SG/SM/10151-ECO/94

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL INVITE À FAIRE DU MICROFINANCEMENT UN INSTRUMENT DE DÉVELOPPEMENT VIABLE DE GRANDE ENVERGURE, ACCESSIBLE À TOUS CEUX QUI EN ONT BESOIN

10/10/05
Secrétaire généralSG/SM/10151
ECO/94
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL INVITE À FAIRE DU MICROFINANCEMENT UN INSTRUMENT DE DÉVELOPPEMENT VIABLE DE GRANDE ENVERGURE, ACCESSIBLE À TOUS CEUX QUI EN ONT BESOIN


Vous trouverez ci-après l’allocution prononcée par le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, en ouverture du symposium sur le microfinancement intitulé « Capitaux privés pour le financement des microentreprises et des petites entreprises », le 10 octobre 2005 au siège de l’Organisation météorologique mondiale, à Genève:


Je suis très heureux d’être parmi vous.  Je remercie toutes les sociétés, tous les hommes d’affaires, toutes les organisations, et tous les autres intéressés dont l’appui a rendu possible ce symposium qui ne manquera pas de contribuer à la lutte contre la pauvreté.


Il est temps de donner au microfinancement toute la place qu’il mérite.  Un prêt d’un montant modeste, un compte d’épargne, une façon abordable d’envoyer sa paie à sa famille, ce sont autant de moyens qui peuvent faire une grosse différence dans la vie d’une famille pauvre ou d’une petite entreprise.  Ceux qui ont accès au microfinancement peuvent gagner plus et mieux se prémunir contre des pertes ou des revers éventuels.  Une fois qu’ils possèdent des biens à donner en garantie, ils peuvent commencer à faire des projets d’avenir au lieu de ne penser qu’à survivre au jour le jour.  Ils peuvent investir dans leur alimentation, leur logement, leur santé, l’instruction de leurs enfants.  Ils peuvent créer des entreprises productives et reprendre pied plus rapidement après une catastrophe naturelle.  Autrement dit, ils peuvent échapper au cercle vicieux de la misère.


Certes, il faudra beaucoup plus que des programmes de microfinancement pour éliminer la pauvreté et la faim: des politiques macroéconomiques saines, une gouvernance de qualité, des plans de développement des régions rurales et du secteur industriel, une réglementation qui favorise l’activité commerciale, et des investissements dans l’enseignement, la santé et les ressources humaines.  Ce sont les principaux éléments que doit comprendre toute stratégie nationale de lutte contre la pauvreté.  L’appui de la communauté internationale est également d’une importance cruciale: une aide accrue et améliorée, des mesures d’allègement de la dette qui aillent plus loin, et un régime commercial ouvert et équitable qui donne vraiment une chance aux pauvres.  Seul un tel partenariat mondial, s’inscrivant dans la durée, permettra à ceux-ci de se sortir de la pauvreté. 


Le microfinancement a beaucoup à offrir.  Et, soyons bien clairs, ce n’est pas une forme de charité.  Dans certains cas, le premier pas a peut-être été celui d’un philanthrope, mais à présent, c’est bien d’affaires qu’il s’agit.


Le microfinancement est un moyen d’assurer aux familles pauvres les mêmes droits et les mêmes services qu’à toutes les autres.  C’est un moyen d’amortir les chocs, et de faire participer le plus grand nombre à l’activité économique du pays.  C’est un moyen de développer les marchés, et une preuve que les principes sont loin d’être incompatibles avec la logique du profit. 


Toutefois, le microfinancement n’est pas aussi répandu qu’il pourrait ou devrait l’être.  La grande majorité des populations du monde n’ont encore accès à aucun service financier.  Dans bien des pays, le secteur financier ne couvre qu’une fraction de la population, très peu de gens ayant ne fut-ce qu’un compte en banque.  Il existe d’énormes disparités sur le plan du nombre de banques et de distributeurs de billets et de l’accès à d’autres services.  Certains pays n’ont même pas une agence bancaire pour 100 000 habitants, tandis que d’autres en ont plus de 50. 


Heureusement, la situation est en train de changer.  Les mentalités évoluent.  Alors qu’il fut un temps où les pauvres étaient généralement considérés comme des victimes passives, le principe sur lequel repose le microfinancement est qu’ils représentent un énorme réservoir d’énergie et de connaissances.  Et si l’absence de services financiers est un signe de pauvreté, elle est aussi perçue aujourd’hui comme une occasion de créer des marchés, de démarginaliser les pauvres et de leur donner les moyens de s’aider eux-mêmes. 


Les gouvernements, les institutions financières publiques et privées, les entreprises et d’autres acteurs prennent conscience de ce que représente le microfinancement pour les pauvres et pour les petites et moyennes entreprises.  La Banque mondiale et le Fonds monétaire international lui donnent une place centrale dans l’application du Consensus de Monterrey sur le financement du développement.  Le mois dernier, au Sommet mondial qui s’est tenu à l’ONU, l’importance de l’accès aux services financiers pour les pauvres a été soulignée.  Et l’Assemblée générale a proclamé cette année Année internationale du microcrédit. 


Ce qu’il nous faut faire à présent, collectivement, c’est entretenir la dynamique et répondre à la demande croissante de services financiers.  L’Année internationale est un bon stimulant.  Plus de 90 gouvernements ont pris des initiatives.  Des spécialistes du microfinancement, des banques de développement, des mutuelles de crédit, des banques postales et des banques d’épargne, ainsi que des banques commerciales, leur apportent leur appui, ce dont nous leur sommes très reconnaissants.  Plus de 300 manifestations ont été organisées un peu partout dans le monde afin que des experts puissent partager leurs connaissances et faire mieux connaître le microfinancement.


Le microfinancement offre un terrain supplémentaire pour la collaboration entre les secteurs privé et public et les interventions d’organismes privés de solidarité tels qu’organisations non gouvernementales et coopératives.  Ces dispositifs offrent aux pauvres de nouvelles possibilités, ainsi que l’occasion d’accroître leur patrimoine.  Ils donnent aux petites et moyennes entreprises les moyens de renforcer leur infrastructure et leurs capacités.  Ils aident les pays à combattre la faim et à atteindre d’autres objectifs de développement, par exemple l’amélioration de la nutrition, le traitement équitable des hommes et des femmes et la scolarisation des enfants.  Enfin, ils aident les entreprises privées à pénétrer de nouveaux marchés et, ce qui n’est pas le moindre des avantages, à redorer leur blason en offrant des services socialement bénéfiques. 


J’espère que les activités de ce genre se multiplieront.  Elles ont un potentiel considérable.  On estime à plusieurs millions le nombre de pauvres qui, partout dans le monde, n’ont pas accès aux services financiers dont ils ont besoin.  La difficulté consiste à passer à la vitesse supérieure sans perdre de vue les membres les plus pauvres et les plus vulnérables de la société.  Jusqu’ici, le microfinancement est resté une entreprise à petite échelle partiellement subventionnée dans certains cas.  Mais les possibilités de participation commerciale augmentent.  Nous devons faire du microfinancement un instrument de développement viable, de grande envergure, et accessible à tous ceux qui en ont besoin, qu’il s’agisse d’individus, d’entreprises ou d’institutions.  J’espère que les institutions financières continueront de montrer qu’elles ont le sens des affaires en investissant abondamment dans ce secteur. 


Le Sommet mondial qui s’est tenu le mois dernier à New York a été le moteur de progrès considérables que nous attendions depuis longtemps dans des domaines tels que l’aide, l’allègement de la dette et les projets à effet rapide.  Alors que nous poursuivons nos efforts pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, le microfinancement doit faire partie de notre panoplie d’outils.  Lorsque les gens ont un point de départ, un bien, quelque chose à gagner, ils ont plus de chances de prospérer.  Et lorsque les entreprises ont la possibilité de croître, les pays ont plus de chances de se développer.  Je compte bien continuer à travailler avec vous pour que le microfinancement continue à gagner du terrain et, surtout, pour que la lutte mondiale contre la pauvreté s’intensifie. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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