En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/9890-AFR/1172

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL APPELLE À SOUTENIR L’EXPANSION DE LA MISSION DE L’UNION AFRICAINE AU DARFOUR

26/05/2005
Communiqué de presse
SG/SM/9890
AFR/1172

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL APPELLE À SOUTENIR L’EXPANSION DE LA MISSION DE L’UNION AFRICAINE AU DARFOUR


      Vous trouverez ci-après le texte de la déclaration faite par le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, à la Conférence coprésidée par l’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies pour les annonces de contributions en faveur de la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS), à Addis-Abeba (Éthiopie), le 26 mai:


C’est un honneur pour moi de coprésider aujourd’hui cette importante conférence.


C’est toujours une source d’inspiration que d’être ici, à Addis-Abeba, parmi mes collègues de l’Union africaine, de me retrouver avec le Président Konaré, qui s’est gagné notre admiration à tous par ses qualités de chef et son dévouement, de rencontrer les autres dirigeants africains et de me pencher avec eux sur les difficultés et les crises auxquelles le continent doit faire face.


Nous sommes réunis ici aujourd’hui, les États membres de l’Union africaine et ses nombreux partenaires, pour réagir à l’une de ces crises, au nombre des plus urgentes et des plus destructrices, le conflit du Darfour.


Nous connaissons tous désormais les faits et chiffres affreux que les organismes humanitaires ont diffusés sur le Darfour. Plus de 2 millions de personnes ont dû partir de chez elles. Plus de 3 millions auront besoin de secours pour les quelques mois à venir. Et il nous manque encore 350 millions de dollars pour pouvoir fournir ces secours.


Nous disputons une course contre la montre : la saison des pluies, la saison de la faim, sont toutes proches, qui rendront plus difficiles nos opérations de secours, au moment même où il faudrait qu’elles se développent. Si la violence et la peur empêchent les habitants du Darfour de planter et de récolter l’an prochain, ce sont des millions de personnes qu’il faudra nourrir, entreprise titanesque qui sollicitera au maximum les capacités internationales.


Tandis que nous nous penchons sur cette épouvantable situation humanitaire, n’oublions pas non plus les conséquences internationales plus larges de ce conflit. Plus de 20 années de guerre civile ont pris fin au Soudan le 9 janvier 2005, avec la signature de l’Accord de paix global. Si la situation ne se stabilise pas au Darfour, la promesse de Naivasha, celle d’un pays juste et démocratique, capable de réaliser pleinement son potentiel, sera gravement compromise.


En dernière analyse, ce sont les parties qui portent l’ultime responsabilité de mettre fin au conflit au Darfour. C’est au Gouvernement, aux dirigeants et aux habitants du Soudan qu’il appartient de faire ce qu’il faut pour parvenir à une paix viable et durable. Quant à nous, la communauté internationale, notre responsabilité est de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour les y aider.


Le processus de paix d’Abuja est crucial à cet égard. Mais il n’aboutira que si nous faisons porter tout notre appui collectif, d’ordre diplomatique, politique et autre, sur l’initiative de médiation de l’Union africaine. Les parties doivent savoir que le monde est uni dans sa volonté de les voir parvenir à un règlement négocié. Elles doivent savoir, et constater concrètement, que la communauté internationale est unie dans sa réaction face à la violence au Darfour. Cette réaction a, à toutes les étapes, été fondée sur le partenariat.


Nous avons, en particulier, soutenu sans réserve l’Union africaine, qui a courageusement pris sur elle l’énorme fardeau que représente la recherche de la paix au Darfour. Le Conseil de sécurité s’est résolument placé à ses côtés depuis qu’il a adopté sa première résolution pour faire face à la crise en juillet 2004. Les donateurs, en plus de financer l’aide humanitaire, ont fourni d’importantes ressources financières et matérielles pour le déploiement et le fonctionnement de l’actuelle Mission de l’Union. Et l’ONU a aidé à planifier cette mission, ainsi qu’à former son personnel.


Mon Représentant spécial, Jan Pronk, et le Représentant du Président de la Commission de l’Union africaine au Soudan, l’Ambassadeur Baba Gana Kingibe, poursuivent des objectifs parfaitement identiques. Et le Président et moi sommes en contact étroit et régulier depuis le début de la crise.


Avec l’appui financier, matériel et politique de ses partenaires, l’Union africaine a mis en place une opération de maintien de la paix et lancé un processus de médiation sur lesquels reposent nos espoirs de voir la stabilité et la paix revenir au Darfour. Je saisis cette occasion pour rendre hommage aux États membres de l’Union qui fournissent des soldats et des policiers à la Mission : le Nigeria, le Rwanda, la Gambie, le Sénégal et l’Afrique du Sud, pour ne citer que les plus importants contributeurs. Il y en a bien d’autres encore. Vous avez tous répondu à l’appel et apporté la preuve de votre engagement.


La Conférence d’aujourd’hui est encore une émanation du partenariat international qui nous a mené jusqu’ici. L’expansion de la Mission repose sur une évaluation des besoins effectuée sous la direction de l’Union et avec l’entière participation de beaucoup des pays et organisations représentés ici. Comme le Président l’a expliqué, une fois renforcée, la Mission comptera au total plus de 6 000 militaires et 1 500 policiers et son coût pour un an dépassera les 465 millions de dollars.


Nous sommes sur le point de franchir l’étape suivante, qui sera décisive : il s’agit de faire le nécessaire pour que la Mission ait les moyens de s’acquitter de sa tâche. Les hommes et les femmes qui la composent ont besoin de notre appui pour bien faire leur travail.


Bien que la violence se soit atténuée ces derniers mois au Darfour, la situation reste inacceptable. Les civils sont en danger, ils risquent d’être attaqués. En outre, la violence est de plus en plus souvent dirigée contre les agents humanitaires, ce qui les empêche d’accomplir un travail déjà bien difficile.


Là où la Mission est déployée, ces choses n’arrivent pas. Une fois renforcée et pleinement opérationnelle, la Mission pourra veiller à ce que la grande majorité des civils du Darfour soient à l’abri de la violence.


Je sais que vous fournirez l’appui requis pour l’expansion de la Mission. Certains d’entre vous ont déjà fait, en termes généraux, des annonces très prometteuses. Nous attendons avec intérêt des précisions sur la façon dont vous entendez les concrétiser.

Beaucoup a déjà été accompli. Nous devons à présent accélérer les choses et bien nous coordonner pour déterminer les besoins réels et éviter les blocages.


À cette fin, nous devons développer l’infrastructure que la Mission de l’Union africaine et ses partenaires ont déjà mise en place au Darfour. De cette façon, l’expansion se fera en douceur et les soldats seront opérationnels dès leur arrivée. Je vous demande à tous de fournir sans tarder les ressources nécessaires.


Pour sa part, l’ONU est prête à faire tout ce qui est en son pouvoir pour aider l’Union africaine et soutenir ses partenaires.


Mais il faut que les choses soient bien claires : si le renforcement de la Mission est nécessaire pour stabiliser la situation, il n’est pas suffisant pour ramener la paix. Seul un règlement négocié aboutira à ce résultat.


Je constate avec satisfaction que les parties s’apprêtent à reprendre fin mai ou début juin les pourparlers d’Abuja, à l’aimable invitation du Président Obasanjo. Elles doivent faire tous les efforts possibles et nous devons sans cesse leur rappeler que le processus d’Abuja, mené sous l’égide de l’Union africaine, est la seule option qui s’offre à elles.


Nous devons aussi placer la barre très haut en ce qui concerne le rôle que le futur Gouvernement d’unité nationale jouera dans les négociations. L’Accord de paix global est le fruit des efforts conjugués de ses membres. Il doit aussi être le fondement d’un règlement définitif au Darfour.


Demain, je me rendrai au Soudan. Je rencontrerai le Président Bashir et le Vice-Président Taha à Khartoum, et M. John Garang à Rumbek. J’irai aussi au Darfour, où je constaterai par moi-même tout ce que fait la force de l’Union africaine. Bien entendu, je rencontrerai aussi des hommes et des femmes du Darfour qui ont été victimes de cette tragédie.


J’aurai différentes choses à dire à ces différents groupes, mais il est un message que je leur répéterai à tous : l’Union africaine et la communauté internationale œuvreront avec le Gouvernement et les dirigeants du Soudan pour ramener la paix au Darfour et aider les réfugiés et les déplacés à rentrer chez eux et à refaire leur vie dans la sécurité et la dignité.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.