EN PRÉSENCE DE KOFI ANNAN, LES CHEFS D’ÉTAT DU CAMEROUN ET DU NIGÉRIA SIGNENT UN ACCORD METTANT FIN AU CONFLIT FRONTALIER DE LA PÉNINSULE DE BAKASSI
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EN PRÉSENCE DE KOFI ANNAN, LES CHEFS D’ÉTAT DU CAMEROUN ET DU NIGÉRIA SIGNENT UN ACCORD METTANT FIN AU CONFLIT FRONTALIER DE LA PÉNINSULE DE BAKASSI
Au bout de trois jours d’une intense médiation, le Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a assisté aujourd’hui, au domaine de Greentree Estates à Manhasset dans l’État de New-York, à une cérémonie au cours de laquelle le Président du Cameroun, Paul Biya, et le Président du Nigéria, Olesegun Obasandjo, ont signé un accord qui met fin au conflit frontalier de la Péninsule de Bakassi*.
Située dans le Golfe de Guinée et riche en pétrole, la Péninsule a vécu pendant 12 ans un conflit intense et parfois violent entre les deux pays. Saisie par le Cameroun en 1994, la Cour internationale de Justice (CIJ) a confirmé, le 10 octobre 2002, la souveraineté de ce dernier sur la Péninsule, en invoquant un accord signé en 1913 entre l’Allemagne et le Royaume-Uni.
« La cérémonie de signature qui nous réunit aujourd’hui ici couronne l’expérience remarquable de prévention des conflits qu’ont vécue le Cameroun et le Nigéria », a dit Kofi Annan, à propos d’un accord qui prévoit le retrait des troupes nigérianes dans les 60 jours avec une prorogation possible de 30 jours, conformément à l’avis de la CIJ. Jusqu’ici les modalités d’un retrait définitif du Nigéria avait défié tous les efforts entrepris au sein de la Commission mixte Cameroun-Nigéria.
Les retraits et les transferts d’autorité dans la zone du Lac Tchad et le long de la frontière terrestre entre les deux pays étant achevés, l’accord signé aujourd’hui porte sur la création d’une Commission de suivi composée des représentants du Cameroun, du Nigéria, du Secrétaire général de l’ONU et des quatre témoins que sont l’Allemagne, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni.
Appelant les parties à maintenir l’élan d’un accord qui ouvre la voie à un règlement global du conflit, le Secrétaire général a entendu auparavant le Président du Nigéria déclarer que « la signification de l’accord va bien au-delà des deux parties. Il devrait représenter un modèle de résolution des conflits similaires en Afrique et dans le monde ».
« La raison et la sagesse ont été nos principaux guides », a ajouté le Président du Cameroun, qui a estimé qu’en signant cet accord, les deux pays se sont dotés d’un instrument efficace de mise en œuvre de la décision de la CIJ, mettant ainsi fin au conflit frontalier ».
* Voir Communiqué de la Réunion de Greentree en date du 12 juin, SG/2113.
C’est à l’approche de l’avis de la Cour internationale de Justice (CIJ) que le Secrétaire général a invité le Président du Cameroun et le Président du Nigéria à participer au Sommet qui s’était tenu à Paris en septembre 2002, à l’issue duquel les deux Présidents se sont engagés à respecter l’avis de la CIJ. Conviés à un nouveau Sommet, le 15 novembre 2002, à Genève, ils ont convenu de créer, avec l’appui des Nations Unies, le mécanisme de mise en œuvre de l’avis de la CIJ qui sera la Commission mixte Cameroun-Nigéria. Dans le communiqué du Sommet, les deux Présidents se sont mis d’accord sur la nécessité d’adopter des mesures d’établissement de la confiance, y compris la démilitarisation éventuelle de la Péninsule de Bakassi avec la possibilité d’y déployer des observateurs internationaux pour surveiller le retrait.
Le Sommet du 15 novembre 2005 a abouti à la création de la Commission mixte qui comprend le Cameroun, le Nigéria et les Nations Unies. La Commission est présidée par le Représentant spécial du Secrétaire général, Ahmedou Ould-Abdallah, et chargée de la mise en œuvre de l’avis de la CIJ. Le personnel de la Commission est composé de moins d’une douzaine de professionnels basés à Dakar auxquels il faut ajouter une poignée d’observateurs civils internationaux, basés actuellement à Yaoundé.
Le dispositif ne prévoit pas de troupes internationales, au sens classique du terme, ni de soldats de la paix lourdement équipés et appuyés par un personnel civil nombreux. La tâche est confiée à une équipe hautement qualifiée d’observateurs civils qui ont été sélectionnés par la Commission mixte elle-même. Les observateurs assument diverses fonctions, y compris assurer le suivi du transfert d’autorité, aider les populations affectées, et contribuer aux préparatifs des visites des cartographes et des topographes sur le terrain.
La Commission mixte dispose d’un petit budget d’une moyenne de 5 millions de dollars par an qui est soustrait au budget ordinaire de l’ONU. Elle a toutefois collecté des contributions extrabudgétaires par le biais d’un Fonds d’affectation spécial des Nations Unies créé pour couvrir les frais inhérents à la démarcation d’une frontière terrestre d’environ 1 700 km. Les Gouvernements du Cameroun et du Nigéria ont chacun contribué au Fonds à hauteur de 3 millions de dollars, ce qui met en exergue l’appropriation du processus par les parties. D’autres contributions au Fonds ont été reçues d’autres acteurs dont la première et très encourageante contribution de 1,8 million de dollars du Royaume-Uni, celle de près 300 000 euros de l’Union européenne de laquelle est attendue une somme supplémentaire de 4 millions de dollars, et la contribution de 238 000 dollars du Canada. Au total, l’opération a coûté en gros 6,25 millions de dollars par an.
La collecte des contributions volontaires pour les activités liées à la démarcation de la frontière terrestre ajoutées au budget annuel pour les salaires du personnel assigné à la Commission mixte se sont révélées extrêmement rentables en termes de résultats et en comparaison avec le coût des autres missions de l’ONU.
L’opération de maintien de la paix de l’ONU en Éthiopie et en Érythrée coûte, par exemple, en moyenne 204 millions de dollars par an. Depuis 2000, cette opération a coûté à l’ONU 1,2 milliard de dollars. Ces chiffres n’incluent pas les coûts que les parties assument elles-mêmes en termes d’armements, de matériel endommagé et en pertes en vies humaines.
Deux ans après la création de la Commission mixte, les observateurs ont été les témoins du retrait de l’administration civile et de celui des forces militaires et de police ainsi que du transfert pacifique et ordonné d’autorité dans à peu près 40 villages. Aucun incident important concernant l’impact qu’aurait eu le transfert d’autorité sur les droits des populations n’a été signalé.
Une équipe technique conjointe comprenant des topographes et des cartographes des Parties et de l’ONU a été créée dès le début du processus de démarcation et est devenue opérationnelle à la moitié de l’année 2005. À ce jour, l’équipe a démarqué environ 460 kilomètres de la frontière terrestre.
Le processus a été novateur, à moindre coût et généralement efficace dans la prévention d’un conflit ouvert entre les pays et dans la protection des intérêts à long terme des deux Parties et de la communauté internationale.
Le plein succès du processus nécessita d’abord et avant tout la volonté politique des deux Parties. Un appui cohérent et harmonisé des principaux amis extérieurs tant du Cameroun que du Nigéria serait particulièrement bienvenu.
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