L’ASSEMBLÉE SE SAISIT DES RECOMMANDATIONS DE KOFI ANNAN SUR UNE STRATÉGIE ANTITERRORISTE MONDIALE ET ADOPTE UN TEXTE SUR LES DÉMOCRATIES
| |||
Department of Public Information • News and Media Division • New York |
Assemblée générale
78e séance plénière – matin
L’ASSEMBLÉE SE SAISIT DES RECOMMANDATIONS DE KOFI ANNAN SUR UNE STRATÉGIE ANTITERRORISTE MONDIALE ET ADOPTE UN TEXTE SUR LES DÉMOCRATIES
« Je regrette vivement que la semaine dernière, à la Commission administrative et budgétaire, les États Membres n’aient pas été en mesure de parvenir à un consensus sur les propositions de réforme de la gestion de l’ONU que j’avais présentées »*, a déclaré, ce matin, le Secrétaire général de l’ONU avant de soumettre à l’Assemblée générale ses recommandations pour une stratégie antiterroriste mondiale.
Intitulé « S’unir contre le terrorisme: recommandations pour une stratégie antiterroriste mondiale », le rapport du Secrétaire général se fonde sur les cinq piliers qu’il avait présentés, l’an dernier, à Madrid. Par rapport à ce qui avait été dit dans la capitale espagnole, deux éléments ont été ajoutés à savoir une stratégie de lutte contre le bioterrorisme et la place de la société civile dans la sensibilisation à la lutte contre le terrorisme.** Mes recommandations, a expliqué Kofi Annan, s’appuient sur la conviction, partagée par tous, que le terrorisme, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, quels qu’en soient les auteurs, le lieu et les buts, est inacceptable et injustifiable.
Le Secrétaire général a cité les piliers qui consistent à dissuader les populations de recourir au terrorisme ou de le soutenir; priver les terroristes de moyens d’action; dissuader les États de soutenir le terrorisme; aider les États à se doter de moyens de lutte antiterroriste; et défendre les droits de l’homme. Toute stratégie antiterroriste doit nécessairement reposer sur ces piliers et la victoire exige que nous progressions sur tous les fronts, a insisté Kofi Annan, en ajoutant que la victoire exige aussi une action commune menée avec la participation des gouvernements, de l’ONU et des autres organisations internationales, de la société civile et du secteur privé.
Après la présentation du Secrétaire général, l’Assemblée a adopté sans vote une résolution sur l’appui du système des Nations Unies aux efforts déployés par les gouvernements pour promouvoir et consolider les démocraties nouvelles ou rétablies. Les représentants du Costa Rica et de Cuba ont expliqué leur position. En présentant le texte, le représentant de la Mongolie, Baatar Choisuren, a précisé qu’il s’agit d’inviter les États Membres, les organisations du système des Nations Unies, les autres organisations intergouvernementales, les parlements nationaux ainsi que les organisations non gouvernementales à contribuer activement au suivi de la cinquième Conférence internationale des démocraties nouvelles ou rétablies et à s’attacher davantage à définir les mesures qui pourraient être prises pour appuyer les actions menées par les gouvernements pour promouvoir et consolider les démocraties nouvelles ou rétablies.
En début de séance, le Président en exercice de l’Assemblée générale, Ali Hamidon de la Malaisie, a présenté ses condoléances au peuple égyptien pour les attentats terroristes dont il a été récemment victime. Il a indiqué qu’alors que les négociations sur la future convention générale sur le terrorisme international se poursuivaient, il était temps de mettre en place une stratégie mondiale contre le terrorisme, comme l’avaient demandé les dirigeants de la planète lors du Sommet mondial de 2005. La présentation par le Secrétaire général de recommandations pour une stratégie antiterroriste mondiale constitue un premier pas en ce sens, a-t-il estimé avant d’annoncer que l’Assemblée générale tiendra ses premières consultations sur ces recommandations, le jeudi 11 mai à partir de 10 heures.
* AG/AB/3732: Le 28 avril dernier, la Commission administrative et budgétaire a adopté par 108 voix pour, 50 voix contre, dont celles des États-Unis et de l’Autriche, et 3 abstentions une résolution demandant au Secrétaire général des informations supplémentaires sur ses propositions de réforme.
** A/60/825
APPLICATION ET SUIVI INTÉGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DANS LES DOMAINES CONNEXES; SUITE DONNÉE AUX TEXTES ISSUS DU SOMMET DU MILLÉNAIRE: RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL « S’UNIR CONTRE LE TERRORISME: RECOMMANDATIONS POUR UNE STRATÉGIE ANTITERRORISTE MONDIALE » (A/60/825)
Allocution du Secrétaire général de l’ONU
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général de l’ONU, a d’abord profondément regretté que la semaine dernière, la Commission administrative et budgétaire n’ait pas pu se mettre d’accord sur les propositions relatives à la réforme de la gestion de l’ONU qu’il avait présentées. Il a lancé un appel urgent aux États Membres pour qu’ils travaillent ensemble au rétablissement de la confiance nécessaire à un fonctionnement sans heurts de l’Organisation.
Le Secrétaire général a ensuite présenté son rapport « S’unir contre le terrorisme: recommandations pour une stratégie antiterroriste mondiale ». Ces recommandations, s’est-il expliqué, s’appuient sur une conviction partagée par toute la communauté internationale, à savoir que le terrorisme, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, quels qu’en soient les auteurs, le lieu et les buts, est inacceptable et injustifiable. Il a espéré qu’unis par cette conviction, les gouvernements, l’ONU et d’autres organisations internationales, la société civile et le secteur privé pourront mener une action collective mondiale contre le terrorisme.
Pour élaborer ces recommandations, le Secrétaire général a dit avoir continué à développer l’idée qu’il avait présentée, à Madrid, l’an dernier et qui repose sur cinq piliers. Le premier d’entre eux est la nécessité de dissuader les populations de recourir au terrorisme ou de le soutenir, en créant le plus de distance possible entre les terroristes et ceux qui pourraient être tentés de se rallier à leur cause. Le message qu’il faut leur envoyer est qu’il existe des moyens bien meilleurs et plus efficaces pour faire présenter ses doléances. Un des meilleurs moyens de faire passer ce message est de donner aux victimes plus d’importance. Il est plus que temps, a insisté le Secrétaire général, d’agir concrètement, de façon concertée, pour créer un mouvement de solidarité internationale en leur faveur, fondé sur le respect de leur dignité et sur la compassion.
Le deuxième pilier consiste, a poursuivi le Secrétaire général, à priver les terroristes de moyens d’action, en particulier les armes conventionnelles et de destruction massive. Il faudra penser aux menaces, y compris celles que les États ne peuvent contrer seuls comme le bioterrorisme. Il faudra aussi empêcher les terroristes de continuer à utiliser à leur avantage les possibilités qu’offre Internet. Cette arme doit faire partie de notre arsenal et être retournée contre eux, a suggéré le Secrétaire général.
Le troisième pilier est de dissuader les États de soutenir le terrorisme, en créant une base juridique solide pour l’action commune et en tenant les États responsables de la façon dont ils s’acquittent de leurs obligations, ce qui suppose qu’on les aide à se doter des moyens dont ils ont besoin pour avoir le dessus.
Le quatrième pilier consiste à aider les États à se doter de moyens de lutte antiterroriste, a ajouté Kofi Annan, qui a estimé que le système des Nations Unies a un rôle essentiel à jouer dans les domaines de l’état de droit, la mise en place des systèmes de justice pénale efficaces, la lutte contre le financement du terrorisme, le renforcement des moyens propres à éviter que des matières nucléaires, biologiques, chimiques ou radiologiques ne tombent entre les mains des terroristes, ou encore l’aide aux victimes.
Enfin, le cinquième pilier concerne la défense des droits de l’homme qui, a souligné le Secrétaire général, est la clef du succès de toute stratégie antiterroriste ainsi que le ciment. Les droits de l’homme, a-t-il précisé, sont ceux des victimes du terrorisme, ceux des personnes soupçonnées de terrorisme, ceux des gens qui en subissent les conséquences. Les États doivent veiller à ce que toute mesure prise pour combattre le terrorisme soit compatible avec les obligations que leur impose le droit international, en particulier les droits de l’homme, le droit des réfugiés et le droit humanitaire international. Toute stratégie qui compromet les droits de l’homme fera immanquablement le jeu des terroristes, a-t-il prévenu.
Tous les États, a conclu le Secrétaire général, ont quelque chose à apporter à l’élaboration de cette stratégie, à sa mise en œuvre et à son actualisation constante, nécessaire puisque les risques ne cessent d’évoluer. Il est tout aussi vital que les États adoptent dès que possible une convention générale sur le terrorisme international. Mais, a averti Kofi Annan, ce n’est pas parce qu’un consensus sur cette question semble toujours aussi éloignée qu’il faut tarder à se mettre d’accord sur une stratégie.
APPUI DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AUX EFFORTS DÉPLOYÉS PAR LES GOUVERNEMENTS POUR PROMOUVOIR ET CONSOLIDER LES DÉMOCRATIES NOUVELLES ET RÉTABLIES
Présentation et adoption du projet de résolution (A/60/L.53)
Par ce texte, l’Assemblée générale invite les États Membres, les organisations intéressées du système des Nations Unies, les autres organisations intergouvernementales, les parlements nationaux ainsi que les organisations non gouvernementales à contribuer activement au suivi de la cinquième Conférence internationale des démocraties nouvelles ou rétablies et à s’attacher davantage à définir les mesures qui pourraient être prises afin d’appuyer les actions menées par les gouvernements pour promouvoir et consolider les démocraties nouvelles ou rétablies, y compris celles qui sont énoncées dans la Déclaration et le Plan d’action d’Oulan-Bator: démocratie, bonne gouvernance et société civile.
L’Assemblée encourage le Secrétaire général à continuer de faire en sorte que l’Organisation soit mieux à même de répondre efficacement aux demandes des États Membres en appuyant de façon appropriée et cohérente l’action qu’ils mènent pour atteindre les objectifs que sont la bonne gouvernance et la démocratisation, ycompris, entre autres, grâce aux activités du Fonds des Nations Unies pour la démocratie. Elle encourage également l’Union interparlementaire à continuer de favoriser la contribution des parlements du monde entier à la démocratie, notamment grâce au processus des conférences internationales des démocraties nouvelles ou rétablies et au Forum des parlementaires qui se tiendra prochainement à Doha.
Enfin, elle prie le Secrétaire général d’examiner les différents moyens par lesquels pourrait être renforcé l’appui apporté par les organismes des Nations Unies aux efforts déployés par les États Membres pour consolider la démocratie et la bonne gouvernance, notamment en soutenant le Président de la cinquième Conférence internationale dans l’action qu’il mène pour améliorer l’efficacité de la Conférence et de son suivi.
Explications de position
Le représentant du C osta Rica a souhaité attirer l’attention sur le fait qu’au paragraphe 4 du dispositif du projet de résolution, on se contente d’« encourager » le Secrétaire général « à continuer de faire en sorte que l’Organisation soit mieux à même de répondre efficacement aux demandes des États Membres en appuyant de façon appropriée et cohérente l’action qu’ils mènent pour atteindre les objectifs que sont la bonne gouvernance et la démocratisation ». La délégation du Costa Rica appuie cette demande, mais comprend par là qu’il ne s’agit pas uniquement d’encourager le Secrétaire général, estimant plutôt qu’il s’agit d’une exigence, au même titre que les demandes qui sont formulées dans les paragraphes 10 et 11 du dispositif. Citant le Secrétaire général, le représentant du Costa Rica a remarqué que des ambiguïtés étaient souvent présentes dans les textes des résolutions et a souhaité que les termes soient à l’avenir utilisés de façon plus précise afin que l’on puisse formuler une définition à la portée de la tâche à envisager.
Le représentant de Cuba a estimé que cette résolution contenait différents éléments pertinents, dont la réaffirmation que la démocratie est une valeur universelle. Si les démocraties ont des caractéristiques communes, a-t-il expliqué, il n’y avait pas néanmoins de modèle unique de démocratie, affirmant au contraire qu’il faudrait respecter la souveraineté des États et leur droit à l’autodétermination. Le représentant cubain a cependant voulu formuler deux remarques par rapport au texte, indiquant premièrement que son pays rejetait catégoriquement certaines recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général (A/60/556). Ces recommandations, a-t-il estimé, cherchent à reconnaître officiellement des groupes qui demandent l’exclusion des Nations Unies de certains pays en développement, groupes que le représentant de Cuba a qualifié de « discriminatoires ». Faisant ensuite référence au paragraphe 4 du dispositif relatif à l’utilisation du Fonds des Nations Unies pour la démocratie, le représentant a regretté que les dispositions de ce paragraphe n’indiquent pas clairement qui est habilité à désigner les pays bénéficiaires des ressources de ce Fonds.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel