L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE EXAMINE POUR LA PREMIÈRE FOIS L’IMPACT DES MIGRATIONS SUR LE DÉVELOPPEMENT AU COURS D’UN DIALOGUE DE HAUT NIVEAU
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L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE EXAMINE POUR LA PREMIÈRE FOIS L’IMPACT DES MIGRATIONS SUR LE DÉVELOPPEMENT AU COURS D’UN DIALOGUE DE HAUT NIVEAU
De nombreux ministres insistent sur l’importance de dissiper les stéréotypes et de gérer les migrations de manière cohérente
« Les politiques de migrations ont été trop longtemps fondées sur des intuitions et des anecdotes et mues par des intérêts politiques. Il est temps de regarder la réalité en face », a déclaré ce matin le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, à l’occasion de l’ouverture du Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement.
Alors qu’on comptait 191 millions de migrants dans le monde en 2005, selon le rapport du Secrétaire général*, l’Assemblée générale a décidé de se pencher pendant deux jours, les 14 et 15 septembre, sur les liens entre mouvements migratoires et développement, afin d’identifier les moyens d’en optimiser les bénéfices.
Reconnaissant que les aspects négatifs des migrations étaient indéniables, le Secrétaire général a affirmé que la participation des États Membres à ce Dialogue montrait qu’ils étaient disposés à relever les défis posés par ce phénomène. Il a de plus constaté que les gouvernements commençaient à considérer les migrations comme une source de possibilités alors que les indices qui témoignent de ces bénéfices sont de plus en plus nombreux. Il a notamment rappelé que les migrants envoyaient à leur famille des sommes d’argent dont le total dépassait l’ensemble de l’aide internationale -167 milliards de dollars pour 2005- et qu’ils contribuaient aussi aux transferts de technologies, de capitaux et de savoirs institutionnels.
Kofi Annan s’est par ailleurs félicité du soutien recueilli par sa proposition de créer un forum mondial sur les migrations et le développement, ainsi que de l’offre du Gouvernement belge d’en accueillir, l’année prochaine, la première réunion. « Je suis convaincu qu’un tel forum peut encourager les gouvernements à coopérer de manière concrète », a-t-il souligné, précisant que cette structure informelle à caractère consultatif ne prendrait aucune décision contraignante. Le Secrétaire général a indiqué que l’ONU se tenait prête à soutenir ce forum et que, dans ce contexte, il avait décidé de prolonger le mandat de son Représentant spécial pour les migrations internationales et le développement, M. Peter Sutherland.
La Présidente de la soixante et unième session de l’Assemblée générale, Mme Haya Rashed Al Khalifa, a espéré que ce Dialogue serait le point de départ permettant de mobiliser la volonté politique et de créer des partenariats efficaces pour tirer le meilleur parti des migrations. Elle a invité les États Membres à profiter de ces deux journées pour échanger entre eux leurs idées, mais également avec la société civile, le secteur privé et les institutions internationales, ceci dans le but de renforcer la gestion des migrations ou encore la protection des droits des migrants et dissiper les stéréotypes et mythes liés à cette question.
M. Ali Hachani, Président du Conseil économique et social, a lui souligné l’importance de la coopération internationale pour traiter de la mobilité de personnel qualifié, mais aussi du trafic illicite des êtres humains. Il a affirmé qu’alors qu’on assistait à une multiplication de la demande de main-d’œuvre dans les pays d’accueil, les États pouvaient faire beaucoup pour renforcer l’impact positif des migrations sur le développement.
Au cours du Dialogue, la majorité des ministres et autres hauts responsables ont souligné la nécessité de trouver les moyens de parvenir à une migration bénéfique pour tous - pays d’origine, de transit, de destination et migrants eux-mêmes. Ils ont souhaité que ces échanges permettent de changer la perception des migrations afin qu’elle soit dominée par le facteur humain et ont insisté sur la nécessité de garantir les droits des migrants, tout particulièrement des femmes, alors qu’elles sont de plus en plus nombreuses à quitter leur pays.
Dans ce contexte, la Ministre du travail de la Finlande, Mme Tarja Filatov, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a estimé que les politiques migratoires devaient inclure davantage de mesures d’intégration et de lutte contre la discrimination. Elle a aussi fait valoir l’urgence de parvenir à des politiques cohérentes au niveau international pour minimiser les aspects négatifs des migrations et traiter des questions de l’immigration illégale et du trafic d’êtres humains. Elle a de plus affirmé, tout comme les représentants du Gabon et du Maroc entre autres, qu’il était nécessaire de prendre en compte les besoins spécifiques de chaque pays pour répondre efficacement aux défis des migrations.
La Ministre des affaires intérieures d’Afrique du Sud, Mme Nosiviwe Mapisa-Nqakula, prenant la parole au nom du Groupe des 77 et de la Chine a, elle, mis l’accent sur la question des envois de fonds affirmant qu’ils devaient être moins coûteux, plus rapides et plus sûrs. Elle a de plus déclaré, comme de nombreuses autres délégations, que ces sommes ne devaient pas se substituer à l’assistance internationale. Mme Billie Miller, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Barbade, a par exemple indiqué que ces transferts étaient passés, aux Caraïbes, de 400 millions de dollars par an dans les années 1990 à 4 milliards par an en 2002. Elle a toutefois souligné que malgré cet apport, le départ de la région des personnes les plus éduquées et les plus qualifiées posait un défi de taille au développement de la région.
Enfin, les Ministres se sont accordés sur la nécessité de poursuivre ce Dialogue et ont salué la proposition du Secrétaire général d’établir un forum sur les migrations internationales et le développement.
Le Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement se poursuivra demain, vendredi 15 septembre, à 10 heures.
* Le rapport du Secrétaire général sur les migrations internationales et le développement est publié sous la cote A/60/871.
MIGRATIONS INTERNATIONALES ET DÉVELOPPEMENT
Déclarations
SHEIKHA HAYA RASHED AL KHALIFA, Présidente de la soixante et unième session de l’Assemblée générale, a qualifié ce Dialogue de haut niveau d’« occasion historique ». Elle a espéré qu’il serait le point de départ permettant de mobiliser la volonté politique et de créer des partenariats efficaces visant à réaliser le potentiel des migrants dans les pays d’origine et de destination, tout en protégeant leurs droits. Elle a rappelé qu’en 2005, le monde comptait 191 millions d’individus qui avaient migré, mettant leur vie en danger dans l’espoir d’un nouveau départ. La migration peut avoir un effet profond sur le développement, a-t-elle estimé, en notant que le capital des migrants, matériel ou humain, pouvait contenir ou faire baisser le niveau de pauvreté. Toutefois, les migrations de personnes hautement qualifiées des pays en développement vers les pays développés peuvent aussi faire entraver ce développement, a-t-elle poursuivi. Elle a souligné que cette relation complexe devait être abordée dans un dialogue ouvert et constructif afin d’identifier les inquiétudes communes et les nouvelles idées dans ce domaine dans le but de renforcer les politiques et de garantir la protection des droits des migrants.
Mme Al Khalifa a ainsi invité les États Membres à profiter de ces deux journées de Dialogue de haut niveau afin d’échanger leurs positions entre eux, mais aussi avec la société civile, le secteur privé et les institutions internationales sur les différentes questions liées aux migrations. Elle a fait valoir que, de cette manière, les pays pourraient, entre autres, oeuvrer pour renforcer la cohérence des politiques en matière de gestion des migrations, pour améliorer la protection des droits des migrants, ou encore, pour intégrer la question de la migration dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en appuyant le rôle économique des communautés de migrants.
Aucune stratégie commerciale, de développement ou de politique étrangère ne peut aller de l’avant sans prendre en compte les questions liées aux migrations, a-t-elle insisté. Soulignant le rôle essentiel des Nations Unies pour optimiser l’impact des migrations, elle a affirmé qu’il fallait, suite à ce Dialogue, poursuivre les échanges afin de dissiper les stéréotypes et les mythes relatifs aux migrations, fournir une vision, une perspective à long terme et parvenir à une meilleure compréhension des migrations et de leurs bénéfices.
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que les migrations sont une expression courageuse des individus de surmonter l’adversité et de chercher une vie meilleure. Ces dix dernières années, la mondialisation a entraîné une augmentation du nombre de personnes qui souhaitaient partir ailleurs et s’en donnaient les moyens, ce qui a ouvert de nouveaux horizons aux sociétés du monde entier, mais a aussi été source de nouveaux problèmes. Il s’est félicité que les Nations Unies puissent aborder ce sujet, rappelant que nombreux étaient ceux qui pensaient qu’une telle discussion serait impossible, tant ce sujet est sensible chez les citoyens. Personne ne peut nier que les migrations internationales aient des aspects négatifs, a poursuivi le Secrétaire général, estimant que la réunion d’aujourd'hui témoignait de la volonté des gouvernements de relever les défis qu’elles posent.
Nous sommes tous concernés, a dit Kofi Annan, soulignant que les indices qui témoignent du caractère bénéfique des migrations étaient de plus en plus évidents, à la fois dans le domaine financier, mais aussi en tant qu’elles inspirent de nouvelles façons d’aborder les questions sociales et politiques et qu’elles forment un lien dynamique entre les cultures, les économies et les sociétés. Les gouvernements commencent maintenant à considérer les migrations internationales comme une source de possibilités et non comme une perspective effrayante, a-t-il ajouté. La réponse à bon nombre des problèmes posés par les migrations passe par une participation et un débat constructif, a-t-il estimé.
Il s’est félicité du soutien à sa proposition de créer un forum mondial sur les migrations et le développement et a exprimé sa gratitude au Gouvernement belge qui a offert d’accueillir le premier forum de ce type l’année prochaine. Le Secrétaire général a précisé que jamais il n’avait été convenu que la question des migrations internationales devrait faire l’objet de négociations officielles et normatives. Ce forum ne prendrait surtout aucune décision contraignante et permettrait de nouer des liens de confiance et de regrouper les idées les plus intéressantes, a-t-il poursuivi, rappelant que les Nations Unies étaient prêtes à y apporter leur soutien, notamment par le biais de son Représentant spécial sur les migrations dont le mandat est prorogé. L’ONU se prépare également à faire face par d’autres moyens à ces problèmes, comme en témoigne la création du Groupe des migrations mondiales qui mène des travaux importants de soutien et d’analyse. Les politiques de migration ont été trop longtemps fondées sur des intuitions et des anecdotes, et mues par des intérêts politiques, il est temps maintenant de regarder la réalité en face, a enfin déclaré Kofi Annan.
M. ALI HACHANI (Tunisie), Président du Conseil économique et social, a estimé que les migrations internationales, si elles sont accompagnées de politiques ciblées peuvent être profitables au développement tant dans les pays d’accueil que dans les pays d’origine. Les gouvernements et la communauté internationale peuvent faire beaucoup pour renforcer l’impact positif des migrations sur le développement et pour réduire au maximum leurs conséquences négatives. Ainsi, on peut faciliter les envois de fonds et en réduire les frais de transfert, promouvoir la migration de retour, notamment de ceux qui ont acquis un savoir-faire et ont fait des économies à l’étranger ou élargir l’accès des migrants et de leur famille aux établissements étrangers. Ces mesures sont d’autant plus importantes alors que nous assistons à une multiplication de la demande de main-d’oeuvre dans les pays d’accueil.
Le Président du Conseil économique et social a également fait valoir les avantages de la migration des personnes hautement qualifiées car elles enrichissent le capital humain de leur pays d’origine en acquérant ou complétant leurs compétences. Toutefois, leur contribution peut être sérieusement compromise lorsque ces personnes sont contraintes d’occuper des emplois qui ne sont pas à la hauteur de leurs compétences. Dans certains secteurs essentiels comme la santé, ou l’éducation, l’émigration de personnel qualifié peut constituer un obstacle pour le développement. Dans un monde caractérisé par une forte mobilité de personnel qualifié, la constitution de capital humain doit être reconnue comme un défi se posant à l’échelle mondiale, d’où l’importance de la coopération internationale dans ce domaine.
M. Hachani a également évoqué la nécessité de la coopération internationale dans le cadre de la lutte contre le trafic illicite des êtres humains. Comme l’a dit le Secrétaire général, les migrations internationales ne peuvent être avantageuses que si les droits des travailleurs migrants sont respectés. Pour cela, a expliqué M. Hachani, une vraie coopération entre les gouvernements concernés doit être mise en place. La recommandation du Secrétaire général de créer un forum global consultatif sur les migrations et le développement où les États Membres pourront échanger des informations, recenser les pratiques optimales et nouer des partenariats, mérite toute notre attention.
