LES PAYS HÔTES DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX PARTAGENT LEURS EXPÉRIENCES
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Quatrième Commission
15e séance – matin
LES PAYS HÔTES DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX PARTAGENT LEURS EXPÉRIENCES
La Quatrième Commission (questions politiques spéciales et décolonisation) a poursuivi, ce matin, son débat général sur la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects. Au cours du débat, de nombreuses délégations qui bénéficient ou ont bénéficié, par le passé, de la présence d’une mission des Nations Unies sur leur sol ont fait part de leurs préoccupations et observations.
Le représentant du Soudan a réaffirmé que le déploiement d’une Mission devait respecter les principes d’approbation par le gouvernement, de non-ingérence dans les affaires intérieures et de respect de l’intégrité territoriale. Grâce à leur proximité culturelle, les organisations régionales sont mieux placées pour saisir les divers aspects des problèmes d’un pays, a-t-il affirmé, alors que le représentant de la République de Corée a insisté sur la gravité de la crise humanitaire en cours au Darfour. La communauté internationale ne peut pas se permettre d’échouer et doit y mettre fin, dans le cadre d’une coopération entre les Nations Unies et les différentes parties, notamment le Gouvernement soudanais, a-t-il déclaré.
La coopération entre les organismes régionaux et les Nations Unies doit se faire dans les deux sens, a pour sa part indiqué le représentant de la Namibie, saluant l’aide apportée à l’Union africaine dans la mise sur pied d’une force africaine d’intervention d’ici à 2010. Tout comme lui, la représentante de la Croatie a fait part de la reconnaissance de son pays qui, après avoir bénéficié de la présence de missions de l’ONU sur son sol, peut désormais, à son tour, contribuer au maintien de la paix.
De son côté, le représentant de la Serbie a estimé que la Mission des Nations Unies au Kosovo (MINUK) n’avait pas réussi à remplir son mandat, la population non albanaise continuant d’être victime d’attaques ethniques et certains de ses droits fondamentaux bafoués. Toutefois, il a assuré que son pays continuerait à travailler en étroite collaboration avec la MINUK.
La multiplication des opérations et la plus grande complexité des mandats exigent une meilleure utilisation des ressources, a souligné le représentant du Japon. Sur la question des contributions, la représentante cubaine a dénoncé le fait que certains pays subordonnent le paiement de leurs quotes-parts à un traitement spécial. La participation des pays dotés de moyens considérables est devenue une nécessité impérieuse, a estimé le représentant du Maroc.
Au cours du débat général, les délégations des pays suivants ont pris la parole: Inde, Soudan, Égypte, Serbie, Algérie, Ukraine, Japon, Cuba, République de Corée, Ghana, Maroc, Togo, Namibie, Philippines, Croatie, Népal et République islamique d’Iran.
La Quatrième Commission conclura son examen des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects mercredi 25 octobre, à 10 heures, après le vote sur deux projets de résolution relatifs aux utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique.
ETUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS
Débat général
M. ANIL BASU (Inde) a rappelé le récent accroissement du nombre d’opérations de maintien de la paix au Liban, au Timor-Leste ou au Soudan, ce qui illustre, à son avis, la gravité de la situation internationale actuelle. Abordant la question du déploiement des nouvelles missions de l’ONU sur le terrain, il a déploré le manque de préparation et de moyens dont souffrent souvent les contingents, ce qui pose un risque indéniable pour les Casques bleus. Il s’est, par contre, félicité de la création de centres d’opération et d’analyse communs qui permettront d’améliorer les modalités de fonctionnement sur le terrain et estimé que l’administration onusienne devrait s’adapter, à son tour, aux conditions sur le terrain. Il a salué, à ce sujet, le mécanisme de consultation triangulaire établi entre les pays fournisseurs de contingents, le Conseil de sécurité et les opérations de maintien de la paix dont il a plaidé le renforcement, affirmant que les pays fournisseurs de contingents devaient s’engager bien plus en amont des opérations. Affirmant que les opérations de consolidation de la paix étaient, contrairement à celles de maintien de la paix, des processus à long terme, le représentant indien a estimé qu’il incombait aux institutions de l’ONU d’aborder ce volet de manière intégrée. Il a également appuyé la politique de tolérance zéro dans les cas d’exploitation sexuelle et s’est prononcé pour la mise en place de mécanismes d’enquêtes et de sanctions rapides proposant, par ailleurs, la création d’une police permanente. Le représentant a rappelé que son pays a été un important contributeur de contingents aux opérations de maintien de la paix ayant fourni quelque 80 000 hommes, à ce jour, mettant l’accent sur la contribution de l’Inde au premier corps de police féminine de l’ONU au Libéria (MINUL).
