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ENV/DEV/857

LES PARTICIPANTS AU FORUM DES NATIONS UNIES SUR LES FORÊTS PLAIDENT POUR UNE VISION CLAIRE CONCERNANT LA GESTION DURABLE DES FORÊTS

25/05/2005
Communiqué de presse
ENV/DEV/857


Forum des Nations Unies sur les forêts

Cinquième session

7e & 8e séances – matin & après-midi


LES PARTICIPANTS AU FORUM DES NATIONS UNIES SUR LES FORÊTS PLAIDENT POUR UNE VISION CLAIRE CONCERNANT LA GESTION DURABLE DES FORÊTS


Deux tables rondes réaffirment la nécessité d’une bonne gouvernance pour la durabilité du régime forestier et la lutte contre l’exploitation illégale du bois


Le Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) a entendu ce matin un débat ministériel de haut niveau, suivi d’un échange de vues sur les principes d’action avec les chefs de secrétariat des organisations internationales.  Plusieurs participants à la réunion ont fait valoir les avantages qu’il y aurait à doter la gestion durable des forêts d’un objectif clairement défini.  M. Joseph Proll, le Ministre autrichien de l’agriculture, des forêts, de l’environnement et de l’eau, a expliqué que la contribution de la question des forêts à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement requérait de la part des parties prenantes une vision claire concernant la gestion et la conservation des forêts.  De nombreux autres ministres ont en outre émis le souhait qu’un message fort concernant la promotion de la gestion durable des forêts soit adressé aux participants à la réunion plénière de haut niveau qui se tiendra lors de la 60e session de l’Assemblée générale.  M. Nicolas Forissier, Secrétaire d’État à l’agriculture, à l’alimentation, à la pêche et aux affaires rurales de la France, a par exemple déclaré qu’il revenait aux pays de « plaider, avec conviction mais sur la base de données incontestables, la cause des forêts, et de la nécessaire mobilisation en leur faveur, à l’occasion du Sommet de septembre. » 


C’est encore dans ce sens que M. John Browne, Ministre de l’agriculture et de l’alimentation de l’Irlande, a estimé que la présente session du Forum devait être l’occasion de décider d’un cadre de gouvernance pertinent.  Elle doit également adresser un message clair au Groupe de haut niveau concerné qui se réunira lors de la prochaine session de l’Assemblée générale des Nations Unies.  Comme hier, le renforcement de l’Arrangement international sur les forêts (AIF), le renfort des politiques nationales et l’amélioration des moyens d’existence des populations pauvres vivant à l’intérieur ou aux abords des forêts du monde entier ont également fait l’objet de commentaires.  Sur ce dernier point, le représentant du Groupe des populations autochtones a déclaré que la question de la gestion durable et de la conservation des forêts était inséparable de celle du droit des populations autochtones non seulement à survivre mais aussi à se développer.


Cet après-midi, deux tables rondes étaient consacrées respectivement à la reconstruction des forêts dans le monde et aux lois et gouvernance forestières pour la durabilité.  S’agissant de la première discussion, nombre de délégations ont souligné la nécessité d’une coopération et d’une collaboration régionales et internationales.  Le Japon a ainsi estimé urgent d’établir une feuille de route pour assurer l’équilibre entre l’utilisation durable et la conservation des forêts.  Si le FNUF fournit à cet égard un cadre approprié pour les États Membres et les organisations internationales pour explorer les options en matière de lutte contre la déforestation et la dégradation des forêts, des forums régionaux seraient également utiles pour réunir toutes les parties prenantes des régions concernées.


Plusieurs pays ont par ailleurs demandé une aide financière et technique de la communauté internationale pour les soutenir dans leurs efforts de réhabilitation des forêts.  La restauration écologique doit être une priorité internationale, ont en outre affirmé les États-Unis.  De l’avis de leur délégation, le FNUF et le Partenariat de la collaboration sur les forêts devraient aider les pays à créer des capacités fortes pour la restauration des espaces forestiers et l’élaboration de politiques et de lois dont les pays ont besoin pour progresser.


