L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INSISTE SUR LA NÉCESSITÉ D’UNE COOPÉRATION RENFORCÉE POUR MAXIMISER LES BÉNÉFICES DES MIGRATIONS
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Matin & après-midi
L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INSISTE SUR LA NÉCESSITÉ D’UNE COOPÉRATION RENFORCÉE POUR MAXIMISER LES BÉNÉFICES DES MIGRATIONS
L’Assemblée générale a achevé, ce soir, son Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement, qui a réuni pendant deux jours plus de 140 Ministres et représentants d’États Membres. Chargés de débattre des stratégies visant à renforcer l’impact positif des mouvements migratoires, qui touchent chaque année dans le monde près de 200 millions de personnes, ils se sont accordés sur la nécessité de renforcer la coopération internationale dans ce domaine.
« Ces deux jours ont prouvé que les migrations et le développement peuvent être l’objet de discussions constructives aux Nations Unies », a déclaré, concluant le Dialogue de haut niveau, Sheikha Haya Rashed Al Khalifa, Présidente de la soixante et unième session de l’Assemblée générale. Elle a souligné que plusieurs messages clefs contenus dans le rapport du Secrétaire général avaient été avérés: les migrations internationales sont un phénomène en essor et un élément essentiel du développement; elles peuvent être une force positive pour les pays d’origine, de transit et de destination; la coopération internationale en la matière doit être renforcée.
La coopération a du reste constitué le fil conducteur des quatre tables rondes organisées en marge des séances plénières et dont les travaux ont été résumés aujourd’hui par leurs présidents.
Les participants à la table ronde, intitulée « Effets des migrations internationales sur le développement social et économique », ont souligné en particulier le rôle joué par les diasporas dans le développement de leurs pays d’origine par l’envoi de fonds très importants et les transferts de connaissances. Ils ont également mis l’accent sur l’importance de la coopération intergouvernementale, tant au niveau bilatéral qu’au niveau régional ou mondial, dans les moyens d’accroître les bénéfices économiques et sociaux de la migration internationale. Les Gouvernements ont ainsi été exhortés à renforcer une telle coopération.
Les « Mesures visant au respect et à la protection des droits de l’homme de tous les migrants, à empêcher et à combattre les trafics d’êtres humains et de migrants », thème d’une deuxième table ronde, appellent également une coopération et une coordination plus actives entre les gouvernements. Les auteurs de crimes et de violations doivent être jugés, ont-ils notamment insisté, mettant également en exergue certaines bonnes pratiques observées dans plusieurs États Membres, comme des campagnes médiatiques à l’intention des migrants potentiels sur les dangers de l’immigration irrégulière ou sur les ruses déployées par des trafiquants pour piéger leurs victimes.
Dans une table ronde portant sur les « Aspects pluridimensionnels des migrations internationales et du développement, y compris les envois de fonds », les intervenants ont appelé les pays d’origine à adopter une approche dynamique en vue de renforcer les effets du développement sur les contributions et l’épargne des migrants, notamment en collaborant avec le secteur privé, et ce, afin de faciliter l’accès des migrants et de leurs familles aux institutions financières, y compris les institutions de microcrédit. Dans ce domaine, les organisations de la société civile, dont les associations de migrants, pourraient jouer un rôle important en fournissant des conseils financiers aux familles de migrants.
Le rôle des partenariats comme instrument de promotion des effets bénéfiques des migrations a été débattu à l’occasion de la dernière table ronde. Sur le thème « Promotion des partenariats, renforcement des capacités et mise en commun des meilleures pratiques à tous les niveaux, y compris aux niveaux bilatéral et régional, dans l’intérêt commun des pays et des migrants », les participants se sont intéressés en particulier aux diverses formes d’associations possibles entre gouvernements et secteur privé. De même, l’importance du dialogue social et la place de la société civile dans la mise en œuvre des politiques visant à aider les migrants à s’adapter à la société du pays d’accueil, ont été soulignées.
Le dialogue et la coopération, mais aussi l’échange de connaissances, d’expériences et de meilleures pratiques seront peut-être facilités dans le cadre d’un Forum consultatif mondial sur les migrations et le développement, dont la création a été proposée par le Secrétaire général et qui a suscité l’appui de plusieurs États Membres.
Au dialogue et à la coopération doit s’ajouter un partage des responsabilités entre pays d’origine et pays d’accueil, a soutenu pour sa part Mme Consuelo Rumi, Secrétaire d’État à l’émigration de l’Espagne, pays qui enregistre aujourd’hui un fort taux d’immigration. Selon elle, les pays d’accueil devaient garantir une meilleure intégration des migrants, ce qui passe par l’élaboration de programmes spécifiques afin de leur assurer emploi et éducation, tout en finançant des programmes de retour volontaire dans le pays d’origine, où les migrants contribueront au développement.
En écho, M. Brunson Mckinley, Directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM),a proposé que soit créé un réseau mondial de recherche sur les politiques de migration et de développement afin d’en assurer les effets positifs, notamment par les partenariats et le renforcement des capacités. Il a également souhaité que ce Dialogue de haut niveau reconnaisse la nature transversale des migrations et recommande, entre autres, d’intégrer les migrations aux Stratégies nationales de réduction de la pauvreté et d’impliquer le secteur privé dans le débat sur ce sujet.
Avant la clôture du Dialogue de haut niveau, les représentants des États-Unis et de Cuba ont exercé leur droit de réponse.
L’Assemblée générale poursuivra ses travaux en séance plénière, lundi 18 septembre à 10 heures, par une Réunion de haut niveau sur l’examen global approfondi à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme d’action en faveur des pays les moins avancés (PMA) pour la décennie 2001-2010.
MIGRATIONS INTERNATIONALES ET DÉVELOPPEMENT
Déclarations
La Baronne ROYALL, de la Chambre des Lords, porte-parole sur les questions de migration et de développement international, du Royaume-Uni, a déclaré que son pays soutenait les efforts que préconisent les pays en développement en vue d’aider les populations pauvres migrantes à mieux tirer parti de la migration. Le Royaume-Uni mène déjà des actions de soutien à certains programmes dans un nombre de pays. Nous travaillons, par exemple, avec ces pays en vue de faire baisser les frais des transferts des fonds des migrants, et nous finançons des programmes destinés à fournir aux migrants pauvres qui vont d’un pays en développement à un autre, des services. Le Royaume-Uni pense que la création de partenariats efficaces et opérationnels dans le développement peut aider à créer une meilleure forme de migration, a dit la Baronne Royall. Notre pays soutient des politiques de développement qui seraient conçues par les pays en développement eux-mêmes. Le Royaume-Uni soutient la position commune adoptée par les États de l’Union africaine sur la migration et le développement. Le fait que cette position commune inscrive la migration dans les stratégies globales de développement est une action positive. Le Royaume-Uni est conscient de la saignée que subissent les pays en développement dans les domaines de la santé et de l’éducation. Leurs médecins et infirmières sont de plus en plus pillés par des pays plus avancés. Le Royaume-Uni a pris des mesures pour que les personnels de santé et d’éducation des pays qui s’opposeraient à l’émigration de ces professionnels ne soient plus recrutés dans ses formations sanitaires ou scolaires, a dit la Baronne Royall.
M. PAOLO FERRERO, Ministre de la solidarité sociale de l’Italie, a rappelé que son pays était passé, au cours des ans, d’un État d’émigration à un État d’immigration. Il a souligné que, forte de cette expérience, l’Italie s’employait à aborder les migrations de manière novatrice, notamment à travers l’élaboration actuelle d’une législation visant à mettre fin aux entrées illégales. Insistant sur l’importance de la coopération, il a fait part du soutien de son pays aux programmes d’éducation et de formation, notamment ceux permettant aux migrants d’apprendre la langue et la culture de leur pays d’accueil avant leur départ.
Il a aussi indiqué que l’Italie élaborait des accords d’emploi avec des pays d’origine afin de renforcer l’accès légal au marché du travail italien et faire mieux correspondre l’offre et la demande entre son pays et ceux d’origine. Ce mécanisme vise à réduire les situations d’illégalité, à prévenir le trafic d’êtres humains et à fournir des conditions dignes à ceux qui entrent dans notre pays, a-t-il précisé. Il a par ailleurs estimé que la question de l’impact des migrations sur les enfants n’avait pour l’instant pas reçu toute l’attention qu’elle mérite. Enfin, il a déclaré que le droit à la citoyenneté était au cœur de l’action de son gouvernement, estimant qu’il fallait notamment donner la possibilité aux migrants de participer aux élections locales.
Mme MARY WALLACE, Ministre d’État de l’Irlande, a affirmé que pour son pays, le principal succès économique était peut-être d’avoir fait en sorte que l’émigration des habitants était maintenant plus un choix qu’une nécessité. « Mon pays est aujourd’hui devenu l’une des destinations majeures pour les travailleurs migrants », a-t-elle indiqué, saluant leur contribution au développement économique et social de l’Irlande et rappelant que cela n’avait pas été sans poser des défis à l’État en termes de structures et de législation. En plus d’un cadre législatif de gestion de l’immigration, le pays a développé des stratégies en faveur de l’intégration, afin d’assurer un dialogue entre les différentes cultures
et un enrichissement mutuel, « ce qui n’est pas une tâche facile ». La Ministre s’est félicitée à cet égard de l’émergence en Europe d’un ensemble de principes de base relatifs à l’intégration, fruit de la coopération entre ses États membres et d’une approche pragmatique et large de différentes traditions sociopolitiques.« L’un des défis majeurs de ce Dialogue de haut niveau est d’identifier les moyens d’optimiser les bénéfices pour le développement des migrations internationales et d’en minimiser les conséquences négatives », a poursuivi Mary Wallace, indiquant que son pays se plaçait dans la droite ligne du partenariat entre pays d’origine, de transit et de destination, tel qu’envisagé dans la Déclaration de Rabat. Elle a souligné que l’émigration des personnels qualifiés dans les pays en développement était un problème essentiel, particulièrement en Afrique sub-saharienne, et que l’une des priorités de son gouvernement était de soutenir leurs pays partenaires afin d’encourager les travailleurs de santé, en particulier, à rester travailler dans leurs pays d’origine. « Pays d’origine ou de destination, nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres », a-t-elle déclaré.
Mme CONSUELO RUMI, Secrétaire d’État à l’émigration de l’Espagne, a déclaré que son pays avait longtemps envoyé des migrants de par le monde, mais qu’elle était désormais un pays d’accueil. Il convient d’étudier en profondeur les questions migratoires afin de garantir une vie digne aux migrants et de maximiser les bénéfices de ces migrations, tout en réduisant leurs conséquences négatives. Cela ne sera possible qu’à travers le dialogue et la coopération, avec un partage des responsabilités entre pays d’origine et d’accueil, a-t-elle insisté. Elle a ensuite estimé que les pays d’accueil devaient garantir une meilleure intégration des migrants, ce qui passe par l’élaboration de programmes spécifiques, pour leur assurer emploi et éducation, tout en finançant des programmes de retour volontaire dans le pays d’origine, où les migrants contribueront au développement. L’Espagne va bientôt approuver un plan en faveur de l’intégration des migrants, a-t-elle précisé.
Mme Rumi a ensuite rappelé que les migrations puisaient leurs racines dans l’absence d’opportunités dans le pays d’origine, ce qui devait inciter à soutenir les efforts de développement. L’Espagne va intensifier la coopération internationale dans le cadre de l’Union européenne, afin que tous les pays impliqués dans les migrations partagent les responsabilités. Rappelant ensuite les nombreuses vies humaines perdues au cours des migrations irrégulières, Mme Rumi a souligné la nécessité de lutter contre l’émigration clandestine, lourd fardeau de notre temps, dont les victimes sont les migrants et les sociétés qui les reçoivent. Le Gouvernement espagnol a donc renforcé les mesures de contrôle et de coopération en la matière, et appuie le dialogue en la matière.
M. LUIZ PAOLO BARRETO, Vice-Ministre de la justice du Brésil, a mis l’accent sur l’importance de disposer de politique et d’un système de surveillance efficaces mais qui ne doivent pas être adoptés de façon précipitée. Le nombre de violations des droits des migrants s’accroît tous les jours, en même temps que le nombre des migrations, a-t-il également constaté. Le Vice-Ministre a proposé que le sujet de la migration soit examiné comme un sujet totalement dissocié de la question des droits de l’homme. Il a ajouté que son pays était en faveur d’un traitement digne des migrants, de la lutte contre toutes les formes de xénophobie et d’un renforcement du niveau actuel de protection des réfugiés. Il a estimé que si les États avaient un droit souverain d’établir un contrôle sur l’accès et le transit des migrants, aucun n’était exempt de responsabilités devant la communauté internationale de violations des droits des migrants.
Le Vice-Ministre a également indiqué que son pays soutenait la proposition du Secrétaire général de créer un Forum mondial des États sur la migration et le développement. Il est indispensable de renforcer l’activité du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), a-t-il poursuivi, notant qu’il s’agissait d’une organisation non politique, humanitaire, apte à faire face aux problèmes de persécutions et de violations des droits de l’homme.
M. WIESLAW TARKA, Sous-Secrétaire d’État au Ministère de l’intérieur et de l’administration de la Pologne, a déclaré que d’un pays traditionnellement exportateur de main d’œuvre vers l’Europe occidentale, la Pologne était devenue, depuis son adhésion à l’Union européenne, une destination de migration pour les peuples des pays de l’Europe de l’Est et de certains pays d’Asie. Pour faire face à ce phénomène, le Gouvernement polonais a mis en place un système de migration respectueux des normes européennes, et la Pologne souscrit aux normes reconnues du droit d’asile, a ajouté le représentant.
Notre délégation pense qu’il est indispensable de maintenir le mécanisme de coopération entre États en ce qui concerne la migration, au sein du système des Nations Unies, a-t-il ajouté. La migration étant un phénomène constant, il faut que nous veillions à en maximiser les bénéfices que peuvent en tirer à la fois les pays exportateurs de main d’œuvre et les pays d’accueil, a conclu M. Tarka.
M. ALEJANDRO BORDA, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Colombie, a souligné que la question des migrations internationales était chargée de tensions en raison de sa complexité. Il s’agit désormais d’une question transversale liée tant aux droits de l’homme qu’à la lutte contre la pauvreté et elle doit donc être examinée à un niveau intergouvernemental mondial. La Colombie juge souhaitable d’instaurer un dialogue régulier permettant d’adopter une approche générale envers les migrations. M. Borda s’est alors étonné que la composition des institutions internationales étudiant les migrations ne soit pas toujours représentative de l’ensemble des États.
Il a ensuite souligné que le migrant ne devait plus être considéré comme une main-d’oeuvre peu qualifiée mobile, ni comme une sorte de marchandise nécessaire au développement des économies, mais comme une personne dont les droits fondamentaux doivent être respectés. Par ailleurs, il a jugé que le dialogue devait s’établir tant au niveau régional qu’au niveau des Nations Unies.
M. Borda a estimé que le Dialogue de haut niveau devait constituer une tribune constructive sur les causes structurelles des migrations et sur les possibilités de développement qu’elles représentent. Un ordre du jour commun doit être défini, a-t-il poursuivi, avant d’appeler à étudier l’utilisation productive des envois de fonds qui ont un impact macroéconomique, mais dont l’emploi doit rester du seul ressort de chaque migrant.
Il a ensuite affirmé que même si le concept des meilleures pratiques avait été imposé comme modèle pour les politiques internationales, il ne fallait pas pour autant ignorer les terribles difficultés quotidiennes qu’affrontent les migrants dans les sociétés qui les exploitent. Ce ne sont pas les migrants qui sont coupables, mais ceux qui organisent le trafic d’êtres humains, a insisté M. Borda, avant d’appeler au partage des responsabilités et à la solidarité internationale.
M. LEONARDO FRANCO, Vice-Ministre pour la politique latino-américaine du Ministère des affaires étrangères, du commerce international et du culte de la République de l’Argentine, tout en rappelant la part essentielle que représentent les migrations dans l’histoire de l’Argentine, a indiqué que la participation de son pays à ce débat se fait dans un contexte d’intégration régionale, qui met l’accent sur la dimension des droits de l’homme et sur la décision de promouvoir une solution multilatérale et non simplement étatique. À cet égard, il a cité les résultats obtenus grâce à divers accords signés dans le cadre du Mercosur et des pays associés, et en particulier grâce au consensus atteint lors de la Conférence de l’Amérique du sud sur les migrations reflété dans la Déclaration d’Asunción en 2006.
Il a par la suite appelé à ne pas criminaliser les migrants. Il a ainsi pris l’exemple de l’Argentine qui s’est dotée d’une nouvelle législation en la matière, la loi nationale sur les migrations de 2004. Celle-ci garantit d’une part le respect plein et entier des droits des migrants et de leurs familles, notamment en termes de santé, d’assistance sociale et d’éducation, et régule d’autre part les migrations pour éliminer toute forme de discrimination. Il est donc indispensable, a insisté le Vice-Ministre, de trouver des solutions qui, tout en garantissant la sécurité internationale, ne nuisent pas au respect des droits de l’homme.
M. Franco a ensuite rappelé que la dimension du genre fait partie intégrante de la politique argentine. Il a estimé que le trafic d’êtres humains, dont les femmes et les enfants sont les principales victimes, est l’un des problèmes les plus urgents.
Concluant, l’orateur a constaté qu’il n’existe pas de solution unique à l’ensemble des problèmes de la migration, et dans ce cadre il a réaffirmé la spécificité de chaque région et pays, qui n’ont qu’un point commun: la personne et sa dignité.
M. JORIS DEMMINK, Secrétaire général du Ministère de la justice des Pays-Bas, a affirmé que son pays accordait une grande importance à ce Dialogue international, celui-ci devant constituer le début et non la fin, d’un processus global de discussion et de coopération. C’est uniquement au moyen d’un dialogue constructif et ouvert sur les aspects positifs et négatifs de la migration, en respectant les opinions de chacun, que les États pourront réaliser une coopération bénéfique pour tous, a-t-il souligné. Selon lui, la migration devrait être traitée comme un phénomène global. Notant le lien entre migration et développement, il a rappelé que son pays consacrait 0,8% de son produit intérieur brut à la lutte contre la pauvreté, afin de mieux combattre les racines de l’immigration.
M. Demmink a estimé en outre que tous les pays devaient protéger les droits des migrants, en particulier les femmes et les enfants. Le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des migrants, qui dispose d’un mandat du nouveau Conseil des droits de l’homme, a, à ce titre, un rôle vital à jouer. La migration, a-t-il dit, présente des risques pour les femmes. Selon lui, les femmes migrantes effectuent souvent des tâches difficiles, dangereuses et subalternes. Il a enfin jugé indispensable que ce dialogue se poursuive et a appuyé la proposition du Secrétaire général de créer une tribune officieuse où les États pourront discuter de leurs problèmes communs et échanger leurs expériences.
M. VICTOR FILISTOVICH, Vice-Ministre de l’intérieur du Bélarus, a déclaré que son pays était en faveur d’un vaste dialogue multilatéral sur la question des migrations. Le Bélarus a lancé l’idée de la création d’un partenariat global contre les trafics de travailleurs migrants. La délégation du Bélarus a déposé à cet égard un projet de résolution devant l’Assemblée générale. Le Bélarus pense qu’il faudrait faire intervenir les instances de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE0) dans la lutte contre les trafics d’êtres humains et de travailleurs migrants. Le Bélarus se propose d’accueillir une conférence internationale sur ces questions les 26 et 27 octobre 2006, a dit le Vice-Ministre du Bélarus.
Après l’éclatement de l’Union soviétique, les pays qui en faisaient partie ont été confrontés à d’énormes flux migratoires. Dans chaque pays, les appareils de sécurité et d’administration ont eu fort à faire pour arriver à maintenir la sécurité intérieure et extérieure du fait de ces migrations, a dit le représentant. Conscient des effets négatifs des départs de personnels éduqués et qualifiés, le Bélarus est d’avis, comme le Secrétaire général, qu’il faudrait mettre en place au niveau international des mécanismes qui permettent aux pays qui forment à grands frais leurs nationaux, d’avoir la possibilité de les conserver afin de bénéficier de leurs compétences.
M. JORGE LÀZARO, Vice-Ministre des communautés péruviennes à l’étranger, a expliqué que son pays accordait la plus grande importance à la protection des droits des Péruviens à l’étranger, tant au niveau régional que mondial. Il a appelé la communauté internationale à reconnaître l’impact positif des migrations et à adopter en conséquence une approche équilibrée. Après avoir rendu hommage au travail de l’Organisation internationale pour les migrations, M. Lazaro a indiqué que son pays appuyait la création d’une Tribune internationale sur les migrations dans le cadre des Nations Unies.
Il a ensuite souligné qu’une partie des connaissances les plus pointues en matière de protection migratoire se trouvait dans les pays d’origine. Il a évoqué les négociations et accords bilatéraux qui lient son pays à l’Argentine et au Chili. Il a conclu en appelant la communauté internationale à faire une réalité de tous les principes adoptés en matière d’immigration.
M. EMILIO GIMÉNEZ FRANCO, Vice-Ministre des affaires économiques et l’intégration du Paraguay, qui s’exprimait au nom de la Conférence sud-américaine sur l’immigration, laquelle s’est réunie au Paraguay les 4 et 5 mai derniers, a souligné que la Déclaration d’Asunción, à l’issue de cette Conférence, avait fait ressortir les progrès réalisés en matière d’immigration dans les pays du Mercosur. Les migrants sont des agents de développement, a-t-il affirmé, précisant qu’il fallait leur donner un accès au marché du travail et faire en sorte qu’ils soient reconnus dans leur pays d’accueil. Au moment où l’on pousse à la mobilité des personnes dans le cadre de la mondialisation, on pratique l’antimondialisation humaine, a-t-il regretté. Le Vice-Ministre a ainsi estimé que les Nations Unies devaient jouer un rôle plus important pour défendre les droits des travailleurs migrants. Il a rappelé que l’Amérique du Sud avait toujours été un continent influencé par l’immigration. La Conférence sud-américaine a reconnu les effets négatifs engendrés par les courants migratoires, a-t-il poursuivi, notant que ceux-ci pourront être contrecarrés si les États concernés coordonnent leurs actions, conformément aux normes de droit international en vigueur.
M. RICHARD MSOWOYA, Ministre d’État, responsable de la gestion de la lutte contre la pauvreté et les effets des catastrophes naturelles du Malawi, a dit que la mondialisation a permis à un grand nombre de personnes de se déplacer d’un pays ou d’un continent à l’autre. Le Malawi fait face à une situation difficile. Sur trois médecins formés par le pays, deux sont susceptibles d’émigrer vers les pays développés. Bien que le rapport du Secrétaire général indique que les 200 millions de migrants qui quittent les pays pauvres y envoient environ 250 milliards de dollars en transferts de fonds, cette somme ne compense pas vraiment la fuite des cerveaux qui mine les économies des pays en développement. Le Malawi aimerait que cette fuite de compétences n’affecte pas les secteurs cruciaux de la santé et de l’éducation. Notre Gouvernement pense aussi que des programmes devraient être mis en place pour mieux impliquer la diaspora africaine dans la marche des affaires de ses pays d’origine. Le Malawi appuiera donc toute proposition visant à créer un forum international où cette question pourrait être débattue. En outre, a dit le Ministre d’État, notre pays tient à souligner la nécessité de lutter contre la criminalité transnationale organisée qui se développe avec la migration.
M. ALBERT AGOSSOU, Ministre délégué auprès du Ministre des affaires étrangères, chargé de l’intégration africaine et des Béninois de l’extérieur, a affirmé que la lutte contre les migrations clandestines concernait tant les pays 1d’origine que les pays d’accueil, sachant que le Bénin appartient aux deux catégories. Il subit les conséquences néfastes des migrations en même temps qu’il profite de certains de leurs aspects positifs. Rappelant que les migrations allaient croître en volume, l’orateur s’est déclaré préoccupé par la migration des personnes vulnérables que sont les femmes et les enfants, premières victimes de la traite d’êtres humains. Selon lui, ce trafic se nourrit des limites du système éducatif et des périodes de chômage qui touchent les jeunes diplômés. Il a souligné que si trois millions de Béninois vivaient hors des frontières, 98 % d’entre eux résidaient en Afrique et que seule une infime minorité était partie en Europe ou aux États-Unis.
M. Agossou a ensuite évoqué la fuite des cerveaux, par laquelle les migrants qualifiés contribuent à la croissance économique des pays d’accueil, au détriment des pays d’origine. Les migrants qualifiés ont en effet une moindre propension à transférer des fonds vers leur pays d’origine, peut-être parce qu’ils s’adaptent mieux dans leur pays d’accueil ou parce qu’ils y jouissent d’un emploi plus stable. Les fonds transférés ne compensent donc pas l’exode des cadres formés au Bénin. Il faut donc étudier le transfert de connaissances de la diaspora vers le pays d’origine, tandis que les transferts de fonds doivent faire l’objet de conseils avisés afin d’inciter les migrants à investir dans le développement de leur pays d’origine, plutôt que dans la consommation finale ou l’immobilier comme c’est actuellement le cas. Le Bénin demande donc à la communauté internationale de soutenir la création d’un observatoire des transferts de fonds des migrations pour les pays les moins avancés (PMA). Il lui demande en outre d’appuyer les mesures liées aux migrations, notamment en soutenant les efforts déployés par les pays d’origine. M. Agossou a conclu en appuyant la création d’un forum global consultatif sur les questions de migration et de développement.
Mme ROSARIO GRACIANO DE LOS SANTOS, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine, a demandé que la communauté internationale pose des règles du jeu équitables entre les pays créateurs d’emploi et les pays exportateurs de main-d’œuvre. Car les migrants quittent leur pays, souligna-t-elle, pas seulement par manque de débouchés, mais pour subvenir aux besoins de leur famille. Nous, les gouvernements, avons un rôle - clef à jouer dans la mise en place d’une politique améliorant les conditions de la migration, a ajouté la Vice-Ministre. Les politiques de migration restent du ressort de chaque État, mais ceux-ci sont en mesure de faire progresser ce dossier en collaborant au niveau de leur région. La République dominicaine le fait avec 13 autres pays.
La Vice-Ministre a ensuite évoqué les travaux menés par son pays pour améliorer les conditions de la migration au sein de différentes organisations liées aux Nations Unies. L’une des problématiques abordées est celle du lien entre les transferts d’argent envoyés par les migrants dans leur famille et le développement.
M. EISSA MALDOUN, Vice-Ministre du travail de la République arabe syrienne, a estimé qu’on ne pouvait considérer la migration aujourd’hui sans prendre en compte la mondialisation dans ce qu’elle comportait de positif ou de négatif. Il est nécessaire d’activer les mécanismes internationaux collectifs afin de traiter les causes de la migration, a-t-il assuré. Il est nécessaire également, a-t-il ajouté, d’élaborer une méthodologie de nature économique sur le plan mondial qui reconnaisse le rôle de la migration dans le développement, de baisser le coût des transferts de fonds et de garantir la sécurité de ces transferts vers les pays d’origine. Enfin, il convient, selon lui, de ne pas imposer des obstacles financiers unilatéraux qui empêchent des transferts de fonds.
Le Vice-Ministre a indiqué que la région du Moyen-Orient avait connu une forme artificielle de migration que n’avait pas abordée le rapport du Secrétaire général. Il a ainsi fait référence aux déplacements forcés de centaines de milliers de Palestiniens. La Syrie et d’autres pays de la région ont subi des formes de migration du fait de l’occupation israélienne, a-t-il ajouté, citant notamment la migration temporaire de 200 000 Libanais du fait de la récente intervention israélienne armée au Liban.
