce pays contre le retour du terrorisme, si nous ne sommes pas capables de faire front uni face aux extrémistes Taliban, cela signifiera que les générations futures hériteront d’un ordre international affaibli et instable. S’agissant de l’Iraq, M. Downer a également appelé à l’unité pour faire échec à la possible mainmise d’Al Qaeda sur ce pays. Il a insisté sur le fait que ni l’Iraq, ni l’Afghanistan, n’étaient le fardeau exclusif des États-Unis et de l’OTAN. Car, a-t-il ajouté, si l’idéologie terroriste l’emporte, c’est nous tous qui en subirons les conséquences catastrophiques.
Tout en saluant l’adoption récente de la Stratégie antiterroriste mondiale par l’Assemblée générale, le Ministre a regretté que celle-ci n’ait pas inclus les idéologies extrémistes au nombre des causes conduisant au terrorisme. Il a en outre souhaité qu’une convention sur cette question voie rapidement le jour. Un tel instrument démontrerait l’engagement sans ambiguïté de la communauté internationale à ériger en crime les actes terroristes en les plaçant sous le coup de la loi internationale. M. Downer a ensuite fait part de son trouble quant au soutien apporté par certains États aux groupes terroristes sévissant au Proche-Orient. Il est essentiel pour parvenir à la paix dans la région que tous les pays, y compris l’Iran et la Syrie, contribuent à faire cesser les assauts terroristes du Hezbollah contre Israël.
Déplorant la situation de détresse au Darfour, le Ministre a déclaré que cette tragédie humanitaire rappelait aussi au monde l’immensité des défis posés à l’effort de développement. La croissance économique étant selon lui centrale pour réduire la pauvreté, il a estimé qu’il était indispensable de relancer le Cycle de négociations de Doha sur le commerce multilatéral et, au-delà, de lier développement économique et protection de l’environnement. De même, a-t-il dit, une approche inclusive au niveau international est requise si nous voulons nous attaquer à la question du changement climatique sans compromettre l’essor des pays en développement.
Mme URSULA PLASSNIK, Ministre des affaires étrangères de l'Autriche, a affirmé que les pays du Sud-Est de l'Europe et des Balkans occupaient une place importante en Europe et a souhaité qu'ils soient intégrés dans le processus de réunification du continent. Elle a indiqué que son pays soutenait, dans les négociations sur le statut final du Kosovo, les efforts du Président Ahtisaari et de l'équipe de l'UNOSEK à Vienne. La Ministre a également exhorté Belgrade et Pristina à s'engager dans ces négociations de manière constructive, avec le sens indispensable du réalisme. L'objectif est de parvenir à un Kosovo multiethnique où tous les citoyens peuvent vivre en paix et dans la dignité, sur la base d'une confiance mutuelle. Dans le même esprit, a-t-elle ajouté, une Serbie confiante, pacifique et prospère, pleinement intégrée dans la famille des nations européennes, est cruciale pour la stabilité de toute la région. La Ministre a, par ailleurs, appelé à un engagement renouvelé de la part de la communauté internationale en faveur des objectifs de sécurité, comme la non-prolifération et le désarmement. Elle a annoncé que son pays se proposait d'organiser la prochaine réunion préparatoire de la Conférence d'examen du Traité de non prolifération (TNP), à Vienne, au printemps 2007.
M. MIGUEL ANGEL MORATINOS CUYAUBE, Ministre des affaires étrangères de l'Espagne, a souligné que la coopération entre les États, dans le cadre des organisations multilatérales, permettrait de clarifier les grandes questions d'un siècle marqué par la mondialisation. Évoquant le conflit au Moyen-Orient, il a jugé qu'après cinq décennies d'impuissance de la communauté internationale, il était temps d'appeler à une coalition pour la paix qui s'appuie sur la négociation. Il a ensuite évoqué les liens qui attachent l'Espagne au Maghreb, et l'importance de promouvoir l'unité dans cette région. Il faut parvenir à une solution effective au conflit du Sahara occidental, a-t-il dit, basée sur le dialogue, dans le respect du principe d'autodétermination, et dans le cadre des Nations Unies. Quant à Gibraltar, il s'est félicité que le Forum trilatéral pour le dialogue ait déjà adopté ses premiers accords, lesquels ne signifient pas que le Gouvernement espagnol abdique sa souveraineté sur Gibraltar.
Il a ensuite déclaré que les relations qu'entretient l'Espagne avec l'Amérique du Sud étaient prioritaires pour son Gouvernement. Le Secrétariat ibéro-américain développe la force de cette communauté, et ses actions en faveur du progrès économique, social, politique et culturel vont être réévaluées. Par ailleurs, M. Moratinos Cuyaube a fait part de sa satisfaction devant l'adoption d'une Stratégie globale contre le terrorisme, affirmant que ni les actes terroristes, ni la détérioration des libertés n'étaient acceptables. Il a assuré l'attachement de son pays aux Objectifs du Millénaire pour le développement, et a évoqué l'augmentation de l'aide publique espagnole au développement, qui a été élargie aux pays méditerranéens et à l'Afrique. L'Espagne est en première ligne quant à la question des migrations, a-t-il ajouté, et elle la traitera à travers des mesures de coopération et des mesures de contrôle des frontières. Enfin il a souligné la nécessité d'analyser la réalité née de la société multiculturelle, et de promouvoir le respect pour apaiser les tensions qui peuvent donner naissance à la violence, jugeant urgente la mise en œuvre de l'Initiative d'Alliance des civilisations.
M. AHMED ABOUL GHEIT, Ministre des affaires étrangères de l'Égypte, a estimé que les négociations qui ont précédé l’adoption du Document final du Sommet de septembre et les négociations qui ont suivi sur sa mise en œuvre ont montré clairement les divergences de vues entre le Nord et le Sud sur l’avenir des Nations Unies et la nature de son rôle. Le Ministre a dit avoir constaté un fossé énorme entre la majorité des États Membres et les plus grands contributeurs au budget de l’Organisation qui croient que leur quote-part leur donne un droit à jouer un rôle directeur dans la conduite des affaires de l’ONU. Le Ministre a aussi dénoncé les divergences de vues sur les compétences du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale; les conditionnalités attachées à l’aide au développement; l’accès aux armes de destruction massive; l’imposition des valeurs démocratiques par la force et celle d’une définition unilatérale du terrorisme; ou encore le concept de système de sécurité collective. Nous devons, a-t-il voulu, développer une compréhension commune des forces et des faiblesses de l’Organisation. Nous devons nous engager à préserver le consensus et le caractère intergouvernemental de l’ONU. Ensemble, nous devons travailler à renforcer les capacités du système de sécurité collective pour traiter efficacement des problèmes internationaux.
Nous devons travailler ensemble, a-t-il poursuivi, pour développer les activités du Conseil des droits de l'homme. Il convient de rester ferme contre toute tentative visant à politiser le travail du Conseil ou de l'utiliser comme prétexte à l'ingérence dans les affaires intérieures des États, a-t-il déclaré. Nous devons éviter les écueils de la politique de deux poids deux mesures et de la sélectivité qui ont permis que la tragédie s’abatte sur les Libanais et les Palestiniens. Nous devons reconnaître le droit de tous les peuples, sans exception, à l'autodétermination, et à mettre fin à l'occupation étrangère de leur terre. Il s'agit, a-t-il dit, d'un droit inaliénable inscrit dans la Charte des Nations Unies. Le Ministre a également souligné la nécessité d'accélérer la mise en oeuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale adoptée avant hier et faire de l’Assemblée générale un organe tout à fait capable de déraciner ce fléau. La démocratie dans les relations internationales, le respect des concepts de justice, d'égalité et de cessation de l'occupation, de même que le renforcement du droit à l'autodétermination, constituent les moyens les plus efficaces pour affronter la pensée extrémiste qui sous-tend les actes de terrorisme. Le Ministre a aussi appelé à des initiatives plus ambitieuses pour parvenir à l’universalité du Traité de non prolifération des armes nucléaires.