M. KHALID MOHAMMED OSMAN SIDAHMED MOHAMMED ALI (Soudan) a rappelé que le maintien de la paix constituait, aujourd’hui, l’une des principales activités des Nations Unies, à la fois en matière de personnels et de budgets. Les demandes de nouvelles opérations reflètent la confiance qui existe dans la capacité de l’ONU dans ce domaine où elle n’a pas vraiment connu d’échec, a-t-il estimé. Il faut assurer que dans cette activité, l’Organisation n’applique pas la politique de deux poids deux mesures et respecte les principes d’approbation par le gouvernement du pays où la mission doit se déployer et de non-ingérence dans les affaires intérieures. Des efforts doivent également se poursuivre, a-t-il dit, pour garantir la sécurité et la probité de tous ses personnels et assurer une efficacité financière, notamment en matière de politique des achats, dans le cadre de partenariats réels avec la société civile et le secteur privé.
Le Soudan reçoit actuellement la plus grande mission de paix, étant donné la grandeur du territoire, a rappelé le représentant, soulignant la contribution importante du Gouvernement soudanais. Il a distingué certains développements récents qui ont consolidé l’esprit d’entente et d’intensification du dialogue. Au Darfour, l’application de l’accord d’Abuja signé en mai dernier avance, les premières mesures ayant été adoptées par décret présidentiel dans les domaines de la démarcation des frontières, de la mise en place du Plan d’action de l’Union africaine pour désarmer les milices et dans toutes les tentatives pour garantir la paix globale pour toute la région. Appelant la communauté internationale à soutenir son gouvernement, le représentant a notamment évoqué le récent accord de paix dans l’est du pays signé, il y a quelques jours, en Érythrée. L’embargo sur cette région a été levé hier, a-t-il indiqué. Le représentant a également affirmé que les organisations régionales étaient plus capables de comprendre les divers aspects des problèmes d’un pays, grâce à leur proximité culturelle.
M. MAGED A. ABDELAZIZ (Égypte) a rappelé que les opérations de maintien de la paix devaient être régies par les principes directeurs des Nations Unies. Soulignant que la constitution d’opérations de ce type ne devait se faire qu’à condition que la sécurité des contingents soit assurée, le représentant a également attiré l’attention sur la responsabilité criminelle et matérielle des pays qui bombardent les troupes des Nations Unies. Il a rappelé les liens qui existent entre les efforts de maintien de la paix et le développement économique des régions touchées par les conflits affirmant que les institutions spécialisées de l’Organisation avaient un rôle primordial à jouer sur cette question. Il s’est également prononcé pour l’adoption d’une position très stricte sur les cas de mauvais comportement, notamment d’abus sexuel, du personnel onusien sur le terrain, affirmant que le Secrétariat et le commandement sur le terrain devaient définir des règles parfaitement claires et de lourdes sanctions contre les auteurs de tels actes. Le représentant a, par ailleurs, rappelé que son pays était un contributeur important dans les opérations de maintien de la paix, notamment les opérations de police. Il a salué l’effort de coopération de l’ONU avec l’Union africaine, comme dans le cas du Soudan.
M. PAVLE JEVREMOVIC (Serbie) a souligné que la participation aux opérations de maintien de la paix était une façon concrète de marquer l’engagement des pays aux objectifs globaux des Nations Unies. L’augmentation du nombre d’opérations et la complexité croissante des mandats nous révèlent de nombreuses lacunes, a-t-il souligné. À son avis, il faut analyser en profondeur chaque mission et renforcer la coopération entre le Conseil de sécurité et les autres organes des Nations Unies. Malgré le respect qui prévaut pour la grande majorité des soldats, il y a des situations d’abus et ces conduites illégales qui nuisent à la crédibilité des Nations Unies sont inacceptables, a-t-il souligné.