M. ASGAR ALAKBAROV, Vice-Ministre de l’intérieur de l’Azerbaïdjan, a indiqué qu’il existait dans son pays une vingtaine de lois et règlements relatifs au processus de migration, dont notamment la loi sur les migrations et la loi sur les migrations de travail. L’Azerbaïdjan est partie à sept instruments juridiques de l’ONU sur les droits des migrants. Ces instruments constituent la base du Plan d’action national contre le trafic humain et de la Loi relative à la lutte contre le trafic humain de 2004 et 2005.
Depuis son indépendance en 1991, a-t-il précisé, l’Azerbaïdjan est devenu essentiellement un pays d’origine des migrations en raison des difficultés économiques imputables à la période de transition et de l’afflux d’environ un million de réfugiés et personnes déplacées, conséquence de l’occupation d’une partie du pays par l’Arménie.
Par ailleurs, le Vice-Ministre de l’intérieur s’est prononcé en faveur d’une concertation avec les partenaires financiers des pays d’origine sur une simplification des procédures de transfert de fonds, qui devrait convenir aux nombreux ressortissants de son pays travaillant dans les pays de la Communauté des États indépendants (CEI). Assurer les droits des migrants est une autre préoccupation prioritaire compte tenu de la récente multiplication des actes de racisme et de xénophobie à leur encontre, a ajouté le représentant, en lançant un appel aux pays d’accueil pour qu’ils prennent rapidement les mesures qui s’imposent dans ce domaine. Le trafic humain est également un problème qui doit être traité prioritairement, a conclu le délégué, précisant que les autorités de son ministère avaient créé un département chargé de la lutte contre ce fléau et qu’un refuge réservé aux victimes de ce trafic était sur le point d’être achevé dans la capitale.
Mme ANNA EUGENIA DURAN, Vice-Ministre chargée des questions politiques et de gouvernance du Costa Rica, a déclaré que, proportionnellement à sa population, son pays était considéré par l’ONU comme le premier récepteur d’immigrants en Amérique latine. Le Costa Rica, qui est fermement engagé dans la promotion et la défense des droits de l’homme, prend les mesures nécessaires à la création d’une migration ordonnée et décriminalisée qui permette à ses bénéficiaires de jouir de tous leurs droits de l’homme. Le Costa Rica met l’accent sur la promotion des droits de chaque individu, qu’il soit migrant ou national, a dit Mme Duran.
Les priorités en matière de coopération internationale devraient tenir compte du fait que la plupart des populations d’Amérique latine vivent avec un revenu journalier modeste. Les mesures régissant la migration devraient donc leur permettre, quand elles choisissent de s’expatrier, de jouir de tous leurs droits, tant sur le marché du travail qu’en matière de transferts de fonds, a dit Mme Duran.
M. JOSE DE JESUS PEDRO MANDRA, Vice-Ministre de l’intérieur du Mozambique, a déclaré qu’en Afrique, et en particulier dans son pays, la migration de la force du travail était une réalité historique qui continue d’avoir une incidence majeure sur l’économie et la société. M. Mandra a ajouté que les problèmes relatifs aux migrations internationales devaient être abordés dans le respect des droits de l’homme et en privilégiant le partage des responsabilités entre les pays d’origine, de transit et de destination. Notant que d’une part la migration était une source d’enrichissement culturel, économique et social, et, de l’autre, qu’elle entrainait une fuite des cerveaux préjudiciable aux pays d’origine, il a souhaité que la communauté internationale parvienne à un consensus sur les questions liant migration et développement. A cet égard, le Mozambique souscrit aux priorités établies par le Position africaine commune visant à alléger la pauvreté par, notamment, le développement agricole, le renforcement de la protection des femmes, des jeunes et des personnes handicapées. Enfin, M. Mandra a évoqué le cadre stratégique de la politique migratoire africaine telle que définie par les états du continent. Son objectif principal, a-t-il dit, est d’encourager les pays à inclure la question des migrations internationales dans leurs agendas nationaux et régionaux de développement et de migration. Ce cadre de travail prévoit de prendre en compte les défis posés par le phénomène migratoire, tels les menaces à la paix et à la sécurité, la protection des réfugiés ou encore la lutte contre le crime organisé transfrontalier.
M. CARLOS LOPEZ, Sous-Secrétaire des questions migratoires au Ministère des affaires étrangères de l’Équateur, a rappelé que l’Équateur était aussi bien un pays d’origine que d’accueil, et que les nouvelles politiques économiques qu’il avait dû adopter nécessitaient le soutien de la communauté internationale. M. Lopez a ensuite appelé à prendre en compte le rôle des pays de transit, mais aussi à fortifier la lutte contre le trafic illégal d’êtres humains, notamment en canalisant des ressources pour lutter contre la corruption. L’Équateur a entrepris des actions avec ses pays voisins et il a mis en place des programmes de retour volontaire, passant notamment des accords avec l’Espagne. L’Équateur s’efforce d’aborder la question des migrations sous un angle global, et il s’engage à respecter les droits fondamentaux à tous ses citoyens, et aux migrants qui travaillent sur son sol. Le pays lutte contre le trafic d’êtres humains et, particulièrement, celui des femmes, des enfants et des personnes âgées. Tous sont confrontés à la destruction de leur environnement familial, au déracinement, à l’exploitation sexuelle, à l’exclusion de l’école et à la discrimination sur leur lieu de travail.
M. Lopez a ensuite évoqué les envois de fonds, qui constituent la deuxième source de revenus de l’Équateur. Des actions ont donc été entreprises pour réduire les frais bancaires. Tout en respectant le caractère privé de ces envois, des campagnes sont organisées pour inciter à les utiliser de façon productive. Par ailleurs, il a estimé que la diaspora équatorienne avait un rôle à jouer pour favoriser le transfert de technologies et de connaissances. Il a ensuite affirmé que le principe de souveraineté ne devait pas diminuer les droits des migrants, mais favoriser leur régularisation et leur intégration dans la société du pays hôte. Le transit des personnes devrait être aussi libre que celui des biens et des capitaux, a-t-il ajouté, la migration devant constituer une source de richesse et de développement et cesser d’être forcée pour devenir volontaire. M. Lopez a conclu en appelant à la poursuite du Dialogue de haut niveau jusqu’à la création d’une instance mondiale.
M. GERMAN ESPINAL, Directeur général des migrations du Honduras, a affirmé que son pays a été traditionnellement un pays d’origine des migrations, bien qu’il se situe dans une région de transit où passent de nombreuses personnes. Le Honduras est de ce fait très respectueux des droits de l’homme et des droits des travailleurs migrants, et est activement engagé dans la lutte contre les trafics des personnes humaines et la réhabilitation des victimes de ces trafics. Il a estimé important de reformuler, dans le cadre de programmes, l’action des agences et des institutions internationales qui traitent des migrations et jugé indispensable un partage des responsabilités dans ce domaine et le renforcement de la coopération internationale dans les processus migratoires. Il a, par ailleurs, mis l’accent sur l’importance d’assurer la sécurité des envois de fonds, faute de quoi la situation des pays d’origine ne ferait que s’aggraver. Il s’est enfin félicité de l’idée proposée par le Secrétaire général d’une tribune internationale sur les migrations sous l’égide des Nations Unies et a souligné la nécessité de renforcer le principe du bénéfice mutuel.
Mme VELELA HELLERA, Vice -Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, a déclaré que tous les pays étaient concernés par la migration internationale. Cette question devrait donc être examinée par les pays d’origine des migrants, par ceux qui les reçoivent, et par la communauté internationale sous un angle multilatéral. La migration ne devrait pas être perçue sous le seul angle de la pauvreté et comme un mouvement de personnes fuyant des conditions économiques difficiles.
Selon l’orateur, il faut en cette ère de mondialisation harmoniser la circulation des êtres humains avec la liberté des échanges financiers et de marchandises. L’Uruguay a pris des mesures pour permettre à sa diaspora de participer à la vie publique de leur pays d’origine. Le Gouvernement uruguayen fait aussi des efforts pour faciliter les transferts de fonds, et il a entamé un dialogue avec la diaspora sur la manière dont les familles pourraient utiliser ces ressources de manière à soutenir le développement national, a dit Mme Hellera. Pour permettre aux expatriés uruguayens de maintenir le contact avec leurs origines, le Gouvernement travaille, avec les cercles culturels, à l’organisation de rencontres dans les pays d’accueil.
M. ZVONKO ZINRAJH, Secrétaire d’État et Ministre adjoint de l’intérieur de la Slovénie, a estimé que lorsque la migration était gérée de manière efficace, elle pouvait avoir un impact positif sur les pays d’origine et de destination, ainsi que sur les migrants eux-mêmes. Le Ministre a ainsi plaidé pour une coopération cohérente et équilibrée avec les pays tiers, afin de maximiser les bienfaits de la migration légale et de formuler des politiques destinées à résoudre les problèmes liés à la migration illégale. L’un des éléments les plus importants, a-t-il ajouté, est le lien qui existe entre migration et développement. À cet égard, M. Zinrajh a dit que l’accent devait être mis sur l’intégration des questions de migration dans les stratégies pour la réduction de la pauvreté, et sur le renforcement des relations avec les donateurs.
La Slovénie est d’avis que des mesures concrètes doivent être mises en œuvre, afin de lutter efficacement contre le trafic d’êtres humains et les autres fléaux générés par les flots massifs de migrants illégaux, a encore dit l’intervenant. Dans ce contexte, les migrants les plus vulnérables, comme les femmes et les enfants, doivent bénéficier d’une protection accrue de leurs droits. Enfin, M. Zinrajh a jugé qu’il était vital de s’attaquer aux causes de la traite, telles la pauvreté, l’exclusion sociale, la discrimination ou encore les inégalités, et de réduire le haut niveau de la demande dans les pays de destination.
M. GAGIK YEGANIAN, Vice-Ministre de l’administration territoriale de l’Arménie, a fait état des 360 000 réfugiés, déportés à la suite du conflit du Nagorny-Karabakh avec l’Azerbaïdjan. Il a également mis l’accent sur la richesse apportée par la diaspora arménienne dans le monde. Il a estimé que le renforcement du processus de développement, notamment l’utilisation de l’envoi des fonds dans les pays d’origine, était très important. Il a ainsi jugé intéressant d’établir un autre dialogue avec d’autres pays, des organisations internationales dans ce domaine précis du transfert des fonds. Il a souligné, par ailleurs, l’importance de favoriser le retour des migrants, partageant ainsi le point de vue du Secrétaire général selon lequel il convient de poursuivre l’objectif de donner la possibilité à toute personne de vivre et de s’épanouir dans son pays. Selon lui, la mise en œuvre des recommandations qui seront adoptées nécessitera la création de capacités institutionnelles, l’OIM pouvant sans doute, a-t-il dit, favoriser une telle issue.
Mme NDIYOI MUTITI, responsable des questions d’immigration du Gouvernement de la Zambie, s’est plainte que les pays développés ont « pillé » les ressources humaines de son pays dans les domaines de la santé et de l’éducation. Au niveau de sa région, la Zambie se trouve confrontée à un afflux de réfugiés en provenance des zones de conflits d’Afrique centrale et australe, a indiqué la déléguée, estimant qu’il fallait renforcer les partenariats existant sur la question de la migration, notamment pour ce qui est de la protection des groupes les plus vulnérables. Concernant la question des transferts de fonds, la représentante a rappelé que ces transactions étaient le fait d’individus privés, cet argent leur appartenant personnellement ou à leurs familles. Il serait donc impensable à son avis que certains membres de la communauté internationale veuillent en faire une question de politique de développement ou de soutien au développement.
M. HASSAN MUHAMMAD LAWAL, Ministre fédéral du travail et de la productivité du Nigéria, a dénoncé les mauvais traitements, l’exploitation, les rapatriations forcées, les camps d’internement ainsi que les autres mesures menant à la déshumanisation des travailleurs migrants et des demandeurs d’asile. Ce type de mesures pour gérer les migrations ne sont pas défendables au XXIème siècle. Le Nigéria appelle tous les États à honorer leurs obligations en matière de droits de l’homme et d’emploi des migrants.
Le Ministre a plaidé en faveur de mesures d’édification des capacités locales des pays d’Afrique, de la mobilisation des diasporas, de la diminution des coûts, de l’accélération de la transmission des transferts de fonds et de l’intégration des questions liées aux migrations internationales dans les stratégies de développement national. Il a également souhaité une conclusion rapide du Cycle des négociations commerciales de Doha, une résolution du problème de la dette extérieure, la prévision de nouvelles ressources, une coopération mondiale de lutte contre le terrorisme et une plus grande participation des pays en développement dans les processus de prise de décisions au sein des institutions financières et commerciales.
Le Ministre est revenu sur les mesures mises en place par son gouvernement pour éliminer la pauvreté et promouvoir la création de richesses et a expliqué que le Nigéria travaille d’arrache-pied pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement. Le Ministre a également précisé qu’il était en faveur de la création d’un forum consultatif pour coordonner les politiques migratoires à tous les niveaux.
M. WALTER FUST, Directeur du développement et de la coopération de la Suisse, a souhaité réfléchir de toute urgence aux instruments susceptibles de mettre à profit les aspects positifs de la migration et d'en limiter les effets négatifs. L'initiative de Berne a offert aux gouvernements de toutes les régions du monde la possibilité de partager leurs priorités politiques, d'une part, et de recenser leurs intérêts à long terme dans le domaine migratoire, d'autre part. Il est de notre devoir de consacrer plus d'attention aux causes de la migration et à la prévention, selon M. Fust. Il a aussi considéré que les capacités entrepreneuriales des femmes sont restées trop négligées. Comme autre piste à suivre, il a cité la possibilité d'exploiter des synergies entre migrations et développement. Les remises de fonds à destination des pays d'origine tournent autour de 200 milliards de dollars par an et il s'agit de fonds privés, a-t-il noté. Mais nous devons explorer les synergies potentielles entre ces importants flux financiers et la coopération officielle au développement. Il a encouragé les États, les organisations internationales et les institutions financières internationales à intégrer le domaine de la migration dans leurs stratégies nationales de réduction de la pauvreté, et dans leurs politiques régionales. En ce qui concerne l'intégration sociale des migrants, elle passe en premier lieu par la participation au marché du travail et à la formation, a-t-il ajouté, soulignant la particulière vulnérabilité des femmes et des enfants.
M. RICHARD FADDEN, Ministre adjoint de la citoyenneté et de l’immigration du Canada, a estimé que la mise en commun des approches et des expériences dans le domaine des migrations était profitable mais que les solutions devaient être adaptées aux conditions locales. Il a affirmé qu’il fallait s’assurer que tous, pays développés et en développement, organisations internationales, société civile, avaient la possibilité de participer au débat sur les migrations. Il a toutefois indiqué que son pays souhaitait que ce processus prenne d’abord la forme d’un dialogue entre États.
Soulignant qu’il restait encore beaucoup à découvrir quant au lien entre migrations et développement, M. Fadden a déclaré qu’il fallait renforcer la cohérence des politiques gouvernementales entre ces deux secteurs ainsi que la coopération entre États. Enfin, dans l’optique de l’établissement d’un processus permanent de suivi de ce Dialogue, il a fait valoir que celui-ci devrait se tenir de façon autonome et non dans le cadre du système des Nations Unies ou de ses institutions connexes. De plus, il a suggéré que ce processus de suivi vise à approfondir la compréhension des questions de fond plutôt qu’à négocier le texte de résolutions ou de déclarations.
Mme ELLEN SAUERBREY, Secrétaire d’État adjointe des États-Unis pour les questions touchant aux populations, aux réfugiés et aux migrations, a indiqué que la question des migrations internationales touche les États-Unis de très près et que leur engagement à promouvoir les migrations comme un élément positif du développement de toutes les nations reste inchangé malgré les attentats du 11 septembre. Les États-Unis sont également déterminés à relever les défis que posent les aspects négatifs des migrations, notamment le trafic d’êtres humains. La Secrétaire d’État adjointe a fait part de l’expérience de son pays face au phénomène des migrations et a précisé que les migrations internationales fonctionnent bien quand un intérêt et des préoccupations communes lient les pays d’origine et les pays de destination. Au niveau mondial, les grands dialogues sur cette question ne nous intéressent pas car nous avons constaté les faiblesses inhérentes à des discours de cette ampleur qui ne font que tourner en rond au lieu de mener à des solutions pragmatiques, a-t-elle ajouté.
La Secrétaire d’État adjointe a estimé que les Nations Unies avaient suffisamment d’outils en place pour traiter des questions liées aux migrations et qu’il n’était pas utile de créer des structures supplémentaires. Toute discussion sous l’égide des Nations Unies doit se faire avec l’assentiment de tous les États Membres de manière transparente et dans le respect du règlement intérieur et des traditions de cette institution.
Nous continuons à avoir foi dans les principes de nos Pères fondateurs et nous attendons des migrants qu’ils respectent les droits et libertés fondamentales des citoyens américains, a précisé la Secrétaire d’État adjointe. Nous soutenons le principe selon lequel les migrants, tout en s’intégrant à leur nouvelles communautés, peuvent aussi rester en contact avec leurs communautés d’origine. L’un des liens les plus forts avec les sociétés d’origine est l’envoi de fonds, manifestation de la douleur mais aussi des bénéfices des migrations. Ces transferts de fonds auront un impact important sur le développement des pays d’origine si ceux-ci mettent en place des réformes économiques et sociales créant un environnement propice à l’esprit d’entreprise et aux investissements.
M. KASTRIOT SULKO, Vice-Ministre du travail, des affaires sociales et de l'égalité des chances de l'Albanie, a relevé que l'ampleur du phénomène des migrations internationales ne permet pas de le considérer comme un phénomène particulier aux pays développés ou en développement. En Albanie, les flux migratoires ont touché 20% environ de la population et la gestion de ces mouvements est l’une des priorités du Gouvernement albanais, a précisé le Vice-Ministre. C’est ainsi que ce pays a formulé une stratégie nationale et un plan d'action sur les migrations en 2004 et en 2005, qui incitent les candidats à l’émigration à rester dans leur pays dans de bonnes conditions économiques, et les émigrés à revenir pour investir en Albanie et mettre leurs compétences au service du pays. M. Sulko a par ailleurs affirmé que les autorités de son pays encourageaient les institutions financières à simplifier, sécuriser et accélérer les transferts de fonds. M. Sulko a par ailleurs regretté la fuite des cerveaux, mais indiqué que son gouvernement s’efforçait d’offrir aux diplômés albanais à l’étranger des conditions de travail et des rémunérations susceptibles de les faire rentrer chez eux. S’agissant de certains aspects négatifs des migrations, comme le trafic d'être humains, le délégué a salué la conclusion d’un accord récent avec la Grèce pour la protection et l'aide aux enfants victimes de ce trafic.
M. HASSAN IBRAHIM AL-MUHANNADI, Directeur du Conseil de la planification sociale du Qatar, a indiqué que ce pays accueillait de nombreux travailleurs migrants de diverses nationalités et s’est félicité de leur contribution à la croissance économique nationale. Il a noté que le Qatar coopérait étroitement avec les pays d’origine des migrants par le biais d’accords bilatéraux qui définissent les conditions d’emploi des migrants, par exemple. Il a de plus souligné que le Qatar s’employait à fournir tous les droits et avantages de base aux migrants, y compris en matière de protection sociale, juridique, de couverture médicale, autant de mesures intégrées à la législation.
Annonçant la tenue d’un forum sur les travailleurs migrants en avril 2007, à Doha, il a affirmé que l’objectif en était de trouver les moyens les plus efficaces de gérer cette main-d’œuvre et de créer le meilleur environnement possible de travail pour les migrants. Il a insisté sur le fait que le Qatar respectait les droits des migrants conformément à ses lois et aux accords conclus avec les pays d’origine. Toutefois, il a estimé que l’autorisation et la durée de séjour des travailleurs migrants devaient être régies par les lois d’immigration des pays de destination. Une fois le travail des migrants accompli tel que décrit par les contrats entre les deux parties, les travailleurs migrants devraient quitter le pays, a-t-il argué.
M. YANNIS VALINAKIS, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Grèce, est revenu sur les développements intervenus au sein de l’Union européenne au moment où son pays en assumait la présidence. Ainsi, le Conseil de l’Union a adopté pour la première fois les Conclusions sur les migrations internationales et le développement. Depuis, beaucoup a été fait tandis que le lien entre migration et développement a été reconnu, et intégré dans notre Agenda pour le développement. Les Conclusions du Conseil de l’Europe en décembre dernier portaient sur la nécessité de mettre en place une approche cohérente, en coopération avec des pays tiers, qui tire avantage des migrations légales et qui lutte contre les migrations clandestines. L’engagement de l’Union européenne à soutenir les efforts de développement des pays d’origine et de transit fait partie d’une stratégie à long terme et dans ce cadre, a indiqué le Vice-Ministre, l’Union souligne l’importance de traiter les causes profondes de ce phénomène, en particulier en éliminant la pauvreté en instaurant une bonne gouvernance et en protégeant les droits de l’homme. Nous estimons dans ce cadre que la Conférence ministérielle de Rabat, de juillet 2006, contribuera de manière significative à améliorer la communication et la coopération avec les pays africains. Le Vice-Ministre a par ailleurs estimé, qu’il était urgent de lutter contre les migrations clandestines, qui ont pris une ampleur sans précédent.
Mme MARI PEDAK, Directrice générale chargée des questions de citoyenneté et de migration d’Estonie, a fait remarquer que les raisons principales qui incitaient à l’émigration – la précarité économique, le manque d’opportunités, les entraves commerciales ou l’absence de l’état de droit étaient provoquées par l’homme. Il incombait donc aux États de créer les conditions nécessaires au développement. L’une des sources de ce développement est l’argent envoyé par les migrants vers leur pays d’origine, qui pourraient utilisés, de l’avis de la représentante, au financement de l’éducation ou des microcrédits.
Les migrants ont leur part de responsabilité de s’intégrer dans leurs nouveaux pays, a poursuivi Mme Pedak. La première manifestation de cette intégration est l’apprentissage de la langue, a-t-elle estimé, permettant ainsi aux immigrés non seulement de trouver plus facilement un emploi et d’acquérir de nouvelles compétences, mais aussi de suivre les lois et règles de leur pays d’accueil. Pour leur part, le pays d’accueil, mais aussi le pays d’origine, devrait résister à la tentation d’utiliser la présence de migrants dans les querelles de politique intérieure, a-t-elle conclu.
M. ZAMORA RODRIGUEZ (Cuba) a rappelé que des millions de personnes n'ont pas d'autre alternative que d'émigrer dans les pays développés et considéré qu'il fallait effectivement inclure l'examen des questions relatives aux migrations dans celui des politiques de développement. Les flux de migrants ne seront pas arrêtés par la criminalisation des migrations, l’édification de grands murs aux frontières ou encore des barrières administratives.
Selon M. Rodriguez, on ne peut gérer les migrations en prenant seulement en compte les besoins du monde développé. Il faut venir à bout du sous-développement et de la pauvreté afin que migrer soit un choix répondant aux aspirations des personnes concernées. L’intervenant a dénoncé l’injustice de l’ordre actuel, soulignant que les pays riches reçoivent la main-d’œuvre qualifiée et réquisitionnent les meilleurs cerveaux et talents.
L’Amérique latine, a-t-il précisé, forme 1,2 milliard d'étudiants à l'Université, ce qui représente un coût d'au moins 20 000 dollars par personne, dont 240 000 partent travailler ou poursuivre des recherches dans des pays riches. Il s'est inquiété qu'on avance le bénéfice du transfert de revenus vers les pays d'origine comme preuve de la contribution des migrations au développement, alors qu'on voit se réduire l'aide au développement.
En outre, il a dénoncé le fait que les Cubains résidant aux États-Unis sont le seul groupe de migrants dont les déplacements dans leur pays d'origine sont limités. Ainsi actuellement, un fils ne peut rendre visite à sa mère qu'une fois tous les trois ans. M. Rodriguez a aussi estimé que le monde développé est endetté à l'égard des migrants en raison de leur contribution au pays d'accueil et il a suggéré une forme de contrepartie qui serait de réduire la dette des pays d'origine.
M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a déclaré que le manque de règles de droit sur la sécurité humaine, couplé au sous-développement, était souvent à l’origine du désir de partir vivre ailleurs. Selon lui, en vue de mieux combattre le racisme entre communautés, les États ont le devoir d’informer sur les conditions légales de migration, en mettant notamment l’accent sur les contributions positives des expatriés aux sociétés d’accueil. Le représentant a ajouté que les migrants ne se pliant pas à la règle internationale en matière de migration et des droits de l’homme doivent, en retour, s’attendre à être sanctionnés par les États.
M. Wenaweser a par ailleurs jugé que le phénomène migratoire mondial avait un impact important, en particulier sur les petits pays. Ces derniers, a-t-il expliqué, sont lésés par le départ de leurs personnels les plus qualifiés. Parallèlement, l’économie de ces mêmes pays dépend de plus en plus des envois d’argent de l’étranger.
Le représentant a indiqué que la politique d’intégration de son pays était basée sur la coopération avec les nombreuses communautés de migrants installées sur son sol. Dans le domaine du développement, a-t-il encore dit, l’effort du Liechtenstein porte principalement sur l’aide aux populations rurales des petits pays les moins avancés. L’objectif est d’améliorer les conditions de vie de ces populations et ainsi de réduire les pressions pouvant les pousser à émigrer.
M. LUIS ALBERTO SEPULVEDA (Chili) a noté que la Présidente de son pays, Mme Michelle Bachelet, avait elle-même fait l’expérience de la migration quand elle avait quitté le Chili pour des raisons politiques dans les années 1970. Plaidant pour que les migrations bénéficient au développement, le représentant a insisté sur l’importance de consacrer les envois des fonds à des priorités de développement en faveur du migrant et de sa famille. Il a aussi fait part des inquiétudes de son pays en ce qui concerne les droits des migrants et de leurs familles, estimant que la Convention internationale sur la protection de tous les droits des travailleurs migrants et des membres de leurs familles, ratifiée l’année dernière par le Chili, offrait un cadre juridique adéquat pour la protection de ces droits. Par ailleurs, M. Sepuldeva a indiqué que la politique migratoire du Chili établissait des principes de base, dont la garantie du droit de résidence et de liberté de mouvements, l’accès à la justice, la protection sociale ou encore la réunification familiale.
M. EWALD LIMON (Suriname) a déclaré que le Gouvernement de son pays estimait que les migrations internationales devaient être gérées de façon à ce que ce phénomène contribue à l’effort de développement des États. M. Limon a jugé qu’il était nécessaire, à l’occasion du présent Dialogue de haut niveau, que les pays d’accueil et de destination discutent ensemble des possibilités d’accords permettant de compenser les départs de personnels qualifiés. De même, les délégations devront examiner les moyens d’utiliser les envois de fonds en vue d’investir dans les programmes de développement économique et social.
M. limon a en outre estimé que l’une de responsabilités des pays d’accueil était d’assurer les conditions d’une migration respectueuse des droits de l’homme. Il a ainsi fait savoir que son pays avait mis en place une unité spéciale de police chargée de combattre le trafic d’êtres humains et les crimes connexes. Cette action prévoit aussi d’assurer le retour dans leur pays d’origine des victimes de ces crimes, a-t-il dit. Au plan régional, un dialogue accru entre les pays doit contribuer à renforcer la coordination des politiques en matière de migration.
M. EDUARDO SEVILLA SOMOZA (Nicaragua) a reconnu que la question des migrations doit être abordée par tous les secteurs gouvernementaux, ainsi que par les secteurs non gouvernementaux, y compris les associations de la diaspora, la société civile et le secteur privé. Il s'est dit favorable à la proposition du Secrétaire général de créer un forum consultatif dirigé par les États Membres de l'ONU.
Le Gouvernement du Nicaragua considère prioritaire la lutte contre la traite des personnes, a-t-il dit, et a élaboré à cet égard un programme en coordination avec les membres de la coalition nationale contre la traite des êtres humains. Ainsi, un protocole a été rédigé au niveau national sur le rapatriement des enfants et des adolescents qui en ont été victimes. M. Sevilla Somoza a aussi cité la tenue d'une réunion technique à laquelle son pays a participé, qui a eu lieu au Guatemala en mars dernier, pour élaborer un projet de protocole régional sur ce sujet.
M. ALI HACHANI (Tunisie) a déclaré qu’il était désormais nécessaire d’appréhender la migration de manière globale et intégrée dans les programmes de développement économique et de coopération entre les nations. Selon le représentant, la migration ne devrait pas constituer une menace mais un facteur d’enrichissement mutuel aussi bien socioéconomique que culturel. M. Hachani a plaidé pour une gestion commune des mouvements migratoires, basée sur une approche globale respectueuse des intérêts des différents pays. Il serait également nécessaire d’appuyer les efforts de développement entre les pays du Nord et du Sud en vue de renforcer la cohésion sociale et économique dans les pays en développement, a-t-il dit.
Notant que le flux financier des immigrés reste une source mal ou peu exploitée, M. Hachani a souhaité qu’un dialogue ait lieu pour alléger les coûts de transferts de fonds et ainsi fournir des ressources additionnelles au financement du développement. Il a toutefois précisé que, dans ce cadre, les fonds envoyés par les travailleurs migrants ne pourraient être considérés comme une partie dudit financement.
Le traitement de la migration nécessite l’adoption d’une approche globale qui ne se limite pas à des considérations sécuritaires et conjoncturelles, a poursuivi le représentant. A ses yeux, une telle approche devrait permettre de traiter les causes profondes des migrations, notamment la réduction des écarts de développement et la mise en place de nouvelles formes de coopération en matière de main-d’œuvre et de création d’emplois. Au niveau euro-méditerranéen, a dit M. Hachani, la « Déclaration de Tunis » constitue un document de référence prônant une approche régionale équilibrée des aspects nouveaux au cœur de la problématique de la migration : la migration et le codéveloppement, la migration du travail et la formation professionnelle, et la migration et la circulation des personnes. Enfin, le représentant a réaffirmé que les solutions unilatérales et les mesures administratives et sécuritaires n’aboutissaient pas nécessairement à un traitement efficace et durable de la question migratoire.
M. GUY SERIEYS (France) a fait remarquer que le Gouvernement français avait adopté il y a quelques mois une stratégie interministérielle sur les migrations et le développement afin d’optimiser le lien entre ces deux questions. Il a expliqué qu’il s’agissait de faciliter les initiatives individuelles ou collectives des migrants vers leur pays d’origine, en finançant des microprojets créateurs de développement social et d’emplois.
S’agissant des envois de fonds, M. Serieys a souligné que cette stratégie visait à favoriser l’investissement de cette épargne dans le développement, par la réduction des coûts de transferts. Nous voulons également mettre en place des moyens favorisant la mobilité de la diaspora qualifiée résidant en France, a-t-il poursuivi au sujet de l’action à prendre pour faire face à la fuite des cerveaux et à la perte de ressources humaines. Enfin, il a estimé que la réflexion sur les enjeux des migrations trouvait légitimement sa place au niveau des Nations Unies mais ne devait pas omettre d’associer les acteurs centraux de la problématique, à savoir les migrants.
M. JULIAN VILA COMA (Andorre) a appuyé la création d’un forum global consultatif sur la question des migrations. Le représentant est revenu sur l’histoire de son pays en expliquant qu’Andorre, avec son économie fondée sur le tourisme, n’est pas restée à l’écart de ce phénomène. À partir de la moitié du XXe siècle elle a subi un changement important en inversant la tendance de pays d’origine en pays d’accueil. L’histoire d’Andorre à partir de ce moment là s’est confondue avec le phénomène de l’immigration s’insérant dans un processus de développement sans précédent. Cette insertion s’est déroulée dans le cadre de l’immigration légale laquelle a permis que les différents facteurs démographiques, économiques, politiques et sociaux qui découlent de cette transformation soient soigneusement intégrés dans le cadre de vie national afin de créer un sentiment d’appartenance à la communauté d’accueil, a précisé le représentant. En conclusion, il a apporté son appui à toute stratégie fondée sur l’étude du phénomène migratoire dans le cadre de la coopération bilatérale et multilatérale.
M. YOUNG-JIN CHOI (République de Corée) a considéré que le phénomène des migrations fait écho à tous les aspects de la mondialisation et présente donc des caractères multidimensionnels. Il a appuyé l'idée du Secrétaire général selon laquelle l'objectif de ce Débat de haut niveau est la sensibilisation à la dimension « développement » des migrations. Il a jugé indispensable d'adopter des politiques spéciales en la matière, de façon à maximiser les avantages des migrations. M. Choi a rappelé que la République de Corée a été citée en exemple en ce qui concerne ses politiques.
La Corée est à la fois pays d’origine et pays de destination. Elle développe des mesures incitatives pour attirer les chercheurs étrangers. M. Choi a poursuivi en avertissant que pour que les envois de fonds contribuent à l'économie locale, il faut examiner les moyens de réduire les coûts de ces transactions et en faciliter les procédures. À son avis, les pays d'origine doivent aussi établir des mécanismes afin de mettre à profit le potentiel pour le développement des migrants qualifiés qui reviennent chez eux. Le monde des affaires doit aussi être impliqué dans les discussions sur ces questions, a-t-il conclu.
Mme CAROLINE ZIADÉ (Liban) s’est félicitée de la tenue du Dialogue de haut niveau sur la migration internationale et le développement. Évoquant les causes principales de l’émigration –la pauvreté, le sous-développement, l’exclusion sociale, la disparité salariale entre pays ou la précarité sécuritaire, la déléguée a affirmé que le nombre des migrants dans le monde s’élevait à environ 191 millions de personnes dont 115 millions vivaient dans des pays développés et 75 millions dans des pays en développement. « Ceci montre que la tendance migratoire Sud-Sud est comparable à la migration Sud-Nord. », a-t-elle dit.
Abordant la question des transferts conséquents de capitaux et de salaires vers les pays d’origine, comme c’est le cas au Liban, la représentante a mis en garde contre la tentation de trouver là prétexte à réduire l’assistance publique au développement (APD). Par ailleurs, elle a mis en exergue la contribution économique et professionnelle des migrants aux pays d’accueil; les plus qualifiés d’entre eux contribuent à la création d’entreprises donc d’emplois; quant aux moins qualifiés, ils remplissent des tâches subalternes qui disparaîtraient purement et simplement faute d’une main d’œuvre locale désireuse de les remplir. À ce sujet, elle a déploré le manque d’équivalence des diplômes universitaires d’un pays à l’autre, qui entrave les plus immigrants les plus compétents de d’occuper des fonctions importantes. En conclusion, elle a lancé un appel pour la protection des migrants contre les dangers qui le guettent, notamment le trafic et la contrebande des êtres humains, ainsi que les discriminations en tous genres.
M. NGUYEN TAT THANH (Viet Nam) a fait valoir que son pays avait plus de 2,5 millions de ses ressortissants qui travaillent ou vivent à l’étranger, dans plus de 80 pays, et était donc prêt à contribuer au succès de ce nouveau processus. Il a déclaré que les implications politiques des migrations n’avaient pas reçu une attention suffisante aux niveaux régional et international. Selon lui, la protection des droits des migrants, y compris leur droit à l’éducation ou à un logement décent, a largement été ignorée. Outre le renforcement de la coopération bilatérale et régionale en matière de migration, le représentant a plaidé pour la mise en place de mécanismes institutionnels afin d’échanger avis et expériences mais aussi de promouvoir la coordination des efforts. Enfin, il a suggéré le renforcement du rôle de l’OIM et de l’intégrer plus étroitement au système interinstitutions de l’ONU.
M. DANIELE BODINI (Saint-Marin) a rappelé que son pays, avant d’avoir atteint la prospérité, avait connu la pauvreté, facteur de forte migration à l’étranger et notamment aux États Unis, en Argentine, en Italie et en France. Les transferts de fonds des migrants vers leur pays d’origine ont été essentiels pour la relance de l’économie de San Marin, le développement et l’amélioration des conditions de vie. Il est de la responsabilité des pays développés de fournir une aide aux travailleurs migrants, a ajouté le représentant, car les accepter sans que l’environnement ne soit propice en matière de logement, d’éducation, de soins, de santé et d’intégration sociale peut mener à la création de ghettos, ainsi qu’à des affrontements culturels et religieux et au racisme.
Il est de notre responsabilité, à nous, membres de la famille des Nations Unies, non seulement de lutter contre de tels phénomènes mais de les prévenir. Dans un univers de mondialisation, les migrations ne sont plus une question bilatérale. Les migrations entre pays et continents doivent être planifiées et tenir compte de toutes les variables et dimensions associés aux flux de personnes. Les pays de réception doivent traiter humainement les travailleurs migrants tout en tenant compte des besoins de leur propre société, tandis que les pays d’origine doivent s’assurer que leurs ressortissants ne deviennent pas la proie des trafiquants.
M. AMIR MUHAREMI (Croatie) a affirmé que les migrations internationales ne peuvent pas être abordées de façon unilatérale. En ce qui concerne la Croatie, le pays se situe à l'intersection de flux migratoires entre l'Est et l'Ouest, a-t-il expliqué. La Croatie a déjà pris un certain nombre de mesures de régulation des migrations, dans le cadre de la législation européenne, en tenant compte des principes de liberté de déplacement, de solidarité et de respect des droits de l'homme. L'intégration sociale des migrants est d'ailleurs une des priorités de la Croatie.
Le représentant a aussi indiqué que son pays joue un rôle important en matière de coopération régionale, notamment avec l'Organisation internationale pour les migrations. Il tente aussi de maximiser les avantages des migrations, tout en cherchant à en atténuer les effets négatifs, a-t-il précisé. L’intervenant a indiqué qu’au cours de la dernière décennie, le pays a été obligé de recourir à des travailleurs étrangers pour des postes qualifiés, pour pallier le manque de travailleurs compétents. Un programme de rapatriement de scientifiques croates a aussi été mis en place pour faire face à ce genre de problème.
M. YUSUPHA KAH, Secrétaire permanent du Département de l’intérieur de la Gambie, a estimé que le Dialogue de haut niveau arrivait particulièrement tard et était grandement nécessaire car la mondialisation exigeait de la communauté internationale qu’elle apporte des solutions sérieuses à la myriade de problèmes posés par la liberté de mouvement des populations à travers les frontières. « Il est clair que les migrations internationales sont parties pour durer », a-t-il ajouté, insistant sur la nécessité d’initier et de maintenir un dialogue permanent pour en optimiser les bénéfices et en minimiser les coûts. Les pays du Nord devront se résoudre à l’idée que seules les migrations internationales leur permettront de maintenir leurs économies, ceux en développement que leurs habitants, sans amélioration de leurs conditions de vie, continueront à partir vers le monde industrialisé.
« En tant que pays africain, la Gambie est préoccupé par la préférence accordée à l’immigration choisie dans les pays récipiendaires du monde développé, qui mène à un appauvrissement de la main d’œuvre qualifiée dont nous avons besoin pour notre développement économique et social », a déclaré le représentant, appelant aussi à poursuivre l’aide au développement. Sur la question de l’envoi des fonds, il a souligné la nécessité de réduire les coûts des transferts et à mieux les insérer dans les systèmes financiers des pays. La Gambie n’encourage pas l’immigration illégale et a pris des mesures pour la réduire, a-t-il assuré, rappelant que son pays avait à la fois vu nombre de ses ressortissants émigrer, et reçu des milliers de migrants de la région qui contribuent à l’économie du pays dans des secteurs essentiels. M. Kah a enfin souhaité que ce Dialogue marque le début d’un processus formel et, si possible, permanent, qui garantirait la prise en compte de cette question complexe par la communauté internationale.
M. WANG GUANGYA (Chine) a estimé que l’essor des migrations au XXIème siècle, qui ont atteint un niveau sans précédent, témoignait des liens ténus qui les unissent au développement des sociétés humaines. Elles sont devenues une force majeure pour accélérer le progrès, a-t-il déclaré, soulignant toutefois qu’elles représentent également des défis pour la sécurité et la stabilité, du fait de l’émergence de l’immigration illégale et du trafic d’êtres humains. Pour résoudre les problèmes causés par les migrations, il faut s’attaquer à la racine même de ces problèmes, a-t-il poursuivi, à savoir le déséquilibre de développement économique et social existant entre les différents pays. Les politiques, lois et règlements nationaux doivent en outre être améliorés dans le respect des droits des immigrés et le combat contre la discrimination dont ils peuvent faire l’objet.
Les migrations internationales doivent être abordées dans le cadre du développement et de façon coordonnée et globale, a également affirmé le représentant, soulignant les liens étroits entre cette question et de nombreuses questions économiques et sociales comme l’emploi, l’éducation et la santé. Les intérêts fondamentaux des migrants, leurs droits politiques, leurs croyances religieuses et leurs traditions culturelles doivent en outre être pleinement respectés, a-t-il rappelé. La Chine s’est d’ailleurs dotée d’instruments législatifs de lutte contre l’immigration illégale. Elle a mis en place des stratégies pour réduire la fuite de ses cerveaux et développé un dialogue élargi avec ses pays voisins et les organisations internationales compétentes sur toutes les questions liées aux migrants et aux réfugiés, a enfin indiqué Wang Guangya.
M. ALEXEI TULBURE (République de Moldova) a souligné que son pays occupait le deuxième rang mondial quant à sa dépendance vis-à-vis des envois de fonds qui représentent 27% de son PIB. Il a de plus indiqué que 80 % des migrants résidant à l’étranger –un quart de la population active du pays- transféraient de l’argent vers la République de Moldova. Il a estimé que pour l’heure, les politiques migratoires n’étaient pas satisfaisantes, les migrations étant trop souvent contrôlées par des groupes criminels. Ainsi, il a plaidé pour la multiplication de canaux légaux et réguliers de migrations tout en insistant sur la mise en œuvre de politiques adéquates aux niveaux local, national, régional et international. Enfin, plaidant pour la protection des droits des migrants, il a cité la nouvelle Convention contre le trafic des êtres humains du Conseil de l’Europe comme un exemple de coopération internationale.
M. IRAKLI ALSANIA (Géorgie) a déclaré que les migrations internationales avaient fortement influencé son pays depuis son indépendance, quelque 20% de la population ayant quitté le pays depuis. Par ailleurs, la Révolution de la Rose a initié un nouvel intérêt et de nouveaux espoirs parmi les Géorgiens vivant à l’étranger, a-t-il ajouté, et nous avons pris des mesures pour permettre l’acquisition de la double nationalité. Nous souhaitons par ailleurs mettre en œuvre une stratégie qui s’attache à quatre domaines prioritaires: l’embauche de travailleurs hautement qualifiés, l’optimisation des envois de fonds, la promotion de la protection des migrants et les relations avec la diaspora. Tout en encourageant les retours de la diaspora géorgienne, nous explorons aussi les moyens de maintenir des liens culturels avec ceux qui restent à l’étranger, soit 8 millions de Géorgiens qui vivent principalement en Turquie, en Iran, en Russie et en Israël et dans les anciennes républiques soviétiques. Les transferts de fonds, a ajouté le représentant, constituent une source importante de revenus pour de nombreux foyers géorgiens. Ils constituaient 6,3 % du PIB en 2005. Nous souhaitons aussi mettre en place des outils plus efficaces de transferts de fonds. Nos institutions financières cherchent également à mieux comprendre le volume des transferts de fonds
Mme FEKITAMOELOA 'UTOIKAMANU (Tonga) a déclaré que son pays était deuxième au classement des pays les plus dépendants des transferts de fonds, qui représentent 29% de son PIB. Tout en saluant la contribution positive de ces transferts dans la réduction de la pauvreté, la représentante a évoqué les limites du développement lié aux migrations. Si la situation démographique de Tonga a été stabilisée par l'émigration, a-t-elle expliqué, cela n'a pas été sans conséquences, notamment en matière de fuite des cerveaux.
La représentante a aussi souhaité que les envois de fonds ne se substituent pas à l'aide publique au développement. Pour que les migrations profitent à tous les pays acteurs, il faudra également une volonté politique réelle, a-t-elle affirmé, avant de conclure que, pour ce qui est du trafic de personnes, Tonga avait adopté une législation pour lutter contre ce fléau et souscrivait aux accords bilatéraux et régionaux en ce domaine.
M. COLLIN BECK (Î les Salomon) a souligné que les migrations étaient liées à l’emploi, principalement dirigées vers les pôles d’activité économique des marchés mondiaux, ce qui demande la création d’un mécanisme sur ce phénomène. Si les flux migratoires ne sont pas bien gérés, ils peuvent poser des problèmes; bien gérées par contre, les migrations contribuent à la réalisation des Objectifs du Millénaire, a déclaré le représentant. Après avoir souligné que les flux peuvent profiter à la fois aux pays d’origine et d’accueil, le représentant a salué le débat lancé au plan régional sur la question, « qui a permis de mieux comprendre les pays d’accueil ». Insistant sur la nécessité d’un dialogue international, il s’est déclaré favorable à la création d’un mécanisme transparent pour des contrats à durée déterminée dans des pays étrangers afin d’atténuer le fait que le développement des PMA (pays les moins avancés) n’a pas suivi leur évolution démographique.
M. ANDREAS MAVROYIANNIS (Chypre) a rappelé que les migrations étaient un phénomène planétaire aussi ancien que l’homme lui-même. La migration ne doit pas être vue comme une menace mais elle doit être réglementée. Migration et développement sont étroitement liés. Historiquement, Chypre a été un pays d’émigration et il y a autant de Chypriotes à l’étranger que sur l’île. L’invasion de 1974 a été à l’origine d’une nouvelle vague de départs. La contribution des Chypriotes de l’étranger a été importante dans le développement de l’île depuis les années 1980. Dans les années 1990, la législation en matière d’immigration a été amendée à Chypre afin de permettre l’entrée temporaire de travailleurs migrants, ceci pour répondre à la pénurie de main-d’œuvre. Cela n’a pas empêché une immigration illégale due à la prospérité de Chypre et à son entrée dans l’Union européenne.
En ce qui concerne la proposition du Secrétaire général de créer un forum, le représentant de Chypre a annoncé que son pays s’associait à la déclaration de l’Union européenne et se félicitait de l’offre de la Belgique d’en accueillir la première réunion.
M. DUSAN BELLA (Slovaquie) a déclaré venir d’un pays qui a produit, au début du XXe siècle, des vagues successives de migrants en partance pour les États-Unis ou ailleurs. De par sa situation géographique, en revanche, la Slovaquie, située au fin fond de la route migratoire Est-Ouest, n’a pas connu récemment de grandes vagues d’immigration, ce qui ne l’empêche pas d’adhérer aux politiques de coopération européenne visant à juguler ce phénomène. Les projets d’opérations communes de contrôle migratoire dans les zones méditerranéennes et atlantiques sont en effet nombreux à ce jour, tels que les patrouilles côtières, la surveillance des frontières maritimes ou encore des programmes d’identification de migrations illégales. Dans la lignée de cette politique, M. Bella s’est dit satisfait des négociations d’accords de réadmission à l’échelle européenne, destinées à réduire la migration illégale tout en encadrant au mieux le flux migratoire légal.
Il s’est prononcé également sur la question du renforcement du dialogue international et, tout en l’approuvant, a rappelé que rien n’empêchait, en attendant les issues prochaines de ce dialogue, d’améliorer des institutions et des activités qui avaient le mérite d’exister déjà. D’une manière plus générale, le représentant a souligné que le développement et la migration constituaient deux agendas inséparables. Il a proposé, en outre, que les différentes organisations internationales telles que l’Union Européenne, les Nations Unies et d’autres entités régionales encore gagneraient à s’entendre en arrêtant une seule et même ligne de conduite. M. Bella s’est enfin dit confiant, rappelant les vertus du dialogue quant il s’agit de relever les incohérences, que cette politique de rationalisation du flux migratoire allait contribuer à renforcer l’effort de coopération entre pays d’origine, de transit et de destination.
M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a déclaré que si la mondialisation avait donné un élan à un partenariat entre les pays, ce phénomène avait également contribué à élargir le fossé entre riches et pauvres. C’est en ce sens, a ajouté le représentant, que l’approche dans le domaine des migrations doit prendre en compte la relation complexe liant les mouvements de populations et le développement économique. M. Gaspar Martins a par ailleurs rappelé que le rapport du Secrétaire général soulignait l’apport économique que constituent les migrations internationales, pour les pays développés comme pour ceux en développement. Dans ce cadre, a-t-il expliqué, les envois de fonds représentent la manne la plus importante de flux financier circulant entre le Nord et le Sud. Ce flux contribue ainsi à alléger la pauvreté dans les pays en développement.
Le représentant a en outre estimé qu’il était urgent de mettre en place des garanties renforçant le statut des migrants, en particulier en matière de droit du travail et de droits humains. Il a ainsi jugé important d’appuyer les pays de destination à renforcer leurs services publics. Les responsabilités doivent être partagées entre ces pays et les pays d’origine, a encore déclaré M. Gaspar Martins. En ce qui concerne les questions de sécurité, l’Angola est pleinement engagé dans la lutte contre le trafic d’êtres humains, ce dont témoigne notamment sa participation active aux travaux de la Convention des Nations Unies sur la criminalité organisée transfrontière, a dit l’intervenant.
M. JOHAN VERBEKE (Belgique) a estimé que la question de la migration avait été absente trop longtemps de l’agenda politique mondial. Il a relevé que les flux migratoires se développaient du Sud vers le Nord, mais aussi du Sud vers le Sud. Rappelant qu’une mauvaise gestion des migrations conduit à des conditions catastrophiques voire inhumaines, il a jugé capital de déterminer une approche globale et équilibrée basée sur un ensemble cohérent d’actions et de politiques. À court terme, il faut dissuader la migration clandestine par une sensibilisation accrue aux risques du trafic humain et par un renforcement du contrôle des frontières. À moyen terme, la dimension migratoire doit être mieux intégrée aux politiques de coopération, en favorisant un environnement propice au développement dans les pays d’origine. À long terme, il faut rendre cohérentes les politiques internationales en matière de migration avec les objectifs de développement.
M. Verbeke a ensuite souligné qu’une migration bien gérée bénéficiait aux pays d’origine, de destination ainsi qu’aux migrants eux-mêmes. Toutes les parties prenantes doivent donc coopérer, y compris la société civile, et les diasporas peuvent jouer un rôle précieux en faveur de leurs pays d’origine. Nous n’aboutirons à rien si nous ne traitons pas les phénomènes migratoires dans un esprit de partenariat entre tous les pays concernés, a-t-il expliqué. Il a ensuite estimé qu’il fallait en priorité collecter des données fiables sur les flux migratoires; étudier les conséquences de la globalisation du marché du travail et la démocratisation de l’éducation pour que les pays d’origine conservent les éléments les plus dynamiques de leur société; valoriser la contribution des communautés de migrants; mobiliser les transferts de fonds en faveur du développement par la création d’instruments de crédit appropriés et la mise en place de fonds de pension; étudier la question des retours volontaires; valoriser l’apport des migrants en termes sociaux à leurs pays d’origine et de destination en traitant la question de l’intégration et des droits des migrants.
Mme ROSEMARY BANKS (Nouvelle-Zélande) a estimé que les questions de migration nécessitaient un dialogue stratégique de long terme. Il s’agit de prendre connaissance des solutions qui ont fonctionné dans d’autres pays afin de tirer profit des meilleures pratiques et de mieux comprendre le point de vue des pays d’origine. La migration à court terme de travailleurs présente un potentiel de développement significatif et peut être bénéfique tant aux pays d’origine que de destination. Une migration plus permanente peut alléger la pression de la population sur les pays d’origine. Il existe cependant des risques économiques et sociaux pour ces pays, et il convient donc d’empêcher toute corruption dans la sélection des migrants, de minimiser l’impact de la séparation des familles et d’empêcher la fuite des cerveaux. La Nouvelle-Zélande est consciente de l’apport des migrants à son développement économique et social. Elle a entrepris une révision de ses lois en matière de migration et cherche à attirer les compétences qui lui manquent dans des secteurs clefs de l’industrie.
Le programme néo-zélandais en matière de migration porte sur les bénéfices que tirent les migrants de leur installation dans le pays, et sur une sécurité renforcée des frontières. Même si l’immigration ne doit pas réduire les opportunités de ceux qui habitent déjà le pays, Mme Banks a reconnu que la Nouvelle-Zélande devait permettre à certains habitants du Pacifique, qu’ils soient qualifiés ou non, d’accéder à des emplois permanents sur son territoire. Des quotas d’immigration ont donc été instaurés en faveur des habitants de plusieurs îles de la région.
Mme Banks a ensuite exprimé les réserves de son pays concernant la création d’un nouveau forum global sur les migrations, dans la mesure où cette question est déjà débattue dans plusieurs structures. Un nouveau forum devrait donc apporter une valeur ajoutée, et la participation devrait s’y faire sur une base volontaire et sous la direction des États, en s’appuyant sur le travail des forums régionaux et en favorisant l’échange des meilleures pratiques. Il ne devrait pas avoir pour objet de négocier des recommandations, a-t-elle affirmé.
Mme SOHAIL HERNANDEZ, Directrice de l’économie et de la coopération internationale au Ministère des affaires étrangères du Venezuela, a expliqué que son pays avait mis en place une législation protégeant les droits des travailleurs migrants. Celle-ci édicte des « droits et devoirs » et elle ne concerne pas seulement la protection des droits mais aussi l'amélioration de la qualité des services auxquels ont droit les étrangers installés dans le pays. Une campagne a par ailleurs été lancée pour prévenir le délit de trafic d'êtres humains. La représentante vénézuélienne a aussi proposé un moyen de contrebalancer, en partie, la fuite des cerveaux en évoquant l'émigration de personnes qualifiées que leur pays a formées en investissant dans l’éducation de ses citoyens. Le Venezuela propose que soit étudiée la possibilité de mettre en place des politiques et des mécanismes stimulant le retour des migrants en leur permettant une meilleure réinsertion dans leur pays d'origine.
Mme MADHU RAMAN ACHARYA (Népal) a déclaré que les migrations constituaient l’une des questions les moins bien comprises de la mondialisation et que ses effets n’étaient pas encore bien définis. Bien que résultant du sous-développement, les flux migratoires peuvent déboucher sur des aspects positifs s’ils sont bien régulés. Or, malgré la contribution positive des migrants, ceux-ci sont souvent méprisés et ne bénéficient d’aucune protection sociale, a regretté la déléguée. Par ailleurs, elle a relevé que les envois de fonds étaient devenus une nouvelle forme de financement des familles de migrants. La représentante a ensuite lancé un appel pour que des politiques internationales soient élaborées en matière de législation contre la traite des êtres humains. Il faut en outre que toutes les parties prenantes entament un dialogue sur les moyens d’intégrer durablement les migrants et en faire une force positive dans le pays d’accueil, a-t-elle conclu.
M. HJÀLMAR W. HANNESSON (Islande) a expliqué que son pays était particulièrement touché par les migrations. Il y a 10 ans à peine, en effet, l’Islande était l’une des sociétés les plus homogènes du monde, alors qu’aujourd’hui, son marché du travail est modifié par l’afflux massif de travailleurs des pays voisins. Selon le représentant, les migrations contribueront au développement économique de son pays, à condition d’être soigneusement règlementées et contrôlées.
L’égalité dans le traitement des sexes est un autre enjeu important dans la gestion des flux migratoires, a-t-il poursuivi, précisément parce que les inégalités entre les sexes provoquent souvent les mouvements migratoires. Le représentant a par ailleurs exprimé sa préoccupation devant la tendance actuelle d’offrir des rémunérations et conditions de travail inférieures aux femmes. L’une des raisons, à son avis, est que les femmes trouvent plus souvent du travail que les hommes dans l’économie parallèle.
Le délégué a par ailleurs insisté sur l’importance de la lutte contre le trafic des êtres humains, compte tenu du fait qu’il touche les pays d’origine comme ceux de transit ou d’accueil. L’Islande, qui est devenue une destination de transit pour les flux migratoires vers l’Atlantique, s’en sent particulièrement concernée, a conclu M. Hannesson.
M. JAVAD AMIN MANSOUR (République islamique d’Iran), a déclaré que les négociations en cours devaient avoir comme objectif de minimiser les conséquences négatives des migrations et d’en optimiser les effets bénéfiques pour tous les pays et pour les migrants eux-mêmes. La pauvreté, l’exclusion sociale, le chômage, l’augmentation incontrôlée de la population et le fossé entre pays développés et en développement sont les principaux facteurs de migration, a-t-il ajouté, estimant que les pays ne pouvaient gérer ce phénomène sans une coopération à tous les niveaux qui appuie les stratégies nationales sur la question. Le représentant a indiqué que la République islamique d’Iran avait entrepris de renforcer sa capacité nationale de gestion des flux migratoires, au niveau légal, politique et régional, afin en particulier de mieux lutter contre le trafic des personnes. Un dialogue trilatéral avec les voisins afghan et pakistanais constitue une autre étape vers une meilleure coopération dans la région, a-t-il assuré.
M. ABOUBACAR DIALLO (Guinée) a souligné la grandeur du défi que représente la problématique des migrations internationales et du développement. « Seule une solidarité agissante, réaliste et pragmatique, intégrant à la fois les impératifs de développement, de sécurité et de coopération internationale, sera à même d’apporter une réponse durable à la maîtrise et à la gestion des flux migratoires », a-t-il dit, avant de proposer la mise en place d’un partenariat entre pays d’origine, de transit et d’accueil visant à intégrer politiques et programmes de développement. De plus, les diasporas nationales et le potentiel qu’elles présentent en matière de valeur ajoutée aux efforts de développement représentent un créneau à prendre en compte dans l’élaboration des stratégies de réduction de la pauvreté ainsi que les politiques et programmes de développement.
Notant que les ressources de l’aide publique au développement ne seront pas suffisantes pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement, M. Diallo a annoncé que la Guinée s’était engagée dans la mise en œuvre de mécanismes de financement innovants. Il a aussi appelé à une plus grande coordination à l’échelon national entre politiques de migration et de développement. À l’échelon international, un cadre articulé autour des objectifs de codéveloppement devrait produire des initiatives originales pour la promotion des bienfaits des migrations internationales. Par ailleurs, la Guinée envisage aussi d’organiser, en mars 2007, un forum national sur le codéveloppement et la coopération décentralisée avec pour objectif de doter le pays de stratégies efficaces pour mobiliser les financements additionnels nécessaires à l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le développement. « Il n’existe pas aujourd’hui de remède miracle au phénomène migratoire » a-t-il conclu, « mais des solutions réalistes, pragmatiques pour faire de la migration un outil à forte valeur ajoutée de la coopération au développement ».
M. ABDULLAH AL-ARAIMI (Oman) a noté que si tous les États avaient le droit souverain de décider qui pouvait entrer sur leur territoire et dans quelles conditions les travailleurs pouvaient y demeurer, une collaboration devait s'établir entre pays d'origine et de destination. Ces derniers offrent des salaires élevés et participent aussi à l'amélioration de la formation des immigrés. Le sultanat d'Oman, qui reçoit peu de travailleurs migrants installés pour une longue période, estime que les pays d'origine doivent éduquer leurs migrants pour que ceux-ci s'adaptent à leur pays de destination, de même que ces derniers se doivent de respecter les origines diverses des travailleurs étrangers venus sur leur sol.
M. ABDALMAHMOOD ABDALHALEEM MOHAMAD (Soudan) a indiqué que les migrants arrivés sur le sol soudanais étaient aujourd’hui parfaitement intégrés. Les migrations permettent de rapprocher les peuples et les cultures, les migrants ne sont pas là seulement pour être exploitées ou envoyer de l’argent â leur famille, a-t-il déclaré. Selon lui, il faut néanmoins s’attaquer aux racines des migrations, à savoir la pauvreté. Il a estimé qu’il y avait parfois un manque de volonté politique pour lutter contre les discriminations et la xénophobie dont sont parfois victimes les migrants. Il a salué ce Dialogue qui crée des responsabilités conjointes pour le respect des droits et de la dignité des migrants, appelant les Nations Unies à lancer une décennie internationale pour la migration ainsi qu’une journée internationale des migrants.
M. ILEKA ATOKI (République démocratique du Congo) a souligné que les migrations étaient devenues un problème global auquel il faut donc une approche globale intégrant plusieurs aspects – sécuritaires, économiques, culturels, financiers et législatifs, car ce phénomène n’épargne aucun pays. Grand pays d’immigration en raison de ses potentialités de sol et de sous-sol, la RDC voit régulièrement ses zones minières envahies par des clandestins de toutes origines, a affirmé son représentant. Selon lui, une constance se dégage cependant en termes d’enseignements. Il y a tout d’abord une action d’éducation et de sensibilisation à mener pour arriver à fixer chez eux certains candidats à l’immigration, tant il est vrai que les désillusions sont nombreuses dans la vie d’exil. En outre, la lutte pour stopper le mouvement migratoire est vouée à l’échec si elle ne s’accompagne pas de mesures tendant à mettre fin au dysfonctionnement du marché de l’emploi et à créer des conditions de développement incitant notamment les jeunes à se fixer chez eux. Selon lui, les migrations incontrôlées sont porteuses d’incidences négatives dans les pays d’accueil, dans la mesure où elles peuvent renforcer la délinquance et la criminalité face à la précarité de vie. Les migrations sont également pour sa délégation un facteur de déstabilisation, non seulement pour le pays d’accueil ou de transit, mais aussi pour le pays d’origine, en raison notamment de la fuite des cerveaux qu’elles occasionnent.
Pour autant, les migrations peuvent receler une valeur ajoutée pour certains pays, notamment d’accueil, par l’arrivée de médecins, ingénieurs, professeurs ou d’une main d’œuvre qualifiée. De même, a fait remarquer M. Atoki, l’envoi vers leur pays d’origine de fonds générés par les émigrés constitue une assistance non négligeable pour ces pays. Considérant ce fait économique comme un point positif des migrations qu’il convient d’optimiser, il a souligné la nécessité d’une gestion collective de la question de l’immigration. En effet, plus que les préoccupations sécuritaires visant la protection des frontières des pays de destination, le remède durable aux migrations réside dans la promotion du développement à l’intérieur des frontières du pays d’origine. Nous devons investir dans le déploiement de projets de codéveloppement, la promotion des ONG de développement, le soutien des petites entreprises afin d’abstenir dès le départ des routes de l’immigration, a conclu le représentant congolais.
M. IBRAHIM SESAY (Sierra Leone) a estimé que le phénomène de migration du Sud vers le Nord n’allait pas s’arrêter dans un futur proche, ce qui devrait exacerber les problèmes de développement dans les pays du Sud, handicapés notamment par la fuite des cerveaux. Pour les jeunes et leurs familles, l’émigration est considérée comme une échappatoire à la pauvreté. Les transferts de fonds vers la Sierra Leone sont moins volumineux que ceux destinés aux pays asiatiques ou aux autres régions de l’Afrique subsaharienne, a noté M. Sesay.
Dans les pays développés, les jeunes diplômés étrangers occupent les postes restés vacants, notamment dans certains secteurs comme celui de la santé. M. Sesay s’est inquiété de ce que l’Afrique subsaharienne, qui compte 25 % des maladies infectieuses, ne retienne que 2,3 % des professionnels de la santé. Il a encore précisé que 23 % des médecins formés en Afrique subsaharienne travaillent dans huit pays de l’OCDE.
Par ailleurs, le représentant a mentionné que l’émigration de la population de Sierra Leone s’est développée à partir de la guerre civile qui a eu pour effet de déclencher des déplacements massifs de population. Alors que le pays est entré dans une phase de reconstruction, il manque de personnel qualifié dans de nombreux domaines, et c’est ainsi qu’un programme d’incitation au rapatriement a été mis en place, a indiqué M. Sesay.
M. PASCAL GAYAMA (République du Congo) s’exprimant au nom du Ministre des affaires étrangères de son pays, a souligné que les migrations sont aussi vieilles que le monde. « Même à l’intérieur de chacun de nos États, nous pouvons constater que le mouvement irrésistible des populations à la recherche du bonheur n’a pas de remède efficace », a fait observer le Représentant, soulignant à cet égard que l’exode rural ne pourra être endigué que lorsque la ville aura cessé d’exercer un attrait pour les ruraux. Il a estimé que la problématique des migrations ramène en réalité au cœur des mêmes motivations qui étaient déjà à la base de l’élaboration des Objectifs du Millénaire pour le développement, et fait valoir que la réalisation de ces objectifs paraît être le gage le plus sûr pour enrayer la spirale des drames qui se jouent aux frontières. « Tant que subsisteront des foyers de tension, tant que la paix sera en péril dans tel pays ou telle région, la pression à l’émigration sera toujours aussi forte », a ajouté le Représentant.
M. Gayama a en outre souligné l’importance d’intégrer au mieux le fait migratoire dans les politiques et les programmes de développement sans qu’il en coûte, aux pays africains, de pâtir du risque de la fuite des cerveaux et d’un déficit d’expertise dans les domaines essentiels pour son développement. « Pour le mouvement panafricaniste, il s’agît en fait de créer cette dynamique incluant les États, le secteur privé et la société civile, propre à maintenir les transferts de technologie et de savoir-faire à des niveaux compatibles avec la promotion d’un développement soutenu ». Il a finalement souhaité rendre hommage à l’Organisation internationale pour les migrations et faire part de la volonté de l’Union Africaine de consolider sa coopération avec cette organisation, dans le but de concrétiser l’idée d’une « Décennie Internationale pour les migrations et le Développement ».
M. GEORGE OLAGO OWUOR (Kenya) a insisté sur le lien étroit entre les migrations internationales et le développement. Il a souhaité que ce Dialogue de haut niveau souligne cette interaction en mettant davantage en lumière toutes les questions qui y sont liées, ce qui permettra à ses yeux de démystifier certaines perceptions et certaines incompréhensions. La mondialisation n’a pas bénéficié équitablement à tous les pays, les migrations internationales non plus, a–t-il affirmé, estimant que l’équité devait être la préoccupation centrale de la communauté internationale. Malgré les effets bénéfiques des migrations sur les pays d’origine, en termes d’envois de fonds et de transferts de technologie, et sur les pays de destination, il y a de nombreux aspects négatifs à prendre en compte, a-t-il assuré. Le représentant a appelé le forum mondial sur la question des migrations à inclure à ses réflexions les questions des droits de l’homme, de la sexospécificité de la migration, de la sécurité et des réfugiés.
M. PAUL BADJI (Sénégal), après avoir brièvement rappelé que la motivation principale des migrants était la quête d’un mieux-être social, il a posé la question du concept même du développement durable qu’il convient aujourd’hui de revisiter sous le prisme de la circulation des personnes dans un monde globalisé, au même titre que celle des biens et des services.
Tout en précisant que la manne financière provenant de l’épargne que les migrants injectent dans leur pays d’origine, loin d’être une panacée, pouvait avoir des effets pervers, comme l’apparition d’une situation de dépendance, il a insisté sur les pertes consécutives a la fuite des cerveaux, en termes de déficit en ressources humaines et intellectuelles et de main-d’œuvre qualifiée, mais aussi de non retour en investissements consentis pour la formation desdites ressources. Au cœur de ces relations entre développement et disponibilité en ressources humaines, M. Badji a déclaré que la fuite des cerveaux déterminait la problématique Migration/Développement. Pour lutter contre ce phénomène migratoire que les excès du libéralisme accentue, le Sénégal a lancé le projet « Retour vers l’agriculture » pour encourager le développement intégré, en priorité des zones émettrices de migration, et en prenant d’autres initiatives telles que la promotion de l’accès a la microfinance, la création du Fonds de promotion de la jeunesse et d’une Agence de développement des petites et moyennes entreprises.
Mgr NICHOLAS DIMARZIO, Chef de la délégation du Saint-Siège, a souligné que les migrations étaient un élément essentiel de la mondialisation, « grand sujet de préoccupation qui concerne des centaines de millions de personnes ». Le Saint-Siège reconnaît le droit souverain des pays à déterminer qui peut entrer sur leur territoire, a-t-il assuré, mais les États ont le devoir de protéger les droits de tous, notamment ceux inaliénables des migrants. « Cette question souffre plus d’un manque d’application des lois que d’un manque de lois elles-mêmes », a fait remarquer le représentant, insistant sur la nécessaire intégration des migrants afin de renforcer l’harmonie et la cohésion des sociétés. La perception publique des migrants doit aussi être améliorée par une volonté politique courageuse et une couverture médiatique dépassionnée, a-t-il également déclaré, appelant les États à prendre davantage en compte les relations entre les flux et les bassins d’emploi, aux niveaux régional et international. « Seule une collaboration internationale et une évaluation honnête des bénéfices des migrations permettra d’aborder ce phénomène de façon décente et humaine », a conclu Mgr DiMarzio, appelant à une aide accrue aux réfugiés et à la régularisation de la situation de « ceux qui le méritent ou qui apportent leur contribution à la société ».
M. BRUNSON MCKINLEY, Directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a noté que la relation étroite entre migrations et développement avait été soulignée dans le document fondateur de l’OIM de 1951. Il a rappelé que cette Organisation s’employait, depuis cette date, à aider les gouvernements dans la gestion des migrations et pouvait également partager son expertise avec le forum mondial sur les migrations et le développement, si celui-ci est créé. L’OIM est convaincu que le dialogue et la consultation sont les meilleurs moyens de faire progresser la compréhension et la coopération internationale en faveur des migrations, a-t-il déclaré. Il a indiqué que l’OIM facilitait les accords bilatéraux ainsi que les dialogues régionaux sur les migrations, notamment en fournissant un soutien technique et en matière de politiques.
Insistant sur l’importance de prendre des mesures concrètes afin que les migrations bénéficient au développement, il a proposé de faire correspondre l’offre et la demande de main-d’œuvre et ce, de manière humaine, légale et sûre afin de maximiser les effets de la mobilité mondiale pour le développement humain et sociétal. De plus, il a suggéré que soit créé un réseau mondial de recherche sur les politiques de migration et de développement afin d’en assurer les effets positifs, par les partenariats et le renforcement des capacités entre autres. M. McKinley a enfin souhaité que ce Dialogue de haut niveau reconnaisse la nature transversale des migrations et recommande, entre autres, d’intégrer les migrations aux Stratégies nationales de réduction de la pauvreté et d’impliquer le secteur privé dans le débat sur ce sujet.
Mme FLORENCE MUGASHA, Vice-Secrétaire général du Secrétariat du Commonwealth, tout en affirmant le rôle fondamental des migrations pour le développement, a déclaré que le défi majeur est de garantir la régulation des migrations pour répondre de manière appropriée aux besoins du marché du travail international. Si les opportunités offertes par le phénomène migratoire sont gérées positivement, les migrations peuvent jouer un rôle vital dans la réduction de la pauvreté et de la vulnérabilité économique, tout en améliorant le développement durable humain. A cet égard, il importe, d’une part, d’améliorer la compréhension et la mise en place des instruments juridiques existants en matière de migration, et d’autre part de développer de meilleurs indicateurs pour évaluer l’impact des migrations sur le développement.
Elle a rappelé que le sujet n’était pas nouveau au sein du Commonwealth, faisant remarquer que l’approche migration-développement existe depuis 1969. Ce qui change, ajoute-t-elle, c’est le volume et le rythme des migrations mais également la capacité à collecter les informations pour en évaluer les effets. Elle a par la suite rappelé les mesures mises en œuvre par le Commonwealth pour réguler les migrations, à l’instar d’un Code de Pratique pour le recrutement international des professionnels de santé. Elle a souligné qu’il importait de maintenir un équilibre démographique sur le marché du travail au sein des pays développés du Commonwealth. A l’occasion d’une rencontre à Malte en novembre 2005, les chefs de gouvernements du Commonwealth ont à nouveau qualifié le sujet de priorité. Ils ont mis l’accent sur la protection des droits de l’homme des migrants, ce qui se traduit par la mise en œuvre d’une politique de développement, notamment par le biais du Fonds du Commonwealth pour la coopération technique.
M. RAYMOND FORDE, Vice-Président de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a déclaré qu’avec la globalisation, la migration est désormais un fait incontournable pour tous les pays. Son organisation demande qu’une plus grande attention soit portée aux difficultés et aux besoins des migrants quels que soient leur statut. Les migrants, avec ou sans papier, bénéficient aussi des droits de l’homme, a-t-il souligné. Les organisations nationales de la Fédération se font les avocats auprès des autorités locales pour que des solutions réalistes soient trouvées. La Fédération préconise que les États admettent que les mouvements migratoires font désormais partie de l’économie globale et que les politiques migratoires comme les contrôles aux frontières sont à repenser dans ce cadre.
La Commission mondiale sur la migration internationale a relevé dans un rapport en 2005 que des pans entiers de l’économie de certains pays dépendaient de la main d’œuvre immigrée, a indiqué M. Forde. À ce stade de dépendance, le travail des migrants devrait pouvoir être accompli dans des conditions stables et les migrants devraient avoir accès aux mêmes droits et aux mêmes possibilités que les travailleurs nationaux. Dans ce domaine, les actions des États doivent être intégrées dans un cadre international, celle de la Convention internationale pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants et membres de leur famille. La Fédération invite les États à ratifier et à appliquer cette Convention. La Fédération, par la voix de son Vice-Président, demande encore que les gouvernements fassent leur possible pour lutter contre la discrimination rencontrée par les migrants dans les pays d’accueil. Enfin, les pays devraient mettre en tête de liste de leur agenda politique la question de la migration, a conclu M. Forde.
M. ROBERT SHAFER, Observateur de l’Ordre militaire souverain de Malte, a souligné que l’ampleur des migrations soulevait d’importantes questions économiques pour la communauté mondiale, ainsi que de vastes défis dans la protection des droits des migrants. L’Ordre de Malte continue de poursuivre sa mission d’aide aux personnes dans le besoin et souvent, les migrants figurent parmi les plus vulnérables, invisibles, ou pire encore, a-t-il déclaré. Il a en particulier dénoncé les traitements abusifs dans certains programmes d’accueil des travailleurs où les migrants sont utilisés à moindre frais et doivent parfois rembourser des sommes très importantes aux intermédiaires qui les ont recrutés. Ce type d’abus touche des millions de migrants, hommes, femmes et enfants, a-t-il soutenu, appelant le Dialogue de haut niveau, ainsi que toutes les discussions qui suivront sur la question des migrations et du développement à accorder une attention particulière à la protection des droits humains des migrants.
M. LUIS DA FONSECA, Secrétaire exécutif de la Communauté des pays lusophones (CPL), a déclaré que la migration constituait un sujet d’intérêt pour tous les membres de la CPL. La CPL s’associe au consensus qui semble se dégager de la part de la communauté internationale pour les mesures à prendre, notamment, en faveur des droits des migrants et pour lutter contre les phénomènes de la traite, a-t-il affirmé. Il a jugé notamment important de promouvoir l’intégration économique, politique et sociale des migrants dans les pays hôtes et de réduire le coût des transferts d’argent. Il a appuyé la proposition du Secrétaire général de créer un Forum mondial sur les migrations internationales et le développement.
M. FERNANDO M. VALENZUELA, Représentant de l’Union européenne, a expliqué que l'expérience européenne était riche d'enseignements: la libre circulation des personnes est aujourd'hui une réalité dans l'Union. Au sein des Vingt-Cinq, les migrations se vivent comme quelque chose de normal et de positif, constituant un élément important du projet européen et qui témoigne, selon son représentant, du dynamisme de l'organisation. Toutefois au niveau international, a-t-il noté, il est évident qu'une perspective généralisée de libre circulation des personnes n'est pas réaliste. Cependant, tout en respectant la souveraineté des États, il est possible et souhaitable, selon lui, de faciliter les mouvements réguliers de personnes.
C'est précisément l'un des objectifs principaux de la politique de gestion des courants migratoires que développe l'UE en coopération avec les pays d'origine, de transit et de destination. Dans le même temps, les Vingt-Cinq appuient les efforts d'intégration régionale dans d'autres régions du monde, expériences susceptibles de permettre la libre circulation des personnes dans ces ensembles. Enfin, a souligné M. Valenzuela, l'aide au développement est susceptible d'avoir une influence sur les flux migratoires alors que l'UE étudie diverses initiatives visant à aider les migrants à contribuer positivement au développement de leur pays d'origine.
Dr HALIMA SA’ADIA KASSIM, Vice-Directeur de Programme, questions de genre et développement de la Communauté des Caraïbes, tout en affirmant son soutien aux déclarations faites par les États de la CARICOM, a déclaré que les migrations étaient au cœur des discussions au plus haut niveau des instances décisionnaires de la CARICOM. Il a reconnu l’influence qu’exercent les migrations sur le développement de la région, ajoutant qu’une étude est actuellement en cours dans plusieurs pays pour mesurer les implications sociales du retour des migrants à l’âge adulte. La protection des droits des migrants et de leurs familles est un élément important, a-t-il souligné, l’accord de la CARICOM relatif à la sécurité sociale devant être compris en ce sens.
Il a par ailleurs souligné le rôle prépondérant de la diaspora originaire des Caraïbes, non seulement pour le développement de la région mais également son positionnement stratégique. À cet égard, une conférence sur les Caraïbes se tiendra en juin 2007 pour renforcer les liens entre la région et sa diaspora établie aux États-Unis. Il a noté par la même occasion que le montant des transferts de fonds à destination des Caraïbes excède l’aide officielle au développement et l’investissement étranger direct. Selon l’accord auquel sont parvenus les chefs de gouvernement lors de leur 27ème conférence qui s’est tenue du 3 au 6 juillet 2006 à Saint-Kitts-et-Nevis, l’accent doit en outre porter sur le développement d’une politique migratoire et sur la nécessité d’adopter une approche multilatérale au problème du trafic d’êtres humains.
M. JOHN RUMET KAPUTIN, Secrétaire général du Groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), a indiqué que ce regroupement d’États considère les migrations comme ayant une influence positive sur le développement. L’ACP a donc institué un cadre institutionnel pour examiner cette question, intitulé la « Position de l’ACP sur les migrations internationales et le développement », a précisé le représentant. Au-delà du dialogue de haut niveau qui nous réunit aujourd’hui, a poursuivi le représentant, il faudrait attirer l’attention sur une meilleure intégration des questions relatives aux migrations dans la planification et les projets en matière de développement, ainsi que sur le renforcement des politiques migratoires. Selon l’ACP, il faut également veiller à une approche inclusive des migrations, qui prenne en compte la participation des acteurs non étatiques, et optimiser le potentiel de développement des diasporas. Enfin, le Secrétaire général de l’ACP a souligné l’importance d’instaurer un dialogue global sur les questions de migrations, y compris des échanges Nord-Sud, et un engagement renouvelé en faveur de la protection des droits de l’homme des migrants, des réfugiés et des personnes déplacées.
M. ENRIQUE IGLESIAS, Secrétaire général de la Conférence ibéro-américaine, a indiqué que les migrations sont une composante essentielle de l’espace latino-américain. « De cette vaste expérience, l’Amérique latine a tiré un certain nombre de leçons qui peuvent servir d’exemples », a-t-il ajouté, soulignant la nécessité d’adopter des démarches globales et intégrées sur ces questions. Le migrant doit toujours être au centre des décisions ou de stratégies sur ces questions car « il n’est ni une marchandise, ni un délinquant », a-t-il déclaré, appelant les gouvernements à lutter contre la xénophobie et le trafic de
personnes. Les populations autochtones et les femmes sont encore plus vulnérables, a insisté M. Iglesias. Il a également estimé qu’il faudrait tirer davantage partie de l’envoi des fonds et en réduire les coûts, et lutter plus efficacement contre la fuite des cerveaux. « La contribution de l’Amérique latine à tous ces efforts peut-être importante », a-t-il enfin assuré.
M. GOTTFRIED ZÜRCHER, Directeur général du Centre international pour le développement de politiques migratoires (CIDPM), a mis l’accent sur le Processus de Budapest, un forum consultatif regroupant plus de 50 pays. Lancé il y a une quinzaine d’années, ce qui en fait un des processus consultatifs dans ce domaine les plus anciens du monde, il facilite les échanges d’informations et les expériences entre les pays intéressés, a-t-il ajouté. Selon lui, la promotion de la bonne gouvernance et le renforcement des capacités constituent souvent une étape préalable au dialogue sur les migrations. Il a également estimé que la coordination des politiques devait se produire non seulement à l’échelon le plus bas possible mais aussi au plus haut niveau.
M. RIDHA BOUABID, représentant de l’Organisation internationale de la Francophonie, a déclaré que le défi des migrations internationales appelait une réflexion partagée et une action concertée à même de limiter les effets négatifs du phénomène et d’en optimiser les bénéfices. M. Bouabid a expliqué que c’est dans ce sens que s’était orientée la réflexion en Francophonie, notamment lors de la rencontre internationale organisée à Paris en 2001 autour du thème « Francophonie et migrations ».
Il a indiqué que les mouvements migratoires pouvaient être un atout au service du développement et que, à cette fin, la communauté francophone s’attachait à approfondir les échanges sur la manière de mettre davantage en évidence la diversité culturelle dans les politiques d’intégration. Il convient notamment d’examiner les possibilités de donner corps à de véritables initiatives de codéveloppement entre pays du Nord et pays du Sud, entre pays d’origine et d’accueil, avec la participation active des migrants eux-mêmes, a-t-il dit.
Enfin, M. Bouabid a affirmé que l’OIF était pleinement disposée à partager ses expériences et à consolider ses échanges avec l’ensemble des organisations internationales et des partenaires concernés par la problématique des migrations internationales.
La représentante des États-Unis a exercé son droit de réponse pour exprimer ses regrets après les commentaires de Cuba, selon elle empreints d’un manque de respect pour l’espace de dialogue dans lequel les débats se sont déroulés. De telles polémiques ne font pas avancer nos préoccupations, a-t-elle ajouté. Elle a dénoncé le fait que le Gouvernement cubain refuse le retour de ses réfugiés et mentionné la situation abominable des droits de l’homme. Les États-Unis se sont toujours engagés à protéger une immigration sure et ordonnée, a-t-elle affirmé.
Le représentant de Cuba a dit rejeter chacun des termes employés par la représentante des États-Unis, accusant le Gouvernement américain de se livrer à de la contrebande de personnes. Dénonçant le blocus dont fait l’objet Cuba, il a affirmé que les États-Unis ont pour but de créer la faim et le désespoir dans la population afin de mettre fin à la révolution cubaine. Les États-Unis feraient mieux de garder le silence sur la question des droits de l’homme, a-t-il conclu.
La représentante des États-Unis a répondu que la situation cubaine était directement à imputer à Fidel Castro et qu’elle avait entraîné une fuite des habitants en radeau.
Le représentant de Cuba a accusé les « dissidents » d’attenter aux intérêts fondamentaux de leurs pays puisqu’ils sont directement rémunérés et prennent leurs ordres d’une puissance étrangère.
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