SG/SM/10081

ALLOCUTION DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADRESSÉE À L’ORGANISATION « CITÉS ET GOUVERNEMENTS LOCAUX UNIS »

08/09/2005
Secrétaire généralSG/SM/10081
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

ALLOCUTION DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADRESSÉE À L’ORGANISATION « CITÉS ET GOUVERNEMENTS LOCAUX UNIS »


Vous trouverez ci-après l’allocution du Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, adressée, aujourd’hui à New York, à l’organisation « Cité et Gouvernements locaux unis » :


Je suis très heureux de vous accueillir au Siège de l’Organisation des Nations Unies à l’approche du Sommet mondial de 2005.  Le Sommet qui se tiendra la semaine prochaine est une occasion unique pour les dirigeants politiques de prendre des décisions audacieuses en vue de rendre notre monde plus juste, plus libre, plus prospère et plus sûr et de renforcer l’ONU elle-même.  Ce sera un moment crucial.  Il est donc non seulement approprié mais aussi essentiel que vous, qui êtes en contact si étroit avec la vie et les aspirations quotidiennes des peuples du monde, soyez réunis pour nous donner votre avis et nous faire part de votre vision des choses.


Nous sommes entrés, vous le savez bien, dans le millénaire des villes.  La moitié de la population mondiale vit désormais en milieu urbain.  C’est là en soi une transition historique.  Mais ce qui se passera dans les 30 années à venir sera tout aussi notable.  D’après les projections de l’ONU, presque toute la croissance de la population mondiale se produira dans les zones urbaines des pays à revenu intermédiaire ou bas.  La manière dont nous gérerons cette croissance aura donc beaucoup d’influence sur la paix et la prospérité futures de notre monde.


Dans le meilleur des cas, les centres urbains du monde en développement sont des moteurs de croissance économique et des lieux extrêmement dynamiques.  Mais beaucoup sont aussi devenus des réservoirs de pauvreté; les conditions de vie y sont dangereuses et malsaines, l’eau, l’infrastructure d’assainissement, les logements et l’espace vital y sont insuffisants, et les habitants n’ont aucune sécurité de jouissance.  Dans le monde, une personne sur six vit aujourd’hui dans un taudis ou une colonie de squatters.  Si les tendances actuelles persistent, les décennies à venir seront celles de l’urbanisation de la pauvreté.


Le rôle et la situation des villes sont très importants pour les travaux que nous menons afin d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.  En adoptant la Déclaration du Millénaire, les États Membres se sont engagés à améliorer considérablement d’ici l’an 2020 les conditions de vie d’au moins 100 millions de personnes qui vivent dans des taudis.  Bien que ce soit le seul but précis touchant expressément la pauvreté urbaine, le monde urbain est au centre de tous nos objectifs.  Comment pouvons-nous espérer atteindre les Objectifs du Millénaire et avancer vers le développement en général sans faire de progrès dans des domaines comme l’éducation, la faim, la santé, l’eau, l’assainissement et l’égalité des sexes? Les villes et les autorités locales ont un rôle crucial à jouer dans tous ces domaines.


La vulnérabilité des villes n’a fait qu’augmenter depuis que les Objectifs du Millénaire ont été adoptés.  La mondialisation crée des emplois et de nouvelles perspectives, mais elle entraîne aussi des perturbations, notamment économiques.  Le sida a continué de gagner rapidement du terrain, pesant de plus en plus sur les systèmes de santé publique.  Les problèmes d’environnement sont en maints endroits devenus plus aigus.  Le terrorisme a encore aggravé les choses puisqu’il impose des efforts de reconstruction, suscite des difficultés économiques et avive les tensions là où sévissent déjà une criminalité violente et autres problèmes sociaux.  Et, comme nous le voyons depuis que l’ouragan Katrina a frappé il y a 10 jours, les catastrophes naturelles peuvent dévaster les grandes villes des pays riches comme celles des pays pauvres.  L’ONU est prête à participer à l’effort de relèvement.


Ces problèmes touchent à toute une série de questions intimement liées entre elles.  Les affaires mondiales et les affaires locales sont plus interdépendantes que jamais.  Certains problèmes, qui étaient autrefois du seul ressort des gouvernements, ne peuvent être réglés aujourd’hui que par le biais de partenariats entre le gouvernement central, le secteur privé, la société civile, les autorités locales et bien souvent aussi, des institutions internationales.  Nous avons donc besoin que vous jouiez votre rôle, à la fois en tant que dirigeants locaux et en tant que personnalités politiques influentes.  Nous avons aussi besoin que les dirigeants et le gouvernement de votre pays vous laissent la possibilité d’agir.  Un État qui traite les autorités locales comme des partenaires et laisse la gestion des affaires publiques à ceux qui sont le plus près des citoyens n’en devient pas plus faible mais plus fort.  Des villes faibles ne peuvent que freiner le développement d’un pays, alors qu’une démocratie locale forte peut être un facteur clef de la prospérité d’un pays.


Les institutions et programmes des Nations Unies sont déterminés à s’engager toujours plus à vos côtés.  Des tribunes comme le Comité consultatif d’autorités locales des Nations Unies font aussi œuvre utile en mettant les autorités locales sur le devant de la scène internationale.  Et, grâce aux nouvelles règles régissant le fonctionnement du Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour les établissements humains, vous pouvez désormais participer à ses sessions, qui se tiennent tous les deux ans.  Je vous engage à vous prévaloir de cette possibilité.


Le Sommet mondial qui aura lieu la semaine prochaine sera le plus important rassemblement de Chefs d’État et de gouvernement qui se soit jamais tenu.  Les négociations sur le projet de texte qui leur sera soumis, qui sont conduites par le Président de l’Assemblée générale, visent à établir un consensus sur un grand nombre de questions – qu’il s’agisse du financement du développement, de la santé, de l’environnement, du terrorisme, de la non-prolifération, de la reconstruction après les conflits, des droits de l’homme, ou de la réforme de l’Organisation des Nations Unies.


Mais quelle que soit l’issue des débats de la semaine prochaine, il ne faudrait pas croire que ces quelques jours soient un aboutissement.  Ils seraient plutôt un point de départ.  Et si grand que soit notre espoir de voir les dirigeants de la planète prendre un bon départ ici, à New York, c’est en définitive dans les rues de vos villes que se mesurera la valeur des décisions prises.  C’est en effet dans la vie quotidienne de vos citoyens, dans notre capacité à assurer leur sécurité, à favoriser leur prospérité et à leur donner foi en l’avenir que nos succès seront les plus visibles et que nos échecs seront ressentis avec le plus d’acuité.  Les Objectifs du Millénaire sont certes mondiaux, mais c’est en agissant au niveau local que nous aurons le plus de chances de les atteindre.


Je me réjouis de votre foi en l’Organisation des Nations Unies et vous sais gré de travailler avec la communauté internationale pour faire avancer les projets urgents que je viens d’évoquer. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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