En cours au Siège de l'ONU

AG/10504

TERRORISME ET DÉVELOPPEMENT AU CENTRE DU DÉBAT DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

20/9/2006
Assemblée généraleAG/10504
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante et unième session

12e & 13e séances plénières

matin & après-midi


TERRORISME ET DÉVELOPPEMENT AU CENTRE DU DÉBAT DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE


Le Président afghan évoque le risque du recours à l’extrémisme dans la région comme instrument politique


La recrudescence du terrorisme international, les questions de développement, notamment la suspension des négociations sur les échanges commerciaux dans le cadre du Cycle de Doha ont mobilisé, aujourd’hui, chefs d’État et de gouvernement au deuxième jour du débat que tient l’Assemblée générale.  Ce débat permet aux décideurs mondiaux d’exposer les grandes lignes de leur politique.


Malgré les étapes importantes franchies pour retrouver sa place dans le concert des nations, l’Afghanistan continue de se heurter à des obstacles importants sur la voie de la prospérité et de la stabilité.  C’est le constat qu’a dressé ce matin son Président Hamid Karzaï qui a dénoncé les visées meurtrières de terroristes ayant infiltré les frontières afghanes.  Celui-ci a prévenu que ce terrorisme n’émanait pas de son pays mais qu’il fallait regarder au-delà des frontières afghanes pour en trouver la source.  Nous devons détruire leurs sanctuaires au-delà de nos frontières, démanteler les réseaux dans la région qui recrutent, endoctrinent, forment, financent, arment et déploient de tels terroristes.  Nous devons garantir que les entités politiques actuelles de la région ne sont pas en mesure d’avoir recours à l’extrémisme comme instrument politique, a-t-il insisté.


Pour maintenir son intégrité, la communauté internationale doit maintenir cette distinction morale de base: la terreur est la terreur même si elle porte le nom de résistance, a déclaré la Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères d’Israël, Tzipi Livni.  Il n’y a pas plus grand défi à nos valeurs que celles que défendent les dirigeants iraniens, a-t-elle ajouté.  Pour ceux qui ont encore des doutes, la menace iranienne a fait jour lors du conflit récent au Liban.  Armé et financé par l’Iran, le Hezbollah a pris en otage des soldats israéliens et a pris pour cible des villes israéliennes.  En fait le Hezbollah voulait prendre en otage l’espoir d’une région tout entière.  L’occupation est l’occupation, et la modération signifie l’acceptation de la subjugation, a répondu la délégation iranienne.


De nombreux intervenants ont par ailleurs, à l’instar du Premier Ministre italien, Romano Prodi, établi un lien entre développement, sécurité et droits de l’homme.  Pour Michelle Bachelet, Présidente du Chili, le développement est une responsabilité qui incombe à tous les membres de la communauté internationale, y compris les pays développés.  Ceci présuppose un système d’échanges commerciaux et financiers plus juste et plus transparent.  À nos amis des pays développés je dis: l’ouverture de vos marchés aux produits du Sud est un impératif de justice, a-t-elle lancé.


De nombreux autres pays comme l’Argentine se sont inquiétés de l’échec des négociations du Cycle de Doha visant l’ouverture des marchés internationaux aux pays en développement.  Le Président argentin, Nestor Carlos Kirchner, a dénoncé l’incapacité des organisations financières internationales à promouvoir le développement des pays les moins avancés.  Il est temps, a t-il dit, d’envisager la création de nouveaux instruments financiers qui permettraient de financer des projets de développement. 


Par ailleurs, Cuba et le Venezuela ont fortement critiqué ce qu’il ont appelé l’impérialisme américain, le Président vénézuélien, Hugo Chavez, accusant les États-Unis de vouloir imposer partout la paix par les armes.  Évoquant la position commune du Mouvement des non-alignés, le Vice-Président cubain, Esteban Lazo, a déclaré que la paix et la sécurité mondiales étaient aujourd’hui plus menacées que jamais en raison, entre autres, de la tendance croissante des États les plus puissants à recourir à l’unilatéralisme et à des menaces de guerres préventives. 


Les Présidents des pays suivants ont pris la parole: Afghanistan, Panama, Chili, Sri Lanka, Venezuela, Maldives, Monténégro, Guatemala, Argentine, Zimbabwe, République dominicaine, Bénin, République-Unie de Tanzanie, Namibie, Equateur, Guinée équatoriale, Albanie, Sao Tomé-et-Principe, République démocratique du Congo.  Les Vice-Présidents et Premiers Ministres des pays suivants ont fait des déclarations: Cuba, Italie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Malaisie et Croatie.  Les Ministres des affaires étrangères des Émirats arabes unis, du Koweït, d’Israël, de la Belgique, de l’Ouganda et du Yémen ont pris la parole.  Le Prince héritier du Qatar a fait une déclaration tout comme le Président du Conseil des Ministres de la Bosnie-Herzégovine.


Les représentants de l’Iran et des Émirats arabes unis ont exercé leur droit de réponse.


DÉBAT GÉNÉRAL


Déclarations


M. HAMID KARZAÏ, Président de l’Afghanistan, est revenu sur les progrès accomplis par son pays depuis 2004.  Au cours des deux dernières années, nous avons pris des mesures significatives pour franchir des étapes importantes marquant la transition que connaît le pays après des années de guerre.  Ainsi, des millions d’Afghans ont participé aux deux élections générales, l’une présidentielle et l’autre parlementaire, tandis que les trois branches indépendantes caractérisant un gouvernement démocratique ont été mises en place.  Nous avons continué à bâtir des écoles, des hôpitaux et à créer des opportunités d’emploi.  Nos échanges commerciaux avec les pays de la région s’accroissent promptement tandis que les activités industrielles prennent pied rapidement.  Par conséquent, le revenu par habitant de l’Afghanistan a doublé depuis 2002.  Le Président afghan a aussi évoqué la Stratégie de développement national de son pays approuvée par la communauté internationale et le Pacte pour l’Afghanistan qui définit le cadre de la coopération internationale dans le pays.  En retour, la communauté internationale s’est engagée à maintenir une assistance politique, militaire et financière, a-t-il précisé.


Malheureusement, a regretté M. Karzaï, nos efforts pour faire de l’Afghanistan un pays prospère et stable ont subi des revers.  Nous avons assisté à une recrudescence du terrorisme, des terroristes ayant infiltré les frontières pour poursuivre leurs visées meurtrières contre le peuple afghan.  La prospérité de l’Afghanistan est pour les terroristes le symbole de leur défaite et c’est pour cela que nos écoles et cliniques sont incendiées et que nos enseignants et médecins sont assassinés.  C’est pour cela que les 200 000 étudiants qui étaient scolarisés en 2004 ne sont plus en mesure de l’être aujourd’hui.  Les cas de polio sont passés de quatre en 2005 à 27 cette année, et tous ont eu lieu dans le Sud du pays où les terroristes empêchent les enfants d’avoir accès aux campagnes de vaccination et aux soins de santé.


Les terroristes sont prêts à tout pour faire dérailler le processus en cours en Afghanistan.  Il est clair que si nous ne nous opposons pas au terrorisme de manière plus décisive, davantage de vies humaines seront sacrifiées et davantage de dommages seront infligés.  Il est clair aussi que le terrorisme n’émane pas de l’Afghanistan en lui-même qui en est la première victime.  Mais l’action militaire seule ne nous permettra pas d’éliminer le terrorisme.  Nous devons voir au-delà des frontières de l’Afghanistan pour trouver la source qui alimente les terroristes.  Nous devons détruire leurs sanctuaires au-delà de nos frontières, démanteler les réseaux dans la région qui recrutent, endoctrinent, forment, financent, arment et déploient de tels terroristes.  Nous devons garantir que les entités politiques actuelles de la région ne sont pas en mesure d’avoir recours à l’extrémisme comme instrument politique.


Le Président a reconnu que la lutte contre le terrorisme doit aussi passer par la lutte contre les stupéfiants qui menacent les bases du développement économique légitime de l’Afghanistan.  Une combinaison de facteurs - absence d’un environnement sécuritaire, absence de programmes de cultures alternatives, flux clandestins de financement aux producteurs d’opium - explique le trafic de stupéfiants.  L’Afghanistan, a insisté le Président, est déterminé à combattre ce fléau avec détermination à travers une combinaison de mesures judiciaires et économiques.  Nous attendons de la communauté internationale qu’elle continue de nous aider à trouver des moyens de subsistance alternatifs pour les producteurs d’opium.


M. Hamid Karzaï a dit approuver la Stratégie antiterroriste mondiale adoptée récemment par l’Assemblée générale ainsi que la convocation d’une conférence sur le terrorisme international dans le but de parvenir à une convention générale sur la question le plus rapidement possible.  L’Afghanistan attache également beaucoup d’importance aux diverses initiatives visant à promouvoir le dialogue entre les civilisations.  Toutefois, nous sommes extrêmement préoccupés par la vague d’islamophobie que connaît l’Occident, a dit le Président.  Nous sommes aussi préoccupés par la situation au Moyen-Orient, y compris la situation en Palestine.  Le peuple afghan soutient le droit du peuple palestinien à la souveraineté et à un État indépendant qui cohabite dans la paix avec Israël.


M. MARTIN TORRIJOS ESPINO, Président du Panama, a assuré que son pays s’était très sérieusement penché sur la question de la réforme des Nations Unies, une organisation indispensable à l’humanité, pour qu’elles fonctionnent mieux.  « Nous voulons des gouvernements meilleurs car ils sont nécessaires et, de la même façon, nous voulons des Nations Unies meilleures car elles aussi sont nécessaires », a-t-il déclaré.  « Nous ne pouvons, ni ne voulons, imaginer un monde sans elles ».


Saluant la série de réformes adoptées depuis l’année dernière, notamment la création du Conseil des droits de l’homme, le Président panaméen a rappelé que c’était l’efficacité de l’Organisation dans l’accomplissement des objectifs et des principes de la Charte qui était en jeu.  « L’ONU et ses agences spécialisées ont la large tâche de coordonner leurs efforts pour protéger des millions de personnes de la pauvreté », a-t-il en outre rappelé, qualifiant la pauvreté de « négation quotidienne des droits fondamentaux de l’homme ».  Les chiffres sur la croissance économique s’avèrent illusoires, et même insultants, si dans le même temps ils ne permettent pas de rompre le cercle de la pauvreté, a poursuivi le Président panaméen.


Le poids et l’autorité de l’Assemblée générale doivent être renforcés et la représentativité du Conseil de sécurité améliorée, mais malgré un consensus sur la nécessité des réformes, la question a provoqué plus de désunion que de concertation, a-t-il regretté.  Il est temps d’aborder cette question sous un nouveau jour, compte tenu notamment de la situation au Moyen-Orient et de la poursuite d’attaques terroristes partout dans le monde.  « Le renforcement des organes des Nations Unies, en particulier du Conseil de sécurité, permettra que des évènements comme ceux survenus au Liban trouvent une réponse rapide et efficace », a-t-il estimé.  La solution au conflit au Moyen-Orient passe par un retrait d’Israël des territoires occupés, la création rapide d’un État palestinien et la reconnaissance du droit d’Israël à exister.


