SG/SM/10089

TRANSCRIPTION DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, M. KOFI ANNAN, AU SIÈGE DES NATIONS UNIES, LE 13 SEPTEMBRE 2005

13/09/2005
Secrétaire généralSG/SM/10089
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

TRANSCRIPTION DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, M. KOFI ANNAN, AU SIÈGE DES NATIONS UNIES, LE 13 SEPTEMBRE 2005


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Bon après-midi, Mesdames et Messieurs, je vous prie de bien vouloir excuser mon retard, mais je présume que vous êtes au courant de ce qui se passait. C’était tout à fait indépendant de ma volonté. La bonne nouvelle, c’est que nous avons à présent un document final qui vient d’être approuvé par l’Assemblée générale pratiquement à l’unanimité, hormis deux délégations qui ont émis des réserves . Le document comprend un chapitre important sur le développement. Nous avons fait approuver la création d’un Conseil des droits de l’homme, d’une Commission de consolidation de la paix, ainsi que le principe relatif à la responsabilité de protéger. Nous avons obtenu également une déclaration sur le terrorisme et la création d’un fonds pour la démocratie. Le grand sujet manquant, c’est la non-prolifération et le désarmement. C’est vraiment regrettable. Nous avons échoué à deux reprises cette année pour traiter de la non-prolifération et encore une fois, aujourd’hui. J’espère que les dirigeants verront là un signal clair et feront tout pour que cette question renaisse de ses cendres et qu’ils assumeront leurs responsabilités à un moment où nous nous inquiétons de voir des armes de destruction massive tomber dans des mains criminelles. J’espère que les chefs d’État qui arriveront dans les prochains jours se montreront à la hauteur du défi et feront preuve de détermination dans l’exercice de leurs responsabilités. Je vais maintenant répondre à vos questions.


Question (interprétation de l’anglais): Au nom de l’Association des correspondants de l’ONU, je vous souhaite la bienvenue. Au vu du document final, il est clair que vous n’avez vraiment pas obtenu ce que vous souhaitiez. Avec ce document, avez-vous un quelconque espoir de réaliser des réformes de gestion pour le reste de votre mandat ?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Manifestement, nous n’avons pas obtenu tout ce que nous voulions et avec quelques 191 États Membres, ce n’est pas chose facile que d’aboutir à un accord. Je me souviens avoir dit à la presse ici dans cette salle en 1997 - quand je lançais la réforme et qu’on m’accusait de ne pas avoir réformé l’ONU en six semaines – que, lors d’un déjeuner que j’avais eu avec les membres du Conseil de sécurité, l’ambassadeur de Russie m’avait demandé de quoi je me plaignais, ajoutant que j’avais eu plus de temps que Dieu. Je lui avais répondu que Dieu avait un gros avantage, c’était qu’il travaillait seul sans l’Assemblée générale ni le Conseil de sécurité, ni toutes les commissions. Car évidemment, avec un aussi grand nombre d’États Membres, c’est un chemin difficile. Nous disposons cependant d’un document. C’est un grand succès. Il ne nous donne pas entière satisfaction, mais on pourra l’améliorer. J’espère que les chefs d’État vont approuver ce document. Le défi qui nous attend, c’est d’avancer ensemble pour le mettre en œuvre et il faudra essayer de résoudre les questions sur lesquelles l’accord nous a échappé jusqu’à présent. Mais nous n’avons pas baissé les bras.


Question (interprétation de l’anglais) :… vous avez dit aux États Membres qu’on était à la croisée des chemins et que vous espériez que les chefs d’État arrivent à un accord mais que s’ils n’y arrivaient pas, l’histoire prendrait la décision pour eux. Vous avez demandé que l’on prenne des décisions audacieuses, mais quiconque lit ce document doit se rendre à l’évidence qu’il ne contient pas beaucoup de décisions audacieuses. Quelle est la croisée des chemins que vous envisagez à présent ?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais)  : Comme je l’ai dit plus tôt, nous n’avons pas obtenu tout ce que nous voulions. Mais il y a un grand nombre de propositions que nous avions avancées, et je ne suis pas prêt à tout mettre au dossier des affaires classées. Nous en voulions tous davantage, mais je pense que nous pouvons nous atteler à la tâche à partir de ce que nous avons. C’est un grand pas en avant et, pour traduire cela de façon pratique et fonctionnelle, nous devrons faire de notre mieux pour donner à l’ONU les structures dont elle a besoin pour accomplir son travail. J’espère que nous pourrons travailler dans ces limites.


Question (interprétation de l’anglais)  : Au cours du sommet, envisagez-vous de rencontrer le Président libanais ainsi que M. Roed-Larsen pour discuter de la mise en œuvre de la résolution 1559 (2004) sur le désarmement du Hezbullah et sur la démarcation de la frontière libanaise entre la Syrie et le Liban et entre le Liban et Israël ? Et envisagez-vous également d’examiner le début de relations diplomatiques entre la Syrie et le Liban ?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais)  : J’espère rencontrer le Président Lahoud mais je pense que, s’agissant de la résolution 1559 (2004), il faut être bien clair. Une grande partie du mandat a été réalisée. Les éléments clés du mandat étaient de garantir qu’il y ait un retrait des forces militaires syriennes du Liban – ceci a été fait -, que l’appareil de sécurité se retire – cela a été fait -, que des élections justes et équitables soient organisées – ceci a eu lieu également. S’agissant du désarmement de la milice, c’est une question dont nous discutons avec les Libanais. Mais c’est le Gouvernement libanais qui devra faire cela. Nous en discutons avec lui et il devra décider quand et comment le faire.


S’agissant des relations entre la Syrie et le Liban, nous  avons encouragé ces deux pays à normaliser leurs relations, comme entre deux Etats amis. Sur la question des frontières, nous avons également encouragé la démarcation des frontières. Quant à votre question sur la frontière entre Israël et le Liban, vous vous rappelerez que, lorsque Israël s’est retiré du territoire libanais, en 2000, nous -à l’ONU- avions tracé la Ligne bleue et confirmé devant le Conseil de sécurité que nous avions constaté la mise en œuvre effective de la résolution 425 (1978). Et il y a les fermes de Chabaa qui sont une zone contestée encore. D’après nous, c’est un territoire syrien, mais les Libanais le revendiquent, d’où le conflit. Mais c’est une question qui, je l’espère, sera résolue à l’avenir.


Question (interprétation de l’anglais)  : Ces derniers jours n’ont pas été une bonne période pour l’image de l’ONU. Je me souviens bien, ainsi que d’autres, de votre ambition pour ce document la première fois que vous l’avez présenté en mars dernier, en particulier lorsque vous avez imploré les Membres de l’ONU de ne pas être trop pointilleux et de l’accepter comme un ensemble, un « package ». Ma question est la suivante : est-ce que vous n’avez pas les éléments de preuve ces derniers jours qu’il y a des rivalités régionales, que certaines nations, certains pays ne veulent pas… que leurs souhaits, s’agissant de l’ONU, empiètent sur leurs souhaits nationaux. Est-ce que cela n’est pas évident ? Il y a beaucoup de critiques de l’ONU qui diront que ceci prouve que l’ONU ne peut pas prendre de mesures audacieuses pour réaliser ses objectifs ambitieux du XXIe siècle. Que répondrez-vous à cette critique ?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais)  : Je dirai, comme je l’ai déjà dit, que j’aurais préféré un libellé plus vigoureux dans certains passages du texte, mais la décision a été prise. Vous avez toutefois raison. Le processus n’a pas été facile. Il y a eu des gouvernements qui ne voulaient pas faire les concessions nécessaires et il y a eu donc des difficultés ; et dans ma discussion avec les Etats Membres - et j’ai parlé avec nombre d’entre eux, en particulier ces cinq derniers jours, aujourd’hui et hier - j’ai essayé de leur faire comprendre que dans notre monde interconnecté, nous devons examiner les questions dans un cadre bien plus large, et non pas dans une perspective étroite et nationale, et qu’il faut prendre en compte les intérêts collectifs, lesquels vont souvent de pair avec les intérêts nationaux. Il y a une tendance à avoir un regard plutôt national au lieu d’un regard plus vaste sur un horizon plus large qui prenne en compte les intérêts collectifs. Et je l’ai dit à plusieurs reprises en disant que les délégations se concentraient sur les arbres et perdaient de vue la forêt.


Question (interprétation de l’anglais)  : Indépendamment des négociations de ces derniers jours qui ont abouti à une version édulcorée du document final pour le sommet, d’aucuns soutiendraient, au moins en privé, que ce sommet est un fiasco et cela va dans le sens des intensions de vos détracteurs qui veulent une ONU affaiblie. Dans quelle mesure ceci vous affecte-t-il personnellement ? Comment réagissez-vous à ce qui a été dit l’autre jour aux Nations Unies par le sénateur Coleman qui a semblé dire que votre leadership faisait partie du problème et non pas de la solution ?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais)  : Coleman n’est pas mon problème, et s’agissant des autres questions que vous avez soulevées, j’ai indiqué qu’il serait erroné de décrire ce processus comme étant un échec. C’est dans la nature même de l’Organisation. Lorsque vous avez 191 Etats Membres, vous ne pouvez pas toujours avoir ce que vous voulez. Mais nous devons travailler avec l’outil dont nous disposons et nous ne devons pas voir cela comme un échec. Il est vrai que dans certains domaines, on aurait pu avoir un libellé plus vigoureux. On ne l’a pas eu, mais le processus n’est pas terminé. Comme je l’ai dit, le processus de la réforme est un processus, non pas un événement ponctuel, et donc on continuera après le sommet à travailler sur de nombreuses questions. Je ne dirais donc pas que c’est un échec. Je sais que certains de mes détracteurs le diraient, mais ils ont tort.


Question  (Côte d’Ivoire) : S’agissant de la Côte d’Ivoire, est-ce que vous pouvez nous dire de façon définitive si les élections auront lieu le 30 octobre. D’aucuns disent que les conditions matérielles ne sont pas encore réunies, mais la décision finale revient à l’ONU. Est-ce que vous pouvez nous faire part de  cette décision ? Et nous dire ce que vous en pensez ? Et enfin, sur la réforme : comme l’a dit ma collègue, d’aucuns pensent déjà que c’est un échec. Le document a été adopté avec un vaste champ de questions qui ont été éludées. Certaines délégations n’ont pas eu connaissance du document. Quel est votre espoir pour cette réforme ? Et si, une fois de plus, cette réforme échouait, quel en serait l’impact sur l’avenir de l’ONU ?


Le Secrétaire général : Premièrement, en ce qui concerne la Côte d’Ivoire, c’est vrai que pour des raisons techniques, on ne peut pas organiser des élections, mais c’est parce que les parties n’ont pas coopéré. Il y a certaines choses qui auraient dû être faites et qui ne l’ont pas été, donc, franchement, je ne crois pas qu’on puisse organiser les élections en octobre. En ce qui concerne le sommet, je viens de vous dire que je ne crois pas que l’on ait échoué. Ce mot est prématuré. Il faut donc patienter. Il ne faut pas se hâter de juger.


Question (interprétation de l’anglais): Je voudrais juste une petite précision par rapport à la réponse que vous avez donnée un peu plus tôt. En réponse à la question sur la 1559, vous avez donné l’impression que la Syrie avait mis en oeuvre ses obligations découlant de la 1559 et que seul le désarmement de la milice restait en suspens. Ma question porte sur le rapport sur la milice : êtes-vous satisfait également de l’état actuel de la coopération, et comment en avez-vous discuté avec le Président Bush ? Vous avez discuté de l’Iraq, de l’Iran, du Liban, comment percevez-vous la situation ? Vos points de vue sont-ils différents ou pas ?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : A propos de la question concernant la résolution 1559 et son application, j’ai donné des précisions et je n’ai rien à ajouter. Je pense que les auteurs de la résolution seraient d’accord avec moi quant à l’évaluation que j’ai faite. Quant à la question de l’enquête sur la milice, c’est une enquête sensible qui se poursuit encore. On nous a demandé une prolongation de 40 jours que nous avons accordée. Des gens ont été  interviewé à Damas, mais toutes les interviews n’ont pas encore eu lieu, et même si elles avaient déjà eu lieu, je ne pourrais pas vous en parler. Ce qui importe, c’est que l’équipe qui en chargé y travaille, ses membres interviewent des gens et j’attends le rapport final.


Question (interprétation de l’anglais) : Pouvez-vous nous dire quelque chose au sujet de vos entretiens avec le Président Bush sur l’Iran, l’Iraq, etc.


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Oui, nous avons discuté de toutes ces questions, mais je préfèrerais ne pas entrer dans le détail.


Question (interprétation de l’anglais) : Comment pensez-vous que le monde va percevoir le processus actuel et vos discussions? Est-ce un succès ou un échec ? On pourrait en débattre toute la nuit, mais est-ce que vous n’acceptez pas l’idée que le document montre les faiblesses de l’Organisation, quelles qu’en soient les raisons plutôt que ses éléments forts. Cela reflète l’échec de la majorité de ceux qui ont essayé de régler les différends de façon positive avec les Etats-Unis.


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Je ne sais pas si je souscris pleinement à ce que vous avez dit. Je sais que ce type de choses s’est passé dans différents processus parlementaires : vous présentez un projet de loi et en fin de compte vous n’obtenez pas tout ce que vous souhaitiez initialement et ceci se produit dans un parlement national, avec un seul parlement dans un seul pays. Or, ici, on a processus qui réunit 191 pays avec 191 points de vue différents et bien sûr, dans le processus de négociation, on a perdu certains éléments, mais j’espère que l’Assemblée générale sera différente des parlements nationaux s’agissant de ces délibérations. Parfois, nous prétendons être un peu différents et supérieurs, mais le processus est très semblable à celui d’un parlement national.


Question (interprétation de l’anglais) : Maintenant que vous avez ce document édulcoré, qu’en est-il de la réforme du Conseil de sécurité qui a été reportée indéfiniment ? Vous aviez exprimé l’espoir d’avoir une sorte d’accord d’ici la fin de l’année. Est-ce, d’après vous, les Etats Membres parviendront à un accord ? Est-ce que vous pouvez faire avancer le processus ?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Je ne pense pas que l’idée de la réforme du Conseil de sécurité soit morte, je pense que le document adopté cet après-midi permettra aux Etats Membres de poursuivre la réforme du Conseil de sécurité. Et si je me souviens bien, on nous demande un rapport d’ici décembre. Je pense que parfois, on peut avoir des surprises.


Question (interprétation de l’anglais) :  Vous avez beaucoup parlé de la réforme de la gestion. Que pensez-vous que le document vous donne dans ce domaine ? Que voudriez-vous voir /inaudible/ compte tenu du rapport pétrole contre nourriture ?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Je pense qu’on y retrouve les propositions que nous avions faites. Certaines n’y figurent pas. Dans certains domaines, nous avons besoin de continuer les travaux après le Sommet, par le truchement de l’Assemblée générale et pour parvenir à une conclusion d’ici décembre.


Question (interprétation de l’anglais) : De toute évidence, le document porte sur la réforme des Nations Unies, mais dans quelle mesure peut-on supposer qu’il s’agit aussi de voir comment vous, Kofi Annan, allez figurer dans les manuels d’histoire ? J’aimerais redire la question de la Syrie : vous avez rencontré le Président Bush. Est-ce que d’après vous le Président Bush se limitera à l’Iraq ou cherche-t-il également à changer le régime de Damas  ?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Je pense que la question de la réforme des Nations Unies n’est pas liée à un individu, c’est une question institutionnelle. Je sais que certains ont essayé de lier cela à mon héritage ou ont prétendu que je voudrais pousser la réforme pour laisser un héritage. Ce serait bien d’entendre que le Secrétaire général a travaillé avec les Etats Membres et a poussé la réforme, mais il ne s’agit pas là de Kofi Annan personnellement, il s’agit de l’Organisation des Nations Unies.


Pour répondre à votre deuxième question, à ma connaissance, Washington n’a pas un quelconque plan, comme votre question semblait le sous-entendre.


Question (interprétation de l’anglais) : Vous avez dit que certains Gouvernements gâchaient le processus s’agissant de ce document, est-ce que les Etats-Unis sont parmi eux ? Deuxièmement, vous avez rencontré pendant une heure, donc plus longtemps que prévu, le Président Bush. Le sujet de votre conversation était-il de continuer les enquêtes sur le programme « pétrole contre nourriture », notamment aux Etats-Unis, au sein du Congrès et devant les tribunaux fédéraux ? Est-ce que votre mandat en tant que Secrétaire général a été abordé ?



Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : J’ai beaucoup travaillé, nous avons passé beaucoup de temps aujourd’hui avec de nombreuses délégations, y compris avec John Bolton, qui a été très constructif. Quant à votre deuxième question, votre monde est tellement petit ! Vous semblez exclusivement vivre dans l’univers « pétrole contre nourriture ». Vous avez de la chance. Nous avons quant à nous d’autres questions importantes à discuter avec le Président Bush, et nous n’en avons pas parlé de ce que croyez avec le Président Bush. Nous avons abordé d’autres sujets. Je vous demanderai de bien vouloir passer à autre chose, cher enfant !


Question (interprétation de l’anglais) : La seule fois où vous avez failli perdre votre calme, c’est quand l’un de nous a évoquéde Norman Colman. Mais laissez moi revenir sur la question des gâcheurs du processus. Est-ce que vous auriez pu peut-être utiliser, tout récemment, votre autorité pour justement montrer du doigt certains de ceux qui gâchent le processus ? Est-ce que cela n’aurait pas été plus efficace pour obtenir ce que vous vouliez obtenir concernant ce document ?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : C’est toujours tentant de faire cela, mais nous devons travailler ensemble dans cette maison. Je dis aux Etats Membres de ne pas montrer du doigt le Secrétariat quand il fait des erreurs.  Nous devons travailler dans un esprit de coopération. L’ONU est un espace où nous devons travailler dans l’harmonie. Vous avez raison, dans certains cas, montrer du doigt peut aider. D’un autre côté, si vous le faites trop souvent, cela complique le travail au sein de la maison. Néanmoins, je crois que vous me donnez des idées, merci.


Question (interprétation de l’anglais) : Monsieur le Secrétaire général, tout d’abord, je vous félicite d’avoir réussi à parvenir à un accord. Ce doit être très difficile d’obtenir que la famille mondiale s’entende sur une déclaration. Cette semaine, le Président Clinton va adresser une invitation à tous les chefs d’Etats et de gouvernements et va essayer de les amener à se décider sur ce qu’ils veulent vraiment faire. Et s’ils ne font pas ce qu’ils font ce qu’ils ont promis de faire, ils ne seront pas réinvités. Est-ce que ce serait une option pour vous ? Si oui, à quoi ressemblerait l’Assemblée l’an prochain ? Y aurait-il encore quelqu’un à l’Assemblée ?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Le Président Clinton a un avantage que je n’ai pas : l’Organisation est telle qu’elle est. Lui, il peut décider de qui il invite et de qui il n’invite pas, alors que l’Organisation n’est pas mon club privé. Je ne peux pas décider de qui inviter, même si j’aimerais bien pouvoir le faire. Je crois qu’il importe de voir que nous avons abordé une ère nouvelle à l’ONU. L’ONU travaille avec la société civile et le public. Nous avons vu l’évolution à l’extérieur, les sommets du G8, avec le public manifestant en faveur de la lutte contre la pauvreté, etc. Il est important de voir qu’il y a eu un concert où deux millions de personnes sont venues sans qu’on leur demande de l’argent. On leur a dit : « Nous ne voulons pas de votre argent, nous voulons votre engagement dans la lutte contre la pauvreté, nous voulons que vous gardiez les yeux grand ouverts sur vos dirigeants pour veiller à ce qu’ils honorent leurs promesses ». Les peuples du monde et la société civile sont très, très engagés et ils vont continuer de suivre de près la situation.



Question (interprétation de l’anglais) : Monsieur le Secrétaire général, certes l’ONU n’est pas votre club privé, mais, la semaine dernière, dans une interview à BBC World, vous avez exprimé votre frustration quant aux règles de consensus et engagé les Etats Membres à avoir le courage de prendre une décision à la majorité. Ma question est la suivante : pourquoi n’est-il pas possible de prendre des décisions à la majorité et que ferez-vous pour que cela soit possible à l’avenir ?


Deuxièmement, le bureau de votre porte-parole nous a remis un document très long et détaillé sur votre réunion avec le Président Bush, dans lequel il est indiqué que vous avez abordé toutes sortes de questions et que le Président a exprimé son soutien aux Nations Unies. Pouvez-vous nous donner des précisions sur le soutien du Président Bush à l’égard de l’ONU ?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Vous me demandez de faire le travail de mon porte-parole. S’agissant de la question du vote, je confirme ce que j’ai dit dans l’interview que vous avez citée. Dans le rapport « Dans une liberté plus grande », j’avais indiqué que le consensus était l’idéal. Mais quand le consensus n’est pas possible, alors les Etats Membres ne devraient pas tolérer la passivité. Ils devraient mettre en place un mécanisme qui permette de conclure une discussion au moyen d’un vote. Il faut avoir la volonté de faire cela. Tant que cette volonté n’est pas là, il faut continuer de négocier jusqu’au plus petit dénominateur commun, sans cela on n’obtient aucune décision. C’est pourquoi je pense que lorsqu’il existe un large consensus autour d’une question, une petite minorité ne devrait pas avoir la possibilité de paralyser le processus. Je continue de penser que les Etats Membres devraient trouver un moyen de voter. Je sais que ceci n’est pas très apprécié mais cela doit être examiné dans le cadre de la réforme.


S’agissant de ma rencontre avec le Président Bush, nous avons abordé un large éventail de questions. Cette réunion a été très amicale. Nous avons discuté de la réforme, à laquelle lui-même et la Ministre des affaires étrangères Condoleezza Rice ont exprimé leur soutien ces derniers mois.


Question (interprétation de l’anglais) : On dit souvent que le Secrétaire général n’a qu’une autorité morale, pas politique. Il peut l’utiliser pour dénoncer la corruption là où elle est visible. Il y a plein d’exemples de corruption, comme l’indique le rapport Volcker au sujet de l’ONU avec neuf milliards de dollars du CPA manquant en Iraq. J’aimerais savoir si vous avez fait des mauvais jugements d’ordre éthique qui auraient pu saper votre autorité morale.


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Non, absolument pas. Je crois que le rapport a été très clair sur le fait que je n’avais rien fait pour essayer d’influencer les contrats. Vous avez ma parole. Je ne l’ai jamais fait et je ne ferai jamais rien de la sorte.


(inaudible) Je pense que le rapport a indiqué que j’ai rencontré M. Massey au sujet d’une autre question, celle de la loterie. Le rapport suffit en soi. Je ne voudrais pas répéter ce qu’il dit. Merci.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.