SG/SM/10170

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ÉNONCE LES MESURES MISES EN TRAIN DANS LE CADRE DU PROJET DE RÉFORME DE L’ONU ET INDIQUE LES DOMAINES OÙ DES PROGRÈS ONT ÉTÉ CONSTATÉS

17/10/2005
Secrétaire généralSG/SM/10170
Department of Public Information • News and Media Division • New York

                                                            SG/SM/10170

                                                            17 octobre 2005


LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ÉNONCE LES MESURES MISES EN TRAIN DANS LE CADRE DU PROJET DE RÉFORME DE L’ONU ET INDIQUE LES DOMAINES OÙ DES PROGRÈS ONT ÉTÉ CONSTATÉS


Il déplore les échecs dans le domaine

des armes de destruction massive et de la réforme du Conseil de sécurité


(Publié le 23 décembre 2005 – retardé à la traduction)


On trouvera ci-après le discours liminaire prononcé ce jour par le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, Kofi Annan, à l’occasion de la Conférence sur la réforme de l’Organisation des Nations Unies tenue à l’Université de Columbia à New York:


Permettez-moi tout d’abord de vous remercier d’avoir tenu cette conférence qui ne pouvait pas mieux tomber. La réforme de l’Organisation des Nations Unies constitue aujourd’hui, une tâche tout aussi importante que jamais. Nous avons besoin des idées et de l’engagement soutenu, non seulement des gouvernements, mais aussi des universités comme celle-ci, de groupes de réflexion tels que le United States Institute for Peace (USIP) et le Center for International Conflict Resolution, et d’individus de talent comme ceux que j’ai en face de moi dans cette salle.


Je vous suis particulièrement reconnaissant à vous, sénateur George Mitchell, à votre collègue et ancien Président de la Chambre des représentants Gingrich, et au United States Institute for Peace pour l’excellent travail accompli par l’Équipe spéciale sur la réforme de l’Organisation des Nations Unies sous votre direction au début de cette année, et pour le rapport extrêmement utile et constructif que vous avez produit, rapport dois-je ajouter dont les recommandations coïncident à maints égards avec les propositions que j’avais moi-même avancées au titre de l’ordre du jour du Sommet mondial, dans mon rapport intitulé « Dans une liberté plus grande ». Votre rapport nous a été d’un très précieux apport comme il l’a été à ceux qui depuis Washington, suivaient l’évolution de la situation, ici à New York.


Quatre mois plus tard et un mois après le Sommet, le moment est venu de dresser un bilan.



Vous avez vous-même, sénateur, reconnu que les accords conclus lors du Sommet constituaient le point de départ d’une réforme. Il me semble que votre rapport, allié aux efforts de même nature déployés par d’autres États Membres, faisait pendant à mes propres propositions, ce qui nous a aidés à en arriver jusqu’à ce stade. Reste à présent à appliquer ce qui a été décidé et à combler les lacunes qui ont été laissées.


Permettez-moi tout d’abord, d’appeler votre attention sur les résultats enregistrés par le Sommet dans le domaine du développement économique et social, que la plupart des États Membres juge être, de loin, le plus important. Ce Sommet a suscité, tant de la part des pays donateurs que des pays en développement, d’importants engagements, sous forme de mesures visant à promouvoir les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et partant à faire reculer la pauvreté et la maladie, à permettre aux femmes de jouer le rôle primordial qui est le leur dans le domaine du développement et également à protéger l’environnement de notre planète. Il a, pour obtenir ces résultats, tenu compte de l’importance que vous accordiez vous-mêmes à la saine gestion des affaires publiques et à la croissance économique ainsi qu’à la création d’un environnement mondial porteur. Il a également préconisé l’adoption d’importantes mesures cadrant parfaitement avec le rapport du United States Institute for Peace, tendant à renforcer la cohésion et la coordination entre les divers organismes des Nations Unies.


