KOFI ANNAN PRÉSENTE AUX ÉTATS MEMBRES SON RAPPORT POUR UNE ORGANISATION DES NATIONS UNIES MIEUX STRUCTURÉE ET PLUS TRANSPARENTE
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Assemblée générale
71e séance plénière – matin
KOFI ANNAN PRÉSENTE AUX ÉTATS MEMBRES SON RAPPORT POUR UNE ORGANISATION DES NATIONS UNIES MIEUX STRUCTURÉE ET PLUS TRANSPARENTE
Le Secrétaire général des Nations Unies a présenté ce matin devant l’Assemblée générale son rapport sur le projet de refonte du Secrétariat et de la gestion, pour une organisation « mieux structurée et plus transparente ». Parmi les réformes qu’il préconise, Kofi Annan propose d’améliorer la gestion humaine du personnel, de délocaliser ou d’externaliser certains services et de simplifier les processus budgétaires et financiers.
Les règlements et règles de l’ONU ne répondent plus à ses besoins, « et font même qu’il est très difficile pour l’Organisation de faire son travail avec efficacité et efficience », a déclaré le Secrétaire général devant les États Membres, réunis en séance plénière. « Il faut refondre complètement l’ensemble du Secrétariat, c’est-à-dire ses règles, sa structure, ses rouages, pour qu’il soit mieux adapté aux réalités d’aujourd’hui ».
Intitulé « Investir dans l’ONU pour lui donner les moyens de sa vocation mondiale », le rapport de M. Annan vise à répondre aux demandes exprimées par les chefs d’État et de gouvernement, lors du Sommet mondial de septembre 2005, de voir le Secrétariat et la gestion de l’Organisation réformés.
Le rapport contient des propositions relatives à sept domaines principaux. Les deux premiers concernent le capital humain, c’est-à-dire la manière dont est recruté, encadré et motivé le personnel, et l’encadrement. Les autres traitent de l’informatique et de la télématique, où un investissement majeur s’impose, précise le Secrétaire général, puis des moyens de réduire les coûts et de renforcer l’efficacité de certains services, par exemple en les délocalisant ou en les externalisant, et en resserrant les règles et procédures de passation des marchés, de simplifier radicalement les processus budgétaires et financiers, et de rendre ceux-ci plus accessibles pour les États Membres. M. Annan suggère enfin la création au Secrétariat d’un petit bureau qui ne s’occuperait que de la gestion du changement proprement dit, en liaison étroite avec un groupe restreint mais représentatif d’États Membres.
Cette réforme n’aboutira que si elle repose « sur un partenariat fondé sur la confiance mutuelle entre les États Membres, à qui incombe la gouvernance, et le Secrétariat, à qui incombe l’administration », a estimé le Secrétaire général. Les États Membres doivent ainsi être prêts, selon lui, « à consentir des investissements, s’ils veulent que l’Organisation atteigne le niveau d’efficacité qu’eux-mêmes et leurs populations sont en droit d’attendre ». Ils constateront alors, a-t-il ajouté, qu’ils auront à leur disposition « une organisation mieux structurée et plus transparente, qu’ils peuvent plus facilement diriger et qui répond plus rapidement et plus efficacement à leurs instructions ».
Le Président de l’Assemblée générale, Jan Eliasson (Suède), a souligné l'importance de disposer de bonnes normes, de bonnes structures et de bonnes personnes afin de permettre aux Nations Unies de remplir leurs mandats essentiels dans les domaines du développement, de la sécurité et des droits de l'homme. Selon lui, les propositions du Secrétaire général doivent être examinées dans la confiance, la transparence et le sens de la responsabilité partagée. M. Eliasson a également affirmé qu’il tiendrait des consultations sur le processus d'examen des propositions formulées dans le rapport.
Les représentants de l’Afrique du Sud (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), de l’Autriche (au nom de l’Union européenne), des États-Unis et du Japon ont également pris la parole.
