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AG/DSI/3320

INQUIÉTUDE DU JAPON ET DE LA RÉPUBLIQUE DE CORÉE À L’ANNONCE D’UN FUTUR ÉSSAI NUCLÉAIRE PAR LA RPDC

4/10/06
Assemblée généraleAG/DSI/3320
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission

4e séance – matin


INQUIÉTUDE DU JAPON ET DE LA RÉPUBLIQUE DE CORÉE À L’ANNONCE D’UN FUTUR ÉSSAI NUCLÉAIRE PAR LA RPDC


Les délégations de la Première Commission plaident

pour la restauration du régime multilatéral de désarmement


« Le Japon exprime sa plus vive inquiétude quant à l’annonce faite par le Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée en ce qui concerne le futur essai nucléaire auquel compte procéder ce pays. »


C’est en ces termes que le représentant japonais a attiré l’attention de la Première Commission (chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale), qui se réunissait ce matin pour la troisième séance consacrée au débat général sur tous les points de son ordre du jour, sur les derniers développements dans la péninsule coréenne.  Il a exhorté les autorités nord-coréennes à appliquer promptement la résolution 1695 du Conseil de sécurité, notamment en reprenant les pourparlers et en respectant la Déclaration commune formulée dans le cadre des Pourparlers à Six le 19 septembre 2005.  De son côté, le représentant de la République de Corée a estimé que cette annonce constituait une abrogation de la Déclaration conjointe Nord-Sud sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Il a exhorté la RPDC à éviter toute action qui pourrait aggraver les tensions et à retourner immédiatement aux Pourparlers à Six sans conditions préalables.


Avant cela, les délégations avaient poursuivi leurs discussions, convenant que les mesures de non-prolifération s’appliquent à l’ensemble des catégories d’arsenaux, et que seul un régime multilatéral fort et crédible permettra de concrétiser efficacement leur mise en œuvre transparente. 


Le représentant du Kazakhstan a indiqué que son pays avait de tout temps œuvré à la consolidation du régime de non-prolifération des armes nucléaires.  « Cette position trouve son origine dans les souffrances de notre peuple, qui, a-t-il ajouté, subit encore les conséquences des explosions nucléaires pratiquées sur l’ancien site d’essais de Semipalatinsk, fermé pourtant depuis 15 ans. »


Le représentant a indiqué que cette expérience avait conduit son pays à renoncer volontairement à son arsenal nucléaire, l’un des plus importants au monde au moment de son démantèlement.  


Son intervention a trouvé un écho favorable auprès de la délégation du Bélarus qui, par la voix de son représentant, a rappelé que son pays, qui avait immensément souffert de la catastrophe de Tchernobyl, avait subi de telles souffrances qu’il avait décidé de renoncer à l’arme nucléaire.  Il a souhaité mettre en garde la communauté internationale en affirmant avec vigueur que le recours à l’arme nucléaire sous n’importe quel prétexte était inacceptable.


« Pourquoi le mécanisme multilatéral du désarmement est-il en panne, et depuis si longtemps?  Comment se fait-il que les engagements pris ne sont pas respectés?  Doit-on les remplacer, pour des raisons strictement sécuritaires, en multipliant les accords bilatéraux? ».  Telles sont les questions que l’Égypte a posé aux délégations, son représentant estimant que les échecs des principaux instruments onusiens en la matière accentuaient gravement les déséquilibres dans l’application des normes de désarmement entre les pays. 


C’est encore le manque de volonté politique et de consensus entre les États Membres qui a été souligné par de nombreuses délégations pour expliquer les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre des instruments de lutte contre la prolifération des armes légères.


Le représentant de la République dominicaine a ainsi estimé qu’il était crucial d’appliquer les mesures convenues pour combattre le commerce illicite de ces armes.  « Ce sont elles qui génèrent l’insécurité dans nos villes, a-t-il dit, et la communauté internationale doit consolider les mécanismes de contrôle et d’interdiction en vigueur pour mettre fin à ce fléau ».  


Il a par ailleurs fait part de sa consternation quant à l’absence de consensus sur le Document final de la Conférence d’évaluation de l’exécution du Programme d’action contre le commerce illicite des ALPC.  À ses yeux, seule une approche multilatérale, exprimant la volonté commune des pays, permettrait d’obtenir des résultats vraiment significatifs dans ce domaine. 


La Turquie a, de son côté, jugé inquiétante la situation relative aux systèmes portables de défense antiaérienne (MANPADS).  La communauté internationale doit agir volontairement pour garantir la sécurisation des stocks existants de MANPADS et renforcer le contrôle des exportations dans les pays producteurs de ces armes », a-t-il dit. 


Outre ceux déjà cités, les pays suivants ont pris la parole: Cuba, Viet Nam, Tunisie, Venezuela, Singapour, Qatar, Afrique du Sud et Algérie. 


La Première Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi 5 octobre, à 10 heures.   


DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE


Déclarations


M. YERZHAN KH. KAZYKHANOV (Kazakhstan) a rappelé que son pays avait de tout temps œuvré à la consolidation du régime de non-prolifération.  Il a expliqué que cette position trouvait son origine dans les souffrances de son peuple, qui, a-t-il ajouté, subit encore les conséquences des explosions nucléaires pratiquées sur l’ancien site d’essais de Semipalatinsk, fermé pourtant depuis 15 ans.  Le représentant a indiqué que cette expérience avait conduit son pays à démanteler son arsenal nucléaire.  Il s’est félicité de la signature du traité relatif à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale le 8 septembre.  À cet égard, le représentant a regretté que cette avancée significative n’ait pas été mentionnée dans le discours d’ouverture des travaux de la Première Commission du Secrétaire général adjoint aux affaires de désarmement.  Il a poursuivi en disant que son pays, en qualité de puissance spatiale, réaffirmait son engagement à œuvrer à la prévention d’une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique.  Il aussi salué l’adoption du Code international de conduite contre la prolifération des missiles balistiques.  


S’agissant des armes classiques, le représentant a exprimé l’inquiétude de sa délégation face au manque de volonté politique dans le domaine de la lutte contre la prolifération des petites armes (ALPC).  Il a appelé la communauté internationale à travailler sans relâche à la mise en œuvre du Programme d’action visant à prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des ALPC sous tous ses aspects.  Il a enfin demandé que des négociations continuent, dans le cadre des Nations Unies, en vue d’élaborer un traité juridiquement contraignant de lutte contre le trafic des armes légères et de leur minutions.  Le représentant a aussi fait valoir l’importance de la Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA), dont le deuxième Sommet s’est tenu à Almaty cet été, pour renforcer la sécurité dans la région.


M. RODRIGO MALMIERCA DIAZ (Cuba) a déclaré que lors de leur dernier Sommet tenu à la Havane, les pays non alignés ont décidé de promouvoir les positions du Mouvement dans toutes les enceintes internationales.  Pour M. Diaz, il est préoccupant de voir de quelle façon les budgets militaires augmentent.  L’hégémonie et l’unilatéralisme des superpuissances ne cessent de croître face aux pays les plus faibles.  Les États-Unis possèdent la moitié des armes existantes dans le monde et produisent 60% d’entre elles, a-t-il poursuivi, affirmant que si l’on investissait une toute petite partie des 1 000 milliards de dollars consacrés à l’armement dans le monde l’an dernier, il serait possible de combler plus efficacement le fossé qui se creuse entre les pays riches et les pays pauvres.  Cela permettrait d’aider les 852 millions de personnes qui souffrent de la faim dans le monde et les 38 millions de personnes touchées par le VIH/sida.


Au chapitre du désarmement, malgré la fin de la guerre froide, on compte encore 33 000 armes nucléaires dans le monde et 13 000 d’entre elles sont prêtes à être utilisées immédiatement, a souligné Cuba.  Selon ce pays, la seule façon de lutter contre la prolifération des armes de destruction massive est leur élimination totale.


Le représentant a aussi fustigé les pays dotés de l’arme nucléaire et rejeté toute application sélective du Traité d’interdiction des armes nucléaires (TNP).  Il a également réaffirmé le droit inaliénable des pays à utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Dans le secteur des armes conventionnelles, il faut, selon lui, prêter une attention plus soutenue aux nouvelles armes qui sont actuellement conçues et qui entraînent des blessures particulièrement cruelles aux civils.


