L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE EXAMINERA LORS DE SA PROCHAINE SESSION LES PROPOSITIONS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL VISANT À PROMOUVOIR UNE CULTURE DE PRÉVENTION DES CONFLITS
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Assemblée générale
98e séance plénière – après-midi
L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE EXAMINERA LORS DE SA PROCHAINE SESSION LES PROPOSITIONS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL VISANT À PROMOUVOIR UNE CULTURE DE PRÉVENTION DES CONFLITS
Des délégations expriment des réserves sur l’adoption du concept de la « Responsabilité de protéger »
L’Assemblée générale a décidé* cet après-midi de poursuivre lors de sa soixante-et-unième session l’examen d’une série de recommandations du Secrétaire général, Kofi Annan, pour prévenir les conflits armés. L’élaboration de cette série de recommandations** parachève un processus de réflexion entamé il y a cinq ans pour parvenir à des progrès normatifs, politiques et institutionnels en matière de prévention des conflits armés dans le monde, compte tenu de l’énorme coût humain, politique, mais également économique qu’ils entraînent.
Les propositions du Secrétaire général visent à faire face aux sources systémiques de tensions et à renforcer les normes et les institutions mondiales au service de la paix. Les mesures proposées au niveau des pays visent à réduire les facteurs de risque spécifiques et à renforcer les infrastructures nationales d’appui à la paix. Des recommandations complémentaires soulignent l’importance pour tous les acteurs concernés d’agir de concert et de manière coordonnée.
Lisant un message du Secrétaire général, M. Mark Malloch Brown, le Vice-Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré qu’une culture de la prévention est effectivement en train de se mettre en place aux Nations Unies. A cet égard, M. Annan espère qu’avec l’aide des États Membres, son successeur pourra renforcer ce volet vital des travaux de l’ONU, a dit le Vice-Secrétaire général. M. Malloch Brown a également déclaré que la principale recommandation du rapportsoumis aujourd’hui à l’Assemblée était contenue dans son dernier paragraphe, par la phrase : « si seulement 2% du budget alloué au maintien de la paix était consacré à la prévention, une ou deux guerres pourraient être évitées chaque année ». Il nous appartient de relever ce défi, a-t-il déclaré aux États Membres.
Pour M. Jan Eliasson, Président de la soixantième session de l’Assemblée générale, le premier rapport global du Secrétaire général sur la question de la prévention des conflits, publié en 2001, a constitué la pierre angulaire du programme de travail des Nations Unies dans ce domaine. Depuis, l’Assemblée générale a adopté, entre autres, une Déclaration politique importante lors du Sommet de haut niveau de 2005, où elle a convenu de la nécessité de la notion de « Responsabilité de Protéger ». Cette responsabilité est un concept important pour donner à la communauté internationale les moyens dont elle a besoin pour la prévention des génocides, des nettoyages ethniques et des meurtres de masse, a rappelé M. Eliasson.
Partageant ce point de vue, l’Union européenne, qui était représentée par la Finlande, estime que chaque État a la responsabilité de protéger sa population des génocides, des crimes de guerre, des nettoyages ethniques et des crimes contre l’humanité. La représentante de la présidence de l’Union européenne a par ailleurs estimé qu’un élément central de la prévention des conflits était le lien qui existe entre développement socioéconomique et sécurité, quand on sait que la pauvreté a été identifiée comme une des causes profondes des guerres qui ont affecté de nombreuses régions.
Certains États, comme l’Indonésie se sont cependant dissociés du concept de « Responsabilité de protéger », l’adoption d’une telle notion devant, à leurs yeux, d’abord donner lieu à un examen approfondi qui tienne compte des concepts de souveraineté et d’égalité entre tous les États. Les pays partageant cette position ont plutôt d’abord mis l’accent sur la « prévention systémique », qui vise l’élimination du trafic illicite des petites armes, la dégradation de l’environnement, et la création d’une notion de responsabilité sociale. Ils ont accordé une place importante à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement dans le cadre de l’action préventive des conflits.
Pour la délégation du Guatemala, dont le pays a connu des années de conflits armés, la prévention des conflits doit être perçue à travers le prisme de la primauté du droit. Celle-ci est en effet « une notion centrale pour la légitimité de toutes les démocraties, qui elles-mêmes, doivent garantir le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales », a dit le représentant guatémaltèque. D’autres délégations ont insisté sur la nécessité d’identifier les causes profondes des conflits.
Les États dont la liste suit ont également pris la parole au cours de ce débat : Saint-Vincent-et-les Grenadines; Pérou; Gambie; Suisse; Tuvalu; Allemagne; Iles Salomon; Nigéria; Cambodge; Indonésie; Nicaragua; Japon; Bénin, et Chine. L’Observateur du Saint-Siège s’est également exprimé.
Par ailleurs, sérieusement préoccupée par les incendies de grande ampleur qui ont affecté le territoire azerbaïdjanais occupé, l’Assemblée générale a pris acte de l’intention de l’OSCE de dépêcher une mission dans la région.
Les pays suivants ont pris à cet égard la parole : Azerbaïdjan; États-Unis (au nom du Groupe de Minsk); Arménie; Ukraine (au nom du GUAM); Pakistan, et Turquie.
L’Assemblée générale se réunira en débat plénier demain, vendredi, 8 septembre, dans l’après-midi, pour examiner un certain nombre de questions dont le rapport du Groupe de travail ad hoc sur la revitalisation de ses travaux; un projet de résolution sur la création du Fonds pour l’établissement de la paix; un projet de résolution relatif à la Stratégie des Nations Unies contre le terrorisme, et le rapport de la Quatrième Commission concernant les opérations de maintien de la paix.
* Conformément à la résolution adoptée sans vote et portant la cote A/60/L.61.
** Ces recommandations sont contenues dans le Rapport d’activité du Secrétaire général sur la prévention des conflits armés portant la cote A/60/891.
*** Résolution portant la cote A/60/L.60/rev.2.
PRÉVENTION DANS LES CONFLITS ARMÉS
Présentation du rapport du Secrétaire général (A/60/891)
Dans ce rapport, le Secrétaire général déclare que « la prévention des conflits est l’une des principales obligations énoncées dans la Charte des Nations Unies et que la responsabilité première incombe à cet égard aux gouvernements ». Depuis la publication en 2001 du premier rapport du Secrétaire général sur cette question, des progrès importants ont été accomplis dans les domaines normatif, politique et institutionnel, plus particulièrement avec l’adoption des résolutions 55/281 et 57/337 de l’Assemblée générale, de la résolution 1366 (2001) du Conseil de sécurité, et du Document final du Sommet mondial de 2005. Le présent rapport est établi en application de ces résolutions.
Selon ce document, une culture de la prévention commence à s’implanter aux Nations Unies, et des progrès considérables ont été faits aux niveaux international et national, de nouveaux outils et mécanismes ne cessant d’être mis en place. Un fossé inacceptable continue toutefois de séparer la rhétorique de la réalité, estime M. Kofi Annan. Pour en discerner les raisons, le rapport met tout d’abord l’accent sur les mandats, pour passer ensuite à une explication approfondie des moyens dont dispose la communauté internationale pour prévenir les conflits. Il examine aussi le potentiel de l’action préventive à plusieurs niveaux, en étudiant les aspects opérationnels et structurels de la question et en introduisant un troisième domaine d’action – la prévention systémique – qui se réfère aux mesures visant à faire face aux risques de conflit existant sur le plan mondial, au-delà des divers États. Dans ce rapport, le Secrétaire général examine également les moyens susceptibles de renforcer les normes et les institutions qui réduisent la viabilité et la probabilité des conflits armés.
Alors que la communauté internationale prend conscience de la complexité d’une action préventive efficace, il est manifeste qu’aucun État ou organisation ne peut agir seul, indique M. Kofi Annan. Tout en étant pleinement responsables du maintien de la paix à l’intérieur de leurs frontières, les gouvernements souverains doivent pouvoir compter sur l’appui d’acteurs extérieurs dont les activités peuvent se révéler cruciales pour aider à prévenir les conflits, recommande-t-il en appelant une attention particulière sur les contributions que peuvent faire ces acteurs. En application de la résolution 57/337 de l’Assemblée générale, ce rapport du Secrétaire général examine également comment la capacité des Nations Unies peut être renforcée et quelles lacunes doivent être comblées afin que l’Organisation soit mieux à même d’accomplir sa mission préventive.
Le Secrétaire général conclut ce rapport en présentant un certain nombre de recommandations importantes. Il s’agit notamment de propositions visant à faire face aux sources systémiques de tensions et de renforcer les normes et les institutions mondiales au service de la paix. Le Secrétaire général demande ainsi aux États Membres de faire face, de manière plus globale, aux sources principales de tension dans les régions et les pays vulnérables aux conflits. Les mesures à prendre devraient consister à renforcer les efforts, en vue de réglementer le commerce des ressources naturelles qui alimentent les conflits; à assurer un plus grand appui aux initiatives du secteur privé concernant les pratiques commerciales sensibles aux conflits; à renouveler les engagements pris et à élaborer des mécanismes concrets afin de réduire la circulation illicite des armes légères; à trouver un terrain d’entente pour la prévention de l’emploi des armes nucléaires, chimiques et biologiques; à lutter contre la prolifération du VIH/sida; à combattre la dégradation de l’environnement; à accorder une plus grande attention au lien entre la prévention et les migrations; à redoubler d’efforts en vue d’atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement; et à renforcer le respect des droits de l’homme. M. Kofi Annan invite en outre la communauté internationale à assumer, de manière plus explicite, la « responsabilité de prévenir », notamment en étudiant et en utilisant efficacement des moyens pacifiques pour aider les États à s’acquitter de leurs obligations concernant la protection de leur population.
Les mesures proposées au niveau des pays visent à réduire les facteurs de risque structurels et à renforcer les infrastructures nationales d’appui à la paix. Il conviendrait notamment d’adopter une démarche stratégique plus robuste à l’égard de l’assistance pour la mise en place de la démocratie, la tenue d’élections et la capacité d’élaboration d’une constitution, indique Kofi Annan. A cet effet, le Secrétaire général espère que les deux principales initiatives intergouvernementales visant à faire progresser les principes de la démocratie – le « Mouvement des démocraties nouvelles ou rétablies », et la « Communauté des démocraties » – pourront étudier les moyens de mieux se compléter et de travailler en collaboration. M. Annan invite en outre les États Membres à envisager de créer les éléments d’une infrastructure nationale au service de la paix.
Des recommandations complémentaires soulignent l’importance pour tous les acteurs concernés d’agir de concert. Enfin, le rapport offre certaines recommandations sur les moyens de renforcer la capacité de l’Organisation des Nations Unies à remplir son mandat dans le domaine de la prévention des conflits. Parmi elles, le Secrétaire général demande notamment aux États Membres d’appuyer les efforts communs du système des Nations Unies dans son ensemble, en particulier ceux qui sont fondés sur la collaboration entre les secteurs du développement, de l’action humanitaire, des droits de l’homme et des questions politiques, pour la prévention des conflits violents. Il appelle tout particulièrement à renforcer le soutien aux efforts visant à mettre en place, dans les États Membres, leurs propres capacités de prévention des conflits armés et de médiation dans les conflits que créent inévitablement les processus de développement.
Déclarations
M. JAN ELIASSON, Président de l’Assemblée générale, a, en évoquant le rapport d’activité du Secrétaire général sur la prévention des conflits, insisté sur la nécessité de l’action préventive d’un point de vue humain, politique, mais également économique, compte tenu de l’énorme coût induit par les guerres et par la reconstruction des sociétés ravagées par les conflits. M. Eliasson a, à cet égard, souligné l’engagement du Secrétaire général dans la diplomatie et l’action préventive. Cet engagement a été un élément déterminant de l’intégration d’une culture de prévention dans toutes les activités de l’Organisation relative à la prévention et à la résolution des conflits. Le premier rapport global du Secrétaire général sur cette question a constitué la pierre angulaire du programme de travail des Nations Unies en matière de prévention, a indiqué M. Eliasson. Sur la base de ce rapport, présenté en 2001, les membres de l’Assemblée générale ont alors adopté un plan d’action pour l’action préventive des Nations Unies. Ce plan d’action en faveur d’actions préventives de la part de l’ONU figure dans le texte de la résolution 57/337, a-t-il précisé.
Le Président de l’Assemblée générale a souligné que du rapport présenté aujourd’hui, il ressort que la plupart des activités des Nations Unies comportent une dimension préventive. « Je ne peux qu’appuyer le Secrétaire général quand il encourage les États Membres à faire davantage usage de la négociation, de la médiation et de la conciliation », a dit M. Eliasson. Dans son rapport, le Secrétaire général met également en avant des questions cruciales auxquelles il faut apporter des réponses, comme par exemple la vente et l’exploitation illicites des ressources naturelles; les guerres économiques; la prolifération illégale des petites armes et de petit calibre; la pandémie du VIH/sida; la dégradation de l’environnement, et les migrations. Les Nations Unies, a ajouté M. Eliasson, ont les moyens uniques qui leur permettraient de répondre à ces défis de manière globale. La plupart des éléments de réforme adoptés au cours de cette session constituent des outils permettant l’action préventive des conflits armés, a-t-il poursuivi. « Nous disposons de la Commission de consolidation de la paix, d’un Conseil des droits de l’homme, et travaillons à la mise en œuvre des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD)», a souligné le Président de l’Assemblée. A cet égard, la Commission de consolidation de la paix a un potentiel qui lui permettrait de faire la différence dans les pays sortant de conflit, afin qu’ils puissent s’engager sur la voie d’un développement durable au lieu de retomber dans la violence. La réalisation des OMD et une bonne approche de réduction de la pauvreté permettraient quant à elles de bâtir et de maintenir les bases de la paix, a dit M. Eliasson en rappelant que le Sommet mondial de 2005 avait clairement reconnu le lien qui existe entre le développement, la paix, la sécurité et les droits de l’homme.
L’Assemblée générale a également adopté une Déclaration politique importante lors du Sommet de haut niveau de 2005, où elle a convenu de la « Responsabilité de protéger », et elle a d’autre part, créé un Fonds pour la démocratie, a déclaré M. Eliasson. La responsabilité de protéger est un concept important pour la prévention des génocides, des nettoyages ethniques et des meurtres de masse, a rappelé M. Eliasson.
M. MALLOCH BROWN, Vice-Secrétaire général des Nations Unies, a lu un message du Secrétaire général, M. Kofi Annan, dans lequel celui-ci déclare qu’un an après son entrée en activité, la Commission Carnegie sur la prévention des conflits armés inspirait déjà le respect de tous. Depuis lors, le Secrétariat s’est efforcé de s’appuyer sur les travaux de la Commission, des rapports sur ce point ayant été soumis en 2001 et en 2003. Le présent rapport établit en premier lieu qu’une culture de la prévention est effectivement en train de se mettre en place aux Nations Unies. M. Annan espère qu’avec l’aide des États Membres, son successeur pourra renforcer ce volet vital des travaux de l’ONU.
M. Malloch Brown a poursuivi la lecture du message du Secrétaire général en déclarant que la principale recommandation du rapport soumis aujourd’hui à l’Assemblée était contenue dans son dernier paragraphe, où il est écrit que « si seulement 2% du budget alloué au maintien de la paix était consacré à la prévention, une ou deux guerres pourraient être évitées chaque année ».
« Si tout le monde reconnaît que la prévention est ce qu’il y a de mieux, pourquoi persiste-t-il tant de réticences à investir dans la mise en œuvre de ce concept, alors même que les coûts en sont peu élevés? », a demandé M. Malloch Brown. A ses yeux, la raison est que l’efficacité des stratégies de prévention est très difficile à prouver. Toutefois, a-t-il poursuivi, des exemples convaincants de réussite en la matière existent, tels le différend frontalier opposant le Cameroun au Nigéria, la crise politique en Équateur, ou encore les tensions au Guyana. Malheureusement, a déploré M. Malloch Brown, il est plus facile de citer les conflits qui n’ont pu être empêchés. Le désastre de la Côte d’Ivoire aurait ainsi pu être évité, si l’ancien gouvernement ivoirien avait accepté l’aide étrangère qui lui avait été offerte. La prévention, a conclu le Vice-Secrétaire général, reste un domaine prometteur qui pose encore bien des questions. Gageons que les Nations Unies seront y répondre.
S’exprimant au nom de l’Union européenne dont son pays assume la présidence, Mme KIRSTI LINTONEN (Finlande) a déclaré que le rapport du Secrétaire général reconnaissait les progrès accomplis par les Nations Unies dans le domaine d’une culture de prévention des conflits armés. A cet égard, le Document final du Sommet mondial de 2005 constitue une étape très importante dans la promotion d’une telle culture, a-t-elle estimé. La représentante s’est également félicitée de l’établissement du Conseil des droits de l’homme et de la Commission de la consolidation de la paix, qui devraient contribuer à empêcher les pays qui sortent d’un conflit d’y retomber. Mme Lintonen a ensuite estimé que l’élément central de la discussion aujourd’hui était le lien entre développement et sécurité, quand on sait que la pauvreté a été identifiée comme une des causes profondes des conflits. Aussi la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) doit-elle être considérée comme un moyen de réduire les tensions qui existent dans les pays vulnérables exposés à des risques de conflit.
Pour faire face aux menaces de conflits, la mise en place de cadres institutionnels et normatifs internationaux n’est pas suffisante, a toutefois indiqué la représentante de la Finlande en estimant qu’elle devait être suivie d’un respect et d’une mise en œuvre concrète. Saluant ensuite le travail de la Cour pénale internationale, elle a souligné l’importance de poursuivre la lutte contre l’impunité et de faire traduire en justice les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. L’Union européenne réitère son soutien aux conclusions du Document final, selon lesquelles chaque État a la responsabilité de protéger sa population des génocides, des crimes de guerre, des nettoyages ethniques et des crimes contre l’humanité, a souligné Mme Lintonen. Une mauvaise gouvernance, la corruption et l’absence d’état de droit, constituent des problèmes qui peuvent conduire à l’instabilité et à l’apparition de conflits, a précisé Mme Lintonen, qui a salué ensuite l’intérêt accordé par le rapport du Secrétaire général au rôle des parlementaires dans la promotion des processus de paix dans les pays affectés par les violences. La société civile est d’autre part un acteur important dans la prévention des conflits armés, avec qui l’ONU doit renforcer ses partenariats à l’avenir, a dit la représentante.
L’Union européenne soutient la mise en œuvre concrète de la résolution 1325 (2000), intitulée « Femmes, paix et sécurité », et elle souligne l’importance d’intégrer aux stratégies de prévention des conflits une perspective sexospécifique afin de lutter contre les violences infligées aux femmes et aux filles, a indiqué Mme Lintonen. L’Union européenne partage en outre les préoccupations du Secrétaire général quant aux dangers qui menacent les enfants dans les situations de conflit. L’Union européenne pense que l’ONU et le Secrétaire général doivent continuer de jouer un rôle de premier plan dans la prévention des conflits, malgré la persistance de nombreuses lacunes, a déclaré la représentante de la Finlande en ajoutant que l’Union européenne s’était toutefois félicité des efforts déployés dans le renforcement de la coordination et de la cohésion au sein du système des Nations Unies.
M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ (Égypte) a déclaré que la prévention des conflits armés continuait d’être une des questions les plus importantes pour les Nations Unies. Il faut donc parvenir à un vaste accord au sein de l’Assemblée générale pour mettre en place une stratégie appropriée permettant de faire face à ce problème. Il faudrait d’abord traiter les causes des conflits armés en amont, et déployer des efforts supplémentaires, en particulier aux Nations Unies, pour éviter l’occupation des territoires de certains peuples par des forces étrangères, a poursuivi le représentant. Mais cet aspect n’a pas été développé dans le rapport du Secrétaire général, en dépit de l’urgence revêtue par cette question, s’est-il ensuite étonné. Or, l’histoire a prouvé que la principale raison de la persistance du conflit au Moyen-Orient est l’occupation de plusieurs territoires arabes par les forces d’occupation étrangères, a affirmé le représentant. Aussi la Ligue des États arabes demande-t-elle que soient renforcés les efforts politiques indispensables à la résolution du conflit israélo-arabe, a dit le représentant de l’Égypte.
Un travail approfondi est également nécessaire pour examiner les raisons de l’échec de la conférence d’examen du TNP, qui nous amène à poser le problème de la nucléarisation de plusieurs puissances régionales. Les États dotés d’armes nucléaires ont une responsabilité majeure dans les blocages existants, comme cela a été réaffirmé dans le document final de 2000, a indiqué le représentant. L’Égypte a toujours estimé qu’il est capital de créer des zones exemptes d’armes nucléaires, en particulier au Moyen-Orient, et qu’il serait bienvenu qu’à cette fin, tous les pays de la région deviennent parties au TNP. Il faut également se pencher sur les raisons qui ont permis que des actions hostiles soient commises au Liban, a poursuivi le représentant de l’Égypte. Le Conseil de sécurité devrait donc être doté de responsabilités préventives pour faire face à de telles crises, a-t-il ajouté en conclusion.
Mme MARGARET HUGUES FERRARI (Saint-Vincent-et-les-Grenadines) a rappelé que certains des principes fondamentaux des Nations Unies sont inclus au Chapitre I de la Charte, notamment le maintien de la paix et la prévention des conflits armés. Le Chapitre VI consacre le règlement des différends par des voies pacifiques, a-t-elle indiqué. La représentante a attiré l’attention sur les tensions qui existent entre la Chine et Taïwan en rappelant qu’en 2004 la Chine avait adopté une loi antisécession pour légitimer l’emploi de la force militaire comme outil de règlement des conflits dans le détroit de Taïwan. « Cette loi vise à légitimer la violence armée », a dénoncé la représentante. La Chine, État Membre des Nations Unies, ne doit pas agir de manière à violer les responsabilités sérieuses que lui confère son siège permanent au Conseil de sécurité, a-t-elle dit. La Chine viole clairement la Charte des Nations Unies, et le Conseil a souvent été coupable d’inaction, a-t-elle accusé. Il incombe aux États Membres de servir de catalyseur à un dialogue pacifique pour régler la question de Taïwan, a recommandé la représentante.
M. CARLOS OBANDO (Pérou) a souligné qu’il était non seulement urgent de renforcer les efforts de maintien de la paix, mais aussi de promouvoir une prévention renforcée des conflits. Il est nécessaire de disposer de mécanismes plus rapides en ce domaine, comme par exemple la suppression partielle ou totale de la dette extérieure ou l’établissement de facilités tarifaires pour les pays en développement, qui, traditionnellement, sont les plus vulnérables aux conflits armés. Le pacte mondial en faveur de l’Afghanistan est un bon exemple de stratégie intégrée, a estimé le représentant péruvien. Dans le cadre de cette initiative, les organismes des Nations Unies apportent un appui à l’action concertée des instances nationales afghanes, afin d’insérer ce pays dans une économie mondialisée. Pour prévenir l’émergence des confits armés, il faut également adopter, au niveau national, des mesures en vue de renforcer le dialogue politique, le respect des droits de l’homme, le renforcement des organismes étatiques et du secteur de la sécurité. L’ONU a pour sa part une approche intégrée à suivre et à mettre en œuvre dans le domaine de la prévention. Les organes des Nations Unies s’occupent généralement des conflits une fois qu’ils ont éclaté, a ensuite noté le représentant, en ajoutant que c’est après le déclenchement des violences que l’ONU mettait jusqu’à ce jour en marche les mécanismes prévus par les termes du chapitre VI de la Charte. Rappelant que la dégradation de l’environnement avait conduit à la pénurie de ressources naturelles indispensables, comme l’eau, le représentant du Pérou a cité le rapport du Groupe de haut niveau mis en place en 2004, qui mentionne ce phénomène comme étant un facteur d’aggravation et d’émergence de conflits armés.
M. JORGE SKINNER-KLEE (Guatemala) a évoqué les conséquences d’années de conflit armé sur la société guatémaltèque et le processus de réconciliation en cours, qui passe par l’identification des responsabilités des différentes parties. Le représentant a déclaré que l’action préventive est inscrite au Chapitre I de la Charte des Nations Unies, tout en précisant que pour son pays, la prévention des conflits doit être perçue à travers le prisme de la primauté du droit. La primauté du droit est en effet une notion centrale pour la légitimité de toutes les démocraties, qui elles-mêmes, doivent garantir le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Dans ce contexte, il est de la plus grande importance d’établir un dialogue avec les divers acteurs concernés, a dit le représentant. « Nous reconnaissons l’importante contribution des représentants de la société civile, du secteur privé et des institutions religieuses », a-t-il indiqué. Le représentant du Guatemala a ensuite salué les efforts déployés au sein des Nations Unies pour renforcer les capacités d’intervention préventive de l’Organisation tout en garantissant que de telles activités sont menées dans le respect de la Charte et du droit international. Le représentant a encouragé le Bureau pour la prévention des crises et la reconstruction du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) à continuer à mener ses activités, en soulignant l’importance de la coopération entre les institutions du système des Nations Unies.
M. CRISPIN GREY-JOHNSON (Gambie) a estimé qu’il était important de traiter de la même manière les États qui agressent leurs voisins et ceux qui sont responsables du déclenchement des conflits. Les Nations Unies doivent en outre développer leurs capacités à mener des actions concertées avec les organisations régionales. La réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) pourrait également faciliter la prévention des conflits, a poursuivi la délégation gambienne. Cependant, a poursuivi son représentant, les nombreuses tensions que l’on observe à travers le monde peuvent être liées à des préjugés entre les civilisations. Il a estimé qu’il revient aux Nations Unies d’atténuer ces divergences au travers notamment de l’Alliance des civilisations. La Gambie regrette la dégradation de la situation dans le détroit de Taïwan, où la Chine est en train de remettre en cause la sécurité de la région en développant un arsenal militaire qui comprend mille missiles de plus chaque année. La Chine n’a d’ailleurs pas exclu de recourir à des moyens non pacifiques, a estimé la délégation gambienne, selon laquelle ¨ »la Chine a virtuellement déclaré l’an dernier la guerre à Taïwan ». « La situation s’est dégradée à tel point qu’il devient urgent pour le Conseil de sécurité de se saisir de cette question », a dit le représentant de la Gambie. « La Gambie a donc lancé un appel pour qu’un processus de médiation soit ouvert, conformément au Chapitre VI des Nations Unies », a-t-il indiqué.
M. ANDREAS BAUM (Suisse) a déclaré que l’examen de la capacité du système des Nations Unies en matière de prévention des conflits démontre que les diverses actions menées pourraient être mieux coordonnées. La contribution spécifique de chaque partie prenante à ces efforts devrait être reconnue aux fins d’une cohérence renforcée et de l’élimination d’éventuels doubles emplois au sein du système onusien, a dit M. Baum. Un regard sur l’ensemble des conflits actuels montre que les efforts internationaux en matière de prévention des conflits et les capacités de l’ONU doivent être renforcés. Nos débats à ce jour ont trop souvent porté sur l’arrêt des hostilités et n’ont pas suffisamment porté sur les causes sous-jacentes des conflits; sans parler des souffrances humaines et des conséquences sociales, économiques et environnemental de ces conflits. Ainsi, ce rapport du Secrétaire général vient à point nommé, a dit M. Baum. Le représentant a estimé qu’il était important d’associer la société civile au dialogue en cours, sans sous-estimer le rôle et la responsabilité de ses représentants dans ce domaine. La prévention des conflits est une priorité du gouvernement suisse qui s’engagera activement et de manière substantielle dans ce débat, a-t-il indiqué.
M. ENELE SOSENE SOPOAGA (Tuvalu) a souligné l’importance du rôle joué par les Nations Unies dans l’adoption de mesures de prévention efficaces et réalistes. Nous devons ainsi reconnaître que l’ONU a réussi par le passé à prévenir et à résoudre un certain nombre de conflits dans le monde, a dit le représentant. Toutefois, les tensions actuelles dans la péninsule de Corée, et la menace de l’usage de la force dans le détroit de Taïwan, constituent des situations potentielles de conflits dont le Conseil de sécurité doit se saisir rapidement, a estimé la délégation de Tuvalu, qui a demandé aux Nations Unis de faire preuve de responsabilité face aux violations des dispositions de la Charte des Nations Unies qui permettent cette montée des tensions.
Mme BEATRIX KANIA (Allemagne) a soutenu l’analyse du Secrétaire général selon laquelle l’action préventive passe par une compréhension des origines des conflits. L’option de la violence doit être perçue comme l’option la moins valable, a-t-elle estimé. La responsabilité de la prévention doit être en premier lieu celle des États, qui doivent renforcer leurs capacités à gérer les risques structurels. Mais les États ont également besoin d’une source de soutien extérieur, a ajouté la représentante, y compris de la part des Nations Unies dans les domaines de l’édification des capacités nationales. La paix, le développement, les droits de l’homme, les libertés fondamentales, et la primauté du droit sont largement liés, a-t-elle dit. La mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement contribuera à réduire les sources de tension dans ceux des pays en développement qui sont si vulnérables aux risques de conflit. Dans ce contexte, l’Allemagne accorde une attention particulière à la proposition du Secrétaire général de développer la notion de « responsabilité de protéger », et celle de la « responsabilité de prévenir ». L’Allemagne, a ajouté la représentante, a soutenu la Conférence sur le partenariat mondial pour la prévention des conflits armés qui s’est tenu à New York en septembre 2005.
M. COLIN D. BECK (Îles Salomon) a affirmé que la principale cause des conflits était liée au problème du développement. La bonne gouvernance, la santé, l’éducation, sont en effet des domaines importants pour préserver la stabilité des pays, a-t-il souligné. Les Îles Salomon se félicitent des différents mécanismes existant dans le système des Nations Unies, comme la Commission de consolidation de la paix. Concernant le VIH/sida, le représentant a souhaité que la communauté internationale s’occupe de la même manière de tous les pays, petits ou grands. Il s’est dit préoccupé par le fait que certaines menaces n’ont pas été prises en compte dans le rapport du Secrétaire général, comme la situation tendue qui prévaut dans le détroit de Taiwan.
M. WIDGYA CHEM (Cambodge) a déclaré le soutien de sa délégation au projet de résolution de nature procédurale adopté aujourd’hui par l’Assemblée en précisant que les recommandations qui sont contenues dans le rapport du Secrétaire général sont utiles et devraient faire l’objet de discussions au cours de la prochaine session de l’Assemblée générale. Il a indiqué qu’il partageait l’avis du Secrétaire général selon lequel il y a un fossé énorme entre la théorie et la réalité. Les performances des Nations Unies en matière de prévention de conflit armés n’ont pas été jugées satisfaisantes par les États Membres, a indiqué le représentant qui a évoqué le nombre de conflit ayant éclaté dans le monde et qui ont causé de nombreuses morts aussi bien civiles que militaires. M. Chem s’est dit par ailleurs satisfait du compromis auquel sont parvenus les États Membres au cours des réunions du Groupe de travail visant à ce que le projet de résolution sur la revitalisation de l’Assemblée générale soit adopté en séance plénière. Une telle revitalisation ne fera qu’accroître l’efficacité des Nations Unies à maintenir la paix et la sécurité dans le monde, a déclaré le représentant cambodgien.
M. AMINU B. WALI (Nigéria) a souligné la nécessité de mettre un terme aux conflits existants en Afrique pour permettre aux pays du continent de parvenir à la stabilité et la paix. Un engagement permanent de la part de ceux-ci par le biais d’initiatives comme celle de la « paix pour l’Afrique », et au niveau du Conseil de sécurité, est indispensable, a-t-il estimé. Le représentant a ensuite incriminé la pauvreté comme étant le terreau sur lequel se développent la plupart des conflits armés. La communauté internationale devrait donc mieux répondre aux besoins socioéconomiques des pays en développement, en s’attaquant notamment à la pandémie du VIH/sida, et à la tuberculose et au paludisme, qui constituent des facteurs susceptibles de fragiliser la situation sanitaire et économique des pays pauvres. La lutte contre la circulation illicite des armes légères devrait également être renforcée, a dit M. Wali. Le représentant a, en conclusion, cité en exemple le Cameroun et le Nigéria, qui ont démontré que la volonté politique pouvait parfois permettre de résoudre des divergences profondes. Ces deux pays ont pu résoudre, sans conflit, et dans le respect du droit international, le litige frontalier qui les opposait.
M. ADIYATWIDI ADIWOSO ASMADY (Indonésie) a déclaré que la tragédie récente qu’a connu le Liban et les retards qu’a pris le Conseil de sécurité à mettre un terme aux hostilités ont coûté des vies innocentes d’hommes, de femmes, et d’enfants, et rappellent une fois de plus la nécessité qu’il y a à renforcer les normes internationales de respects de la vie humaine, de coexistence pacifique et de la paix. « Le Secrétaire général parle au nom de nombre d’entre nous lorsqu’il dit qu’il existe un fossé entre la théorie et la pratique, au vu des nombreux conflits en cours dans le monde et des tensions croissantes entre diverses parties du monde », a dit le représentant indonésien. Le multilatéralisme doit être au cœur de notre action préventive des conflits au niveau interne, et dans ce contexte, la Charte des Nations Unies et les principes du droit international doivent nous servir de guide, a-t-il recommandé. Il revient en premier aux États de mettre en œuvre des programmes et des stratégies de promotion de la paix, tandis que la communauté internationale doit soutenir de tels efforts et renforcer les capacités locales.
Abordant le rapport du Secrétaire général, le représentant s’est félicité de l’accent mis sur la « prévention systémique », qui vise l’élimination du trafic illicite des petites armes, la dégradation de l’environnement, et la création d’une notion de responsabilité sociale. Dans ce cadre, la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement est de la plus grande importance pour l’élimination des inégalités systémiques. En revanche le concept de « Responsabilité de protéger » devrait être examiné avec attention, en tenant compte de la souveraineté et de l’égalité entre tous les États, a souligné le représentant. « Nous nous opposons aux menaces proférées contre certains peuples, pays ou groupes de pays, qui sont des mesures contre-productives », a-t-il souligné. Les sanctions doivent être imposées avec le plus grand soin, et nous pensons également que la fourniture d’aide ne doit pas être conditionnée par des demandes inacceptables.
M. AMINU BASHIR WALI (Nicaragua) a déclaré que pour éviter les conflits, il fallait en comprendre l’origine et ne pas méconnaître les injustices sous-jacentes qui conduisent les parties à prendre les armes. Le rapport rappelle la distinction entre la prévention opérationnelle et la prévention structurelle et introduit la notion de prévention systémique, qui pose l’idée d’une intervention qui irait au-delà des simples instances nationales, a relevé le délégué nicaraguayen. Le représentant s’est ensuite félicité que le rapport fasse état de l’attachement des pays d’Amérique centrale à la paix et à la stabilité régionales. Le Nicaragua participe ainsi actuellement à trois procédures de la Cour pénale internationale, a-t-il rappelé. Toutefois, le rapport ne fait pas mention des efforts faits par plusieurs organismes régionaux, notamment la Commission interaméricaine, qui redoublent d’efforts pour éradiquer la production et le trafic de substances psychotropes. Des saisies massives de cocaïne ont en outre été faites par la police du Nicaragua, a indiqué le représentant. Il a, en conclusion, attiré l’attention sur la situation dans le Sud-Est asiatique, en particulier dans le détroit de Taïwan, vers lequel sont actuellement pointés des centaines de missiles. Pourtant, a-t-il regretté, l’ONU n’a encore pris aucune mesure en vue de prévenir l’émergence d’un conflit dans la région.
M. TOSHIRO OZAWA (Japon) a affirmé que le concept de prévention des conflits semblait bien établi, grâce à la promotion de la « culture de prévention » développée dans le Document final du Sommet mondial de 2005. En ce qui le concerne, le Japon soutient depuis longtemps la nécessité d’une approche globale en ce domaine, qui prenne en compte la question sous tous ses aspects, politique, économique, social et humanitaire. Un des éléments les plus importants de l’approche japonaise est l’engagement envers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a dit M. Ozawa. À cette fin, son Gouvernement a annoncé au dernier Sommet Asie-Afrique de 2005 le doublement de son aide publique au développement de l’Afrique au cours des trois prochaines années, une aide qui sera portée à hauteur de 10 milliards de dollars d’ici à au plus tard cinq ans. Le représentant a ensuite souligné le rôle déterminant des Nations Unies pour prendre les mesures opérationnelles nécessaires en vue de prévenir l’escalade des conflits. Toutefois, a-t-il fait observer, les organisations régionales jouent également leur rôle, et il serait bienvenu que l’ONU renforce sa coopération avec celles-ci à l’avenir. Enfin, le représentant du Japon a souligné l’importance de la Commission de consolidation de la paix pour empêcher que les États qui se relèvent d’un conflit n’y retombent dans les cinq années qui suivent, cette période étant généralement considérée comme la plus sensible.
M. JEAN-FRANCIS R. ZINSOU (Bénin) a indiqué que le rapport du Secrétaire général se distinguait par l’effort d’affinement des outils conceptuels pour l’analyse des phénomènes, en particulier en mettant l’accent sur des axes systémique, structurel et opérationnel. Le représentant a par ailleurs retenu l’appel à la participation des États aux cadres réglementaires internationaux. Le renforcement des mécanismes de prévention des conflits a connu un essor, en particulier en Afrique, dans le cadre de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, a-t-il noté. Il est d’autre part indispensable de renforcer l’efficacité des fonctions qu’exerce le Secrétaire général dans la mise en œuvre des mesures de prévention, et donc la capacité d’analyse du Secrétariat. Cela suppose aussi qu’il faille renforcer les bureaux régionaux des Nations Unies et recourir de manière accrue à des missions politiques spéciales lorsque cela est nécessaire, a dit M. Zinsou. Pour la délégation du Bénin, la question de la mobilisation de ressources financières suffisantes pour développer les dispositifs des Nations Unies est également cruciale, a-t-il indiqué. A cet égard, la proposition de consacrer des ressources à hauteur de 2% du budget des opérations de maintien de la paix à la prévention des conflits recevra notre soutien, a indiqué le représentant.
M. LI JUNHUA (Chine) a dit que son pays accordait une importance particulière à la prévention des conflits armés, mais a déclaré qu’il avait besoin de plus de temps pour évaluer l’ensemble des recommandations qui sont contenues dans le rapport au cours de la prochaine session de l’Assemblée. Le représentant a regretté par ailleurs que certaines délégations aient abordé la question de Taïwan au cours de ce débat, et a réitéré l’existence d’une seule Chine dans le monde, dont Taïwan fait partie. La résolution 2759 avait rallié un consensus écrasant et établissait bien qu’il s’agissait d’une question interne à la Chine, a souligné le représentant. Certains représentants ont évoqué la Charte, dont le principe principal est la non-ingérence dans les affaires internes d’un pays, a-t-il relevé en notant qu’aborder la question de Taïwan est donc totalement injustifiée dans le cadre d’un débat comme celui tenu aujourd’hui par l’Assemblée.
Mgr CELESTINO MIGLIORE, Observateur du Saint-Siège, a déclaré qu’il était indispensable de renforcer la lutte contre la criminalité transnationale organisée, qui est souvent à l’origine de la plupart des conflits armés. Il a également souligné l’importance de l’action menée par les institutions du Saint-Siège dans des situations postconflits partout dans le monde. La délégation du Saint-Siège a enfin prévenu que les premières victimes des sanctions étaient souvent les populations civiles, alors qu’elles sont supposées être protégées par ces mêmes sanctions.
LA SITUATION DANS LES TERRITOIRES AZERBAIDJANAIS OCCUPÉS
Explications de vote
M. YASHAR ALIYEV (Azerbaïdjan) a indiqué que la date anniversaire de la Journée de la terre, fixée au 5 juin, a été éclipsée par des incendies de grande ampleur, et que les images des régions occupées ont confirmé pleinement les observations et évaluations initiales. La superficie des zones touchées par les incendies avait atteint 130 kilomètres carrés à la fin du mois de juin. Début juillet, les incendies se sont propagés à d’autres territoires occupés, atteignant une surface de 260 kilomètres carrés fin août. Le Gouvernement a demandé au Président en exercice de la CEE de déployer une mission d’enquête qui a confirmé l’évaluation faite précédemment et a souligné la nécessité d’une assistance internationale en raison d’un manque de moyens au plan national, a indiqué le représentant. « Nous sommes préoccupés par le fait que ces incendies se poursuivent sur des terres fertiles détruisant champs, vergers et villages, et les rendant impropres à la vie humaine. L’écosystème fragile de cette région est menacé. Nous devons prendre de toute urgence des mesures pour réhabiliter ces territoires, a déclaré le représentant. Dans ce texte, nous nous sommes concentrés sur les aspects humanitaires, a-t-il indiqué.
S’exprimant au nom des Coprésidents du Groupe de Minsk, M. ALEJANDRO D. WOLFF (États-Unis) a déclaré qu’après examen des informations présentées par le Gouvernement d’Azerbaïdjan, sa délégation a noté que les incendies naturels et d’origine humaine se produisaient régulièrement dans la région. Seul un examen technique précis permettra d’établir si ces incendies constituent un danger sur le plan écologique pour la région. Se félicitant de la bonne volonté démontrée par l’Arménie et l’Azerbaïdjan, la délégation américaine a estimé qu’il s’agissait d’une mesure de confiance de nature à faciliter le processus des négociations entre les deux parties.
Le représentant de l’Arménie a déclaré que sa délégation avait été surprise de voir un projet de résolution de l’Azerbaïdjan circuler au sein de l’Assemblée générale, alors que l’OSCE avait dépêché une mission technique dans les territoires où se seraient déclenchés ces incendies. Nous sommes opposés à l’idée de voir cette question abordée dans le cadre d’une instance comme l’Assemblée générale, a déclaré le représentant de l’Arménie, en estimant que cette démarche « servait manifestement d’autres desseins politiques ». L’Arménie se dissocie donc du consensus autour du texte présenté aujourd’hui, même si elle appuie le passage qui réitère le soutien apporté à la mission de l’OSCE.
Le représentant de l’Ukraine, qui prenait la parole au nom du GUAM, s’est dit inquiet des conséquences des incendies à court et à moyen terme sur le bien-être de la population azerbaïdjanaise. La mission de l’OSCE a en effet constaté l’importance des incendies et du manque de moyens de lutte en insistant sur la nécessité de rallier une aide internationale, a-t-il dit. Le projet de résolution présenté aujourd’hui salue la volonté des parties à coopérer et met l’accent sur les dommages écologiques et humains.
Le représentant du Pakistan a partagé les préoccupations existant face aux dégâts causés par ces incendies et a dit que sa délégation avait appuyé pleinement le projet de résolution présenté aujourd’hui par l’Azerbaïdjan. Il a en outre demandé que l’assistance et l’expertise des Nations Unies soient apportées pour venir en aide à la région. Une adoption du texte par consensus nous a donc parue appropriée, a dit le représentant.
Le représentant de la Turquie a appuyé l’idée d’un règlement durable du conflit au Nagorno-Karabakh. Pour faire face aux effets dévastateurs des incendies qui ont ravagé la région, la délégation turque a estimé que l’appui du PNUD et du PNUE était indispensable, ainsi que la coopération des parties. Espérons que cela constituera une mesure de confiance, et saluons le projet de résolution, a dit le représentant.
Droits de réponse
Le représentant de l’Azerbaïdjan s’est félicité que sa délégation et celle de l’Arménie aient pu s’accorder sur un texte, malgré le fait que cette dernière se soit ensuite dissociée du consensus. Le texte avait pourtant été négocié avant la session, sous les auspices des États-Unis, a-t-il noté. Il a déclaré que cette décision arménienne était inacceptable et pour le moins déplacée. C’était pourtant dans l’intérêt de l’Arménie que ce pays remplisse son engagement à se déclarer en faveur de cette résolution, a ajouté le représentant azerbaïdjanais.
Le représentant de l’Arménie a au contraire estimé qu’il avait été cohérent dans sa position au sujet de cette résolution. L’Arménie s’est dissociée du consensus parce qu’elle est opposée au renouvellement de la question du conflit du Haut-Karabakh à l’ordre du jour de l’Assemblée générale.
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