Au cours de la deuxième table ronde, M. M.S. Kaban, Ministre des forêts de l’Indonésie, a jugé que les stratégies portées au régime forestier impliquaient la nécessité de tenir compte du lien entre la gestion durable des forêts et la réalisation concomitante des Objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier l’éradication de la pauvreté, l’engagement multipartite par le biais de programmes forestiers nationaux, la mise en œuvre des décisions convenues en matière de gestion durable et l’accélération des processus de réhabilitation et de conservation de la biodiversité.  Pour M. Barro Chambrier, Vice-Ministre de l’économie forestière du Gabon, c’est « à l’État qu’il revient de tout mettre en œuvre pour assurer les conditions de gestion durable des ressources forestières et de gouvernance, à même de garantir la paix sociale ».  C’est pourquoi, a-t-il ajouté, le développement durable et la gouvernance doivent reposer sur une application stricte des lois et règlements.  À cette fin, l’implication des parties prenantes doit pouvoir se faire sur la base d’un renforcement de la concertation entre administration, secteur privé, ONG, société civile et populations locales, a-t-il préconisé.


Des représentants d’organisations internationales sont également intervenus pour demander que les acteurs de la société civile participent plus avant à l’ensemble des processus de décision dans les domaines relatifs à la gestion durable des forêts dans tous les pays.  Le représentant de la FAO a ainsi estimé que la certification des forêts, l’adoption de codes volontaires de conduite, la conduite indépendante des opérations forestières et le traçage des opérations d’abattage représentaient des exemples de mesures concrètes associant le secteur privé et les acteurs de la société civile en vue de lutter contre le crime forestier. 


Le Forum poursuivra son débat de haut niveau, demain jeudi 26 mai à 10 heures.


Débat ministériel de haut niveau et dialogue au sujet des principes d’action avec les chefs de secrétariat des organisations internationales


En 2000, a rappelé le Président, M. MANUEL RODRIGUEZ-BECERRA, a été créé le Forum des Nations Unies sur les forêts, l’organe du plus haut niveau en la matière.  Des succès ont été réalisés au cours des cinq dernières années.  Pour autant, au cours de ces neuf derniers jours, nous avons entendu à plusieurs reprises des délégations exprimer leur insatisfaction face à l’absence de mesures concrètes en ce qui concerne la gestion durable des forêts.  Des accords internationaux ont certes été conclus contre le déboisement et la déforestation mais, a poursuivi le Président, ces accords n’ont pas été mis en œuvre au plan national dans la plupart des cas.  Nous l’avons dit, la situation se dégrade à l’échelle régionale, entraînant la destruction d’écosystèmes uniques, ce qui a des conséquences sur l’environnement et aggrave encore la pauvreté des peuples qui dépendent des forêts pour leur subsistance.  Dans le cadre de nos séances à venir, il faudra ainsi essayer de réduire ce fossé qui sépare les paroles de l’acte en prenant, notamment, des engagements politiques forts afin d’envoyer au monde un message clair sur l’importance de la gestion durable des forêts pour préserver l’environnement.  Car, je le répète, il existe un lien entre la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement et la conservation et la gestion durable des forêts.


M. JOMO KWAME SUNDARAM, Sous-Secrétaire général des affaires économiques et sociales, qui s’exprimait au nom de M. José Antonio Ocampo, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a souligné que ce débat de haut niveau était l’occasion de réaffirmer l’engagement des États Membres envers une gestion durable des forêts.  Il a rappelé que lors de la réunion de haut niveau de septembre, les dirigeants du monde devront passer en revue les Objectifs du Millénaire pour le développement et faire le point sur leur réalisation.  Dans son rapport intitulé « Dans une liberté plus grande », le Secrétaire général souligne que nous dépendons de ressources naturelles pour nous développer.  De nombreuses priorités écologiques doivent être renforcées, a-t-il ajouté, précisant que les pays devaient adopter des objectifs ciblés.  Il a suggéré aux ministres et aux chefs d’organisations d’envoyer un message clair au Conseil économique et social et à la prochaine Assemblée générale plénière sur l’engagement des États à relever ces défis importants.  Le défi politique important consiste à savoir comment une bonne gestion des forêts peut jouer un rôle efficace dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il ajouté.