Les organes et mécanismes de désarmement multilatéraux sont dans une situation critique, a dit l’intervenant.  Pour Cuba, il est urgent d’organiser une nouvelle session spéciale de l’Assemblée générale consacrée au désarmement, la quatrième du genre.  À ses yeux, les plus grandes difficultés entravant ce projet ne sont pas structurelles mais politiques.


M. MAGED A. ABDELAZIZ (Égypte) a estimé que les mêmes règles de désarmement doivent s’appliquer à tous les pays.  Sinon, a-t-il lancé, les échecs continueront de saper le mécanisme multilatéral de désarmement, avec notamment une tendance accentuée au déséquilibre.


Pourquoi ce mécanisme est-il en panne, et depuis si longtemps, a-t-il demandé.  Comment se fait-il que les engagements pris ne sont pas respectés?  Doit-on les remplacer, pour des raisons strictement sécuritaires, en multipliant les accords bilatéraux?  Dans ce cadre, a estimé le représentant, le phénomène le plus grave est l’échec presque total du régime de non-prolifération établi par le TNP.  Selon le représentant, la crédibilité du Traité est menacée car certains pays qui n’ont de cesse d’imposer leurs positions intransigeantes, tout en ne respectant pas leurs propres obligations.  Il a ainsi déploré que les puissances nucléaires continuent de faire fi de leurs obligations au titre de l’Article 6 du TNP, qui demande entre autres l’élimination complète de leurs arsenaux.  En outre, a renchéri le représentant, ces États n’aident pas les autres États à bénéficier du droit qui leur revient de développer des programmes d’énergie nucléaire à des fins pacifiques et de développement.


M. Abdelaziz a par ailleurs noté avec inquiétude que certaines résolutions des Nations Unies sur le Moyen-Orient restaient toujours lettre morte, souvent plusieurs années après avoir été adoptées.  Il a demandé qu’Israël adhère au TNP et démantèle sous le contrôle de l’AIEA ses capacités nucléaires militaires.  Cela constituerait le préalable à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, a-t-il insisté.


S’agissant des armes légères et de petit calibre, le représentant a estimé que l’échec de la Conférence chargée d’évaluer l’exécution du Programme d’action était dû au déséquilibre clairement exprimé entre les principaux pays producteurs et les petits États.  La communauté internationale doit se ressaisir par la voie notamment du Conseil de sécurité.  . 


M. IGOR FISSENKO (Bélarus) a relevé que de nombreux obstacles entravaient les nouvelles initiatives multilatérales dans le secteur du désarmement.  Il a aussi fait part de sa préoccupation face aux problèmes dans l’application des traités existants.  Pour le Bélarus, qui est un des rares pays qui a renoncé volontairement à posséder l’arme nucléaire, l’application du TNP est de première importance.  Pour sa part, le Bélarus a honoré toutes ses obligations et a été à l’origine de la création de zones exemptes de l’arme nucléaire en Europe centrale et en Europe de l’Est.


Le Bélarus, un de pays ayant le plus souffert de la catastrophe de Tchernobyl, souhaite mettre en garde la communauté internationale, et affirmer que le recours à l’arme nucléaire sous n’importe quel prétexte est inacceptable.  Parallèlement, en tant que membre du Mouvement des pays non alignés, il soutient l’utilisation de l’énergie atomique à des fins pacifiques.


Le représentant a ensuite regretté que le TICEN, ne soit pas encore entré en vigueur, alors qu’il est ouvert à la signature depuis 10 ans.  Il a aussi fait part de sa préoccupation devant la lenteur du lancement de négociations sur un traité pour interdire la production des matières fissiles à des fins militaires.  Il a préconisé que la Conférence du désarmement aborde ce sujet dans un ensemble qui comprendrait aussi la prévention de la course aux armements dans l’espace et la question des garanties négatives.


Dans le domaine des armes de destruction massive, la question de la prévention est centrale et le Bélarus est l’auteur d’une résolution, qui vise l’interdiction du développement et de la production de nouveaux types d’armes de destruction massive.  Cette résolution n’avait pas pu être adoptée par consensus lors de la soixantième session, a rappelé le représentant qui a estimé qu’il s’agissait là d’un signe alarmant.  Le texte, a-t-il précisé, ne sera présenté à nouveau que dans deux ans.  Le représentant a aussi évoqué la question des petites armes et des mines antipersonnel, indiquant que son pays soutient toutes les initiatives dans ce domaine visant à juguler leur usage.


M. HOANG CHI TRUNG (Viet Nam) a estimé que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN), adopté en 1996, représentait l’une des avancées les plus significatives dans le domaine du désarmement.  L’intérêt de ce Traité est qu’il encourage à mener de front désarmement nucléaire et non-prolifération.  Le représentant s’est félicité de ce que le nombre de signataires et de ratifications n’ait cessé d’augmenter au cours des dernières années.  Il a appuyé les efforts pour promouvoir une adhésion universelle à cet instrument.  Il a ainsi expliqué que son pays avait, en mars dernier, déposé ses instruments de ratification du TICEN.  Pour le représentant, ce geste marque l’engagement continu du Viet Nam au maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a aussi salué l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale et souhaité que le Moyen-Orient soit également dénucléarisé.  Au plan régional, a dit M. Trung, le Viet Nam participe activement, au sein de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), au maintien du statut de zone exempte d’armes nucléaires de cette région.


M. CHOI YOUNG-JIN (République populaire démocratique de Corée) s’est inquiété de la menace croissante de la prolifération des armes de destruction massive et du risque que de telles armes, qui ont le pouvoir de détruire l’humanité plusieurs fois, ne tombent entre les mains de terroristes.  Parallèlement, le régime établi par le TNP est affaibli à cause de certains États qui refusent d’appliquer les dispositions du Traité.  L’impasse dans la Péninsule de Corée et la question nucléaire iranienne sont les exemples les plus récents de cette situation.  Face à ces défis, la communauté internationale paraît avoir de plus en plus de difficultés à trouver des réponses efficaces, a noté le représentant, aucun progrès substantiel n’a été observé, même si des signes encourageants ont été observés ici et là.


Le représentant a affirmé qu’en dépit de ces difficultés, le TNP continue d’être la pierre angulaire de l’édifice du désarmement nucléaire.  Pour le rendre universel, il s’agirait d’adopter le Protocole additionnel de l’AIEA, qui permettrait de renforcer les garanties de l’application du TNP.  Il a encouragé tous les pays détenteurs d’armes nucléaires à s’engager sur la voie conduisant à l’élimination totale des armes nucléaires car, selon lui, tous les efforts de non-prolifération seront réduits à néant si les principaux pays concernés ne font pas un pas en direction du désarmement.  Les pays qui ne sont pas dotés de l’arme nucléaire ont aussi besoin de garanties.


Le représentant a estimé que l’annonce faite le 3 octobre par le République populaire démocratique de Corée (RPDC) de l’intention de ce pays de procéder à un essai nucléaire constituait une abrogation de la Déclaration conjointe Sud-Nord sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Il a fait savoir que son pays prend part à des consultations de fond avec les parties concernées sur les moyens de reprendre les Pourparlers à Six et de mettre en application la Déclaration conjointe 19 septembre.  Le représentant a exhorté fortement la RPDC à éviter toute action qui pourrait aggraver les tensions et à retourner immédiatement aux Pourparlers à Six sans condition préalable.


M. MOKHTAR CHAOUACHI (Tunisie) a déclaré que force était de constater l’absence de progrès tangibles dans le domaine du désarmement nucléaire.  Il a réitéré les appels en faveur de la pleine application des engagements pris par les États dotés d’armes nucléaires lors de la Conférence d’examen du TNP de 2000 de procéder à l’élimination de leurs arsenaux.  Il a ajouté que les États non nucléaires étaient en droit de demander à bénéficier de garanties efficaces contre l’utilisation ou la menace d’utilisation de ces armes à leur encontre.  Le représentant a par ailleurs regretté que les négociations sur la conclusion d’un traité sur l’interdiction de la production et du stockage des matières fissiles à des fins militaires soient à l’arrêt.  Il s’agit là d’un instrument dont la concrétisation devrait être accélérée en vue d’une élimination rapide et effective des armes nucléaires. 


Le représentant a également estimé qu’il était temps de convoquer la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le désarmement, et ce, en vue d’identifier les moyens de relancer le processus multilatéral de désarmement.  Il a souhaité que le Groupe de travail pertinent voie le jour et parvienne à formuler des recommandations positives dans ce sens. 


M. Chaouachi a, s’agissant de la situation au Moyen-Orient, appelé la communauté internationale, et notamment les puissances influentes, à prendre des mesures urgentes et pratiques pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région.  Il a par ailleurs fait savoir que son pays avait ratifié la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel.  Sur ce dernier point, il a exprimé l’espoir de voir tous les États devenir parties à ce processus en faveur de la paix et de la sécurité internationales. 


M. FRANCISCO JAVIER ARIAS CÁRDENAS (Venezuela) a souhaité mettre l’accent sur la sécurité internationale.  Il a estimé qu’il était possible de parvenir à un monde sans arme nucléaire si tous les États sans exception joignent les accords multilatéraux ad hoc et les respectent.  Il est essentiel que des garanties efficaces soient octroyées aux pays non détenteurs d’armes nucléaires.  Pour le Venezuela, la création de zones exemptes d’armes nucléaires est une bonne étape en ce sens.  Dans le même temps, le Venezuela défend le droit à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Le Venezuela, qui a une industrie chimique importante, n’a pas d’armes chimiques, a dit le représentant.  En 2006, des inspecteurs qui se sont rendus sur place pour la deuxième fois ont conclu que le Venezuela respectait les conventions dans ce domaine.


Globalement, concernant le désarmement, le représentant a soutenu l’application d’un cadre multilatéral et regretté les approches sélectives et unilatérales dans ce domaine.  Les questions de désarmement sont aussi de plus en plus souvent transmises au Conseil de sécurité, une enceinte où les pays ne sont pas tous représentés.  C’est dans le cadre de la Conférence du désarmement que ces questions devraient être abordées, a estimé le représentant.


Concernant les armes légères, le Venezuela lutte aussi contre ce problème.  Chaque État doit d’abord prendre des mesures à son échelle tout en s’appuyant sur une collaboration internationale.  Mais il faut éviter toute ingérence et laisser les pays définir ce dont ils ont besoin dans ce domaine.  De l’avis du représentant, le marquage des armes devrait déjà être fait au niveau des fabricants, ce qui faciliterait leur traçabilité.  Les munitions doivent aussi être prises en compte.


Mme LOKE SEOW LAY (Singapour) s’est demandée ce qu’il adviendrait si un acteur non étatique s’emparait d’armes de destruction massive.  De nombreux pays représentés dans cette salle ont été l’objet d’attentats meurtriers, et ces attaques ne sont jamais limitées sur le plan géographique, a-t-elle fait remarquer.  Dans un tel contexte, il est de notre devoir de renforcer la coopération interétatique et d’être direct.  La représentante a ainsi demandé aux États détenteurs d’armes de destruction de reconnaître que l’existence même de leurs stocks est une source d’inquiétude et de tension, qui sape le régime multilatéral de non-prolifération des ADM.  La représentante a fait savoir que son pays se félicitait de l’élargissement du mandat de la résolution 1540 du Conseil de sécurité et de l’adoption par l’Assemblée générale de la convention sur l’élimination des actes de terrorisme nucléaire.  Nous exhortons tous les États Membres à prendre les mesures requises pour garantir le suivi de ces mesures et initiatives.  Enfin, la représentante a indiqué qu’en tant que petit pays ouvert et dont l’économie dépend du commerce, Singapour était particulièrement sensible au danger des armes de destruction massive et avait pris des mesures pour se protéger.  Elle a cité comme exemple, l’interdiction édictée par le Parlement d’utiliser, produire, stocker et transférer des armes chimiques. 


M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a estimé que la communauté internationale doit gagner la lutte contre les armes de destruction massive.  Mais il y a un véritable manque de volonté politique dans ce domaine, que l’on peut observer dans les enceintes internationales chargées de ces questions, a souligné le représentant.  L’échec de la Conférence d’examen du TNP de 2005 s’explique par l’attitude des pays dotés des armes nucléaires qui ne jouent pas le jeu, a estimé M. Al-Nasser.  Il a, par ailleurs, regretté qu’il n’ait pas été possible jusqu’ici de faire du Moyen-Orient, zone particulièrement instable, une zone exempte d’armes nucléaires.  Israël, a-t-il insisté, doit renoncer à l’arme nucléaire.


Le représentant du Qatar a ensuite évoqué les autres types d’armes.  Les armes légères sont une source de tension et de danger dans de nombreux pays, a-t-il affirmé.  À ses yeux, l’échec de la Conférence chargée d’évaluer l’exécution du Programme d’action pour éliminer leur commerce illicite est un nouveau coup porté aux Nations Unies. 


M. ERASMO LARA-PEÑA (République dominicaine) a estimé qu’il était crucial d’appliquer les mesures convenues pour combattre le commerce illicite des armes légères et de petit calibre (ALPC).  Ce sont ces armes qui génèrent l’insécurité dans nos villes, a ajouté le représentant, et la communauté internationale doit consolider les mécanismes de contrôle et d’interdiction en vigueur pour mettre fin à ce fléau.  Selon lui, la réponse doit être mondiale et s’appuyer sur le système des Nations Unies.  À ce titre, le représentant a fait par de sa consternation quant à l’absence de consensus sur le document final de la Conférence d’évaluation de l’exécution du Programme d’action contre le commerce illicite des ALPC.  C’est pourquoi, a-t-il préconisé, il est fondamental de mettre en place un suivi crédible à l’application de ce Programme essentiel.


Le représentant a également jugé que seule la restauration d’un régime multilatéral en matière de désarmement permettrait d’obtenir des résultats vraiment significatifs.  L’approche multilatérale est la meilleure car elle est l’expression la plus démocratique de la volonté commune des pays. 


Évoquant la situation dans la région de son pays, le représentant a expliqué que la communauté internationale devait se pencher sur les moyens à mettre en œuvre pour sécuriser la mer des Caraïbes.  Il faut déclarer cette mer « zone spéciale », ce qui signifie qu’on la reconnaît comme semi-fermée et comme renfermant un patrimoine propice au développement à protéger.  Des mesures obligatoires spéciales doivent être établies pour la préservation de cet espace et en vue de garantir pour les pays qui l’entourent les conditions d’un développement économique et social durables.  Le représentant a ajouté que ces mesures doivent s’appliquer en premier lieu à la sécurisation du transfert de déchets radioactifs et des matières nucléaires.


Mme GLAUDINE MTSHALI (Afrique du Sud) est revenue elle aussi sur les blocages dans le domaine du désarmement.  Elle a constaté la tendance, au cours des dernières années, à braquer les projecteurs presque exclusivement sur les dispositions des traités de non-prolifération.  L’Afrique du Sud, a-t-elle indiqué, tout en demeurant déterminée à respecter ces textes, est d’avis que pour parvenir à de réels progrès, il faut mener parallèlement des efforts de non-prolifération et de désarmement.  Concernant les armes nucléaires, elle a souligné le rôle important que joue l’AIEA.


Les États, qui ne sont pas détenteurs de l’arme nucléaire, sont de plus en plus inquiets quand on parle de non-prolifération alors que dans le même temps les pays dotés de l’arme nucléaire ne font pas un pas en direction du désarmement, a poursuivi la représentante.  Pour elle, les trois piliers du TNP, à savoir le désarmement, la non-prolifération et l’usage à des fins pacifiques de l’énergie nucléaire, sont inextricablement liés dans toute action visant à instaurer la paix.


La représentante a réaffirmé le droit de tous les pays d’utiliser l’énergie atomique à des fins pacifiques et, il revient à l’AIEA de s’assurer que les technologies et matières sensibles ne sont pas détournées à d’autres fins.


L’Afrique du Sud comme les autres pays non alignés place de grands espoirs dans la Conférence du désarmement.  La délégation d’Afrique du Sud va d’ailleurs profiter de cette session de la Première Commission pour mener des consultations auprès des membres de la Conférence, dans le but d’en promouvoir les travaux. .


Dans le domaine des petites armes, l’Afrique du Sud va déposer conjointement avec le Japon et l’Australie un projet de résolution pour dépasser le dernier échec de la Conférence d’évaluation de l’exécution du Programme d’action des Nations Unies relatif à cette question.     


M. KERIM URAS (Turquie) a souligné le rôle important joué par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  La Turquie reste convaincue que le régime de vérification de l’Agence devrait être affermi et que son Protocole additionnel devrait être adopté comme norme universelle de vérification du respect de l’application du TNP.  S’agissant toujours du désarmement nucléaire, le représentant a indiqué que son pays appuyait le projet de création d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Il a salué la mise en place de l'Initiative de sécurité contre la prolifération, une action importante qui devra compléter les mécanismes existants en la matière,

en particulier les mesures destinées au contrôle des exportations d’armes.  Il a, par ailleurs, indiqué que son pays considérait la Convention sur les armes chimiques et celle sur les armes biologiques comme deux composantes essentielles du système international de lutte contre la prolifération des armes de destruction massive.  De fait, a-t-il dit, il est urgent que de tels instruments deviennent universels et qu’ils soient pleinement appliqués.  La Convention sur les armes chimiques a prouvé son efficacité à interdire et éliminer une catégorie entière d’ADM sous contrôle strict de la communauté internationale.  C’est pourquoi, a renchéri le représentant, il est indispensable que les signataires de la Convention respecte les dates butoirs de destruction des stocks de résidus d’armes de ce type.  En ce qui concerne la Convention sur les armes biologique, M. Uras a souhaité que, dans la perspective de la Conférence d’examen qui se tiendra à Genève en novembre prochain, ladite convention soit renforcée par l’adoption d’un mécanisme de vérification efficace.


Au plan de la lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre (ALPC), le représentant a jugé inquiétante la situation relative aux systèmes portables de défense antiaérienne (MANPADS).  La communauté internationale doit agir volontairement pour garantir la sécurisation des stocks existants de MANPADS et de renforcer le contrôle des exportations dans les pays producteurs de ces armes.  Le représentant a aussi rappelé le soutien inconditionnel de la Turquie à la mise en œuvre pleine et entière de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel.  Il a fait savoir que son pays comptait avoir achevé son programme antimines en 2014. 


M. YOUCEF YOUSFI (Algérie) s’est associé aux déclarations faites au nom du mouvement des pays non alignés et du Groupe africain.  Le processus multilatéral de désarmement montre des signes d’essoufflement, a souligné M. Yousfi.  Le désenchantement gagne des pays attachés à ce processus, qui vient encore d’être mis à mal dans pratiquement tous les secteurs incluant les armes légères.  La cause du désarmement perd du terrain, a-t-il déploré.  Le représentant de l’Algérie a affirmé qu’il reste cependant convaincu que l’action multilatérale reste la seule possible.  Quant aux armes de destruction massive, leur élimination totale est la seule solution, qui prévaut, à ses yeux.


La Conférence de désarmement reste le lieu idoine pour aborder les questions du désarmement, a-t-il poursuivi, car la consolidation de la paix et de la sécurité internationales passe par un traitement global et un effort international concerté.


Le représentant a appuyé la création de zones exemptes d’armes nucléaires qui a déjà plusieurs succès importants à son actif. L’Algérie est préoccupée par les difficultés sur cette voie au Moyen-Orient.  La communauté internationale devrait envoyer un signal fort à Israël, a estimé M. Yousfi.  Au chapitre des armes classiques, l’Algérie est sensible au dossier des armes légères tandis qu’elle a détruit toutes les mines antipersonnel qui se trouvaient sur son territoire.


M. YOSHIKI MINE (Japon) a souhaité attirer l’attention sur la situation dans la péninsule coréenne.  Le Japon a exprimé sa plus vive inquiétude quant à l’annonce faite par le Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée en ce qui concerne le futur essai nucléaire auquel compte procéder ce pays.  Un tel acte ferait peser une lourde menace sur la sécurité du Japon et, au-delà, sur la totalité de la région et du monde.  L’intervenant a estimé que la Corée du nord continuait par ces agissements à saper la crédibilité du TNP.  Il a exhorté les autorités nord-coréennes à appliquer promptement la résolution 1695 du Conseil de sécurité, notamment en retournant à la table des pourparlers et en respectant la Déclaration commune convenue dans le cadre des Pourparlers à Six le 19 septembre 2005.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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