APPLICATION ET SUIVI INTÉGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DANS LES DOMAINES CONNEXES; SUITE DONNÉE AUX TEXTES ISSUS DU SOMMET DU MILLÉNAIRE
Rapport du Secrétaire général « Investir dans l’Organisation des Nations Unies pour lui donner les moyens de sa vocation mondiale » (A/60/692)
Dans ce rapport, le Secrétaire général propose 23 mesures « indispensables » pour donner aux futurs secrétaires généraux les moyens d’exercer efficacement leur mission de gestionnaire et permettre à l’ONU de mieux utiliser ses moyens de gestion et de mieux mettre en valeur ses ressources humaines. Il s’agit, souligne le Secrétaire général, d’une chance unique de doter les États Membres des instruments dont ils ont besoin pour définir les orientations stratégiques et laisser au Secrétariat, sous réserve de l’indispensable transparence, l’entière responsabilité de leur mise en œuvre.
Le Secrétaire général prône donc des investissements dans le capital humain; l’amélioration de la qualité de l’encadrement; le renforcement des systèmes informatiques et télématiques; un recours accru aux nouvelles formules de prestation de services; la rationalisation de la budgétisation des finances; le renforcement de la clarté et de la transparence dans le système de gouvernance offrant aux États Membres les informations dont ils ont besoin pour guider l’action du Secrétariat et pour contrôler la manière dont il s’acquitte des mandats et l’usage des ressources mis à sa disposition; et la création d’un bureau de la gestion du changement qui collaborerait avec les chefs de départements et les autres cadres dirigeants du Secrétariat à la planification et à la coordination des réformes.
Le Secrétaire général part du postulat que depuis 10 ans, les activités opérationnelles de l’ONU ont connu une expansion spectaculaire dans de multiples domaines, tels que la défense des droits de l’homme, la promotion du développement et surtout le maintien de la paix. Ces dernières absorbent aujourd’hui un budget de 5 milliards de dollars et emploient quelque 80 000 personnes. La diversification des activités de l’ONU, poursuit le Secrétaire général, conduit à repenser fondamentalement son Secrétariat, à savoir sa structure, ses systèmes et ses textes mais aussi ses traditions.
Dans son chapitre intitulé « Capital humain », le Secrétaire général propose, entre autres, que le régime de mobilité s’applique aussi bien au personnel des missions qu’aux fonctionnaires du Siège. La mobilité, dit-il, doit faire partie des conditions d’emploi et être une condition nécessaire de l’avancement.
S’agissant de la « qualité de l’encadrement », Kofi Annan propose une redéfinition du rôle du Vice-Secrétaire général qui devrait officiellement hériter du pouvoir et de la responsabilité de diriger et d’administrer les activités opérationnelles du Secrétariat. Kofi Annan demande aussi dans son chapitre sur les « prestations de services » que l’Assemblée permette au Secrétariat d’évaluer les possibilités de délocalisation et d’externalisation, entre autres, dans les domaines de la traduction, de l’édition, de l’administration des plans d’assurance-maladie, des services d’appui informatique ou encore de la comptabilité. Concernant « le budget et les finances », il demande que le Secrétaire général ait des pouvoirs plus étendus en matière de redéploiement de postes et d’utilisation des économies réalisées sur les postes vacants.
