LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME D’ACTION DE BRUXELLES EN FAVEUR DES PMA A PRIS DU RETARD, CONSTATE LA RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR SON ÉVALUATION QUINQUENNALE
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
Assemblée générale
Soixante et unième session
Réunion de haut niveau des pays les moins avancés
7e & 8e séances plénières
matin & après-midi
LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME D’ACTION DE BRUXELLES EN FAVEUR DES PMA A PRIS DU RETARD, CONSTATE LA RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR SON ÉVALUATION QUINQUENNALE
Malgré des efforts remarquables en matière de gouvernance et d’ajustement économique, les PMA n’ont pas reçu le niveau d’aide qui leur avait été promis en 2001, regrettent des délégations
« La sévère détérioration des termes de l’échange et les asymétries qui minent la participation des pays en développement au commerce international, sont des obstacles majeurs posés à l’intégration des pays les moins avancés dans l’économie mondiale », a déclaré ce matin M. Boni Yayi, Président du Bénin et Président du Bureau de la coordination des pays les moins avancés (PMA), à l’ouverture de la Réunion de haut niveau chargée de l’examen à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme d’action en faveur des PMA pour la décennie 2001-2011.
L’objectif primordial de ce Programme d’action est « d’obtenir des progrès substantiels en vue de réduire de moitié la proportion de personnes vivant dans une pauvreté extrême et souffrant de la faim d’ici à 2015 et de promouvoir le développement durable des pays les moins avancés ». Le partenariat pour le développement sur lequel s’appuie le Programme d’action repose sur une stratégie fondée sur les sept engagements suivants: encourager une action axée sur la population des PMA; promouvoir une bonne gouvernance nationale et internationale; renforcer les capacités humaines et institutionnelles des PMA; mettre en place les capacités de production nécessaires pour que les PMA bénéficient de la mondialisation; renforcer le rôle du commerce dans le développement; réduire la vulnérabilité et protéger l’environnement; et mobiliser des ressources financières en faveur des PMA.
Tout en soulignant qu’en moyenne, les PMA avaient réussi, depuis 2001, à accroître et maintenir leur taux de croissance annuel à environ 6%, le Président du Bénin a cependant noté que malgré une meilleure gouvernance de la part des gouvernements des PMA et les sacrifices consentis par les populations de ces pays, la pauvreté y progressait. À cet égard, Mme Haya Rashed Al Khalifa, la Présidente de la soixante et unième session de l’Assemblée générale a relevé, dans sa déclaration inaugurale, que sur les 600 millions de personnes vivant dans les PMA, qui sont aussi les pays les plus vulnérables de la planète, 370 millions vivaient dans la pauvreté absolue et qu’au rythme actuel de la paupérisation que connaissent ces pays, 100 millions de pauvres s’y ajouteraient à ceux déjà cités, si la communauté internationale ne prend pas des mesures énergiques en vue d’honorer les engagements pris il y a cinq ans à Bruxelles. En effet, selon la Banque mondiale et les institutions des Nations Unies, la pauvreté a augmenté dans 34 des 50 pays classés PMA, a noté avec regret Mme Al Khalifa dont l’inquiétude a été partagée par le Premier Ministre du Lesotho qui, a fait remarquer que lors de sa création il y a 35 ans, le Groupe des PMA comptait 24 pays. « Si ce nombre a augmenté, et s’il y a aujourd’hui 50 pays classés dans cette catégorie, cela veut dire que les politiques qui leur ont été recommandées se sont soldées par un échec patent. La communauté internationale a été incapable de prendre des actions efficaces en vue de réduire les écarts entre riches et pauvres; de mettre fin à la marginalisation des petits pays, et de tenir ses propres engagements », a constaté M. Pakalitha Mosisili.
Aux constats négatifs des premiers intervenants, est venue s’ajouter la remise en cause, par des petits États insulaires aux économies vulnérables, des politiques et des méthodes utilisées par les partenaires au développement dans leurs rapports avec les PMA. Ainsi, les délégations de Samoa, des Maldives, des Îles Salomon et de Vanuatu, ont demandé que soient revus les indices de vulnérabilité et les critères qui sont imposés aux petites îles pour qu’elles bénéficient du statut de PMA, ou au contraire pour qu’elles entrent dans le processus de graduation en leur retirant les avantages spéciaux. « Les petits États insulaires en développement, qui font partie des PMA, sont tellement vulnérables aux catastrophes naturelles, qu’il n’est pas juste d’évaluer leur viabilité économique et financière en se basant sur le niveau de leur PNB », a déclaré le Ministre des affaires étrangères de Vanuatu en indiquant que les niveaux du PNB des petites îles n’étaient pas des critères durables, mais qu’ils étaient plutôt fluctuants, du fait de la variation des conditions climatiques et du niveau de l’aide publique au développement que reçoivent, bon an mal an, ces petits pays.
Dans son intervention, la Ministre du travail de la Finlande, qui a pris la parole au nom de l’Union européenne, a rappelé ce matin que le Document final du Sommet mondial de 2005 avait conclu que le développement, la paix et la sécurité sont interdépendants et se renforcent mutuellement. « L’Union européenne se félicite des taux de croissance atteints ces dernières années par les PMA », a dit Mme Filatov, en reconnaissant que ces premiers succès étaient le fruit des politiques macroéconomiques appliquées par les gouvernements des PMA, qui ont réduit les déficits, l’inflation et les déséquilibres de leur balance extérieure. L’Union européenne considère le commerce comme étant un élément essentiel de l’agenda international de soutien à la mise en œuvre des engagements de Bruxelles et à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a encore indiqué la Ministre. Concernant les questions cruciales des infrastructures et de la dette, Mme Filatov a dit que l’Union européenne avait adopté une « Stratégie pour l’Afrique », continent dont les besoins sont les plus aigus, et qu’elle soutenait l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (Initiative PPTE), dont devraient bénéficier les PMA qui y sont éligibles.
Pour sa part, s’exprimant au nom des 132 États Membres du Groupe des 77 et de la Chine, Mme Nkosazana Dlamini Zuma, Ministre des affaires étrangères de la République d’Afrique du Sud, a exhorté tous les partenaires au développement des PMA à s’acquitter sans tarder des promesses et des engagements pris en 2001 envers les pays les moins avancés. « Les objectifs arrêtés à Bruxelles doivent être atteints dans les délais que nous nous étions fixés d’un commun accord », a dit Mme Zuma. « Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, nous appuyons les constats faits par les experts responsables des études sur l’évaluation à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles, quand ils disent qu’une attention spéciale devrait être accordée à la promotion de l’équité entre les sexes ; au développement de l’agriculture ; à la construction d’infrastructures ; et à la lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme, qui déciment les populations actives des pays pauvres », a déclaré Mme Zuma.
Concernant les trois points cités par la Ministre sud-africaine, le Secrétaire général a fait un certain nombre de recommandations dans le rapport qu’il a soumis aux délégations participant à la Réunion de haut niveau pour l’évaluation du Programme d’action de Bruxelles. Sur l’équité entre les sexes, Kofi Annan recommande aux PMA d’incorporer l’égalité entre hommes et femmes dans leurs stratégies politiques, et leurs programmes et projets de développement, que ce soit dans les secteurs public ou privé. Les femmes devraient participer pleinement et sur un pied d’égalité avec les hommes à toutes les activités de développement, dit le Secrétaire général, en recommandant aux PMA de compiler à cet égard des données et des informations ventilées par sexe pour faciliter ces mesures. En ce qui concerne les infrastructures, Kofi Annan relève que la plupart des PMA ont besoin de réseaux de transport plus performants, non seulement au niveau national, mais aussi d’un pays à l’autre. « Les investissements dans les installations physiques doivent aller de pair avec une meilleure gestion de ces infrastructures et la conception de systèmes de transit plus efficaces », recommande le Secrétaire général, dont l’allocution a été prononcée ce matin par Mark Malloch Brown, le Vice-Secrétaire général de l’ONU. Enfin, sur la question cruciale de l’agriculture, que M. Annan lie au développement des zones rurales, il recommande aux PMA et à leurs partenaires de consacrer plus d’efforts à la lutte contre la pauvreté rurale en fournissant aux pays des semences sélectionnées et des engrais. « Les stratégies nationales de développement des PMA devraient viser à stimuler les investissements dans les zones rurales, notamment en y élargissant l’accès au crédit pour les agriculteurs, les petites et moyennes entreprises, et les familles pauvres, ce qui pourrait être rendu possible par le renforcement des institutions de microfinancement », recommande le Secrétaire général.
Cinq ans après l’adoption du Programme d’action de Bruxelles, les résultats accomplis ne sont pas encourageants dans ces domaines, dont dépend en partie la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, a dit ce matin Mark Malloch Brown. S’adressant ensuite aux partenaires des PMA et aux pays riches, le Vice-Secrétaire général a souligné que les pays les plus pauvres avaient besoin d’un meilleur accès aux marchés, d’un accès sans quota et sans droit de douane aux marchés des pays riches, d’un commerce mondial agricole libéré des distorsions causées par les subventions, et de plus de voix dans les institutions financières internationales. « L’ONU espère que les retards et les insuffisances constatées dans le respect des engagements pris à Bruxelles pourront être corrigés, et elle continuera à soutenir les PMA dans leur lutte contre la pauvreté et leur quête de réalisation des OMD », a dit le Vice-Secrétaire général.
Après avoir constaté, comme les autres intervenants, que l’application des recommandations de Bruxelles avait pris du retard sur le calendrier initialement approuvé par la communauté internationale, le Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, M. Ban Ki Moon, et le Directeur général adjoint des affaires économiques au Ministère des affaires étrangères du Japon, M. Hideko Ito, ont estimé qu’il n’y aurait pas de véritable stabilité mondiale au vingt et unième siècle tant que les problèmes de l’Afrique ne seraient pas résolus. Encouragent les PMA à poursuivre leurs efforts de renforcement de la bonne gouvernance, M. Ban Ki Moon a demandé aux pays, riches et pauvres, de procéder à des échanges de bonnes pratiques dans ce domaine. La République de Corée doublera le niveau de son aide au développement (APD) d’ici à 2009, a-t-il annoncé, en encourageant les pays développés à en faire de même et à ouvrir leurs marchés aux produits des PMA
qui devraient y accéder sans quota et sans droits de douanes. Pour sa part, le représentant du Japon a indiqué que son pays venait de porter à 10 milliards de dollars le montant total de son APD et de doubler ainsi l’aide destinée à l’Afrique pour les cinq prochaines années, qui sera orientée en priorité vers les services sociaux de base de l’éducation et de la santé, ainsi que vers la promotion du rôle social et économique de la femme. Le Japon, qui vient d’effacer les 2,9 milliards de dollars que lui devaient 29 PMA, va d’autre part ouvrir son marché, sans quota et sans droits de douane, aux produits des PMA dès 2007, a annoncé M. Ito.
À la clôture de ses travaux, demain matin, les participants à la Réunion de haut niveau sur l’examen global approfondi à mi-parcours de l’application du Programme d’action pour les pays les moins avancés pour la décennie 2001-2010 prendront une décision sur les deux projets de résolutions** qui leur ont été soumis ce matin. Le premier de ces projets de texte, soumis par l’Afrique du Sud, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a trait à une « Stratégie pour la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action pour les PMA pour la décennie 2001-2010 ». Le deuxième projet de résolution, soumis par la Norvège, en sa qualité de Présidente de la réunion préparatoire d’experts, contient quant à lui le projet de texte de la « Déclaration adoptée à l’issue de la Réunion de haut niveau tenue par l’Assemblée générale à sa soixante et unième session sur l’examen global approfondi à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme d’action en faveur des PMA pour la décennie 2001-2010 ».
Les délégations des pays dont la liste suit ont pris la parole au cours de la Réunion de haut niveau: Bénin, Maldives, Samoa, Bhoutan, Lesotho, Gabon, République démocratique populaire Lao, Vanuatu, Égypte (au nom du Groupe africain), Finlande (au nom de l’Union européenne), Luxembourg, Afrique du Sud (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Guyana, Mali, Bangladesh, République de Corée, Norvège, Turquie, République Unie de Tanzanie, Mozambique, Inde, Burkina Faso, Îles Salomon, Sénégal, Niger, Haïti, Malaisie, Algérie, Chine, Soudan, Burundi, Maroc, Liban, Indonésie, Cap-Vert, Guatemala, Pakistan, Venezuela, Italie, Cambodge, Philippines, Gambie, Malawi, Espagne, Thaïlande, Bulgarie, Sierra Leone, Ouganda, Népal, Suisse, États-Unis, Nouvelle-Zélande, Arabie saoudite, Pays-Bas, Fédération de Russie, Suède, Canada, Australie, Portugal, Qatar, Brésil, et Guinée. La Réunion a également entendu les déclarations de l’Observateur du Saint-Siège, du Secrétariat du Commonwealth, de la Communauté européenne, ainsi que des représentants de l’Organisation internationale pour les migrations, et de l’Union interparlementaire.
GROUPES DE PAYS EN SITUATION PARTICULIÈRE: TROISIÈME CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS
Déclarations
Mme HAYA RASHED AL KHALIFA, Présidente de la soixante et unième session de l’Assemblée générale, a déclaré que les États Membres se réunissaient ce jour en Réunion de haut niveau pour réaffirmer leur engagement politique envers la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles en faveur des pays les moins avancés (PMA), qui avait été adopté à l’issue de la troisième Conférence des Nations Unies pour les pays les moins avancés, tenue à Bruxelles en 2001. Ce n’est qu’à travers un partenariat global unissant les PMA, les pays donateurs, les agences de l’ONU, les ONG, et le secteur privé, que nous pourrons traduire en actes concrets les engagements pris à Bruxelles, a dit la Présidente de l’Assemblée. Les 600 millions de personnes vivant dans les pays les plus vulnérables de la planète, et notamment les 370 millions qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté, ont besoin du soutien de la communauté internationale, a dit Mme Al Khalifa. Nous sommes encouragés de constater que les États Membres aient accepté de discuter de la mise en œuvre du partenariat pour le développement au cours de la soixante et unième Session de l’Assemblée générale. Les PMA restent trop marginalisés par l’économie mondiale actuelle et continuent à souffrir de manière disproportionnée de l’extrême pauvreté, d’une mortalité infantile excessive, et du VIH/sida. L’insuffisance de leurs capacités humaines les empêche de déployer les efforts nécessaires à la lutte contre ces fléaux.
L’an dernier, a-t-elle poursuivi, lors du Sommet mondial de 2005, les dirigeants du monde ont réaffirmé leur engagement en faveur de l’éradication totale de la pauvreté et de la promotion du développement durable. Récemment, au Bénin, les Ministres des PMA se sont réunis pour réaffirmer l’engagement qu’ont pris leurs pays à Bruxelles de tout faire pour améliorer le bien-être de leurs peuples en mettant en application toutes les exigences du Programme d’action de Bruxelles. Grâce à leurs propres efforts et au soutien international, les PMA ont connu en 2004 un taux de croissance moyen de 6%. Cette réussite montre que quand nous unissons nos efforts, nous pouvons faire face aux obstacles qui bloquent le développement de ces pays et atteindre les buts que nous nous sommes fixés d’un commun accord, a-t-elle dit.
