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SG/SM/10220-IHA/1120

KOFI ANNAN SOLLICITE L’ENGAGEMENT RÉSOLU DES GOUVERNEMENTS, DE LA SOCIÉTÉ CIVILE ET DU SECTEUR PRIVÉ POUR LE RELÈVEMENT DES ZONES FRAPPÉES PAR LE SÉISME AU PAKISTAN

21/11/05
Secrétaire généralSG/SM/10220
IHA/1120
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KOFI ANNAN SOLLICITE L’ENGAGEMENT RÉSOLU DES GOUVERNEMENTS, DE LA SOCIÉTÉ CIVILE ET DU SECTEUR PRIVÉ POUR LE RELÈVEMENT DES ZONES FRAPPÉES PAR LE SÉISME AU PAKISTAN


On trouvera ci-après l’allocution prononcée par le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, à la Conférence internationale de donateurs pour le relèvement et la reconstruction des zones affectées par le séisme du 8 octobre 2005, tenue à Islamabad, Pakistan, le 19 novembre 2005:


Permettez-moi tout d’abord de rendre hommage à nos hôtes, le Président, le Gouvernement et le peuple pakistanais, qui ont subi des pertes si considérables que nous avons du mal à en mesurer l’ampleur.


Je suis certain que je parle en notre nom à tous lorsque je salue le courage dont votre pays a fait preuve au lendemain du drame.  Comme vous l’avez dit vous-même, la nation tout entière s’est retrouvée unie dans l’adversité.


Si nous sommes réunis ici aujourd’hui, c’est pour vous apporter notre soutien et faire face avec vous à l’énorme tâche qui nous attend.


Le séisme du 8 octobre est une catastrophe sans précédent et nous devons y apporter des réponses d’une portée inégalée.


Hier, j’ai pu me rendre dans les zones sinistrées, et assister aux vaillants efforts de secours et de relèvement qui y sont déployés.  Les mots et les statistiques sont loin de rendre compte des souffrances qu’endurent d’innombrables familles et communautés.


À l’évidence, nous n’avons pas fini d’évaluer toutes les conséquences du séisme.  Mais il est une chose que nous savons déjà: nous devons nous préparer à travailler ensemble pendant longtemps.  Le peuple et le Gouvernement pakistanais auront durablement besoin de l’appui de la communauté internationale.


Je tiens à remercier ici les donateurs qui apportent déjà leur soutien, les organisations internationales qui fournissent une aide inestimable, et les organisations non gouvernementales, tant nationales qu’internationales, dont l’action est souvent héroïque.


Par-dessus tout, je voudrais saluer l’excellente coopération qui existe avec le Gouvernement pakistanais, et louer le peuple pakistanais pour ses contributions spontanées et généreuses.  Il aurait été impossible d’entreprendre une action d’une telle envergure sans la mobilisation conjointe des organisations et des individus.


Il n’existe pas de solution toute faite aux nombreux problèmes que la catastrophe a entraînés dans son sillage.  Il est donc essentiel de mettre en commun les biens, les ressources et les compétences et de faire en sorte que tous les acteurs –la Commission fédérale de secours, les autorités provinciales, les communautés locales, les ONG internationales et les organismes des Nations Unies– travaillent en synergie.  Et c’est ce que j’ai vu à l’œuvre hier à Muzaffarabad.


J’ai aussi constaté que l’un des plus grands défis que nous devons relever est la nécessité d’agir simultanément sur trois fronts : le court, le moyen et le long terme.  S’il est une chose que l’expérience nous a apprise, c’est que nous devons à la fois:


–  Apporter des secours, afin de sauver des vies;

–  Prendre des mesures de relèvement dès la première heure, afin de rétablir les moyens de subsistance des populations;

–  Et lancer le processus de reconstruction, afin de remettre l’économie sur pied.


La réalisation de l’objectif ultime, à savoir la reconstruction, dépendra des succès que nous remporterons sur les deux premiers fronts.


À toutes les étapes, notre engagement doit être sans faille.  À toutes les étapes, il nous faut trouver des solutions novatrices.  À toutes les étapes, nous devons apporter des fonds et coordonner notre action.


En premier lieu, nous devons suivre de très près la situation humanitaire et veiller à ce que les besoins les plus urgents soient satisfaits.  Or, la nature accidentée du terrain ne facilite pas la tâche et fait même de l’opération de secours l’une des plus difficiles que nous ayons jamais eu à mener.  Le terrible hiver himalayen commence déjà à s’installer et devient chaque jour un peu plus rigoureux.  Nous ne devons pas relâcher nos efforts et devons faire en sorte que les survivants de la catastrophe restent en aussi bonne santé et aussi forts que possible jusqu’à ce que nous puissions reconstruire.


Cela signifie que nous devons leur donner de quoi s’abriter et de quoi se chauffer.  Nous devons leur apporter de la nourriture, de l’eau potable et des soins médicaux.  Nous devons, s’ils le souhaitent, assurer leur transfert sans danger vers des camps; s’ils préfèrent au contraire rester dans leur communauté d’origine, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour les aider à vivre dans de bonnes conditions de sécurité.  Bref, nous devons veiller à ce que le tremblement de terre ne fasse pas davantage de victimes qu’il n’en a déjà fait.


Par ailleurs, nous devons agir rapidement de façon à rétablir les moyens de subsistance de ceux qui ont tout perdu, en leur offrant de l’argent, des prêts de faible montant ou des programmes de travail contre rémunération.  Il s’agit de les aider à se procurer les ressources et les matériaux nécessaires pour réparer les maisons qui peuvent l’être, ou agrandir celles des familles qui hébergent d’autres familles.


Il s’agit aussi de rouvrir des classes à tous les niveaux, sous des tentes s’il le faut, ou dans des bâtiments temporaires.  Il s’agit d’assurer les soins médicaux, les vaccinations, les soins de santé maternelle et infantile, dans quelque installation que ce soit.  Il s’agit de rendre les routes à nouveau praticables et d’assurer l’approvisionnement en eau, les services d’assainissement et la distribution d’électricité tant dans les camps que dans les zones sinistrées.


Il s’agit enfin de créer les conditions voulues pour que ces solutions temporaires ne s’ancrent pas dans la durée.


Ceci nous amène à la phase de reconstruction.  La tâche consistant à la fois à reconstruire les infrastructures et à recréer des conditions de vie décentes pour les populations demandera un effort soutenu dans de nombreux domaines – du microfinancement à la formation professionnelle en passant par la reconstitution des systèmes de santé et la réparation des écoles endommagées.  Nos collègues de la Banque asiatique de développement et de la Banque mondiale vous en diront plus long à ce sujet tout à l’heure.


C’est au cours de cette phase que nous aurons l’occasion de faire mieux que ce qui existait auparavant et d’offrir de meilleures conditions de vie aux hommes, aux femmes et aux enfants de la région.  Nous pouvons et devons renforcer les services de santé, améliorer l’approvisionnement en eau et l’assainissement, et construire de meilleures écoles en plus grand nombre.  Nous pouvons et devons explorer des modalités de financement novatrices pour assurer le développement des petites entreprises.  Nous pouvons et devons dispenser la formation nécessaire pour améliorer la sécurité de la construction et l’état de préparation en prévision des nouvelles catastrophes qui pourraient survenir.


En résumé, c’est à ce stade que nous pouvons et devons faire en sorte qu’une catastrophe aux proportions inhumaines devienne une chance pour le développement humain.  Comme vous l’avez dit, Monsieur le Président, « Personne ne peut ramener ceux qui sont morts, mais il est en notre pouvoir de changer la vie de ceux qui ont survécu, et c’est ce que nous allons faire, inch Allah ».


Je demande aujourd’hui à la communauté internationale d’apporter son soutien aux trois volets de l’action que nous devons mener pour atteindre cet objectif.  Pour y parvenir, nous devrons pouvoir compter sur l’engagement résolu et l’appui généreux des gouvernements, de la société civile et du secteur privé.  Nous devrons aussi déployer toute l’énergie et la créativité dont nous sommes capables.  Nous devrons enfin coordonner étroitement nos efforts.  J’espère que je peux compter sur vous tous pour accomplir cette mission dans les semaines, les mois et les années qui viennent.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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