LE MOYEN-ORIENT AU COEUR DU DÉBAT GÉNÉRAL DE LA SOIXANTE ET UNIÈME SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
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Assemblée générale
Soixante et unième session
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matin & après-midi
LE MOYEN-ORIENT AU COEUR DU DÉBAT GÉNÉRAL DE LA SOIXANTE ET UNIÈME SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Le Secrétaire général, dans son dernier discours inaugural, plaide en faveur d’une Organisation apte à «apporter des solutions à ce monde divisé»
Le contexte de crises et de conflits au Moyen-Orient a marqué, aujourd’hui, l’ouverture du débat général de la soixante et unième session de l’Assemblée générale. Le Président américain, George Bush, s’est adressé directement aux peuples de la région, les assurant que les États-Unis n’étaient pas en guerre contre l’Islam, tandis que le Chef de l’État iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a dénoncé ce qu’il considère comme des abus du Conseil de sécurité sur le dossier du programme nucléaire de son pays.
Ouvrant le débat général, auquel prennent part à chaque début de session les chefs d’État, de gouvernement et autres représentants des États Membres, au nombre de 192 depuis cette année, le Secrétaire général, Kofi Annan, a plaidé en faveur d’une Organisation des Nations Unies apte à «apporter des solutions à ce monde divisé, pour que les peuples puissent accomplir leur destinée commune». «Nous faisons désormais face à un monde dont les divisions menacent la notion même de communauté internationale, alors que la plupart des défis nécessitent une réponse mondiale», a expliqué M. Annan, dans son discours inaugural, le dernier de son double mandat, et qui fut, à ce titre, ovationné.
Le Secrétaire général s’est attardé sur la situation au Moyen-Orient, constatant que «le climat de peur et de suspicion est sans cesse alimenté par la violence», si bien, a-t-il ajouté, que « le conflit israélo-arabe n’est pas un simple conflit régional». Ainsi, selon lui, «aussi longtemps que le Conseil de sécurité n’y mettra pas un terme, les Nations Unies seront de moins en moins respectées et leur impartialité sera mise en cause, portant atteinte à leur capacité à régler d’autres conflits tels que ceux en Iraq ou en Afghanistan».
Pour le Roi Abdullah II de Jordanie, «jamais il n’a été aussi important pour la communauté mondiale d’agir de manière décisive pour obtenir la paix au Moyen-Orient». «Il ne saurait y avoir d’ordre mondial lorsque l’on permet que l’agression et l’oppression se substituent au droit international.» Le Président français, Jacques Chirac, a demandé, de son côté, qu’une réunion rapide du Quatuor -ONU, États-Unis, Fédération de Russie et Union européenne- lance la préparation d’une conférence internationale.
Le Président américain, George Bush, qui s’est adressé directement aux peuples du Moyen-Orient, a défendu la politique de son pays dans la région, les assurant que les États-Unis n’étaient pas en guerre contre l’Islam. «Mon pays désire la paix», a-t-il déclaré. « Nous respectons l’Islam mais nous protégeons notre peuple contre ceux qui pervertissent l’Islam pour semer la mort et la destruction.» M. Bush a en outre affirmé que l’Amérique avait fait le «choix de défendre les modérateurs et les réformateurs».
M. Bush, qui a accusé le régime de Téhéran de priver le peuple iranien de liberté et d’utiliser ses ressources pour financer le terrorisme et chercher à se doter de l’arme nucléaire, a affirmé que celui-ci devait abandonner ses ambitions en matière d’armes nucléaires. Le Président Chirac a estimé que dans cette crise, le dialogue devait prévaloir. «Nous avons fait à ce grand pays des offres de coopération ambitieuses, pourvu qu’il rétablisse la confiance en suspendant ses activités litigieuses», a-t-il dit. Le Chef de l’État iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a assuré, pour sa part, que toutes les activités nucléaires de son pays, membre de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) et engagé dans le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), étaient transparentes, à des fins pacifiques et contrôlées par les inspecteurs de l’AIEA. Il a néanmoins dénoncé, sur ce dossier, des «abus du Conseil de sécurité», qu’il a décrits comme un «instrument de menace et de coercition, source de préoccupations graves».
Plusieurs chefs d’État se sont également inquiétés de la situation au Darfour. M. Chirac a exhorté la communauté internationale à conjurer une nouvelle catastrophe humanitaire et a appelé le Soudan à accepter sans délai la mission de paix des Nations Unies, tandis que M. Bush a annoncé la nomination d’un Envoyé spécial, l’ancien Administrateur de l’Agence américaine pour le développement (USAID), Andrew Natsios, lequel, a-t-il précisé, dirigera les efforts de l’Amérique en vue de rétablir la paix dans le pays. Le Président soudanais, Omer Hassan Al-Bashir, a refusé le déploiement d’une force internationale au Darfour sans le consentement préalable de son Gouvernement, rejetant toutes les tentatives visant à usurper la souveraineté du Soudan.
Par ailleurs, certains dirigeants, comme les Présidents Luiz Inácio Lula Da Silva du Brésil ou Óscar Arias Sánchez du Costa Rica ont défendu la mise en place d’un commerce international transparent et conscient des besoins des pays en développement. Leur homologue bolivien, Evo Morales Aima, venu, a-t-il dit, exprimer la souffrance de son peuple, née de son exclusion, a réclamé un commerce international juste qui permette de résoudre le problème du chômage en tenant compte des petits producteurs et des coopératives. Brandissant une feuille de coca, il a également jugé injuste la pénalisation de la production de celle-ci, emblématique de la culture andine. Le Chef de l’État sud-africain, Thabo Mbecki, a, quant à lui, engagé, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, tous les États à faire individuellement et collectivement tout ce qui est en leur pouvoir pour appliquer des stratégies conduisant au développement durable.
Avant de donner la parole aux dirigeants et représentants des États Membres qui se succéderont jusqu’au 29 septembre à la tribune de l’Assemblée générale, la Présidente de la 61e session, Sheikha Haya Rashed Al Khalifa (Bahreïn), avait invité la communauté internationale à se concentrer sur les plus pauvres et les plus vulnérables. Elle doit continuer à faire du développement l’«objectif central» de l’armature globale des Nations Unies, le développement durable dans ses aspects économique, social et écologique devant en constituer les éléments clefs, avait ajouté Sheikha Haya.
Les Chefs d’État du Brésil, des États-Unis, de l’Afrique du Sud, de la Finlande, du Pakistan, de la France, de la Pologne, de la République du Congo, du Mexique, du Liberia, de la Jordanie, du Ghana, de la Suisse, du Honduras, de Chypre, de Costa Rica, de la Lettonie, de Salvador, du Suriname, de la Bolivie, de l’Iran, du Paraguay, du Soudan, le Premier Ministre de la Norvège et la Vice-Présidente de Kiribati ont pris la parole.
Le débat général se poursuivra demain, mercredi 20 septembre à partir de 10 heures.
DÉBAT GÉNÉRAL
Rapport du Secrétaire général sur l’activité de l’Organisation (A/61/1)
Le Secrétaire général, dans son rapport annuel, le dixième et dernier de son double mandat, dresse un tableau d’ensemble des résultats que l’Organisation a obtenus et des difficultés qu’elle a rencontrées au cours des 12 derniers mois, en les replaçant dans le contexte des grands changements survenus depuis qu’il a pris ses fonctions en 1997. Dans ce même document, il présente à la fois l’activité récente de l’Organisation et les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire, exposés séparément les années précédentes.
Dans l’introduction de son rapport, le Secrétaire général souligne que plus de 70% des dépenses annuelles, qui se chiffrent à 10 milliards de dollars, vont désormais au maintien de la paix et à d’autres activités de terrain, alors qu’il y a 10 ans, ces activités ne représentaient que 50% environ des dépenses dont le total n’atteignait pas les 5 milliards de dollars. Le Secrétaire général, constatant que le phénomène de la mondialisation a dominé les 10 dernières années, estime en outre que l’ONU doit apprendre à travailler avec le monde des affaires et la société civile, en mettant à profit leur riche diversité. Elle doit aller, ajoute-t-il, vers la création de partenariats avec ces acteurs essentiels, pour les amener à des changements salutaires, favoriser la croissance et la sécurité et fournir des services, en particulier sur le terrain.
Développement, paix et sécurité, droits de l’homme, état de droit, affaires humanitaires et renforcement de l’ONU, qui constituent les quatre premières parties du corps du rapport, correspondent aux quatre grands chapitres du Document final du Sommet mondial de septembre 2005, lesquels reprenaient eux-mêmes le rapport du Secrétaire général intitulé « Dans une liberté plus grande ».
Concernant le développement, le Secrétaire général observe que si l’histoire retient 2005 comme l’année des promesses, elle jugera 2006 sur ce qui aura été entrepris pour les tenir. Selon lui, le pronostic est pour l’instant réservé, car, les discours prononcés en 2005 n’ont pas encore eu d’impact direct sur le sort des pauvres, ni donné lieu, sur le plan de l’action, à la percée nécessaire pour atteindre les Objectifs du Millénaire. Si des progrès ont été faits, notamment grâce à l’Initiative d’allègement de la dette multilatérale, dans la lutte contre la propagation des maladies infectieuses et dans la réalisation des Objectifs du Millénaire, ceux-ci demeurent trop limités. Les engagements financiers se font attendre et sont insuffisants, affirme-t-il. De même, la suspension du cycle de négociations de Doha, lancé dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), est, selon lui, préoccupante. Face à l’épidémie de VIH/sida, où une réaction exceptionnelle s’impose, il convient absolument qu’une stratégie ambitieuse et équilibrée de prévention et de traitement soit élaborée et que des fonds suffisants soient dégagés d’urgence, assure le Secrétaire général. Il note en outre que si elle souhaite, dans les années qui viennent, rester fidèle à ses idéaux, l’ONU se doit de répondre mieux encore aux besoins et aspirations des Africains, trop longtemps négligés. En matière d’environnement, il juge urgent de prendre des mesures pour enrayer les changements climatiques, la mise en œuvre d’une action mondiale étant donc une priorité pour l’ONU.
En matière de paix et sécurité, le Secrétaire général estime qu’il faut des ressources considérables pour mener les activités de renforcement des capacités. Il rappelle également, citant les cas du Soudan, de l’Érythrée et du Burundi que l’appui politique des autorités locales est indispensable à l’instauration de la paix et de la stabilité. Constatant que le bilan des activités de consolidation de la paix était loin d’être positif, un pays sur trois, voire un sur eux, retombant dans la guerre moins de cinq ans après le retour à la paix, le Secrétaire général prévoit néanmoins que durant les 10 prochaines années, la Commission de consolidation de la paix, créée le 20 décembre 2005 par l’Assemblée générale, sera au cœur de l’action menée par l’ONU et la communauté internationale pour la consolidation de la paix, aidant l’Organisation à mieux s’acquitter d’un rôle que le Sommet mondial de 2005 a très justement qualifié d’essentiel. S’agissant de la lutte antiterroriste, le Secrétaire général dit avoir bon espoir dans la conclusion d’une convention globale. Selon lui, l’adoption d’une Stratégie mondiale contre le terrorisme est de nature à renforcer les mesures opérationnelles et marquera une avancée historique en montrant que les 192 États membres de l’ONU sont résolus à vaincre le fléau du terrorisme et entendent s’en donner les moyens. Concernant le désarmement et la non-prolifération des armes de destruction massive, le Secrétaire général estime qu’il est plus urgent que jamais de faire sortir les négociations multilatérales de l’impasse et de remettre le désarmement au premier rang des préoccupations de la communauté internationale. Son ambition pour l’ONU du XXIe siècle est de voir s’affermir la détermination à avancer simultanément sur trois fronts: la sécurité, le développement et les droits de l’homme. Dans ces trois domaines, indissociables parce qu’interdépendants, l’échec ne nous est pas permis, écrit-il.
Dans le chapitre consacré à l’état de droit, aux droits de l’homme et aux affaires humanitaires, le Secrétaire général souligne, notamment, qu’il n’y a pas à choisir entre la justice et la paix, même s’il est parfois impossible d’agir sur deux fronts pour les défendre simultanément. Transiger sur ce point serait d’autant plus condamnable qu’il est désormais bien établi que les crimes au regard du droit international ne sont pas amnistiables. La défense de la cause des droits de l’homme est entrée dans une ère nouvelle, dominée par l’action, note-t-il en outre. Les réformes décidées l’an dernier et celles qui se préparent témoignent, selon lui, de cette évolution. Grâce à elles, l’Organisation sera mieux à même de tenir les promesses de la Charte, ajoute-t-il. Le Secrétaire général constate par ailleurs que, dans de nombreux pays, la démocratie s’exerce d’une manière qui ne satisfait pas entièrement aux principes de la bonne gouvernance et dans certains, la démocratisation a cessé de progresser, ou a même subi des revers. La communauté internationale doit être prête à soutenir les pays en voie de démocratisation bien après les élections, faute de quoi les espérances de gouvernance démocratique et développement humain suscitées par celles-ci risquent d’être bien vite déçues, poursuit-il. Enfin, pour que l’ONU soit à l’avenir capable de faire face aux grandes crises humanitaires, il importe, affirme-t-il, de faire d’elle une organisation revigorée, plus efficace et plus transparente dans son action. Aujourd’hui plus que jamais, la nécessité s’impose de réformer et renforcer le dispositif mondial d’aide humanitaire, écrit-il aussi.
S’agissant du renforcement de l’Organisation, et de la réforme du Conseil de sécurité en particulier, le Secrétaire général estime que des décisions rapides offriraient une garantie que les moyens dont disposent les Nations Unies pour promouvoir l’instauration et le maintien de la paix et de la sécurité restent et resteront crédibles au regard des défis actuels et futurs.
Tout au long de son rapport, le Secrétaire général fait apparaître en filigrane les thèmes de la bonne gouvernance. Les États Membres doivent être bien gouvernés et être responsables devant leurs citoyens pour pouvoir nourrir le développement économique et social, instaurer une sécurité durable, et garantir le respect des droits de l’homme et la prééminence du droit, écrit-il. Selon lui, l’Organisation doit être mieux gérée et plus visiblement responsable devant les États Membres pour devenir plus forte et plus efficace. Les gouvernants doivent se montrer responsables vis-à-vis des gouvernés, et les grandes puissances se rappeler leurs devoirs envers ceux dont la vie risque d’être transformée, pour le meilleur ou pour le pire, par les décisions qu’elles prennent, poursuit-il. Pour le Secrétaire général, cela implique que les principes de responsabilité, de transparence et de représentation équitable soient mieux respectés dans toutes les institutions mondiales, et, plus encore, que ces institutions se fassent les porte-parole d’une communauté mondiale fondée sur des valeurs communes, unie par des liens de solidarité et inspirée par le respect mutuel et la compréhension entre les gens de cultures et de traditions différentes.
Déclarations d’ouverture
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que lorsqu’il avait, pour la première fois, pris la parole devant l’Assemblée générale en 1997, l’humanité était confrontée à trois grands défis: faire en sorte que la mondialisation profite à tous, et non pas seulement aux plus favorisés; rétablir l’ordre dans le monde après la guerre froide et le remplacer par un nouvel ordre mondial de paix et de liberté; et protéger les droits et la dignité des personnes, en particulier des femmes. Le Secrétaire général a souligné que ces trois défis concernaient directement l’Afrique, qui risquait fort d’être exclue du cercle des bénéficiaires de la mondialisation. L’Afrique était le théâtre de certains des conflits les plus longs et les plus violents. Il a alors constaté que si des progrès avaient été accomplis au cours de la dernière décennie, les défis avaient aussi évolué pour revêtir de nouvelles formes. Du point de vue économique, la mondialisation et la croissance se sont poursuivies, bénéficiant notamment à certains pays asiatiques. Cependant, leur succès reste à reproduire dans le reste du monde et les bénéfices de ce succès n’ont pas été équitablement répartis. De même, les Objectifs du Millénaire pour le développement ne seront probablement pas atteints d’ici à 2015. La mondialisation n’est pas une lame de fond qui lève tous les navires, a fait remarquer le Secrétaire général. Même parmi ceux qui en bénéficient, certains ne se sentent pas en sécurité et sont amers face au succès apparent des plus privilégiés. La mondialisation qui, en théorie, devrait nous rapprocher, risque en fait de nous scinder davantage, a expliqué le Secrétaire général.
Il a ensuite évoqué les ravages de la guerre. Même si les conflits interétatiques ont diminué, et même si nombre de guerres civiles ont pris fin, des populations restent exposées à des conflits violents. Les individus sont menacés dans le monde entier par la propagation des armes de destruction massive, a rappelé le Secrétaire général, jugeant honteux que le Document final du Sommet de 2005 ne mentionne pas la non-prolifération et le désarmement. Il a ensuite évoqué le terrorisme, qui cause relativement peu de victimes mais répand la peur et l’insécurité, et incite les individus à se replier sur leur communauté en écartant ce qui leur paraît étranger. Alors même que les migrations déplacent des millions de personnes, les stéréotypes qui font le lit d’un « choc des civilisations » se répandent. Les symboles des autres peuples sont parfois ignorés, ce dont se saisissent ceux qui souhaitent lancer une nouvelle guerre de religions. Ce climat de peur et de suspicion est sans cesse alimenté par la violence au Moyen-Orient, si bien que le conflit israélo-arabe n’est pas un simple conflit régional. Aussi longtemps que le Conseil de sécurité n’y mettra pas un terme, les Nations Unies seront de moins en moins respectées et leur impartialité sera mise en cause, portant atteinte à leur capacité à régler d’autres conflits tels que ceux en Iraq ou en Afghanistan.
Le Secrétaire général a ensuite estimé que des progrès significatifs avaient été accomplis pour la primauté du droit et la dignité des êtres humains, puisque davantage de droits ont été ainsi inscrits dans les traités internationaux, et l’Assemblée s’apprête à codifier ceux d’un groupe de personnes qui en ont particulièrement besoin: les personnes handicapées ou moins valides. Cependant, chaque jour les droits de l’homme sont violés, y compris au nom de la lutte légitime contre le terrorisme, et les violations se multiplient au Darfour. Nous faisons désormais face à un monde dont les divisions menacent la notion même de communauté internationale, a-t-il expliqué, alors même que la plupart des défis nécessitent une réponse mondiale. Seules de véritables Nations Unies sont à même d’apporter des solutions à ce monde divisé, pour que les peuples puissent accomplir leur destinée commune. Le Secrétaire général a alors souligné le rôle indispensable que joue l’Organisation au Liban, qui rappelle à quel point elle peut être forte lorsque chacun souhaite qu’elle réussisse.
En conclusion, Kofi Annan a rappelé que c’était la dernière fois qu’il présentait son rapport annuel à l’Assemblée générale, et qu’il partait en conservant un indéfectible espoir dans l’avenir commun de l’humanité.
La Présidente de la soixante et unième session de l’Assemblée générale, SHEIKHA HAYA RASHED AL KHALIFA, a déclaré que la communauté internationale était investie du devoir moral de trouver des solutions collectives aux défis auxquels le monde est aujourd’hui confronté, comme le terrorisme international, le crime organisé, la prolifération de tous les types d’armes, la faim, les maladies, les troubles ethniques, les disparités dans l’accès aux technologies. Les efforts de la communauté internationale doivent se concentrer sur les plus pauvres et les plus vulnérables, a-t-elle affirmé. La Présidente a estimé que la communauté internationale devait continuer à faire du développement l’« objectif central » de l’armature globale des Nations Unies, le développement durable dans ses aspects économique, social et écologique devant en constituer les éléments clefs.
Sheikha Haya a en outre souligné la nécessité de réaliser des progrès dans le domaine de la prévention des conflits. Il est indispensable d’avoir un débat de haut niveau qui puisse déboucher sur un résultat concret sur cette question, a-t-elle dit. Dans le même esprit, il est nécessaire de traiter des causes potentielles spécifiques de tension dans le monde, en particulier dans le domaine du désarmement et de la prolifération des armes de destruction massive, a-t-elle ajouté, appelant les États Membres à se mobiliser en faveur de la mise en œuvre efficace de la Stratégie mondiale contre le terrorisme. De même, il faut redoubler d’efforts en vue de parvenir à un consensus sur une convention globale sur le terrorisme international, a-t-elle affirmé.
S’agissant de la réforme institutionnelle, la Présidente a mis l’accent sur la nécessité de réaliser les engagements figurant dans le Document final du Sommet mondial 2005, tels que le renforcement du Conseil économique et social (ECOSOC), la réforme du Conseil de sécurité et le renforcement de l’organisation et la rationalisation de sa gestion.