Il a outre estimé que la solution au conflit libanais réside dans la cessation de l'occupation et dans un règlement politique; en cela, a-t-il dit, la résolution 1701 constitue un pas dans la bonne direction. Toutefois, les efforts n'aboutiront pas, a-t-il prévenu, si nous ne traitons pas du cœur du problème, à savoir le conflit israélo-palestinien. Il a donc souligné l’importance qu’il y a à agir de concert pour parvenir à une solution immédiate, juste et complète de ce conflit. Après avoir rappelé les efforts de médiation de son pays, le Ministre a estimé que la Feuille de route du Quatuor demeure toujours la clef de voûte de la paix dans la région, car elle établit les principes d'une coexistence pacifique entre Israël et la Palestine et détermine les paramètres généraux d'un règlement final entre Israël, la Palestine, la Syrie et le Liban. Nous assurons les Israéliens, a-t-il insisté, qu’il existe une autre voie que celle de la violence et que le monde arabe est prêt à accepter Israël comme voisin et partie intégrante de la région, par le biais d’un accord de paix global qui transcendrait les souffrances du passé, préserverait les intérêts des peuples et garantirait aux Arabes comme aux Israéliens une vie dans la sûreté, la sécurité et la coopération.
Concluant sur la question du Darfour, le Ministre a jugé nécessaire d’instaurer un dialogue entre les protagonistes pour créer un consensus et amener ceux qui ne l’ont pas encore fait à signer l’Accord de paix. Il faut aussi encourager le Gouvernement soudanais à respecter ses engagements en faveur du développement et de la reconstruction de la région. Pour ce faire, l’Union africaine doit poursuivre sa mission pour créer un environnement favorable à une réunion des esprits entre les Nations Unies et le Gouvernement soudanais afin de mettre en œuvre la résolution 1706. Cela nécessitera, a prévenu le Ministre, l’abandon du langage de la menace et de la confrontation.
M. MOCTAR OUANE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mali, a indiqué que son pays a fait de la lutte contre la pauvreté la priorité de l’action gouvernementale, dans la perspective des objectifs définis par le Sommet du Millénaire. Le Mali s’est doté d’un cadre de lutte contre la pauvreté en 2002, qui fixe les orientations prioritaires de développement, notamment dans les secteurs sociaux. Il s’agit de créer un environnement propice à une croissance soutenue, au renforcement de la démocratie participative et à la consolidation de l’état de droit, a expliqué le Ministre. Un deuxième cadre stratégique, dit de deuxième génération, prendra en compte, outre les secteurs sociaux, des secteurs productifs comme l’agriculture, l’industrie et le commerce. Dans le même ordre d’idées, le Mali a récemment adopté une loi, qui fait de l’agriculture le moteur de l’économie nationale afin de garantir l’autosuffisance alimentaire.
La paix est un autre élément qui tient à cœur au Mali, a dit le Ministre. La signature à Alger, le 4 juillet 2006, de l’Accord de restauration de la paix dans la région de Kidal permet aux différentes composantes maliennes d’œuvrer ensemble, selon les termes du Ministre. De même, le système politique malien se consolide de jour en jour dans un contexte de démocratie apaisée. Les Maliens seront appelés aux urnes en 2007, pour la quatrième fois depuis l’avènement de la démocratie multipartisane en 1992, pour élire leur président et les députés de l’Assemblée nationale.
M. Ouane s’est encore arrêté sur le problème des armes légères. Leur circulation, comme celle des armes de petit calibre, continue de détruire des vies humaines et à déstabiliser les États. Conformément au Programme d’action des Nations Unies en vue d’éliminer leur commerce illicite, le Mali, avec d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, a pris des mesures dans le cadre de la CEDEAO. La 30éme Conférence des Chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO, a décidé en juillet dernier de transformer en Convention, avec force exécutoire, le Moratoire de la CEDEAO sur l’importation, l’exportation et la fabrication des armes légères. A l’inverse, le Ministre des affaires étrangères a regretté le manque de résultats lors de la Conférence d’examen du Programme d’action des Nations Unies et le fait que, de la sorte, l’on se trouve en deçà du Programme, dont on était censé améliorer les dispositions.
Mme AICHATOU MINDAOUDOU, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et de l’intégration africaine, a affirmé que des évolutions positives ont été enregistrées en Afrique, en matière de règlement de conflit, notamment au Burundi, au Liberia et en Sierra Leone. Ces évolutions ne font que souligner l’importance d’avoir un mécanisme de prise de décision opérationnel et efficace à même de prendre rapidement en charge toute menace à la paix et à la sécurité internationale quelle qu’en soit la complexité. Seule, a ajouté la Ministre, une réforme conséquente du Conseil de sécurité accompagnée d’une dynamisation de l’Assemblée générale pourrait en rehausser la légitimité et l’efficacité, en particulier si elle prend en compte une représentation équitable et le souci d’une amélioration des méthodes de travail.
La Ministre a salué la création de la Commission de consolidation de la paix et de celle du Conseil des droits de l’homme. Elle a aussi estimé que le Fonds central d’intervention d’urgence des Nations Unies permettra une maîtrise parfaite de certains fléaux tels que l’insécurité alimentaire et les sécheresses cycliques qui ont plongé une grande partie des populations de certains pays de l’Afrique de l’ouest dans un état de précarité inacceptable du fait de la réaction tardive de la communauté internationale. Pour le Niger, comme pour d’autres pays, a-t-elle encore dénoncé, l’indicateur du développement humain aurait pu être de meilleur standard si la coopération au développement avait connu une augmentation qualitative et quantitative à la hauteur des engagements contenus dans le Consensus de Monterrey.
Mme Mindaoudou a donc salué le thème central du débat qui est « la mise en place d’un partenariat mondial pour le développement », ainsi que les initiatives prises pour la recherche des financements novateurs, afin d’apporter un début de réponse à l’insuffisance des ressources. Elle a rappelé, à cet égard, que le Niger fait partie des 17 premiers pays qui ont endossé la taxe sur les billets d’avion dans le cadre de l’initiative UNITAID. La Ministre a ajouté que c’est aussi dans le cadre du partenariat mondial pour le développement que le caractère positif des migrations internationales devrait être pris en compte dans la recherche des réponses appropriées qui prendraient en compte aussi bien l’intérêt des pays d’origine, des pays de transit, que celui des pays d’accueil des migrants.
M. JOÃO BERNARDO DE MIRANDA, Ministre des affaires extérieures de la République de l’Angola, a déclaré qu’en dépit des différences politiques et idéologiques, la communauté internationale avait toujours fait preuve de fermeté et d’unité dans la lutte contre le terrorisme. Il a souligné le fait que la pauvreté était l’un des éléments contribuant aux heures sombres que traverse le monde. La moitié de la population mondiale, soit l’équivalent de 300 millions de personnes, continue de vivre avec moins de deux dollars par jour. Le Ministre a rappelé que l’Afrique était le continent le plus touché par ce fléau, la période récente ayant toutefois été marquée par des progrès réels enregistrés dans les domaines de la paix et de la sécurité, de la démocratie et du respect des droits de l’homme. Il a pris comme exemple la résolution, par le dialogue, du conflit interne en Angola, l’un des plus longs d’Afrique. Le Gouvernement angolais s’est récemment engagé sur la voie du dialogue et de la négociation en vue d’élargir le processus de paix au territoire de Cabinda, où persiste un climat d’insécurité.
Le Ministre a par ailleurs indiqué que, désormais, l’objectif de son pays était de parvenir à l’élimination complète des causes conduisant aux conflits. Il a expliqué que les réformes prioritaires concernaient ainsi la consolidation du régime démocratique et, partant, le maintien de la paix, de la stabilité politique et du respect des droits des citoyens, en particulier du droit au développement. Dans ce cadre, a-t-il dit, il est indispensable de normaliser le mode d’organisation des élections. M. de Miranda a également dit que la réinsertion des populations de déplacés, réfugiés et anciens combattants était une priorité du Gouvernement angolais.
S’agissant de la lutte contre la pauvreté, le Ministre a indiqué que les quatre dernières années de paix avaient permis d’obtenir des résultats encourageants dans le domaine social, le taux de pauvreté étant passé de plus de 80% à 56% durant cette période. Il s’est par ailleurs réjoui de voir que la République Démocratique du Congo était en train de retrouver le chemin de la normalité, ce qui a contribué à la diminution des tensions en Afrique centrale et dans la région des Grands Lacs. Exprimant le souhait que la transition démocratique en RDC réussisse, M. De Miranda a regretté que la situation en Côte d’Ivoire demeure volatile. Il a tenu à associer l’Angola aux efforts constants de la communauté internationale pour parvenir à un règlement définitif de la crise dans ce pays. De même, il a souhaité que la crise au Proche-Orient trouve bientôt une issue pacifique, et ce afin de stabiliser durablement la région.
M. MAHMOUD ABBAS, Président de l'Autorité palestinienne, a rappelé que si la communauté internationale est intervenue rapidement et positivement pour mettre un terme à la guerre au Liban, l'été dernier, sans un règlement de la question de la Palestine, et avec la poursuite de l'occupation des terres palestiniennes et arabes depuis 1967, la porte demeurera largement ouverte à toutes les formes de violence, de terrorisme, de confrontations régionales et de crises mondiales. Il est regrettable de constater aujourd'hui que les initiatives et les plans internationaux, au premier rang desquels la Feuille de route qui a été soutenue par le Conseil de sécurité, stagnent et même régressent, a-t-il affirmé. Même la reprise des négociations est soumise à des conditions, a-t-il ajouté.
Décrivant la vie tragique au quotidien des Palestiniens, le Président de l'Autorité palestinienne s'est demandé comment la communauté internationale pouvait-elle s'attendre à un recul du terrorisme ou des vagues de violence. Comment nous, ainsi que toutes les forces de modération et de paix dans la région, pouvons convaincre l'opinion publique que l'espoir est à l'horizon? a-t-il poursuivi. Il a appelé toute la communauté internationale, en particulier les puissances influentes, à fournir la preuve tangible de leur volonté de soutenir la reprise inconditionnelle des négociations, ainsi qu’un soutien international véritable afin d'assurer leur succès grâce à la cessation des activités de colonies de peuplement, des punitions collectives et des murs de séparation.
Ceci contribuera à créer une atmosphère positive pour le lancement des négociations et à atteindre les objectifs de paix durable basée sur une solution de deux États telle que défendue par le Président américain George Bush. M. Abbas a également jugé encourageante la décision d’Israël de renoncer à sa politique d'unilatéralisme. Cependant, a-t-il ajouté, on ne doit pas, à la place, permettre la stagnation ou les faits accomplis. Il faut un retour à la table des négociations, a-t-il dit.
M. Abbas a, par ailleurs, réaffirmé que tout gouvernement palestinien futur respecterait tous les accords que l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et l’Autorité palestinienne ont acceptés dans le passé, en particulier les Lettres de reconnaissance mutuelle signées en 1993 par Yasser Arafat et Itzhak Rabin, qui prévoient la renonciation à la violation, et l’engagement en faveur de négociations menant à la création d’un État palestinien indépendant aux côtés d’Israël. Tout gouvernement futur s'engagera à imposer la sécurité et l'ordre, à mettre fin au phénomène des milices, à l'indiscipline et au chaos, a-t-il ajouté. Les efforts déployés ont pour objectif unique, selon lui, de créer un gouvernement d'unité nationale, de substance réelle, en conformité avec la légitimité internationale et l'initiative de paix arabe.
La création d’un gouvernement d’unité nationale devrait être vue comme un acquis de qualité et non comme un pas en arrière. Il a assuré que les négociations avec Israël continueraient de relever de la juridiction et de l'autorité de l'OLP qu'il dirige. Les résultats, qui seront ensuite présentés au Conseil national, devraient suffire à lever le siège injuste dont les Palestiniens sont victimes, a-t-il souligné, souhaitant que sa patrie, la Palestine, soit une patrie et non une prison, et que Jérusalem soit le point de rencontre de tous les prophètes, la capitale de deux États voisins qui vivent dans la paix et l’égalité. M. Abbas a enfin réitéré l'appel lancé à cette même tribune, en 1974, par Yasser Arafat: « Ne laissez pas la branche d'olivier tomber de ma main. »
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