Les agences spécialisées de l’ONU et la Banque mondiale ont cependant récemment révélé que 34 PMA sur 50 ont vu la pauvreté augmenter. En Afrique subsaharienne, la situation est particulièrement dramatique, et il est clair que les PMA d’Afrique ne pourront réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dans les délais impartis, c’est–à-dire d’ici 2015. En fait, les OMD ne pourraient être atteints qu’au siècle prochain, si les tendances actuelles s’accentuent, a-t-elle indiqué. Cent millions de personnes supplémentaires pourraient sombrer dans la pauvreté absolue au cours de la prochaine décennie, et venir s’ajouter aux 370 millions de pauvres actuels, a dit Mme Al Khalifa. Démontrons donc notre détermination à mettre fin à la pauvreté et soyons plus solidaires de chaque femme, enfant, homme et personne âgée qui, en ce moment même, connaît les affres de la faim et de la pauvreté, a lancé la Présidente de la soixante et unième Session de l’Assemblée.
M. MARK MALLOCH BROWN, Vice-Secrétaire général des Nations Unies, a souligné que l’examen à mi-parcours du Programme d’action de Bruxelles représentait l’occasion de faire le bilan et de procéder à une réflexion profonde. Depuis cinq ans, les pays les moins avancés (PMA) ont connu une croissance économique importante, un accroissement de leurs exportations ainsi que des flux d’investissement plus importants, a-t-il fait observer, soulignant également que des progrès ont été faits en matière de réduction de la mortalité maternelle et infantile ou en vue de l’augmentation de la scolarisation. Cependant, malgré ces progrès considérables, les objectifs définis par le Programme d’action de Bruxelles n’ont pas été atteints, a-t-il souligné. Il a, à cet égard, fait observer que l’impact a été minimum dans le domaine le plus important: la lutte contre l’extrême pauvreté. Les résultats ne sont pas encourageants, a-t-il fait observer, soulignant qu’aujourd’hui, les PMA sont considérés comme les pays les moins en mesure d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Le Vice-Secrétaire général a, à cet égard, rappelé l’importance d’assurer le développement de la démocratie, des droits de l’homme et de la bonne gouvernance, a-t-il préconisé, soulignant également l’importance que la globalisation profite au moins autant aux pauvres qu’aux riches.
Pour leur part, les PMA doivent mobiliser leurs ressources et attirer les investissements étrangers, a continué M. Malloch Brown. Insistant sur l’importance que les PMA puissent bénéficier de davantage d’aide au développement, il a rappelé qu’il y a encore beaucoup à faire pour que le montant des dons des États donateurs atteigne le taux de 0,2% du revenu national, tel que défini par le Programme d’action de Bruxelles. L’économie mondiale n’est pas un jeu où les règles sont égales pour tous, a-t-il souligné. Et pour remédier à ce déséquilibre, les PMA ont besoin d’un accès sûr aux marchés, un accès sans quota et dédouané aux économies développées ainsi qu’une voix plus importante dans les institutions financières internationales, a-t-il souligné. Rappelant que les PMA ont jusqu’ici généralement tiré des bénéfices des négociations du Cycle de Doha, il a insisté sur l’importance de leur fournir une assistance spéciale alors que de nouvelles opportunités d’exportation s’ouvrent à eux. En conclusion, il a rappelé que les Nations Unies continueraient à les aider à profiter un maximum de l’ouverture des marchés et espérait que le temps perdu pourrait être rattrapé et le Programme d’action de Bruxelles réalisé.
M. BONI YAYI, Président du Bénin et Président du Bureau de coordination des pays les moins avancés (PMA), a constaté que, depuis cinq ans, la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles avait permis à plusieurs PMA de faire des progrès sensibles dans différents secteurs, notamment ceux de la santé, de l’éducation et dans la réalisation d’infrastructures. Il a aussi souligné que les PMA avaient atteint un taux de croissance annuel moyen meilleur que dans le passé, même si celui-ci restait en deçà de l’objectif de 7% fixé par le Programme d’action de Bruxelles.
M. Yayi a par ailleurs noté les avancées quantitatives en ce qui concerne l’aide publique au développement (APD) ainsi que les initiatives récentes d’annulation des dettes. Le Président du Bénin a toutefois indiqué que ce Programme d’action n’avait pas connu une mise en œuvre à la hauteur des résultats escomptés. Nombreux sont les PMA qui continuent de vivre les mêmes difficultés que celles auxquelles ils faisaient face en 2001, a-t-il insisté.
Il a mis l’accent sur la détérioration des termes de l’échange des principales exportations des PMA et sur les asymétries du système commercial multilatéral du fait des pratiques de certains États développés. Il a regretté que le commerce international qui devrait constituer un moteur de développement participe à l’affaiblissement des capacités des PMA et à la non-viabilité de la dette. Cela engendre un risque permanent pour la bonne gouvernance et le respect des droits et libertés fondamentales, a-t-il argué, en soulignant les efforts soutenus des PMA dans ces domaines.
M. Yayi a déclaré qu’il était essentiel d’œuvrer pour la diversification des produits des PMA, ainsi que pour la mobilisation de financements, à l’extérieur et à l’intérieur de ces pays. Il aussi plaidé pour la mise en place d’un système de suivi annuel de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles. Enfin, il a exhorté toutes les parties prenantes à une action concertée, dans un esprit de solidarité, afin de parvenir à ces objectifs.
M.MAUMOON ABDUL GAYOOM, Président des Maldives, a estimé que les progrès réalisés depuis l’adoption du Programme de Bruxelles pour les pays les moins avancés avaient été très lents, insistant sur la nécessité de voir les promesses de la communauté des donateurs devenir des réalités. « Je regrette de devoir dire que souvent, certaines réalités sont cachées derrière un voile d’excuses utilisées pour ne pas dispenser l’aide vers ceux qui en ont désespérément besoin », a-t-il déploré. Malgré des obstacles importants au développement, les Maldives sont parvenues à de nombreuses réalisations grâce à des efforts internes soutenus par les donateurs, a-t-il déclaré, évoquant notamment les taux d’extrême pauvreté réduits de moitié, l’accès universel à l’éducation primaire et la réduction des taux de mortalité infantile dans le pays.
« Nous restons une petite économie vulnérable dans un environnement fragile », a toutefois rappelé le Président, soulignant la nécessité d’une amélioration rapide de l’accès aux marchés, indispensable à un développement économique durable. « Tout échec dans la phase actuelle des négociations sur le commerce portera inévitablement atteinte à l’épine dorsale du Programme d’action de Bruxelles », a-t-il prévenu, estimant que la liste des PMA ne cessait de s’allonger alors que le fossé entre le Nord et le Sud ne cessait de s’élargir. « La question n’est pas de savoir si les riches peuvent se permettre d’aider les pauvres mais de savoir s’ils peuvent se permettre de ne pas les aider », a conclu le Président des Maldives.
M. TUILAEPA SAILELE MALIELEGAOI, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et du commerce de Samoa, a constaté que le Programme d’Action de Bruxelles en faveur des pays les moins avancés pour la Décennie 2001-2010 n’a pas obtenu les résultats escomptés. En dépit des quelques progrès enregistrés sous certains aspects du Plan de Bruxelles, la situation de la plupart des PMA reste stagnante. L’évaluation à mi-parcours du Programme devrait permettre de fixer quelques priorités pour le faire aboutir.
S’agissant de son pays, le Premier Ministre a constaté que Samoa a obtenu des résultats en appliquant strictement les recommandations du Programme. Cette île indépendante de Polynésie a par exemple amélioré son revenu national. En revanche, Samoa reste vulnérable, notamment en raison de la fréquence des cyclones (16 en 25 ans) et de sa dépendance économique à l’égard du tourisme et de l’argent envoyé par ses ressortissants à l’étranger.
Pour ces raisons, le Premier Ministre a demandé que Samoa reste inscrite sur la liste des pays les moins avancés pour continuer de bénéficier des aides à plusieurs niveaux. Quitter cette liste ne devrait pas entraîner des ruptures dans les projets et plans de développement, a-t-il rappelé.
M. LYONPO KHANDU WANGCHUK, Premier Ministre du Royaume du Bhoutan, a estimé que nul ne peut nier que les progrès accomplis dans la mise en place du Programme d’action de Bruxelles restent insuffisants et, a-t-il poursuivi, à moins que de plus grands efforts ne soient consentis, les buts et objectifs fixés ne pourront être atteints d’ici 2013, qui est l’année d’échéance.
La délégation du Bhoutan se félicite de l’augmentation de l’aide publique au développement au cours des dernières années mais note toutefois qu’une grande partie de cette aide ne bénéficie qu’à quelques pays et qu’en réalité, cette aide a diminué. L’intervenant a invité tous les pays à fournir une aide représentant 0,7% de leur PIB et à en consacrer de 0,15 à 0,20% aux PMA. Il a émis l’espoir que cette révision à mi-parcours du Programme sera l’occasion de nouveaux engagements des parties prenantes.
Il a émis la crainte que les Objectifs du Millénaire pour le développement, nonobstant leur importance, ne fassent quelque peu oublier les engagements du Programme d’action en faveur des PMA. Sa délégation, a-t-il ajouté, croit fermement que le Programme d’action de Bruxelles et les Objectifs du Millénaires pour le développement sont par nature compatibles et complémentaires et qu’ils méritent en conséquence un égal traitement, la même considération de la part des partenaires du développement.
M. PAKALITHA BETHUEL MOSISILI, Premier Ministre du Lesotho, a déclaré que si le Groupe des PMA compte aujourd’hui 50 pays au lieu des 24 États qui le constituaient il y a 35 ans, c’est sans doute parce que la communauté internationale s’est montrée incapable de prendre des actions efficaces pour mettre fin aux écarts entre riches et pauvres, et à la pauvreté, qui a frappé les petits pays. Les PMA sont de plus en plus marginalisés, et le monde développé n’a jusqu’ici tenu que quelques-unes des promesses et des engagements qu’il a pris lors des grandes rencontres internationales. En Afrique notamment, où on compte 34 PMA, la pauvreté n’a fait que s’accroître, du fait de nombreux fléaux, dont celui du VIH/sida, qui frappe dans certains pays les couches actives de la population et fait de nombreux orphelins. Ces États n’ont pas les moyens de faire face aux conséquences de cette tendance négative, et seul un partenariat pour le développement pourrait permettre aux PMA de relever ce défi. Le Lesotho appelle la communauté internationale à augmenter son aide au Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Le NEPAD est le cadre qui nous permettrait de parvenir à la mise en œuvre du programme d’action de Bruxelles et des OMD, a conclu le Premier Ministre du Lesotho.
M. DIDJOB DIVUNGI DI NDINGI, Vice-Président du Gabon, a affirmé que si des progrès avaient été enregistrés dans les PMA depuis 2001, de nombreux problèmes demeuraient dont le manque d’équipements sanitaires de base, les taux de mortalité infantile et maternelle, ou encore les fléaux du VIH/sida, du paludisme et de la tuberculose. Notant les résultats contrastés selon les régions du monde, il a entre autres identifié la mauvaise gouvernance et l’inadéquation ou l’existence de politiques dans certains domaines comme raisons de cet échec. Il a indiqué que les PMA étaient déterminés à prendre des mesures appropriées pour le suivi du Programme d’action de Bruxelles.
Il a estimé que les PMA ne pouvaient atteindre les objectifs de la Déclaration de Bruxelles que par une augmentation massive des investissements publics, le renforcement des capacités et la mobilisation des ressources nationales et de l’APD. Cet effort devra être soutenu jusqu’en 2010 aux niveaux mondial, national et local, a-t-il avancé. Il a enfin estimé que la volonté de la communauté internationale semblait établie, citant comme exemple les mesures prises l’année dernière par le G-8 en faveur de l’annulation de la dette ainsi que les initiatives de certains pays en matière de sources innovantes de financement du développement.
M. THONGLOUN SISOULITH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République démocratique populaire Lao, a déclaré partager les préoccupations des pays en développement face au manque de progrès réalisés dans la mise en œuvre des principes du Programme d’action de Bruxelles et souligné que l’amélioration de la croissance économique et du développement humain a été modeste dans les pays les moins avancés. Les PMA rencontrent des difficultés à honorer leurs engagements, telles que définis dans le Programme d’action de Bruxelles, a-t-il fait observer, soulignant à cet égard l’importance que la communauté internationale prenne des mesures pour fournir aux PMA les ressources qu’elle a depuis longtemps promises et qui s’avèrent nécessaires à la réalisation des principes du Programme d’action de Bruxelles et des Objectifs du Millénaire pour le développement. L’appui continu des pays développés, du système des Nations Unies, ainsi que du système financier et commercial international est d’une importance cruciale, a rappelé M. Sisoulith.
Il a en outre souligné qu’en tant que pays sans littoral en développement, le Laos n’a pas ménagé ses efforts pour traduire ses engagements en action. Le Programme d’action de Bruxelles a été intégré à la stratégie socio-économique sur 10 ans et un accent tout particulier a été mis sur la promotion d’une croissance économique rapide et soutenue, sur la réduction de la pauvreté et sur la protection de l’environnement, a-t-il fait observer. Il a, à cet égard, fait valoir diverses mesures qui ont été prises pour la réalisation de ces objectifs et souligné que le PIB a atteint une croissance d’une moyenne de 6,3% sur les cinq dernières années. Il a en outre informé l’Assemblée générale de l’augmentation du PIB par habitant d’environ 500 dollars entre 2000 et 2005, ainsi que de la réduction du niveau de pauvreté de 39% (en 1997) à 32% (en 2005). Pour appuyer ses efforts, le gouvernement a lancé une stratégie nationale ayant pour objectifs la croissance économique et la réduction de la pauvreté, a-t-il fait observer. Cette stratégie est axée sur quatre domaines-clés que sont l’agriculture, la santé, l’éducation et les infrastructures de développement, a-t-il continué. Il a, à cet égard, souligné que l’adoption récente du sixième plan de développement socio-économique pour les années 2006-2010 constituait un cadre pour la mise en place des objectifs de cette stratégie nationale dans la perspective d’une sortie de son pays du groupe des PMA d’ici 2020.
M. SATO KILMAN, Ministre des affaires étrangères de la République de Vanuatu, a estimé que la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles n’avait été, jusqu’ici, que modérée. Les résultats de Vanuatu ont été mitigés et certains objectifs ne pourront pas être atteints avant 2010. Du fait de la taille réduite de son économie, l’archipel est difficilement en mesure d’intégrer la compétition sur le marché des biens et services et il reste difficile de prévoir si la croissance économique sera au rendez-vous. Le PIB de Vanuatu est basé, à 73%, sur les activités de service, le reste provenant de l’agriculture, sachant que cette activité fait vivre 80% des habitants. Vanuatu juge donc prématurée la recommandation du Comité des politiques de développement qui vise à la faire sortir de la liste des PMA. M. KILMAN a souligné que son pays restait particulièrement vulnérable aux catastrophes naturelles qui peuvent ruiner l’économie du jour au lendemain et il a fermement critiqué les critères pris en compte pour évaluer l’éligibilité de Vanuatu à sortir de la liste des PMA.
M. Kilman a ainsi estimé que le revenu national brut ne constituait pas une donnée fiable pour évaluer la situation de Vanuatu, de même que le PIB par habitant, dans la mesure où ils ne reflètent pas les importantes disparités qui existent au sein de la population. Au cas où le pays serait réellement éligible pour sortir de la liste des PMA, une analyse détaillée de ses inefficacités structurelles devrait être menée, accompagnée de recommandations pour y remédier. De même, il convient de vérifier que le revenu national est durable et que la croissance ne dérive pas avant tout de facteurs externes tels que l’aide internationale. L’objectif étant de s’assurer que l’économie de Vanuatu ne décline pas à la suite d’un changement de statut. M. KILMAN a alors souligné que Vanuatu n’exportait que quelques denrées de base peu prisées alors qu’il dépend fortement de l’importation de biens manufacturés, ce qui a causé un déficit commercial qui ne cesse de s’aggraver. De même, les statistiques ne rendent pas compte de la qualité insuffisante de l’éducation dans l’archipel. En conclusion, M. KILMAN a affirmé que Vanuatu était en réalité loin de répondre aux critères nécessaires pour être intégré à la liste des pays susceptibles de ne plus faire partie des PMA et il a donc réclamé que son nom soit immédiatement ôté de cette liste.
Prenant la parole au nom du Groupe africain, M. AHMED ABOUL GHEIT, Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a déclaré que l’élimination de la pauvreté et le développement durable dans le monde relevaient de la responsabilité conjointe des pays du Nord et du Sud. Il a évoqué les immenses défis que doivent relever les PMA, citant notamment l’absence de financement adéquat pour les infrastructures, l’éducation et la santé ainsi que le transfert de technologies. Ces pays doivent être progressivement intégrés à l’économie mondiale, a-t-il ajouté, ce qui implique l’élimination de toutes les barrières douanières et non douanières qui freine leurs exportations vers les pays développés. Il a en outre jugé nécessaire d’aider les PMA non membres de l’Organisation mondiale du commerce à rejoindre ses rangs.
M. GHEIT a jugé qu’il fallait en premier assurer paix et sécurité dans les PMA avant de les aider à améliorer leur gouvernance en assurant la transparence, la prise de décision démocratique et la pleine participation de tous les États Membres de l’ONU. M. GHEIT a précisé que l’Égypte fournissait une assistance technique aux PMA en vue de les aider à renforcer leurs capacités, dans un esprit de solidarité entre pays du Sud. L’Égypte aide également 13 PMA à développer leur commerce au sein du Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA), en les laissant accéder à son marché intérieur, a-t-il conclu.
Mme TARJA FILATOV, Ministre du travail de la Finlande, a déclaré, au nom de l’Union européenne, dont son pays assure la présidence, que le Document final du Sommet mondial de 2005 estimait que le développement, la paix et la sécurité sont interdépendants et se renforcent mutuellement. L’Union européenne se félicite que les PMA aient en moyenne connu un taux de croissance économique de presque 7% depuis 2001. Ces bons résultats sont d’abord le fruit des politiques macroéconomiques courageuses adoptées par les gouvernements de ces pays. Ils ont réduit leurs déficits, leur inflation et les déséquilibres de leur balance extérieure. Ces changements positifs sur le plan macroéconomique se sont accompagnés de la mise en oeuvre de politiques d’ajustement structurel, qui ont elles-mêmes produit des programmes de privatisation, une facilitation des procédures de création d’entreprise, et une libéralisation du commerce, a relevé Mme Filatov. Le commerce est un élément essentiel de l’agenda international de soutien à la réalisation des OMD et des engagements du Programme d’action de Bruxelles, a poursuivi la Ministre finnoise. Cependant, l’accès au marché ne saurait être perçu comme une condition suffisante pour l’intégration des PMA aux échanges mondiaux. Ils ont d’abord besoin d’une augmentation des ressources qui leur sont octroyées pour les aider à améliorer leur cadre et leurs capacités en matière commerciale, leurs réformes intérieures, et leur accession à des règles commerciales internationales améliorées.
L’Union européenne est en faveur d’une relance des négociations commerciales du Cycle de Doha, a ensuite indiqué Mme Filatov. Parvenir à la conclusion du Cycle de Doha aiderait considérablement les PMA dans leur intégration au commerce international. L’Union européenne fera donc tout ce dont elle est capable pour assurer la reprise des pourparlers de Doha, a dit Mme Filatov. L’Union européenne appelle à cet égard les principaux acteurs du commerce international à faire les concessions qui permettraient la reprise du Cycle de Doha. Il faut donner aux PMA l’assistance technique dont ils ont besoin en matière de capacités commerciales, a plaidé la Ministre. L’Union européenne soutient donc le programme « Aid for Trade », et elle appelle les pays donateurs à contribuer au « Cadre intégré amélioré », qui a été créé à cet effet. Il est essentiel de renforcer et d’élargir les capacités productives et les infrastructures de base des PMA, en vue de faciliter leur intégration régionale, augmenter leurs échanges commerciaux internes et sous-régionaux, et y soutenir la croissance. C’est dans cette perspective que l’Union européenne a adopté une « Stratégie pour l’Afrique », qui comprend une proposition européenne de partenariat euro-africain dans la promotion des infrastructures. Ce partenariat soutient des initiatives d’investissements transfrontières dans la construction d’infrastructures et dans la création des programmes de contrôle régissant leur exploitation et leur gestion. Ces infrastructures touchent aux domaines des réseaux de transport routiers, d’adduction d’eau et d’énergie, ainsi qu’à la promotion de réseaux de communication électronique et de services.
L’Union européenne pense d’autre part que l’éducation, la santé, et la promotion de l’égalité des sexes sont des facteurs essentiels qu’il faut intégrer dans les efforts de développement, qui eux-mêmes doivent viser un développement durable et soucieux de l’environnement. Ces données sont notamment cruciales dans les pays atteints par la pandémie du VIH/sida. Il est regrettable qu’en ce qui concerne l’éducation, bien que le taux moyen d’alphabétisation dans les PMA atteigne 90%, 15% des petites filles ne soient pas inscrites dans les écoles du cycle primaire. L’Union européenne exhorte donc les gouvernements de ces pays à faire des efforts dans ce domaine et dans celui de la promotion de l’égalité des genres, qui devrait faire partie des stratégies de développement. Sur le plan financier, l’Union européenne est favorable à la réduction de la dette, et elle soutient l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (Initiative PPTE). L’Union européenne est d’autre part d’avis que la communauté internationale devrait assurer une transition favorable aux PMA qui sont sur la liste de graduation. La sortie d’un pays du groupe des PMA devrait donc se faire de manière douce et accompagnée de clauses d’ajustement.
M. JEAN ASSELBORN, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de l’immigration du Luxembourg, a déclaré que son gouvernement poursuivait une politique volontariste et cohérente en faveur du développement. Le Luxembourg figure, depuis 2000, parmi les rares pays qui respectent l’objectif de consacrer au moins 0,7% de leur revenu national brut à l’assistance internationale, a-t-il précisé. Il a indiqué que l’aide publique au développement fournie par le Luxembourg s’élevait à 0,82% de son revenu en 2005 et atteindrait 0,1% d’ici quelques années. Il a déclaré que le Luxembourg s’employait à mener un dialogue de tous les jours avec ses partenaires et que cette coopération se basait sur les priorités définies par les pays concernés eux-mêmes. Il s’est dit convaincu que seule une relation sur un pied d’égalité entre PMA et partenaires de développement était susceptible de générer la compréhension indispensable à une action efficace en faveur du développement.
S’agissant de la mise en œuvre du Programme de Bruxelles, il a estimé que des efforts supplémentaires étaient nécessaires, tant au niveau des PMA que de la communauté internationale, afin d’être à la hauteur des objectifs souscrits en 2001. Les grandes ambitions ne doivent pas s’estomper avec le temps, a-t-il ajouté, en espérant que cet examen à mi-parcours soit l’occasion de redonner un élan au Programme d’action de Bruxelles. Enfin, il s’est félicité des réalisations de l’Union européenne sous la présidence du Luxembourg, l’année dernière citant l’adoption de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide ainsi que l’engagement des membres de l’UE de fournir une assistance accrue aux PMA.
S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme NKOSAZANA DLAMINI ZUMA, Ministre des affaires étrangères de l’Afrique du Sud, s’est inquiétée des progrès insuffisants dans la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles. Elle a jugé essentiel d’honorer pleinement et sans délai les engagements pris en faveur des PMA. Malgré les efforts déployés par ces pays, a-t-elle poursuivi, le soutien fourni par les partenaires de développement est encore insuffisant. Rappelant que le Sommet mondial de 2005 avait exhorté toutes les parties prenantes à réaliser les objectifs de la Déclaration de Bruxelles, elle a plaidé pour un engagement renouvelé et continu de la part des PMA et des partenaires en développement. Ce partenariat renforcé doit, selon elle, promouvoir la croissance économique et durable de ces États ainsi que leur intégration dans l’économie mondiale, notamment par la levée des obstacles aux exportations des PMA. Enfin, elle a souhaité que l’examen à mi-parcours porte une attention particulière aux questions relatives à l’égalité entre les sexes, à l’infrastructure agricole et au VIH/sida, au paludisme et à la tuberculose.
M. RUDOLPH INSANALLY, Ministre des affaires étrangères de Guyana, a noté des développements importants du Programme d’action de Bruxelles en matière de réduction de la dette des pays les moins avancés. « Le Programme de Bruxelles est une plateforme indispensable pour développer une croissance et un développement durable, nécessaires pour permettre aux pays les moins avancés de se placer sur une trajectoire d’accomplissements continus », a-t-il dit. Cependant, les pays les moins développés demeurent dans une situation précaire, et le seuil minimum d’exécution du Programme d’action ne pourra être atteint avec les taux et tendances actuels. De plus, l’impact des maladies infectieuses, tel le SIDA, et la nécessité d’une croissance économique qui permette, entre autres, la création d’emplois et la réduction des inégalités dressent un portrait d’autant plus sombre.
Les cinq premières années de mise en place du Programme ont souligné l’importance des partenariats pour en atteindre les objectifs. Une coopération plus approfondie est donc nécessaire pour accélérer progrès et développement, et pour remédier aux incohérences des règles mondiales de commerce. Le Groupe de Rio attire l’attention sur l’approche élaborée par la Stratégie de Cotonou. M. Insanally a de plus annoncé que Guyana appelait à l’établissement de plusieurs initiatives, dont le New Global Human Order, l’Action contre la faim et la Poverty Initiative du Brésil. M. Insanally a aussi appelé la communauté internationale à renouveler ses efforts pour assurer le succès du Programme d’action.
M. MOCTAR OUANE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali, a déclaré que son pays avait activement pris part à la 3ème Conférence des Nations Unies sur les PMA, qui a permis l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Bruxelles. Á la suite de la Conférence PMA III, le Mali a adopté en 2002 un cadre unique de référence pour ses stratégies et politiques de développement, dénommé « Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté pour la période 2002-2006 –CSLP 2002-2006). Ce CSLP a été articulé sur trois axes recouvrant les sept engagements du Programme d’action de Bruxelles. Ces trois axes sont: le développement institutionnel, l’amélioration de la gouvernance et de la participation; le développement des ressources humaines et l’accès aux services de base; et le développement des infrastructures et des secteurs productifs.
Malgré les progrès accomplis par le Mali dans ces divers secteurs, l’incidence de la pauvreté n’y a pas diminué au cours de la période concernée par l’évaluation à mi-parcours que nous faisons aujourd’hui, a cependant noté M. Ouane. Bien que l’économie du Mali ait enregistré un taux de croissance réel de 5,1%, cette croissance est restée en dessous de l’objectif fixé dans le CSLP, qui était de 6,7%. On constate la même situation dans tous les autres PMA, a relevé le Ministre malien des affaires étrangères.
Notant qu’il ne peut y avoir de réduction de la pauvreté sans une croissance économique durable et une redistribution équitable des fruits de cette croissance, M. Ouane a dit que la réalisation des objectifs visant à permettre aux PMA de réduire de moitié la pauvreté d’ici 2010, adoptés par la communauté internationale et par son pays, dépendront de l’engagement résolu des pays développés d’accroître l’aide publique au développement (APD), d’en améliorer l’efficacité et de favoriser la création d’un environnement international propice à l’insertion des PMA dans le commerce international, aux investissements étrangers directs (IED) et aux transferts de technologies. Le Mali estime aussi qu’une plus grande implication du Bureau du Haut Représentant pour les PMA, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement dans le plaidoyer auprès des pays donateurs et des agences de coopération, ainsi que dans le renforcement des capacités des PMA, notamment en matière commerciale, est indispensable. Le Mali attend de la déclaration qui sera adoptée à la fin des travaux de cette Réunion de haut niveau, qu’elle soit à la mesure des engagements pris ensemble en 2001 à Bruxelles. Il serait inacceptable qu’au moment où le monde est plus riche que jamais, le nombre d’habitants des PMA qui vivent dans la pauvreté passe de 334 millions en 2000, à 471 millions en 2015, a fait remarquer M. Ouane.
M. MORSHED KHAN, Ministre des affaires étrangères du Bangladesh, a indiqué que les PMA ne parviendraient pas à des taux de croissance élevés sans une augmentation substantielle des investissements. Il a affirmé que les PMA s’attendaient à des flux plus importants de capitaux, d’investissements étrangers directs (IED) et d’assistance pour le développement afin de combler le manque de ressources. Mais, a-t-il poursuivi, le montant de l’APD pour les PMA en 2004 s’est élevé à 23,8 milliards de dollars, soit 10% par jour par habitant. Il a noté que, cette même année, les PMA avaient remboursé près de 6 milliards de dollars pour le service de leurs dettes.
De plus, il a noté que les PMA souffraient d’un mauvais accès aux marchés internationaux en raison, entre autres, du manque de consensus sur un traitement spécial et différencié et de l’existence de barrières non tarifaires. M. KHAN a souligné la volatilité des revenus de ces États, particulièrement vulnérables aux chocs de l’économie mondiale et aux catastrophes naturelles. Dans cette perspective, il a estimé que les prêts et l’assistance en faveur des PMA devaient augmenter lors de ces chocs économiques et qu’il fallait renforcer la capacité de ces États à faire face aux désastres climatiques. Il a aussi plaidé pour un accès sans franchise de droit et sans contingent des exportations des PMA vers les marchés des pays développés et a jugé impératif de relancer les pourparlers du Cycle de Doha en faveur du développement. Enfin, il a souhaité un mécanisme de suivi et d’évaluation, au sein des Nations Unies, pour assurer la mise en oeuvre du programme d’action de Bruxelles.
M. BAN KI-MOON, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la République de Corée, a noté que les PMA avaient atteint dans les cinq dernières années leur taux de croissance le plus élevé depuis 20 ans. Toutefois, il a constaté que ce résultat n’était pas suffisant pour réduire véritablement la pauvreté. Pour parvenir aux objectifs du Programme d’action de Bruxelles, il a estimé que des efforts étaient nécessaires pour adopter et surtout appliquer des stratégies nationales de développement, notamment grâce au soutien international. Il a de plus souligné l’importance d’aider les PMA à renforcer leurs capacités, particulièrement celles humaines, et d’investir dans les infrastructures et le développement rural. Par ailleurs, il a insisté sur le rôle des femmes dans le développement des PMA. Elles peuvent être les agents les plus efficaces en faveur du changement et du progrès social, a-t-il argué. Selon lui, l’intégration d’une perspective sexospécifique doit être un des piliers de l’élaboration des politiques.
Le Ministre a également affirmé que les PMA devaient continuer leurs efforts pour renforcer la bonne gouvernance. À cet égard, il a insisté sur le partage de bonnes pratiques dans ce domaine ainsi que sur la coopération Sud-Sud. Par ailleurs, il a avancé que les partenaires de développement devaient s’acquitter de leurs engagements notamment dans les domaines de l’assistance technique, de l’accès aux marchés, de l’allégement de la dette et de l’APD. Il a fait valoir que son pays doublerait son APD d’ici à 2009 et s’employait à introduire une taxe de solidarité sur les billets d’avion. Enfin, il a insisté sur le rôle du commerce comme moteur du développement et a indiqué que la Corée élargirait l’accès sans franchise de droits et sans contingent aux produits en provenance des PMA.
M. JUMA NGASONGWA, Ministre de la planification et de l’économie de la Tanzanie, a affirmé que des progrès ont été accomplis en termes d’amélioration du sort des populations des pays les moins avancés qui sont loin d’atteindre les objectifs fixés par le Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en développement, élaboré à Bruxelles. Il a rappelé que des progrès ne pourraient pas se manifester sans l’engagement ferme des gouvernements et des populations des PMA dans de profondes réformes. Ces réformes, a-t-il précisé, devraient par ailleurs recevoir l’appui de la communauté internationale qui devrait essentiellement consentir à annuler la dette extérieure des PMA, dont le lourd fardeau pèse sur l’épargne nationale.
Passant à la situation dans son propre pays, le Ministre a rappelé que son pays a connu des réformes profondes, notamment dans les domaines de la gouvernance, de l’éducation, des droits de l’homme, de la démocratie et des réformes fiscales. Par ailleurs, a-t-il précisé, les élections de 2005 ont permis de faire participer plus de femmes au processus de décision, avec 30% de femmes parlementaires. Selon les statistiques de la Banque mondiale, la Tanzanie se classe parmi les 10 premiers pays à avoir effectué le plus de réformes en 2005-2006. Le Ministre a souligné qu’un investissement plus marqué dans la recherche, l’accès aux nouvelles technologies de l’information et la lutte contre les pandémies constitueraient les défis prioritaires à venir.
M. ANTONIO FERNANDO, Ministre de l’industrie et du commerce de la République du Mozambique, a relevé que sa délégation s’associe à la déclaration faite lundi matin par l’Afrique du Sud au nom du Groupe des 77 et de la Chine.
Le Ministre s’est ensuite concentré sur les efforts faits par son pays pour se moderniser et se hisser de la pauvreté. Il a d’abord évoqué une meilleure parité entre les sexes au sein de l’État. Parallèlement, le Mozambique s’est engagé à améliorer l’accès à l’éducation et au système de santé. Il s’est également attaqué à la corruption, a poursuivi le Ministre, et à la réforme du commerce.
Mais M. Fernando s’est dit déçu de voir les efforts des pays les moins avancés si peu récompensés. Les pays les moins avancés n’ont atteint ni les buts fixés en terme de développement économique, ni les objectifs du Millénaire. Il espère que les débats de lundi et mardi à New York auront permis de renverser cette tendance.
M. ANAND SHARMA, Ministre d’État aux affaires étrangères de l’Inde, a noté avec satisfaction que les pays les moins avancés (PMA) ont accompli des efforts importants en matière de développement économique, notamment dans la poursuite des objectifs du Programme d’action de Bruxelles. Il a estimé que le développement des capacités nationales est une question décisive dans la croissance durable des pays les moins avancés, et que la contribution des organisations internationales à cet égard est importante. En ce qui concerne la question critique de la dette des PMA, le ministre a rappelé l’engagement de l’Inde qui a annulé celle de sept pays pauvres très endettés (PPTE). Il s’est inquiété cependant de ce que les fonds alloués à l’aide publique au développement au niveau mondial ne dépassent pas les deux tiers des objectifs visés. Il a encouragé une approche au cas par cas lorsqu’il s’agit de déterminer l’aide à apporter, car les infrastructures matérielles et sociales dans la plupart des PMA ne sont pas assez solides pour attirer les investissements. Le ministre a aussi mis en évidence la nécessité d’une bonne gouvernance tant au niveau international qu’au niveau national. À son avis, il faut aider les PMA à renforcer leurs capacités pour leur permettre de définir un cadre institutionnel objectif, qui facilitera les investissements étrangers. L’Inde a été un des champions de la coopération Sud-Sud, a poursuivi M. Sharma. Nous avons toujours tout fait pour essayer d’augmenter cette coopération, a-t-il précisé, citant des exemples de coopération avec le Myanmar, les Maldives, le Népal et le Bhoutan notamment. En Afrique, l’Inde renforce sa coopération par le truchement du NEPAD, a-t-il précisé.
M. SEYDOU BOUDA, Ministre de l'économie du Burkina Faso, a déclaré que le Programme d'action de Bruxelles a connu une mise en œuvre plus ou moins mitigée. Il a ainsi souligné que la population continue de vivre dans une situation d'extrême pauvreté, notamment en raison de l'accroissement du cours du pétrole et de la baisse du cours des matières premières qui ont affecté la situation économique. Au Burkina Faso, la mise en œuvre du Programme d'action de Bruxelles se poursuit dans le cadre global de la stratégie de lutte contre la pauvreté et se fait de manière satisfaisante. Il a à cet égard pris l'exemple des dernières élections qui se sont déroulées dans le respect des normes internationales et a déclaré que les indicateurs humains sont en nette amélioration.
L'une des voies du salut passe par une meilleure intégration des marchés dans des échanges commerciaux équitables et le règlement de la question des subventions massives maintenues par les pays développés, a-t-il souligné. Le Burkina Faso a été éligible à l'initiative d'allègement de la dette multilatérale, ce qui est un signe de ses efforts en matière de stabilité économique.
Le défi majeur reste le recul sensible de la pauvreté, a-t-il insisté. Il faut renforcer l'accès aux services sociaux de base, aux infrastructures économiques et aux marchés extérieurs. Il a appelé à un engagement plus fort de la communauté internationale, l'atteinte des OMD restant problématique. Enfin, les efforts d'annulation de la dette doivent se poursuivre, a-t-il conclu.
M. PATTERSON OTI, Ministre des affaires étrangères des Îles Salomon, a estimé qu’il y avait beaucoup de lacunes dans le système d’aide aux PMA, notamment celle à destination des cinq PMA « perdus dans le plus grand océan du monde », l’océan Pacifique. Les critères établis pour l’examen de la situation de ces pays devraient être révisés pour mieux prendre en compte la situation des petits pays insulaires, très exposés à des catastrophes naturelles qui balayent les progrès faits dans le développement, a-t-il souligné, citant l’exemple des cyclones et des tsunamis. Il faudrait en effet un engagement et un soutien plus coordonnés à toutes les échelles pour un traitement spécial et différencié, adapté à la situation géographique des pays, ainsi qu’à ceux qui sortent de conflit, comme les Îles Salomon.
Le Ministre a également affirmé qu’il fallait mieux intégrer les populations rurales dans les politiques de développement, car elles constituent souvent la part la plus importante de la population des pays les moins avancés. Il a proposé d’intensifier l’aide au développement de la capacité institutionnelle de ces pays, notamment dans le cas de pays extrêmement dispersés du fait de leur géographie. Dans les domaines de l’éducation et du commerce, il reste également beaucoup à faire, a poursuivi le Ministre, soulignant qu’un réel transfert de technologie serait fondamental dans ces secteurs pour soutenir les efforts importants accomplis au niveau national.
M. CHEIKH TIDIANE GADIO, Ministre des affaires étrangères du Sénégal, a estimé que les progrès accomplis dans le cadre de l’application du Programme d’action de Bruxelles ne se reflétaient pas dans les conditions de vie des populations. L’appui indispensable des partenaires n’a pas répondu aux attentes et, parfois même, à complètement fait défaut, a dit M. Gadio. Évoquant la situation dans son pays, il a expliqué que le Sénégal s’était évertué au cours des cinq dernières années à traduire en actes concrets les buts et objectifs du Programme d’action. Cela, a-t-il précisé, a permis d’obtenir des résultats satisfaisants avec un taux de croissance économique en moyenne annuelle de 5% entre 2002 et 2005. Il a en outre fait part d’autres avancées dans les domaines, notamment, du renforcement de la démocratie, de la réduction fiscale de l’entreprise, de la réforme du Code de l’investissement et de la lutte contre la corruption. Au plan social, M. Gadio a signalé des améliorations en matière d’accès à l’éducation et à la santé, ces deux secteurs recevant respectivement 40% et 10% du budget national.
Le Ministre a toutefois déclaré que les performances de son pays auraient été plus importantes si les contraintes structurelles avaient été surmontées. C’est pourquoi, le Sénégal a mis en place un dispositif d’appui afin d’inscrire son action dans une dynamique de croissance accélérée. Le document de stratégie, couvrant principalement la période 2006-2015, se fixe un objectif de croissance d’au moins 7%, nécessaire pour créer suffisamment d’emplois, améliorer significativement les conditions de vie des ménages et atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement en 2015, a encore déclaré M. Gadio. Enfin, il a affirmé que les PMA étaient avides de prendre leur place dans l’économie mondiale et, qu’à cette fin, ils ne demandaient qu’à être appuyés dans leur volonté de nouer un partenariat solide et sain avec les pays développés.
JEAN MAX BELLERIVE, Ministre de la planification et de la coopération externe d’Haïti, a estimé que le Programme d’action de Bruxelles était à une phase critique, celle de la mise en œuvre qui doit reposer de façon irréversible les grands axes d’actions nécessaires à sa réussite. Il a enjoint à combler le passif de déficience chronique en matière d’application des décisions arrêtées, notamment pour ce qui a trait aux programmes de développement économique et social. Le Gouvernement haïtien voit dans le Programme d’action l’un des instruments les plus prometteurs du système des Nations Unies, a-t-il affirmé.
Saluant la Stratégie de Cotonou, « fruit du courage admirable dont les représentants des pays les moins avancés ont fait preuve », le Ministre a affirmé qu’elle n’était pas destinée à se substituer au Programme d’action, mais bien à formuler des recommandations pertinentes quant aux mesures correctives et de renforcement à prendre, à mi-chemin de l’échéance 2010. En dépit des progrès louables enregistrés par les PMA avec l’aide de leurs partenaires de développement, il a souligné la persistance de l’extrême pauvreté, de la faiblesse des capacités humaines et institutionnelles, de la vulnérabilité aux chocs financiers et économiques et de la pénurie des ressources dans ces pays. À cet égard, il a fait part de sa préoccupation face à la « tentative incompréhensible de certains partenaires de jeter d’un revers de main la Stratégie de Cotonou ». En Haïti, cette stratégie sera ajoutée aux mécanismes déjà existants pour assurer le développement intégral du pays par l’amélioration progressive et régulière des indicateurs d’objectifs qualitatifs et quantitatifs, a conclu Jean-Max Bellerive.
M. SYED HAMID ALBAR, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, a déclaré que la possibilité que les Objectifs du Millénaire pour développement soient atteints à l’horizon 2015 restait faible. « La créativité, l’innovation et la détermination s’imposent donc », a-t-il souligné, d’autant qu’on assiste à une inversion de tendance historique dans l’histoire humaine, avec une réduction de l’espérance de vie dans de nombreux pays les moins avancés, notamment à cause du VIH/sida et de luttes intestines. Les niveaux de l’aide au développement ne sont pas la seule question à aborder, a-t-il estimé, soulignant que le commerce est un pilier central du développement et qu’il est par conséquent essentiel que les négociations sur le commerce mondial, bloquées actuellement, reprennent au plus vite. « Le monde développé doit aider les PMA à s’intégrer au monde du commerce », a-t-il insisté.
Le Ministre a également rappelé que les déséquilibres économiques mondiaux jetaient une ombre importante sur le développement des PMA, car la plupart d’entre eux restaient dépendants à un ou deux produits, ce qui les rendait particulièrement vulnérables à l’évolution économique. La Malaisie tente d’apporter son aide aux programmes de développement, en particulier à destination des PMA, a-t-il assuré. Elle cherche de nouveaux moyens de développer des ressources humaines dans ces pays, par le biais de l’utilisation des technologies de communication en particulier, « moteur clef de la recherche et de la croissance économique aujourd’hui ». À cet égard, Syed Hamid Albar a regretté le manque d’infrastructures dans les pays qui en ont le plus besoin. Le renforcement des capacités nationales est essentiel et la Malaisie apporte particulièrement son aide aux pays membres de l’Organisation de la Conférence islamique, a-t-il indiqué.
M. ELTIGANI YOUSIF FIDAIL, Ministre de la coopération internationale du Soudan, a prévenu que, malgré les progrès réalisés dans la réduction de la pauvreté par certains pays les moins avancés, comme les pays exportateurs de pétrole, on ne peut pas en déduire que ces pays ne doivent plus être considérés comme pauvres. Il s’est inquiété particulièrement de la propagation des maladies infectieuses, en particulier en Afrique, à une époque où les autres indicateurs sociaux sont à la baisse. La pauvreté en est d’autant plus aggravée et la possibilité de mettre en œuvre le Programme d’action de Bruxelles d’autant plus difficile, a-t-il remarqué. M. Fidail a cependant noté les progrès importants que la Conférence ministérielle de Cotonou et les réunions régionales de Bangkok et d’Addis-Abeba ont mis en évidence dans des domaines tels que les droits de l’homme, le règlement des conflits, la démocratisation, la bonne gouvernance, la règle de droit et la lutte contre la corruption. Ces PMA ont aussi mis en place des programmes nationaux de réduction de la pauvreté et d’autres dans le domaine de l’environnement, a-t-il constaté. Malgré cela, il a averti que ces PMA ne peuvent pas pour autant atteindre les objectifs du Programme d’action de Bruxelles en raison d’un développement financier peu consistant et d’infrastructures inadéquates.
Le Gouvernement du Soudan fait preuve de volonté politique pour la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles, a poursuivi le Ministre. Après un premier plan de réduction de la pauvreté, le pays est en train d’établir une démocratie avec une constitution de transition. En outre, tout le pays s’attache à mettre en œuvre les obligations souscrites dans l’Accord général de paix et l’Accord de paix au Darfour, a assuré le Ministre. Mais cette mise en œuvre est rendue difficile par l’absence d’initiatives visant l’annulation de la dette extérieure alors que la plupart des pays pauvres très endettés (PPTE) ont bénéficié de ce genre de mesures. M. Fidail a donc appelé la communauté internationale à honorer ses obligations à cet égard, conformément à la Conférence d’Oslo.
M. JENS STOLTENBERG, Premier ministre de la Norvège, a déclaré que l’un des plus grands défis de l’époque est de combler l’écart entre la croissance rapide d’une grande partie du monde et les pays qui ne suivent pas ce rythme. Si les PMA ont la responsabilité première de leur développement, ils ont également besoin de partenariat durable avec les pays qui peuvent fournir cette aide. La Norvège a été parmi les premiers pays à atteindre la cible des 40% d’aide au développement bilatéral aux PMA, et est depuis restée sur la liste des principaux pays donateurs, tout en poursuivant ses efforts pour accroître le volume de cette aide.
M. Stoltenberg a d’autre part rappelé qu’il coprésidait le Panel de haut-niveau pour une plus grande cohérence et espérait qu’à cette occasion, l’ONU pourra apporter des éléments appropriés aux besoins des PMA. Il a insisté pour que le Programme de Bruxelles ne reste pas lettre morte à l’instar de nombreuses déclarations. Il a ajouté que la Norvège, pays de 4 millions d’habitants, tient la quatrième place parmi les donateurs aux activités opérationnelles des Nations Unies. Elle s’engage désormais à atteindre l’objectif 4 des Objectifs du Millénaire pour le développement relatif à la réduction de la mortalité infantile de 2/3 d’ici 2015. Pour ce faire, elle a décidé de fournir des vaccins à tous les enfants du monde et d’augmenter ses contributions budgétaires. Le Ministre a de surcroît demandé la mise en place d’un plan d’action mondial qui définirait notre méthode et nos instruments financiers.
Mme MARIE GORETH NIZIGAMA, Ministre des transports, postes et télécommunications du Burundi, a déclaré que la première période quinquennale de la mise en place du Programme d'action de Bruxelles a coïncidé avec une période de sortie de crise, crise qui a sapé les fondements d'unité nationale et miné les bases économiques du pays. À cet égard, un Programme social d'urgence a été exécuté courant 2006 grâce au concours d'autres pays, ce qui a permis de créer les conditions minimales de relance du développement. La Ministre a, en ce sens, fait part de la réalisation, par son Gouvernement, du document de stratégie de croissance économique et de réduction de la pauvreté dont l'objectif est de soulager la misère des populations sinistrées par la guerre civile et de permettre au Burundi de poursuivre son processus de qualification au bénéfice de l'allègement de sa dette. Les acquis positifs tels que la paix et la démocratie ne peuvent être préservés que si des réponses appropriées sont trouvées pour juguler les fléaux tels la famine, les maladies ou encore le chômage, a-t-elle expliqué. En raison de cette conjoncture particulièrement difficile lors de la mise en œuvre du Programme national, le Burundi a enregistré de piètres résultats, notamment dans les secteurs productifs. La Ministre a appelé la communauté internationale à se mobiliser pour appuyer massivement les efforts de son Gouvernement.
Elle a regretté que la croissance économique enregistrée dans les PMA au cours des cinq dernières années n'offre aucune garantie de durabilité. Pour autant, les défis communs sont loin d'être une fatalité. Les PMA ont seulement besoin d'être soutenus par la communauté internationale par la mise à disposition de moyens financiers suffisants au travers de l'aide publique au développement et par plus d'équité et de justice dans les relations commerciales. À ce propos, elle a interpellé l'ONU pour aider les PMA dans la recherche des solutions durables aux problèmes générés par le système commercial international.
M. LI ZHAOXING, Ministre des affaires étrangères de la Chine, a constaté qu’à mi-parcours du Programme d’action de Bruxelles, des progrès avaient été accomplis en matière politique, économique et sociale grâce aux efforts concertés des PMA et de la communauté internationale. Cependant, aucun changement fondamental n’a été enregistré en ce qui concerne le statut des PMA et de nombreuses difficultés subsistent. L’infrastructure limitée, l’économie fragile et la prévalence de la pauvreté, ainsi que le VIH/sida, la pollution et la forte croissance de la population menacent le développement des PMA. La communauté internationale a le devoir d’apporter son soutien aux PMA, ce qui contribuera à la paix, à la stabilité et au développement mondiaux, dans l’intérêt de tous les États. La Chine propose que la communauté internationale réaffirme son engagement à soutenir le développement des PMA; augmente l’aide au développement tout en renforçant sa durabilité et sa prédictibilité; améliore l’environnement commercial en étendant l’accès libre au marché à tous les biens provenant des PMA à partir de 2008, en réduisant les barrières douanière et en aidant les PMA à accroître leurs exportations; soutienne le renforcement des capacités des PMA tout en respectant le modèle de développement qu’ils ont choisi.
M. Zhaoxing a ensuite rappelé que la Chine avait toujours soutenu les efforts des PMA pour sortir de la pauvreté et qu’elle leur fournissait une aide dans la mesure de ses possibilités. Des aides financières ont ainsi été accordées à certains PMA, des dettes ont été annulées et la Chine a supprimé tout frais douanier en faveur de certaines exportations des PMA. M. ZHAOXING a affirmé que la Chine allait s’inscrire davantage dans la coopération Sud-Sud et dans le soutien aux PMA au fur et à mesure de son propre développement.
M. CHHAY THAN, Ministre d’État, chef de délégation du Cambodge, a expliqué que son pays a préparé un plan de développement stratégique pour les années 2006-2010 qui sert de guide pour les efforts de développement déployés en vue de réduire rapidement le niveau de la pauvreté. Il a fait observer qu’en matière de développement son pays a mis l’accent sur la croissance économique et sur diverses mesures visant à améliorer l’agriculture et les infrastructures dans les zones rurales et à renforcer le capital humain. Il a à cet égard mentionné que le niveau de pauvreté a baissé de 39% (en 1993) à 28% (en 2004).
L’entrée du Cambodge à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en septembre 2003 a soulevé autant de défis que de bénéfices pour le pays, a expliqué le Ministre. Par ailleurs, il a fait observer que le Cambodge a cherché à renforcer les entreprises et les infrastructures locales, à développer le capital humain et les capacités technologiques, ainsi qu’à créer un accès au marché. La priorité du Cambodge est notamment de développer ses capacités autant au niveau humain qu’au niveau institutionnel, de réduire les coûts de transaction, de profiter des opportunités offertes par l’accès au marché, ainsi que de faciliter l’intégration des entreprises locales dans l’économie internationale. Alors que le Cambodge prend des mesures pour promouvoir un développement qui soit mû par les ressources locales, le succès et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement dépendront d’un plus grand soutien international, a conclu M. Than, rappelant qu’une telle assistance devra être en accord avec les priorités nationales. Il a réitéré la nécessité pour le Cambodge de bénéficier d’un accès plus favorable aux marchés internationaux, et ce, plus particulièrement dans les pays développés.
Mme PATRIZIA SENTINELLI, Vice-Ministre des affaires étrangères et Ministre déléguée au développement et à la coopération de l’Italie, a souligné que la coopération avait été mise au rang de pilier des affaires étrangères italiennes par le nouveau Gouvernement fraîchement élu, avec la création de son propre poste. La coopération pour le développement est un processus participatif de tous les pays du monde, elle doit se faire d’égal à égal et tous les efforts doivent être faits pour oublier la traditionnelle distinction entre les pays donateurs et les pays bénéficiaires.
Le développement est un phénomène à long terme qui peut être atteint uniquement si les femmes y sont incluses, a poursuivi la Ministre, insistant également sur le rôle central que doit y jouer la société civile, en particulier les organisations non gouvernementales. Il ne peut y avoir de paix sans réduction de la pauvreté et sans progrès sociaux. La paix demeurera une utopie à moins que les besoins fondamentaux tels que nourriture, abris, éducation, santé ne soient satisfaits. Nos objectifs ont été définis par le Programme d’action de Bruxelles, notamment celui concernant l’aide publique au développement; reste maintenant à revoir nos stratégies et nos priorités, a déclaré Mme Sentinelli. Elle a conclu en espérant que cette réunion serait l’occasion de mieux identifier ces stratégies et qu’elle ne serait pas gaspillée.
M. MOHAMMED BEDJAOUI, Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, s’est félicité de l’intérêt que porte la communauté internationale à la situation des pays les moins avancés (PMA). L’Algérie a toujours activement soutenu les efforts des PMA dans leur lutte contre la pauvreté et la faim, a-t-il rappelé, notamment en Afrique, et demeure profondément convaincue de l’importance des mécanismes de suivi pour une mise en œuvre du Programme d’action en faveur de ces pays. À cet égard, il a soutenu pleinement la Stratégie de Cotonou pour la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles. Mais le Ministre est resté préoccupé par le faible taux d’exécution de ce Programme s’agissant de la réduction de la pauvreté, qui résulte avant tout, selon lui, de la logique mercantiliste de la gouvernance mondiale. L’Algérie salue les progrès accomplis par la plupart des PMA, en dépit de ressources limitées, pour relever les défis de la croissance. Ces progrès méritent d’être appuyés par la communauté
internationale, afin de consacrer un processus irréversible de développement, a-t-il estimé. La plupart des PMA se situe en Afrique et ce continent devrait bénéficier d’un soutien renforcé de la part de la communauté internationale, a considéré M. Bedjaoui. Il a ajouté que l’Afrique œuvre à travers le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) à jeter les bases d’un développement économique et social, qui contribuera à la réalisation des objectifs du Programme d’action. Il s’est dit convaincu que des performances encore plus prometteuses seront réalisées par les PMA, d’ici 2010.
M. ABDULLAH GÜL, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Turquie, a rappelé que malgré les nombreux efforts des pays les moins avancés, de nombreux défis et de nombreux obstacles demeuraient. Dans cette perspective, il a estimé que la Stratégie de Cotonou contribuerait efficacement à la réalisation du Programme d’action de Bruxelles. « L’amélioration des conditions de vie des 600 millions de personnes qui vivent dans cinquante PMA est de notre responsabilité », a-t-il déclaré.
Après le tremblement de terre qui a ravagé la Turquie en 1990, le pays est désormais en mesure, et déterminé, à jouer son rôle dans l’élimination de la pauvreté, notamment dans l’aide publique au développement qui a dépassé les 600 millions de dollars américains en 2005, soit 0,17% du PIB, a-t-il indiqué. Les efforts seront soutenus et accrus dans les années qui viennent, a indiqué le Ministre, évoquant notamment la mise en place de centres de coordination de l’aide mis en place en Ethiopie et au Soudan. Ces initiatives témoignent du soutien de la Turquie à l’Afrique, a-t-il souligné. Il a poursuivi en soulignant aussi que le commerce international est fondamental dans le développement. La Turquie développe donc au maximum les liens commerciaux avec les PMA. M. Abdullah Gül a enfin proposé d’accueillir prochainement une grande réunion sur les PMA en Turquie.
M. VICTOR MANUEL BARBOSA BORGES, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et des communautés du Cap-Vert, a constaté que les avancées par rapport au Programme d’action de Bruxelles sont assez modestes. Il a aussi relevé des erreurs et des lacunes dans la mise en œuvre du programme. Le Cap-Vert fait partie des PMA depuis 1977, a-t-il rappelé, deux ans après son accession à l’indépendance. Pendant 30 ans, les objectifs fixés en matière de santé et d’éducation ont été atteints pendant que des réformes des secteurs financier et fiscal ont entraîné un dynamisme nouveau, favorable aux investissements étrangers et au développement.
Le ministre a également cité une réforme politique qui a permis d’instaurer la libre alternance. Il a rappelé que l’Assemblée générale de 2004 a doté le Cap-Vert d’un traitement spécial et différencié du fait de sa condition d’insularité, son absence de ressources naturelles et sa vulnérabilité permanente aux sécheresses et aux chocs extérieurs. C’est ainsi qu’a été créé un groupe d’appui de transition avec des partenaires multilatéraux pour aider le pays dans cette transition. En janvier 2008, lorsque le pays sortira du groupe des PMA, il sera alors doté d’un cadre de dialogue et d’assistance pour la période de transition conforme à l’esprit de la Déclaration ministérielle de Cotonou, a espéré le ministre. Nous devons également tout faire pour attirer l’investissement direct étranger mais cela ne doit pas remplacer l’investissement du gouvernement. Les pratiques et les instruments de financement devront être adaptés, a-t-il conclu.
M. HASSAN WIRAJUDA, Ministre des affaires étrangères de l'Indonésie, tout en s'associant à la déclaration du G77 et de la Chine, a noté que ce sera seulement par un partenariat intensif avec les pays développés que les défis et besoins des PMA deviendront gérables pour ces derniers. Il a exhorté les pays développés à augmenter leur contribution auprès des PMA, notamment en matière d’ouverture des marchés, de développement du secteur privé ou encore d’accès aux nouvelles technologies et à la bonne gouvernance. Si des PMA ont atteint leurs objectifs, des mesures préventives demeurent nécessaires pour garantir ces acquis, a-t-il poursuivi. À son avis, les PMA ont un besoin urgent d'un système commercial international exempté de taxes et de quotas, ce qui répondrait au principe de partenariat global.
Le développement de la coopération Sud-Sud serait également un moyen de partager des expériences et bonnes pratiques entre des pays en développement, en particulier dans les domaines du commerce, de l'investissement et des finances. L'Indonésie, a indiqué le Ministre, a également fourni une assistance technique aux PMA d’Asie et d’Afrique et par le biais du centre de coopération Sud-Sud du Mouvement des pays non alignés à Djakarta, créé en 1995.
Le Ministre a toutefois regretté le rythme trop lent des changements, notamment en matière de redressement et de croissance économiques. Ceux-ci devraient s’accélérer car la pauvreté extrême dans une partie du monde compromet l’avenir de l’humanité toute entière, a-t-il conclu.
M. GEORGE CHAPONDA, Ministre de l’administration locale et du développement rural du Malawi, a estimé que certains des PMA avaient fait de nombreux progrès et avaient atteint notamment des taux de croissance économique impressionnants, mais que de nombreux défis persistaient. La responsabilité première du développement est entre les mains des PMA eux-mêmes, a-t-il déclaré. Nous savons ce que nous voulons et nous savons ce que nous devons faire. Il a notamment évoqué la mise en place au Malawi d’un Plan d’action national de développement à moyen terme, qui a reçu des soutiens de l’extérieur. Á cet égard, il a indiqué que son pays avait besoin de davantage d’aide notamment pour développer ses infrastructures de transport.
Le grand test, c’est de voir si les politiques parviennent à améliorer la vie des populations, a poursuivi le Ministre, estimant que le Programme d’action de Bruxelles était un bon programme. Selon lui, la Stratégie de Cotonou permettra d’aller plus loin et constitue un acte dynamique qui se propose de donner une force nouvelle aux efforts. Il s’agit d’un élément de consensus tourné vers l’action qui donnera plus de pragmatisme au Programme de Bruxelles.
M. LAMIN KABA BAJO, Secrétaire d’État aux affaires étrangères de Gambie, a relevé que le développement des PMA est entravé par des facteurs tels que l’inadéquation des capacités institutionnelles et humaines. Il a estimé que ces pays ne pourront pas en finir avec l’extrême pauvreté sans l’aide de la communauté européenne. Les PMA ont fait ce qu’ils ont pu pour réduire la pauvreté, mais les taux de croissance envisagés n’ont pas été atteints dans la plupart d’entre eux. En Gambie, une forte proportion du budget est consacrée à la santé, a expliqué le Secrétaire d’État. Comme progrès notables, il a cité notamment le renversement de la tendance en matière d’infection par le VIH sida, et une amélioration de l’accès à l’eau potable. Ce dont nous avons besoin est d’un soutien renforcé de la part de nos partenaires, a-t-il poursuivi. Ce dont nous souffrons le plus est la
pauvreté, en particulier à cause de la dette du pays même si la Gambie bénéficie de l’initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE). De l’avis de M. Bajo, les conditions de cette initiative doivent être révisées si on veut qu’elles s’appliquent à des pays tels que la Gambie. Le Secrétaire d’État a enfin espéré pouvoir compter sur la communauté internationale pour fournir davantage de ressources à la mise en œuvre de la deuxième moitié du Programme d’action de Bruxelles.
M. ALBERTO ROMULO, Ministre des affaires étrangères des Philippines, a appelé la communauté internationale à garantir aux pays les moins avancés(PMA) une place juste dans la croissance mondiale. Il a relevé que plusieurs PMA avaient accompli des progrès notables, notamment dans les domaines économique et social. Cependant, ces progrès dérivent surtout de l’augmentation des prix des produits de base et de l’ouverture de certains marchés des pays développés aux exportations. Ces opportunités de court terme doivent devenir durables si l’on veut remédier à l’extrême pauvreté, aux faiblesses structurelles et aux capacités humaines et institutionnelles limitées des PMA. Les Philippines soutiennent donc la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles. M. Romulo a appelé à mettre un terme aux entraves structurelles, aux faiblesses de gouvernance, aux contraintes logistiques et aux barrières à l’exportation.
M. FAWZI SALLOUKH, Ministre des affaires étrangères et de l’immigration du Liban, a déclaré soutenir le Programme d’action de Bruxelles, considérant qu’il représente un engagement mondial en vue d’un développement et d’une croissance économique durables, de l’éradication de la pauvreté et de la protection de l’environnement des pays les moins avancés (PMA). La mise en œuvre des sept engagements ne pourra se faire, selon lui, que grâce à la coopération entre les PMA et leurs partenaires de développement. Le Ministre a aussi salué les efforts accomplis par les PMA dans l’identification des 31 objectifs pour la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles au cours de la décennie 2001-2010, appelant toutes les parties concernées à soutenir le déploiement des ressources et moyens nécessaires. Il a notamment encouragé l’octroi d’une aide pour la facilitation de l’accès au commerce mondial, en accordant des traitements préférentiels aux produits de ces pays comme l’exemption de taxe douanière aux frontières des marchés des pays développés. Le Ministre a aussi soutenu l’annulation de la dette pour relancer l’économie des PMA, ainsi que les termes convenus pour l’aide publique au développement dans le Programme d’action de Bruxelles. Enfin, M. Salloukh s’est inquiété des effets dévastateurs de la pandémie du VIH/sida qui prive les PMA de leur force de travail.
Il a ensuite affirmé que les PMA ne parviendraient à sortir de la pauvreté qu’en nouant des partenariats solides avec les États voisins. M. Romulo a cité en exemple l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) qui, lorsqu’elle a intégré quatre pays moins développés dont deux PMA, a mis en place une Initiative d’intégration destinée à réduire le fossé économique entre tous ses membres. Des réductions douanières ont été instaurées progressivement pour permettre aux membres de l’ANASE d’adapter leurs cadres législatifs et politiques et pour permettre à leurs industries de s’adapter au processus. Un plan complémentaire, centré autour de mesures sociales et de développement, a été mis en place pour aider tous les peuples de la région à profiter des progrès accomplis.
M. SORAJAK KASEMSUVAN, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, a réaffirmé l’engagement de son pays à coopérer à la fois avec les pays du Nord et du Sud pour appliquer le plan du Programme d’action de Bruxelles d’ici à 2010. Soulignant la nécessité pour les pays donateurs de renforcer l’aide publique au développement (APD) en vue d’aider les pays les moins avancés à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), la Thaïlande a pour sa part annoncé que 0,13 % de son PIB était versé chaque année au titre de l’APD. Il s’agit là d’une contribution significative pour un pays en développement à revenus moyens, a estimé le représentant. En outre, la Thaïlande a ouvert son marché aux importations de produits des pays les moins avancés. Enfin, le pays a joué un rôle actif dans la promotion de la coopération et de l’intégration régionale, tandis qu’il a renforcé son aide aux pays les moins avancés dans le reste du monde, notamment en Afrique, a conclu le représentant.
Mme LEIRE PAJIN, Vice-Ministre de la coopération internationale de l'Espagne, a déclaré que les PMA sont entre autres vulnérables à leur situation géographique et aux éléments extérieurs qui freinent leur développement économique. Elle a réaffirmé en outre l'appui de son pays au Plan d'action de Bruxelles qui doit être le cadre stratégique du partenariat pour le développement des PMA. Certes, les PMA doivent tenir leurs propres engagements, mais les pays développés doivent de leur côté appuyer ces efforts et assurer une cohérence dans l’action, en particulier dans le domaine du commerce.
Selon la déléguée, l'Espagne a honoré ses responsabilités dans ce sens, en ayant offert une aide accrue à l'Afrique subsaharienne. C’est ainsi que les fonds alloués en 2006 à cette région seront trois fois supérieurs à ceux de 2003 et les initiatives de l'Union africaine sont soutenues, en particulier dans des secteurs sensibles comme l'environnement, l'éducation et la santé. L'Espagne appuie entre autres le Fonds global de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et se prononce en faveur d'un mécanisme de financement pour intensifier les campagnes de vaccination.
Malgré les progrès réalisés, il reste beaucoup à faire, a-t-elle noté. Les défis n'appartiennent pas seulement aux PMA. Le programme de Bruxelles doit être le cadre d'initiatives pour avancer sur la voie du développement. L'Espagne y consacrera tous ses efforts, a-t-elle lancé.
M. SEMAKULA KIWANUKA, Ministre des finances, du plan et du développement économique de l’Ouganda, a déclaré que s’agissant de la bonne gouvernance, son pays s’était engagé dans des réformes avant même la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles. Le Ministre a également indiqué que le développement des ressources humaines dans son pays prenait notamment en compte celui des méthodes de formation des personnels. Au plan de l’éducation, nous avons établi un programme secondaire visant à absorber le nombre croissant de diplômes du primaire. Cette initiative s’ajoute aux programmes d’alphabétisation et de santé universels. Le Ministre a par ailleurs insisté sur la nécessité de renforcer les partenariats avec les pays en développement, en particulier en ce qui concerne les engagements pris par ces derniers en matière d’APD. Il a ajouté que la mise en œuvre du Programme d’action dépendait, dans ce cadre, de l’appui au renforcement du développement des infrastructures régionales et des technologies. Le capital humain doit être également pris en compte, et ce, en axant nos cadres politiques sur le respect de la dignité de la personne. Enfin, l’intervenant a souhaité que les agences multilatérales de développement et les pays riches mettent l’accent sur l’amélioration des conditions d’existence et de production dans les zones rurales.
M. TODOR TCHUROV, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Bulgarie, a estimé que le Programme d’action de Bruxelles était un outil qui avait fait ses preuves pour arriver aux objectifs du Millénaire pour le développement dans plusieurs domaines. Les pays les moins développés, comme les pays qui leur viennnent en aide, ont fait des progrès dans la mise en œuvre de leurs engagements, a-t-il souligné, mais il reste de nombreux défis à relever. La Bulgarie a initié un processus d’aide au développement dans le cadre de son adhésion future à l’Union européenne, a indiqué le Vice-Ministre.
L’expérience de la Bulgarie vers une économie de marché peut être utile aux PAM et témoigne de l’intérêt de la coopération Sud-Sud, a-t-il poursuivi, rappelant que son pays avait profité de la coopération transfrontalière, notamment dans l’accès à l’énergie et aux technologies de télécommunication. La bonne gouvernance, la promotion de la démocratie et la protection des droits de l’homme sont des questions fondamentales qui doivent être intégrées aux stratégies nationales, a-t-il ajouté. Dans son objectif de devenir un pays donateur, la Bulgarie a été amenée à faire acte de candidature pour adhérer au Conseil économique et social (ECOSOC), témoignage de son engagement aux côtés des PMA, a enfin annoncé Todor Tchurov.
Dr. ISHRAT HUSSAIN, Ministre fédéral du Pakistan a noté que l’optimisme et l’euphorie qui ont accompagné l’adoption du Programme d’action ne concordent malheureusement pas avec les résultats obtenus jusqu’à présent. Se basant sur la Stratégie de Cotonou, M. Hussain estime que peu des pays les moins avancés sont en mesure de réduire leur pauvreté de moitié d’ici 2015. Il a affirmé le plein soutien du Pakistan à la mise en œuvre et à l’orientation de la Stratégie qui, d’ailleurs, coïncide avec l’approche du Pakistan, partisan d’une coopération Nord- Sud, mais aussi Sud- Sud.
Des efforts concertés sont requis pour mettre fin au cercle vicieux de la pauvreté, de la faim et du sous-développement, et ce dans plusieurs domaines : une bonne gouvernance au niveau national et international, un allègement de la dette plus prononcé pour les pays, une amélioration de l’accès aux marchés des produits des pays les moins avancés et une plus grande coopération technique. M. Hussain a rappelé que le Pakistan, malgré des ressources limitées, continue d’apporter une assistance technique, économique et humanitaire aux pays les moins avancés, ainsi qu’un accès hors taxes à son marché pour certains de leurs produits.
M. IBRAHIM SESAY, Ministre adjoint au développement et à la planification économique de la Sierra Leone, a estimé que le plus grand défi pour les cinq prochaines années était de transformer la croissance économique de 7% observée dans les pays les moins avancés entre 2001-2006 en amélioration les conditions de vie de leurs habitants. Cela n’a pas été le cas jusqu’ici, a-t-il regretté.
La Sierra Leone était en guerre au moment de la signature du Programme de Bruxelles en 2001, a poursuivi le Ministre. La paix a été signée en janvier 2002 et, depuis cette date, le pays a lancé de nombreuses réformes dans les secteurs définis par le Programme de Bruxelles. Malgré les améliorations apportées, la Sierra Leone continue de faire face à une grande pauvreté et un chômage important chez les jeunes, a affirmé M. Sesay.
M. JORGE VALERO, Vice-Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a évoqué la Déclaration du Millénaire, la Déclaration de Monterrey et la Stratégie de Doha qui visaient essentiellement à répondre aux besoins des pays en développement. Ces textes, a-t-il rappelé, ont été le fruit de négociations complexes et portent l’empreinte des pressions exercées par les pays développés sur les pays en développement. Bon nombre des objectifs définis ne peuvent pas être réalisés par les PMA car même si certains progrès ont été réalisés en matière de réduction de la pauvreté, ceux-ci ont été inégaux.
L'histoire des PMA reste marquée par la colonisation, l'exploitation et la domination des pays capitalistes, a poursuivi le Vice-Ministre. Il a dénoncé le pillage international de pays pauvres du monde au profit de quelques nations. Il a demandé que les stratégies de développement tiennent compte des besoins et caractéristiques propres aux PMA et que les États mettent en œuvre leur stratégie de développement dans le respect de leur souveraineté. Le commerce international, a-t-il ajouté, n'a pas mené à plus de développement mais au contraire il n'a fait que sceller l'hégémonie des produits des pays du monde développé.
Le Vice-Ministre a indiqué que son pays avait établi des relations étroites avec les pays africains, ayant au cours des deux dernières années, intensifié ses relations diplomatiques avec 11 pays du continent. Le Venezuela a renforcé ses liens de coopération avec les PMA en Afrique, en Amérique latine et en Asie.
M. BHAGIRATH BASNET, Secrétaire d’État intérimaire aux affaires étrangères du Népal, a estimé que l’accent devait être mis sur le renforcement des capacités des pays les moins avancés, notamment de ceux des pays qui sortent d’un conflit. Une telle aide doit permettre à ces pays de renouer avec les conditions requises pour se lancer dans la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles, a-t-il affirmé. Dans ce contexte, le Ministre a exhorté les nations ayant participé au Cycle de Doha à reprendre les négociations et à les poursuivre jusqu’à leur terme. Selon M. Basnet, des dispositions particulières doivent être trouvées qui garantissent la défense des intérêts des PMA et des pays sans littoral. La communauté internationale devrait faciliter l’intégration de ces pays dans le régime de commerce prévu par l’Organisation mondiale du travail.
Évoquant la situation de son pays, le Ministre a expliqué que son Gouvernement était engagé dans un processus de paix, car seule une paix durable pourra ouvrir la voie au développement, a-t-il dit. Pour l’heure, a-t-il précisé, et en dépit du conflit en cours, le Népal a réalisé des progrès importants dans la réduction de l’extrême pauvreté, dont le taux est descendu de 37,7% en 2001 à 30,8% à présent. En conclusion, il a affirmé que son pays avait un besoin urgent de ressources extérieures afin de lancer pleinement son programme de reconstruction post-conflit.
M. BOROZE TCHAA LASIGAISI (Togo) a expliqué que les résultats mitigés du Programme d’action de Bruxelles découlaient de l’insuffisance des ressources financières mobilisées, de la faiblesse des PMA à élaborer des programmes de développement cohérents et crédibles et par leur incapacité à gérer les ressources disponibles. Il a indiqué que son pays entendait relancer son économie par la consommation à court terme et par les investissements à moyen et long terme. À cet égard, a-t-il indiqué, le Togo devra bientôt disposer d’un nouveau Document de stratégie de réduction de la pauvreté, instrument de planification dont l’accélération économique, le développement des secteurs sociaux ou la gestion durable de l’environnement sont les principaux axes stratégiques.
Face aux difficultés, le Gouvernement du Togo a mis en place une politique globale visant à engager le pays sur la voie du renforcement de la cohésion sociale et de la réconciliation nationale, ce qui, a estimé le délégué, permettra d’établir la confiance de nouveaux partenaires et enclenchera la dynamique du retour des investisseurs.
M. HIDEKO ITO, Directeur général-adjoint du bureau des affaires économiques du Ministère des affaires étrangères du Japon, a expliqué que le continent africain est le continent-clef pour régler la question des pays les moins développés (PMA) car 34 d’entre eux sur 50 s’y trouvent. Malgré des progrès accomplis dans le cadre du Programme d’action de Bruxelles, les habitants des PMA continuent de souffrir de la pauvreté et de ses retombées.
L’année dernière, le Japon a augmenté à 10 milliards de dollars son aide au développement public pour les cinq prochaines années et doublé son aide pour l’Afrique. Le Japon, a précisé M. Ito, concentre son aide sur les services sociaux de base comprenant l’éducation, la santé, l’eau et l’égalité entre les sexes.
Mais l’aide n’est qu’un des aspects pour le représentant du Ministère des affaires étrangères. Le commerce et l’investissement restent les moteurs de la croissance économique. Le Japon va supprimer, sur son territoire, les taxes et permettre aux produits des PMA d’accéder à son marché sans quota dès 2007. À ce titre, l’interruption du cycle de négociations de Doha (OMC) a été une déception pour les Japonais car cela reporte le débat sur les subventions des pays industrialisés à leur agriculture.
La dette est un autre point central, a poursuivi M. Ito, car la majorité des PMA souffrent d’une dette excessive. À ce titre, le Japon a supprimé 2,6 milliards de dollars de dette, à charge des 29 pays les plus pauvres, soit le quart du volume total de l’assistance des pays du G7. Le Japon soutient également l’Initiative d’allègement de la dette multilatérale.
« Il n’y aura pas de stabilité au XXIe siècle tant que les problèmes de l’Afrique ne seront pas résolus », a conclu M. Ito. Car les pays les moins développés sont souvent, entre autres, le théâtre de conflits armés.
M.PIERRE CHEVALIER (Belgique) a estimé que la réalisation du Plan d’action de Bruxelles est encore possible d’ici 2010. Des progrès ont été enregistrés depuis 2001, notables en particulier au niveau de la croissance.
L’action de la Belgique en faveur des PMA s’inscrit dans le cadre européen. À son niveau, ce pays s’est fixé comme objectif de consacrer 0,7 % de son PNB à l’aide publique au développement d’ici 2010. Quant à son assistance aux PMA, elle représente 0,21 % de son PIB, a souligné M. Chevalier, un montant supérieur à celui qui avait été promis à Bruxelles.
Outre l’aide internationale, la capacité des PMA de sortir de la pauvreté dépendra aussi de leurs facultés à diversifier leurs exportations, souvent limitées à un seul produit. La Belgique a également entrepris des démarches pour favoriser les investissements privés dans ces pays, a rappelé M. Chevalier.
M. WALTER FUST (Suisse) a indiqué que le montant alloué aux PMA par son pays est passé à 388 millions de dollars en 2005. Il a toutefois indiqué que les PMA avaient la responsabilité première d'intégrer les éléments essentiels du Plan d'action de Bruxelles et des Objectifs du Millénaire pour le développement dans leur stratégie de lutte contre la pauvreté. Il a reconnu que depuis longtemps, ces pays expriment des besoins considérables en matière de renforcement de leurs capacités et c'est la raison pour laquelle la Suisse cherche à améliorer les performances de son aide bilatérale en la matière. Il a semblé également essentiel au Représentant que les gouvernements des PMA parviennent à mettre en place des politiques fiscales équitables et transparentes qui assurent une meilleure redistribution des richesses. Par ailleurs, un effort de bonne gestion de ces ressources devrait entraîner des effets positifs dans tous les secteurs de la gouvernance. Le Représentant a par ailleurs fait part de sa préoccupation quant à la bureaucratie qui caractérise le système de suivi de la mise en œuvre du Plan d'action de Bruxelles. Nous sommes convaincus que seul un large consensus des institutions financières internationales, des agences onusiennes et des agences bilatérales de coopération ainsi qu'une meilleure division du travail entre eux, parviendra de fournir de manière efficiente aux PMA le soutien dont elles ont besoin.
M. JOHN HEWKO (États-Unis) a rappelé qu’en 2002, à la Conférence de Monterrey, le Président Bush avait annoncé le lancement de la « Millenium Challenge Corporation (MCC) ». Le seul et unique objectif de cette entité est de venir en aide aux pays pauvres qui prennent les mesures nécessaires pour encourager la liberté économique et la bonne gouvernance, dans le respect des droits individuels. Le mandat de la MCC est de réduire la pauvreté par le biais de la croissance durable, a poursuivi le délégué. Elle est ainsi présente dans 23 pays choisis en fonction de leurs performances sur le plan politique. M. Hewko a par ailleurs indiqué que les États-Unis avaient déjà injecté plus de 2 milliards de dollars dans l’effort de développement mutuel entrepris sous l’égide de la CCC avec 9 pays, dont 4 font partie des PMA.
Les activités de la CCC reposent sur des décennies d’expérience qui ont contribué à renforcer les efforts entrepris dans le domaine du développement durable. La CCC prend également en compte les objectifs définis en vertu du Programme d’action de Bruxelles. Selon M. Hewko, l’espoir doit venir de l’adoption de la culture d’entreprise et de l’investissement accru des PMA dans la main d’œuvre.
Mme ROSEMARY BANKS (Nouvelle-Zélande) a déclaré qu'en cinq ans, peu de progrès avaient été réalisés et qu'il était inacceptable de constater un tel niveau de pauvreté des pays en développement. Le Gouvernement de la Nouvelle-Zélande contribue 29% du budget bilatéral de l'Aide publique au développement aux pays les moins avancés, avec une attention particulière à cinq de ses partenaires, à savoir les Vanuatu, les Samoa, les Iles Salomon, Tuvalu et Kiribati. Les pays les moins avancés doivent faire face à des problématiques bien spécifiques et il semble peu probable qu'ils atteignent les Objectifs du Millénaire en matière de développement. Passant en revue les initiatives de partenariat visant à renforcer les capacités des pays les moins avancés, la représentante a toutefois précisé que la responsabilité du développement incombe en premier lieu aux gouvernements de ces pays. Ils ont le potentiel de récolter les fruits du cycle de Doha et de la Stratégie de Monterrey, mais ils le pourront seulement si la communauté internationale est en mesure de faire des progrès vers un accord qui consacre des améliorations dans l'accès aux marchés internationaux et réduit les distorsions qui leurs sont propres.
M. YOUSSEF AMRANI, Directeur général auprès du Ministère des affaires étrangères et de la coopération du Maroc,adéclaré que lespropositionsà l’issue de cette réunion devraient insuffler un nouvel élan à la réalisation du Programme d’action de Bruxelles. L’élan doit venir des PMA, mais avec le soutien de la communauté internationale.
Le Maroc a plaidé pour que les produits des PMA aient un accès libre aux marchés des pays développés. Le Maroc, a poursuivi M. Amrani, s’implique aussi au niveau régional en concluant des accords bilatéraux. Le Maroc se distingue également par une politique de coopération avec les PMA dans le domaine universitaire et de la formation en offrant des bourses à 6000 étudiants en provenance d’Afrique chaque année.
Le Maroc est convaincu que le développement des PMA ne peut se faire que dans un contexte de paix. Dans un autre registre, le Maroc a toujours œuvré en faveur des PMA sur le plan commercial. Il est de notre devoir de mobiliser les énergies nécessaires pour concrétiser les objectifs fixés, a conclu M. Amrani.
M. AHMED ALYAHYA, Directeur de recherche rattaché au Fonds de développement saoudien, a déclaré que son pays était partisan d’une autonomisation des pays récipiendaires de l’aide au développement. Au cours des trois dernières décennies, a-t-il ajouté, l’Arabie saoudite a investi 84 milliards de dollars dans l’aide au pays les moins avancés, cette somme représentant plus de 4% du produit national brut annuel du pays. Ce chiffre dépasse de six fois la cible prévue par les Nations Unies, plaçant ainsi son pays au premier rang mondial en la matière. L’intervenant a en outre expliqué que le total des fonds envoyés dans leur pays d’origine par les ressortissants étrangers travaillant en Arabie saoudite s’élevait à plus de 15 milliards de dollars. Cette somme très importante joue un rôle essentiel dans l’amélioration des conditions d’existence des plus déshérités vivant dans les pays récipiendaires de ces fonds.
L’intervenant a également souligné l’importance des activités conduites par le Fonds saoudien de développement, qui, a-t-il précisé, contribue au renforcement des infrastructures des PMA, en particulier les hôpitaux, les écoles, et les routes situées dans les zones rurales. Enfin, il a plaidé en faveur d’un effort collectif et mutuel visant à accélérer la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles.
M. ARJAN P. HAMBURGER (Pays-Bas) a déclaré que son pays était depuis des années un contributeur majeur à l’aide au développement, ayant consenti à ce fonds plus que l’objectif des 0,7 % du PNB. Il a par ailleurs regretté l’existence d’une certaine inégalité dans les progrès réalisés, malgré les initiatives des PMA eux-mêmes et le soutien de la communauté internationale. Les difficultés sont particulièrement graves dans les domaines de la mortalité infantile et maternelle, l’accès à l’eau potable et aux réseaux d’assainissement. Selon le délégué, ces difficultés découlent notamment de la baisse du volume de l’aide durant les années 1990. Il s’est donc prononcé en faveur d’une augmentation de 50 à 60 milliards de dollars pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.
Le commerce et son intégration dans les économies régionale et mondiale sont d’autre part des conditions essentielles pour le développement économique et la réduction de la pauvreté, a-t-il ajouté. Les Pays-Bas soutiennent entre autres un système commercial ouvert et une libéralisation commerciale progressive.
M. NASSIR BIN ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a estimé que le Programme d’action de Bruxelles constitue un engagement mondial pour venir à bout de la pauvreté des pays les moins avancés par le biais d’une plus grande mobilisation des ressources internes et internationales. Selon le rapport du Secrétaire général toutefois, les progrès ont été lents et inégaux et ces pays s’éloignent de plus en plus d’un des Objectifs du Millénaire en matière de développement qui est de réduire de moitié la pauvreté d’ici 2015. La question de la mobilisation des ressources est une des initiatives majeures pour l’élimination de la pauvreté, a encore ajouté le représentant. Tout en nous félicitant du flux accru de l’aide publique au développement vers les pays les moins avancés et des initiatives visant à favoriser l’accès de ces pays aux marchés internationaux, nous estimons que ces améliorations resteront limitées en raison du peu de poids que pèsent les PMA sur les marchés internationaux. D’où l’importance de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles, du Consensus de Monterrey et du Cycle de Doha.
M. VITALIY CHURKIN (Fédération de Russie) a déclaré que si les tendances actuelles perdurent, à savoir la propagation du VIH, la croissance démographique, l'urbanisation, la dégradation de l'environnement, peu de pays parmi les moins avancés seront en mesure de parvenir aux Objectifs du Millénaire en matière de développement. Tout comme le Secrétaire général le dit, il est essentiel de mobiliser les efforts et ressources au niveau interne afin de garantir la croissance économique des pays les moins avancés et d'établir les conditions favorables aux Objectifs du Millénaire pour le développement. La Stratégie de Cotonou est un document important à cet égard. De même il est important de lutter contre la marginalisation des pays les moins avancés dans le contexte de la mondialisation, et pour cela nous croyons au développement des ressources humaines, à travers notamment une éducation et des soins de santé de qualité, le développement des infrastructures et en particulier les transports. Le représentant est passé aux initiatives propres à son pays et a précisé que la Russie a participé activement au programme d'élimination de la dette des pays africains pauvres lourdement endettés.
M. ANDERS LIDÉN (Suède) a affirmé que l’écart entre les revenus des pays riches et des pays pauvres avait augmenté ces 10 dernières années. À son avis, la croissance économique est une condition nécessaire, mais pas suffisante pour réduire la pauvreté des populations; en revanche, la création d’emplois décents pour les personnes pauvres est essentielle, a-t-il ajouté.
Le rôle des diasporas est aussi essentiel, a poursuivi le délégué. Les rapatriés peuvent faire bénéficier leur pays d’origine de leurs nouvelles compétences acquises à l’étranger. Les envois de fonds au pays peuvent également jouer un certain rôle, mais ne constituent pas à son avis un substitut à l’aide publique au développement. M. Lidén a précisé que la Suède versait 1% de son PNB à l’aide au développement, la priorité étant donnée aux PMA.
M. SAUZYA MOORE, Conseiller principal auprès de l’Agence pour le développement international canadien, a déclaré que son pays souhaitait contribuer à la réduction des énormes disparités qui existent sur les plans des revenus, de la santé, de la qualité de la vie entre pays riches et pauvres. Le représentant a rappelé la mobilisation de son pays en réponse au Programme d’action de Bruxelles, rappelant qu’une partie très conséquente de l’aide au développement était réservée aux PMA. Le Canada continue à orienter son aide vers les secteurs qui soutiennent directement les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) tels la bonne gouvernance, l’éducation ou le développement du secteur privé.
Il a noté cependant que son pays se préoccupait de l’efficacité de l’aide. Les pays devront mettre sur pied les bonnes structures de gouvernance afin de faciliter le développement du secteur privé et ils devront respecter suffisamment les droits de l’homme et la démocratie pour renforcer la confiance dans leurs gouvernements.
M. ROBERT HILL (Australie) a souligné que l’Australie reconnait qu’un engagement à long terme est nécessaire pour assurer la réduction de la pauvreté et le développement des pays les moins avancés. Ainsi, en 2004-05, l’Australie a accordé 22% de son assistance officielle au développement à ces pays, en particulier à ceux qui se trouvent dans la région Asie-Pacifique, région avec laquelle l’Australie entretient d’importants liens historiques. Selon M. Hill, les objectifs principaux de cette aide sont, entre autres, l’accélération de la croissance économique et la promotion de la stabilité et de la coopération régionale.