Déclarations
M. LUIZ INÁCIO LULA DA SILVA, Président du Brésil, a déclaré que son pays s’était engagé à combattre le fléau de la faim et la pauvreté dans le monde. La faim générait la violence et le fanatisme, a-t-il rappelé. Huit cents millions d’êtres humains- presqu’un habitant sur sept de la planète– n’ont pas assez à manger. Pour atteindre dans les temps voulus les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), la communauté internationale devrait consacrer 50 milliards de dollars supplémentaires chaque année – somme dont la communauté internationale est capable de s’acquitter. « Les pauvres doivent avoir des raisons de vivre, pas de tuer ou de mourir », a encore déclaré le Président Lula. Invoquant le droit de tous au développement économique et social, il a estimé que la paix et la justice devaient guider le nouvel ordre mondial, dans l’intérêt des pays pauvres, des nations émergeantes comme des pays les plus riches.
Le Président brésilien a ensuite évoqué l’« action contre la faim et la pauvreté » de 2004. Il a indiqué que des mécanismes innovants avaient été mis en place depuis son lancement, notamment la taxe de solidarité sur les billets d’avion internationaux. S’agissant de la facilité internationale d’achat de médicaments (UNITAID) pour combattre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme, le Président Lula a expliqué que cette initiative allait permettre de lever de nouvelles sources de financement et de faciliter l’accès aux médicaments.
M. Lula da Silva a par ailleurs estimé que les barrières protectionnistes devaient être supprimées, de manière à rendre le commerce international plus libre et plus juste. C’est en ce sens, a-t-il dit, qu’a été crée le G-20, qui a permis aux pays en développement de faire entendre leur voix dans le Cycle de négociations de Doha pour le développement. Le Président brésilien a toutefois regretté la situation de crise paralysant le cycle. Si les négociations reprennent et vont jusqu’au bout, de nombreuses personnes sortiront enfin de la situation d’extrême pauvreté dans laquelle ils se trouvent. Dans le cas contraire, c’est tout le système de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui verra sa crédibilité entamée, et des fléaux tels que le crime organisé, le trafic de drogue et le terrorisme trouveront un terreau fertile sur lequel prospérer.
Le Président Lula a ainsi plaidé pour l’instauration d’un commerce international transparent et conscient des besoins des pays en développement. Au plan de la paix et de la sécurité internationales, il a dit que la récente crise au Liban avait entamé l’autorité des Nations Unies. Regrettant que les questions liées à la situation au Moyen-Orient aient toujours été abordées par les grandes puissances, il a appelé de ses vœux la tenue d’une conférence des Nations Unies qui réunirait les pays de la région et d’autres susceptibles d’apporter leur propre contribution à la paix.
Saluant la création du Conseil des droits de l’homme et de la Commission de consolidation de la paix, le Président Lula a cependant souhaité que l’autorité des Nations Unies soit renforcée. À cette fin, a-t-il dit, le Conseil de sécurité, l’organe chargé de superviser les questions de paix, doit être élargi en acceptant comme membres permanents des pays en développement.
Enfin, M. Lula da Silva a indiqué que la politique étrangère de son pays était liée à celle des ses voisins. Il a dit qu’une Amérique du Sud forte et unie contribuera à l’intégration accrue de l’Amérique latine et des Caraïbes au nouvel ordre mondial.
M. GEORGE W. BUSH, Président des États-Unis, a rappelé que son pays avait commémoré, la semaine dernière, le cinquième anniversaire des attentats terroristes du 11 septembre qui ont tué près de 3 000 personnes innocentes. Depuis lors, les ennemis de l’humanité ont poursuivi leurs activités meurtrières, attaquant plus de deux douzaines de pays, a-t-il affirmé, ajoutant que récemment, un groupe extrémiste avait provoqué un terrible conflit au Liban. Le monde est exposé à un conflit entre des extrémistes qui utilisent la terreur et des gens modérés qui œuvrent pour la paix, a-t-il dit. Le Président a indiqué qu’il plaiderait aujourd’hui en faveur d’un monde d’espérance, où les voix de la modération seraient renforcées et où les extrémistes seraient marginalisés. Ce monde peut être le nôtre si nous voulons l’édifier ensemble, a-t-il assuré.
M. Bush a estimé que commençait à se dessiner et à s’ancrer au Moyen-Orient un avenir meilleur. Il a ainsi fait état de progrès spectaculaires enregistrés en Afghanistan, qui dispose d’un siège à l’Assemblée générale des Nations Unies représentant un Gouvernement librement désigné, ou en Iraq, dont le siège est occupé par un Gouvernement démocratique incarnant les aspirations du peuple iraquien. Certains des changements au Moyen-Orient se produisent progressivement, mais ils sont bien réels, a-t-il dit, évoquant des élections en Algérie, dans les Émirats arabes unis, au Koweït, en Arabie saoudite, en Jordanie, à Bahreïn, au Yémen ou en Égypte. Ce sont des pas en avant importants, a-t-il déclaré. Selon lui, les gouvernements devraient avancer sur cette voie en disant qu’ils font confiance à leurs peuples. La destination est la même, a-t-il ajouté, celle d’une société libre où les peuples vivent en paix entre eux et avec le reste du monde. Le Président américain s’est élevé contre l’idée fausse selon laquelle les changements démocratiques intervenus au Moyen-Orient engendreraient l’instabilité. La stabilité que nous croyions voir auparavant était un mirage, a-t-il souligné, évoquant une génération désillusionnée par des décennies d’oppression et constituant un terreau fertile pour l’extrémisme. Toutes les nations civilisées, y compris dans le monde musulman, doivent appuyer le processus démocratique, a-t-il poursuivi. Nous devons être solidaires avec les régimes attachés à la démocratie et qui font des efforts pour rechercher la stabilité dans un Moyen-Orient libre et juste, où les extrémistes sont marginalisés et où des millions de citoyens contrôlent leur propre destin, a-t-il affirmé.
M. Bush s’est ensuite adressé directement aux peuples de plusieurs pays de la région. Mon pays désire la paix, leur a–t-il dit, ajoutant: « Des extrémistes parmi vous sèment la propagande selon laquelle l’Occident serait engagé dans une guerre contre l’Islam. Cette propagande est fausse et son but est de semer la confusion et justifier des actes de terroristes », a-t-il déclaré. Nous respectons l’Islam mais nous protégeons notre peuple contre ceux qui pervertissent l’Islam pour semer la mort et la destruction. Notre but est d’édifier des sociétés plus tolérantes et qui œuvrent à l’édification de la paix. S’adressant au peuple iraquien, il l’a assuré que son pays ne l’abandonnerait pas dans sa lutte pour édifier une nation libre, qu’il continuerait ses efforts en vue de lui apporter une assistance internationale et des investissements et d’aider ceux qui sont volontaires pour combattre les ennemis de la liberté. Vos dirigeants doivent être à la hauteur des défis auxquels vous êtes confrontés, lui a-t-il également dit. Déclarant respecter le courage et la détermination du peuple afghan à vivre dans la paix, il lui a assuré que les États-Unis se tiendraient à son côté pour défendre ses acquis, à vaincre ses ennemis et à bâtir un Afghanistan libre. Au peuple du Liban, il a rappelé que l’ONU avait adopté une bonne résolution qui vise à garantir au Liban sa souveraineté sur son territoire. Aux Iraniens, il a exprimé le respect et l’admiration que leur portent les États-Unis. Nous respectons votre pays, nous admirons la richesse de votre histoire et vos nombreuses contributions à la civilisation, a-t-il souligné, ajoutant néanmoins que le plus grand obstacle à leur avenir provenait de leurs dirigeants qui les privaient notamment de liberté et utilisaient les ressources de leur nation au bénéfice du terrorisme et pour produire des armes nucléaires. L’ONU a adopté une résolution claire, a-t-il ajouté, notant que Téhéran devait abandonner ses ambitions en matière d’armes nucléaires. Nous œuvrons en faveur d’une solution diplomatique pour mettre un terme à cette crise, et ce faisant, nous attendons le jour où vous pourrez vivre libres, et où l’Amérique et l’Iran pourront êtres bons amis et de bons partenaires pour la cause de la paix, a-t-il poursuivi. S’adressant au peuple de Syrie, il a estimé que son Gouvernement devait choisir une meilleure voie en mettant fin à son appui à la terreur. Au peuple du Darfour, il a indiqué que le régime de Khartoum empêchait le déploiement d’une force internationale pour venir lui apporter assistance. S’il n’approuve pas le déploiement de cette force, les Nations Unies doivent agir, a-t-il déclaré, ajoutant: « Vos vies et la crédibilité des Nations Unies en dépendront ». Il a également annoncé la nomination d’un envoyé spécial pour le Darfour, l’ancien responsable de l’Agence américaine pour le développement (USAID), Andrew Natsios lequel, a-t-il précisé, dirigera les efforts de l’Amérique en vue de régler les dossiers en suspens et d’aider au retour à la paix. Enfin, le Président américain s’est adressé aux peuples de la Terre sainte, plaidant en faveur d’une solution qui permettrait à deux États de vivre en paix côte à côte, Israël et la Palestine. Le monde attend de voir si le Gouvernement palestinien dirigé par le Hamas tiendra ses promesses ou maintiendra ses activités terroristes, a-t-il dit. M. Bush s’est déclaré optimiste en soulignant que la paix pouvait être réalisée et qu’un État palestinien démocratique était possible. En appuyant les forces de la démocratie, nous pouvons aider les Israéliens et les Palestiniens à réaliser la paix, a-t-il affirmé. La liberté, de par sa nature, ne peut pas être imposée, elle doit être choisie, a-t-il observé. De Beyrouth à Bagdad, les peuples ont fait ce choix de la liberté, a-t-il ajouté, appelant les pays présents dans la salle de l’Assemblée générale à suivre la même voie. L’Amérique a fait son choix, celui de défendre les modérés et les réformateurs, a-t-il conclu.
M. THABO MBEKI, Président de l’Afrique du Sud, a déclaré au nom du Groupe des 77 et de la Chine que, six ans à peine après le début du deuxième millénaire, ce siècle devait être le siècle de l’Afrique et des grands espoirs, celui qui la verrait se transformer. Il a jugé que la dynamique de réformes de l’ONU devait se poursuivre plus en avant, afin que l’Organisation puisse conserver sa haute stature et son autorité morale. Nous avons élaboré ensemble des plans concertés et des déclarations courageuses pour venir à bout de la pauvreté et du sous-développement, a-t-il rappelé. Nous nous sommes engagés, avec ce qui paraissait être une nouvelle vigueur, à transformer les Nations Unies afin que l’Organisation reflète mieux le monde moderne caractérisé par des nations libres et souveraines.
Le Président a constaté que depuis plus d’une décennie, certains pays développés se sont opposés à la mise en œuvre des accords convenus. Il a évoqué l’échec d’un partenariat mondial pour le développement: comment aboutir à un partenariat pays riches/pays pauvres pour le développement en l’absence d’un pacte mutuel de responsabilité entre les donateurs et les récipiendaires, a-t-il interrogé. Il est impossible de parvenir à un tel partenariat quand les pays riches exigent le droit, unilatéralement, de fixer les programmes et les conditions pour les mettre en œuvre.»
Le Président a attribué à l’indifférence et à l’égoïsme le fait que le Consensus de Monterrey sur le financement du développement n’a pas été appliqué, ce qui a encore accru les difficultés auxquelles se heurtent les pays en développement, essentiellement en Afrique, pour réaliser les Objectifs du Millénaire. Il a engagé tous les États à faire individuellement et collectivement tout ce qui est en leur pouvoir pour appliquer des stratégies conduisant au développement durable. Dans cet objectif, il a précisé qu’à ses yeux, il était important que des organisations internationales comme les institutions de Bretton Woods ou l’Organisation mondiale du travail puissent s’impliquer sans tergiverser dans la réalisation des objectifs que la communauté internationale s’était donnés. Car à l’avenir, l’Organisation des peuples du monde ne pourrait certes pas accepter que l’Afrique ne puisse parvenir aux Objectifs du Millénaire pour 2015.
Nous devons, a-t-il ajouté, aller plus loin encore, et par exemple nous pencher sur des programmes de développement accélérés en Afrique afin que ce continent ne sombre davantage dans les affres de la pauvreté et du sous-développement. Nous devons tous comprendre aujourd’hui que le développement est un droit et que l’Afrique doit pouvoir en jouir en toute dignité. Sachez, a-t-il lancé, que des millions de personnes attendent impatiemment, années après années, de pouvoir apprécier concrètement les fruits des promesses et réformes qui n’arrivent pas. Mais ils attendent toujours et deviennent de plus en plus impatients.
Prenant la parole au nom de l’Union européenne, Mme TARJA HALONEN, Présidente de la Finlande, a affirmé que les récents événements tragiques survenus au Liban, en Israël et dans les territoires palestiniens occupés démontraient une fois de plus la nécessité de parvenir à une paix juste et durable au Moyen-Orient. Le processus de paix doit déboucher sur la création d’un État palestinien viable et indépendant, vivant en paix et en toute sécurité aux côtés d’Israël. Mme Halonen a rappelé l’attachement de l’UE au droit humanitaire et a condamné la mort de centaines de civils au Liban ou en Israël lors du récent conflit. Par ailleurs, elle a souligné que de nombreux accords de paix avaient été conclus en Afrique subsaharienne, avant de déplorer la détérioration de la situation humanitaire au Darfour et de demander fermement au Gouvernement du Soudan d’autoriser une opération des Nations Unies.
Mme Halonen a ensuite rappelé que le terrorisme devait être combattu dans le cadre d’une coopération internationale aux Nations Unies. Elle a donc appelé les États Membres à aboutir rapidement à un consensus sur une convention globale contre le terrorisme, tout en soulignant l’importance de la prévention. De même, elle a souligné que la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive devait être multilatérale, avant de demander à la République populaire démocratique de Corée et à l’Iran d’appliquer les résolutions du Conseil de sécurité. Mme Halonen a par ailleurs rappelé que le développement constituait le fondement de la paix dans le monde, et que la dimension sociale de la mondialisation, dont le droit à un emploi décent, devait faire l’objet d’une attention particulière. Elle a ensuite relevé que l’Afrique subsaharienne ne serait pas à même d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement d’ici 2015, et que l’Union européenne allait accroître son aide à cette région. Enfin elle a rendu hommage au Secrétaire général, M. Kofi Annan, le remerciant d’avoir donné un visage humain à l’Organisation.
Le général PERVEZ MUSHARRAF, Président du Pakistan, a déclaré que la coopération multilatérale est la clef pour s’attaquer aux défis du XXIe siècle, qu’il s’agisse des différends politiques, du terrorisme, de la prolifération des armes, de la pauvreté, de la faim, des maladies ou encore des inégalités économiques ou des catastrophes naturelles. Le Président pakistanais a indiqué que son pays avait, au cours des six dernières années, réformé ses institutions économiques et son mode de gouvernance. La démocratisation du Pakistan, a-t-il souligné, allait dans le sens d’un soutien accru aux groupes les plus vulnérables, notamment aux femmes, aux pauvres et aux minorités. L’une des stratégies que privilégie le Pakistan, a encore précisé le Président Musharraf, consiste à utiliser notre position géostratégique unique pour renforcer l’intégration régionale, créer des couloirs commerciaux, énergétiques, et de communications reliant l’Asie du Sud, l’Asie occidentale, l’Asie centrale et la Chine, et accélérer notre propre croissance économique en Asie du Sud. Et si, ce faisant, le Pakistan doit faire face à de nombreux défis, nous nous efforçons de bâtir un environnement de paix et de stabilité dans cette région.
M. Musharraf a expliqué que son pays est engagé dans un processus de paix avec l’Inde, le but étant en particulier de parvenir à une solution au différend sur l’administration du Jammu-et-Cachemire. À cet égard, il s’est dit confiant en vue de sa rencontre avec le Premier Ministre indien Manmohan Singh, qui se tiendra prochainement à la Havane et dont l’issue sera décisive pour le futur des deux pays et pour la paix en Asie du Sud. Réaffirmant sa volonté de ne pas prendre part à une course aux armements, le Président pakistanais a néanmoins rappelé que son pays avait le droit légitime de produire de l’énergie nucléaire afin de répondre aux besoins de l’économie nationale en la matière. En tant qu’État responsable, a-t-il ajouté, nous continuerons à développer notre technologie nucléaire sous le contrôle du régime de sauvegardes de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Nous n’acceptons aucune discrimination dans le domaine nucléaire, a toutefois prévenu le Président Musharraf.
Il a ensuite évoqué la situation en Afghanistan, en déplorant la résurgence des Taliban, qui, a-t-il dit, sapent les efforts du Pakistan en matière de lutte contre les extrémistes et le terrorisme. Il a estimé que le soutien de la communauté internationale était indispensable dans le contexte actuel pour, entre autres, aider les quelque trois millions d’Afghans réfugiés au Pakistan à retourner dans leur pays.
S’agissant de la lutte antiterroriste, le Président pakistanais a jugé qu’il serait plus efficace, au lieu de ne s’attaquer que frontalement à ce fléau, de résoudre les conflits qui affectent le monde islamique. Il a ainsi déclaré qu’il fallait mettre fin à l’occupation étrangère et à l’« élimination » des peuples musulmans. Sinon, a-t-il ajouté, le terrorisme et l’extrémisme continueront de recruter parmi les exclus musulmans du monde entier.
Évoquant la crise libanaise, le général Musharraf a estimé qu’il est temps de mettre un terme aux différends d’Israël avec ses voisins. « Il est temps, d’abord et avant tout, de mettre fin à la tragédie palestinienne », a-t-il lancé.
Le Président pakistanais a émis le souhait que la crise iranienne soit réglée par des moyens pacifiques. Par ailleurs, il a plaidé pour un commerce international équitable, de sorte que les potentialités en matière de développement de celui-ci soient pleinement exploitées.
Enfin, le Président Musharraf a souligné l’importance d’une réforme du Conseil de sécurité de l’ONU, et ce, afin de rendre le fonctionnement de cet organe plus démocratique, transparent et inclusif. La réforme du Conseil, étant d’un intérêt vital pour chaque État Membre, doit pouvoir s’appuyer sur le consensus le plus large possible, a-t-il dit.
M. JACQUES CHIRAC, Président de la France, a consacré le début de son discours au conflit du Moyen-Orient qui, depuis 60 ans, a-t-il précisé, ponctue par ses tragédies la vie des Nations Unies et est devenu l’épicentre de l’instabilité internationale, la source première de l’incompréhension entre les mondes, l’alibi facile de tous les terrorismes. S’agissant du Liban, il a estimé qu’il n’y avait pas de fatalité à cette situation. Si l’adoption, à l’unanimité, de la résolution 1701 du Conseil de sécurité a fait taire les armes, le feu couve toujours, a-t-il observé, ajoutant qu’il incombait maintenant à toutes les parties d’œuvrer à la consolidation de la paix et au relèvement du Liban. Il a en outre demandé à Israël d’achever le retrait de ses forces et au Gouvernement libanais d’affirmer sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire, et aux pays de la région de coopérer pleinement au succès de la résolution, avec l’ONU. Ne laissons plus les extrémistes dicter leur loi! a déclaré le Président français, ajoutant: « Aidons peuples et dirigeants à avoir à nouveau l’audace de la paix! Comme Sadate et Begin, Rabin et Arafat avant eux! » Il a ainsi appelé le monde à s’engager pour rétablir les conditions de la confiance. M. Chirac a demandé qu’une réunion rapide du Quatuor lance la préparation d’une conférence internationale. Il a proposé que cette conférence établisse par avance les garanties que nous sommes prêts à apporter aux parties dès qu’elles seront parvenues à un accord et qu’elle pose les jalons d’un nouvel avenir au Moyen-Orient, à travers un cadre régional de sécurité collective, l’intégration économique et le dialogue des cultures.
Le Président français a en outre assuré que le dialogue devait prévaloir dans la crise avec l’Iran. Nous avons fait à ce grand pays des offres de coopération ambitieuses, pourvu qu’il rétablisse la confiance en suspendant ses activités litigieuses, a-t-il déclaré. Discutons afin d’entrer dans la négociation, a-t-il affirmé. S’agissant de la situation au Darfour, il a exhorté la communauté internationale à conjurer une nouvelle catastrophe humanitaire et a appelé le Soudan à accepter sans délai la mission de paix des Nations Unies. Il a appelé de même la Cour pénale internationale à rechercher activement les responsables de ces crimes.
Évoquant le lancement dans l’après-midi du programme UNITAID, lequel vise à faciliter l’achat de médicaments contre la tuberculose, le paludisme et le VIH/sida, le Président français a également souligné que la France portait l’ambition de financements innovants pour le développement, comme la contribution internationale de solidarité sur les billets d’avion. Afin d’éviter une sorte de lent suicide collectif provoqué par une activité humaine non maîtrisée, il a par ailleurs appelé au rassemblement des nations autour d’engagements consentis en commun en créant l’Organisation des Nations Unies pour l’environnement, conscience écologique du monde, lien privilégié de l’action commune pour les générations futures. Il a précisé que la France accueillerait l’an prochain, dans une conférence internationale, tous ceux qui veulent faire progresser ce projet capital pour l’avenir de la planète.
M. LECH KACSZYŃSKI, Président de la Pologne, a rappelé tout ce que le mot solidarité pouvait signifier en son pays. Le mouvement « Solidarité », a-t-il précisé, a conféré, il y a peu, à la Pologne sa souveraineté, sa liberté tout en contribuant à la chute du mur de Berlin. Certes nous avons souffert par le passé de guerres incessantes et de pauvreté et l’expérience de sortir d’un régime totalitaire par le développement nous confère une sensibilité, une compréhension particulière des besoins de pays qui empruntent la même voix que celle qui fut jadis la nôtre. De fait, poursuivit-il, cette solidarité polonaise a trouvé son origine dans l’idée simple qu’il existe une valeur universelle entre les cultures, les religions et les traditions qu’il revient à tous d’apprécier et d’utiliser. Or, il se pourrait, a-t-il dit, que cette même valeur soit redécouverte à l’aube d’un nouveau monde fondé sur le droit des nations et des peuples à vivre dignement.
Aujourd’hui la Pologne est un État fort et indépendant, un membre actif de l’Union européenne ainsi qu’un allié des États-Unis. Dépassant des expériences douloureuses, la Pologne libre a ouvert un nouveau chapitre de ses relations avec l’Allemagne et a entamé avec son voisin des relations amicales. Elle veut aussi les meilleures relations possibles avec la Russie.
Aujourd’hui, la Pologne est un pays à développement rapide qui ne bénéficie plus de l’aide de la communauté internationale, mais qui voudrait en retour payer sa dette, participer du mieux qu’elle peut aux partenariats envisagés en vue du développement durable dans les pays en développement. Affichant clairement sa position de soutien aux grandes lignes de la politique de coopération entre les Nations Unies et l’Union européenne, il a précisé qu’il était difficile d’ignorer la dissonance dramatique dans le concert des nations entre la pauvreté et l’incroyable ascension du progrès technique et technologique. Des lors, quel sens donner à la solidarité dans son aspect global quand de nouveaux murs surgissent– murs politiques, économiques, culturels?
Pour Lech Kacszyński, il faut avant tout lutter contre la pauvreté dans le monde en usant de tous les leviers possibles, et notamment des programmes de réformes à long terme, seuls susceptibles de favoriser le développement durable. La promotion de la solidarité trouvera ainsi sa dimension économique. Car là où il n’y a pas de liberté, pas de respect des droits de l’homme, les conditions nécessaires à l’exercice d’un mieux-vivre sont quasi inexistantes. Il a souligné par ailleurs que la question de la sécurité énergétique n’irait pas, dans un avenir proche, sans une politique de plus grande diversification des sources d’approvisionnement.
M. DENIS SASSOU NGUESSO, Président du Congo et Président en exercice de l’Union africaine, a rendu hommage à « un grand fils de l’Afrique », M. Kofi Annan, pour son action à la tête du Secrétariat général de l’ONU. Il a réaffirmé sa foi dans le multilatéralisme, estimant que les défis multiples de notre temps doivent être affrontés collectivement. Pour éradiquer la violence armée, nous devons nous atteler à la recherche de la paix par la prévention et le règlement des conflits, a-t-il affirmé. À cet égard, le Président a jugé primordial le rôle du Quatuor pour trouver une solution juste et durable au Moyen-Orient.
En ce qui concerne l’Afrique, il a noté les évolutions positives en République démocratique du Congo et souhaité que tout soit mis en œuvre pour un aboutissement heureux du processus électoral. Se réjouissant de la consolidation de la paix en cours dans des pays comme le Burundi, le Libéria ou la Sierra Leone, il a cependant mis l’accent sur les crises que connaissent la Côte d’Ivoire, le Soudan et la Somalie. Dans la recherche de voies de sorties de ces crises, il a souhaité voir se développer le partenariat entre l’Union africaine (UA) et l’ONU, citant l’exemple du Groupe de travail international pour la Côte d’Ivoire. Il a aussi rappelé que se tiennent actuellement à New York les assises du Conseil de paix et de sécurité de l’UA sur le Darfour, et appelé le Gouvernement soudanais à prendre toute la mesure de la tragédie. S’agissant de la Somalie, il a appelé la communauté internationale à soutenir les efforts visant à rétablir la paix et la réconciliation dans le pays.
Sur le thème des Objectifs du Millénaire pour le développement, le Président a rappelé le manque de ressources et le besoin de rechercher des financements nouveaux. Il a apprécié à cet égard la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida visant l’accès universel à la prévention, au traitement et aux soins d’ici à 2010, et salué l’initiative UNITAID consistant à mobiliser des ressources à partir d’une taxe sur les billets d’avion. Citant les différentes actions prises au niveau de l’Afrique pour éradiquer les maladies infectieuses, il a indiqué que l’UA a déclaré un « état d’urgence en Afrique ». Sur la question relative aux migrations et au développement, le Président a évoqué la position commune de l’UA adoptée à Banjul. Quant à la réforme de l’ONU, le Président Sassou Nguesso a souhaité voir améliorer la représentativité du Conseil de sécurité, conformément à la proposition africaine d’un élargissement équitable, et dynamiser l’Assemblée générale.
M. VICENTE FOX, Président du Mexique, a condamné, à la suite des commémorations récentes du 11 septembre, tout acte perpétré contre la paix et toute action qui contreviendrait aux principes et buts de l’ONU. Pour le Président mexicain, les États Membres des Nations Unies savent combien les menaces pesant sur la paix et la sécurité, ainsi que les retards accumulés en matière de développement, sont la conséquence d’un dialogue et d’une coopération internationaux insuffisants. Réaffirmant la foi de son pays dans le rôle de l’ONU, le Président Fox a formé le souhait que les nations s’unissent pour préserver les générations futures du fléau de la guerre. Le message du Mexique est celui-ci, a-t-il lancé: un message de paix, d’espoir dans ce que nous sommes capables d’accomplir ensemble; un message de confiance dans le travail effectué par « nos » Nations Unies.
Évoquant la démocratisation dans son pays, M. Fox a indiqué que la politique de son gouvernement était conduite dans le respect des droits de l’homme et en vue d’améliorer plus concrètement les conditions de développement des groupes les plus vulnérables de sa société. Il a insisté sur l’attention que porte le Mexique à la situation de ses peuples autochtones. À cet égard, il s’est félicité de l’engagement pris par les membres du nouveau Conseil des droits de l’homme de soumettre prochainement pour examen à l’Assemblée générale, le projet de déclaration sur les droits de ces peuples. Le Président mexicain a appelé l’ensemble des États Membres à adopter ce texte.
En ce qui concerne la réforme de l’Organisation, M. Fox s’est dit convaincu de la nécessité de réformer le Conseil de sécurité. Cela, a-t-il toutefois précisé, ne doit pas passer par une augmentation du nombre de ses membres permanents. Aux yeux du Président mexicain, la réforme doit permettre in fine à tous les États Membres de participer plus fréquemment aux travaux de cet organe. C’est en ce sens qu’il a indiqué que le Mexique était partisan d’un élargissement du nombre des membres non permanents du Conseil de sécurité.
Mme ELLEN JOHNSON-SIRLEAF, Présidente du Libéria, a estimé que la soixante et unième session de l’Assemblée générale devait s’attacher à assurer l’équité des structures de développement, du commerce et des finances, du fait que les pays en développement devaient toucher eux aussi les dividendes de la mondialisation. Elle a affirmé que les Nations Unies ne pouvaient plus opérer avec des structures conçues 61 ans auparavant, et qu’il fallait remédier à la représentation inéquitable des peuples du monde au sein du Conseil de sécurité. À son avis, une réforme de l’Organisation était nécessaire, et il fallait s’assurer que toutes les nations, quelle que soit leur taille, sont traitées sur un pied d’égalité.
Après avoir évoqué son attachement à l’égalité entre les sexes, Mme Johnson-Sirleaf a rappelé que le Libéria avait organisé en 2005 des élections législative et présidentielle. Elle a remercié les Nations Unies pour leur rôle crucial dans la transition du pays vers la paix, et notamment les membres de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL). Le Libéria s’efforce désormais de développer des relations harmonieuses avec les États voisins, a-t-elle poursuivi. Par ailleurs, elle a appelé les parties en Côte d’Ivoire à mettre un terme à leur différend, et elle s’est inquiétée de l’impasse dans la situation au Darfour, dénonçant le manque de volonté de la communauté internationale concernant le déploiement ou le maintien d’une force internationale dans la région. Mme Johnson-Sirleaf a ensuite salué l’organisation d’élections démocratiques en République démocratique du Congo. Elle a souligné que l’Afrique resterait à la marge de la mondialisation si les gouvernements ne se mobilisaient pas. Enfin elle a affirmé la volonté du Libéria de se joindre aux efforts de lutte contre le terrorisme. « Ma présence à l’Assemblée générale témoigne de la renaissance de mon pays », a-t-elle conclu.
Le Roi ABDULLAH II BIN AL HUSSEIN de Jordanie, a déclaré qu’il s’exprimait aujourd’hui devant l’Assemblée générale avec un sentiment profond d’urgence. Jamais il n’a été aussi important pour la communauté mondiale d’agir de manière décisive pour obtenir la paix au Moyen-Orient, a-t-il affirmé. Selon lui, la crise récente au Moyen-Orient est une crise pour toutes les nations. Il ne saurait y avoir d’ordre mondial lorsque l’on permet que l’agression et l’occupation se substituent au droit international, a-t-il fait remarquer. Les jeunes de la région se demandent où est la justice, où est la volonté de la communauté internationale, a-t-il souligné, ajoutant: « Nous devons leur répondre en établissant une paix durable, fondée sur la légalité internationale ». Ceci, a-t-il dit, implique que l’on se concentre sur des modalités nouvelles, sur les problèmes fondamentaux. À ses yeux, les crises contemporaines de la région sont l´émanation de l’occupation israélienne et du déni des droits palestiniens. Tant que l’on ne redressera pas ce tort, le conflit engendrera le conflit, année après année, a-t-il assuré.
Le Roi de Jordanie a également estimé que le moment était venu de suivre une voie meilleure. Au Liban, a-t-il dit, nous devons veiller à ce que le Gouvernement puisse exercer sa souveraineté sur tout le territoire libanais, tandis que le monde arabe et la communauté internationale doivent exercer tous leurs efforts pour soutenir la reconstruction et le développement. Il s’agit de mesures capitales, mais au Moyen-Orient, il ne s’agit que de mesures partielles, a-t-il dit. Selon lui, nous ne pourrons résoudre le conflit israélo-palestinien que si nous nous attaquons au cœur de la question, à savoir la restauration des droits palestiniens internationalement reconnus. Les événements montrent clairement qu’il ne saurait y avoir de solution unilatérale au conflit, a-t-il observé, plaidant en faveur d’un partenariat authentique dans le contexte de la légalité et de la justice internationales. Un tel partenariat mondial pour la paix est directement lié au partenariat mondial pour le développement, a-t-il déclaré. Nous devons faire de la paix une priorité, a ajouté le Roi de Jordanie, concluant qu’il convenait d’agir maintenant.
M. JOHN AGYEKUM KUFUOR, Président du Ghana, rappelant les décisions du Sommet mondial de 2005, a déclaré que son pays attache la plus haute importance à celle invitant les pays en développement à mettre en place et à commencer à implanter avant 2006, des stratégies nationales en vue de parvenir aux buts fixés, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement. Aussi le Ghana a-t-il œuvré sans répit en ce sens, convaincu que ses partenaires de développement appuieraient ses efforts.
Le Président a fait part de sa conviction selon laquelle une bonne gouvernance, des pratiques saines de gestion et l’état de droit sont indispensables pour parvenir au développement durable. Une solide culture démocratique a ainsi été établie dans le pays ainsi qu’en témoignent les élections transparentes des 15 dernières années au Ghana et l’essor marqué des médias. Par ailleurs, le Ghana s’est soumis de plein gré au mécanisme africain d’évaluation par les pairs dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique, a-t-il ajouté.
Le Président a fait part de sa préoccupation au sujet de la multiplication des actes de terrorisme et s’est prononcé pour la conclusion de la convention globale sur la question ainsi que pour l’élimination des armes nucléaires, un travail qui ne peut être accompli sans l’assistance de l’ONU.
Revenant à la situation qui prévaut en Afrique, le Président du Ghana a rappelé que la prolifération des armes légères et de petit calibre est un défi de taille, notamment en Afrique. Il a salué les nombreuses initiatives de l’ONU à cet égard tout en soulignant que beaucoup reste à faire. En ce qui concerne les opérations de maintien de la paix, il a rappelé que le Ghana y avait contribué régulièrement, et affirmé que la collaboration entre l’ONU et l’Union africaine était indispensable.
Le Président a rappelé qu’une des retombées de taille du Sommet de 2005 a été la création de la Commission de consolidation de la paix dont le Ghana est membre, et celle du Conseil des droits de l’homme. Le Ghana a été élu à cet organe avec le plus grand nombre de voix.
Le Président a salué l’immense contribution du Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, un compatriote, qui au cours de ses deux mandats a su laisser un héritage qui a d’ores et déjà façonné l’Organisation et les affaires de ce monde.
M. MORITZ LEUENBERGER, Président de la Suisse, a rappelé qu’il y a cinq ans son pays devenait Membre des Nations Unies. La Suisse est heureuse d’avoir franchi le pas, a-t-il assuré, convaincu que l’ONU permet mieux que n’importe quelle autre organisation de travailler à la réalisation de la paix. Il a constaté que les guerres, le terrorisme, les trafics de drogue, les délocalisations et les catastrophes climatiques ou écologiques n’épargnent pas les nations puissantes. Mais la force et la violence s’effaceront à coup sûr devant le droit si nous arrivons à nous unir et à nous doter de normes universelles, a estimé le Président. En Suisse, a-t-il expliqué, les valeurs gravitent autour de trois axes: la démocratie, l’état de droit et l’équilibre social. En ce qui concerne la solidarité, le Président Leuenberger a apprécié l’aide humanitaire apportée par l’ONU aux victimes des catastrophes naturelles et des guerres, mais a relevé que lorsque l’Organisation ne peut remplir ses devoirs humanitaires, le désespoir et la violence augmentent et attisent les conflits, comme au Moyen-Orient et au Darfour.
Le Président a aussi mis l’accent sur la nécessité pour la communauté internationale d’édicter des normes, de même qu’un État se dote de lois. Il a invité à créer de nouveaux instruments, citant la convention sur le terrorisme, et dénoncé le recours à la torture dans la lutte contre le terrorisme. Évoquant la création de la Cour pénale internationale, le Président a émis l’espoir que les criminels de guerre, notamment du Darfour, ne resteront pas impunis. Le Président Leuenberger a aussi salué la création du Conseil des droits de l’homme et de la Commission de consolidation de la paix des Nations Unies, qui redonnent de nouvelles impulsions à des valeurs comme la protection des droits de l’homme. Concernant le Conseil de sécurité, il a émis le souhait qu’il soit réformé et élargi, pour éviter notamment que des petits groupes d’États ou des pays imposent leur loi. Pour y arriver, il a suggéré de procéder par des améliorations ponctuelles de ses méthodes de travail, notamment du droit de veto.
Le Président de la Suisse a ensuite invité à trouver les causes des conflits sociaux, puis à aller aux racines du mal. À cet égard, il a évoqué notamment la nécessité pour tous les pays d’adopter les objectifs arrêtés à Kyoto, d’utiliser de façon raisonnable les ressources en eau, de promouvoir la tolérance religieuse et le dialogue entre les cultures et les religions. Pays neutre, la Suisse a toujours travaillé à l’instauration de la paix et au respect du droit international, a-t-il ajouté. Les liens affectifs que les hommes doivent tisser avec les institutions communautaires peuvent faire obstacle aux guerres, comme le croyait Albert Einstein. Pour le Président, cela ne peut se faire que grâce à des personnes qui s’engagent, comme l’a fait Kofi Annan en sa qualité de Secrétaire général de l’ONU.
M. JOSE MANUEL ZELAYA ROSALES, Président du Honduras, a déploré les énormes disparités qui séparaient les pays riches des pays pauvres. S’insurgeant contre les nouvelles « tyrannies économiques », il a stigmatisé l’insensibilité d’un marché impitoyable et protectionniste. La liberté de circulation doit servir la cause des peuples, et en particulier celle du développement des groupes humains les plus vulnérables. Les petits entrepreneurs exclus du marché mondial, les micro-entreprises, voilà vers qui les décideurs doivent aller, a-t-il dit. Le Président hondurien a plaidé pour « un monde globalisé respectueux des identités des peuples et de leur souveraineté. » Il a par ailleurs qualifié de « faux libre échange » les échanges commerciaux internationaux qui, selon lui, aggravent la pauvreté en créant de surcroît un « permanent chantage aux illusions. »
Pour M. Zelaya Rosales, l’honneur des peuples d’Amérique centrale est de continuer à chercher des solutions d’ensemble pour le développement économique et social de la région en privilégiant l’espoir et la créativité. Nos peuples sont toujours debout et prêts à profiter des espaces de développement qui leur reviennent. Invoquant une « destinée commune » des pays d’Amérique centrale, le Président hondurien a fait part de son optimisme quant à l’avenir des jeunes générations. Respectons nos engagements en matière de développement, parvenons à assurer la sécurité alimentaire, restaurons la morale sociale que nous méritons, a-t-il lancé. Ainsi, l’économie mondiale sera enfin mise au service des populations et non plus des seuls marchés financiers, a conclu le Président hondurien.
M. TASSOS PAPADOPOULOS, Président de Chypre, a souligné que la légitimité et la pertinence de la réforme des Nations Unies seraient évaluées sur la base de son impact sur la vie des individus. Il a regretté que certaines réformes continuent à être bloquées, citant celle du Conseil de sécurité ainsi que l’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme. Par ailleurs, il a mis l’accent sur la nécessité d’instaurer une paix globale et durable au Moyen-Orient, déplorant les dévastations causées par la crise au Liban. Il n’y a pas de solution militaire à de telles crises, a-t-il souligné, déplorant que le Conseil de sécurité ait mis un mois à assumer ses responsabilités. De même, il a évoqué la détérioration continue de la situation dans les territoires palestiniens occupés. Il a jugé nécessaire d’élaborer une nouvelle stratégie qui débouche sur un règlement global et durable de toutes les facettes de la question du Moyen-Orient, sur la base des résolutions des Nations Unies et en revenant à l’application des accords internationaux.
M. Papadopoulos a ensuite évoqué la question de Chypre, dénonçant l’invasion et l’occupation continuelle de 37% du pays par les forces militaires turques depuis plus de 32 ans. Il a regretté l’incapacité de la communauté internationale à y mettre terme, soulignant les conséquences humanitaires de la division de l’île et l’obstination de la puissance occupante à créer une entité politique séparée dans la zone occupée. Les seuls développements encourageants concernent les enquêtes menées sur le sort des personnes disparus, a-t-il précisé.
Il a alors expliqué que son pays s’efforçait de parvenir à des négociations qui garantissent un règlement pacifique, et que Chypre travaillait à la réunification sur la base d’une fédération bizonale et bicommunautaire. Il a dénoncé la campagne menée en vue de créer une entité séparée pour la communauté chypriote turque, jugeant les justifications économiques erronées. Tout en déplorant les insuffisances des dernières négociations menées sous l’égide de l’Organisation, il a affirmé que Chypre restait déterminée à conduire un processus de réunification dans le cadre des Nations Unies. Mentionnant les préparatifs menés en vue de la reprise des négociations, il a espéré que la future entrée de la Turquie au sein de l’Union européenne inciterait ce pays à abandonner son attitude de confrontation, à cesser toute interférence avec les affaires de Chypre et à en retirer ses troupes. Il a souhaité que les deux pays puissent bientôt normaliser leurs relations, pour le bien des Chypriotes grecs comme des Chypriotes turcs.
M. ÓSCAR ARIAS SÁNCHEZ, Président du Costa Rica, a estimé que si la communauté internationale poursuivait, sur la voie de l’émancipation humaine de la misère, de transformer le développement et les droits de l’homme en quelque chose qui représente plus que l’utopie à laquelle ont droit, aujourd’hui, des centaines de millions de personnes à travers le monde, il faudra alors plus que des bonnes intentions. Nous devons avoir le courage de reconnaître les choses pour ce qu’elles sont réellement, de rectifier les erreurs et de prendre les décisions qui ne peuvent être repoussées, a-t-il poursuivi. Le Président costa-ricien a proposé à l’Assemblée générale de prendre aujourd’hui trois types de mesures qui pourraient avoir des effets importants pour le bien-être de tous les peuples. Il convient en premier lieu, a-t-il affirmé, de considérer les dépenses militaires, la course aux armements, le commerce des armes comme une attaque contre la condition humaine. Il faut en outre réaliser, à travers la liberté commerciale, la promesse d’orienter l’économie mondialisée en faveur de l’humanité, et en particulier pour les personnes les plus pauvres de la planète. Enfin, le Président a mis l’accent sur la nécessité de défendre, avec force et éloquence, le droit international et les Nations Unies, en proposant les réformes qui permettront à la communauté internationale de s’adapter aux changements auxquels elle est confrontée.
Le Président costa-ricien a notamment proposé que soit approuvé le plus tôt possible, un traité sur le commerce des armes qui empêcherait des pays de transférer des armes à d’autres États, à des groupes ou à des individus, s’il existe une raison de croire que ces armes seront utilisées pour violer les droits de l’homme ou le droit international, ou s’il existe des indications claires qu’elles seront utilisées pour mettre en péril le développement durable. Souhaitant le succès du cycle de négociations de Doha, dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), il a par ailleurs, estimé que la mondialisation pouvait être bénéfique pour l’humanité, une mondialisation à laquelle tous les pays, égaux en droit, peuvent participer, une mondialisation où la voix de chacun peut être entendue, où la tolérance soit la norme et non plus l’exception.
Mme VAIRA VIKE-FREIBERGA, Présidente de la Lettonie, a affirmé que le monde avait besoin d’une Organisation forte pour préserver les générations futures des affres de la guerre. « Il nous incombe de nous assurer que nos enfants n’héritent pas d’une planète, rongée par des maux comme la faim, la maladie et le terrorisme », a-t-elle dit. Depuis plusieurs années, l’ONU est sollicitée comme jamais sur tous les fronts, mais ses interventions en matière de maintien de la paix, humanitaires et pour la défense des droits de l’homme n’ont pas suffi à satisfaire les besoins de millions de personnes en situation précaire, a-t-elle déploré. Ainsi, depuis 10 ans, les interventions en matière de maintien de la paix ont quadruplé sans pour autant parvenir à empêcher l’apparition de nouveaux conflits, a-t-elle dit. En outre, l’Organisation a été incapable de prévenir des génocides et des bains de sang, au Congo, au Rwanda, en ancienne Yougoslavie et au Darfour. Certes, les interventions rapides ne peuvent pas être le monopole des Nations Unies, mais passent par une coopération plus étroite entre l’ONU et les organisations régionales, a-t-elle poursuivi.
Par ailleurs, a-t-elle dit, les progrès réalisés dans les domaines économique et social depuis l’adoption de la Déclaration du Millénaire de 2000 ont été trop lents, et « ceci est inacceptable ». Des millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’eau potable. La migration illégale a augmenté dans des proportions inquiétantes, mettant une forte pression sur le système de protection des réfugiés. La Présidente de la Lettonie a par ailleurs regretté les blocages sur le dossier du désarmement.
Pour mieux accomplir ses missions, l’ONU doit poursuivre ses réformes, a lancé la Présidente. Un Secrétariat plus efficace est indispensable à cette fin, a-t-elle estimé, en regrettant que ses réformes n’en soient qu’à leur début. La réforme du Conseil de sécurité ne peut pas non plus être repoussée indéfiniment, a-t-elle ajouté, car sa composition doit être plus représentative de l’état du monde en 2006 et l’organe doit pouvoir réagir plus rapidement aux situations d’urgence.
M. ELIAS ANTONIO SACA GONZALES, Président d’El Salvador, a déclaré que la communauté internationale faisait aujourd’hui face à des défis immenses, notamment au travers des 16 conflits armés en cours dont sont saisies les Nations Unies. Le président salvadorien a estimé que l’ONU devait trouver les moyens de résoudre ces conflits qui menacent gravement, et de manière inédite, la sécurité et la stabilité des sociétés humaines. Destruction, augmentation exponentielle du nombre de réfugiés et de personnes déplacées, effets nocifs sur l’environnement, dommages collatéraux: l’intervenant a énuméré les conséquences dramatiques de la guerre sur le développement humain. Voyant dans la crise au Proche Orient un condensé de ces malheurs, il a émis le souhait que l’instauration de la cessation des hostilités au Liban marque le début de nouvelles étapes en vue de mettre un terme définitif au conflit israélo-arabe. À ses yeux, le processus de paix au Proche-Orient doit passer par le désarmement de tous les groupes armés qui agissent en marge de la loi, et par la restauration de l’exercice de la pleine souveraineté des pays concernés sur leur territoire.
S’agissant de la lutte contre le terrorisme, le Président salvadorien a plaidé pour un renforcement de la coopération internationale, et cela dans le respect absolu des droits de l’homme. L’ONU a la possibilité historique de combattre ce fléau grâce à la Stratégie globale récemment adoptée, a-t-il dit. Le crime organisé est un autre fléau qui, dans notre région, déstabilise nos sociétés. L’intervenant a expliqué que l’activité des gangs en Amérique centrale s’accompagnait d’autres « crimes odieux » – trafic de drogues, traite des personnes et blanchiment d’argent notamment – détruisant les perspectives d’avenir des jeunes générations. Il a souhaité qu’une véritable coordination au niveau internationale soit élaborée pour permettre d’adopter rapidement des mesures et des mécanismes conformes aux protocoles déjà existants.
Le Président salvadorien a par ailleurs estimé que Taiwan méritait à présent d’être représenté en tant qu’entité indépendante aux Nations Unies. La réalité politique a évolué concernant ce territoire: il s’agit maintenant d’un État dont on nie l’existence. Ce faisant, on refuse à plus de 20 millions de taïwanais le droit d’être représentés dans les grandes organisations internationales, y compris l’ONU. Comment accepter que dans un univers mondialisé, un peuple soit exclu de la coopération internationale visant au développement mutuel des nations?
M. RUNALDO RONALD VENETIAAN, Président du Suriname, a déclaré qu’aujourd’hui, garantir la viabilité des infrastructures, des services de santé et d’éducation pour tous étaient un enjeu majeur. Dans le monde actuel, la très grande majorité des pays se voit refuser la possibilité de sortir de la pauvreté, en mettant à profit compétences et talents. Il est temps d’établir des règles commerciales justes, de garantir un plus large accès aux produits venant de pays en développement, et de mettre en place un environnement financier international plus porteur. De plus, il a plaidé pour un système international qui offrirait des conditions de travail décentes et favoriserait le partage des bénéfices, aux quatre coins du globe, de la révolution des nouvelles technologies.
Construire un partenariat global, a-t-il ajouté, nécessite la coopération de l’ensemble des parties prenantes -gouvernements, secteur privé et société civile. Ceci permettrait au secteur privé de redéfinir sa fonction au sein de la société, en se montrant plus en prise avec des impératifs de développement et de promotion de la condition humaine.
Sur le volet de la sécurité et de la paix, le Président s’est félicité de l’adoption récente de la Stratégie mondiale contre le terrorisme. Il a souligné que le trafic de drogue et le crime organisé pouvaient également menacer la sécurité internationale. Afin de prévenir ces maux, le Gouvernement du Suriname va donc accueillir une conférence antinarcotique en octobre 2006. Le sujet de cette conférence portera sur la coordination et la collaboration des pays en lutte contre le trafic de drogue, d’armes légères et de petits calibres et les organisations criminelles qui les génèrent.
M. EVO MORALES AIMA, Président de la Bolivie, a déclaré qu’après 500 années de mépris pendant lesquelles les autochtones de son pays étaient considérés comme des animaux, il avait pu accéder à sa fonction pour réparer un dommage historique. La discrimination et la marginalisation se sont poursuivies au cours des 20 dernières années à travers le néo-libéralisme, marqué par le pillage des ressources naturelles boliviennes et la privatisation des services de base, en violation des droits de l’homme. Je suis venu exprimer la souffrance de mon peuple, née de son exclusion, a-t-il expliqué. Nous avons commencé à chercher comment transformer le pays en profondeur de manière pacifique pour donner une nouvelle naissance à la Bolivie. Ma mère n’avait pas le droit d’emprunter les trottoirs de la capitale il y a encore 30 ans, a-t-il rappelé, ce qui le pousse entre autre à renforcer la démocratie bolivienne en faveur des pauvres et des exclus d’un pays dont les ressources ont été trop longtemps détournées au profit des entreprises multinationales. Il a précisé vouloir récupérer ces ressources naturelles en faveur de tous les Boliviens, sans porter atteinte à la propriété privée.
Le Président Morales a ensuite réclamé un commerce international juste, qui permette de résoudre le problème du chômage en tenant compte des petits producteurs et des coopératives. Cela éviterait que les Boliviens soient obligés d’émigrer. Par ailleurs, il a estimé injuste la pénalisation de la culture de la feuille de coca, emblématique de la culture andine. Il a affirmé qu’il refusait de se soumettre aux exigences des États-Unis, qui demandent aux paysans de cesser de cultiver la feuille de coca, car cette exigence relève d’un processus de néo-colonisation. La guerre contre la drogue ne doit pas être un prétexte pour soumettre les pays andins, le même ordre de prétexte qui a provoqué des conflits dits préventifs au Moyen-Orient, a-t-il insisté. Il a ensuite demandé aux États-Unis d’expulser les auteurs de violations de droits de l’homme en Bolivie résidant sur le territoire bolivien. Enfin, il a appelé à approuver la déclaration des droits des peuples autochtones, rappelant leur attachement à la protection de l’environnement, avant de demander le retrait des troupes américaines d’Iraq.
M. MAHMOUD AHMADINEJAD, Président de l’Iran, a affirmé que ce que supportait aujourd’hui l’humanité n’était pas compatible avec la dignité humaine. En provoquant la guerre et les conflits, certains étendent leur domination, accumulent de plus en plus de richesses et s’approprient toutes les ressources, tandis que d’autres subissent la pauvreté, les souffrances et la misère qui en résultent, a-t-il dit. Certains, a-t-il ajouté, cherchent à diriger le monde en ayant recours aux armes et aux menaces, tandis que d’autres vivent dans l’insécurité et le danger perpétuels. Certains occupent la patrie d’autres, à des milliers de kilomètres de leurs frontières, s’ingèrent dans leurs affaires et contrôlent leur pétrole et d’autres ressources et voies stratégiques, tandis que d’autres encore sont bombardés quotidiennement. Selon lui, de tels comportements sont en contradiction avec la vérité, la justice et la dignité humaine. La question fondamentale, a-t-il poursuivi, est de savoir, dans de telles conditions, où les opprimés peuvent rechercher la justice. Qui, ou quelle organisation défend les droits des opprimés, élimine les actes d’agression et d’oppression? Où est le siège de la justice mondiale? L’expérience de la menace et de l’utilisation des armes nucléaires est devant nous, a par ailleurs estimé le Président iranien. A-t-elle apporté pour ses détenteurs autre chose que l’exacerbation des tensions, de la haine et de l’animosité entre les nations? Ne serait-il pas plus facile pour que les puissances mondiales assurent leur longévité et gagnent les coeurs et les esprits de devenir les champions de la véritable promotion de la justice, de la compassion et de la paix, plutôt que de continuer la prolifération des armes chimiques et nucléaires et la menace de leur utilisation? a-t-il ajouté.