Mme BUYELWA PATIENCE SONJICA, Ministre de l’eau et des affaires forestières de l’Afrique du Sud, agissant en tant que modératrice de la séance, a souhaité que les discussions se concentrent sur la nécessité d’un dialogue porteur pour les sociétés pauvres qui dépendent des résultats de nos travaux.  La mise en œuvre et le suivi des décisions lors des grandes conférences et sommets des Nations Unies dans le domaine économique et social doivent être maintenant impérativement assurés.  Notre but, a rappelé Mme Sonjica, est de lutter contre le sous-développement en mettant les forêts au service du développement.  Utilisons donc ce temps qui nous est donné pour proposer enfin des solutions aux problèmes qui préoccupent la communauté forestière internationale.  Dans ce cadre, nous partageons tous un point commun: chacun s’intéresse à la gestion durable, ce qui donne un sens collectif à notre effort.  Cette diversité dans la représentation du Forum est un atout, a encore dit la modératrice.


Poursuivant, elle a estimé que la question principale qui devait occuper le Forum était celle sur les moyens à trouver pour que la contribution du FNUF à l’examen de la Déclaration du Millénaire, qui se tiendra à la prochaine session de l’Assemblée générale, soit effective et concrète.  Nous devons encore nous demander si nous, représentants de la communauté forestière mondiale, sommes capables de prouver notre engagement au reste du monde.


Mme OCTAVIE MODERT, Secrétaire d’État à l’agriculture, à la viticulture et au développement rural du Luxembourg, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a estimé que la cinquième session du Forum des Nations Unies sur les forêts constituait un tournant dans la politique mondiale sur les forêts.  Les tendances actuelles de la déforestation et de la dégradation des forêts exigent un engagement politique plus grand et une allocation de ressources à tous les niveaux en faveur des forêts et d’une gestion durable des forêts, a-t-elle déclaré.  Il est nécessaire de traduire dans les faits le dialogue mondial sur les forêts, et de bâtir le dialogue international sur nos expériences en matière de forêts, a-t-elle ajouté.  En Europe, a-t-elle précisé, un tel processus a été établi avec la Conférence ministérielle sur la protection des forêts.  Il existe au sein de l’Union européenne une réelle volonté de changement, a-t-elle dit.


La Ministre a également mis l’accent sur la nécessité de fixer des objectifs communs et ciblés, traduisant clairement nos engagements et ambitions en préservant et en restaurant les forêts mondiales et leur gestion durable.  En outre, l’Union européenne estime que le cadre institutionnel de l’actuel Arrangement international sur les forêts doit être renforcé. 


M. JOSEF PROELL, Ministre de l’agriculture, des forêts, de l’environnement et de l’eau de l’Autriche, a déclaré que 80% du domaine forestier de son pays étaient gérés par des propriétaires privés.  Au plan international, le Gouvernement de l’Autriche a récemment décidé d’augmenter d’ici à 2009 son aide au développement de 0,33% à 0,51% du PIB.  Le Programme national des forêts de l’Autriche traite des questions domestiques tout en réfléchissant à nos responsabilités internationales en matière de gestion durable des forêts.  Ensemble avec le secteur privé, nous cherchons à mettre en place des stratégies visant à améliorer l’intégration de la question des forêts dans un cadre international de coopération.


La contribution de la gestion des forêts à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement a été démontrée lors du Sommet de Johannesburg et, dans ce contexte, nous devons convenir d’un cadre de travail au niveau international afin que les multiples activités pertinentes en matière de forêts soient les plus productives possible.  À cette fin, nous devons définir clairement nos objectifs et convenir d’une vision claire concernant la gestion durable et la conservation des forêts.  Cette vision doit tenir du lien identifié entre la question des forêts et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Dans ce cadre, l’Arrangement international doit être réexaminé à cette aune.


M. M.S. KABAN, Ministre de la forêt de l’Indonésie, qui s’exprimait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, a affirmé que son pays avait entrepris de nombreuses mesures pour lutter contre la déforestation et la dégradation des forêts, en accélérant notamment le reboisement.  Il a néanmoins mis l’accent sur l’absence de capacités de son pays et de technologies appropriées, et le manque d’une coordination globale et coordonnée.  Le Ministre a reconnu l’importance de la coopération régionale et internationale pour une gestion durable des forêts.  Il a dit en outre attendre beaucoup d’un renforcement de l’arrangement international sur les forêts. 


M. JOHN BROWNE, Ministre de l’agriculture et de l’alimentation de l’Irlande, a déclaré que la gestion durable des forêts pouvait contribuer à réduire la déforestation et la dégradation des forêts, l’objectif étant de lutter efficacement contre la pauvreté.  La communauté internationale doit dans ce sens promouvoir les contributions possibles de la gestion durable des forêts à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Dans ce cadre, il est nécessaire de renforcer et améliorer les accords et mécanismes convenus à l’échelle internationale en délimitant et en clarifiant les objectifs concrets. C’est pourquoi, le présent Forum doit être l’occasion de décider d’un cadre de gouvernance adapté à notre entreprise.  Il nous faut, en effet, adresser un message clair au Groupe de haut niveau concerné qui se réunira lors de la prochaine session de l’Assemblée générale des Nations Unies.


M. DATO SRI HAJI ADENAN BIN HAJI SATEM, Ministre des ressources naturelles et de l’environnement de la Malaisie, a affirmé que les forêts jouaient un rôle important dans le maintien de la stabilité climatique et environnementale, la conservation de la biodiversité et l’approvisionnement en eau salubre.  Près de 60% des terres de la Malaisie sont couvertes de forêts, a-t-il dit, précisant qu’une large part était occupée par le caoutchouc, l’huile de palme et le cacao.  Il a indiqué que son pays mettait en place des mécanismes et promulguait des lois appropriées, mais a souligné le manque de ressources.  Près de 3 milliards de RM sont nécessaires pour appliquer une gestion durable des forêts en Malaisie, a-t-il dit.  La gestion durable des forêts ne peut pas être considérée dans le contexte national uniquement, a-t-il estimé, jugeant essentiel que les pays développés fournissent une vaste assistance en ce sens aux pays en développement. 


M. DARIO KATATA, Ministre adjoint de l’agriculture et du développement rural de l’Angola, a regretté que la vie de millions de personnes dans le monde dépendant de l’exploitation des forêts soit affectée par les problèmes d’environnement occasionnés par la déforestation et la dégradation des ressources naturelles.  Il est à présent crucial qu’après une si longue période consacrée au dialogue entre les parties prenantes, notre effort soit exclusivement consacré à la mise en œuvre des décisions convenues à l’échelle internationale.  Ces mesures portent notamment sur la nécessité de renforcer le rôle du Forum et de celui du Partenariat de collaboration sur les forêts, sur l’application des actions pertinentes en matière de gestion durable de tous les types de forêts, et sur la création d’un fonds mondial des forêts.


Nous sommes par ailleurs conscients de la nécessité de la mise en place d’un instrument juridique contraignant visant à encourager plus fermement les pays à s’acquitter de leurs responsabilités en matière de politique forestière.  Pour autant, la souveraineté des États doit être respectée afin de respecter également la souveraineté des protocoles régionaux en cours.


M. BEAT NOBS, Chef de la Division des affaires internationales de l’Agence suisse pour l’environnement, les forêts et le paysage, a indiqué que les forêts constituaient un pilier du développement durable, et étaient indispensables notamment à la préservation des équilibres environnementaux mondiaux et à l’approvisionnement en eau salubre.  Il a mis l’accent sur la nécessité de lancer un message clair et fort à la session de haut niveau de la prochaine Assemblée générale des Nations Unies.  Il a ainsi souligné l’importance des forêts dans la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement, et de manifester un engagement en faveur du renforcement de l’Arrangement international sur les forêts.


M. ABDELADIM LHAFI, Haut Commissaire aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification du Maroc, a indiqué que, dans son pays, toutes les forêts étaient gérées comme des biens du domaine public.  L’impératif de développement doit guider notre action en matière de gestion durable des forêts.  Dans ce cadre, les solutions ne sont pas seulement techniques mais elles doivent intégrer également une exploitation rationnelle des forêts, respectueuse des questions sociales et de l’équilibre des écosystèmes.  Notre approche à l’échelle nationale vise à lutter tout particulièrement contre la désertification.  Dans ce contexte, nous privilégions un partenariat constructif impliquant l’ensemble des opérateurs.  Des résultats significatifs ont déjà été réalisés dans le cadre de notre plan national, s’agissant notamment des opérations de reboisement, du développement du tourisme rural et cynégétique.  Notre objectif est de réaliser les 50 000 hectares de reboisement annuel.


M. MANUEL REED, Directeur général de la Commission nationale de la sylviculture du Mexique, a rappelé que le principal mandat du FNUF visait à obtenir un consensus pour parvenir à un Arrangement international sur les forêts.  Il a exprimé la préférence de son pays en faveur d’un instrument contraignant manifestant une vision collective.  Il a également souligné la nécessité de disposer d’un fonds mondial doté de ressources nouvelles et supplémentaires afin d’aider les pays qui souhaitent agir concrètement.  Il existe une occasion unique que nous ne devons pas manquer pour assurer le développement durable grâce à la protection des forêts, a-t-il ajouté.


M. LEE SOO-HWA (République de Corée) a estimé que l’adoption d’un code mondial de conduite était à présent nécessaire au renforcement de l’Arrangement international sur les forêts (AIF).  La difficulté, à cette fin, est d’atteindre un consensus international sur cette question. Des efforts plus actifs sont par ailleurs nécessaires pour une gestion durable des forêts aux niveaux régional, national et international.  De l’avis de sa délégation, les aspects financiers sont, dans ce cadre, un  élément important pour renforcer les actions futures de l’Arrangement.  Divers types de ressources sont en outre disponibles, qui devraient être davantage affectées en direction des pays en développement.  Ceux-ci ont un besoin criant de fonds pour mener à bien leurs programmes régionaux et nationaux et sortir leur population de la misère et du sous-développement.


M. CARLOS MANUEL RODRIGUEZ, Ministre de l’environnement et de l’énergie de Costa Rica, a affirmé que des petits progrès ont été enregistrés pour lutter contre la déforestation et la dégradation des forêts.  Il n’existe pas de réponse concrète pour ces millions de personnes qui dépendent des forêts pour leur survie, a-t-il dit.  Les forêts doivent bénéficier de toutes nos attentions, et nous devons surmonter nos différences et nos problèmes nationaux, a-t-il ajouté, précisant que la forêt possédait une grande partie de la biodiversité.


M. NICOLAS FORISSIER, Secrétaire d’État à l’agriculture, à l’alimentation, à la pêche et aux affaires rurales de la France, a déclaré qu’il fallait prendre conscience et se mobiliser pour trouver les financements nécessaires à une gestion durable des forêts.  Ceci doit passer par un recours accru aux ressources nationales dans tous les pays, par un effort résolu pour une meilleure gouvernance luttant, entre autres, contre la corruption et l’exploitation illégale du bois, et par une affectation accrue de ressources d’aide publique au développement, à travers les canaux bilatéraux et multilatéraux, ainsi que par la recherche de toutes les formules possibles de financements innovants.  Cela pourrait même être l’une des fonctions des mécanismes innovants de financement dont la France propose la création.  C’est à cet effort que la France s’attache dans le cadre de sa coopération bilatérale et en particulier de son implication dans le partenariat pour les forêts du bassin du Congo.  Il nous revient de plaider avec conviction, mais sur la base de données incontestables, la cause des forêts, et la nécessaire mobilisation en leur faveur, à l’occasion du Sommet de septembre.


M. RISTO SEPPÄLÄ, Président de l’Union internationale des instituts de recherches forestières, a mis l’accent sur la nécessité d’améliorer la durabilité écologique parallèlement, et non en contradiction, avec la réalisation de l’objectif de réduction de la pauvreté.  La communauté scientifique a un rôle important, a-t-il notamment souligné.  Il a ainsi proposé la constitution d’un groupe d’experts internationaux sur les forêts fondé sur le modèle du Groupe d’experts intergouvernementaux sur les changements climatiques.


M. ACHIM STEINER, Directeur général de l’Union internationale pour la protection des forêts, a déclaré que les liens possibles entre les Objectifs du Millénaire pour le développement et la gestion des forêts pouvaient contribuer à la préservation de la biodiversité, à la régulation des ressources en eau.  Il n’existe pas, au fond, de meilleures ressources pour le développement durable que les ressources tirées de l’exploitation rationnelle des forêts.  Au plan international, pourtant, il ne s’est pas dégagé depuis cinq ans de mouvement politique fort ni de consensus véritable quant aux stratégies à mettre en place en matière de gestion durable et de conservation des forêts.  Il faut qu’à l’occasion de la présente session, la communauté forestière mondiale apporte la preuve de sa bonne foi et de sa volonté de parvenir à des résultats concrets et durables dans ces domaines.  Dans ce cadre, l’accent devrait être mis sur les contributions résultant d’une coopération renforcée à tous les niveaux entre toutes les parties prenantes aux politiques forestières.  À cette fin, le rôle des communautés locales doit être rendu plus actif, en leur accordant par exemple des droits conséquents aux ressources et à la terre.


M. KEN NEWCOMBE, représentant de la Banque mondiale, a affirmé que la Banque mondiale comprenait mieux aujourd’hui l’importance critique des forêts pour les populations.  La déforestation et la dégradation des forêts ne sont pas le fait du seul problème de la pauvreté, mais s’expliquent par des raisons économiques, a-t-il précisé.  Il est maintenant remarquable que l’on insiste, au sein du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF), sur la nécessité d’une bonne gouvernance et d’une bonne gestion des forêts, a-t-il souligné.  Il a en outre tracé à grands traits la nouvelle politique opérationnelle de la Banque mondiale en matière de stratégie forestière, mettant ainsi l’accent sur l’intégration des forêts dans les efforts de développement durable, la protection des biens publics locaux et mondiaux qui contribuent au développement durable.  Il a affirmé que la Banque mondiale allouait 5 milliards de dollars par an sous forme de prêts pour réaliser ces objectifs.


M. RACHEL A. ARUNGAH, représentant du Ministère de l’environnement et des ressources nationales du Kenya, a déclaré que le FNUF permettait d’établir un dialogue sur la révision de l’Arrangement international sur les forêts.  Nos réserves sont l’habitat de notre faune, ce qui, au Kenya, nous impose de gérer le plus efficacement possible les ressources tirées de l’exploitation forestière.  Au plan international, nous réitérons notre souhait de voir l’Arrangement international sur les forêts renforcé dans le cadre des Nations Unies afin de parvenir à la définition collective des objectifs visant, entre autres, à mesurer nos réalisation et, plus généralement, à inverser la tendance à la perte des ressources naturelles.  Dans ce cadre, il est impératif de parvenir à un accord sur un mécanisme financier nous donnant les moyens de mener à bien nos mandats et rationaliser notre action.  C’est pourquoi, il nous semble nécessaire d’appuyer les activités des membres du Partenariat de collaboration sur les forêts.


M. HOSNY EL-LAKANY, Directeur général adjoint de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a affirmé, que lors de la 17e session du Comité de la FAO sur les forêts, qui s’est tenue à Rome en mars dernier, les ministres et responsables de 127 pays ont réaffirmé l’importance d’une contribution de la gestion durable des forêts pour le développement durable, en général, et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier.  À cette fin, ils ont réitéré la nécessité d’accélérer la mise en œuvre d’actions internationales concertées sur les forêts sans faire double emploi avec les efforts en cours.  Nous devrions respecter les directives du système des Nations Unies et employer les mécanismes existant pour éviter de fragmenter les questions concernant les forêts, a-t-il ajouté.


M. OLAV KJORVEN, représentant du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a déclaré que les forêts contribuaient sensiblement à de nombreux Objectifs du Millénaire pour le développement.  Dans ce contexte, les cadres nationaux devraient prendre plus largement en compte la question cruciale de la perte des forêts.  Nous pensons qu’il est également important que le FNUF lance un message fort dans la perspective de convenir d’un document de clôture de la présente session. Le PNUD est également favorable à un renforcement du rôle des femmes au sein des communautés locales et des mesures visant à préserver plus efficacement les écosystèmes.


M. GONZALO CASTRO, représentant du Fonds mondial pour l’environnement (FME), a déclaré que le Fonds, qui regroupe 176 États Membres depuis sa création en 1991, mettait l’accent sur la conservation et la gestion durable des forêts.  Les forêts, a-t-il dit, ne sont pas seulement importantes pour leur valeur intrinsèque en matière de biodiversité, mais aussi pour leur importance transfrontalière sur les questions liées au changement climatique, à la lutte contre la dégradation des terres, à la gestion durable des ressources naturelles et à l’élimination de la pauvreté. 


M. AVRIM LAZAR, Président du Conseil international des forêts, représentant le monde de l’entreprise, a déclaré que son organisme était attaché à la réalisation des objectifs mondiaux liés aux forêts, et que son engagement prenait en compte la lutte contre le déboisement, la réduction de la pauvreté et la promotion de l’habilitation des communautés locales dans les activités commerciales conduites sur leur terres.  La coopération doit, dans ce cadre, être renforcée afin de mettre un terme au fléau du déboisement.  La certification des forêts doit également être élargie à l’ensemble des forêts du monde afin de favoriser les accords pris avec le secteur privé. Les communautés locales doivent une fois encore être davantage impliquées dans les politiques forestières, car ce sont elles qui, en premier, doivent être parties prenantes de la gestion durable de terres sur lesquelles elles vivent.


M. DON MELNICK, Coprésident du Projet du Millénaire: équipe sur la viabilité écologique, a affirmé que si nous ne faisons rien, nous serons les bourreaux de tous ceux qui meurent en raison de la dégradation de l’environnement.  Nous devons agir de concert dans l’urgence pour assurer la préservation des écosystèmes et arrêter les changements climatiques, a-t-il souligné.  Cette action est nécessaire si nous voulons réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il dit, préconisant notamment un accord sur le commerce mondial du bois de coupe.


M. EDISON LUIS BERNARDES, représentant du Groupe des syndicats, a estimé que les causes profondes du déboisement étaient de nature sociale et que, pour cette raison, le sort économique des populations, notamment amazoniennes, devrait être considérablement revalorisée.  Au Brésil, les employés des forêts sont rémunérés à hauteur de trois dollars par jour, et de nombreuses personnes en Amazonie ne sont même pas payées.  Les employeurs ont renoncé à placer la personne humaine au premier plan.  C’est pourquoi, il nous faut réfléchir à un engagement à long terme sur les conditions sociales de travail en milieu forestier, sinon la situation générale des forêts va s’aggraver.  Des objectifs mesurables doivent faire l’objet d’un instrument juridique contraignant.


Mme ANNIINA KOSTILAINEN, représentant de l’Association internationale des jeunes pour les forêts, a affirmé que les pays ne pouvaient pas atteindre seuls les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Elle a exhorté les Gouvernements et toutes les parties prenantes à contribuer au développement.  Le principal objectif est l’éducation, a-t-elle souligné, ajoutant que les jeunes pouvaient sensibiliser chacun sur l’utilisation des ressources forestières.  L’éducation est nécessaire pour stimuler l’emploi forestier, a-t-elle également indiqué.  De l’avis de Mme Kostilainen, les gouvernements doivent appuyer la contribution des jeunes à la réalisation des Objectifs du Millénaire et encourager les initiatives pour les jeunes et créer avec eux des partenariats. 


M. PARSHURAM TAMANG, représentant du Groupe des populations autochtones du monde, que plus de 250 millions d’autochtones vivant dans les forêts étaient dépendant des politiques internationales de conservation des forêts.  Dans ce contexte, la question de la gestion durable et de la conservation des forêts est inséparable de celle du droit des populations autochtones non seulement à survivre mais aussi à se développer.  Or, notre participation aux négociations en matière de gestion des forêts est limitée.  C’est pourquoi, nous demandons instamment au Forum de fixer des normes reconnaissant notre rôle en tant qu’organisme consultatif incontournable.


M. PETER MARSH, représentant de l’Alliance internationale des petits propriétaires de forêts, a mis l’accent sur la nécessité de reconnaître les droits à la propriété pour laisser les familles libres d’investir et de travailler sur les forêts, de faciliter l’accès au marché des produits traditionnels de la forêt, de mettre en place et renforcer des associations locales de propriétaires de domaines forestiers familiaux.  Il a également déploré l’absence des forêts dans de nombreuses politiques et programmes gouvernementaux.


M. LAMBERT OKRAH, représentant du Groupe des organisations non gouvernementales, a fait remarquer que les moyens de survie diminuaient dans les forêts, et que la responsabilité revenait aux parties prenantes qui se sont engagées à maintes reprises à assurer la survie des populations forestières.  À cet égard, a-t-il indiqué, les différentes politiques favorables aux marchés se développent au détriment des populations des forêts.  Les ONG, en revanche, apportent une contribution exemplaire à la gestion durable des forêts, mais ces organisations sont imposables, ce qui, à terme, risque, d’entraver leur effort sur le terrain.  La cause des habitants des forêts doit être au cœur des discussions du présent Forum.  Cessons de les marginaliser au profit des plantations et d’activités qui ignorent leur sort et leur environnement.  Privilégions plutôt une approche en phase avec la réalisation concrète des Objectifs du Millénaire pour le développement.


