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PNUE/268

APRÈS LE TSUNAMI, LE PNUE ENCOURAGE À RECONSTRUIRE DIFFÉREMMENT

22/02/2005
Communiqué de presse
PNUE/268


APRÈS LE TSUNAMI, LE PNUE ENCOURAGE À RECONSTRUIRE DIFFÉREMMENT


Un nouveau rapport propose des recommandations sur des moyens

de réduire la vulnérabilité des côtes face à d’éventuelles catastrophes


(Publié tel que reçu)


NAIROBI, le 22 février (PNUE) -- La dévastation écologique causée par le tsunami en Asie présente l’opportunité de reconstruire de manière à préserver les ressources naturelles aux profits des communautés locales les plus dévastées par le désastre.


Selon un nouveau rapport du Programme de l’ONU pour l’environnement, il faut dresser une carte topographique des sites côtiers les plus vulnérables afin d’identifier les lieux où la construction d’habitations, d’hôtels, de fabriques et d’autres infrastructures devrait être interdite ou limitée.


Klaus Toepfer, le Directeur exécutif du PNUE, a déclaré: « Le rapport souligne l’importance de gérer la reconstruction d’une manière soucieuse de l’environnement. Les immeubles et autres infrastructures doivent être bâtis dans des zones moins vulnérables et suivant des normes qui protégeront les constructions tout autant que les habitants dans le cas de futurs tsunamis. Ceci est nécessaire non seulement pour prévenir contre les tsunamis, mais également contre des tempêtes subites, des inondations, des ouragans et d’autres phénomènes climatiques extrêmes. »


Le Sri Lanka, un des pays les plus dévastés par les raz-de-marée du 26 décembre dernier, a déjà décidé d’interdire toute construction jusqu’à 200 mètres de la ligne moyenne de marée haute.


Des leçons peuvent également être tirées de la région du Pacifique, où les tsunamis sont bien plus courants.


Après avoir à plusieurs reprises victimes de tsunamis, Hilo (Hawaii) a finalement déplacé toutes les structures vers des élévations moins dangereuses. Les lais ont été aménagés en terrains de jeux, en espaces publiques et en autres infrastructures non essentielles.


L’étude, intitulée « After the Tsunami - Rapid Environmental Assessement » (Après le tsunami - Une Évaluation environnementale préliminaire), suggère que l’industrie du tourisme, une source de revenu vital dans plusieurs de ces pays, devrait donner l’exemple en édifiant les hôtels et stations balnéaires sur des espaces moins susceptibles à l’inondation ou aux raz-de-marée.


Le Directeur exécutif a également souligné que le rapport réitère  le besoin d’un système d’alerte précoce, non seulement pour avertir contre les tsunamis mais également contre une variété de catastrophes naturelles liées au climat.


Le rapport a été coordonné par le Groupe de travail du PNUE  basé à Genève et présidé par Pasi Rinne.  Il a été rédigé en collaboration avec les Bureaux régionaux du PNUE en Asie-Pacifique et en Afrique, des organisations des Nations Unies, des gouvernements et des organisations non gouvernementales (dont le World Conservation Union - IUCN et le World Wildlife Fund International).  Le rapport couvre l’Indonésie, les Maldives, la Somalie, le Sri Lanka, la Thaïlande, les Seychelles et le Yémen.


Conclusions


Les déchets


Le traitement des quantités massives de déchets créées par l’écroulement d’immeubles et la destruction de décharges publiques est un problème majeur pour la majorité des  pays touchés.


À Banda Aceh, on estime à sept à dix million de mètres cubes le volume de débris.


Aux Maldives, les principaux problèmes sont: l’approvisionnement de soins médicaux, le traitement de déchets humains et animaux, le nettoyage de fuites de pétrole provenant de générateurs endommagés et déchets solides tels que l’amiante, de bidons à pétrole et des décombres d’immeubles.


« L’élimination des déchets et des décombres au Sri Lanka ressort comme étant une question clef, étant donné le volume et l’ampleur des coûts associés », note le rapport, ajoutant que les efforts d’urgence dans le pays a mené au déchargement peu méthodique de déchets le long de routes, dans des espaces ouverts, des fossés, des voies d’eau et sur les plages.


Le Gouvernement de Thaïlande reconnaît également l’élimination de déchets comme étant une des grandes priorités.  Sur les îles Phi Phi, le volume de débris est estimé à 35 000 tonnes.  Treize mille tonnes seulement ont jusqu’ici été ramassés.


Durant la longue guerre civile qui a sévi en Somalie, de nombreux pays ont utilisé le littoral du pays comme dépotoir pour des déchets dangereux et nucléaires.  Les autorités étaient incapables d’imposer une réglementation des cargaisons ou de traiter les déchets.


Les experts estiment que déverser des matériaux dangereux en Afrique ne coûte que $ 2,50 la tonne.  Alors que le traitement du même matériel en Europe coûte cent fois plus, soit $250 la tonne.


« L’impact du tsunami à remuer des dépôts de déchets dangereux  sur les plages autour de Hobyo du Nord et Warsheik, au sud de Benadir.  La contamination a des retombées sur les communautés de pêcheurs aux alentours, dont la santé et l’environnement en souffre.


Un nombre important d’individus dans les zones somaliennes affectées se plaint de problèmes de santé inhabituels, y compris de troubles pulmonaires graves, et d’infections de la peau.


Sources d’eau, assainissement et fertilité des sols


Dans bon nombre de régions affectées, les nappes phréatiques, les aquifères et les puits ont été contaminées par des eaux salées et des bactéries suite à l’infiltration d’eau de mer et la destruction de toilettes, de fausses sceptiques et de systèmes d’assainissement.


En Indonésie, les systèmes hydriques en zone rurale ont été dévastés.  Soixante mille puits et près de 15 000 pompes ont été contaminés, endommagés ou détruits.  À Aceh, l’impact s’étend sur les 28 000 hectares d’un projet d’irrigation du littoral.


Sur les îles des Maldives les plus touchées, on note jusqu’à 90% de toilettes sont perdues. De plus, les nappes phréatiques sur plus de 30 îles dans les Maldives pourraient avoir été contaminées par des eaux usées, et, d’après les analyses, ces ressources sont en dessous des seuils internationaux.


Un pourcentage important de la population des Maldives dépend de réservoirs de d’eau de pluie pour leur approvisionnement en eau. Selon l’Autorité de l’eau et de l’assainissement des Maldives, plus de 90% de ces tanks ont été endommagés.


En Somalie, les déchets dangereux ont également contaminé les nappes phréatiques.  Dans les zones du Sri Lanka affectées par les tsunamis, tous les 62 000 puits communautaires ont été pollués à l’eau de mer et, dans certains cas, par des eaux usées.


Une évaluation des puits dans les six provinces de Thaïlande dévastées par les tsunamis, 190 des 530 puits ne sont plus potable dus à la contamination par eaux d’écoulement.


Des villageois, sur la côte sud est du Yémen, se plaignent de la salinisation des nappes phréatiques.  Le tsunami a dévasté jusqu’à 400 mètres à l’intérieur du littoral et il est certain que certains puits aient été contaminés.


La contamination des sols par des eaux de mer risque d’affecter la fertilité des sols à court et moyen terme.  On a constaté, à peine trois semaines après le désastre, un jaunissement des cultures de riz dans les îles occidentales d’Indonésie.


Dans les Seychelles, la teneur en sel autour de Victoria est le double de ce que les plantes endémiques peuvent endurer.


À Sri Lanka, plusieurs milliers d’exploitation de fruits et de riz dans les Districts de Trincomalee et Batticola par exemple, souffrent de contamination de salinisation.


Le secteur agricole dans les Maldives a été particulièrement touché.  On estime à 1 200 le nombre d’exploitations, grandes et petites, contaminées.  Des futaies de 840 000 arbres ont également été détruites.


Plus de 20 000 hectares ont été inondé à l’eau salée au Thaïlande.  Et 1 500 hectares de terres agricoles dévastées.  



Récifs coralliens, mangroves et espèces sauvages


L’impact du tsunami varie de manière considérable en fonction des différents pays et de leurs caractéristiques géographiques.


Dans la région de Aceh, au nord de Sumatra et dans les îles occidentales d’Indonésie, on estime que 30% des environs 100 000 hectares de récifs coralliens ont été endommagés.


Les dégâts sont dus en partie à l’impact et en partie aux éléments tels que les véhicules, la vase et la boue qui ont été entraînés dans l’océan.


On estime également qu’environ un tiers des 50 000 hectares de forêt côtière de Aceh et du nord de Sumatra ont été endommagés.


Aux Seychelles les atteintes aux récifs coralliens ont été moins importantes avec l’exception du parc marin de Sainte Anne ou l’on peut constater qu’un seul récif a été endommage jusqu'à 27%.


La petite mais cependant importante forêt de mangroves des Seychelles qui recouvrait environ 30 km2  a été également affectée suite a l’enlisement par le sable et la boue des racines qui permettent a ces arbres de respirer.


Plus de 12% de la barrière de corail au large des côtes de Andaman en Thaïlande a été sérieusement endommagée et dans certaines zones, telles que le Parc National de Mu Ko Surin, les dégâts sont tels que ces sites pourraient bientôt être interdits aux touristes.


Les projets pour la sauvegarde des tortues en Thaïlande ont été également très affectés.  Par exemple le centre de reproduction et de sauvegarde de la base navale de Tap Lamu dans la province de Phang Nga est complètement détruit et environ 2000 tortues ont disparu.


Par ailleurs il y a raison de craindre qu’une quantité importante de matériel de pêche ait été entraîne en mer et puisse tuer et endommager la vie des fonds marins.


Des recherches réalisées au Yémen montrent que rien que dans la région de Al Mahra, 500 filets de pêche, 1 500 pièges à poulpes et 8 000 casiers à langoustes ont disparus en mer.


« Cependant - selon le rapport - il est probable que la plus grande quantité de filets fantômes proviennent des pertes au Sri Lanka et en Indonésie ou des dizaines de milliers de filets de pêche ont pu être entraînes en mer » 


Érosion des plages et végétation côtière


Certaines zones côtières des Seychelles y compris la plage de Anse Kerlan au nord ouest de Pralin, ont souffert d’importantes érosions et il faudra prévoir entre 1,4 millions et 500 000 dollars pour leur réhabilitation en fonction des moyens employés.


Selon le rapport, on estime qu’aux Maldives « plus de 100 million de mètres quarres de plage sur 130 îles ont été emportes par la force du tsunami.  À cause de cette importante érosion, des sédiments se sont accumulés dans les ports de 44 îles, affectant une zone d’environ 400 000 mètres quarres ».


Selon des études préliminaires, différentes plages de l’île de Socotra au Yémen auraient subi de graves phénomènes d’érosion.


Le tsunami a touché 650 Km de côte somalienne ce qui porte à penser que l’impact a été plus violent à cause de l’important défrichement des mangroves utilisées comme bois de chauffage, matériau de construction et charbon destine aux marches du Moyen Orient.


Le Sri Lanka offre une des meilleures preuves du fait qu’un écosystème côtier intact avec des récifs coralliens et des dunes de sables en bon état, peut absorber l’impact des vagues les plus agressives.


Une grande partie des Parc Nationaux de Yala et Bundala ont été épargnés parce que « la végétation et les dunes de sables ont complètement arrêté le tsunami, qui n’a pu pénétrer que la ou la ligne des dunes était interrompue par les estuaires des rivières », dit le rapport.


Les zones côtières les plus endommagées au Sri Lanka se trouvent en correspondance de sites ou les plages et la barrière de corail ont été exploitées de manière importante dans le passé.


Recommandations


Le rapport propose une série de recommandations comprenant le développement de compétences, de connaissances et d’équipements de base destines aux gouvernements et aux autorités locales des zones sinistres.


Il faut aussi prévoir des études plus approfondies y compris un monitorage à long terme des pays concernés et des principaux sites touchés.


Pour la plupart et peut être bien pour l’ensemble des pays, la priorité immédiate semble être la réhabilitation des sources d’eau souterraines, la gestion des déchets y compris l’élimination des gravats, matériaux de construction et déchets dangereux et revitaliser l’agriculture et la pêche.


À part l’interdiction de construire ou une limitation des constructions sur les zones côtières, les gouvernements et les communautés locales devraient également prendre en considération la réhabilitation des forêts de mangroves et des formes traditionnelles d’élevages de poissons et de crevettes.


Viser tout simplement à recréer les systèmes intensifs d’aquaculture, économiquement très prises ces dernières années, pourrait représenter une grave erreur, dit encore le rapport.  On peut y lire que, par ailleurs, le processus de réhabilitation et de reconstruction offre une claire opportunité pour la mise en place de ressources d’énergie durable utilisant le vent, le soleil et les marées.


On devrait également prendre en considération la construction d’abri et de refuges communautaires comme ceux mis en place au Bangladesh.


Les tours peuvent être planifiées avec une vocation multifonctionnelle, telle que des salles de réunions villageoises, mais leur objectif premier doit être de fournir un refuge sûr dans un périmètre d’environ 100 mètres.  Ceci est particulièrement important dans les villages où il n’y a pas de terrain surélevé à proximité et sur les îles plates, continue le rapport.


La conception des tours doit être aussi prise sérieusement en considération. Le tsunami du 26 décembre dernier a détruit un grand nombre d’habitations traditionnelles en bois.


Un nombre important d’autres structures a été balayé par la vague d’une puissance de 1 000 tonnes.


Replanter les forets côtiers est une autre proposition.  En effet les forets non seulement absorbent, en le réduisant, l’impact des ondes mais offrent d’autres avantages y compris des sources de revenu pour la population locale. Les arbres sont par ailleurs des refuges idéaux ou les gens peuvent grimper pour éviter d’être emporte par les vagues.


« Au Bangladesh des milliers d’arbres ont été plantés le long des cotes car beaucoup de gens ont eu la vie sauve en grimpant au sommet des cocotiers lors de désastres précédents » ajoute le rapport.


Notes aux éditeurs


Le rapport du PNUE sur l’évaluation environnementale préliminaire du tsunami est disponible sur www.unep.org.


Pour plus d’informations, veuillez prendre contact avec : Eric Falt, porte-parole du PNUE et Directeur de la Division de la Communication et de l’information –Tél: +254 20 623292 ou par courriel: eric.falt@unep.org; ou Nick Nuttall, Responsable des Médias, aux Tél : + 254 20 623084, Mobile 254 (0) 733 632755 ou par courriel nick.nuttall@unep.org ou Jim Sniffen, Officier d’information, du programme de l’environnement des Nations Unies, tel: +1-212-963-8094/8210; info@nyo.unep.org www.nyo.unep.org.


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