Déclarations
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a affirmé que les règlements et règles de l’ONU ne répondaient plus à ses besoins, l’empêchant même de faire son travail avec efficacité et efficience. Si l’ONU est plus efficace et plus efficiente aujourd’hui qu’il y a 10 ans, a-t-il souligné, celle-ci ne répond plus à la description de ses règles et règlements, conçus pour un Secrétariat essentiellement statique, dont la principale fonction était d’assurer le service de conférences et de réunions des États Membres et dont les fonctionnaires travaillaient pratiquement tous au Siège. Aujourd’hui, plus de 70% du budget annuel de l’ONU, qui se monte à quelque 10 milliards de dollars, est consacré au maintien de la paix et à d’autres opérations sur le terrain, tandis que plus de la moitié des 30 000 agents formant le personnel civil sont déployés sur le terrain. L’ONU doit pouvoir recruter et garder à son service des dirigeants, des gestionnaires et des agents capables de gérer de vastes opérations pluridisciplinaires dotées de budgets de plus en plus élevés, a ajouté M. Annan. Le système de gestion n’est pas à la hauteur, a-t-il estimé. Il n’est pas adapté à la gestion d’opérations mondiales coûtant des milliards de dollars et devant souvent être déployées très rapidement. Tant les fonctionnaires que les États Membres méritent mieux, a-t-il assuré, précisant que le moment était venu d’opérer des réformes plus profondes que les premières qui visaient davantage les symptômes plus que les causes des insuffisances de l’Organisation. Il faut, a-t-il dit, refondre complètement l’ensemble du Secrétariat, c’est-à-dire ses règles, sa structure, ses rouages, pour qu’il soit mieux adapté aux réalités d’aujourd’hui et puisse mener à bien les nouvelles opérations que les États Membres lui confient et attendent de lui qu’il exécute.
Le Secrétaire général a souligné que son rapport contenait des propositions relatives à sept domaines principaux. Les deux premiers concernent le capital humain, c’est-à-dire la manière dont est recruté, encadré et motivé le personnel, et l’encadrement. L’informatique et la télématique constituent le troisième domaine, dans lequel, dit-il, un investissement majeur s’impose. Le rapport indique ensuite la façon dont il serait possible de réduire les coûts et de renforcer l’efficacité en réexaminant le mode d’exécution de certains services, par exemple en les délocalisant ou en les externalisant, et en resserrant les règles et procédures de passation des marchés. Il propose également une simplification radicale des processus budgétaires et financiers. Dans un sixième domaine, il suggère des moyens de rendre la gestion et le processus budgétaire de l’Organisation plus accessibles pour les États Membres, et de permettre à ceux-ci d’exercer un meilleur contrôle. Le rapport préconise enfin la création au Secrétariat d’un petit bureau qui ne s’occuperait que de la gestion du changement proprement dit, en liaison étroite avec un groupe restreint mais représentatif d’États Membres.
Selon le Secrétaire général, ces propositions de changement sont toutes interdépendantes, car leur réalisation dépend également de l’observation des normes de déontologie les plus élevées partout au Secrétariat et de la réforme des systèmes de contrôle et de justice interne. Il a souhaité que les États Membres envisagent ce processus comme un tout, et coopèrent sans arrière pensée avec l’administration et le personnel du Secrétariat. La réforme n’aboutira, a-t-il affirmé, que si elle repose sur un partenariat fondé sur la confiance mutuelle entre les États Membres, à qui incombe la gouvernance, et le Secrétariat,à qui incombe l’administration. Le rôle de l’organe directeur est de définir des orientations stratégiques à l’intention de l’administration et de demander à celle-ci des comptes sur les résultats obtenus, a-t-il déclaré, ajoutant que le rôle de l’administration est d’obtenir ces résultats de façon efficace et transparente afin que l’on puisse la juger sur pièces. Cette réforme n’est pas une opération de réduction des coûts, pas plus qu’une tentative de prise de pouvoir par le Secrétariat, ou une tentative désespérée pour amadouer un ou deux gros bailleurs de fonds, a-t-il également souligné. Les États Membres doivent être prêts à consentir des investissements, s’ils veulent que l’Organisation atteigne le niveau d’efficacité qu’eux-mêmes et leurs populations sont en droit d’attendre, a-t-il observé. Le Secrétaire général a ainsi plaidé en faveur d’une organisation mieux structurée et plus transparente, que les États Membres peuvent plus facilement diriger et qui répond plus rapidement et plus efficacement à leurs instructions. Surtout, les États Membres auront une organisation plus utile aux centaines de millions de personnes qui, sans y être pour rien, ont besoin de ses services, a poursuivi M. Annan. Soyons à la hauteur de leurs espoirs, a conclu le Secrétaire général.
