SELON L'ANNUAIRE GEO 2004/2005, LES MALADIES INFECTIEUSES PROFITENT DU DÉCLIN ENVIRONNEMENTAL
Communiqué de presse PNUE/267 |
SELON L'ANNUAIRE GEO 2004/2005, LES MALADIES INFECTIEUSES PROFITENT DU DÉCLIN ENVIRONNEMENTAL
(Publié tel que reçu.)
NAIROBI, 21 février 2005 (PNUE) -- Des scientifiques ont découvert une corrélation entre l’émergence de maladies, connues et jusqu’ici inconnues, et les changements environnementaux considérables que subit actuellement la planète.
Des pertes de forêts, la construction de routes et de barrages, l’expansion urbaine et la transformation d’habitats naturels en domaines agricoles, l’exploitation minière et la pollution du littoral créent des conditions propices à l’essor de pathogènes, connus et nouveaux.
Les spécialistes citent le cas du virus Nipah, hautement pathogénique, qu’on ne retrouvait jusqu’ici que dans les chauves-souris frugivores d’Asie.
On associe l’émergence à la fin des années 1990 de cette maladie souvent mortelle chez l’homme à la combinaison de feux de forêts à Sumatra et le défrichement de forêts naturelles en Malaisie pour faire place à des plantations de palmiers.
Des chauves-souris à la recherche de fruits ont été en contact rapproché avec des cochons domestiques et ce qui a permis au virus de se répandre aux humains par le biais des éleveurs de cochons.
Le changement climatique pourrait aggraver la menace de maladies infectieuses de trois façons différente selon les experts. Tout d’abord, une hausse de température permettrait aux vecteurs et agents infectieux de se reproduire davantage. Deuxièmement, un réchauffement planétaire modifierait les habitats ou les soumettrait à des stress supplémentaires.
Par exemple, l’étendue géographique et la saisonnalité des deux plus importants types d’infections transmis par moustiques, nommément le paludisme et la dengue, sont particulièrement sensibles au changement climatique. De plus, le Neisseria meningitidis, la cause habituelle de méningite, se répand facilement sur plusieurs kilomètres dans les conditions poussiéreuses présentes dans le Sahel à la suite d’une longue sécheresse.
Finalement, le changement climatique peut accroître le nombre de réfugiés environnementaux obligés de s’installer dans de nouvelles communautés, voir dans de nouveaux pays.
Leur déplacement favorisera également la propagation d’épidémies vers des populations plus susceptibles.
Ces conclusions sur l’émergence et la ré-emergence de maladies infectieuses apparaissent dans L’Annuaire GEO 2004/2005, une publication du Programme des Nations Unies pour l’environnement. Le rapport se base sur des études menées par des experts dans la matière, dont Tony McMicheol de l’Université nationale d’Australie, Bernard Goldstein de l’Université de Pittsburgh et Jonathan Patz, de l’Université de Wisconsin.
Klaus Toepfer, le Directeur exécutif du PNUE, a déclaré: « Cette année s’annonce être d’une importance capitale pour l’Organisation des Nations Unies et pour le Programme de l’ONU pour l’environnement en particulier. Les nations du monde se rassembleront à New York, en septembre, à l’occasion d’une réunion de l’Assemblée Générale sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre des Objectifs du millénaire pour le développement ».
Un groupe de travail, nommé par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a conclu que l’environnement est la pierre angulaire des objectifs, sans laquelle les objectifs échoueront certainement. Le rapport sur la hausse d’infections souligne ce fait. L’objectif 6 appelle la communauté internationale à inverser la propagation du VIH/sida, du paludisme et d’autres maladies », a-t-il ajouté.
« Ces nouvelles données indiquent que les OMD seront encore plus difficiles à accomplir si la dégradation environnementale n’est pas enrayée. Leurs implications s’étendent à d’autres objectifs encore: de l’éradication de la pauvreté à l’accès à l’éducation primaire pour tous. Des individus malades sont incapables de travailler alors que des enfants souffrants ne peuvent connaître une scolarisation régulière ».
La dégradation et l’émergence de nouvelles et anciennes maladies infectieuses constituent une question complexe et d’une grande subtilité et qui inquiète fortement le milieu scientifique.
En général, des habitats et des espaces intacts semblent endiguer la propagation de maladies infectieuses. Toutefois une fois les habitats endommagés ou dégradés, l’équilibre naturel est perturbé et la propagation de maladies, nouvelles aussi bien que connue, s’annonce.
De nombreux spécialistes sont aujourd’hui convaincus que les perturbations écologiques, les changements environnementaux dramatiques et le mauvais traitement de déchets humains et animaux y contribuent.
D’autres phénomènes favorisent également l’expansion de maladies infectieuses, y compris les déplacements internationaux, l’évolution de nouvelles technologies et la mondialisation du commerce de produits agricoles et autres.
Dans un article publié dans la Philosophical Transactions of the Royal Society, le Professeur McMichael soutient que l’émergence de nombreuses maladies infectieuses il y a 5 000 à 10 000 années était le résultat de l’établissement des premiers villages et du contact de l’homme avec des animaux sauvages.
Les guerres et les conquêtes durant l’ère de l’exploration européenne et d’impérialisme en Amérique latine, Afrique, Asie et dans le Pacifique, il y a 500 ans, est la cause première de la propagation d’épidémies sur de grandes distances durant cette période.
Selon le Professeur McMichael, l’évolution actuelle des infections est due autant aux changements environnementaux qu’au commerce, aux voyages aériens, à la migration ou aux conditions sociales.
Le Paludisme
L’expansion des activités minières et autres industries d’extraction peuvent accroître les cas de maladies telles que le paludisme.
La déforestation et la construction routière peuvent bouleverser des systèmes forestiers et fluviaux et élargir les habitats de diptères paludiques. Et la migration de travailleurs vers des zones jusqu’ici inaccessibles agrandit le nombre d’individus à risque. Une étude au Sri Lanka montre que les zones minières sont devenues des foyers de paludisme, essentiellement à cause des eaux stagnantes de carrières abandonnées.
La pollution au mercure ne fait qu’aggraver la situation. Une étude entreprise dans de petites mines d’or au Brésil, suggère que le mercure affaiblit le système immunitaire des miniers, les rendant plus susceptible à la malaria.
De plus, l’Organisation mondiale de la santé a estimé récemment que plus de 6% des cas de malaria dans certaines régions du monde durant les 25 dernières années sont le résultat de changements climatiques.
La bilharziose (ou schistosome ) est une maladie parasitaire aux conséquences graves. Elle représente un risque majeur pour la santé des populations rurales de la Chine centrale et d’Égypte. Elle se place aux premiers rangs des maladies les plus dangereuses dans de nombreux pays en développement, en Afrique plus particulièrement.
La maladie est causée par des larves d’eau douce, le Biomphalaria glabrata. On lie une recrudescence de la population de larves et donc de cas de bilharziose à la perturbation de voies d’eau et de l’équilibre chimique de l’eau. C’est le cas autour du Barrage d’Aswan en Égypte et le long de la rivière Sénégal où ont été développés des projets d’irrigation.
On retrouve un autre exemple dans le Lac Malawi, où la surexploitation des stocks de poissons (qui s’alimentaient de larves) s’est traduite par une croissance de la population de Biomphalaria glabrata.
L’Annuaire lie l’émergence de nombreuses maladies au changement climatique. Tout comme le paludisme, l’encéphalite japonaise et la dengue sont transmises par des moustiques qui favorisent des eaux stagnantes.
Dans le monde en développement, on peut noter d’autres facteurs : une quantité de plus en plus importante de déchets, produits d’une société de plus en plus de consommation, et le traitement inadéquat des déchets à tous les niveaux.
Une urbanisation mal planifiée, le manque de systèmes d’assainissement dans de nombreuses villes en développement et une croissance démographique importante, sont d’autres facteurs à prendre en considération.
L’Annuaire GEO lie également la fièvre jaune et l’Ebola à la déforestation et ses implications.
L’encéphalite équine occidentale et vénézuélienne et le typhus sont associés au défrichement de terres.
La tuberculose, la peste bubonique et l’hantavirus pulmonaire sont liés à une urbanisation non planifiée.
De plus en plus de bactéries infectieuses développent une résistance aux médicaments à cause des produits chimiques et antibiotiques présents dans les déchets des animaux de fermes. Il en résulte une susceptibilité accrue à l’hépatite, certaines diarrhéiques et bien d’autres infections.
La pollution atmosphérique due aux transports et aux usines est à l’origine d’une augmentation d’infections respiratoire. La pollution des eaux du littoral par des eaux usées à travers le monde est à l’origine de cas de choléra à travers le monde.
L’Annuaire de l’avenir de l’environnement mondial (GEO) 2004/2005 est disponible en ligne: http://www.unep.org.
L’Annuaire se penche également sur l’impact du changement climatique sur la circulation des eaux océaniques ; présente les rapports sur l’état de l’environnement dans les différentes régions du monde et offre une rétrospective des développements importants en matière d’environnement en 2004.
Pour plus d’informations sur les maladies mentionnées, y compris les symptômes, l’étendue géographique et les mesures de contrôles, consulter le site web de l’Organisation mondiale de la santé http://www.who.int/topics/fr et celui du Center for Disease Control and Prevention http://www.cdc.gov/node.do/id/0900f3ec800e035.
Veuillez également consulter le site web du Conseil d’administration du PNUE: www.unep.org/gc/gc23/french, ou contactez Eric Falt, porte-parole du PNUE et Directeur de la Division de la communication et de l’information– tel: +254 20 623292 ou par courriel: eric.falt@unep.org; ou Nick Nuttall, Responsable des médias, aux tel: + 254 20 623084, mobile 254 (0) 733 632755 ou par courriel nick.nuttall@unep.org.
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