Comme nous l’avons vu au Kosovo, la réduction de la taille des missions peut entraîner une culture de l’impunité, a poursuivi le représentant. La Mission des Nations Unies au Kosovo (MINUK) n’a pas réussi à remplir son mandat, la population non albanaise continue d’être victime d’attaques ethniques et certains de ses droits fondamentaux bafoués, a-t-il dénoncé, soulignant que le nombre de personnes déplacées restait particulièrement élevé, sans que leur droit au retour soit assuré. La Serbie est néanmoins engagée dans de nombreuses opérations de maintien de la paix et continuera d’aider la MINUK à s’acquitter de son mandat, a-t-il enfin assuré.
Mme NADJEH BAAZIZ (Algérie) a souligné que le concept de maintien de la paix était en constante évolution et lançait des défis importants à l’Organisation et à ses États Membres qui ont dû s’adapter à la nature complexe des missions ainsi qu’à leur nombre élevé. La réussite d’une mission repose sur le consentement des parties, l’impartialité et le non recours à la force, sauf en cas de légitime défense, a-t-elle déclaré. En outre, a-t-elle dit, un mandat réaliste, clair et objectif, ainsi qu’un financement solide sont aussi essentiels. L’intervention dans la gestion des situations postconflit de la Commission de consolidation de la paix ne doit pas être synonyme de désengagement des opérations, a-t-elle indiqué,
plaidant également pour le renforcement de la coopération entre le Secrétariat et les pays contributeurs de contingents. Ces pays doivent être davantage associés à la prise de décision, a-t-elle souligné.
L’Union africaine a montré son attachement au maintien de la paix, malgré son manque de ressources, et la communauté internationale doit se mobiliser pour assurer que les organisations sous-régionales et régionales peuvent jouer leur rôle, a également estimé la représentante. Il faut en outre mieux former les personnels des Nations Unies afin de lutter contre les comportements qui ternissent leur image.
M. PETRO DATSENKO (Ukraine) a affirmé que le facteur clef du succès des opérations de maintien de la paix était leur déploiement rapide, invitant le Secrétariat à renforcer sa collaboration sur cette question avec les pays membres. Il a, par ailleurs, évoqué la menace croissante qui pèse sur le personnel des Missions des Nations Unies, estimant qu’il s’agissait d’un problème grave auquel il faudrait trouver des solutions rapidement. Le représentant a salué à ce sujet la création des centres d’opération et d’analyse conjoints, ainsi que la constitution de forces de police permanentes qu’il a qualifiées d’excellentes initiatives. Dénonçant les cas de violence sexuelle perpétrés par le personnel des Nations Unies sur le terrain, il a plaidé pour l’adoption de sanctions sévères et a proposé la nomination de responsables d’enquêtes nationales, en collaboration avec les organisations régionales. Il a rappelé que la coopération de l’ONU avec les États Membres était un processus indispensable à tous les niveaux et à tous les échelons des opérations de maintien de la paix, et affirmé que le succès de ces opérations dépendait également de la formation du personnel civil et militaire déployé.
M. TAKAHIRO SHINYO (Japon) a souligné que l’expansion des opérations de maintien de la paix devrait se poursuivre et créer des défis, notamment du point de vue financier. Nous sommes prêts à y apporter le soutien maximum mais il faut améliorer le processus de responsabilisation financière et une utilisation plus efficace des ressources, a-t-il déclaré. En termes de personnel, il est important d’assurer une formation appropriée, tous les pays devant multiplier les efforts pour assurer une discipline forte au sein des contingents des Nations Unies, a-t-il estimé.
La mise en place d’une stratégie de sortie est également importante, notamment dans le cadre des ressources limitées dont disposent les Nations Unies, a souligné le représentant, estimant que le Secrétariat devait intensifier ses efforts en matière de gestion des ressources. La coopération interinstitutionnelle est nécessaire car le maintien de la paix se poursuit bien au-delà du mandat de l’opération et, à cet égard, la Commission de consolidation de la paix devrait apporter une grande valeur ajoutée. Il est en outre nécessaire d’assurer la compétence des personnels employés dans le cadre de la consolidation de la paix et le Japon étudie la mise en place d’un programme d’experts civils en la matière, a-t-il dit. Le représentant a, par ailleurs, affirmé que l’amélioration de l’interaction entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents et de ressources financières devait se poursuivre.
Mme REBECA HERNÁNDEZ TOLEDANO (Cuba) a rappelé que les opérations de maintien de la paix grevaient lourdement sur le budget de l’Organisation, compte tenu de leur complexité croissante et le caractère multidimensionnel des nouveaux conflits. Il faut accorder une attention particulière aux principes de la Charte des Nations Unies qui régissent le cadre de ce type d’opération, tels que le consentement, l’impartialité et le non recours à la force, dont le respect est indispensable pour la crédibilité des Nations Unies, a-t-elle indiqué. Elle a par ailleurs rappelé que pour atteindre leurs objectifs, les missions devaient disposer de mandats clairs et réalistes et bénéficier du concours actif des États fournisseurs de contingent et du Conseil de sécurité. La représentante a regretté à ce sujet que 20 des pays fournisseurs de troupes étaient des pays en développement et exhorté les pays industrialisés à y participer plus activement. Elle s’est prononcée pour une politique de tolérance zéro en matière d’abus sexuels et affirmé que les États Membres devaient verser leur contribution selon leur capacité de paiement, les pays disposant de capacités supplémentaires ne devant pas subordonner leur aide à un traitement de faveur. La représentante a également évoqué l’importance du principe de la distribution géographique équitable, notamment pour les postes de commandement.
M. JOON OH (République de Corée) a souligné que cette année s’était avérée, une fois de plus, difficile en raison de l’élargissement de la FINUL, du renforcement de la MINUS et de la création d’une nouvelle mission au Timor-Leste. Saluant la mise en œuvre rapide et coordonnée au Liban, il a estimé qu’au Darfour, la communauté internationale ne devait pas échouer mais que, grâce à une coopération entre les Nations Unies et les différentes parties, notamment avec le Gouvernement soudanais, elle devait mettre fin à la crise humanitaire grave qui perdure. La demande accrue d’opérations représente un lourd fardeau pour les membres de l’ONU, nous devons l’assumer de manière plus efficace, dans le cadre d’une coopération plus étroite avec les organisations régionales, comme l’Union africaine ou l’Union européenne, a-t-il estimé.
Un autre défi qui se pose aux Nations Unies est celui du nombre de personnels victimes de violence dans le cadre de leurs fonctions, a poursuivi le représentant, estimant que le Secrétariat devait maintenir ses efforts pour améliorer la sécurité des personnels. La Corée appuie par ailleurs les initiatives prises dans la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels de la part des personnels du maintien de la paix. La Corée s’engage à rester un appui indéfectible dans le travail important qu’est le maintien de la paix, a conclu le délégué.
M. LESLIE KOJO CHRISTIAN (Ghana) a affirmé que les opérations de maintien de la paix constituaient un défi de taille pour l’Organisation dans la mesure où celles-ci doivent être crédibles et efficaces malgré les défis multiples qui se présentent sur le terrain. Les réformes proposées dans le rapport Brahimi doivent être mises en place, a-t-il souligné, car elles visent à renforcer l’efficacité et la cohérence des opérations de maintien de la paix. Rappelant que la coopération entre les pays fournisseurs de troupes, le Conseil de sécurité et les opérations de maintien de la paix était indispensable, le représentant le représentant a déclaré que son pays était l’un des premiers contributeurs de contingents aux Nations Unies. Il a, par ailleurs, salué l’aide apportée à l’Union africaine et exprimé l’espoir que celle-ci aurait les moyens logistiques d’intervenir plus souvent à l’avenir. Tout en mettant l’accent sur l’importance de la rapidité du déploiement des personnels de l’ONU dans le succès des opérations sur le terrain, le représentant a souligné la nécessité d’assurer préalablement une bonne formation au personnel recruté. Affirmant qu’il ne devait pas y avoir de tolérance pour les auteurs d’actes répréhensibles sur le terrain, il a estimé qu’il ne fallait pas fermer les yeux sur ces agissements et les sanctionner avec la sévérité nécessaire. Le représentant a, par ailleurs, déploré les conditions précaires en matière sécuritaire qui règnent sur le terrain, rappelant que 72 personnels des missions de l’ONU avaient perdu leur vie cette année.
M. AMINE CHABI (Maroc) a estimé que le maintien de la paix était à un tournant en matière de ressources humaines et financières. Poser les jalons d’un maintien de la paix énergique et efficace dans un cadre de sécurité en perpétuelle mutation constitue l’un des axes majeurs de la réforme des Nations Unies, a-t-il souligné. Cette année a été riche en événements avec la définition de stratégies de sortie en Sierra Leone et au Burundi, l’aide logistique cruciale apportée en République démocratique du Congo et en Haïti et l’élargissement de la FINUL au Liban. Les opérations de maintien de la paix se trouvent souvent confrontées à des phases de recrudescence des violences et la constitution de réserves tactiques rapidement mobilisables devrait revêtir un caractère urgent, a-t-il ajouté, déplorant l’inefficacité du système de l’ONU en matière de forces et moyens en attente des Nations Unies.
La participation des pays dotés de moyens substantiels devient une nécessité impérieuse et un renfort pour les Nations Unies sur le terrain, a poursuivi le représentant, rappelant que le Conseil de sécurité avait besoin d’une participation plus vaste de toutes les régions pour renforcer sa légitimité. Il est, en outre, essentiel d’assurer la continuité entre les différentes phases de gestion de crises, a-t-il dit. Soulignant que l’exigence d’excellence et une répartition géographique équitable devaient être les principes directeurs du recrutement dans les opérations de maintien de la paix, il a estimé que les processus de sélection des dirigeants de ces opérations devaient gagner en transparence. Un nouvel esprit de partenariat et de confiance doit aussi être insufflé dans la coopération entre le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes, a-t-il enfin déclaré, soulignant l’engagement de son pays, particulièrement en Afrique.
Mme BIAM BIDINABÈ HODJO (Togo) a rappelé le rôle clef des opérations de maintien de la paix, notamment en Afrique, dans la mesure où elles redonnent un certain espoir aux populations des régions touchées. Elle a toutefois affirmé que la multiplication du nombre des opérations de maintien de la paix dans le monde depuis quelques années attestait de la dégradation du climat dans les relations internationales. C’est vrai même pour l’Europe, continent où l’on ne pensait pourtant pas revivre les affres des conflits, a-t-elle déclaré. Affirmant que ce type d’opération devenait de plus en plus complexe, la représentante a estimé qu’il fallait renforcer les moyens de réforme préconisés l’année dernière sur la conduite de ces opérations et adjoindre le rôle classique de maintien de la paix à la prévention et à la consolidation de cette dernière. La paix, la sécurité, le bon voisinage et la prévention sont des conditions indispensables dans les relations interétatiques, a-t-elle souligné. La représentante a rappelé que son pays fournissait des contingents aux missions de l’ONU, en particulier en Haïti, au Libéria, en Côte d’Ivoire et au Burundi.
M. KAIRE MBUENDE (Namibie) a rappelé que son pays était l’un de ceux qui avait bénéficié du maintien de la paix des Nations Unies et qu’il y contribuait depuis, même modestement, en particulier au sein des missions africaines. La Namibie attache par ailleurs une grande importance à la participation des femmes aux processus de résolution des conflits et l’augmente graduellement. Les femmes offrent des perspectives que l’on ne peut ignorer dans la recherche de la paix, de la sécurité et du développement. Il ne s’agit pas de parité entre les sexes mais de la reconnaissance de leur plus-value, a-t-il précisé, appelant à la mise en place d’un environnement propice à accroître leur participation au maintien de la paix.
Des ressources adéquates sont une condition indispensable pour le succès d’une mission, a poursuivi le représentant. Il est donc important que les Nations Unies travaillent étroitement avec d’autres parties prenantes et le partenariat avec les organismes régionaux et sous-régionaux doit se faire dans les deux sens, a-t-il estimé, saluant l’aide apportée à l’Union africaine pour la mise en place d’une force africaine multidimensionnelle d’ici 2010, ainsi que l’établissement d’un fonds pour la consolidation de la paix.
M. ELMER G. CATO (Philippines) a rappelé que son pays suivait étroitement les réformes en matière d’opérations de maintien de la paix depuis la publication du rapport Brahimi. Il a appuyé la proposition du Secrétaire général de constituer un contingent de 2 500 personnels civils chargés du maintien de la paix et estimé qu’il fallait prévoir des planificateurs compétents supplémentaires pour améliorer les opérations et le fonctionnement de la deuxième plus importante force de déploiement militaire dans le monde. Rappelant que les pays membres du Mouvement des non-alignés fournissaient 80% de la totalité des Casques bleus dans le monde, le représentant a souhaité voir une participation accrue à ces missions des pays plus développés, ce qui devrait contribuer, à son avis, au déploiement de troupes mieux entraînées et de matériel plus perfectionné. Il a, par ailleurs, affirmé que son pays était le plus important contributeur de contingents d’Asie du Sud, 580 soldats et policiers philippins servant à présent dans huit missions onusiennes. S’agissant des cas d’abus sexuels dans le cadre des opérations de maintien de la paix, le représentant a indiqué que son pays avait récemment réexaminé les grandes orientations qui régissent la participation du personnel philippin et qui soulignent qu’aucun écart ne saurait être toléré dans ce domaine.
Mme MIRJANA MLADINEO (Croatie) a souligné la fierté de son pays à contribuer au maintien de la paix après avoir été lui-même bénéficiaire de cinq missions. La Croatie encourage particulièrement la participation des femmes dans les opérations, a-t-elle ajouté, soulignant que l’expansion du nombre des missions et leur caractère multidimensionnel prouvaient la nécessité d’une formation continue des personnels. Elle a en outre encouragé les efforts de transparence et de coopération entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes. Il est de notre intérêt commun d’assurer que les objectifs du maintien de la paix ne soient pas compromis, a-t-elle souligné. Des partenariats efficaces entre les acteurs locaux et internationaux sont nécessaires afin d’assurer la durabilité des succès enregistrés sur le terrain, a-t-elle enfin déclaré, saluant les programmes conjoints mis en place au Burundi et au Libéria.
M. ARUN PRASAD DHITAL (Népal) a rappelé que son pays avait répondu à pratiquement tous les appels des Nations Unies en matière de contribution de troupes. Il est le cinquième contributeur de forces militaires et le troisième de forces de police, a-t-il indiqué. Le maintien de la paix a connu, ces dernières années, un accroissement sans précédent, a-t-il souligné, remerciant tous ceux qui ont rendu possible la libération des Casques bleus népalais enlevés en République démocratique du Congo. À son avis, il faut trouver de meilleures procédures pour empêcher la prise d’otages et assurer une libération plus rapide, et il faut que les soldats blessés ou malades dans le cadre d’une mission soient indemnisés par les Nations Unies. Une étroite coordination entre l’Organisation et les pays fournisseurs de contingents est nécessaire à tous les niveaux de déploiement des missions, a poursuivi le représentant. Il a, en outre, apporté son soutien à la politique de tolérance zéro du Secrétariat en matière d’exploitation et d’abus sexuels. Une paix durable n’est possible qu’avec des efforts sincères pour traiter des causes qui sont à l’origine des conflits, a-t-il enfin déclaré.
M. HOSSEIN MALEKI (Iran) a affirmé que les opérations de maintien de la paix devaient se dérouler conformément aux principes du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale. Se félicitant des efforts déployés par le Secrétaire général adjoint pour dénoncer et sévir dans les cas d’abus de soldats de la paix sur le terrain, le représentant a estimé qu’aucun coupable de pareils agissements ne devait rester impuni. Rappelant que la plupart des opérations de maintien de la paix se déroulent en Afrique, il a exhorté la communauté internationale à renforcer sa coopération avec l’Union africaine. Il a rendu hommage aux soldats de la paix, notamment ceux tués dans le cadre de la FINUL. Après avoir déploré le nombre élevé de personnels civil et militaire des Missions de l’ONU qui ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions, le représentant a exhorté tous les pays à se montrer vigilants dans les domaines de la sécurité.
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