S’agissant de la situation en Iraq, M. Ahmadinejad a constaté que ceux qu’il a qualifiés d’”occupants” de ce pays étaient incapables d’établir la sécurité. Il n’y a aucune indication montrant qu’ils ont la volonté politique suffisante pour éliminer les sources de l’instabilité, a-t-il dit. Il a en outre qualifié l’État d’Israël comme source permanente de menace et d’insécurité dans la région, un pays utilisé par certaines puissances comme un instrument de division, de coercition et de pression sur les peuples de la région, a-t-il affirmé. Le Président iranien s’est également interrogé sur l’incapacité du Conseil de sécurité à assurer la protection des Palestiniens ou à mettre un terme, à temps, au conflit au Liban. Dans tous ces cas, la réponse est évidente, a-t-il souligné. Lorsque la puissance qui se cache derrière les hostilités est elle-même membre permanent du Conseil de sécurité, comment ce Conseil peut-il alors assumer ses responsabilités? a-t-il poursuivi.
Évoquant les injustices dont est victime, à ses yeux, son peuple dans la crise liée au programme nucléaire de l’Iran, M. Ahmadinejad a affirmé que toutes les activités nucléaires de son pays étaient transparentes, pacifiques et placées sous l’oeil vigilant des inspecteurs de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA). Pourquoi, dès lors, existe-t-il des objections aux droits légalement reconnus des Iraniens? a-t-il demandé. Sur ce même dossier du nucléaire iranien, il a également dénoncé les abus du Conseil de sécurité, qu’il a décrit comme un instrument de menace et de coercition, source de préoccupations graves. Selon lui, la persistance par quelques puissances hégémoniques à imposer leur politique d’exclusion dans des mécanismes de prises de décisions internationales, y compris le Conseil de sécurité, a entraîné une méfiance croissante de la part de l’opinion publique mondiale, sapé la crédibilité et l’efficacité du plus universel système de sécurité collective.
M. NICANOR DUARTE FRUTOS, Président du Paraguay, a affirmé que son pays était fortement attaché aux idéaux de paix et de sécurité. Selon lui, le développement et la promotion des droits de l’homme demeurent les piliers fondamentaux sur lesquels l’humanité doit fonder ses actions. Dans ce cadre, a-t-il ajouté, il n’est pas acceptable de voir imposer une volonté univoque des pays puissants sur les autres. Le rôle des Nations Unies est justement de veiller à un équilibre dans les rapports de force entre les pays.
Le Président du Paraguay a souhaité qu’à l’avenir le prochain Secrétaire général se rende, outre les régions en guerre, dans les zones où sévit l’extrême pauvreté. À cet égard, il a appelé de ses vœux la création d’un partenariat mondial de solidarité, qui opérerait comme un complément aux efforts nationaux entrepris dans le domaine du développement économique et social. Chaque pays est responsable de ce développement, a admis M. Duarte Frutos. Pour autant, la coopération internationale doit permettre de restaurer l’équilibre dans les échanges économiques et commerciaux. Sans cela, a-t-il prévenu, la majorité des pays en développement restera en marge de la prospérité mondiale. Le Président a ainsi plaidé pour la suppression des droits de douane et dispositions assimilées qui alimentent les disparités économiques et les discriminations injustes.
La démocratie est abâtardie par le mépris croissant qui nourrit les économies de marché les plus impitoyables, a encore déclaré M. Duarte Frutos. Il a jugé que la réduction de la pauvreté devait aller de pair avec un développement à visage humain. C’est pourquoi, il a demandé aux États Membres de ne pas cantonner l’agenda international aux seules questions de sécurité.
M. OMER HASSAN AL-BASHIR, Président du Soudan, a affirmé que la paix était un objectif stratégique pour le Soudan. Selon lui, l’Accord de paix global signé en 2005 n’a pas résolu les problèmes qui étaient à la base des affrontements, même si la citoyenneté est devenue le fondement de droits et de devoirs et si la diversité a été reconnue comme source de force. L’Accord a mis en exergue le respect des droits de l’homme, tout comme l’égalité entre les provinces du nord et du sud du Soudan. L’application de cet Accord a progressé au niveau national avec la mise en place d’un gouvernement d’unité nationale et d’un gouvernement au Sud-Soudan. M. Al-Bashir a affirmé que son pays avait coopéré avec les Nations Unies pour préparer le retour des réfugiés et des personnes déplacées. L’ensemble du pays ne connaîtra, a-t-il déclaré, la paix que lorsque celle-ci sera instaurée au Darfour, a-t-il déclaré. Il a rendu hommage à l’Union africaine, qui a démontré au Darfour ce que les organisations régionales peuvent réaliser. Nous invitons les Nations Unies à encourager ces organisations à œuvrer pour la paix dans les différentes régions du monde, sans que leur rôle soit bafoué par des puissances hégémoniques, a-t-il déclaré. M. Al-Bashir a ensuite souligné l’engagement du gouvernement d’unité nationale en faveur de l’Accord de paix sur le Darfour de mai 2006, et il a lancé un appel à toutes les parties qui ne l’ont pas signé à se rallier aux efforts de paix et à cesser de recourir à la violence et à l’intimidation. Il a espéré que la communauté internationale respectera ses engagements en matière d’annulation de la dette intérieure, et que les restrictions imposées par certaines parties seront levées car elles entravent les efforts de développement.
Le Président soudanais a regretté que certaines institutions internationales, contrairement aux dispositions de l’Accord d’Abuja, aient continué à saper les efforts en cours exerçant des pressions exagérées et en lançant des messages ambigus aux non-signataires, a-t-il affirmé. Le Conseil de sécurité a été poussé à adopter des résolutions telles que les résolutions 1701 ou 1706, qui constituent une menace pour l’application de cet Accord. Le Soudan refuse toutes les exigences et tentatives d’usurper sa souveraineté. Nous refusons le déploiement d’une force internationale au Darfour sans l’approbation du Gouvernement soudanais, a-t-il insisté, affirmant que la situation était utilisée par certains pays à des fins de politique interne. M. Al-Bashir a alors appelé à parvenir à un accord sur la réforme du Conseil de sécurité, dont la composition entrave la réalisation de procédures démocratiques pour gérer les relations internationales. Le résultat, c’est que le Conseil de sécurité est resté les bras croisés face à la dernière crise survenue au Moyen-Orient, a-t-il ajouté, avant d’appuyer la position africaine concernant la réforme du Conseil. Le Soudan, a-t-il déclaré, condamne le terrorisme sous toutes ses formes et appuie l’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme international, soulignant cependant que la définition du terrorisme devait établir une distinction entre le terrorisme proprement dit et la lutte légitime des peuples pour conserver leur liberté, dans le respect de l’inviolabilité des États souverains. Il a ensuite fait référence à la souffrance des Palestiniens sous occupation israélienne, appelant la communauté internationale à respecter leur choix, celui d’un gouvernement issu d’élections libres et équitables. Il a en outre exprimé sa solidarité avec le peuple du Liban et la résistance, tenant Israël pour responsable des destructions dans ce pays et appelant à une zone libre d’armes nucléaires au Moyen-Orient, sans exceptions.
M. JENS STOLTENBERG, Premier Ministre de la Norvège, a déclaré que l’ONU se trouve plus que jamais au cœur des questions internationales. Quand tout autre processus a échoué, c’est vers elle que nous nous tournons. L’Organisation travaille dur pour assumer ses responsabilités, a-t-il affirmé, et à cet égard, l’ONU peut compter sur la Norvège.
Le Premier Ministre a par la suite rappelé sa participation au Panel pour la réforme de l’ONU. Il a à ce propos regretté le chevauchement de compétences et le morcellement du système qui nuisent aux possibilités de vérifier les résultats. Nous devons mettre un terme à ce morcellement, aux répétitions et aux rivalités entre les différents organes du système et nous concentrer à la place sur les résultats, a-t-il exhorté. Sachant la question de la réforme sujette à de fortes controverses, il a prié les États Membres d’appréhender le report à venir avec ouverture d’esprit.
Sur la question des Objectifs du Millénaire pour le développement, le délégué a assuré que la Norvège travaillait sur l’ensemble des objectifs à atteindre. Cette année, la Norvège a alloué 0,96% à l’aide au développement et a promis d’atteindre 1% d’ici quelques années. Il a souligné l’intention de son pays d’assumer un rôle de chef de rang dans la réalisation de l’objectif n°4, qui vise à réduire de 2/3, d’ici 2015, la mortalité infantile. La Norvège apportera à cet effet une contribution de 1,3 milliard de dollars d’ici 2015 aux campagnes de vaccination. La prochaine étape sera de développer une stratégie globale pour atteindre cet objectif, avec un plan établissant des mécanismes de financement et de mise en œuvre.
Mme TEIMA ONORIO,Vice-Présidente de Kiribati, a fait observer que la paix et la sécurité restaient difficiles à atteindre dans un monde où des conflits perdurent et d’autres menacent d’éclater. Le terrorisme continue de nous importuner malgré nos efforts collectifs, a-t-elle poursuivi, et beaucoup reste à faire pour éliminer la menace posée par la prolifération des armes de destruction massive.
Pour les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement, les défis du développement économique demeurent la priorité, a-t-elle expliqué. Elle a attiré l’attention de l’Assemblée générale sur les difficultés qu’affronte son pays, citant entre autres son isolement géographique, sa population restreinte ou l’épidémie de maladies comme le sida ou la tuberculose.
Elle a par ailleurs expliqué que son pays, qui se situe au niveau de la mer, est particulièrement vulnérable aux conséquences du réchauffement climatique et de la montée du niveau de la mer et relevé le caractère crucial de ces problèmes. Nous allons continuer de demander à la communauté internationale de parvenir à un accord global sur ces questions, a poursuivi Mme Onorio, en regrettant que la croissance économique prenne le pas sur les considérations environnementales.
S’agissant de la réforme du Conseil de sécurité, elle a rappelé que sa délégation maintient sa position, à savoir que les États qui sont les plus gros contributeurs des programmes des Nations Unies, et plus particulièrement des programmes visant le maintien de la paix, devraient se voir accorder le statut de membre permanent. À cet égard, elle a estimé que le Japon remplissait les critères pour se voir accorder un tel statut.
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