Peut-on vraiment dire que le Sommet a échoué lorsqu’on sait qu’il a formellement entériné les objectifs du Millénaire pour le développement (comme nous les appelons), qu’il a conduit au doublement de l’aide en faveur de l’Afrique, et amené de nombreux donateurs à s’engager aux termes d’un calendrier bien établi, à porter le montant global de leur aide publique au développement à 0,7% de leur produit intérieur brut? Au contraire, si les progrès se poursuivent, je pense qu’il y a de réelles chances pour que l’on s’en souvienne comme le moment décisif où l’humanité aura enfin pu rompre le cercle vicieux de la pauvreté dans le monde.


J’ai été personnellement très sensible à l’allocution que le Président Bush a prononcée lors du Sommet et dans laquelle il a non seulement apporté un appui sans faille aux objectifs du Millénaire pour le développement, mais également fait une proposition qui pourrait bien être historique, à savoir offrir aux pays pauvres la possibilité, par le biais des échanges commerciaux, de s’extirper de la pauvreté, grâce à l’aboutissement heureux des négociations de Doha, qui permettraient de supprimer les droits de douane sur leurs produits et mettre un terme aux pratiques déloyales des subventions agricoles. Je suis convaincu que les perspectives commerciales sont en réalité tout aussi importantes, comme facteur de développement que l’assistance financière ou l’allègement de la dette; et que tant que les pays en développement ne se verront pas offrir la chance de faire concurrence dans un cadre où les règles du jeu sont les mêmes pour tout le monde, nous combattrons la pauvreté poings et pieds liés. La réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce prévue dans deux mois à Hong Kong revêt donc une importance capitale à cet égard.


Dans d’autres domaines où votre rapport préconisait le changement, je vous dirais que le processus a été mis en branle et que ce ne sera qu’à force de persévérance, que nous parviendrons, en fait, à traduire ces déclarations d’intention générales, contenues dans le Document final, en améliorations précises et concrètes du fonctionnement de l’Organisation des Nations Unies, améliorations qui font véritablement la différence dans la vie des populations à travers le monde.



Les tiraillements entre les gouvernements et leurs représentants à l’Assemblée générale se poursuivront, et je suis heureux de constater la présence parmi nous d’un bon nombre d’entre eux ce matin. Or nous savons que les gouvernements ne réagissent généralement que sous l’effet de la pression exercée par des groupes d’intérêts militant pour telle ou telle cause. Je crois que ces groupes d’intérêts – constitués d’individus soucieux de la sécurité internationale, des droits de l’homme et de l’œuvre d’édification nationale de pays ravagés par la guerre, sont bien représentés dans cette salle.


Laissez-moi illustrer mon propos en examinant de plus près quatre domaines où le rapport du United States Institute for Peace préconisait des réformes précises : terrorisme, droits de l’homme, consolidation de la paix et réforme de l’administration.


Terrorisme


Le Sommet a condamné de manière claire et sans équivoque le « terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, quels qu’en soient les auteurs, les lieux et les buts ». Il a toutefois laissé à l’Assemblée générale le soin d’élaborer une convention générale contre le terrorisme international dans un délai d’un an, et de formuler à partir des éléments que j’ai définis à Madrid au mois de mars dernier, une stratégie internationale globale de lutte contre le terrorisme, qui permettrait aux pays et aux organes régionaux de réagir face à cette menace de manière systématique et coordonnée. Je suis disposé à présenter une version actualisée des éléments de cette stratégie, sur demande, lorsque l’Assemblée décidera d’examiner la question. Cela dit, la balle est manifestement dans le camp des États Membres. Il faut que des pressions encore plus vives soient exercées par eux et sur eux, pour qu’elle puisse franchir la ligne de but.


Droits de l’homme


Soixante ans après la libération des camps de la mort nazis, 30 ans après les champs de la mort cambodgiens, et 10 ans après les horreurs du Rwanda et de Srebrenica, tous les États Membres des Nations Unies ont enfin à présent reconnu la responsabilité qui leur incombe de protéger leurs propres populations du génocide, des crimes de guerre, de l’épuration ethnique et des crimes contre l’humanité. Et ils se sont déclarés prêts à entreprendre une action collective prompte et décisive, par le biais du Conseil de sécurité, lorsque les moyens pacifiques ne suffisent pas et que les autorités nationales ne parviennent manifestement pas à protéger leurs propres populations.


Sur le plan des idées, il s’agit d’une avancée historique. Mais cela ne garantit nullement pas que l’action du Conseil de sécurité sera prompte et décisive au Darfour ou partout ailleurs où la nécessité s’en fera sentir. Cela ne saurait non plus se substituer à la volonté politique et à la puissance militaire que les gouvernements devront toujours exercer lorsque les choses tourneront mal.


La décision de créer un nouveau Conseil des droits de l’homme est également très importante mais le Sommet n’a pas précisé les détails que vous et moi aurions souhaité voir précisés. Tout sera décidé par l’Assemblée, qui vient juste d’entamer des consultations à ce propos. Là, tout le monde attend des États-Unis qu’ils s’engagent pleinement et jouent un rôle de tout premier plan. Encore une fois, il appartient à ceux qui se soucient véritablement des droits de l’homme, au sein et lors du gouvernement, de veiller à ce que cette réforme cruciale soit menée à bien dans un délai d’un an, de sorte que des millions de personnes opprimées à travers le monde puissent avoir de vraies raisons d’espérer.


Il leur appartient également, de veiller à ce que le plan d’action visant à renforcer le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, et la décision de doubler le faible taux de 1,8 % que le budget de l’Organisation des Nations Unies lui consacre actuellement, soit appliquée pour aider à placer les droits de l’homme au même niveau que le développement et la sécurité dans les activités de l’Organisation. En obtenant ces ressources, la Haut Commissaire pourra les utiliser pour mieux s’acquitter de son mandat comme l’a recommandé l’Équipe spéciale du United States Institute for Peace.


Enfin, il incombe aux États Membres de s’assurer que le nouveau Fonds pour la démocratie dispose de ressources suffisantes. Là, nous avons pris un bon départ, grâce aux contributions d’un montant de 42,5 millions de dollars, provenant de 15 pays. Je suis très sensible à l’initiative dont les États-Unis ont fait preuve à cet égard.


Consolidation de la paix


Nous avons tous été affligés, au cours des 15 dernières années, par le spectacle de pays qui, sitôt apparemment sortis d’un conflit âpre et ravageur, y replongeaient immédiatement, la communauté internationale ayant tôt fait de s’en désintéresser ou étant passée à d’autres crises. L’absence d’une institution internationale quelconque vouée à proprement parler à la consolidation de la paix par opposition à son rétablissement ou à son maintien en est une des raisons explicatives. Aussi l’un des résultats les plus encourageants du Sommet aura-t-il été pour moi la décision de combler ce vide institutionnel en créant la Commission de la consolidation de la paix, épaulée par un petit bureau d’appui à la consolidation de la paix au sein du Secrétariat, et un fonds de contributions volontaires pour la consolidation de la paix. Tous trois correspondent aux recommandations de votre rapport.


Le document final préconise que la Commission de la consolidation de la paix soit opérationnelle d’ici à décembre 2005. Sa création doit cependant être entérinée par une résolution finale de l’Assemblée générale qui, je l’espère, ne saurait tarder. Celle-ci a déjà entamé des consultations à ce sujet et, nous, des travaux sur la structure et le mandat du fonds, tandis que pour ma part, j’ai pris un certain nombre de dispositions visant à créer le bureau d’appui à l’aide des postes disponibles dans le cadre des ressources actuelles. Mais rien de cela ne produira de résultats tant que les gouvernements ne déploieront pas des trésors d’ardeur à l’Assemblée pour s’accorder sur la résolution et la faire adopter, tant qu’ils ne voteront pas de budget pour le bureau d’appui et tant qu’un bon nombre d’entre eux ne contribueront pas généreusement au fonds.


Réforme de l’administration


Dans ce domaine également, les dirigeants de la planète ont adopté de nombreuses décisions dont vous et moi devons certainement nous féliciter puisqu’elles correspondent à ce que j’avais demandé et que vous avez entériné dans votre rapport. Par exemple:


– Ils m’ont invité à formuler des propositions détaillées au sujet du comité consultatif de contrôle indépendant, pour assurer l’autonomie des organes de contrôle des Nations Unies, en fait, le conseil de contrôle indépendant que vous avez recommandé. Mes propositions seront prêtes d’ici à la fin du mois de novembre;


– Ils ont promis de renforcer sensiblement et sans tarder, les compétences, capacités et ressources du Bureau des services de contrôle interne;

– Ils ont souscrit à la proposition que j’ai formulée au sujet d’une réévaluation de tous les mandats de plus de cinq ans, ce que je juge important dans la mesure où toute institution doit pouvoir dire sans hésiter ce qu’elle fait et où elle va. Je présenterai mes recommandations dans le courant du premier trimestre de 2006. J’entends saisir cette occasion en or, pour éliminer les activités obsolètes, réactualiser l’ensemble de notre programme de travail et en redéfinir les priorités;


– Ils ont fermement l’intention d’examiner une proposition détaillée concernant un seul et unique programme de départs négociés que je présenterai au mois de février;


– Ils m’ont demandé de formuler des recommandations visant à s’assurer que les politiques et règles budgétaires, financières et administratives de l’Organisation des Nations Unies, répondent à ses besoins actuels et lui permettent de bien s’acquitter de son mandat. Je procède actuellement à cette évaluation.


Ces mesures prolongent les réformes que j’ai déjà engagées et qui visent à assurer une plus grande transparence, de meilleurs résultats et un strict respect des codes de déontologie à l’échelle du Secrétariat. Par exemple:


– Nous tâchons d’être plus transparents en tenant plus de documents et d’information, notamment des rapports du Bureau des services de contrôle interne, à la disposition des États Membres;


– Nous nous penchons sur votre très importante recommandation que reprend le rapport Volcker, concernant la création d’un nouveau poste de directeur général de l’Administration chargé d’expédier les affaires courantes;


– J’ai approuvé la création d’un bureau de déontologie indépendant et l’élaboration d’une nouvelle politique de déclaration de situation financière qui s’étend à un plus grand nombre de fonctionnaires;


– Nous avons établi une nouvelle politique de protection de ceux qui tirent la sonnette d’alarme, en tenant compte des meilleures pratiques dans ce domaine à travers le monde, ainsi que des conseils fournis par le US Government Accountability Project, Transparency International et d’autres sources internationales;


– Et le Conseil d’évaluation des performances, que j’ai créé au début de cette année pour veiller à ce que les hauts fonctionnaires soient comptables des réalisations de leurs services, a entamé ses travaux.


J’estime que nous avons, tout compte fait maintenant, la possibilité de faire de l’Organisation des Nations Unies un instrument beaucoup plus efficace, performant et transparent entre les mains de ses Membres. Mais ces mesures ne s’appliqueront pas d’elles-mêmes. Elles demandent d’autres décisions de l’Assemblée générale; et pour remporter ces décisions, nous devons convaincre une large majorité qu’une Organisation des Nations Unies plus efficace serait mieux à même non pas de servir un ou quelques États Membres seulement, mais tous les États Membres, et de mieux leur rendre compte.


Cela dit, il est indéniable que sur certaines questions, le Sommet a enregistré des résultats décevants et a été une occasion manquée.


Il est honteux que nos dirigeants n’aient même pas réussi à s’entendre sur une phrase, sur la manière de remédier à l’un des problèmes les plus pressants de notre époque, la menace que constitue les armes de destruction massive. De nouvelles mesures dans ce domaine sont absolument primordiales. Je travaille avec un groupe de pays conduit par la Norvège pour tenter de faire avancer ce dossier.


Il était assurément décevant aussi que les dirigeants n’aient pas pu s’accorder sur la réforme du Conseil de sécurité. Ils doivent prendre au sérieux l’engagement qu’ils ont pris de ne cesser de s’évertuer à parvenir à une décision à ce sujet, et l’évaluation des progrès qu’ils ont demandée d’ici à la fin de 2005. Moins de trois mois nous séparent de cette échéance, et j’ose espérer que nous aurons quelque chose à évaluer.


Notre tâche consiste à présent, à combler ces lacunes, tout en nous employant à appliquer sans tarder tous les accords qui ont été conclus. Il nous appartient à nous –Secrétariat, représentants de gouvernements, et individus comme vous qui êtes en mesure d’influer sur les gouvernements– de nous engouffrer dans cette brèche que nos dirigeants ont ouverte, pour nous engager résolument dans la voie d’un changement réel et positif.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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