« LES MIGRANTS DONNENT UN VISAGE HUMAIN À LA MONDIALISATION », AFFIRMENT LES REPRÉSENTANTS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE DEVANT L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
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Assemblée générale
Rencontre interactive informelles sur les
migrations internationales et le développement
« LES MIGRANTS DONNENT UN VISAGE HUMAIN À LA MONDIALISATION », AFFIRMENT LES REPRÉSENTANTS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE DEVANT L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Représentants d’ONG, de la société civile et du secteur privé se penchent sur les liens entre migrations internationales et développement
L’Assemblée générale a organisé aujourd’hui des rencontres interactives informelles avec des représentants d’organisations non gouvernementales, d’organisations de la société civile et du secteur privé sur les liens entre migrations internationales et développement. Ces auditions faisaient suite à la publication du rapport du Secrétaire général sur la question*, présenté le 6 juin dernier aux États Membres, et achevaient la phase préparatoire du Dialogue de haut niveau qui se tiendra à New York les 14 et 15 septembre prochains.
Comme l’a rappelé à l’ouverture des travaux le Président par intérim de l’Assemblée générale, Check Sidi Diarra, le rôle des ONG, de la société civile et du secteur privé en tant qu’acteurs et partenaires du développement n’est plus à démontrer, et c’est la raison pour laquelle il a engagé les États Membres à entretenir un dialogue soutenu avec leurs représentants. Pour sa part, le Vice-Secrétaire général des Nations Unies, Mark Malloch Brown, a déclaré que la société civile devait sensibiliser la communauté internationale à tous les aspects des migrations internationales, qui constituent un élément fondamental de la société mondialisée d’aujourd’hui. Les retombées économiques de ce phénomène, pour les pays d’accueil comme pour les pays d’origine, ne doivent cependant pas occulter la nécessité de veiller au respect des droits fondamentaux des migrants, et en particulier des femmes migrantes. Le Représentant spécial du Secrétaire général pour les migrations internationales et le développement, Peter Sutherland, a de son côté regretté que, dans de nombreux pays, les migrations continuent à être examinées uniquement sous un angle répressif, le phénomène étant considéré comme une atteinte à la souveraineté territoriale des États.
La plupart des ONG ont estimé que le rapport du Secrétaire général s’attardait trop sur les aspects positifs des migrations, au risque d’en négliger les coûts sociaux et humains. Rappelant que les migrants forment une main d’œuvre non syndiquée et corvéable à merci, quand elle n’est pas tout simplement clandestine, une intervenante a ainsi déploré le manque d’attention accordée dans le document aux moyens de réduire l’impact négatif des migrations sur les groupes les plus vulnérables: réfugiés, personnes déplacées, victimes de la traite, migrants forcés, sans-papiers, femmes, enfants, résidents de foyer et personnes
âgées. Ces droits sont au nombre de cinq, a énuméré une autre ONG: droit à la vie, droit au travail et à un salaire équitable, liberté de déplacement, droit de rester dans un pays et droit à participer aux processus de prise de décisions qui peuvent affecter l’avenir d’un migrant, de sa famille et de sa communauté.
Or, ces droits n’ont pas suffisamment été pris en compte dans le rapport du Secrétaire général, selon les représentants de la société civile, qui ont expliqué que les migrants n’étaient pas de simples entités économiques, mais des êtres humains, l’un d’entre eux affirmant même que les migrations internationales donnaient un visage à la mondialisation. Attirant l’attention sur la féminisation croissante de ce phénomène, plusieurs organisations ont fait état des difficultés supplémentaires rencontrées par les migrantes, particulièrement celles issues de peuples autochtones, dans leur insertion professionnelle, dans leur accès aux services et aux soins de santé, et face à la lourdeur des responsabilités familiales, d’autant plus accablantes dans un environnement étranger. Traditionnellement employées dans des secteurs d’activité faiblement rémunérés et mal réglementés, les femmes et les filles migrantes sont en outre tout particulièrement exposées à la discrimination et à la stigmatisation, ou pire, aux dangers de la traite, de l’exploitation et des abus sexuels. Des recommandations spécifiques ont donc été faites aux gouvernements pour qu’ils amendent leurs législations et politiques migratoires nationales afin de garantir aux migrants les mêmes droits que ceux dont bénéficient les travailleurs nationaux et d’inclure des dispositions couvrant les questions liées à la parité des sexes.
Même si un récent symposium des Nations Unies a révélé que le montant total des fonds transférés à leurs familles par les travailleurs étrangers en provenance de pays en développement avait atteint l’an dernier 173 milliards de dollars, plusieurs intervenants ont prévenu que l’impact réel de ces fonds sur les économies locales restait encore à déterminer et qu’en aucun cas, il ne devait servir de prétexte aux pays développés pour se soustraire aux obligations qui leur incombent en matière d’aide publique au développement. En revanche, les mêmes ont affirmé qu’il était grand temps de reconnaître la contribution majeure des migrants aux économies des pays d’accueil, trop souvent sous-estimée, notamment en raison de son caractère difficilement quantifiable.
Des revers économiques pour les pays d’origine, comme la fuite des cerveaux à l’étranger, ont également été évoqués, M. Sutherland indiquant par exemple que 40% des diplômés turcs et marocains résidaient désormais dans les pays de l’OCDE et 40% de leurs homologues caraïbéens aux États-Unis. Sur ce point, les intervenants ont insisté sur l’importance de la notion de codéveloppement, soulignée par l’Assemblée générale dans ses résolutions 59/241 et 60/227, et reprise par le Secrétaire général dans son rapport. Les migrations internationales constituent en effet un moyen idéal de promouvoir le codéveloppement, c’est-à-dire l’amélioration coordonnée ou concertée de la situation économique tant dans les régions d’origine que dans les régions de destination compte tenu de leur complémentarité.
Soulignant l’importance d’impliquer les migrants eux-mêmes dans l’élaboration des politiques migratoires, dans la mesure où ils sont les premiers concernés, plusieurs intervenants ont réitéré qu’il était nécessaire de créer un forum consultatif ouvert à la société civile, au secteur privé et aux migrants eux-mêmes, en vue d’assurer le suivi du Dialogue de haut niveau prévu en septembre, ainsi qu’une instance internationale chargée de surveiller le respect des droits des migrants. D’autres ont invité les États à lever les restrictions
imposées à la liberté de circulation des migrants et à ratifier dans les meilleurs délais les instruments internationaux existants, comme la Convention internationale de 1990 sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille, entrée en vigueur en 2003, et ratifiée par 34 États seulement jusqu’à présent.
Le débat d’aujourd’hui était axé autour de trois thèmes principaux: promotion d’une approche globale et fondée sur les droits pour la question des migrations internationales et adoption de mesures visant à assurer le respect et la protection des droits de l’homme de tous les migrants et des membres de leur famille; défis pour les politiques sociales et économiques dans les pays d’origine et dans les pays d’accueil; promotion des partenariats, renforcement des capacités et mise en commun des meilleures pratiques à tous les niveaux, y compris aux niveaux bilatéral et régional, dans l’intérêt des pays et des migrants.
* A/60/871
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