LES DIRIGEANTS DU MONDE EXHORTES À PLACER LE « CAPITAL NATUREL » AU CŒUR DE LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ
Communiqué de presse PNUE/292 |
LES DIRIGEANTS DU MONDE EXHORTES À PLACER LE « CAPITAL NATUREL » AU CŒUR DE LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ
Pour le Chef du PNUE, le Sommet mondial de 2005
doit être une journée ruban rouge pour l’environnement
(Publié tel que reçu.)
NAIROBI, 17 juin (PNUE) -- Des investissements sains et bien réfléchis dans l’environnement faciliteront considérablement l’atteinte des cibles internationales portant sur l’éradication de la pauvreté, l’approvisionnement d’eau salubre et la lutte contre la propagation de maladies infectieuses, a déclaré aujourd’hui le chef du Programme de l’ONU pour l’environnement.
S’exprimant lors du lancement régional du nouveau rapport des Nations Unies sur les Objectifs du millénaire pour le développement, Monsieur Klaus Toepfer, le Directeur exécutif du PNUE, a dit que « Les biens et les services que nous offrent la nature, qui comptent aussi bien l’atmosphère, les forêts et les rivières que les zones humides, les mangroves et les récifs coralliens, valent des trillions de dollars. »
« Afin de combattre la pauvreté », poursuit-il, « trois types de capitaux sont nécessaires: financier, humain et environnemental. Lorsque nous endommageons le capital naturel, nous nuisons non seulement aux systèmes qui nous maintiennent en vie, mais aussi à la base économique des générations actuelles et futures. Des investissements ciblés en ce capital naturel ont un taux de rendement élevé en terme de développement. »
« Mais une fois ces biens et services endommagés, les restaurer est un exercice onéreux et souvent interminable. Il vaudrait donc mieux les garder intacts plutôt que de les dégrader», conclut-il.
En septembre prochain, des chefs d’État se réuniront à New York pour débattre de la réforme des Nations Unies et de l’état de réalisation des huit Objectifs.
Ces objectifs portent sur des questions de grande importance, telles que réduire de moitié le nombre de personnes subsistant avec moins de un dollar par jour et réduire la mortalité infantile, ainsi que inverser la tendance à la perte de forêt et l’autonomisation de la femme.
Le rapport lancé aujourd’hui met en exergue les progrès réalisés dans nombreuses régions du monde en développement, afin d’atteindre ces objectifs d’ici à 2015. Il confirme toutefois que l’Afrique subsaharienne reste à la traîne dans presque tous les domaines.
« Nous nous rendrons au Sommet mondial de 2005 sachant avec certitude que l’environnement est l’oxygène qui donne vie aux Objectifs et aux indices qui y sont associés. Les nombreux rapports élaborés à l’intention de chefs d’Etat participant à la réunion le confirment », a noté M. Toepfer.
Il conclut: « L’environnement est donc le ruban rouge qui enveloppe toutes nos ambitions. J’espère sincèrement que ce fait sera finalement et clairement reconnu dans les conclusions du Sommet; que le 16 septembre sera véritablement une journée ruban rouge pour l’environnement ».
L’Évaluation des écosystème au début du millénaire, œuvre de 1 300 scientifiques et experts de 95 pays, et à laquelle le PNUE a largement contribué, contient quelques-uns des premiers chiffres concrets de la valeur économique de l’environnement et donc de son rôle dans la réalisation des Objectifs.
Elle affirme que les mangroves tropicales, ces écosystèmes côtiers qui constituent aussi bien des nourriceries pour poissons que des filtres naturels et une défense côtière, valent plus de $1,000 l’hectare à l’état naturel. Une fois défriché pour faire place à la culture de crustacés, le même terrain ne vaux plus que $200 l’hectare.
L’Évaluation attribue également une valeur monétaire aux tourbières et aux marécages. Elle estime qu’au Sri Lanka le Muthurajawela Marsh, une tourbière côtière de plus de 3 000 hectares, rapporte près de $5 millions par an, grâce aux services qu’elle fournit, comme la prévention d’inondations.
Dans la région de Cape Floral en Afrique du Sud, les pertes dues aux espèces allogènes invasives sont estimées à $93 millions par an.
Une zone humide inviolée au Canada recèle $6 000 l’hectare, alors qu’une fois convertie à l’exploitation agricole, elle ne vaut plus que $2 000.
En tant que lieu de loisir, les récifs coralliens des six Zones de gestion marine des îles Hawaii ont une valeur annuelle allant de $300 000 à plusieurs dizaines de millions de dollars.
Des études en Algérie, Italie, Portugal, Syrie et Tunisie semblent également indiquer la valeur cachée de forêts intactes.
Elles montrent que le bois de construction et de feu tiré de l’exploitation d’une forêt rapporte moins que le tiers des services qu’on en tire telles que la protection des bassins versants, l’absorption de polluants dont les gaz à effet de serre, et en tant que lieu de loisir.
On estime que les incendies qui ont ravagé 10 millions d’hectares de forêt en Indonésie à la fin des années 1990 ont coûté $9 milliards, dus entre autre à des coûts de soin de santés accrus et des pertes en revenus touristiques.
Réhabiliter un écosystème endommagé est également une affaire onéreuse. La Louisiane, aux États-Unis, dépense actuellement des milliards de dollars pour restaurer les zones humides et les marécages du littoral. Ces efforts sont entrepris dans le cadre de mesures visant à réduire les dégâts causés par les ouragans.
M. Toepfer a signalé l’émergence de nouvelles études sur l’importance d’un environnement sain dans la lutte contre la propagation de maladies.
Par exemple, des études entreprises dans les forêts tropicales de l’Amazonie, révèlent la corrélation entre déforestation et paludisme: toute augmentation de 1 pour cent du taux de déforestation est suivie d’une augmentation de huit pour cent de la population de moustiques, vecteurs de paludisme.
Les conséquences s’en font sentir non seulement sur la santé humaine, mais aussi du point de vue des coûts pour la société. Le Produit national brut de l’Afrique en 2000 aurait put être supérieur de 25 pour cent ou de $100 milliards, si la malaria avait été éliminée 35 ans plus tôt, selon certains experts.
M. Toepfer a exprimé son soutien aux différentes initiatives internationales visant à mobiliser des fonds et de la volonté politique pour s’attaquer à un certain nombre de questions, dont l’Afrique et les changements climatiques.
Parmi ces initiatives, figure celle annoncée la semaine dernière sur l’allégement de la dette de pays d’Afrique et d’Amérique latine et les programmes, la Commission pour l’Afrique comprise, initiés par le Gouvernement du Royaume-Uni à l’occasion de sa présidence du G-8.
Les nations de l’Union européenne se sont récemment engagées à contribuer un minimum de 0,7% de leur économie à l’aide extérieure au développement.
À la veille du Sommet du G8 à Gleneagles en Ecosse, M. Toepfer a également exhorté les gouvernements à appuyer un réapprovisionnement considérable du Fonds mondial pour l’environnement (FEM). Le FEM est un fonds d’une valeur de plusieurs milliards de dollar, qui aide les pays en voie de développement à mettre sur pied des projets d’environnement et de développement. Les pays en voie de développement sont ainsi à même d’implémenter leurs engagements vis-à-vis de quatre conventions internationales importantes en matière d’environnement.
« Le FEM est la source la plus importante de financement environnemental pour les pays en développement. Il apporte son soutien à des projets portant sur l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques, la sauvegarde et l’exploitation durable de la diversité biologique, l’élimination progressive de produits chimiques toxiques et persistants et la lutte contre la dégradation des sols. Les gouvernements doivent assurer son succès continu en lui apportant le soutien financier nécessaire, a-t-il insisté.
L’événement coïncidant avec la Journée mondiale de lutte contre la désertification, M. Toepfer a annoncé le lancement d’un nouveau projet du PNUE/FEM s’élevant à $3,5 millions dont le but est de combattre la dégradation du sol dans la région du Mont Marsabit au Kenya.
Ce projet est le dernier d’un ensemble de projets d’une valeur combinée de $115 millions, qui visent à combattre la dégradation du sol en Afrique et qui sont mis en œuvre par le PNUE et co-financés par le FEM. Ces projets représentent des actions concrètes qui soutiennent l’Initiative environnementale du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). L’Initiative environnementale du NEPAD, adoptée par les chefs d’Etat africains, a été développé et est en cours d’application avec le concours du PNUE et du FEM.
M. Toepfer a également déclaré que le PNUE se lie à une initiative majeure, en Afrique, de $100 millions pour lutter contre la dégradation des sols et promouvoir la gestion durable de ceux-ci; initiative que la Banque mondiale lancera prochainement.
Ce projet, que le FEM appuie, sera annoncé lors du prochain Sommet du G-8. Il constituera une contribution importante à l’Année internationale des Déserts et de la désertification, qui se tient en 2006 à l’initiative du PNUE.
Pour plus d’information, veuillez contacter: Nick Nuttall, Porte-parole du PNUE, Bureau du Directeur exécutif, au tel: +254 20 62 3084; mobile: +254 733 632 755, courriel: nick.nuttall@unep.org; ou Elisabeth Waechter, Chargée des relations presse et de l'information au PNUE, au tel: 254 20 623088, Mobile: 254 720 173968, courriel: elisabeth.waechter@unep.org; à New York, Jim Sniffen, fonctionnaire ç l’information du PNUE, tel: +1-212-963-8094/8210; info@nyo.unep.org; www.nyo.unep.org.
* *** *