AU NOM DE 31 MILLIONS DE SINISTRÉS, KOFI ANNAN DEMANDE AUX DONATEURS DE RÉPONDRE GÉNÉREUSEMENT ET RAPIDEMENT À L’APPEL HUMANITAIRE 2006 LANCÉ AUJOURD’HUI
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AU NOM DE 31 MILLIONS DE SINISTRÉS, KOFI ANNAN DEMANDE AUX DONATEURS DE RÉPONDRE GÉNÉREUSEMENT ET RAPIDEMENT À L’APPEL HUMANITAIRE 2006 LANCÉ AUJOURD’HUI
On trouvera ci-après l’allocution du Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, à l’occasion du lancement de l’Appel humanitaire de 2006, le 30 novembre:
C’est au nom des 31 millions de sinistrés de 26 pays que je prends la parole aujourd’hui. Ils ont cruellement besoin de votre aide et je suis ici pour vous la demander.
Nous voulons réunir 4,7 milliards de dollars pour des gens qui appellent désespérément à l’aide.
Ils sont les survivants des conflits ou des catastrophes naturelles, quand ce n’est pas des uns et des autres à la fois; ils sont les femmes et les enfants du Darfour et de la République centrafricaine que menacent les conflits; ils sont les villageois du Guatemala qui ont perdu leurs maisons dans les inondations et les cyclones; ils sont les civils d’Ouganda, de la République Démocratique du Congo et du Burundi qui fuient devant les troubles; ils sont les affamés du Niger, du Mali et du Burkina Faso. Ils vivent dans des conditions que l’on a du mal à imaginer, loin des services médicaux, sans eau potable ni vivres, sans abri et sans moyen de subsistance.
Ils ont besoin de notre aide; ils en ont besoin immédiatement.
Les appels globaux sont le meilleur moyen dont dispose la communauté internationale pour soutenir l’action humanitaire. Comme mon collègue Mar Dieye [Coordonnateur de l’action humanitaire en Côte d’Ivoire] vient de vous l’expliquer, ces appels ne sont pas des textes conçus au Siège, ils sont le reflet de ce qui se passe sur le terrain, là où les ONG, la Croix-Rouge et les organismes internationaux s’efforcent ensemble de cerner les besoins, de hiérarchiser les urgences et de coordonner les interventions. Ils ne visent pas seulement à soulager sur le moment ceux qui souffrent, ils servent aussi à définir les besoins à venir et à y pourvoir. Cette année, pour la première fois, chaque appel regroupe les projets des organisations non gouvernementales et les initiatives des organismes des Nations Unies.
L’année qui se termine a été une année de grand malheur pour les victimes des catastrophes naturelles. Elle a été en même temps celle où nous avons fait la preuve d’une extraordinaire propension à aider autrui. Les pays donateurs et leurs citoyens ont réagi avec générosité durant les ravages du raz-de-marée et des ouragans dans l’océan Indien et en Amérique. L’appel d’aujourd’hui est l’occasion de manifester la même générosité à l’égard de ceux dont le sort, pour être moins spectaculaire, n’en est pas moins tragique.
Dans un monde d’abondance, ce qu’ils endurent encore est une tache sur notre conscience. Beaucoup d’entre eux se sentent oubliés, car ils sont non seulement les victimes de catastrophes terribles, mais aussi les sinistrés d’un monde où la douleur doit s’afficher sur nos écrans de télévision ou avoir pour théâtre des lieux stratégiques pour que nous consentions à délier nos bourses.
Nous sommes meilleurs que cela. Disons-leur aujourd’hui que s’ils sont loin de nos yeux, ils ne sont pas loin de nos cœurs. Adressons-leur un véritable message d’espoir.
Où qu’elle apparaisse, leur douleur fait souffrir tous les hommes. Nous ne l’éliminerons jamais tout à fait, car telle est la condition humaine, mais il serait impardonnable de ne pas chercher à le faire, en y employant tous les moyens dont nous disposons.
Et si le succès nous échappe, nous compterons parmi ceux qui auront essayé.
Le montant que nous réclamons aujourd’hui est loin d’être négligeable mais il n’est pas énorme par rapport à ce qu’il faut entreprendre. En fait, il est encore inférieur à ce que le monde dépense en 48 heures pour s’armer : deux jours de dépenses militaires contre une année d’aide humanitaire vitale! Pour 31 millions d’êtres humains!
Nous ne pouvons nier que nous avons les moyens de payer. Aujourd’hui, nous devons faire preuve que nous en avons aussi la volonté.
Et nous devons agir d’urgence. Le passé nous enseigne que les appels globaux ne sont financés qu’à 68%. Le dixième seulement des contributions est versé pendant le premier trimestre de chaque année. Et encore, cela varie grandement d’une crise à l’autre.
Les versements tardifs ou incomplets, qui ont été évoqués plus tôt par notre collègue norvégien, prolongent inutilement les tragédies et coûtent en vain des vies humaines. Parce qu’ils n’ont pas reçu la totalité du financement attendu, les organismes d’assistance ne peuvent prêter main forte aux sinistrés pour les aider à prendre un nouveau départ. Cette situation perpétue la dépendance puisque l’on octroie vivres et secours sans fournir l’aide plus générale qui seule permet de reconstruire une vie.
C’est pourquoi l’Organisation des Nations Unies a proposé la création d’un Fonds mondial d’urgence qui financerait les premiers secours chaque fois qu’une crise se déclenche. Avec l’appel d’aujourd’hui, ce mécanisme nous permettra de faire davantage et de le faire bien plus tôt.
Votre générosité d’aujourd’hui épargnera des vies humaines. Et puisqu’elle réduira le montant des rappels nécessaires, elle épargnera aussi de l’argent.
L’esprit d’économie rejoint ici la volonté de faire le bien.
Pour les encourager à verser leurs contributions le plus tôt possible, l’Organisation invite les pays donateurs à se réunir à Genève au début de janvier 2006. Ils auront ainsi l’occasion de fixer les priorités et les objectifs de leur assistance pour l’année tout entière.
Au récent Sommet mondial à New York, les États Membres ont réaffirmé que tous les peuples, y compris les plus vulnérables, avaient le droit de vivre à l’abri du besoin et de s’épanouir pleinement.
Ils ont demandé que le financement de l’aide humanitaire soit plus rapide et plus prévisible.
Ils ont demandé que soient constituées à l’avance sous les auspices de l’ONU des réserves permettant d’intervenir à temps dans les crises humanitaires.
Ils ont demandé que soit renforcée la coordination entre les divers partenaires de la l’action humanitaire.
Voici venu pour les pays donateurs le moment de répondre à cet appel.
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