SOC/4662

COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL: LA VICTOIRE SUR LA PAUVRETÉ PASSE PAR LA RESPONSABILISATION SOCIALE DES PREMIERS CONCERNÉS

10/02/2005
Communiqué de presse
SOC/4662

Commission du développement social

Table ronde sur le thème «Éliminer la pauvreté»


COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL: LA VICTOIRE SUR LA PAUVRETÉ

PASSE PAR LA RESPONSABILISATION SOCIALE DES PREMIERS CONCERNÉS


« L’inégalité des progrès en matière de lutte contre la pauvreté conduit à s’interroger sur le degré d’intégration des objectifs de développement social dans les plans nationaux de développement ».  Cette invitation à la réflexion a été lancée, ce matin, par la Ministre de la condition féminine et du développement social du Pérou qui a inauguré la table ronde sur l’élimination de la pauvreté à l’issue de laquelle un consensus a émergé sur l’importance qu’il y a à responsabiliser socialement les communautés locales, les premières concernées, pour assurer la victoire sur ce fléau.  La table ronde a été organisée dans le cadre de la 43e session de la Commission du développement social qui célèbre, cette année, le dixième anniversaire du Programme d’action de Copenhague.  Dans la capitale danoise, 117 chefs d’État et de gouvernement ont fixé neuf objectifs liés à la promotion du progrès social, de la justice et de l’amélioration de la condition humaine. 


Pourtant, en 2003, les 10 personnes les plus riches du monde détenaient des avoirs estimés à 117 milliards de dollars alors que le revenu national d’un pays comme la République-Unie de Tanzanie et ses 35 millions d’habitants se chiffrait à 10 milliards de dollars.  Après avoir accolé ces chiffres négatifs au premier objectif de la Déclaration du Millénaire de 2000 visant à réduire de moitié d’ici à 2015 le nombre de personnes vivant dans la pauvreté extrême, Kaushik Basu, professeur à l’Université Cornell aux Etats-Unis, a estimé que la meilleure façon de procéder, pour triompher de la pauvreté, est de commencer par identifier avec précision et sans concessions ses causes « essentielles ». 


Alors que la pauvreté recule dans des pays comme l’Inde, la Chine ou ceux d’Afrique du Nord, les inégalités continuent de s’accentuer.  Le professeur Basu s’est demandé si l’inégalité n’est pas en fait le prix à payer pour combattre la pauvreté.  Que peut faire l’environnement mondial, notamment les Nations Unies, pour résoudre tous ces problèmes? a-t-il ajouté en ouvrant une autre piste de réflexion et en prévenant que le caractère multidimensionnel de la pauvreté ne saurait être un alibi à l’inaction. 


Le problème de la pauvreté exige une approche novatrice et non conventionnelle, a suggéré, en premier, Anwarul Chowdhury, le Haut Représentant des Nations Unies pour les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement.  Au titre des causes de la pauvreté, M. Chowdhury a cité le fait que les personnes concernées


n’aient pas les moyens de faire entendre leur voix.  Pour lui, tout doit partir de leur émancipation et de leur responsabilisation sociales pour parvenir à ce développement de proximité participatif prôné par tous dont le Directeur du plan national sur la stratégie de lutte contre la pauvreté, les inégalités et l’exclusion du Paraguay.  Pour ce faire, a estimé la représentante de l’Institute of Statistical, Social and Economic Research de l’Université du Ghana, il faut d’abord réfléchir aux mesures incitatives nécessaires à un engagement actif des personnes concernées dans la lutte contre ce fléau pour éviter des échecs en « déléguant des pouvoirs à la base », a ajouté le représentant du Ministère de la planification du Pakistan.  Poursuivant, le Ministre du développement social, de la famille et de la solidarité du Maroc a expliqué les tenants et les aboutissants du plan de développement social territorial mis en œuvre dans le cadre d’un contrat-programme entre le Gouvernement marocain et les intervenants locaux.  


Appuyé par de nombreux participants, le Haut Représentant des Nations Unies a poursuivi en jugeant essentiel de s’attaquer d’abord à la situation des pays les plus pauvres, en particulier les PMA qui ont énuméré leurs besoins dans le Programme d’action de Bruxelles adopté en 2001 et mis l’accent sur les problèmes structurels tels que le chômage, les maladies comme le VIH/sida, le manque de ressources humaines, financières, techniques et humaines, et l’absence d’infrastructures.  Ces points ont été rappelés, entre autres, par le représentant du Ministère chargé des gouvernements locaux du Botswana ou encore le représentant de la Zambie.  Dans ce contexte, la représentante de l’Algérie a attiré l’attention sur le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). 


La pauvreté n’est toutefois pas le monopole des pays en développement, a insisté la Secrétaire d’État chargée des affaires sociales, de la famille et des personnes handicapées de l’Espagne.  Elle a qualifié d’erronée toute politique qui consisterait à compter uniquement sur le développement économique et à minimiser l’impact des interventions de l’État qui doit demeurer le garant, comme l’a souligné le représentant de la Suisse,de la répartition équitable des richesses et qui est seul à même, a renchéri le représentant de Research Fellow Overseas Develpment Institutede palier le manque d’actifs, l’insécurité et l’exclusion sociale, causes essentielles de la pauvreté.  Ces propos ont été fortement soutenus par la Ministre de la planification et de la coopération du Chiliqui a mis l’accent sur le « développement basé sur l’être humain » lancé dans son pays.  


Des mesures sociales concrètes doivent être prises, a prôné la Secrétaire d’État espagnole, en citant les politiques de subventions contre le chômage ou encore celles des pensions en faveur des groupes vulnérables comme les personnes âgées, les retraités ou les personnes handicapées.  Elle s’est aussi attardée sur la nécessité d’universaliser les secteurs de la santé et de l’éducation et de promouvoir l’égalité des chances entre les sexes.  L’une des mesures les plus utiles à prendre dans un pays développé, a-t-elle poursuivi, est la politique de revenu minimum d’insertion qui tient compte des situations des graves pénuries financières et économiques.  Ses suggestions visant à lier intimement la politique sociale à l’emploi, ont été approuvées par de nombreux intervenants. 


Les commentaires de la représentante espagnole sur le rôle du développement économique ont conduit le Vice-Ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran à défendre une intégration des politiques de développement social dans les stratégies macroéconomiques nationales.  Le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Chine a profité de cette position pour attirer l’attention sur les iniquités du système commercial international.  Le représentant du Nigéria a pris la parole pour mettre l’accent sur les questions de la dette extérieure et de la corruption.  Les liens entre la pauvreté et des questions comme l’accès au microfinancement, la migration, la fuite des cerveaux, la violence domestique, la croissance démographique, la sécurité collective ou le respect des droits de l’homme et l’état de droit ont été soulignés par d’autres intervenants dont beaucoup ont insisté sur la féminisation de la pauvreté. 


Sur le plan international et concernant la responsabilité collective reconnue par tous, la Directrice générale du Centre national de recherche sur le bien-être et la santé de la Finlande s’est interrogée sur les moyens de mettre en place une structure mondiale qui travaillerait à une meilleure répartition des richesses.  Le renforcement de la coopération internationale à travers des organismes tels que le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale ou l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a été défendu, dans ce contexte, par la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe (CEE).  La coopération internationale doit aussi promouvoir une plus grande mobilité des personnes, ont ajouté plusieurs intervenants. 


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