Le 22 octobre, un référendum aura lieu sur la question de l’élargissement du canal de Panama, et cette question aura des incidences sur la communauté internationale dans son ensemble, a poursuivi le Président panaméen, rappelant qu’il y a encore moins de sept ans, le canal était administré par les États-Unis.  « Mon pays réaffirme que le canal continuera d’être efficace, neutre et sûr, pour les navires battant tout pavillon du monde », a-t-il assuré.


Mme MICHELLE BACHELET JERIA, Présidente du Chili, a déclaré qu’elle venait d’un pays où la primauté du droit avait pris pied et où les droits des personnes étaient respectés.  Je viens d’une démocratie, a-t-elle ajouté, qui connaît la croissance économique et qui a intégré la communauté des pays de la région tout en tournant son regard vers le monde.  Apportant la vision « d’un sud lointain », Mme Bachelet a fait part de son optimisme devant le processus de mondialisation tout en évoquant ses risques inhérents.  Nous devons réaffirmer notre engagement en faveur du droit international et de ses institutions car c’est seulement ainsi que nous pourrons bâtir un monde plus juste où les grands et les petits cohabitent dans la paix et l’harmonie.  Les Nations Unies sont l’instrument unique permettant une telle cohabitation.


Évoquant les engagements pris dans le cadre de la Déclaration du Millénaire, Mme Bachelet a estimé que le développement est une responsabilité qui revient à tous les membres de la communauté internationale, y compris les pays développés.  Ceci présuppose un système d’échanges commerciaux et financiers plus juste et plus transparent.  À nos amis des pays développés je dis: l’ouverture de vos marchés aux produits du Sud est un impératif de justice, a-t-elle lancé.  Ceci constituerait à son avis un pas énorme vers l’élimination de la pauvreté.  Au Chili, nous avons introduit une taxe de solidarité et avons adhéré à Initiative pour l’action contre la faim et la pauvreté du Président Lula du Brésil, a-t-elle indiqué. 


Mme Bachelet a par ailleurs estimé que l’échec le plus flagrant du Sommet de 2005 a été le passage sous silence du programme multilatéral de désarmement.  La politique étrangère du Chili, a –t-elle expliqué, repose sur le principe de l’indivisibilité de la sécurité collective.  Nous avons tous la responsabilité de préserver la paix, a-t-elle dit, en affirmant que son pays était en train de prendre des mesures pour interdire la production de matières fissiles à des fins militaires.  Tout en estimant que le terrorisme était une négation des libertés, elle a affirmé qu’il devait être combattu dans le respect des valeurs démocratiques.  À chaque fois que nous limitons les garanties constitutionnelles et cédons à la tentation d’avoir recours à des méthodes illégales pour lutter contre le terrorisme, nous donnons raison aux terroristes, a-t-elle conclu.  


M. MAHINDA RAJAPAKSA, Président du Sri Lanka, a rappelé que sa carrière politique a été en tout temps influencée par son passé de militant des droits de l’homme et qu’il était naturel que son nouveau gouvernement se fasse le porte-voix de messages véhiculant les valeurs démocratiques dans un pays multiculturel, multiethnique, un pays influencé par des valeurs bouddhistes.  Il a rappelé que son gouvernement s’attache à conduire le pays de manière à en faire un nouveau Sri Lanka.  Le Président a toutefois souligné que le terrorisme risque de miner ces efforts.  Il a réaffirmé la nécessité d’avoir une approche globale pour combattre le fléau terroriste.  Il a rappelé que ce type d’activités est relié au crime organisé, à la traite des êtres humains, au trafic de drogues et au trafic d’armes illicites.  Son gouvernement appuie tous les efforts globaux pour combattre ce fléau.  Le Sri Lanka, qui préside le Comité spécial de lutte contre le terrorisme n’épargnera pas ses efforts pour la réalisation d’un cadre légal pour lutter contre le terrorisme.


Poursuivant sur la question du terrorisme, M. Rajapaksa a affirmé que le groupe des Tigres de libération de l’Eelam Tamoul (LTTE) a terrorisé le Sri Lanka pendant près de 20 ans.  Il continue à massacrer les civils et à recruter de jeunes enfants.  Il a rappelé qu’un processus de consultation est en cours que le Gouvernement a l’intention d’inclure le LTTE dans une tentative de réconciliation des minorités.  Il a appelé la communauté internationale à continuer de fournir son soutien pour transformer cette organisation en une institution démocratique.  Mon gouvernement, a-t-il dit, est persuadé que le terrorisme ne peut pas être éliminé par des seuls moyens militaires.  Nous sommes fermement décidés à avoir des pourparlers avec le LTTE, soit directement, soit par l’intermédiaire d’un facilitateur.  Le Président a rappelé que le Sri Lanka, la plus vieille démocratie en Asie, croit fermement dans la promotion des droits de l’homme en zones de conflit.  Il a assuré qu’il continuera à autoriser le plein accès du Comité international de la Croix-Rouge, des agences des Nations Unies aux zones touchées par le conflit.


Abordant le point de vue économique de son pays, le Président du Sri Lanka a souligné qu’il a enregistré un taux record de croissance de 8,1%, soit le taux le plus élevé des 28 dernières années.  Le Président a rappelé que même si le Sri Lanka est un pays en voie de développement, il est parvenu à atteindre certains des Objectifs du Millénaire.  Il a espéré que la croissance économique encouragera le LTTE de choisir une paix négociée avec le Gouvernement.


Le Président a salué le rôle du Président Bill Clinton, Envoyé spécial des Nations Unies et celui du Secrétaire général des Nations Unies lors du désastre du Tsunami.  Il s’est dit satisfait que le Sri Lanka ait été élu au Conseil des droits de l’homme cette année.  Son pays travaille d’ailleurs, a- t-il ajouté, à la rédaction d’une charte sri-lankaise des droits de l’homme.  La Commission de consolidation de la paix a ajouté le Président, constitue un des autres  accomplissements majeurs des Nations Unies.  Il s’est déclaré heureux que le SriLanka ait été élu au Comité d’organisation de la Commission.  Le Président a partagé son souhait qu’une paix durable soit trouvée au Moyen-Orient, zone du globe ou, récemment un grand nombre de Sri-Lankais se sont établis temporairement.


M. HUGO CHÁVEZ FRÍAS, Président du Venezuela, a mis en garde contre la menace hégémonique de l’impérialisme américain, qualifiant de « diable » le Président des États-Unis.  De tous côtés les impérialistes voient des extrémistes, et cela à tort, a déclaré le Président.  Le Venezuela souhaite la paix au Moyen-Orient, a-t-il poursuivi, comme tout citoyen américain, et pourtant le Gouvernement des États-Unis ne veut imposer la paix que par la force et par les armes.  Il a donné en exemples l’Iran, la Palestine et même l’Amérique latine, y compris le Venezuela.  Le Président des États-Unis est venu hier parler au peuple du monde, selon ses propres termes, s’adressant en particulier aux peuples du Liban, de l’Afghanistan et de l’Iran, a rappelé le Président du Venezuela.  Si ces peuples pouvaient lui répondre, ils diraient sans doute « impérialistes yankee, rentrez chez vous », a-t-il déclaré. 


Le système des Nations Unies tel qu’il est né au sortir de la deuxième guerre mondiale s’est effondré, a estimé le Président Chávez.  L’Assemblée générale n’a aucun pouvoir, selon lui.  Il a donc réitéré sa proposition de refonte de l’ONU sur les quatre points suivants: élargissement du Conseil de sécurité dans les catégories de membres permanents et de membres non permanents; développement de méthodes efficaces pour étudier et régler les conflits; suppression du mécanisme du droit de veto; et renforcement du rôle et des responsabilités du Secrétaire général.  Le Venezuela a demandé une place en tant que membre du Conseil de sécurité, une demande à laquelle s’opposent les États-Unis, a-t-il rappelé.  Il a remercié tous les pays qui au contraire soutiennent cette candidature.


Dans quelques jours cela fera 30 ans qu’a eu lieu l’attentat terroriste contre l’avion cubain dont le responsable, Luis Posadas Carilles, qui a avoué son crime, est protégé par les États-Unis, selon le Président vénézuélien.  Il a également évoqué le Mouvement des pays non alignés qui a été relancé par le Venezuela et dont le Président Castro a été élu pour le présider au cours des trois prochaines années.  Il a aussi suggéré que le siège des Nations Unies soit placé en Amérique latine, proposant même son pays comme hôte de l’Organisation.


M. MAUMOON ABDUL GAYOOM, Président des Maldives, s’est prononcé pour la modernisation des Nations Unies de manière à ce qu’elles puissent continuer à jouer un rôle central dans la promotion de la coopération et de la paix internationale et de la sécurité, du développement économique et social, des droits de l’homme et de l’état de droit.  Il a également souligné l’importance d’une représentativité équitable au sein du Conseil de sécurité et réitéré son soutien à la proposition du Groupe des quatre. 


S’agissant des questions intérieures, le Président a affirmé que les prochaines années seraient cruciales pour le développement national des Maldives, rappelant que le pays était aujourd’hui sur le point de quitter le groupe des pays les moins avancés (PMA), ce qui allait lui poser de nombreux défis.  « Ces trois dernières années, nous avons aussi procédé à des transformations politiques majeures », a-t-il indiqué, évoquant l’institutionnalisation du pluralisme politique, le renforcement de la protection des droits de l’homme, la liberté de la presse et la réforme de la justice. 


M. Abdul Gayoom a également attiré l’attention sur les conséquences du tsunami de 2004 sur son pays, indiquant que le principal obstacle rencontré dans le programme de rétablissement restait un manque de fonds dans certains domaines clefs de la reconstruction, évalué à 100 millions de dollars.  Malgré ces obstacles et ceux liés à sa situation de petit État insulaire, certains des Objectifs du Millénaire pour le développement ont été atteints, s’est-il néanmoins félicité.  Le Président des Maldives a rappelé par ailleurs la grave menace que représentait la dégradation de l’environnement et le réchauffement de la planète, en particulier pour les petits États insulaires, qualifiant le Protocole de Kyoto de « grande déception » et exhortant tous les États à accélérer l’adoption de mesures urgentes et réalistes afin de mettre un coup d’arrêt aux changements climatiques et à la hausse du niveau de la mer.


M. ROMANO PRODI, Premier Ministre de l’Italie, a affirmé que le terrorisme et les armes de destruction massive avaient rendu obsolètes les systèmes de défense et de sécurité collectives fondés sur la dissuasion.  Le fléau du terrorisme s’ajoute, à son avis, aux menaces que représentent les conflits régionaux au Moyen-Orient, en Asie et en Afrique, les pandémies, les problèmes de développement, le fossé entre le Nord et le Sud, les atteintes aux droits de l’homme, les migrations massives et les problèmes relatifs à l’énergie et à l’environnement.  Aucun pays ne saurait à lui tout seul relever ces défis complexes et seul un partenariat collectif peut y apporter des solutions, a-t-il déclaré.  À cette fin, nous devons relancer le multilatéralisme, en rétablissant le rôle central des Nations Unies, a-t-il affirmé, citant l’exemple du renforcement de la FINUL au Liban.


S’agissant de l’ONU, M. Prodi a souhaité qu’elle mène à bien très rapidement les réformes visant à la rendre plus efficace, et qu’elle bénéficie d’un soutien inconditionnel de la part de ses Membres.  La création de la Commission de consolidation de la paix est un des meilleurs exemples de la réforme, a-t-il indiqué, dans la mesure où elle met l’accent sur les liens entre développement, sécurité et droits de l’homme.  L’autre pas important, selon M. Prodi, est l’affirmation du principe de la responsabilité de protéger, rappelant que la communauté internationale ne peut rester indifférente aux massacres et génocides.  Nous devons aussi redonner son rôle central à l’Assemblée générale et renforcer les efforts de réforme du Conseil de sécurité, a-t-il lancé.  M. Prodi s’est également prononcé pour le renforcement de la coopération entre l’ONU et ses principaux partenaires régionaux, notamment l’Europe.  Avec une population de 450 millions de personnes, notre continent consacre tous les mois quelque 500 millions d’euros aux pays en développement, a-t-il indiqué, mais son rôle n’est pas à la hauteur des efforts consentis.  En ce qui concerne la question des armes de destruction massive, il a estimé qu’il incombait à l’ONU de consolider le système général de non-prolifération, tout en souhaitant qu’on parvienne à une solution négociée avec l’Iran sur cette question. 


M. MILO DJUKANOVIĆ, Premier Ministre du Monténégro, a rappelé que son pays, le 192e et dernier pays à être entré à l’ONU, participait pour la première fois comme membre à part entière de l’Assemblée générale des Nations Unies.  « Nous le considérons comme une occasion inouïe, mais aussi comme une grande responsabilité », a-t-il déclaré.  Le Monténégro est une jeune nation, qui n’existe que depuis quelques mois sur la scène internationale, mais elle est déterminée à contribuer à la paix, la stabilité et la prospérité, en respectant et en promouvant les principes et les buts défendus par les Nations Unies.  Pour le Premier Ministre, l’importance d’un État, petit ou grand, dépend en premier lieu de sa contribution au respect et à la mise en œuvre des valeurs internationales fondamentales.


Il est dans la nature des petits États d’être plus sensibles aux besoins de tolérance et de dialogue.  L’unité dans la diversité, qui est l’axiome de notre époque et d’une intégration à large échelle, sert aussi d’idée de référence au développement du Monténégro.  Le récent référendum, qui a donné naissance à notre pays, a poursuivi le Premier Ministre, est la preuve que même dans la région délicate des Balkans, un État peut naître en suivant un processus démocratique et les critères internationaux les plus élevés.  La naissance du Monténégro est aussi une victoire pour la politique européenne dans notre région, et nous sommes sûrs qu’à travers cet exemple, nous contribuons à la stabilité et au bon voisinage dans les Balkans, a souligné M. Djukanović.


À ses yeux, la coopération régionale va de pair avec un travail au niveau européen et international.  Les défis actuels que sont le terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive, la migration, la pauvreté et les menaces qui pèsent sur l’environnement exigent une action commune.  La Déclaration du Millénaire, qui projette les principes et les buts de la Charte dans le 21e siècle, met en lumière notre responsabilité commune pour l’établissement d’un monde plus juste, a-t-il dit.  Dans ce cadre, l’ONU a un rôle central à jouer et a le devoir de se réformer pour mieux répondre aux questions de notre temps.


M. MICHAEL SOMARE, Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, rappelle que le monde d’aujourd’hui est caractérisé par un environnement commercial inéquitable.  La planète connaît de nombreux fléaux, notamment un environnement hostile, de nombreuses atrocités, des génocides, des guerres, une extrême pauvreté, le terrorisme, le VIH/sida et la résurgence du paludisme et de la tuberculose.  Le Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a pourtant salué la création du Conseil des droits de l’homme et de la Commission de la consolidation de la paix.  Revenant à son propre pays, le Premier Ministre a dénoncé vivement les pratiques commerciales actuelles, notamment l’absence d’ouverture des marchés des pays riches.  « Ajoutant l’insulte à l’affront, ces mêmes pays sont loin d’atteindre les objectifs fixés au titre de l’aide publique au développement », a-t-il fait remarquer.  Bien que certains partenaires des pays développés s’emploient à soulager l’endettement des pays pauvres, a dit le Premier Ministre, beaucoup d’entre eux n’ont pas montré la même initiative lors du Cycle de Doha.


Le Premier Ministre a fait part de sa grande préoccupation face aux changements climatiques, une situation qu’il a personnellement observée: la montée des eaux autour de certaines îles et atolls de Papouasie-Nouvelle-Guinée a exigé le déplacement de populations vers des zones plus élevées.  La dégradation de l’environnement se fait à un rythme effréné, a-t-il ajouté, ainsi qu’en témoignent des catastrophes naturelles récurrentes telles que les ouragans, les tsunamis, les glissements de terrain et les inondations.  Il a exhorté les pays industrialisés à réduire leurs activités qui provoquent l’effet de serre.  Il a par ailleurs exhorté ceux qui ne l’ont pas encore fait à devenir signataires du Protocole de Kyoto.  Il a rappelé que la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Costa Rica ont formé une coalition des peuples des forêts tropicales, qui inclut de nombreux pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et du Pacifique.


Revenant à la question du VIH/sida, le Premier Ministre a fait part des nombreuses initiatives entreprises par son pays pour élaborer des politiques cadres.  Il a rappelé que le paludisme est encore la principale source de décès dans son pays, mais a salué le travail des agences spécialisées des Nations Unies à ce sujet.  Quant au terrorisme, il constitue une menace internationale pour la paix et la sécurité.  Son pays est particulièrement préoccupé par la prolifération des armes chimiques, nucléaires et biologiques, ainsi que des autres armes de destruction massive.  Il a exhorté tous les pays à ratifier le Traité général d’interdiction d’essais nucléaires.  Malheureusement, le Secrétaire général des Nations Unies a rappelé à juste titre l’apathie des pays à ce sujet.  M. Somare a toutefois salué le travail de la Commission de la décolonisation des Nations Unies, déplorant que 16 territoires demeurent encore non autonomes dans sa région.  Il a exprimé son respect au peuple de Tokelau qui reste en association libre avec la Nouvelle-Zélande.


M. ESTEBAN LAZO, Vice-Président de Cuba, a affirmé, au nom du Chef de l’État Fidel Castro, que le Sommet du Mouvement des pays non alignés qui s’est récemment tenu à La Havane avait été couronné de succès « malgré les menaces et les pressions de ceux qui s’opposent à l’unité et aux efforts concertés des pays du Sud ».  La défense du multilatéralisme, le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale et le droit des peuples au développement et à la paix ont été confirmés comme principes du Mouvement, a-t-il indiqué.  Les pays non alignés sont en outre tombés d’accord sur le fait que la paix et la sécurité mondiale étaient aujourd’hui plus menacées que jamais en raison, entre autres, de la tendance croissante des États les plus puissants à recourir à l’unilatéralisme et aux menaces de guerres préventives. 


Le Mouvement a aussi réaffirmé son attachement au désarmement général et complet et s’est prononcé clairement et fermement contre le terrorisme, a-t-il indiqué.  Sous sa forme actuelle, la mondialisation perpétue, voire aggrave, la marginalisation des pays du Sud, a estimé M. Lazo, ajoutant que le Mouvement avait apporté son soutien à la Bolivie et au Venezuela, notamment.  Par ailleurs, les pays non alignés se sont engagés à promouvoir la démocratisation et une réforme véritables de l’ONU, a-t-il indiqué.


S’exprimant ensuite au nom de Cuba, le représentant a déclaré que le droit de son peuple à l’autodétermination souffrait de nouvelles menaces liées aux sanctions économiques imposées par les États-Unis et de leur soutien à des « actions subversives visant à renverser l’ordre institutionnel que le peuple cubain s’est donné librement ».  Accusant aussi les États-Unis de protéger des terroristes et des assassins, il a assuré que le peuple cubain ne serait jamais vaincu et continuerait à mener ses missions internationalistes.


SHEIKH TAMIN BIN HAMAD BIN KHALIFA AL-THANI, Prince Héritier du Qatar, a insisté sur les efforts que déploie l’État du Qatar en faveur du développement, particulièrement pour combattre la pauvreté.  Il a rappelé que le Qatar avait accueilli la Quatrième Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce en 2002 qui s’est achevée avec l’adoption de la Déclaration ministérielle de Doha.  Le Qatar a également accueilli le Sommet du Sud de 2005 pendant lequel l’Émir du Qatar a lancé son initiative visant à établir un fonds du Sud pour le développement et l’assistance humanitaire.  L’Émir, à cette occasion, avait également réaffirmé son engagement à atteindre les objectifs convenus au niveau international en matière d’aide publique au développement.  L’État du Qatar, a-t-il ajouté, accueillera la Sixième conférence internationale sur les démocraties nouvelles ou rétablies prévue le 31 octobre. 


Le Prince héritier s’est dit choqué par la réaction disproportionnée d’Israël ayant causé la mort de milliers de civils libanais innocents, la destruction totale des infrastructures du pays et le déplacement d’un quart de la population, ce qui constitue un crime de guerre.  Il a estimé que le conflit israélo-palestinien devait avoir rang de priorité pour qu’une solution juste et permanente soit trouvée.  Obliger Israël à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité est un devoir collectif que nous devons remplir, a-t-il dit.  Nous soulignons également que la création d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient constitue une garantie pour une paix permanente, pour la stabilité et la sécurité dans la région.


S’agissant de la situation en Iraq, le Prince héritier a réaffirmé le soutien de son pays à l’unité et à la souveraineté du pays.  Nous sommes également engagés en faveur des droits du peuple iraquien à vivre dans la dignité et la liberté, ce qui lui permettra de reconstruire son pays.  L’Iraq reprendra ainsi sa place dans le concert des nations. 


Le représentant a par ailleurs rendu hommage au Gouvernement du Soudan pour ses efforts inlassables en faveur de la paix dans le Sud du pays.  Nous soutenons pleinement ces efforts, a-t-il affirmé, et attendons de la communauté internationale qu’elle apporte un soutien plus marqué pour maintenir l’intégrité territoriale et la souveraineté du Soudan.  Le Qatar soutient aussi les efforts actuellement en cours de la Ligue des États arabes visant à promouvoir la réconciliation nationale et à rétablir l’état de droit en Somalie.


M.SHEIKH ABDULLAH BIN ZAYED AL NAHYAN, Ministre des affaires étrangères des Émirats arabes unis, a déclaré qu’en dépit des objectifs fixés par la dernière session de l’Assemblée générale en matière de consolidation de la paix et de la sécurité collective, de développement, de renforcement des droits de l’homme et de respect de la loi, ainsi que pour la réforme des Nations Unies, la session actuelle se déroulait dans des conditions difficiles, tant sur le plan économique que sécuritaire ou politique.  Les carences manifestées par certaines institutions internationales dans la réalisation des objectifs fixés nous incitent à envisager aujourd’hui l’adoption de nouvelles réformes et méthodes de travail, notamment au Conseil de sécurité, a-t-il dit.


Sur le plan politique, a-t-il poursuivi, les Émirats arabes unis soutiennent tous les efforts diplomatiques déployés par les pays voisins du Golfe et dans le cadre de la Ligue arabe qui sont destinés à circonscrire les foyers de tension au Moyen-Orient de manière pacifique et conformément aux décisions de la Ligue arabe.  Il a, par ailleurs, invité les autorités iraniennes à faire preuve de bonne volonté dans le contentieux qui les oppose à son pays au sujet de l’occupation par l’Iran de trois îles appartenant aux Émirats.  Le Ministre a également fait part de son optimisme au sujet des pourparlers entre l’Iran et l’Europe sur la question nucléaire, et apporté le soutien de son pays au processus politique actuellement en cours en Iraq, ainsi qu’aux efforts de reconstruction dans ce pays.  Au sujet du Moyen-Orient, le Ministre s’est dit profondément préoccupé par l’incapacité de la communauté internationale à régler le conflit qui perdure dans la région et à y établir la paix.


Abordant le contexte économique, le Ministre a affirmé que son pays avait apporté une aide conséquente à de nombreux pays pauvres et incorporé dans ses propres programmes de développement les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il a lancé un appel à la communauté internationale, en particulier les pays industrialisés, pour qu’ils apportent leur concours aux efforts de développement des pays démunis et qu’ils honorent leurs engagements en libéralisant les échanges commerciaux et en partageant avec les pays pauvres leur savoir industriel et technologique.


M. OSCAR BERGER PERDOMO, Président du Guatemala, a rappelé que l’année 2006 marque l’avènement de plusieurs événements importants pour son pays.  Le Président a rappelé que l’année 2006 marque le 10 anniversaire des Accords de paix qui ont mis un terme à un conflit interne sanglant.  Il a fait état de progrès remarquables effectués dans la construction d’une société guatémaltèque pluraliste, délibérante, participative et multilingue.  L’État s’est d’ailleurs engagé à respecter les droits civils, politiques et les droits de l’homme et promet une participation accrue de la femme.  Il a affirmé que l’armée est maintenant réellement subordonnée aux pouvoirs.  Quant aux victimes du long conflit, un programme de réhabilitation a été mis sur pied pour les assister.  Le Président a rappelé également que le Gouvernement a récemment adopté une politique de développement rural qui a été faite conjointement avec les entrepreneurs, le paysannat et les syndicats.


Sur le plan de la situation des droits de l’homme, malgré des progrès notables, des violations persistent, souvent liées à la criminalité, notamment la criminalité organisée.  Le Guatemala a demandé au Haut Commissariat aux droits de l’homme d’ouvrir un bureau en Amérique latine, afin que cette région du globe développe sa propre capacité à protéger et à défendre les groupes vulnérables.  Le Président a également rappelé qu’en 2005, une loi cadre a été adoptée pour renforcer les aspects institutionnels du processus de paix, et en vue de parvenir au développement social et économique et de mieux répondre aux besoins de la population.  Pour ce qui est des Objectifs du Millénaire, des améliorations ont vu le jour, notamment en matière de lutte contre la pauvreté, la faim et l’éducation primaire pour tous.  Il a souhaité d’autre part que soit rapidement adoptée la déclaration des droits des peuples autochtones.


Quant aux réformes des Nations Unies, elles vont dans la bonne direction, a dit le Président.  Il a salué la création du nouveau Conseil des droits de l’homme et de la nouvelle Commission de consolidation de la paix.  Il a rappelé que la collaboration entre le Conseil de sécurité et l’ECOSOC demeure essentielle, notamment pour les pays sortant de situations de conflits.  Le Président a rappelé la présence accrue du Guatemala dans les opérations de maintien de la paix, notamment en Haïti et en RDC.   Il a signalé qu’en matière de sécurité, le Guatemala organisera, conjointement avec Transparence Internationale, la 12 Conférence internationale contre la corruption les 15 et 18 novembre prochains.


M. NÉSTOR CARLOS KIRCHNER, Président de l’Argentine, a déclaré que depuis 2003, l’Argentine a connu des changements radicaux marqués par les décisions prises par les trois branches du pouvoir relatives à l’impunité, la vérité, la justice et les réparations.  L’annulation par le Congrès de lois accordant l’impunité aux auteurs d’actes de terrorisme d’État et la réouverture de plus d’un millier de procédures judiciaires constituent des développements de portée historique.  Nous sommes convaincus, a ajouté le Président, que la démocratie se trouve renforcée par la lutte contre l’impunité et la promotion de la primauté du droit.  D’ailleurs, a–t-il rappelé, l’Argentine a participé activement à la création du Conseil des droits de l’homme; les premières actions du Conseil ont été positives, et ont mené à l’adoption de la Convention sur la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées.  Il s’agit d’un instrument qui revêt une signification particulière pour notre pays.  Nous souhaitons que l’Assemblée générale adopte cet instrument lors de cette session.


Le Président a condamné le terrorisme sous toutes ses formes, et a estimé que le monde se rapprochera d’une paix globale s’il lutte contre les inégalités, la pauvreté et l’exclusion.  L’Argentine soutient l’édification de sociétés plus justes où le partage des richesses se fait de manière équilibrée.  Nous estimons aussi que chaque pays a le droit de mettre en place son propre modèle de développement, sans condition.  En Argentine, le taux de croissance économique a atteint les 9%, tandis que l’industrie locale est en pleine renaissance.  Grâce à notre politique monétaire et fiscale prudente, à notre surplus commercial et à notre gestion responsable de la dette, nous réduisons de plus en plus la vulnérabilité et l’instabilité qui caractérisaient l’économie argentine dans le passé.  La mise en place de conditions de travail décentes, l’inclusion sociale, la relance de la consommation et de la production nationales nous ont permis d’atteindre les Objectifs du Millénaire en matière de développement, et ceci sans l’aide du Fonds monétaire international. 


Nous disposons de suffisamment de preuves de l’incapacité des organisations financières internationales à promouvoir le développement des pays les moins avancés, a ajouté M. Kirchner.  Dans la plupart des cas, l’imposition de conditions préalables à l’allocation d’une aide produit l’effet inverse.  C’est la raison pour laquelle il est temps d’envisager la création de nouveaux instruments financiers  qui permettraient de financer des projets de développement.  Le Président s’est dit également préoccupé par la stagnation des négociations dans le cadre du Cycle de Doha.  Nous réaffirmons la nécessité de parvenir à des résultats satisfaisants, à savoir la réduction des subventions nationales, l’élimination des subventions à l’exportation et l’ouverture des marchés aux pays en développement. 


M. ROBERT GABRIEL MUGABE, Président du Zimbabwe, a souligné que la lutte contre la pauvreté devait être menée collectivement et regretté que les nombreuses initiatives lancées par les Nations Unies, au cours de ces 30 dernières années, pour accélérer le développement économique en Afrique n'aient souvent pas franchi le cap entre la théorie et la mise en application.  Compte tenu de l'impressionnante liste des initiatives prises, il est curieux et ironique que les performances économiques globales de nos pays n'aient pas fait une différence pour la majorité de nos populations, a-t-il déclaré, estimant aussi que certains pays et certains groupes avaient pris des sanctions économiques illégales qui avaient porté préjudice aux efforts de développement.


Dans le cas du Zimbabwe, le Président a dénoncé les manipulations des décideurs au sein des institutions financières internationales, notamment au FMI, qui ont bloqué tout soutien à son pays; ces agissements constituant, à ses yeux, une ingérence dans les affaires internes du Zimbabwe.  Reconnaissant que les gouvernements nationaux étaient en premier responsables de la réalisation de leurs programmes de développement, il a estimé que le soutien de la coopération internationale était indispensable, par un financement adéquat et consistant sur le long terme.


Abordant la lutte contre le VIH/sida, il a déploré la tendance à utiliser l'assistance apportée dans ce domaine comme une récompense politique et a demandé aux Nations Unies de condamner cette tactique.  Un malade au Zimbabwe ne reçoit que 4 dollars par an alors que cette somme atteint 172 dollars dans d'autres pays de la région, a dénoncé Robert Mugabe, y voyant un déni d'assistance motivé politiquement.


Le problème de la fuite des cerveaux est également un grand sujet de préoccupation pour mon gouvernement, a-t-il poursuivi, car il fait obstacle au développement.  Les pays en développement ont besoin d'un système financier et commercial ouvert, régulé, prévisible et non discriminatoire, ainsi que de la levée de la plupart des barrières douanières, a déclaré le Président zimbabwéen, condamnant le blocage du Cycle de Doha « dont nous ne pouvons que suspecter qu'il ait été délibérément atteint afin d'obtenir le statu quo qui favorise un groupe de pays par rapport à un autre ».


Le Président a insisté sur le rôle central que doivent jouer les Nations Unies dans la coopération et la lutte contre le terrorisme et ses causes profondes.  Il a constaté que le Conseil de sécurité avait échoué à prendre des mesures rapides dans le dossier libanais car il était bloqué en raison d’intérêts peu judicieux de l’unique superpuissance.  La démocratisation de cet organe est donc nécessaire, a-t-il souligné, critiquant la faiblesse de la représentation de l'Afrique.  Seule une approche multilatérale peut permettre d'atteindre la paix et le développement, a-t-il enfin déclaré.


M. LEONEL FERNÁNDEZ REYNA, Président de la République dominicaine, a fait part de sa conviction que le Conseil de sécurité devait être élargi afin de pouvoir offrir une représentation plus équitable des différentes régions.  Pour M. Reyna, la réforme des Nations Unies doit également inclure un assouplissement des relations entre le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social.