Cependant, cette aide seule ne suffira pas à atteindre ces objectifs. Ainsi, depuis 2003, l’Australie a procuré un accès hors taxe et hors quota à son marché, à toutes les marchandises en provenance de tous les pays les moins avancés. Le pays a aussi alloué A$136,2 millions à l’Association internationale de développement pour financer sa part des dix premières années de l’Initiative d'allégement de la dette multilatérale du G-8. En conclusion, M. Hill a affirmé que son pays continuerait à faire d’importantes contributions pour l’exécution coordonnée du Programme de Bruxelles.
M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil), a déclaré que son gouvernement était convaincu qu’aucun ordre mondial ne pouvait être considéré comme juste sans une amélioration significative de la situation des pays les moins avancés. Dans ce cadre, a-t-il dit, la Stratégie de Cotonou représente une contribution importante aux initiatives nationales et internationales d’appui aux stratégies de développement des PMA. Bien que le Brésil ne soit pas un pays donateur, nous avons adopté un train de mesures en phase avec les dispositions prévues par le Programme d’action de Bruxelles, et ce, en vue de lutter plus efficacement contre la pauvreté frappant plus de 30 millions de nos concitoyens.
Le représentant a en outre jugé que beaucoup restait à faire au niveau international, notamment dans la perspective de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Le Gouvernement du Brésil est d’avis qu’une croissance économique durable et un développement humain renforcé ne dépendent pas seulement de l’efficacité de la coopération internationale. A nos yeux, a expliqué l’intervenant, ce sont les changements de structures de fonctionnement du commerce mondial qui permettrait d’éradiquer la pauvreté persistante. C’est pourquoi, a-t-il conclu, les négociations du Cycle de Doha doivent reprendre en vue de parvenir au plus vite à des accords finaux ambitieux, équilibrés et fidèles au projet de développement du Cycle.
Mme MANUELA FEREIRA, représentante de l’Institut portugais de l’assistance au développement, a noté que depuis l’adoption du Programme d’action de Bruxelles, de nombreux changements avaient eu lieu aux niveaux national, régional et mondial, et a affirmé que le Portugal renouvelait son engagement pour sa mise en œuvre. Elle a salué les développements encourageants relevés dans les pays les moins avancés, notamment le fait, qu’en tant que groupe, leur croissance économique ait presque atteint 7%. Cependant, elle a noté que les résultats obtenus demeurent inégaux et que plus d’efforts sont nécessaire pour permettre l’exécution du
Programme. Mme Fereira a appelé à la création de partenariats plus cohérents et mieux coordonnés, tout en soulignant que la responsabilité principale de leur développement incombe aux pays en question. Mme Ferreira a notamment attiré l’attention sur la situation des États fragiles. Par ailleurs, la communauté des donateurs doit aussi prendre en considération les dimensions diplomatiques, de défense et de développement lorsqu’elle répond aux besoins des pays les moins avancés.
Les buts principaux de la Nouvelle stratégie pour la coopération portugaise sont la réduction de la pauvreté, le développement durable et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, tout particulièrement en Afrique. Mme Ferreira a tenu à féliciter le Cap-Vert et les Maldives qui seront bientôt retirés de la liste des PMA. En conclusion, Mme Fereira a affirmé que le Portugal soutenait entièrement les initiatives multilatérales pour aider les pays les plus pauvres.
M. ALPHA IBRAHIMA SOW (Guinée) a déclaré que 5 ans après l’adoption du Programme d’action de Bruxelles, le bilan à mi-parcours reste en deçà des résultats escomptés tant la pauvreté s’est accrue dans la majorité des PMA. Il est de plus en plus évident que ces idéaux risquent de rester un vœu pieux si des actions hardies et solidaires ne sont pas mises en œuvre. Dans un contexte de responsabilités partagées, nous, PMA, devons être les acteurs de notre développement en édifiant un état de droit, en luttant contre la corruption, en garantissant l’égalité entre les sexes. Dans le cadre de la coopération Sud-Sud, nous encourageons les pays donateurs à accroître le volume de leur aide. Nous exhortons les partenaires au développement à réduire la dette des PMA ainsi que les obstacles aux exportations afin de sortir ces pays de leur marginalisation en cette ère de mondialisation. La Guinée a adopté en 2002 un document de stratégie d’élimination de la pauvreté. Mais la réussite de ces inititiatives dépendra dans une grande mesure de l’allègement de la dette extérieure qui absorbe quelque 60% des revenus du pays.
M. GERT ROSENTHAL KOENIGSBERGER, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a estimé que le respect des sept engagements pris en vertu du Programme d’action de Bruxelles était le moyen le plus sûr dont disposent les PMA pour atteindre leurs objectifs. Dans ce cadre, a ajouté le Ministre, nous reconnaissons la valeur de la Stratégie de Cotonou, un instrument d’autant plus utile qu’il contient les priorités définies par les PMA eux-mêmes.
Il a par ailleurs jugé qu’il était urgent que la communauté internationale intensifie son appui aux PMA. C’est pourquoi, il convient d’améliorer les indicateurs statistiques relatifs à la situation de ces pays afin de pouvoir mieux évaluer les besoins. L’intervenant a également plaidé pour un renforcement du dialogue entre les parties prenantes à l’effort de développement. Le Ministre a insisté sur l’importance du soutien de la communauté internationale et demandé que les pays honorent leurs engagements en matière d’APD. De même, il a formé le souhait que les documents finaux de la présente Réunion de haut niveau permettront d’acheminer efficacement les ressources allouées aux PMA. Évoquant la vulnérabilité de ces derniers aux risques environnementaux, la nécessité de renforcer leurs capacités de production et la permanence des conflits et des famines qui entravent leur développement, le Ministre a déclaré que la mise en œuvre des OMD était plus que jamais au cœur de l’agenda international.
M. FLAVIO GONZALEZ PEREZ (Cuba) a déclaré que malgré les efforts déployés au plan international, la situation des PMA continue à être critique. La situation a même empiré, car depuis 1971, le nombre de PMA a doublé, passant de 24 à 50. De plus, la marginalisation et la dépendance économique des PMA n’ont cessé de croître.
Les PAM regroupent près de 11% de la population mondiale, mais n’exportent que 0,6% de ce qui est produit au niveau international. La dette a aussi atteint des sommets « inquiétants », selon les termes de M. Gonzales, avec un montant total de 159,8 milliards de dollars, soit 20,8 milliards de plus qu’en 2001.
Les indicateurs donnant des signes positifs depuis le lancement du Programme de Bruxelles ne sont passés au vert qu’avec des annulations de dette et des aides d’urgence. Pour le représentant de Cuba, sans une redéfinition radicale du système économique et financier mondial, il n’y aura pas d’amélioration de la situation des PMA et l’éradication de la pauvreté restera un vœu pieux.
M. SALIHU AHMED-SAMBO (Nigeria) a déclaré que le Programme d’action de Bruxelles de 2001 demeurait le cadre de choix dans le domaine de l’appui aux PMA. Alors que nous nous trouvons à mi-parcours, des progrès encourageants se font jour s’agissant des politiques macroéconomiques, de la bonne gouvernance, des réformes institutionnelles, du développement des infrastructures et de la protection de l’environnement. Toutefois, a ajouté l’intervenant, il nous faut admettre l’ampleur des défis auxquels doivent encore faire face les PMA. M. Ahmed-Sambo a ainsi souligné la nécessité de réaffirmer les engagements pris en vertu du Programme d’action. Selon lui, l’accent doit être mis sur l’aide au développement rural, en particulier en Afrique, et cela grâce aux mécanismes régionaux et sous-régionaux existants, à savoir la Communauté des pays de l’Afrique de l’Ouest et le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique.
M. ABOUBACAR ABANI (Niger) a déclaré que la part des PMA dans l’économie mondiale ne fait que se réduire dans le monde interdépendant d’aujourd’hui. Malheureusement, a-t-il regretté, cinq ans après son adoption, le Programme d’action de Bruxelles n’a été que partiellement mis en œuvre. Le Niger a pour sa part entrepris d’importantes réformes économiques et institutionnelles et adopté une stratégie nationale de réduction de la pauvreté qui est actuellement remise à jour, conformément à la recommandation du Sommet mondial de 2005. Plusieurs autres actions ont été menées dont les résultats n’ont toutefois pas été à la hauteur des attentes en raison d’un soutien insuffisant, a dit M. Abani. Il a lancé un appel pressant aux partenaires au développement du Niger pour qu’ils fournissent davantage d’efforts, conformément aux engagements pris lors des grandes conférences et réunions au sommet.
M. MOHAMMED EL-MABRUK (Jamahiriya arabe libyenne) a rappelé que l’objectif du Programme d’action de Bruxelles était notamment de diminuer le nombre de personnes vivant avec moins d’un dollar par jour. Si de sensibles progrès ont été enregistrés, les PMA ne seront vraisemblablement pas en mesure d’atteindre les buts fixés d’ici 2010.
La responsabilité de cet échec ne peut pas seulement être imputé aux PAM. La communauté internationale ne joue pas non plus véritablement le jeu. La Libye attend que les pays développés augmentent leur aide financière et n’en restent pas seulement aux déclarations d’intentions. Les transferts de technologie à un prix raisonnable et l’abaissement des barrières douanières sont aussi importants pour permettre le développement.
Un soutien particulier à l’agriculture est à envisager, car une part importante des populations des PMA travaillent dans ce secteur. Cela pourrait permettre d’augmenter la production de nourriture et de lutter plus efficacement contre la faim. La Lybie s’est investie dans ce secteur avec plusieurs pays africains ainsi que dans des projets industriels, qui devraient également créer des emplois.
Monseigneur CELESTINO MIGLIORE (Saint Siège) a estimé que la situation dramatique des PMA soulignait la nécessité de réaffirmer l’engagement des États de parvenir aux objectifs fixés par le Programme d’action de Bruxelles. Pour le représentant, une attention particulière devait être apportée au respect des conditions de vie et de travail des populations. L’emploi productif n’est envisageable qu’à condition que ces populations soient en bonne santé et dûment instruites, a-t-il dit. La croissance économique est de ce point de vue subordonnée à l’établissement préalable d’un environnement de paix et de bonne gouvernance. À son avis, il est essentiel d’annuler rapidement la dette extérieure contractée par les PMA, en donnant à ces derniers les moyens pour se libérer de cette entrave au développement. C’est pourquoi, a dit le représentant, les pays développés doivent respecter leurs obligations financières aux PMA de lutter efficacement contre les épidémies de sida, de paludisme et de tuberculose. Le représentant a en outre jugé que la communauté internationale devait s’attaquer plus fermement au fléau de la corruption, en punissant les ressortissants des pays développés qui pratiquent le blanchiment d’argent dans les PMA. En conclusion, il a appelé la communauté internationale à faire preuve de plus de solidarité dans la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles.
M. LUCA DALL’ OGLIO, Observateur permanent de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a rappelé que son organisation participait aux efforts déployés en faveur des PMA. Premièrement, l’OIM participe à la construction de capacités humaines et institutionnelles à travers son programme « Migration pour le développement en Afrique » (MIDA), qui aide la diaspora africaine à transférer savoir-faire et ressources vers les pays d’origine. L’organisation fournit également des conseils afin que les transferts de fonds contribuent plus efficacement à la croissance économique des pays d’origine. Deuxièmement, l’OIM participe à la construction de capacités productives afin que les PMA bénéficient de la mondialisation. A cette fin, elle s’appuie sur ses Services d’assistance à l’emploi afin d’optimiser les opportunités d’emploi dans les pays ou régions affaiblis par des conflits ou par des infrastructures insuffisantes. Enfin, l’OIM contribue à mobiliser des ressources financières en incitant les pays d’origine à lier migration et développement dans leurs politiques.
Mme FLORENCE MUGESHA, Vice-Secrétaire général du Secrétariat du Commonwealth, a fait part des mesures prises par le Commonwealth pour soutenir le développement des pays les moins avancés, notamment dans le domaine des technologies de l'information et de la réduction du fossé technologique. Dans un monde globalisé, ces pays doivent être en mesure d'entrer dans l'ère de l'information complètement équipés, afin de pouvoir éliminer la pauvreté de manière durable. Le Commonwealth déploie également des efforts en vue de promouvoir la bonne gouvernance et le renforcement des capacités par le biais de programmes de formation. Il s'agit également de bâtir les capacités humaines et institutionnelles de ces pays qui voient leur main-d’œuvre qualifiée émigrer. Le Commonwealth s'est également engagé dans le domaine de l'éducation, étant
conscient que la majorité des 115 millions d'enfants n'étant pas scolarisés vivent dans des pays du Commonwealth. Nous tentons aussi de bâtir et de renforcer les capacités productives de ces pays étant donné que leur vulnérabilité inhérente n'attire pas les investissements étrangers. La représentante a également évoqué les initiatives du Commonwealth pour accroître le rôle du commerce dans le développement, réduire les vulnérabilités, protéger l'environnement et mobiliser les ressources financières.
M. ANGEL CARRO CASTRILLO (Communauté européenne) a rappelé que la Communauté européenne a été le premier groupe économique à permettre l’importation des produits des PMA sans quota et sans taxe. Car, pour la Communauté européenne, le sort des PMA se joue principalement sur la scène du commerce international.
L’Union européenne a également soutenu les PMA pendant le Cycle de Doha et l’intégration de leurs préoccupations dans l’agenda de travail de l’Organisation Mondiale du Commerce. La Communauté européenne regrette vivement l’interruption des négociations du Cycle de Doha, car ce qui a été proposé à cette occasion, a été bien meilleur que lors des rounds précédents.
Il s’agit toujours de la question des taxes et des quotas, mais aussi des subventions aux agricultures des pays développés. À court terme, il faut s’assurer que les pays pauvres ne soient pas les principales victimes de l’impasse actuelle des négociations, a conclu M. Castrillo. Il a appuyé entre autres la mise en place le nouveau cadre intégré pour l’assistance technique lié au commerce.
Mme ANNE S. MAKINDA, Vice-Présidente du Parlement de Tanzanie au nom de l’Union interparlementaire, a affirmé que les donateurs devaient renforcer leur assistance technique aux parlements, qui jouent un rôle critique dans le développement des pays les moins avancés et dans la réalisation du Programme de Bruxelles. Ensuite, conjointement avec les Nations Unies, la communauté internationale devra veiller à ce que les stratégies nationales de développement à mettre en œuvre soient véritablement menées par les citoyens d’un pays au travers de leurs représentants parlementaires. Cela vaut également pour les Documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté, a ajouté Mme Makinda. Enfin, il est crucial selon elle que les parlements, et pas seulement les gouvernements et les organisations internationales, soient perçus comme des acteurs dans l’établissement d’un dialogue Sud-Sud, ainsi que dans la coopération Nord-Sud. La représentante a souligné en conclusion la nécessité de tenir compte de la coopération interparlementaire, qui dans certains cas porte déjà ses fruits.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel