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« VOUS DEVEZ VOUS FAIRE LES GARANTS DE LA RÉFORME INSTITUTIONNELLE », DÉCLARE KOFI ANNAN À LA CLÔTURE DE LA CONFÉRENCE ANNUELLE DPI/ONG

09/09/2005
Secrétaire généralSG/SM/10085
ONG/582
PI/1674
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

                                                            SG/SM/10085

                                                            ONG/582

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                                                            9septembre 2005


« VOUS DEVEZ VOUS FAIRE LES GARANTS DE LA RÉFORME INSTITUTIONNELLE », DÉCLARE KOFI ANNAN À LA CLÔTURE DE LA CONFÉRENCE ANNUELLE DPI/ONG


Vous trouverez ci-dessous l’allocution prononcée aujourd’hui à New York par le Secrétaire général à la séance de clôture de la cinquante-huitième Conférence annuelle du Département de l’information pour les organisations non gouvernementales:


Je suis très heureux de me joindre à vous aujourd’hui. Le fait que vous soyez venus si nombreux cette année – plus nombreux que jamais dans l’histoire de cette conférence – est une preuve supplémentaire de l’importance que vous accordez à la mission dont s’acquitte l’ONU dans le monde. Je tiens à vous remercier d’être ici – surtout ceux qui sont venus de loin.


Il y a près de neuf ans que je suis en fonctions. Bien des choses ont défini cette période pour l’ONU – la situation en Iraq, l’adoption des Objectifs du Millénaire pour le développement, le processus de réforme, l’établissement de la Cour pénale internationale et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et la malaria, pour n’en citer que quelques-unes. Une des plus notables est sûrement la révolution des ONG. Elle a bien sûr commencé avant mon arrivée au poste de Secrétaire général, mais, ces dernières années, elle n’a fait que s’intensifier.


La mobilisation de masse autour de la réunion du G-8 qui s’est tenue au début de l’été n’est que l’exemple le plus récent. Madame Ebadi, vous aussi avez montré l’impact que les ONG peuvent avoir chez elles et sur la scène mondiale. Votre prix Nobel de la paix, ô combien mérité, est une nouvelle marque de reconnaissance de la contribution qu’elles apportent dans les domaines des droits de l’homme, de la paix, du désarmement et de la démocratie.


Moi-même, partout où je vais, je vois des ONG au travail.


Il y a 15 jours au Niger, j’ai vu les organismes, les fonds et les programmes des Nations Unies faire ce qu’ils font de mieux : aider les gens dans le besoin. J’ai été heureux de les voir si bien travailler avec leurs partenaires, les ONG. Et j’ai été frappé par la rapidité avec laquelle Médecins sans frontières a réussi à mettre sur pied un centre de nutrition et à traiter plus de 2 000 enfants en trois semaines à peine. D’autres groupes humanitaires déployaient des efforts tout aussi vaillants. Nous avons certes encore beaucoup à faire pour satisfaire les besoins de ce pays et une crise semblable menace d’autres parties du Sahel et de l’Afrique. Mais sans les ONG, nous ne pourrions même pas espérer commencer à faire face à des situations de ce type. Je vous remercie du rôle essentiel que vous jouez.


Nous avons encore beaucoup à faire au Soudan. Là aussi, les ONG sont nos indispensables partenaires. Quand je suis allé au Darfour en mai, j’étais accompagné par Tom Arnold, Ken Bacon et George Rupp – les chefs de Concern, de Refugees International et du Comité international de secours – et leurs points de vue sur la situation m’ont été extrêmement précieux. Je tiens donc à rendre hommage une fois encore non seulement aux ONG qui ont bravé mille dangers pour apporter des secours, mais aussi à celles, locales et internationales, qui œuvrent pour la réconciliation et les droits de l’homme ou favorisent par d’autres moyens le processus de paix soudanais.


Le fait est que les ONG travaillent partout avec nous :


–     À nos côtés, lorsque des crises surviennent;


–     Juste derrière nous, pour défendre les droits des femmes, promouvoir la justice pénale internationale et mobiliser l’action contre le réchauffement planétaire;


–     Et, souvent, loin devant nous, pour mettre en lumière des risques et des problèmes nouveaux. C’est là, à mon sens, que vous jouez le rôle le plus important. Car vous voyez souvent ce qui n’est pas encore apparent pour les diplomates et pensez ce qui semble encore impensable aux gouvernements et inadmissible aux fonctionnaires. Ce que vous dites peut déplaire aujourd’hui, mais deviendra probablement demain une vérité incontestable.


Nous voici réunis ici à la veille d’un Sommet mondial qui pourrait être d’une importance inestimable pour tous les peuples et tous les pays. Je tiens à vous assurer que vous avez fortement marqué le processus – dans les rues et dans les stades, et dans les réunions tenues de par le monde et ici même. Je sais que vous avez parfois l’impression de parler dans le désert, mais les auditions de juin dernier ont marqué un réel progrès dans les rapports entre l’ONU et la société civile. Le document final officiel en porte l’empreinte, surtout en ce qui concerne l’égalité des sexes et l’environnement.


Et ici, cette semaine, lors de cette conférence, vous nous avez pour ainsi dire payés de retour en écoutant un nombre sans précédent de représentants de gouvernements et de parlementaires. Vous ne serez peut-être jamais entièrement d’accord avec eux et c’est probablement une bonne chose. Mais à tout le moins vous commencez, eux et vous, à vous écouter, à vous comprendre et à vous apprécier, et ce n’est pas rien. Nous devons poursuivre ce dialogue. Et cette conférence annuelle doit rester un cadre d’échanges sans langue de bois entre la société civile, les États Membres et le Secrétariat de l’ONU.


En fin de compte, notre but est d’accomplir des progrès tangibles dans les domaines qui touchent le plus les peuples du monde. Cela implique que nous redoublions d’efforts pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, qui représentent un investissement essentiel dans la sécurité de l’humanité. Certes, il faudra que les résultats soient équilibrés et répondent aux soucis de chaque pays, du terrorisme et de la non-prolifération à la reconstruction après les conflits et aux droits de l’homme, en passant par la réforme de l’ONU elle-même. C’est là le seul moyen de poser les bases solides d’une action collective efficace. Pendant toute la semaine qui vient de s’écouler, j’ai rappelé aux ambassadeurs qui négocient le document final du Sommet que, dans le monde d’aujourd’hui, où tout se tient, l’intérêt collectif coïncide souvent avec l’intérêt national. C’est dans cet esprit qu’ils doivent négocier.


De sérieuses discussions se poursuivent.  Si les Etats Membres veulent un résultat solide, il faudra que chacun fasse davantage de concessions.  Mais le temps est compté.  Malgré des signes de progrès, il y a un risque que le travail ne soit terminé à temps et que les délais ne soient pas respectés.  Cela m’inquiète et j’espère que les faits me donneront tort. 


Quoi qu’on décide et obtienne, l’ONU ne pourra avancer seule. Vous avez tous un rôle clef à jouer. Tout comme vous avez observé de près et influencé les négociations sur le texte final du Sommet, vous devrez suivre de près ce qui sera fait pour en appliquer les dispositions. Les citoyens et citoyennes que vous représentez attendront de vous que vous jugiez le document final et que vous nous disiez si les réformes adoptées par les dirigeants vont assez loin. Et nous avons tous besoin de vous pour suivre ce qui se passe dans les pays et veiller à ce que les gouvernants de vos pays obtiennent des résultats concrets dans les mois et les années à venir. Vous devez donc vous faire les garants de la réforme du système international.

Chers amis,


En ce soixantième anniversaire de l’Organisation des Nations Unies, reconnaissons une fois de plus la sagesse de ses fondateurs, qui, à l’Article 71 de la Charte, ont prévu des consultations avec les ONG. Des échanges étroits avec la société civile étaient alors jugés indispensables à la bonne santé de l’Organisation et au bien-être des peuples. C’est aussi vrai aujourd’hui qu’alors – et peut-être plus encore.


L’état de nos relations ne pourra jamais se mesurer uniquement au nombre d’ONG qui assistent aux conférences mondiales ou participent aux réunions au Siège des Nations Unies. Ce qui compte vraiment, c’est ce qui se passe, dans le monde et sur le terrain. Que votre activité principale soit d’aider à déterminer les politiques mondiales ou d’aider directement ceux qui sont dans le besoin, vous donnez tout son sens à l’expression « Nous, peuples ». Je vous remercie tous pour votre engagement et compte sur votre appui dans la période cruciale qui s’annonce.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.