M. DIDJOB DIVUNGI DI DINGE, Vice-Président du Gabon, a souligné que les migrations répondaient le plus souvent à des événements conjoncturels, à savoir: des périodes de récession ou d’expansion économique, ou des situations de conflit. Pour fixer dans la dignité et de manière durable dans leur pays les candidats à l’immigration illégale, il revient à la communauté internationale de concentrer son action en faveur du développement de certaines régions du monde. Selon lui, la solution à terme à ce problème ne peut être trouvée qu’à travers le développement et le minimum de bien-être auxquels aspirent les populations de pays pauvres et notamment la jeunesse africaine en quête d’avenir et d’espoir. Les conflits et guerres qui perdurent dans beaucoup de régions sont aussi à l’origine des migrations incontrôlées, a-t-il poursuivi.
Pour le Vice-Président, il importe que dans la recherche de solutions et la mise en œuvre de plans d’action qui permettront une meilleure régulation des migrations, la communauté internationale accorde une attention particulière à la spécificité de pays comme le Gabon, qui doit faire face à la fois aux défis d’un développement durable et aux problèmes multiformes que posent les migrations non contrôlées. Il a également démenti les accusations selon lesquelles le Gabon serait, pour une partie de l’opinion internationale, comme un pays d’accueil complice du trafic des enfants à des fins d’exploitation économique. La montée en puissance du phénomène du trafic des enfants dans cette partie de l’Afrique n’est pas le fait du Gabon, a-t-il assuré. La communauté internationale et les pays amis doivent davantage s’investir pour lutter efficacement contre ce fléau qui appelle une réponse internationale, a-t-il affirmé.
Mme NOSIVIWE MAPISA-NQAKULA, Ministre des affaires intérieures de l’Afrique du Sud, s’est exprimée au nom du Groupe des 77 et de la Chine et a indiqué que celui-ci avait eu de nombreuses réunions préparatoires à ce Dialogue de haut niveau. Elle a indiqué que, pour ce Groupe, il était essentiel que les échanges sur cette question se poursuivent au sein des Nations Unies, afin de promouvoir une approche équilibrée et intégrée des migrations et du développement. Elle a particulièrement insisté sur la nécessité d’édifier des partenariats et de garantir des actions coordonnées afin de renforcer les capacités des pays en développement dans ce domaine. Reconnaissant que les migrations comportent des bénéfices et des désavantages, elle a estimé que pour répondre efficacement à ces défis la mondialisation devait devenir une force positive pour tous dont les opportunités sont partagées de manière égale entre pays développés et en développement.
Par ailleurs, la Ministre a estimé que les migrants devaient être au cœur du débat sur les migrations. La protection de leurs droits et de ceux de leur famille est un élément central d’une gestion équilibrée de cette question, a-t-elle poursuivi. Elle a mis l’accent sur l’exploitation des migrants, arguant que le trafic ou la traite de migrants devrait être érigé en crime au titre du droit international et national. Elle a aussi noté qu’il serait important d’examiner les effets, sur le pays d’accueil, des migrations forcées, y compris la situation des réfugiés et des personnes déplacées. De plus, elle a souligné l’importance de reconnaître la féminisation des migrations et de prendre des mesures pour réduire la vulnérabilité et l’exploitation des femmes migrantes.
La question des envois de fonds fera certainement l’objet d’un débat plus long que ce Dialogue, a-t-elle avancé. Mme Mapisa-Nqakula a toutefois insisté sur l’importance, au cours de ces deux jours, de traiter de cette question, notamment pour promouvoir des envois plus rapides, plus sûrs et moins onéreux. Elle a rappelé que ces envois de fonds ne devaient se substituer à l’investissement, au commerce, à l’assistance internationale ou à l’allégement de la dette.
Dans la perspective d’une approche intégrée des politiques de migrations, elle a estimé que les rôles respectifs et les responsabilités de toutes les parties prenantes devaient être identifiés en ce qui concerne l’élaboration de politiques et la gestion des migrations. Enfin, elle a déclaré que la coopération entre États et acteurs non étatiques constituait un élément essentiel pour optimiser l’impact des migrations sur le développement.
Mme TARJA FILATOV, Ministre du travail de la Finlande, au nom de l'Union européenne, a estimé qu'avec la mondialisation et des changements démographiques significatifs, une nouvelle ère de mobilité s'ouvrait et que le dialogue et la coopération entre les gouvernements et les organisations internationales sur la migration et le développement étaient plus nécessaires que jamais. « Le partenariat entre les pays d'origine, de transit et de destination est un principe qui guide l'Union européenne dans l’élaboration de ses politiques », a-t-elle souligné, rappelant que l'Union est convaincue qu'une migration gérée efficacement peut être bénéfique à la fois pour les pays d'origine, les pays de destination et les migrants eux-mêmes. Il y a un besoin urgent d'une politique plus cohérente aux niveaux mondial, régional et national, a-t-elle ajouté, appelant à ne pas se baser uniquement sur des critères économiques mais aussi sur des critères sociaux, politiques et culturels.
La Ministre a également souligné la nécessité de garder à l'esprit que les migrants contribuent positivement à la fois à leur pays d'origine et de destination et d'assurer le respect de leurs droits de l’homme, notamment sur le lieu de travail. À cet égard, les instruments de l'Union européenne sont sans équivoque, a-t-elle déclaré, estimant que les politiques devaient inclure davantage de mesures d'intégration et de lutte contre la discrimination. L'inclusion d'une perspective sexospécifique est également importante, a-t-elle ajouté, déclarant que la contribution des femmes migrantes devait être reconnue et envisagé de manière adéquate. Soulignant l'engagement de l'Union européenne en ce qui concerne la protection des droits de l’homme des migrants, la lutte contre l'immigration illégale et les réseaux de passeurs, Mme Filatov a indiqué que celle-ci soutenait les programmes d’information des populations sur les dangers de l'immigration illégale et les possibilités d'immigration légale. Des accords internationaux et régionaux sont particulièrement importants dans la lutte contre les trafics, a-t-elle rappelé, et les politiques doivent inclure des stratégies de développement appliquées à chaque pays concerné et à ses besoins particuliers.
Les mouvements de réfugiés sont un problème particulier, a poursuivi la représentante, insistant sur les approches régionales privilégiées par l'Union européenne. Les migrations et le développement sont des préoccupations communes à l'Europe et l'Afrique et des réunions ministérielles vont se poursuivre, incluant la société civile et le secteur privé. Ce dialogue de haut niveau ne doit pas être une fin en soi, et doit être un processus ininterrompu a enfin estimé la représentante. Elle a accueilli favorablement la proposition d’un forum mondial sur les migrations et le développement à condition qu’il soit sans caractère officiel, de nature facultative et non contraignante. Selon l’intervenante, il devrait s’agir d’un organe consultatif et ne pas se consacrer à des conclusions négociées.
Ce Dialogue va entamer un processus qui apportera des réponses efficaces et à long terme aux défis et aux opportunités des migrations et du développement, a-t-elle affirmé.
M. TONIO BORG, Vice-Premier Ministre, Ministre de la justice et des affaires intérieures de Malte, a noté que la migration du travail est devenue cruciale pour l’économie mondiale, étant à la fois producteur et produit d’une interdépendance croissante. Il a rappelé au passage comment la diaspora maltaise avait pu participer à ce double mouvement migratoire légal, depuis trois décennies, dans des pays aussi lointains que l’Australie, le Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni ou ailleurs, apportant sa contribution culturelle, économique et sociale à la vie de ces pays d’adoption.
Aujourd’hui pourtant, a-t-il poursuivi, Malte est confrontée à un problème inédit de par son ampleur, le phénomène tragique de l’immigration illégale. Dans un pays qui est déjà l’un des plus denses au monde du point de vue de sa population, cette immigration illégale pose des problèmes socio-économiques aigus. Pour le représentant de Malte, une approche holistique de la question ferait ressortir cinq éléments distincts: la nécessite de faciliter le retour des immigrés chez eux; celle d’améliorer l’efficacité du contrôle des frontières dans les pays d’origine et de transit; l’élimination des trafics et de la contrebande; une meilleure gestion du passage des migrants dans les pays de transit; et enfin le meilleur accueil possible des migrants susceptibles de démontrer leur utilité auprès des pays désireux de les accueillir. Il a pourtant rappelé que, s’il tenait le phénomène migratoire pour utile, en relation directe avec le développement mondial, il n’en était pas moins persuadé qu’il fallait contrôler au plus près l’immigration illégale.
Mme PRIYA MANICKCHAND, Ministre des affaires sociales du Guyana, a, au nom du Groupe de Rio, déclaré que les réalités de la mondialisation ont intensifié les conséquences de la migration internationale. Ce phénomène a encouragé, d’une part, la mobilité des personnes, leur permettant ainsi de connaître une vie meilleure. Par contre, un certain nombre d’États n’ont pas été en mesure de contrer les effets adverses des migrations qui ont entravé les objectifs de développement et notamment les Objectifs du Millénaire pour le développement. Pour le Groupe de Rio, le bilan est mitigé, a précisé la Ministre, affirmant que le débat sur la question devait se faire dans le cadre de la coopération internationale.
À son avis, les débats sur la question devaient accorder une attention particulière au statut précaire des travailleurs migrants, en particulier des femmes et des enfants, qu’il s’agisse de leur statut juridique, social, économique ou politique. Nous soutenons la mise en place d’accords bilatéraux et multilatéraux visant à assurer la protection des droits des travailleurs migrants sur une base systématique, a-t-elle ajouté. Une autre priorité, à son avis, est de fournir une aide aux pays d’accueil pour les aider à faire face aux migrations dans le cadre du processus de développement. Enfin, il faudra également formuler des politiques plus structurées en matière de migrations internationales et de développement, la nature internationale de ce phénomène transcendant toute politique nationale.
Mme ULLA TØRNAES, Ministre de la coopération et du développement du Danemark, a constaté que les migrants représentaient 3% de la population mondiale. Elle a jugé qu’il était nécessaire de mieux comprendre la façon dont les migrations et le développement interagissent entre eux. Elle a souhaité que ce dialogue ouvre la voie à des migrations en tant que choix, choix pour les migrants et pour les pays qui les accueillent.
Elle a insisté sur l’importance de la gestion des migrations, estimant que la fuite des cerveaux des pays en développement et l’entrée illégale de migrants dans les pays développés constituent des obstacles au développement. L’offre et la demande doivent être équilibrées et correspondre au marché du travail, a-t-elle ajouté.
Par ailleurs, elle a souligné la nécessité de prendre en compte la protection des droits des migrants, et tout particulièrement la situation des femmes, dans la gestion des migrations. Pour parvenir à des migrations bien gérées, tous les pays doivent reconnaître leurs responsabilités, accepter et faciliter le retour de leurs ressortissants si ceux-ci vivent illégalement dans un autre pays, a-t-elle fait remarquer.
S’agissant de la contribution des migrations au développement, la Ministre a indiqué que les pays d’origine devaient s’attaquer aux causes structurelles de ce phénomène dont les principales causes sont la pauvreté et l’absence d’emplois, de possibilités d’éducation et de libertés fondamentales. Toutefois, elle a reconnu que certains des défis avaient une dimension mondiale et ne pouvaient être réglés par ces États seuls. Dans ce contexte, elle a fait état des efforts du Danemark en matière de coopération et a insisté sur le rôle du commerce international comme facteur de développement. Se félicitant de l’offre de la Belgique d’accueillir le premier forum sur les migrations et le développement, l’année prochaine, elle a affirmé que les États devaient veiller à ce que le processus entamé à l’occasion de ce Dialogue de haut niveau se poursuive.
M. MOENG R. PHETO, Ministre du travail et de l’intérieur du Botswana, a déclaré que la migration faisait partie du comportement humain, étant influencée par le désir et la recherche d’une vie meilleure ou de sécurité. C’est un problème à l’échelle mondiale qu’il est impossible d’ignorer et qui exige une coopération internationale, a-t-il souligné. Expliquant que le Botswana, doté d’une population d’à peine un million d’habitants, avait réussi son essor économique grâce à la contribution des travailleurs et capitaux étrangers, le Ministre a salué par ailleurs le rôle positif joué par les travailleurs rapatriés dont les compétences s’avèrent également indispensables au développement économique du pays.
« Le défi, comme toujours, est d’assurer un équilibre entre les intérêts des pays d’accueil des migrants et des pays d’origine », a ajouté le Ministre. Les gouvernements doivent assumer leurs responsabilités dans la limite de leurs ressources humaines et naturelles, a-t-il souligné, estimant que la communauté internationale avait de son côté le devoir moral de soutenir les efforts de développement des pays en développement. Le fléau du VIH/sida est une menace particulièrement importante pour l’Afrique subsaharienne qui ne peut être combattu que par la concertation, a-t-il également rappelé. Cette solidarité devra par ailleurs s’appliquer à l’examen de tous les aspects de la migration, a-t-il conclu.
M. CHAKIB BENMOUSSA, Ministre de l’intérieur du Maroc, a déclaré qu’il fallait que le débat sur les migrations internationales se fasse dans une optique multidimensionnelle qui tienne compte des spécificités et de la diversité de ce phénomène. Le Ministre s’est félicité des propositions du Secrétaire général et notamment celle visant à crée un forum mondial sur les migrations et le développement en vue d’intensifier la réflexion et l’action sur cette problématique sensible avec la participation de tous les acteurs concernés, y compris la société civile.
Le Maroc a contribué à l’édification du dialogue international sur les migrations et a toujours joué un rôle important au sein des Forum internationaux et notamment lors de la tenue de la Conférence internationale de Rabat sur les migrations internationales qui visait à trouver des solutions structurelles au développement durable et à la migration illégale. Par ailleurs, a estimé le Ministre, faciliter la mobilité des personnes est la meilleure parade face à ceux qui traitent les migrants à travers l’exclusion et le rejet. Nos travaux, a estimé M. Benmoussa, doit également passer par une réflexion sur la problématique économique de la migration. Pour le Maroc, carrefour de civilisations, les migrations sont un facteur fondamental d’enrichissement et nous sommes déterminés à relever le défi difficile des migrations internationales.
M. OUMAR H. DICKO, Ministre des Maliens de l’extérieur et de l’intégration africaine du Mali, a dénoncé l’impression que l’immigration serait un crime. Il a déclaré que le scandale de l’immigration était ailleurs, notamment dans les programmes d’ajustement structurel, dans la mal gouvernance des États, dans les effets pervers de la globalisation, dans les médias envahissants. Il en a appelé à une organisation plus intelligente des circuits de financement du développement qui permettrait sans doute de sortir du cercle vicieux et vicié de l’exploitation multiple. L’argent des immigrés revêtira bientôt une dimension stratégique. Avec 200 millions de migrants en 2005, chiffre qui pourrait doubler dans les 20 années à venir, il a souligné que l’immigration sera donc inéluctablement un enjeu majeur du XXIème siècle.
M. Oumar a insisté sur le fait qu’une mise en compétition de toutes les agricultures du monde sur un marché mondial complètement libéralisé est synonyme de condamnation à mort économique certaine pour près de 3 milliards de paysans, rappelant par la même occasion que le Mali est un grand producteur de coton. Il ne faut donc pas se voiler la face, a-t-il déclaré, il ne saurait y avoir de réponses appropriées à l’immigration en général sans réponses adéquates et urgentes à l’échange inégal.
Il en a appelé à une solution sécuritaire et humanitaire. On pourrait moduler et adapter les titres de séjour et renforcer de nombreuses pistes déjà en voie d’exploration. A cet égard, il a entre autres, cité le codéveloppement et la gestion efficace des flux financiers.
En conclusion, il a insisté sur l’urgence d’une coopération véritable autour de la question de la migration avec une gestion concertée et partagée, ainsi que sur la nécessité de tirer au maximum profit de cette richesse latente que constituent les migrants.
M. LUIS ERNESTO DERBEZ BAUTISTA, Ministre des affaires étrangères du Mexique, s’est aligné sur la position du représentant de Guyane parlant au nom du groupe de Rio. Avec la montée de la mondialisation et de son corollaire, l’interdépendance, a-t-il rappelé, on a pu constater une fâcheuse tendance à considérer l’immigrant davantage comme une marchandise bonne à gérer, qu’en tant d’individu à part entière. Aussi, poursuivit-il, le Mexique croit-il fermement que « le dialogue est un point de départ pour une nouvelle vision, une nouvelle culture de la migration. »
Cette nouvelle vision pourrait être fondée sur des principes de responsabilité partagée entre les pays d’origines et les pays de destination, ainsi que sur une approche de coopération internationale tournée vers une meilleure gestion du problème migratoire. Ainsi, une bonne approche de ce phénomène devrait respecter au moins cinq conditions. La première, celle du respect des droits de l’homme. La deuxième, une meilleure coopération internationale; la troisième, un réajustement entre les besoins du marché du travail et les flux migratoires. La quatrième condition consisterait en une réforme des organisations internationales actuellement penchées sur ces questions. En dernier point, le Mexique proposerait la création d’un mouvement démocratique inclusif mondial, qui réunirait sous l’égide des Nations Unies un très large panel d’intervenants, allant des experts à la société civile, par le biais de réunions ou de forums internationaux. Un Dialogue de haut niveau montrerait, a-t-il affirmé, comment bâtir un nouveau cadre conceptuel et institutionnel.
M. MOHAMMED LUTFOR RAHMAN KHAN AZAD, Ministre à l’action sociale en faveur des réfugiés et à l’emploi outre-mer du Bangladesh, a déclaré que le phénomène migratoire contribuait au rétablissement d’un certain équilibre au niveau international et national, les pays développés connaissant une pénurie de main d’œuvre et les pays en développement disposant d’une main d’œuvre excédentaire. Le lien entre développement et migrations est reconnu, a-t-il ajouté, mais dans la plupart des cas les migrations sont coûteuses et hors de portée des couches pauvres de la population. C’est pourquoi, estime-t-il, il faut remédier à cette situation en garantissant aux pauvres l’accès aux marchés du travail à un coût minimal pour la société, ce qui contribuera à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Le Ministre a par ailleurs affirmé que les migrants étaient vulnérables à l’exploitation et que des efforts devaient être consentis pour assurer un emploi décent, une rémunération minimale et la reconnaissance du statut de travailleur migrant. La facilitation des transferts de fonds est une autre mesure qui pourrait à son avis donner de très bons résultats. Il encourage les gouvernements d’accueil à faire des efforts dans ce sens. Après avoir précisé que son pays avait récemment adopté une politique générale sur l’emploi à l’étranger qui tient compte des questions de parité entre les sexes, le Ministre a exprimé l’espoir qu’un mécanisme serait mis en place pour faciliter les mouvements des prestataires de services dans les pays d’origine.
M. MEHMET AYDIN, Ministre d'État de Turquie, a estimé qu'il existait une relation ténue et complexe entre les migrations et le développement économique, social, culturel et même politique des sociétés. « L'avenir des relations internationales dépend en grande partie de notre approche de cette question dans les pays d'origine, de transit et de destination », a-t-il déclaré, soulignant la nécessité de mettre en place des stratégies d'intégration, alors que cette question est en passe de devenir très sensible, non seulement en termes économiques mais aussi relativement à la sécurité mondiale et à la paix. « Des discriminations insupportables, le racisme et la discrimination culturelle sont en train de devenir des problèmes majeurs », a-t-il insisté, estimant qu'une intégration créative et durable et la coexistence ne pouvaient être atteintes que dans un espace commun défini par des valeurs comme le respect de la dignité humaine, la justice, l'État de droit, la tolérance et le pluralisme culturel.
« L'intégration est la question clef, et elle exige une perspective dynamique et intégrée de la part des pays d'origine et des pays de destination », a poursuivi le représentant de la Turquie, soulignant que le développement économique n'était qu'un élément du développement humain dans son ensemble. Il a également fait part de son mécontentement que plusieurs états d'accueil n'aient pas ratifié la Convention des Nations Unies sur la protection des droits des travailleurs migrants. Enfin, il a estimé que les pays de destination devaient libéraliser « leurs politiques restrictives qui n'autorisent l'admission que des migrants instruits et les plus qualifiés », mettre en place des programmes de promotion des emplois des travailleurs non qualifiés dans leurs pays d'origine, et ratifier les conventions internationales qui garantissent les droits des migrants.
Rappelant que son pays comptait plus de 8 millions de ressortissants à l’étranger, soit 10% de sa population, M. ARTURO BRION, Secrétaire du travail et de l’emploi des Philippines, a indiqué que son pays avait une grande expérience des migrations. Il a noté que les Philippines avaient lancé, en 1974, un programme d’emploi à l’étranger qui est devenu, au cours des ans, une stratégie nationale de migrations sous contrat. Il a mis en avant la loi de 1995 sur les travailleurs migrants et les Philippins à l’étranger qui définit les politiques à cet égard et fournit un cadre institutionnel et juridique pour les migrants travaillant à l’étranger. Cette loi, a-t-il précisé, s’emploie avant tout à protéger les travailleurs en définissant des minima quant à leurs conditions d’emploi à l’étranger, en prévoyant l’organisation de séminaires d’orientation à l’intention des travailleurs à l’étranger, et en facilitant leur adaptation aux pays d’accueil. De plus, les Philippines avaient mis au point des programmes de réintégration lors du retour des migrants ou de leur rapatriement d’urgence, a-t-il précisé.
M. Brion a par ailleurs affirmé que les pays d’origine comme ceux d’accueil avaient tout intérêt à encourager le perfectionnement des compétences professionnelles des travailleurs migrants. Estimant que les transferts de fonds des migrants devaient être facilités de manière à permettre à ceux-ci et à leurs pays d’origine d’en tirer le meilleur parti possible, M. Brion a enfin insisté pour qu’une attention particulière soit accordée à la situation de certaines catégories de migrants, notamment les femmes et les enfants, particulièrement vulnérables à l’exploitation et aux abus.
M. KONSTANTIN ROMODANOVSKY, Directeur du Service fédéral des migrations de la Fédération de Russie, a rappelé que son pays figurait au deuxième rang mondial en termes de nombre de migrants présents sur son territoire. Notre principale tâche à présent est d'organiser une migration civilisée, a-t-il déclaré, indiquant que la Fédération de Russie avait à la fois fait des efforts pour se rendre attractive pour les migrants et pour lutter contre l'immigration illégale. A cet égard, il a souligné qu'une approche strictement répressive n'était pas suffisante mais que l'immigration illégale représentait une menace pour la sécurité nationale et avait un coût économique important pour le pays, notamment en impôts non perçus. Tout en dotant notre législation d'outils pour empêcher l'emploi de migrants illégaux, nous prenons en considération les exemples de nombreux pays européens qui imposent des amendes importantes aux employeurs de ces migrants, a-t-il dit, insistant également sur la nécessité des visas et des passeports de nouvelle génération.
La Fédération de Russie est consciente qu'elle ne peut pas combattre l'immigration illégale avec ses seules ressources, a poursuivi le représentant, estimant que les pays d'origine adoptaient une attitude passive, reportant la responsabilité de leurs citoyens sur les pays hôtes tout en tirant bénéfice de leurs activités. Il a appelé à une coopération plus responsable dans un esprit de partage des tâches et de partenariat, et a indiqué que son pays avait ratifié toute une série de traités internationaux, afin d'assurer un séjour légal des migrants sur son territoire, ainsi qu'un programme de retour volontaire des expatriés validé récemment par décret présidentiel. La Fédération de Russie ne se considère pas en dehors de la communauté internationale en terme de politique de migrations, a enfin déclaré Konstantin Romodanovsky, appelant à optimiser les effets bénéfiques que les migrations peuvent avoir sur la mondialisation et l'intégration mondiale.
M. ABDELKADER MESSAHEL, Ministre délégué chargé des affaires maghrébines et africaines de l’Algérie, a d’abord relevé l’existence d’une forte communauté algérienne à l’étranger. Il a ensuite déclaré que l’Algérie est devenue un pays de transit de migrants, illégaux dans leur grande majorité. Sa position géographique la met en contact avec le Nord riche et prospère mais qui a choisi d’exclure la circulation des personnes de la politique libérale qu’il prône dans ses relations avec son voisinage immédiat et un Sud, qui reste, malgré d’importants sacrifices, la proie du sous-développement et de la pauvreté. Les politiques répressives, d’exclusion et d’extrême durcissement des conditions d’octroi de visas alimentent les mouvements de migration illégale et ce dialogue doit accorder l’attention voulue à cette dimension.
Citant toujours en exemple le cas de l’Algérie le Ministre a également expliqué qu’il fallait aborder la question des migrations Sud-Sud en raison de l’étroit lien entre migrations et développement. Le Ministre a expliqué par ailleurs que son pays souffrait de la fuite des cerveaux, phénomène qui le prive de ressources importantes et entretient la dépendance vis-à-vis des pays développés. Ce Dialogue doit aussi tenir compte de ce problème.
Le Ministre s’est dit favorable à une coopération internationale étroite sur la question des migrations, et notamment les migrations illégales et le trafic des êtres humains par les réseaux mafieux. Mais selon lui, c’est surtout dans la promotion du développement et de la réduction du fossé économique qui sépare les pays développés des pays en développement que réside la véritable solution aux graves problèmes posés par les mouvements migratoires actuels. Traiter les migrations à travers le seul prisme sécuritaire ouvre la voie aux atteintes à la dignité des personnes et à leurs droits fondamentaux. Nous sommes également d’avis, a précisé le Ministre, que les transferts de l’épargne des migrants vers les pays d’origine ne peuvent remplacer des politiques volontaristes de soutien aux pays les plus démunis. De même, les maigres compétences de nos pays ne doivent pas faire l’objet d’offres publiques d’acquisition de la part des pays développés. Il est également nécessaire d’associer la diaspora dans le développement socio-économique des pays d’origine.
Mme BILLIE MILLER, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Barbade, a rappelé que sa région avait bénéficié des migrations internationales, mais faisait aussi face à leurs défis. Elle a estimé que la coopération entre les États était essentielle afin de créer des situations favorables pour les migrants, les pays d’origine et les sociétés d’accueil. Elle a soutenu la proposition du Secrétaire général d’élaborer un processus consultatif mondial sur les migrations au sein des Nations Unies. Mme Miller a insisté sur le rôle des envois de fonds pour la région des Caraïbes, ces transferts étant passés de 400 millions de dollars par an dans les années 1990 à 4 milliards par an en 2002. Les envois de fonds sont maintenant plus importants que les investissements étrangers directs (IED) et l’aide publique au développement pour la région, a-t-elle ajouté, tout en déclarant que ces sommes ne devraient pas se substituer au financement pour le développement.
Malgré cet apport, elle a fait valoir que le départ de la région des personnes les plus éduquées et les plus qualifiées posait un défi de taille au développement des Caraïbes. Elle a indiqué que la région avait le plus haut taux de migration vers les pays de l’OCDE proportionnellement à sa force de travail. Elle a estimé qu’il fallait prendre des mesures pour faire face à cette fuite des cerveaux, notant par exemple que les pays de destination devaient mieux évaluer leurs besoins à court et long termes. Elle a affirmé qu’il existait un vide pour traiter des migrations au niveau mondial, alors que ce phénomène pouvait avoir un impact important sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Qualifiant ce Dialogue de « premier pas », elle a déclaré qu’il fallait poursuivre les discussions et veiller à maintenir l’attention portée à ce sujet.
M. FRANCISCO ESTEBAN LAINEZ, Ministre des affaires étrangères d’El Salvador, a dit que la question des migrations était un axe prioritaire de la politique extérieure de son pays, et que cette réunion de haut niveau devait permettre d’avoir une vision intégrale et une meilleure compréhension de toutes les implications des migrations. Les migrants ne doivent pas être seulement considérés dans les pays d’accueil comme une main-d’œuvre qui renvoie les salaires dans les pays d’origine, a-t-il déclaré. Il a invité à avoir une vision multiple de la question, dominée par le facteur humain. En Amérique centrale, nous travaillons ensemble, l’objectif est d’avoir des accords régionaux qui complèteront nos outils nationaux, notamment pour l’assistance aux femmes, aux enfants et aux personnes les plus vulnérables. La lutte contre la traite des personnes est centrale, a-t-il ajouté, indiquant que son pays s’était doté d’un instrument en la matière.
Ce Dialogue de haut niveau doit être le début d’un processus international d’échanges qui ouvrira la voie à une véritable coopération internationale, a souligné le Ministre, ajoutant, au regard de son expérience en tant que Président par intérim de la Conférence régionale sur les migrations, qu’il fallait développer la communication à destination des migrants sur les dangers de l’immigration illégale et concevoir un mécanisme international de données, souple et simple afin de partager les connaissances sur cette question globale. Au niveau de la théorie et de la réalité internationale, il est essentiel de développer une analyse globale des flux migratoires, a conclu M. Lainez.
M. POPANE LEBESA, Ministre des travaux publics et du transport du Lesotho, a affirmé que les migrations internationales avaient eu à la fois des impacts économiques très positifs et créé des défis importants relatifs aux réseaux de passeurs et au terrorisme notamment. Toutefois, la coopération internationale et régionale a permis une amélioration des infrastructures de migrations, et la mondialisation en a aussi réduit les effets négatifs, a-t-il déclaré. L’engagement et la coopération de la communauté internationale sont plus que jamais nécessaires, a-t-il ajouté.
Le représentant du Lesotho a souhaité que cette coopération s’exprime dans les stratégies de développement par une réduction du chômage dans les zones les plus touchées des pays d’origine, par un transfert des technologies et par l’augmentation d’investissements. « La protection des droits de l’homme des migrants et de leurs familles, telle qu’énoncée dans la Convention des Nations Unies sur la question, est une composante centrale de la gestion globale et équilibrée des migrations », a-t-il en outre déclaré. Insistant sur les bénéfices tirés des flux migratoires entre le Lesotho et l’Afrique du Sud, il a estimé qu’il serait contreproductif d’essayer de stopper « la roue des migrations » et qu’il fallait au contraire « la huiler afin que son fonctionnement bénéficie à tous les États Membres équitablement ». Enfin, M. Lebesa a souligné la nécessité de mieux analyser la relation entre les flux migratoires et les maladies infectieuses comme le VIH/sida, et rappelé que l’équilibre à trouver dans les politiques migratoires était délicat et requérait un dialogue continu.
Mme AMANDA VANSTONE, Ministre de l’immigration et des affaires multiculturelles de l’Australie, a déclaré que l’Australie participait, en coopération avec un certain nombre de pays partenaires de la région d’Asie-Pacifique, à la création et au renforcement des capacités qui permettraient à chaque participant de tirer pleinement partie d’une migration ordonnée et légale, tout en réduisant les problèmes associés à l’immigration illégale. Nous sommes en train de créer un collège technique austro-pacifique afin de contribuer à la formation d’une main d’œuvre qualifiée dans notre région, a ajouté Mme Vanstone. Elle a précisé que l’objectif était de permettre à cette force de travail de profiter de toutes les opportunités qu’offre l’économie mondiale. La réalité de la migration exige aujourd’hui des États qu’ils coopèrent entre eux beaucoup plus que dans le passé, a dit la Ministre. L’Australie pense que la meilleure façon de promouvoir l’entente et la coopération sur la question de la migration internationale est, pour tous les pays, de déployer des efforts communs sur des objectifs partagés et des activités de coopération concrètes.
Au niveau mondial, l’Australie participe au dialogue de haut niveau sur la migration, qui est parrainé par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Dans sa région, a indiqué Mme Vanstone, son pays accorde beaucoup d’importance à sa participation à la mise en œuvre du Processus de Bali contre les trafics humains et la criminalité transnationale organisée; aux consultations d’Asie-Pacifique sur les réfugiés, les personnes déplacées et les migrants; à la Conférence des Directeurs de la région du Pacifique sur la migration; et au Forum économique Asie-Pacifique (APEC). L’Australie pense que ces processus, et ceux qui existent dans d’autres régions du monde, sont le meilleur cadre de dialogue dont pourrait disposer la communauté internationale sur la question de la migration, a dit la Ministre australienne.
M. NICHOLAS GOCHE, Ministre du service public, du travail et de la sécurité sociale du Zimbabwe, a formé le souhait que ce Dialogue de haut niveau soit l’occasion pour la communauté internationale de convenir des stratégies à mettre en place pour faire de la migration internationale un instrument de prospérité et de croissance. Pour M. Goche, les envois de fonds ne constituent pas une solution de financement à long terme du développement. Ce dont les pays en développement ont le plus besoin, c’est de personnels formés. C’est pourquoi, a poursuivi l’intervenant, notre pays a investi massivement dans l’éducation. M. Goche a toutefois déploré le fait qu’en 2005, 60% des infirmières et des médecins du Zimbabwe dûment formés avaient émigré. Il a stigmatisé les méthodes agressives de recrutement des agences et des organisations privées et publiques des pays développés, qui devraient être contrebalancées par des mécanismes compensatoires.
M. Goche a par ailleurs estimé que les pays en développement devaient mettre en œuvre des mesures visant à rendre le plus profitable possible le phénomène migratoire. Il a ainsi suggéré de baisser le coût des envois d’argent des expatriés à destination de leur pays d’origine, ou encore de créer un fonds de développement auquel pourraient contribuer les citoyens non résidents, et ce, de sorte que ces derniers soient incités à investir dans les divers secteurs économiques du pays d’accueil.
M. Goche a en outre fait savoir que le gouvernement de son pays travaillait actuellement en collaboration avec l’UNICEF et l’Organisation internationale du travail (OIT) en vue de fournir une assistance humanitaire aux migrants en situation irrégulière poussés au départ vers les états voisins de leur pays d’origine. Cette initiative, a-t-il dit, est un bon exemple du rôle que les Nations Unies et des organisations internationales peuvent jouer dans l’aide aux migrants connaissant les plus grandes difficultés.
M. ALI ABDULLA ALI MOHD AL-KAABI, Ministre des affaires sociales et du travail des Émirats arabes unis, a estimé que les migrations constituaient un phénomène aussi ancien que le monde, et qu’elles pouvaient jouer un rôle essentiel dans la coopération entre pays en jetant des ponts de tolérance culturelle entre les peuples. Il a rappelé que son pays favorisait la coopération avec les autres nations, et qu’il importait la main-d’œuvre dont il a besoin pour construire des infrastructures et jeter les bases d’un État moderne qui favorise la prospérité de ses citoyens. Un partenariat a été établi avec les pays exportateurs de main-d’œuvre afin d’y appliquer un programme de développement.
Le représentant a ensuite souligné que 90% de la force de travail des Émirats arabes unis était constituée par des immigrés, qui amènent avec eux des normes et valeurs sociales différentes de celles des Émirats. Le Gouvernement des Émirats a donc voté des lois accordant un statut temporaire et non permanent à ces travailleurs. Ces arrangements ont eu des effets positifs sur l’économie des deux parties, a affirmé le représentant, avant d’appeler au respect des êtres humains mais aussi des valeurs culturelles et religieuses. Les Émirats ont conscience du rôle que jouent les travailleurs immigrés dans la stimulation de l’économie, a-t-il poursuivi, avant de souligner que son gouvernement avait voté des lois et ratifié des traités internationaux assurant la protection de ces travailleurs.
M. E. AHAMED, Ministre d’État chargé des affaires extérieures de l’Inde, a déclaré que la communauté internationale devrait reconnaître le caractère inéluctable et indispensable de la migration dans le cadre de la mondialisation des échanges économiques. La migration devrait être mutuellement bénéfique, les pays développés ayant besoin de la main-d’œuvre qualifiée du Sud et de leur côté, les États en développement bénéficient des transferts de fonds que font leurs expatriés, et qui ont un certain impact sur leur niveau de vie moyen. Face aux réalités actuelles, les pays développés auraient intérêt à permettre une meilleure circulation des travailleurs de part et d’autre des frontières. Il est d’autre part indispensable que les travailleurs migrants bénéficient des avantages auxquels ils ont droit, notamment en matière de pensions de retraites, quand ils ont dévolu leur énergie à la construction des économies des pays développés. L’absence d’institutions de sécurité sociale dans les pays d’origine des travailleurs ne devrait pas servir de prétexte aux employeurs des pays riches, pour refuser à leur main-d’œuvre immigrée son juste droit à une pension de retraite, a insisté M. Ahamed.
D’un autre côté, l’Inde reconnaît l’importance qu’ont prise les transferts de fonds de ses expatriés. Ces ressources entretiennent des familles entières, et parfois financent de petites activités économiques. Notre pays pense que les États d’origine de la main-d’œuvre migrante devraient pouvoir bénéficier de l’expertise que ces travailleurs acquièrent au cours de leur séjour outre-mer. Ces qualifications peuvent utilement servir les efforts de développement des pays pauvres ou émergents.
M. AIAHA ABDEL HADY, Ministre de l’emploi et de la migration de l’Égypte, a affirmé que les migrations internationales, lorsqu’elles sont bien gérées, pouvaient contribuer de manière positive, à la fois pour les pays d’origine et les pays destinataires, à tous les domaines, économique, social, politique ou culturel. Selon lui, tous les pays, qu’ils soient d’origine ou destinataires, sont responsables de la protection et de la sauvegarde des droits des travailleurs migrants et de leurs familles, et cela indépendamment de leur statut légal en vertu des législations nationales et du droit international. Par conséquent, a-t-il ajouté, tous les pays devraient assumer la responsabilité de combattre le trafic d’êtres humains et la contrebande de migrants, tout en renforçant les mesures visant à protéger et préserver les droits de l’homme des migrants et de leurs familles contre toutes les formes de discrimination, et tout en cherchant à promouvoir la tolérance, le respect de la religion et la diversité culturelle et en assurant entièrement le contrôle de la mise en œuvre de ces mesures.
Le Ministre a également estimé que si les transferts de fonds jouent un rôle important dans le développement économique et social des pays d’origine, des efforts doivent être entrepris afin de tirer le meilleur bénéfice de ces transferts de fonds. Cela passe, a-t-il précisé, par la promotion de la coopération entre les pays d’origine et les pays d’accueil dans le but de réduire le coût des transferts pour les pays d’origine et les intégrer dans le processus de développement. Le Ministre a par ailleurs souligné la nécessité d’accorder une assistance technique et financière aux pays d’origine afin d’apporter un soutien aux autorités nationales dans la formulation de politiques de migrations.
Mme VILIJA BLINKEVICIUTE, Ministre des affaires sociales et du travail de la Lituanie, a affirmé qu’une coopération internationale accrue en matière de migration était indispensable pour accroître les synergies entre les migrations et le développement. À cette fin, il est important de formuler des politiques adaptées aux situations, a-t-elle précisé, affirmant que son pays avait lui-même fait l’expérience des effets du phénomène migratoire sur son développement. C’est ainsi que la Lituanie a connu une migration négative au début des années 1990 compte tenu du chômage élevé qui y prévalait, a-t-elle rappelé, avant de préciser qu’à l’heure actuelle, les migrants de son pays, notamment les jeunes, ne se déplaçaient plus que pour de courts séjours à l’étranger avant de retourner chez eux en raison de l’amélioration de la situation économique.
La Ministre a par ailleurs insisté sur l’importance de la mise en place de mesures susceptibles de faciliter la gestion des flux migratoires, notamment dans les domaines du marché du travail, de l’amélioration des compétences professionnelles ou de la couverture médicale des migrants. Il faudra par ailleurs sensibiliser les ressortissants lituaniens aux risques de l’émigration illégale et leur assurer des conditions de rapatriement satisfaisantes. Dans tous ces domaines, a-t-elle conclu, une coopération internationale rapprochée demeure indispensable.
M. MICHAEL R.C. BROWNE, Ministre de la mobilisation nationale, du développement social et du Gouvernement local de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, a indiqué que l’approche de son pays en matière d’immigration était empreinte d’humanisme. « Mon pays ne pose aucun obstacle à ses ressortissants qui souhaitent travailler à l’étranger », a précisé le Ministre, tout en déplorant que cette émigration donne lieu à une fuite des cerveaux très coûteuse pour son pays. C’est pourquoi, le Ministre s’est prononcé pour l’élaboration de protocoles appropriés de recrutement international, qui tiennent compte de la nature de plus en plus complexe du phénomène migratoire au XXIe siècle. Il a par ailleurs plaidé pour un renforcement de la coopération internationale en la matière et pour la mise en œuvre des accords pertinents existants sur la question.
M. JEAN DE DIEU SOMDA, Ministre de la coopération régionale de Burkina Faso, a rappelé que son pays était une terre d’émigration et que plus du tiers de sa population résidait à l’étranger, sachant que l’émigration touche essentiellement les Burkinabés âgés de 15 à 30 ans. Les mesures sécuritaires telles que le contrôle des frontières ne permettront pas de gérer les flux migratoires, a-t-il souligné, appelant donc à s’attaquer à leurs causes profondes. Migration et développement étant indissociablement liés, il faut travailler à réduire le fossé qui sépare les pays développés des pays en développement. Le représentant a appelé les pays du Nord à accepter l’intégration de la question migratoire dans les stratégies de réduction de la pauvreté, en soutenant le développement des pays d’origine des migrants. M. Somda a par ailleurs salué la coopération entre son pays et la République de Taiwan.
Le Burkina Faso a entrepris des actions pour mieux gérer le phénomène migratoire, notamment en créant en 1993 un Conseil supérieur des Burkinabés de l’étranger, en adoptant des stratégies de lutte contre la pauvreté et en promouvant l’emploi des jeunes. Il serait illusoire de vouloir freiner les migrations dans le contexte de la mondialisation, a-t-il déclaré, appelant plutôt à bien les gérer car elles constituent également un facteur de développement pour les pays d’origine, de transition et de destination. Le Dialogue doit donc être l’occasion de jeter les bases d’une coopération favorisant une gestion concertée du phénomène migratoire. M. Somda a conclu en rendant hommage au soutien apporté par l’Organisation internationale pour les migrations aux pays africains.
Mme BARBRO HOLMBERG, Ministre des migrations et des politiques d’asile de la Suède, a déclaré qu’il ne devrait pas y avoir de discrimination entre les travailleurs d’un pays. Qu’ils soient nationaux ou migrants, ils devraient jouir des mêmes droits et avoir les mêmes obligations. C’est pour cela qu’il faut promouvoir une migration légale et ordonnée. Ensuite, a poursuivi Mme Holmberg, la Suède estime que les politiques de migration doivent avant tout veiller à s’attaquer aux racines et aux causes fondamentales de ce phénomène. La communauté internationale doit adopter des politiques de développement globales et progressistes. Un commerce mondial plus juste et plus équilibré réduirait énormément la pauvreté qui règne dans certaines régions du monde, et qui est à l’origine de la migration. La Suède tient cependant à souligner qu’il est de la responsabilité de chaque pays de créer les conditions favorables à l’épanouissement de sa population. Hommes et femmes doivent pouvoir bâtir leur vie dans leur pays natal. L’aide de la communauté internationale est à cet égard nécessaire. C’est pour cela qu’en ce qui la concerne, la Suède verse 1% de son produit national brut (PNB) à des projets d’aide publique au développement (APD), a déclaré la Ministre suédoise.
Le droit d’asile ne devrait jamais pâtir des politiques de régulation de la migration, a-t-elle ensuite souligné. Les personnes en danger doivent toujours trouver une terre d’asile, et il faut éviter que les réfugiés légaux ne soient refoulés aux frontières des pays auprès desquels ils demandent asile.
M. ALICIA MUÑOZ (Bolivie) a d’emblée précisé que sur 10 millions d’habitants, environ 20% (soit deux millions de boliviens) vivaient en dehors du pays. Il a noté que les flux migratoires s’étaient diversifiés ces dernières décennies en fonction de la demande du marché du travail des pays d’immigration. Le Président bolivien, Evo Morales, expliquait ainsi en mars dernier devant le Parlement européen que le phénomène de la migration était devenu un problème structurel dans les relations économiques inégalitaires entre pays.
Un pays « majoritairement indigène » comme la Bolivie, a noté son représentant, subit directement les retombées de ce phénomène: des communautés entières se dépeuplent sur de vastes espaces de territoire. Certes, l’apport économique qui en découle est important, mais il n’en reste pas moins que l’effet négatif sur la déstructuration de la communauté et du peuplement indigène impose un coût social. Celui-ci s’explique par la libéralisation de l’économie. Si le travail et l’exploitation se mondialisent, il n’en va pas de même avec les salaires et les droits de l’homme et des citoyens: on considère les émigrants comme de simples marchandises, et on criminalise le libre déplacement d’un pays à un autre, a ajouté le Ministre bolivien. Il a souligné qu’il ne remettait pas en question le droit d’émigrer, mais qu’il mettait en cause l’absence de mécanismes et de normes.
Le Ministre bolivien a en outre estimé nécessaire de considérer le phénomène du point de vue des femmes, les premières concernées par le trafic d’êtres humains, par l’exploitation sexuelle et par l’exploitation de leur force de travail. Il s’agit de l’un des « négoces » les plus lucratifs après le trafic des stupéfiants, selon le délégué bolivien, qui a demandé à ce que soient prises des mesures pour en finir avec de tels abus. Le Gouvernement de La Paz, a-t-il ajouté, estime important que les pays récepteurs de main d’œuvre mettent en œuvre des mécanismes efficaces de coopération, afin de parvenir à la ratification de la Convention internationale pour la protection des droits des travailleurs migrants et leurs familles, aux côtés d’autres traités sur les droits de l’homme.
M. NG ENG HEN, Ministre de la formation et Second Ministre de la défense du Gouvernement de Singapour, a déclaré qu’en tant que ville-État dépendante du commerce mondial, son pays avait toujours accueilli les travailleurs étrangers, qui sont aujourd’hui au nombre de près de 2 millions et demi, afin de renforcer sa main-d’œuvre. Sans cette contribution, a-t-il expliqué, la croissance de l’économie nationale serait limitée par le manque de compétences. Toutefois, a ajouté M. Hen, la migration illégale et ses effets néfastes dans les domaines sociaux et de la sécurité sont le contrecoup de la politique d’ouverture et d’intégration de Singapour.
L’intervenant a indiqué que la législation de son pays en matière de lutte contre la traite et le trafic des personnes était particulièrement sévère à l’encontre de ceux impliqués dans ces activités criminelles. Les trafiquants traduits en justice peuvent ainsi être condamnés à des peines de prison de cinq ans, a-t-il dit.
S’agissant de la protection des migrants dans le domaine du droit du travail, M. Hen a fait savoir que ceux-ci pouvaient bénéficier de dispositions plus fortes que celles s’appliquant aux ressortissants nationaux. Par exemple, nous avons renforcé notre Code pénal en augmentant de manière significative les amendes sanctionnant les abus contre les travailleurs étrangers.
M. GARBA LOMPO, Président de la Commission nationale des droits de l’homme du Niger, a souligné la porosité des frontières du Niger et son manque drastique de moyens pour faire face au phénomène des migrations. Le pays reste en proie à d’importants flux migratoires, notamment le long de ses frontières où convergent trafiquants de drogue, bandits armés et surtout migrants clandestins. Pays charnière, le Niger accueille une migration de transit qui favorise la naissance de réseaux exploitant la misère des migrants et organisant un trafic d’êtres humains. M. Lompo a souligné qu’il était difficile de savoir si les migrants en transit étaient ou non victimes d’un trafic, et qu’il convenait de lutter contre ce phénomène au niveau national et international. Le Niger reste conscient de son rôle pour garantir la protection des migrants. Il souhaite donc favoriser la coopération sous-régionale, régionale et internationale, et il suggère de mettre en place un mécanisme de lutte contre l’immigration clandestine et le trafic des personnes.
M. HAMID AWALUDDIN, Ministre de la justice et des droits de l’homme de l’Indonésie, a déclaré que les gens migrent en espérant améliorer leur vie ou celle de leur famille. Les migrants ne devraient donc pas devenir victimes des trafiquants internationaux et des employeurs sans scrupule auxquels ils ont recours quand ils sont dans l’illégalité. En 2004, le Gouvernement indonésien a fait passer une loi relative à la protection et au placement des travailleurs migrants indonésiens. Cette loi met en place un certain nombre d’outils qui luttent contre les abus dont les migrants sont souvent victimes. L’Indonésie soutient l’adoption de politiques régionales et internationales qui donnent aux migrants tous leurs droits. Ces politiques devraient leur permettre de tirer parti des programmes favorables à la micro-finance, et du rôle plus visible des diasporas dans les politiques nationales indonésiennes. La délégation indonésienne note que la question des transferts de fonds, dont il est question aujourd’hui, a pris une importance particulière en vue de l’augmentation des montants de ces transferts, qui contribuent à la réduction de la pauvreté dans les pays d’origine des travailleurs. Au niveau régional, l’Indonésie, qui est membre de l’ANASE, contribue à tous les forums traitant de la migration dans la région Asie-Pacifique, a dit M. Awaluddin.
Mme EMILIA MASLAROVA, Ministre du travail et de la politique sociale de la Bulgarie, a déclaré que son pays attachait une grande importance à la coopération régionale dans les domaines de la migration et du développement. Elle a cité pour exemple le Processus de Rabat, qui a été lancé lors de la Conférence ministérielle eurafricaine sur la migration et le développement de juillet dernier. Il est essentiel de partager l’information sur les questions de migration à tous les niveaux, a-t-elle prôné, en particulier s’agissant des modalités d’entrée des pays dans l’Union européenne.
Mme Maslarova a ajouté que, selon une étude récente, les citoyens bulgares se rendent pour une courte durée d’abord en Espagne, suivie de l’Allemagne, des États-Unis, de la Grèce, du Canada, de l’Irlande et de la France.
Nous sommes d’avis qu’un partenariat et une coopération renforcés contribueront à améliorer le dialogue aux niveaux bilatéral et multilatéral. La création de capacités devrait en outre contribuer à faciliter la coordination de l’effort international en matière de migration et de développement, et cela en vue d’en faire profiter pleinement pays et migrants.
M. DATO’ SERI MOHD RADZI SHEIKH AHMAD, Ministre de l’intérieur de la Malaisie, a affirmé que le défi essentiel qui se présentait à son pays était d’équilibrer le besoin de maximiser les bénéfices économiques découlant de la migration et le désir de protéger les intérêts de tous ceux qui sont concernés. La clef de cette réussite tient dans une gestion maîtrisée des flux migratoires, a-t-il ajouté. Afin d’assurer l’efficacité des mesures en faveur de flux migratoires maîtrisés, les préoccupations des pays d’origines et des pays destinataires doivent être reflétées, a-t-il également déclaré, citant, par exemple, la réapparition dans son pays de maladies hautement infectieuses telles que l’hépatite B, la tuberculose ou la lèpre et la hausse de la criminalité.
Le Ministre a déclaré que les travailleurs étrangers, malgré quelques cas d’abus isolés, jouissaient dans son pays d’une protection totale assurée par la législation nationale. Il a par ailleurs mis l’accent sur la question du trafic d’êtres humains. Selon lui, deux difficultés majeures existent. La première est d’établir une distinction entre les véritables victimes du trafic et les personnes qui s’y livrent volontairement à des fins économiques. La deuxième est le manque de ressources dont disposent les pays destinataires pour rapatrier les victimes dans leurs pays sur une base volontaire.
M. EFTAP AHMAT KHAN SHARBAO, Ministre de l’intérieur du Pakistan, a affirmé que le Dialogue de haut niveau permettrait de construire des approches communes au sein de la communauté internationale afin d’accroître les bénéfices des migrations en termes de développement. De tout temps, la migration a été l’expression courageuse de la volonté d’un individu de surmonter un environnement adverse en partant explorer de nouveaux horizons, et la mondialisation n’a fait qu’accroître le désir et la capacité à changer de lieu. Il est aujourd’hui nécessaire de reconnaître le potentiel positif de la migration en termes de développement, puisqu’elle permet de réduire la pauvreté dans les pays d’origine par des transferts de fonds, de transférer des connaissances, de réduire le chômage, de promouvoir la démocratie et de favoriser l’émancipation des femmes. La migration a un impact positif tant sur les pays d’origine que sur les pays de destination, et tous doivent donc coopérer.
Le représentant a ensuite appelé à faciliter les transferts de fonds et à mettre à profit le savoir-faire de la diaspora. Il a souligné l’importance d’instituer des mécanismes de migration sécurisés afin de lutter contre le trafic d’êtres humains. Il a appelé à intensifier la coopération internationale afin de maximiser l’impact des migrations sur le développement. Jugeant qu’un soutien institutionnel était indispensable pour mettre en œuvre cette coordination, il a appelé à se baser sur les accords préexistants, proposant de permettre au groupe des migrations mondial de se rencontrer au niveau intergouvernemental dans le cadre du Conseil économique et social.
M. ALI S.J. ERRISHI, Secrétaire aux expatriés, à l’immigration et aux questions des réfugiés de la Libye, a déclaré que les coûts d’une migration illégale et incontrôlée étaient plus importants que les bénéfices qu’elle peut apporter aux pays d’origine et aux pays receveurs de cette main-d’œuvre. Ce genre de migration peut même poser des menaces à la sécurité intérieure des États, a estimé M. S.J. Errishi, en ajoutant que quand « le seuil de tolérance » était dépassé, les populations autochtones pouvaient se sentir économiquement et culturellement menacées. Il faut donc reconnaître aux États le droit de surveiller leurs frontières. D’autre part, quand le marché du travail d’un pays ne peut plus absorber les immigrants illégaux, la criminalité augmente, ces derniers se livrant alors à des activités répréhensibles. C’est pourquoi la Libye demande à la communauté internationale de donner aux pays émetteurs de main-d’œuvre les moyens de créer des économies viables. Les habitants de ces pays n’auraient plus alors besoin de s’exiler sur de frêles embarcations pour chercher une hypothétique vie meilleure ailleurs. La Libye a proposé à cet égard la tenue d’un sommet Afrique - Europe pour trouver des solutions à la question de l’immigration illégale, a dit le représentant de la Libye.
M. DOUG SHANE GIBSON, Ministre de l’immigration, du travail et de la formation des Bahamas, a déclaré que le Dialogue de haut niveau était l’occasion de trouver de meilleures façons de faire cadrer offre et demande dans les domaines de la migration. Il est temps d’améliorer les conditions de circulation mondiale des populations, notamment de travailleurs légaux. M. Gibson a expliqué que son pays était régulièrement confronté à la tâche difficile de contrôler efficacement ses frontières car si les Bahamas accueillent volontiers 5 millions de visiteurs par an, a-t-il dit, nous devons également faire face, depuis 60 ans, à l’entrée sur notre territoire de nombreux repris de justice et autres fugitifs. Ces derniers tirent profit d’avantages destinés normalement aux seuls contribuables. M. Gibson a dit que son pays bénéficiait largement, sur le plan économique, de la migration internationale mais que, dans le même temps, les effets néfastes de la migration illégale minait sa sécurité nationale. C’est en ce sens qu’il a plaidé pour la mise au point d’une méthode globale de contrôle et de prévention de ce « fléau » au niveau régional.
M. ERIK SOLHEIM, Ministre du développement international de la Norvège, s’est félicité de l’intensification de la coopération intergouvernementale en matière de migration et de développement et il a jugé indispensable d’évoquer cette question au sein des Nations Unies. Il a ensuite rappelé que le débat sur l’intégration des immigrés se poursuivait depuis longtemps en Norvège, avant d’évoquer le nouveau débat faisant le lien entre migration et développement. Toutes les personnes souhaitant immigrer devraient être autorisées à le faire, a-t-il déclaré, et une fois se trouvant dans le pays d’accueil, elles devraient bénéficier de droits. Par ailleurs, il a estimé qu’il était important d’insister en particulier sur la situation des femmes et des enfants migrants.
Affirmant que les communautés d’immigrants participeraient aux débats organisés en Norvège, le Ministre norvégien du développement international a appelé à la réduction des frais liés aux transferts de fonds, qui sont parfois prohibitifs. Il a alors appuyé la création d’un Forum consultatif mondial sur les migrations. En conclusion, il a souligné que le processus de réflexion sur les migrations et le développement n’en était qu’à ses débuts.
M. ATHAUDA SENEVIRATNE, Ministre des relations professionnelles et de la gestion du travail à l’étranger du Sri Lanka, a déclaré que son pays attache beaucoup d’importance au traitement de la question de la migration au niveau multilatéral. La migration devient de plus en plus importante, étant donné que les transferts financiers des migrants représentent aujourd’hui trois fois le montant de l’Aide publique au développement et s’approchent des niveaux des investissements étrangers directs orientés vers les pays du Sud, a relevé le Ministre. D’autre part, a-t-il ajouté, les diasporas jouent un rôle de plus en visible dans la marche des affaires de leurs pays d’origine. Elles sont devenues une source importance de transfert de connaissances, de techniques et d’investissements.
Le Sri Lanka est cependant préoccupé par le fait que le dialogue de haut niveau qui se tient aujourd’hui à l’ONU ne mette pas suffisamment l’accent sur le besoin de promouvoir une migration basée sur les droits des migrants, qui doivent être les droits dont jouit tout être humain. D’autre part, le lien entre la migration, la croissance économique, et le développement durable, ne semble pas encore suffisamment reconnu, a dit M. Seneviratne. La tendance des pays développés à vouloir faciliter l’entrée sur leur territoire des seuls migrants qui sont hautement qualifiés, est une menace sérieuse pour l’avenir des pays en développement qui risquent de perdre toutes leurs ressources humaines qualifiées. Nous ne pouvons pas nous permettre de regarder sans rien faire cette saignée et cette fuite de tous nos meilleurs cerveaux, a dit le Ministre sri lankais.
M. ZE’EV BOIM, Ministre de l’immigration et de l’intégration d’Israël, a rappelé que son pays était resté depuis sa création une terre d’immigration. Le rassemblement des juifs sur un sol commun est au cœur de l’identité nationale, a-t-il dit. M. Boim a indiqué que la population israélienne était aujourd’hui de 7 millions d’habitants, 27,5% d’entre eux étant d’origine étrangère. Il a fait savoir que le processus d’intégration commençait d’abord par l’apprentissage de l’hébreu. Une assistance financière est en outre fournie aux migrants, le nouvel arrivant avec femme et enfants touchant une allocation d’une valeur de 10 000 dollars couvrant ses dépenses pour les 6 premiers mois d’installation. M. Boim a encore expliqué que les secteurs privé et public de son pays avaient bénéficié de l’arrivée des migrants, en particulier ceux – docteurs, ingénieurs, scientifique et artistes – venus en nombre de l’ex-Union soviétique. La société israélienne essaie toujours de respecter la culture de ses communautés d’immigrés, et cela, en prônant le pluralisme et la tolérance.
M. Boim a par ailleurs dit que son pays devait, lui aussi, faire face au défi croissant du trafic d’êtres humains. À cette fin, le Gouvernement d’Israël a signé la Convention des Nations unies sur la criminalité transnationale organisée et son Protocole sur le trafic des êtres humains. Enfin, l’intervenant a réaffirmé la volonté de son pays d’œuvrer avec ses partenaires internationaux à maximiser le développement humain et social du marché mondial du travail.
M. PAUL ANTOINE BOHOUN BOUABRE, Ministre du plan et du développement de la Côte d’Ivoire, a évoqué la situation dans son pays qui, par tradition, est une terre de migrations internationales. Plus de deux personnes sur cinq sont migrants, la majorité étant des hommes. Les migrations tant internes qu’internationales ont contribué de manière significative au développement de la Côte d’Ivoire et de la région ouest-africaine, a affirmé le Ministre. Cette main d’œuvre a joué et continue à jouer un rôle important dans l’agriculture et dans la mise en place des infrastructures économiques. La migration internationale, a ajouté le Ministre, a aussi été un facteur de développement pour les pays d’origine, la plupart des immigrés procédant à des transferts de capitaux vers leur pays d’origine. Ainsi, la Côte d’Ivoire a enregistré la sortie de 101 millions de dollars en 2004 et 97 millions de dollars en 2005 en direction des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine.
Cependant, la dynamique migratoire pose des problèmes sérieux, notamment en matière foncière et de la gestion des flux d’immigrés et surtout de leurs descendants nés en Côte d’Ivoire. Aucun pays, surtout en Afrique, ne saurait être durablement un îlot de prospérité, a encore affirmé le Ministre, qui a estimé que la question des migrations internationales devait trouver des réponses appropriées dans le cadre d’une gestion collective régionale. Il serait urgent d’inscrire la question des migrations à l’agenda des questions urgentes de la sous-région ouest-africaine. Évoquant la crise que connaît le pays, le Ministre a expliqué que cette situation de précarité expose la population ivoirienne et étrangère à des risques de toute sorte.
M.ALBERT KAN DAPAAH, Ministre de l’intérieur de Ghana, a reconnu que le phénomène migratoire constituait un aspect si fondamental de notre monde d’aujourd’hui qu’il appelait l’attention au plan international. En effet, si le rapport d’interaction entre la croissance migratoire et le développement semblent aujourd’hui indéniable, il n’en reste pas moins vrai, selon lui, qu’il faut harmoniser les perspectives de développement stratégiques internationales offertes par ses flux avec les objectifs nationaux des pays en question. Et ainsi faire coïncider ce double développement (national et global) pour qu’il n’en forme qu’un, dynamique et cohérent. En d’autres termes, il s’agit pour lui de réduire les effets pervers de ces politiques migratoires tout en en tirant le maximum de bénéfices.
Pour le Ghana, hélas, cet objectif semble compromis par quelques effets indésirables parmi lesquels, au premier chef, celui de la fuite des cerveaux. Le bon système éducatif ghanéen, mal relayé sur le marché de l’emploi national, a contribué malgré lui à une véritable fuite des matières grises. À cet égard, la délégation ghanéenne voudrait lancer un appel pour soutenir des programmes de promotions au retour susceptibles de ramener au pays les compétences et savoir-faire qui font actuellement cruellement défaut. Pour mener à bien ces initiatives de rééquilibrage, et pour donner toute sa cohérence au débat migratoire, la délégation de Ghana recommande par ailleurs la participation de l’OIM (Organisation Mondiale pour les Migrations) au suivi des questions au Débat de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies. De même suggère-t-il que cette organisation intergouvernementale soit renforcée, afin qu’elle puisse offrir une plate-forme de discussion des plus efficaces sur le sujet.
M. RALPH FONSECA, Ministre des affaires intérieures et des services publics du Belize, a déclaré que sa délégation soutenait les recommandations faites par le Secrétaire général sur la nécessité de promouvoir le concept de codéveloppement dans la gestion de la migration. Dans ce concept, la migration est perçue comme un puissant outil de développement, a dit M. Fonseca en soulignant que vue sous cet angle, la migration profitait à la fois aux pays d’origine et aux pays d’accueil des travailleurs migrants. Les flux de la migration peuvent en effet à la fois satisfaire les besoins en main-d’œuvre des pays riches et dans le même temps apporter aux pays d’origine des travailleurs les ressources dont ils ont besoin pour promouvoir le développement de leurs communautés.
Les transferts d’argent et de connaissances que permet la migration viennent s’ajouter à la diminution du chômage dans les pays d’origine, a dit M. Fonseca. La mise en œuvre du concept de codéveloppement nécessitera une meilleure définition des politiques économiques au niveau international. Dans ce cadre, la migration devra être gérée sur un principe de communauté d’intérêts et de responsabilités partagées, a souligné le Ministre de Belize.
M. JEAN GÉNÉUS, Ministre des Haïtiens vivant à l’étranger, a affirmé que la migration offrait l’occasion d’accéder à de meilleures opportunités sociales et économiques, source d’amélioration du bien-être individuel et familial. La migration favorise également l’affranchissement économique des femmes migrantes dans leur ménage, au sein duquel elles jouent un rôle de plus en plus prépondérant, a-t-il ajouté, précisant qu’il s’agissait d’une évolution positive méritant d’être soutenue. Le Ministre a également indiqué que la migration contribuait à la réduction de la pauvreté dans son pays à travers les rapatriements de fonds qui rapportent plus de 1 milliard de dollars par an, soit plus de 25% du produit intérieur brut (PIB). Selon lui, il convient donc de mieux prendre en compte les contributions de la migration au développement d’Haïti, à travers une série d’actions, dont celle de promouvoir la protection des droits et des intérêts des migrants, en l’occurrence des femmes.
Le Ministre a en outre souligné qu’au niveau global Haïti était favorable au renforcement du Groupe global sur la migration (GGM) et du Dialogue international sur la migration (DIM). Prenant en compte l’importance et le développement fulgurant des Processus consultatifs régionaux, a-t-il assuré, Haïti ne ménagera aucun effort pour y renforcer à la fois sa présence et sa participation active. À cet effet, le Gouvernement haïtien, a-t-il poursuivi, accueille favorablement les efforts de renforcement de la coopération au sein des Processus consultatifs régionaux; coopération qui, selon lui, devrait faciliter la participation d’Haïti et d’autres pays clés, sources de mouvements migratoires en vue d’une réduction substantielle de l’écueil de la barrière linguistique, véritable frein à l’intégration. Haïti, a-t-il dit en conclusion, formule le vœu que ce Dialogue de haut niveau serve de catalyseur à un débat moderne et innovant sur une migration internationale respectueuse des droits de l’homme et qu’elle soit génératrice de bénéfices mutuels pour les pays d’origine et de destination.
M. NICHOLAS SCHMIT, Ministre délégué des affaires étrangères et de l’immigration du Luxembourg, a jugé positive l’ouverture d’un dialogue entre pays d’origine, pays de transit et pays destinataires. Il a rappelé la nécessité d’aboutir à des solutions de court et de long termes, en se fondant sur un partenariat entre toutes les parties pour mieux organiser les flux migratoires et endiguer une immigration clandestine qui a coûté la vie à tant de jeunes fuyant la pauvreté. Un partenariat entre pays du nord et du sud doit permettre de mettre un terme à cette immigration du désespoir, et un partenariat mondial doit faire des migrations un facteur positif pour toutes les parties. La pauvreté, véritable cause de l’immigration clandestine, doit être éradiquée et il est donc nécessaire de renforcer les cadres de coopération en les dotant des instruments et des ressources financières appropriés pour faire de la migration légale un instrument de développement.
M. SCHMIT a ensuite souligné que les migrants les plus vulnérables tels que les femmes et les enfants devaient être mieux protégés, notamment en luttant contre le trafic des êtres humains. Par ailleurs, il a souligné la nécessité de combattre le racisme en menant, dans les pays du nord, des politiques d’information sur les aspects positifs de l’immigration régulière dans des sociétés vieillissantes. Enfin il a appuyé la proposition de création d’un forum mondial à condition qu’il soit consultatif.
M. SERGIY RUDYK, Ministre et Président du Comité ukrainien pour les nationalités et les migrations, a déclaré que le rapport du Secrétaire général sur les migrations internationales et le développement avait su cibler les problématiques centrales liées à la migration. Il a ajouté que la migration et le développement étaient intimement reliés et que la communauté internationale devrait faire plus dans ce domaine, afin de mieux utiliser le potentiel des migrations pour le développement.
Passant à la situation propre à son pays, le Ministre a expliqué qu’en raison de la situation géopolitique de l’Ukraine, celui-ci enregistre un flux migratoire important. Il a rappelé qu’au tout début de ce phénomène, la gestion des mouvements migratoires était mal maîtrisée surtout pour faire face aux chercheurs d’asile, aux réfugiés, aux immigrants illégaux et aux migrants sous contrat. Aujourd’hui, l’Ukraine est signataire de la Convention relative au statut des réfugiés de 1951 et du Protocole relatif au statut des réfugiés de 1957. L’un des principaux défis consistera à introduire des mesures visant à réduire et à prévenir les migrations illégales, conformément aux procédures internationales en vigueur. Des garde-fous et des procédures ont été mis de l’avant, notamment dans le cas des réfugiés, une situation qui touche 2 000 à 3 000 personnes en Ukraine.
Les Ukrainiens qui émigrent le font principalement pour rechercher de meilleurs emplois. Ce flux migratoire illustre bien la nécessité d’une coopération entre pays d’origine et pays d’accueil pour réduire la migration irrégulière ou illégale. Avec l’aide de l’Union européenne, et le Haut Commissariat pour les réfugiés et l’Organisation internationale des migrations, l’Ukraine a su établir avec succès des programmes nationaux destinés à gérer les migrations, conformément aux normes internationales en vigueur. Le Ministre a salué le rôle du Représentant spécial du Secrétaire général, Peter Sutherland, et se félicite de la décision de proroger son mandat.
M. TARSIS BAZANA KABWEGYERE, Ministre pour le secours, la pr é paration aux catastrophes et les réfugiés de l’Ouganda, a déclaré que des politiques globales et cohérentes sont nécessaires pour gérer les migrations internationales. Le marché du travail s’est transformé en marché global et la migration lui est intimement liée. Améliorer la mobilité des migrants, grâce à un cadre clair, est de l’intérêt de tous: les individus concernés et des pays d’immigration comme d’émigration.
Le transfert de fonds des émigrants vers leur pays d’origine est une source importante de croissance économique: c’est le cas de l’Ouganda. Mais concrètement, le pays a dû faire face à d’importants déplacements de population à l’intérieur de ses frontières, provoqués par des activités rebelles dans le Nord du pays. Le Ministre a expliqué comment l’Ouganda a dû apprendre à gérer les camps et à mettre en place une législation concernant les requérants. L’Ouganda a aussi été impliqué dans la gestion régionale des requérants dans la région des Grands Lacs.
De nombreux migrants ont quitté l’Ouganda dans les années ‘70 et ‘80, et le pays a perdu d’importantes forces vives. Dans le même temps, l’Ouganda a dû accueillir de nombreux réfugiés d’autres pays comme le Rwanda, le Congo, la Somalie et le Sud-Soudan. En travaillant avec l’Organisation internationale pour la migration, nous donnons la possibilité à la diaspora ougandaise de rentrer au pays, a souligné le Ministre. L’Ouganda autorise aussi la double nationalité à ses ressortissants. La formation des gardes frontière a également été améliorée. En conclusion, il a déclaré que l’Ouganda souhaiterait voir se constituer une fédération d’Afrique de l’Est où la liberté de circulation des personnes et des biens serait assurée.
M. JUMA NGASONGWA, Ministre de la planification, de l’économie et de l’autonomisation de la République-Unie de Tanzanie, a déclaré que sa délégation attachait beaucoup d’importance à la coopération internationale et au soutien que la communauté internationale peut apporter au renforcement des capacités dans les domaines de la promotion de politiques cohérentes en matière de migration et de développement. La Tanzanie pense qu’il faut inclure le facteur de la migration dans les stratégies de réduction de la pauvreté et de création d’emplois, a dit le Ministre.
Ensuite, a-t-il poursuivi, il faut promouvoir la communication et les plaidoyers en faveur de la migration de manière à permettre aux migrants de faire des choix éclairés et de ne pas considérer la migration comme une simple stratégie de survie. La lutte contre les trafics humains doit d’autre part être renforcée, de manière à défendre notamment les femmes et les enfants migrants, et il faut mettre en place des mécanismes permettant à ces catégories de personnes de jouir de tous les droits de l’homme, a dit M. Ngasongwa.
Il est faux de dire que les transferts de fonds des migrants peuvent remplacer l’APD, a-t-il ensuite souligné, en faisant remarquer que l’argent envoyé par les migrants à leurs familles était un argent privé. Cependant, étant donné que ces ressources sont investies dans des petites entreprises familiales, il faudrait réduire le coût de leurs transferts. La République-Unie de Tanzanie est d’autre part concernée par la fuite de cerveaux que crée la migration sélective que promeuvent certains pays du Nord, qui ne s’intéressent qu’aux individus formés à grands frais par les pays pauvres. Il faut donc encourager les membres de chaque diaspora à contribuer aux efforts de développement de leur pays d’origine, a déclaré le Ministre.
M. AIGUL RYSKULOVA, Président du Comité national des migrations et de l’emploi du Kirghizistan, a déclaré que le dialogue permettait de prévoir les futurs développements des politiques de migration, qui sont au cœur des préoccupations de tous les États. Il a estimé que les pays développés et en développement mettaient en place des politiques cohérentes. Le Kirghizistan, comme d’autres pays qui accomplissent leur entrée dans l’économie de marché, a accueilli de nombreux migrants depuis quelques années. L’objectif de sa politique de migration consiste à instituer des conditions qui bénéficient tant à la société locale qu’à l’État dans son ensemble.
M. Ryskulova a ensuite déclaré que les effets positifs des migrations étaient accompagnés d’un certain nombre de défis, notamment en matière de droits de l’homme, puisque la migration soulève la question de la liberté de circulation. Les actions entreprises pour protéger les droits des migrants au Kirghizistan comprennent le développement de programmes destinés à les informer sur leurs droits ainsi que la création de centres d’assistance. Des mesures ont également été prises en matière d’éducation et de réduction des coûts de transferts de fonds afin de faciliter la création de petites entreprises. Enfin M. Ryskulova a estimé que la politique de migration du Kirghizistan reflétait les tendances mondiales en matière de régulation des frontières tout en tenant compte des problèmes des Kirghizes à l’étranger.
M. ZHAZBECK ABDIYEV, Président du Comité pour la migration et Ministre du travail et de la protection sociale du Kazakhstan, a estimé que la migration n’avait pas retenu suffisamment l’attention de la communauté internationale et que celle-ci devait se concentrer sur l’amélioration de l’aide au retour des migrants dans leur pays d’origine. Une attention particulière devait être également accordée aux femmes, catégorie particulièrement vulnérable de migrants.
La lutte contre le trafic de personnes, l’esclavage et la prostitution sont des phénomènes à combattre prioritairement, a-t-il ajouté. La pauvreté, le chômage et le manque de perspectives sont les raisons principales qui incitent les personnes à émigrer, a déclaré le Ministre, affirmant que seul le développement économique et social des pays d’origine pourrait enrayer la migration.
Le Kazakhstan doit faire face depuis son indépendance au retour de 530 000 personnes d’origine kazakhe, a-t-il indiqué; par ailleurs ce pays a été le premier de la Communauté des États indépendants à lancer un programme de légalisation des travailleurs illégaux. Enfin, pour lutter contre le trafic des personnes, les autorités avaient créé en 2003 une Commission chargée de coordonner les efforts des différentes agences de l’État dans ce domaine.
M. HANS WINKLER, Secrétaire d’État auprès du Ministère des affaires étrangères de l’Autriche, a déclaré qu’il importe de formuler des politiques englobant à la fois le phénomène migratoire et le développement, politiques qui doivent être relayées aux niveaux régional et sous-régional pour l’élaboration de solutions adaptées. Il a ainsi pris l’exemple de la Conférence ministérielle euroafricaine sur les migrations et le développement tenue en juillet 2006 à Rabat qui a rassemblé pour la première fois des pays d’origine, de transit et de destination de même que des organisations régionales et internationales. Un accord s’est fait sur un Plan d’Action pour les années à venir, a-t-il poursuivi, qui visera à gérer plus efficacement les flux migratoires et prévenir les catastrophes humanitaires. S’alignant sur la position de l’Union européenne, M. Winkler a rappelé qu’elle souhaitait que la question soit abordée à l’échelle continentale et attendait de ce fait la conférence panafricaine sur l’émigration sous les auspices de l’Union africaine.
L’intervenant a par ailleurs souligné que ce chevauchement entre flux migratoires et coopération au développement existe en Autriche notamment avec plusieurs pays du sud-est de l’Europe. De ce fait, l’Autriche inclut des campagnes d’information tant sur les migrations légales que sur les dangers des migrations clandestines dans ses programmes de développement. L’Autriche réfléchit également au potentiel des diasporas dans le cadre des activités de coopération pour le développement.
L’orateur a souhaité que l’on accorde une attention particulière à la dimension sud-sud des migrations ainsi qu’au statut de la femme qui souffre selon lui d’une double discrimination. Il a, à cet égard, appelé à introduire la dimension du genre dans toutes les politiques relatives aux migrations. Il s’est dit convaincu que les migrations peuvent avoir un effet « gagnant-gagnant » pour toutes les parties. En conclusion, il a souligné l’importance de la question du suivi de ce dialogue.
Mme MARTA ALTOLAGUIRRE, Vice-Ministre des relations extérieures du Guatemala, a déclaré qu’en tant que pays de transit, le Guatemala attachait une grande importance à la question des migrations internationales. Si le phénomène des flux migratoires internationaux est devenu plus complexe au fil du temps et compte tenu des progrès technologiques, ce n’est pas pour autant qu’il faudra les criminaliser.
Les migrants sont le plus souvent des jeunes qui fuient les conflits ou souhaitent gagner dignement leur vie à l’étranger. Les filles en particulier sont contraintes au départ pour ne pas devenir victimes de l’exploitation sexuelle, ou, plus simplement, pour ne plus avoir à subir des responsabilités familiales parfois écrasantes. Afin de protéger efficacement les adolescents qui tentent de rejoindre leurs familles à l’étranger, des mécanismes transfrontaliers ont été conclus en Amérique centrale pour faciliter leur rapatriement, a indiqué la Vice-ministre. Comme le Guatemala, a conclu la Vice-ministre, tous les pays ont été des sociétés de passage, de destination ou de départ des migrations, en affirmant que les migrations avaient des incidences sociales, politiques et culturelles sur le développement d’une culture, à condition toutefois qu’elles s’intègrent dans la société d’accueil de manière durable.
M. PRACHA GUNA-KASEM, Conseiller auprès du Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, a déclaré que le Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement constitue la pleine reconnaissance par les Nations Unies que les migrations internationales sont une question pressante qui affectent tous les pays de la planète et qui exigent de ce fait une approche globale, concertée et cohérente pour y faire face.
Passant à la situation dans son propre pays, M. Guna-Kasem a expliqué que la Thaïlande se trouvait dans une position unique, par le fait qu’elle est à la fois un pays d’origine, de transit et de destination finale. L’expérience tirée de ces phénomènes migratoires dans leur ensemble est positive pour la Thaïlande. De l’avis de M. Guna-Kasem, le phénomène de migration analysé à une échelle globale et adéquatement géré peut contribuer de manière significative à la croissance économique et au développement, tant du pays d’origine que du pays de destination finale.
Les efforts du Gouvernement thaïlandais depuis 1994 pour régulariser la situation des migrants illégaux venant de pays voisins a permis de régulariser la situation de 1,3 millions de migrants illégaux, grâce à l’octroi de permis de travail leur donnant accès également à des soins de santé. Le Gouvernement thaïlandais a également assisté ses ressortissants qui cherchaient légalement un emploi à l’étranger en leur offrant notamment des formations visant à développer les compétences requises sur le marché du travail visé.
M. Guna-Kasem s’est déclaré d’avis que des approches fondées sur le respect des droits de l’homme sont essentielles à la gestion dans la mesure où les migrants irréguliers, en particulier les femmes et les enfants, sont souvent victimes de trafic ou d’abus. Le Gouvernement thaïlandais, par ses programmes de formation, met à leur disposition des ressources permettant à ces personnes vulnérables de s’informer et de se prendre en charge. À l’instar d’autres intervenants, M. Guna-Kasem a reconnu que les aspects multidimensionnels des migrations internationales et du développement doivent être pris en compte pour élaborer des politiques nationales efficaces en matière de migration. Les migrations internationales ont des liens avec le développement, les droits de l’homme, le commerce, et la sécurité nationale. C’est pourquoi, une politique cohérente, globale et intégrée en matière de migration impliquant différentes parties prenantes est cruciale pour réaliser notre objectif mutuel d’optimiser les avantages des migrations internationales et de réduire leur impact négatif, a insisté M. Guna-Kasem. À cet égard, la Thaïlande reconnaît pleinement l’importance des partenariats, du renforcement des capacités et de l’échange des pratiques optimales aux niveaux bilatéral et régional. Il a rappelé le rôle de chef de file de son pays notamment dans le processus régional de consultation et de coopération Asie-Pacifique, sur les réfugiés, les personnes déplacées, le trafic humain et les migrations, et également dans le cadre de la Conférence ministérielle régionale sur la contrebande, le trafic humain et autres crimes transnationaux.
M. KIYOHIKO TOYAMA, Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, a déclaré que, dans l’intérêt de la sécurité humaine pour tous les peuples, il était important d’allier les deux démarches suivantes de la migration internationale, premièrement de protéger les personnes contraintes de quitter leur foyer à la suite de menaces à leur bien-être et leur permettre de mieux résister à l’adversité, deuxièmement de protéger les peuples qui recherchent une meilleure vie, le tout en accordant une attention particulière aux femmes, aux enfants et aux autres personnes vulnérables de la société.
Le Ministre a ajouté que le Japon avait élargi sa coopération en faveur des pays en développement en vue de renforcer les ressources humaines dans les domaines de la santé et de l’éducation. Le Japon a ainsi offert son aide dans la formation des enseignants et dans la formation du personnel médical et des personnels s’occupant de la lutte contre le VIH/sida, a-t-il poursuivi. Le Japon met en œuvre son Plan d’action pour combattre le trafic des êtres humains adopté en 2004. Il participe activement au Processus de Bali qui constitue un cadre régional en Asie et dans le Pacifique pour combattre l’immigration clandestine et le trafic des êtres humains. Une fois ce Dialogue de haut niveau achevé, les États Membres devraient renforcer le dialogue international et la coopération, a-t-il conclu.
M. JOAO GOMES CRAVINHO, Secrétaire d’État aux affaires étrangères et à la coopération du Portugal, a estimé qu’il fallait s’intéresser autant aux migrations Nord-Sud, qu’aux déplacements Sud-Sud. Il a affirmé que les envois d’argent de la part des émigrés avaient un effet très positif dans leur pays d’origine. Lorsqu’elle est bien gérée, la migration peut, à son avis, contribuer considérablement au développement à la fois des pays d’accueil et d’origine, en mettant en garde contre le danger de vouloir mettre en exergue un seul aspect de ce phénomène.
L’intégration des migrants doit jouer un rôle clef dans les politiques régionales, a-t-il ajouté. Citant l’exemple du Portugal qui a connu une augmentation des flux migratoires et qui est aujourd’hui un pays d’accueil après avoir été un pays d’émigration, le Secrétaire d’État a précisé que son gouvernement était en train de formuler une nouvelle politique dans ce domaine visant à encourager l’immigration légale et à décourager l’immigration illégale. La nouvelle législation vise en particulier à lutter contre les réseaux de traite des personnes.
Par ailleurs, un observatoire des mouvements migratoires entre les pays lusophones avait été créé, compte tenu du fait que les migrations vers le Portugal provenaient de ces pays. Une conférence sur la question se déroulera d’ailleurs à Lisbonne du 2 au 6 octobre. En conclusion, il a affirmé que le Portugal comptait s’investir dans le dialogue entre l’Europe et l’Afrique dans le cadre d’un partenariat renforcé UE-Afrique. Précisant que son pays présidera l’Union européenne au deuxième trimestre de 2007, le Secrétaire d’État a annoncé que le Portugal entendait placer à cette occasion la question des migrations au cœur des priorités des États membres de l’Union européenne.
Mme JUDIT FAZEKAS LÉVAY, Secrétaire d’État à la justice de la Hongrie, s’est félicitée de la création du Groupe mondial sur l’immigration. La migration internationale s’est considérablement diversifiée et constitue un phénomène progressivement dynamique, a-t-elle ajouté, notant que son pays était devenu de plus en plus un pays d’accueil et de transit. Il est au croisement de deux routes migratoires vers l’Union européenne, la route orientale et la sud-orientale.
La Hongrie a, à ce titre, beaucoup d’expérience en matière d’initiatives régionales et de formes intergouvernementales de coopération liées à la migration, a-t-elle souligné. L’intervenante a indiqué que son pays soutenait la constitution d’un forum consultatif international basé sur la coopération des gouvernements.
La Secrétaire d’État a par ailleurs estimé que le Dialogue de haut niveau devait traiter aussi bien de questions horizontales que de questions techniques, mais, a—t-elle ajouté, il est indispensable de mettre l’accent sur les aspects pratiques des liens positifs entre migration et développement.
Mme TEOPOLINA MUSHELENGA, Vice-Ministre des affaires intérieures et de l’immigration de Namibie, a souligné la complexité des migrations, qui revêtent de nombreux aspects, telles que la sécurité, le développement social, politique et économique et les inégalités sexuelles. Sur ce dernier point, il faut tenir compte du fait que la majorité des migrants sont des femmes et que leur départ à l’étranger tient précisément à l’exploitation et à la traite dont elles sont les victimes. Pour sa part, la Namibie cherche à promouvoir et à réguler les flux migratoires de façon à ce qu’ils contribuent à ses objectifs de développement global et ne compromettent pas les progrès accomplis jusqu’à présent. Nous cherchons donc à attirer des investissements étrangers durables dans le pays, ainsi que des compétences spécifiques, pour en faire bénéficier les Namibiens, a précisé la représentante. Elle s’est déclarée toutefois réaliste en reconnaissant qu’une politique de migration doit prendre en compte la sécurité sociale et économique des pays d’accueil. Néanmoins, nous sommes convaincus que les migrations de personnes qualifiées à l’étranger constituent un avantage pour le pays d’accueil et une perte pour le pays d’origine.
La représentante s’est félicitée, à cet égard, de la coopération renforcée entre pays africains pour éviter que ces départs ne s’assimilent à une « fuite des cerveaux ». En outre, face au problème entre migration et droit d’asile qui se pose en Afrique australe, la Namibie compte examiner sous peu la question de l’intégration locale de réfugiés qui n’ont plus de liens avec leurs pays d’origine. Son Gouvernement vient en outre de conclure des accords avec ses voisins l’Angola et la Zambie, afin de permettre aux membres de leurs communautés respectives de se déplacer librement dans un certain périmètre de part et d’autre des frontières communes.
M. DELANO FRANKLYN, Ministre d’État, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Jamaïque, a insisté sur la nature multidimensionnelle des migrations et s’est associé à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine. Il a précisé que cette question ne pouvait se réduire au seul débat sécuritaire, même s’il est à la mode et que de nombreux aspects aussi divers et primordiaux que la fuite des cerveaux, la mobilité des personnes ou encore les droits de l’homme ne pouvaient être négligés. En ce qui concerne la Jamaïque, par exemple, ce phénomène migratoire n’a pas que des inconvénients puisque les transferts de fonds venant des Jamaïcains de l’étranger représentent, en 2005, environ 16% du PIB de l’île.
Pour autant, a-t-il poursuivi, ce reflux de dividendes ne peut être placé au même niveau que les pertes incalculables en ressources humaines occasionnées par la migration des personnes. Il faudrait, a ajouté M. Franklyn, que ce déficit en compétence et savoir-faire puisse être compensé par un organisme, par exemple sous la forme d’une contribution versée aux pays en développement pour la formation des cadres du secteur tertiaire.
Le respect des droits de l’homme et la protection juridique des migrants est un autre sujet majeur qui pousse la Jamaïque à s’impliquer plus avant dans la Convention internationale pour la protection des droits des travailleurs migrants et de leur famille. D’autre part, la montée de la migration féminine mérite un large débat, sachant que les conséquences de ces départs -les femmes représentent prés de 52% du flux migratoire dans les Caraïbes- risquent de modifier des structures familiales là où l’équilibre social est déjà fragile. Concluant sur la nécessité de poursuivre le dialogue et la réflexion, M. Franklyn a néanmoins rappelé que les perspectives politiques pour remédier à cette série de problèmes devaient trouver une formulation adéquate et qu’il fallait passer de la parole à l’action.
M. ISIKIA SAVUA (Fidji) a salué cette première tentative multilatérale de lancer un dialogue mondial sur les migrations, qui devrait permettre de souligner leurs effets positifs tout en contribuant à minorer leurs effets négatifs. Il a souligné que les migrations constituaient un élément clé du processus de mondialisation, qui peut être bénéfique tant aux pays d’origine qu’aux pays de destination. La coopération est donc essentielle afin que tous les pays bénéficient de ces effets positifs. M. Savua a soutenu la création d’un forum mondial des migrations, avant de souligner la nécessité d’étudier en détail les liens entre migration, développement et sécurité. Il a appelé à se concentrer sur la sécurité mondiale et les politiques de développement durable. La pauvreté, la croissance démographique et l’absence d’opportunités contribuent, selon lui, aux facteurs déclenchant les migrations.
M. Savua a ensuite estimé que les transferts de fonds devaient être facilités mais aussi rendus fiables et rapides. Il a cependant souligné qu’ils ne devaient pas être considérés comme un substitut aux investissements, aux aides au développement ou à la suppression de la dette, seuls susceptibles de mettre un terme au sous-développement. Par ailleurs, il a souligné que le dialogue devait permettre de garantir les droits et les libertés des migrants, et qu’il fallait mettre l’accent sur la protection des femmes et des enfants, qui constituent la majorité des migrants. Il a conclu en affirmant que la question des migrations ne pouvait être ignorée, dans la mesure où il s’agit d’un phénomène planétaire qui ne cesse de s’accroître.
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