M. JAN ELIASSON (Suède), Président de l'Assemblée générale, a souligné que l'ONU fait face aujourd'hui et fera face demain à des défis importants et à des tâches énormes. Plus que jamais, a-t-il estimé, il faut trouver des solutions mondiales à des problèmes mondiaux. C'est la raison pour laquelle, a rappelé le Président, le multilatéralisme et la coopération internationale sont impératifs dans le monde actuel. Pour permettre aux Nations Unies de remplir leurs mandats essentiels dans les domaines du développement, de la sécurité et des droits de l'homme, le Président a souligné l'importance de disposer de bonnes normes, de bonnes structures et de bonnes personnes. Il faut aussi que s'instaure entre les États Membres et le Secrétariat une relation fondée sur l'obligation redditionnelle et la confiance.
Il nous faut une ONU forte, a poursuivi le Président, qui puisse relever les défis du monde, en jouissant d'une crédibilité et d'une autorité morale fondées sur la confiance que les États Membres, et le monde en général, ont en elle. C'est la raison pour laquelle le Sommet mondial de septembre dernier a consacré une part si importante au Secrétariat et à la gestion de sa réforme dans son Document final.
Maintenant que le Secrétaire général a présenté sa vision, il revient aux États Membres d'examiner ses propositions et de se prononcer. Dans ce processus intergouvernemental, la Cinquième Commission et le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) auront un rôle crucial à jouer, a estimé le Président. Les propositions du Secrétaire général, a-t-il insisté, doivent être examinées dans la confiance, la transparence et le sens de la responsabilité partagée. Le Président a dit son intention de tenir des consultations sur le processus d'examen des propositions formulées dans le rapport.
M. DUMISANI KUMALO (Afrique du Sud), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a souligné que, tel qu’il était indiqué dans la lettre que le Groupe a adressée au Président de l'Assemblée générale, c'est à la Cinquième Commission (administrative et budgétaire) que le rapport du Secrétaire général devrait être officiellement présenté et, ce, par l'intermédiaire du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires. Il a aussi demandé que le rapport du Secrétaire général soit publié au titre des points pertinents 122, 124 et 129.
M. GERHARD PFANZELTER (Autriche), qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, s’est félicité que cet examen n’ait pas été fait comme d’habitude, mais sous la forme d’un ensemble global qui pourra améliorer la façon de travailler de cette Organisation. Il a proposé que le rapport du Secrétaire général soit traité de la même façon que tous les autres rapports de suivi du Sommet mondial, à savoir sous forme de réunions officieuses plénières. La plénière, en tant que destinataire du rapport, devrait maîtriser ce processus pour évaluer les progrès accomplis, a-t-il déclaré.
M. JOHN BOLTON (États-Unis) a souligné que son pays appuyait les objectifs définis par le Secrétaire général dans son rapport, dont la réalisation, a-t-il précisé, exigera un travail important et ardu. Il s’est néanmoins déclaré surpris de constater aujourd’hui que d’autres délégations aient décidé de prendre la parole. L’examen du rapport du Secrétaire général relève d’abord de la plénière qui, à son tour, prendra les mesures nécessaires pour répartir le travail, a-t-il souligné, estimant que cette difficulté de procédure augurait mal de la poursuite des travaux.
M. KENZO OSHIMA (Japon) a souligné que la réforme de la gestion est une des questions les plus importantes de l'exercice de réforme de l'ONU. Tous les États Membres ont un intérêt dans un fonctionnement efficace et transparent de l'ONU. Le rapport doit être étudié avec l'attention requise car, a dit le représentant, il s'agit de propositions audacieuses destinées à améliorer le travail de l'Organisation, en particulier son Secrétariat. Certaines propositions dont celles relatives à la rédaction des rapports, au critère de mobilité du personnel et à l'utilisation des ressources financières, sont particulièrement importantes. Les détails techniques de ces propositions doivent faire l'objet de débat au sein de la Cinquième Commission mais les discussions sur les orientations politiques doivent avoir lieu à la plénière de l'Assemblée générale au moment voulu et dans un format approprié, a estimé le représentant.
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