S’agissant des questions de sécurité humaine, il a estimé que le trafic de drogue, d’armes et d’êtres humains posaient des problèmes graves à la communauté internationale.  Celle-ci, a-t-il dit, doit renforcer ses mécanismes de prévention et de contrôle.  Par ailleurs, a ajouté le Président dominicain, les liens entre migrations internationales et développement durable, qui forment ensemble un moteur de prospérité, doivent être repensés.  Pour M. Reyna, si chaque État est responsable de sa politique migratoire, l’asymétrie qui existe entre les flux de capitaux et de personnes va s’estomper avec le temps.  Il a ajouté que les migrations internationales ne constituaient pas une invasion des pays développés par les pauvres, ni une atteinte au style de vie de ces pays.  C’est pourquoi le Président dominicain a souhaité que le cadre juridique et de travail relatif au phénomène migratoire prenne davantage en compte le respect des droits humains et la dignité des personnes.


M. Reyna a par ailleurs jugé que la crise au Moyen-Orient ne pouvait être résolue qu’à travers le dialogue et l’action des Nations Unies qui, récemment, sont parvenues à faire cesser les hostilités au Liban.  Enfin, il a salué le rétablissement de la stabilité en Haïti et la décision, prise récemment par le Conseil de sécurité, de prolonger de six mois le mandat de la Mission de stabilisation de l’ONU dans ce pays.


M. BONI YAYI, Président du Bénin, a d’abord déclaré que, de l’avis de son pays, le prochain Secrétaire général devrait provenir du continent asiatique.  Il a insisté sur la réforme des Nations Unies qui, pour être viable et efficiente, devra contribuer à faire de l’Organisation un outil privilégié au service du développement.  Le financement du développement exige un réel partenariat entre les pays donateurs et les pays récipiendaires, a-t-il estimé.  Dans ce cadre, le Consensus de Monterrey garde, selon lui, toute sa validité et il est heureux de constater que certains pays donateurs aient pu atteindre l’objectif d’allouer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement.  Mais l’APD reste insuffisante et il importe d’identifier de nouvelles sources de financement.  Le Président s’est félicité que les transferts de fonds des travailleurs migrants contribuent au développement des pays d’origine et il importe, à ses yeux, de faciliter leurs transferts.  Il a toutefois souligné que ces transferts de fonds ne pouvaient pas être considérés comme faisant partie de l’Aide publique au développement.


Le Président a insisté sur la mobilisation de ressources à travers des programmes de microcrédit que la communauté internationale pourrait appuyer.  Ces programmes pourraient s’inscrire dans le cadre des actions de lutte contre le chômage des jeunes et de promotion de l’autonomisation des femmes.  Il convient aussi d’assurer la pleine insertion des pays en développement, notamment les moins avancés, dans le commerce international.  Le Président a également fait part de sa vive préoccupation devant l’échec des négociations dans le cadre du Cycle de Doha qui ont achoppé principalement sur la question cruciale des subventions agricoles qui étouffent les producteurs des pays en développement.


M. Yayi a par ailleurs précisé que la promotion du développement dans son pays passait aussi par la mise en œuvre de réformes démocratiques car toute démocratie qui ne rime pas avec développement est vouée à l’échec.  De même, les efforts de développement ne peuvent porter leurs fruits si nous ne parvenons pas à maintenir la paix.  À cet égard, le Président a appuyé les recommandations du Secrétaire général sur la prévention des conflits.


M. JAKAYA MRISHO KIKWETE, Président de la République-Unie de Tanzanie, a souligné que son pays avait connu sa troisième transition politique pacifique successive et assuré qu'il allait poursuivre ses efforts de promotion de la paix, de stabilité et d'unité nationale, ainsi qu'en matière de bonne gouvernance, de respect des droits de l'homme, d'état de droit et de lutte contre la corruption.  Parallèlement, la République-Unie de Tanzanie est devenue l'une des économies qui croît le plus rapidement, a-t-il ajouté, estimant qu'elle était aujourd'hui bien placée pour accélérer le pas vers les objectifs du Millénaire de développement.  Pour cela, elle a besoin du soutien international afin d'améliorer ses infrastructures et son capital humain.  J'ai la conviction que la Tanzanie a tenu ses engagements, j'en appelle maintenant à nos partenaires de développement pour qu'ils en fassent autant, a déclaré M. Jakaya Mrisho Kikwete, soulignant que son pays a été distingué récemment, entre autres, par la Banque mondiale.


Le succès de ce que nous entreprenons nationalement est conditionné de manière critique à un voisinage pacifique, a poursuivi le Président tanzanien, rappelant les conséquences de l'instabilité dans la région des Grands Lacs, notamment l'afflux de centaines de milliers de réfugiés.  Il a salué des progrès significatifs dans la situation politique et sécuritaire de la région, notamment la signature d'un accord de cessez-le-feu entre le Gouvernement du Burundi et le FNL, et la tenue des élections en République démocratique du Congo. 


Toutefois, le Président a rappelé que les guerres et les conflits violents continuaient de faire les gros titres des médias, et que l'Afrique était particulièrement touchée par ce fléau.  Les situations au Darfour, en Somalie et en Côte d'Ivoire, l'impasse concernant le Sahara occidental sont autant de sujets de préoccupations pour la Tanzanie qui appelle à réaliser pour les Sahraouis ce qui a été réalisé pour le Timor Leste.


M. Jakaya Mrisho Kikwete a aussi salué l'adoption d'une Stratégie antiterroriste mondiale par l'Assemblée générale, espérant que les différences qui ont marqué les négociations ne se retrouveraient pas dans sa mise en œuvre.  Rappelant le rôle central des Nations Unies dans toutes les affaires mondiales, il a souligné la nécessité que l’Organisation soit un reflet fidèle des réalités du monde actuel.  À trois mois de la fin du mandat de la Tanzanie au Conseil de sécurité, il a souhaité que la réforme fasse de ce dernier un organe plus représentatif et plus à l'écoute des changements.


M. HIFIKEPUNYE POHAMBA, Président de la Namibie, a affirmé que le monde a besoin aujourd’hui d’une Organisation des Nations Unies plus forte et d’un multilatéralisme qui fonctionne bien.  Il a déclaré soutenir pleinement les réformes de l’ONU telles que proposées par le Secrétaire général.  En particulier, il a attaché une grande importance au rôle et à l’autorité de l’Assemblée générale en tant que principal organe délibérant.  S’agissant de l’élargissement du Conseil de sécurité, le Président a considéré que, pour le moins, l’Afrique mérite d’être représentée de façon équitable.  Citant les autres réalisations accomplies dans le cadre de la Déclaration du Millénaire, telle la création de la Commission de la consolidation de la paix et du Conseil des droits de l’homme, le Président namibien a encouragé tous les États Membres à poursuivre les processus de réforme de façon transparente.


Abordant le chapitre du développement, le Président Pohamba a exprimé sa préoccupation face à la lenteur avec laquelle sont traités certains sujets essentiels et face à l’absence d’engagement de certains pays par rapport à la Déclaration du Millénaire.  En ce qui concerne l’Afrique, il a apprécié les engagements pris par le G8 l’année dernière en faveur d’une augmentation de l’aide au développement dans ce continent, d’une annulation de la dette des pays les plus pauvres, et pour promouvoir un accès universel aux antirétroviraux pour soigner les personnes touchées par le VIH/sida.  Il a réitéré son appel pour une plus grande coopération entre les Nations Unies et ses institutions spécialisées et l’Union africaine et ses organisations sous-régionales relatives au développement économique et social.  Le Président a aussi exprimé son soutien au processus électoral en cours en République démocratique du Congo.  Sur la crise au Darfour, il a loué les efforts de l’Union africaine pour ramener la paix dans cette région et a exhorté les parties à respecter leurs engagements.


Le Président Pohamba a aussi rappelé le défi que pose le trafic illicite d’armes légères.  La deuxième Conférence continentale des experts gouvernementaux africains sur cette question a eu lieu dans la capitale namibienne en décembre dernier, a-t-il rappelé.  Il a réitéré son appel en vue d’un instrument international juridiquement contraignant en la matière.  Sur la question non résolue du Sahara occidental, le Président a appelé à respecter les droits inaliénables à l’autodétermination et à l’indépendance, conformément à la résolution pertinente de l’Assemblée générale de l’ONU.  Le Président namibien a aussi demandé à l’ONU de mettre en application ses résolutions concernant la Palestine, et aussi, pour ce qui est du Liban, de mettre en œuvre la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité.  Il a aussi souhaité que soit levé sans délai et sans conditions l’embargo imposé à Cuba.  Le Président a enfin apprécié les efforts au niveau mondial pour mobiliser les ressources nécessaires pour confronter la pandémie du VIH/sida.


M. ALFRED PALACIO, Président de l’Équateur, a affirmé que les efforts pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement ont été insuffisants, trop peu de pays développés ayant effectivement consacré 0,7% de leur PIB à l’aide aux pays les plus pauvres.  Il a par ailleurs attiré l’attention sur le fardeau de la dette extérieure des pays en développement qui absorbait à son avis une grande partie de leurs recettes internes.


Le phénomène des migrations a pris des proportions inédites, a poursuivi le Président équatorien, rappelant qu’elles provoquaient la désagrégation de nombreuses familles.  La sécurité de la planète, des peuples et des États ne pourra être garantie tant que les problèmes liés à la santé, à l’éducation et au développement n’auront pas été abordés et réglés, a-t-il précisé.  À son avis, la réforme des Nations Unies devait aussi inclure le renforcement de l’Organisation mondiale de la santé.  Par ailleurs, l’établissement d’une assurance universelle de santé serait le bon moyen de garantir aux nations en développement un accès aux soins similaire à celui des pays développés, a-t-il affirmé.


L’Équateur, a-t-il indiqué, considérait les Objectifs du Millénaire pour le développement comme sa politique officielle, s’étant engagé à protéger les droits de l’homme et à renforcer les relations Sud-Sud dans le cadre de la Communauté des pays andins et du MERCOSUR en particulier.  Le Président a dit accorder par ailleurs une grande importance aux mécanismes de concertation politique que sont le Groupe des 77 et le Mouvement des pays non alignés, et poursuivre son combat contre le trafic de drogues. 


M. Palacio s’est par ailleurs dit favorable à la mise en place de réformes à l’ONU, affirmant que, sous sa forme actuelle, l’Organisation n’avait pas su ou pu trouver des solutions satisfaisantes à un certain nombre de problèmes d’ordre politique et économique qui se posent à la communauté internationale. 


M. OBIANG NGUEMA MBASOGO, Président de la Guinée équatoriale, s’est dit convaincu que l’ONU est le seul forum ayant l’autorité de résoudre les problèmes qui se posent à la communauté internationale.  Vouloir passer outre cette autorité serait irrationnel car allant à l’encontre de tous les principes universels acceptés au niveau international.


L’humanité est confrontée à d’importantes questions, que cette assemblée devrait résoudre, selon M. Mbasogo.  Quel est par exemple le rôle des Nations Unies, si ses décisions ne sont pas appliquées?  Quel est l’avenir de l’humanité dans un monde prétendument globalisé, dominé par l’inégalité?  Outre la faiblesse de l’ONU, M. MBASOGO a relevé celle de la justice internationale: il n’y a pas de juge en mesure de rendre un jugement équitable et impartial concernant un conflit international, a-t-il dit.  Selon lui, les Nations Unies ont été prises en otage par certains intérêts privés.  Mais il est de l’avis que la situation peut encore être sauvée, avant que la communauté internationale ne déraille complètement.


Le Président a préconisé la démocratisation des Nations Unies, expliquant qu’il s’agirait de poser les bases politiques et économiques d’une mondialisation servant aussi les intérêts des plus faibles.  De nombreuses conférences ont essayé de trouver des solutions pour combler le fossé qui sépare le monde, a-t-il poursuivi, mais celles identifiées se sont toutes heurtées à la plus complète indifférence de ceux qui étaient censés les mettre en œuvre.


Le Président de la Guinée équatoriale a dit ne pas être surpris par la menace du terrorisme.  Si les méthodes employées sont condamnables, elles restent le recours ultime des personnes opprimées, qui réagissent aux injustices actuelles.  Dans la même logique, les migrations massives du Sud vers le Nord s’expliquent par l’immense déséquilibre résultant de l’injustice du système économique international.  Á ce titre, il a souhaité que des règles plus démocratiques soient appliquées par les grandes organisations telle l’Organisation mondiale du commerce.


Enfin, le Président s’est attardé sur la question de l’exploitation des ressources naturelles, notamment du pétrole, « le produit qui divise et détruit le monde ».  En Guinée équatoriale, seul 30% des bénéfices de l’exploitation de l’or noir revient au pays.  Aussi le Président a-t-il revendiqué un partage plus équitable des bénéfices entre les compagnies étrangères et les pays producteurs.   


M. ALFRED MOISIU, Président de l’Albanie, a déclaré que son pays avait engagé des actions concrètes pour promouvoir les objectifs du Document final du Sommet 2005 relatifs au développement, à la sécurité, et aux droits de l’homme et pour mettre en place les réformes des Nations Unies.


Le Président s’est prononcé en faveur du processus de réforme des Nations Unies, le qualifiant de nécessaire pour le renforcement de l’Organisation tant sur le plan de la transparence que de la gestion efficace de ses ressources.  Il a assuré du soutien de son pays aux efforts pour réformer le Conseil économique et social et le Conseil de sécurité, réforme qui s’opèrera avec l’implication de tous les États Membres.  L’Albanie collabore étroitement avec tous les organes des Nations Unies dans la lutte contre le terrorisme et estime que la Convention globale sur le terrorisme international en sera un résultat clef.


Abordant l’orientation de la politique étrangère de son pays, les intégrations européenne et euroatlantique restent la principale priorité, et ceci quelques jours après la signature de l’Accord d’association et de stabilisation avec l’Union européenne.  C’est pourquoi ses efforts visent à se conformer aux normes de l’Union européenne et de l’OTAN.  Le pays privilégie également la coopération et le dialogue au niveau régional, ayant à cet égard établi avec ses pays voisins un programme d’action de lutte contre le terrorisme, le crime organisé, la circulation des armes et la gestion des frontières et ayant pris des mesures pour encourager le développement économique de la région.


Le Président a par la suite évoqué la question kosovare.  Notant ses progrès et se félicitant des progrès des pourparlers entre Pristina et Belgrade à Vienne, il a encouragé la partie serbe à faire de même.  L’Albanie est contre tout scénario qui provoquerait une division ou un éclatement du Kosovo, ce qui serait une source de conflit et d’instabilité dans les temps à venir.  Il a en ce sens manifesté son soutien pour une solution rapide et durable de la question du statut du Kosovo qui garantirait les exigences des autochtones, le bon fonctionnement des institutions et de la société, et les libertés des minorités.


Les progrès de l’Albanie en termes de réformes institutionnelles, juridiques et économiques sont notables.  Le Président a noté la volonté de son pays de progresser dans le domaine de la bonne gouvernance et a souligné que le Gouvernement a pris toute une série d’initiatives économiques pour libéraliser les procédures et ouvrir le marché.  Une attention particulière est également portée à la lutte contre la corruption, afin de renforcer la règle de droit, ainsi qu’à la lutte contre le crime organisé, la drogue, le trafic d’êtres humains et le blanchiment d’argent.


M. FRADIQUE BANDEIRA MELO DE MENEZES, Président de la République de Sao Tomé-et-Principe, a salué tout particulièrement l’intervention du Secrétaire général des Nations Unies, lors du coup d’état de 2003 qui a frappé son pays, intervention sans laquelle la démocratie de la République de Sao Tomé et Principe n’aurait pu survivre.  Le Président a évoqué les tensions accrues qui frappent le monde: le terrorisme, l’attaque de victimes innocentes sur tous les continents, les génocides et les changements climatiques.  Aucun pays ne peut vivre dans son isoloir, a insisté le Président: les nations doivent avancer ensemble et personne ne doit être laissée à la traîne, mais il faut absolument respecter les différences.


Le Président a partagé sa vive inquiétude devant la progression galopante du VIH/sida, dans son pays autrefois isolé et à l’abri pendant longtemps des épidémies.  Il a fait part de sa détresse devant une situation alarmante: le pays ne détient qu’un hôpital et une poignée de médecins, et se trouve dans l’incapacité d’acheter des remèdes rétroviraux ou de contrôler les frontières maritimes pour endiguer la propagation d’une pareille pandémie.  N’hésitant pas à parler d’extinction à propos de la pandémie, le Président a dit parler au nom des femmes et des enfants de son pays, qu’il a appelés «  les sans visage ».  Par ailleurs, le Président a évoqué la question des changements climatiques, qui sapent les efforts soutenus des pays les moins développés à implanter un développement durable.  Quant au réchauffement de la planète, attribuable aux activités humaines et à la fonte de la calotte glacière, il menace directement les Îles de Sao Tomé-et-Principe d’être englouties.  Il a réitéré sa consternation qu’un pays de 23 millions de personnes ne soit toujours pas représenté aux Nations Unies.  Il a pris à titre d’exemple le modèle de Taiwan: une société dynamique, technologiquement avancée et un pays donateur généreux sur le plan humanitaire


Le Président a rappelé les ravages considérables provoqués par le paludisme dans son pays.  Toutes les tentatives de contrôler le moustique responsable de cette pandémie avaient échoué, jusqu’à ce que Taiwan exporte son savoir-faire, réduisant à 60% les cas de paludisme.  Le Président a réitéré son appui au projet de réforme du Conseil de sécurité.  Il a déploré que l’Afrique n’y siège pas à titre de membre permanent.  Quant à l’éradication de la pauvreté, le Président a rappelé qu’il est impossible de savoir comment s’en sortir, si l’on ne sait pas d’abord comment on y est entré.  Mettant à mal les anciennes théories sur les modèles de croissance économique, le Président a rappelé qu’il est important que les États protègent la propriété privée et leur population, et fassent la guerre à la corruption.  Il a rappelé que s’il existe la «malédiction des ressources naturelles» – dont l’abondance tend à diminuer les possibilités de démocratie et de bonne gouvernance – il existe aussi la malédiction de l’aide humanitaire.  Même si certains programmes ont réussi, notamment dans le domaine de la santé, l’illettrisme chez les adultes est en progression.  L’aide internationale change des vies partout sur la planète, a-t-il dit: il ne faut pas y mettre un terme mais la réformer elle aussi.  Il a émis l’espoir que de futurs projets pétroliers dans les eaux partagées avec le Nigéria auront des retombées bénéfiques pour ses concitoyens.


M. JOSEPH KABILA KABANGE, Président de la République démocratique du Congo, a rendu hommage au rôle positif joué par Kofi Annan, « digne fils de l’Afrique », au règlement du conflit dans son pays.  En RDC, la période de transition, commencée en 1990, prendra bientôt fin avec la mise en place de nouvelles institutions, a précisé M. Kabila.  Évoquant les premières élections pluralistes réellement démocratiques depuis une quarantaine d’années, qui se sont déroulées le 30 juillet dernier, le Président congolais a salué la contribution des partenaires bilatéraux et multilatéraux à la réussite du scrutin.


M. Kabila a qualifié de tragédie les conséquences humanitaires du long conflit armé interne qu’a connu son pays et a énuméré les nombreux problèmes multisectoriels auxquels son prochain gouvernement devra faire face, comme l’intégration et la réforme de l’armée et l’amélioration des conditions de vie.  La lutte contre la corruption et la sécurité juridique et judiciaire constituent également des priorités, a-t-il dit.  Le Président a réaffirmé sa foi dans le concept de « consolidation de la paix » et lancé un appel à la communauté internationale afin de poursuivre le partenariat avec la RDC après la mise en place des nouvelles institutions.


Le Président a par ailleurs indiqué que les grands sujets de préoccupation pour son pays étaient, entre autres, la réforme du Conseil de sécurité, l’effacement total de la dette des pays en développement, l’augmentation de l’aide publique au développement, et la conclusion d’une convention générale sur le terrorisme international.  En conclusion, il s’est dit confiant dans l’ouverture d’une ère de paix et de stabilité en Afrique centrale et dans la région des Grands Lacs.


M. DATO’ SERI ABDULLAH AHMAD BADAWI, Premier Ministre de la Malaisie, a considéré que tous les maux de notre monde résultent d’un manque de communication, relevant que la discorde la plus grande qui existe à l’heure actuelle est celle des descendants d’Abraham, c'est-à-dire les trois religions du Livre.  Le dialogue doit bien sûr être assorti de l’action, a-t-il ajouté.  Selon le Premier Ministre, le dialogue est voué à l’échec si l’on décide à l’avance que certains pays sont « le diable » ou des « escrocs », car cela n’incite pas à des négociations sérieuses.  Il a illustré son propos en citant le cas de la Palestine qui, après la victoire du Hamas à des élections démocratiques, a connu le blocage de l’aide et des fonds venant de l’extérieur.  Le Premier Ministre a aussi évoqué les actions menées au nom de la lutte contre le terrorisme, comme la suppression de la Palestine, l’invasion de l’Afghanistan, la conquête de l’Iraq et plus récemment la destruction du Liban, qu’il a considérées comme la preuve d’une complicité pour humilier les pays musulmans.  Cela est dû à une mauvaise compréhension de la véritable nature de l’Islam, selon lui, notamment de sa place dans la vie des musulmans par rapport à celle de la religion dans les sociétés occidentales sécularisées.


En ce qui concerne la Malaisie, le Premier Ministre a indiqué que c’est un pays multiethnique, multireligieux et multiculturel.  Le Gouvernement mène un programme de communication pour faire apprécier l’Islam en tant que force bénéfique.  Il a voulu ainsi expliquer que la religion n’est pas une source d’intolérance entre les peuples de différentes fois, et que le Coran appelle même à respecter les autres religions.  La diabolisation de l’Islam doit cesser, a souhaité le Premier Ministre.


M. Badawi a ensuite abordé le problème des injustices sociales et économiques, estimant qu’il relève de la responsabilité internationale.  Un système économique dans lequel subsistent des disparités ne peut pas durer sur le long terme, a-t-il dit, et risque d’aboutir à la violence.  La Malaisie croit fermement que la clef de la prospérité est la croissance économique durable, basée sur le développement des compétences nationales, notamment humaines.  Les efforts au niveau national doivent pour cela être soutenus par un ordre économique mondial, selon le Premier Ministre.  Il a indiqué que la Malaisie continuera de soutenir les négociations en matière de commerce international, en se fondant sur la notion de libéralisation progressive.


M. ADNAN TERZIĆ, Président du Conseil des Ministres de la Bosnie-Herzégovine, a réaffirmé l’appartenance de son pays à l’Europe qui, en s’élargissant, étend la notion même de démocratie.  Il a ensuite rappelé à quel point les récents évènements au Moyen-Orient avaient souligné l’importance d’une paix juste et durable, comme c’est aujourd’hui le cas dans les Balkans.  Toutefois, selon le représentant, en dépit de toutes ses qualités, l’Accord de Dayton n’a pas pris en compte des questions essentielles telles que la nécessité pour chaque citoyen de bénéficier de droits égaux partout dans le pays, ou pour l’État d’être capable d’exercer ses pouvoirs.  Insistant sur la dimension multiethnique de la Bosnie-Herzégovine, le représentant a ensuite fait part de la surprise de nombreux visiteurs devant la coexistence pacifique dans ce pays de mosquées, d’églises et de synagogues.


Le Président du Conseil a par ailleurs indiqué que son pays avait pris une part active aux projets de coopération dans la région.  En outre, la démocratisation, la libéralisation commerciale et la coopération transfrontalière se sont intensifiées au cours des dernières années.  La délégation a ensuite estimé que toute solution concernant le statut futur du Kosovo devait être le fruit de négociations acceptables par les deux parties, dans la mesure où il aura immanquablement des conséquences sur la stabilité des Balkans.  Poursuivant, M. Terzić a annoncé que le Conseil des ministres qu’il préside était en voie de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), qui constituent des priorités complémentaires aux critères d’adhésion à l’Union européenne.  Enfin, il a souligné que l’une des obligations les plus importantes qui incombaient à la Bosnie-Herzégovine était la coopération avec le Tribunal pénal international de La Haye, qui est un préalable à la stabilité durable et à une intégration à la fois à l’Union et à l’OTAN.  Regrettant que Radovan Karadzic et Ratko Mladic soient toujours en fuite, il a cependant demandé à ce que les citoyens de son pays ne soient pas pénalisés pour des crimes qu’ils n’ont pas commis.


M. IVO SANADER, Premier Ministre de Croatie, a évoqué la complexité du monde actuel.  Il n’y a pas si longtemps, a dit le Premier Ministre, le monde parlait de blocs, d’idéologies, de guerre froide et d’apaisement.  Aujourd’hui, on parle d’ethnicité, de conflits, de régions en feu, de conflits de religion, de destruction massive, de terreur et de pauvreté.  Revenant à son pays, le Premier Ministre a souligné l’importance pour la Croatie de créer un environnement propice au partenariat et à l’innovation.  La Croatie souscrit d’ailleurs aux engagements découlant du Consensus de Monterrey, du sommet de Johannesburg, et du Cycle de Doha.  Le Premier Ministre a rappelé que la Croatie reconnaissait les besoins spécifiques à l’Afrique subsaharienne, aux pays les moins développés, ainsi que ceux des États sans littoral.  Il a salué l’effort fait pour les inscrire à l’agenda international lors du Sommet mondial de 2005.  Il a ajouté qu’une attention particulière doit être accordée aux pays sortant de situations de guerre et qui ont des besoins complexes et coûteux en matière de gestion postconflit.


Retournant à la situation qui prévaut sur la scène internationale, le Premier Ministre a déclaré que les conflits régionaux engendraient de grandes tragédies humanitaires et menaçaient la sécurité régionale et internationale ainsi que la paix internationale.  Il a rappelé que la Croatie a subi les conséquences de conflits semblables il y a seulement 10 ans.  Par ailleurs, la résurgence du terrorisme a créé, a-t-il dit, un climat de méfiance, d’intolérance culturelle, constituant une grave atteinte aux Droits de l’homme.  La Croatie étant membre de la Coalition globale antiterroriste, le Premier Ministre a appelé à un effort plus concerté dans l’éradication de ce fléau des temps modernes.  L’éradication des armes de destruction massive et une approche commune de non-prolifération de ces armes doivent être au cœur des agences spécialisées des Nations Unies concernées.


Le Premier Ministre a rappelé que la Croatie essaie de jouer un rôle clef dans l’avancement de la stabilité, de la sécurité et de la coopération entre les nations.  Il a rappelé que son pays a acquis une expérience unique en ce qui concerne les personnes déplacées.  Il a salué à cet égard le travail crucial de la Cour internationale de Justice, dont le travail relié à l’ancienne Yougoslavie permet à son pays de bâtir son propre État de droit et sert d’indicateur pour la région.  Il a par ailleurs salué la création du Conseil des droits de l’homme qui a su répondre à un besoin d’une approche postconflit mieux intégrée.  Il a souligné aussi que le Conseil de sécurité gagnerait à élargir sa collaboration avec le Conseil économique et social.  Quant aux Objectifs du millénaire, leur réalisation constituera une étape cruciale pour l’adhésion de la Croatie à l’Union européenne.  Forte de son expérience d’un conflit régional, la Croatie offre déjà des formations en reconstruction de la paix et est l’hôte de nombreux cours dans ce domaine.


M. CHEIKH.MOHAMMAD SABAH AL SALEM AL SABAH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Koweït, a déclaré que son pays continue de soutenir, selon ses moyens, les efforts de nombreux pays en développement, en vue de parvenir à ses objectifs de développement par le biais du fonds koweitien établi à cet effet.  Jusqu’ici, 12 milliards de dollars ont ainsi été déboursés pour financer des projets d’infrastructures dans plus de 100 pays.  Le Koweït contribue aussi au financement de projets dans des pays en développement par l’intermédiaire de programmes et d’agences spécialisées, d’associations régionales et d’organisations.  Ainsi, le Koweït a annoncé le mois dernier qu’il attribuerait 300 millions de dollars à la Banque islamique du développement pour combattre la pauvreté en Afrique.


Pour ce qui est de l’Iraq, le représentant a fait part de la vive préoccupation du Koweït au sujet de la continuation des actes terroristes qui y sont perpétrés et qui sèment destruction et souffrance.  En dépit des avancées du processus politique, les difficultés en matière de sécurité font obstacle aux efforts pour reconstruire le tissu de la société qui avait été détruit par le régime précédent.  Le Koweït maintient son attachement aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et est déterminé à continuer à appuyer les efforts de reconstruction déployés par le Gouvernement iraquien, de même que ceux visant à rétablir la sécurité.  Le Koweït applaudit à la continuation de la poursuite des principaux responsables du régime iraquien précédent. 


Au sujet de la question nucléaire iranienne, il a émis l’espoir que cette crise se règlerait par des voies diplomatiques, en exhortant l’Iran a poursuivre sa coopération avec l’AIEA et la communauté internationale pour dissiper les doutes quant à la nature et les objectifs de son programme nucléaire.  Enfin, il a réaffirmé le soutien total du Koweït au peuple palestinien dans son combat pour la réalisation de ses droits politiques les plus complets, ainsi que pour l’établissement de leur état indépendant, avec Jérusalem comme capitale.


Mme TZIPI LIVNI, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères d’Israël, a déclaré que son pays se trouve en première ligne d’un conflit depuis de nombreuses années, auquel il fait face sur la base de valeurs centrales.  Israël, au coeur duquel se trouve Jérusalem, est la patrie du peuple juif, son refuge face aux persécutions et sa première ligne de défense.  Israël est également une démocratie qui est guidée par les valeurs de justice, de paix et d’humanité.  Nous partageons les mêmes valeurs que la communauté des États démocratiques et nous sommes fiers d’être jugés par nos pairs.  Ils sont des nôtres.  Mais trop souvent, Israël est vu à travers le prisme du conflit Israélo-palestinien, a regretté Mme Livni.  Et trop souvent ce prisme est déformé.  Trop souvent, ce conflit est perçu comme l’affrontement entre Goliath et David, Israël étant injustement associé à Goliath alors que cette image simpliste passe sous silence le fait qu’Israël est une démocratie menacée dans une région hostile. 


La mort d’innocents est toujours une tragédie et il n’y pas de différence entre la douleur d’une mère israélienne et celle d’une mère palestinienne qui ont perdu leur enfant.  Mais il y a une différence morale essentielle entre les terroristes qui prennent pour cible des civils et les soldats qui prennent pour cible des terroristes en cherchant à éviter la mort de civils innocents.  Pour maintenir son intégrité, la communauté internationale doit maintenir cette distinction fondamentale: la terreur est la terreur même si elle porte le nom de résistance.


Il n’y a pas de plus grand défi à nos valeurs que celui que posent les dirigeants iraniens, a ajouté la Ministre.  Ils nient et tournent en dérision l’Holocauste et parlent avec fierté de leur désir d’éliminer Israël de la carte du monde.  La communauté internationale est confrontée à une responsabilité inégalée qui est celle de s’opposer à ce danger croissant, non pas pour Israël mais pour soi-même, pour les valeurs qu’elle prétend défendre, pour le monde dont hériteront nos enfants.  Pour ceux qui ont encore des doutes, la menace iranienne a fait jour lors du récent conflit au Liban.  Armé et financé par l’Iran, le Hezbollah a pris en otage des soldats israéliens et a pris pour cible des villes israéliennes.  En fait, le Hezbollah voulait prendre en otage l’espoir d’une région tout entière. 


Israël, a ajouté la Ministre, croit dans la vision de deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité.  Il est temps de mettre un terme à l’exploitation de la question des réfugiés et de commencer à y trouver des solutions sur la base de cette vision.  Pour cela, il faut que les peuples acceptent le fait que leurs droits seront exercés à travers l’édification de leur propre nation et non pas sur la terre des autres.  Un autre principe de paix repose sur le renoncement à la terreur, la reconnaissance du droit d’Israël à exister et l’acceptation des accords conclus précédemment.  La paix doit être bâtie sur les fondations solides de nos valeurs communes et non pas sur les sables mouvants de fausses promesses, a-t-elle rappelé.


Malheureusement, l’Autorité palestinienne est dominée par une organisation terroriste qui enseigne la haine aux enfants et cherche à faire de ce conflit une confrontation religieuse sans fin.  Le conflit israélo-palestinien est la conséquence et non pas la cause de cette idéologie.


La Ministre israélienne des affaires étrangères a expliqué qu’au Moyen-Orient, la modération était souvent synonyme de faiblesse et que le défi était de donner le pouvoir aux artisans de la paix.  Elle a expliqué qu’elle avait rencontré le Président Abbas, il y a deux jours, et qu’ils avaient convenu de relancer le dialogue.  Nous ne nous faisons pas d’illusions sur les difficultés qui nous attendent.  Mais nous pourrons avancer sur la voie de la paix si nous avons le courage de défendre ses principes et de lutter contre ses ennemis.


M. KAREL DE GUCHT, Ministre des affaires étrangères de la Belgique, a estimé que ces dernières années avaient vu la renaissance du multilatéralisme, ce qui donnait aux actions menées par les Nations Unies une plus grande légitimité.  « J’ai à l’esprit en particulier le récent conflit entre Israël et le Liban, un conflit dans lequel le Conseil de sécurité a pleinement assumé ses responsabilités », a-t-il déclaré.  Il a également évoqué la question du nucléaire iranien, pour laquelle tous les efforts devaient être entrepris dans la recherche d’une solution basée sur le respect des principes de la Charte des Nations Unies et du Traité de non-prolifération. 


Concernant la situation au Moyen-Orient, le Ministre a affirmé que la logique militaire avait entraîné des sacrifices humains inacceptables, à la fois au Liban et en Israël.  La Belgique a contribué au Fonds d’intervention d’urgence pour soutenir les projets de reconstruction du Gouvernement libanais.  Mais elle a surtout décidé de participer à la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) avec l’envoi de 400 soldats, a-t-il indiqué.  Toutefois, il a souligné la nécessité de mettre en œuvre tous les aspects de la résolution 1701, en obtenant la libération immédiate des deux soldats israéliens et en assurant l’embargo sur les armes.  « La région ne peut en aucun cas supporter une nouvelle crise majeure », a-t-il affirmé, appelant l’Iran à ne pas s’isoler par des provocations inutiles et à se conformer aux règles des relations internationales. 


Il s’est ensuite félicité de la tenue des élections en République démocratique du Congo, estimant qu’il n’y avait désormais aucune autre option que celle de la poursuite et de l’accomplissement du processus.  Le calme doit être ramené et les protagonistes doivent s’engager, en toute bonne foi, à suivre les règles démocratiques, a-t-il souligné.  Au Burundi, les réactions du gouvernement envers la presse et l’opposition ont jeté un voile sur le récent cessez-le-feu obtenu avec les FNL, a-t-il regretté, appelant au renforcement de l’état de droit et au dialogue national.  Le Ministre a rappelé que les dangers dans les États qui sortaient de conflit étaient importants, et qu’il fallait les aider à se reconstruire afin qu’ils puissent assumer leurs responsabilités. 


Insistant également sur le rôle essentiel de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe pendant la guerre froide, il a rappelé que la Belgique avait travaillé au renforcement de l’équilibre entre ses dimensions politique et militaire, économique et humanitaire, ainsi qu’à l’établissement de synergies avec les Nations Unies, notamment dans l’examen des problématiques propres aux pays enclavés ou dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé.  « Certaines des critiques formulées à l’égard des Nations Unies sont justifiées, et nous devons poursuivre le processus de réforme afin d’en renforcer la légitimité, l’efficacité et la crédibilité », a-t-il enfin déclaré, rappelant toutefois que ces critiques ne devaient pas effacer les succès remportés par l’Organisation, notamment le recul au niveau mondial de la pauvreté. 


M. SAM KUTESA, Ministre des affaires étrangères de l’Ouganda, s’est dit préoccupé par l’absence d’accord sur la manière de mettre en œuvre l’Agenda pour le développement.  Il est inacceptable qu’une grande partie de la population mondiale vive avec moins d’un dollar par jour alors que nous avons les moyens de les sortir de l’extrême pauvreté, a-t-il soutenu.  Il s’agit d’une question urgente, et pour cela il nous faut mettre en œuvre le Consensus de Monterrey, le Programme d’action de Johannesburg, et le Programme d’action de Bruxelles.  Il est décevant de constater que peu de progrès aient été enregistrés autour de questions comme l’aide publique au développement, les investissements étrangers directs, la dette et l’accès aux marchés.  Cinq ans après l’adoption du Cycle de Doha, nous n’avons toujours pas été en mesure d’ouvrir les marchés des pays développés aux pays en développement et d’éliminer les subventions.  Cet échec, a ajouté le représentant, est le fait d’une mauvaise gouvernance à l’échelle mondiale, d’une mauvaise coordination et d’une absence de cohérence du système.  Les Nations Unies sont le mécanisme idoine pour le faire.  S’agissant du développement de l’Afrique en particulier, le Ministre a demandé instamment aux partenaires de développement de soutenir le continent en contribuant à la mise en œuvre de leur politique de développement.


Passant à la situation propre à sa région des Grands Lacs, le Ministre a précisé que la sécurité et le développement de la nation ougandaise ne pouvaient pas se faire dans l’isolement.  L’Ouganda est fermement engagé en faveur de la paix, a précisé le Ministre, et a toujours favorisé le dialogue.  L’Ouganda accueille favorablement les développements positifs intervenus dans le Sud du Soudan avec l’établissement d’un gouvernement.  Nous accueillons également avec satisfaction le processus démocratique en République démocratique du Congo et appelons toutes les parties à accorder leur confiance à ce processus pour qu’il devienne une réalité.  Les initiatives régionales au Burundi sous l’égide de l’Ouganda enregistrent des progrès constants.  Nous demandons instamment aux partenaires de développement de soutenir la convocation d’une conférence de paix pour la région des Grands Lacs.  Le Ministre a par ailleurs évoqué les campagnes de terreur menées par l’Armée de résistance du Seigneur et a indiqué que son gouvernement avait pris la décision douloureuse de leur offrir l’amnistie.  Nous sommes toutefois convaincus que notre système traditionnel de justice fournira une solution juste.


M. ABUBAKR AL-QIRBI, Ministre des affaires étrangères du Yémen, a évoqué les élections présidentielles et des conseils locaux qui se sont déroulées récemment au Yémen et qui reflètent l’attachement du pays à la démocratie.  Il a considéré que la destruction du Liban par la “machine de guerre israélienne”, entraînant la mort de nombreux civils, suscite des sentiments de refus par le monde entier du terrorisme d’État.  Il faudrait prévoir une indemnisation du Liban par Israël, a-t-il estimé, souhaitant que le Conseil de sécurité traite ce conflit du Moyen-Orient de façon sérieuse.  Les pays arabes ont demandé que le dossier israélo-palestinien soit examiné par le Conseil de façon responsable, a-t-il insisté.  Si la communauté internationale ne le fait pas, elle devra en assumer les conséquences dans cette partie du monde, a-t-il averti.  Le Ministre a aussi souhaité que soit défendu le Gouvernement iraquien qui a été élu.


En ce qui concerne le Soudan, il a réaffirmé son soutien aux efforts du Gouvernement soudanais pour rétablir le calme sur son territoire.  Toute force internationale installée sans l’accord du Gouvernement soudanais représenterait une violation de la souveraineté du Soudan, selon le Ministre.  S’agissant de la Somalie, il a demandé aux parties de soutenir le Gouvernement somalien dans la phase de reconstruction du pays et pour parvenir à la réconciliation.  Le Ministre a aussi affirmé le droit de tous les pays de développer le secteur nucléaire de façon pacifique.  Il a lancé un appel à la coopération en vue de créer une entité conjointe pour l’utilisation pacifique du nucléaire en partenariat avec l’AIEA.  En ce qui concerne le terrorisme, le Ministre a averti que répandre le fléau du terrorisme ne saurait être toléré.  Il faut trouver une définition du terrorisme et s’attaquer à ses causes profondes, a-t-il insisté.  Il a poursuivi en rappelant l’attachement du Yémen aux Objectifs du Millénaire pour le développement.


Le Ministre a ensuite abordé les réformes menées au Yémen et indiqué que le pouvoir judiciaire y est totalement séparé de l’exécutif.  Les organisations de la société civile sont impliquées dans la recherche de solutions pour lutter contre la pauvreté, a-t-il ajouté.  Au seuil de ce XXIe siècle, nous devons réexaminer les relations internationales pour qu’elles se fondent sur la compréhension mutuelle.  De l’avis du Ministre, la réforme des politiques nationales et celle des politiques internationales doivent se concevoir ensemble.  Il a conclu en se prononçant en faveur de l’augmentation du nombre des membres du Conseil de sécurité, pour une représentation plus équitable des pays en développement.


Droit de réponse


Exerçant son droit de réponse, le représentant de la République islamique d'Iran a déclaré que l'Assemblée générale avait entendu de fausses allégations de la part de la représentante du régime israélien, dont le but était de faire oublier ses crimes au Moyen-Orient.  Le régime israélien fait tous les efforts possibles pour tromper la communauté internationale par des moyens de propagande, fabriqués de toutes pièces et servant d'écran de fumée pour ses crimes de guerre.  Il a ajouté que le régime sioniste a systématiquement violé des résolutions les Nations Unies et que sa politique nucléaire est une menace pour la sécurité et la paix de toute la région et pour le monde.  Ce régime doit être l'objet de pressions afin de l’amener à renoncer à son programme nucléaire.  Le seul obstacle à la création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient est le refus israélien d'adhérer au Traité de non-prolifération nucléaire, a également affirmé le représentant.  Selon lui, les allégations de ce soir illustrent clairement que ceux qui font pression sur mon pays sans fondement travaillent pour ce régime.  Résistance pour eux équivaut à terrorisme, la modération signifie l'acceptation de la subjugation, a-t-il enfin estimé.


Le représentant a également qualifié d'injustifiées les revendications territoriales formulées par les Émirats arabes unis.  Le dialogue entre les deux gouvernements peut jouer un rôle décisif pour dissiper tout malentendu, a-t-il assuré.


Le représentant des Émirats arabes unis a réaffirmé la souveraineté de son pays sur les trois îles évoquées hier par l’Iran et a dénoncé une occupation militaire illégale et illégitime qui viole la Charte des Nations Unies et le droit international.  Il a renouvelé la proposition du Ministre des affaires étrangères de son pays au Gouvernement de l'Iran d'accepter de régler cette question soit par le biais des négociations pacifiques, soit en la soumettant à la Cour internationale de Justice.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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