M. DENNIS GARRITY, représentant du Centre mondial du secteur agroforestier, a affirmé que la conversion des forêts en zones agricoles était la principale cause de disparition des forêts.  Les activités agroforestières permettront de contribuer à la gestion durable des forêts, a-t-il souligné.  Il est nécessaire de planter des arbres en dehors des forêts, a-t-il expliqué, de telles plantations permettant de restaurer les sols.  


Le Président du Forum des Nations Unies sur les forêts s’est félicité des interventions faites lors du débat, notant qu’elles avaient donné lieu à de nombreux points de vue communs, mais aussi à quelques divergences.


Table ronde I: Reconstruction des forêts dans le monde


M. ELLIOT MORLEY, Ministre de l’environnement, de l’alimentation et des affaires rurales du Royaume-Uni et modérateur de la table ronde, a souhaité un débat à bâtons rompus.  Il a espéré que la table ronde offre la possibilité de partager les expériences et de donner un signal très fort à la valeur que l’on accorde à la réhabilitation des forêts du monde.  Nous devons réfléchir aux moyens de mettre en œuvre cette réhabilitation dans différents pays et régions, a-t-il affirmé.  Au Royaume-Uni, a-t-il ajouté, de grands efforts de réhabilitation des forêts ont été entrepris dans le cadre d’un partenariat mondial, afin, notamment, de restaurer les forêts productives ainsi que le paysage endommagé par l’industrialisation.  M. Morley a également souhaité que ce dialogue interactif soit l’occasion de réfléchir à certains obstacles qui empêchent une mise en œuvre efficace des programmes de réhabilitation sur le terrain.


M. CARLOS MANUEL RODRIGUEZ, Ministre de l’environnement et de l’énergie de Costa Rica, a déclaré qu’il ne fallait pas détruire les richesses de la nature.  Il a ainsi préconisé un usage rationnel et durable des richesses, dans l’intérêt de toute la collectivité.  Le déboisement continue d’être une activité légale dans une grande majorité de pays, en particulier dans les pays tropicaux, où il constitue un instrument rural encouragé par les gouvernements centraux, a-t-il souligné.  Cette déforestation est un acte juridique, a-t-il précisé. L’objectif est d’obtenir des informations, le savoir, les sciences, le savoir faire pour que les décideurs politiques comprennent l’importance des forêts dans le maintien des écosystèmes.  Au Costa Rica, la superficie des forêts a augmenté, s’est-il félicité.  Pour permettre cette restauration de la couverture forestière, la réduction ou l’arrêt de la déforestation s’est faite au travers de lois coercitives, a-t-il déclaré.  Le Ministre a en outre mis en exergue les liens existant entre les forêts et les Objectifs du Millénaire pour le développement.


À une question du Ministre de la forêt et de l’environnement du Congo, M. Henri Djombo, qui lui demandait comment le Costa Rica avait pu réunir les ressources pour mettre en œuvre sa politique de reconstruction des forêts, M. Rodriguez a expliqué qu’il y avait une volonté politique forte à tous les niveaux.  Le Costa Rica, s’il a bénéficié d’une coopération internationale dans les années 80, a dû compter sur ses propres ressources à partir des années 90, a-t-il précisé.


Mme OCTAVIE MODERT, Secrétaire d’État à l’agriculture, à la viticulture et au développement rural du Luxembourg, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a indiqué que les forêts européennes se sont étendues.  Elles se caractérisent par leur diversité et la façon dont elles sont détenues.  Le couvert forestier s’étend sur 47% du territoire, et va jusqu’à 70% dans certains pays, a-t-elle précisé.  Les forêts se trouvent au cœur des activités de développement de l’Union européenne, a-t-elle souligné.  Les objectifs de la politique sylvicole de l’Union européenne consistent notamment à promouvoir le développement durable du secteur forestier, à protéger le patrimoine naturel, à améliorer la gestion durable des forêts, à promouvoir la concurrence des activités forestières, à améliorer le contrôle des forêts, avec, par exemple, la création de labels, a-t-elle ajouté.  La réhabilitation est complémentaire à toutes les mesures prises pour lutter contre l’appauvrissement des forêts, a affirmé la Secrétaire d’État, qui a plaidé pour un appui politique continu.


M. ZHU LIEKE, Vice-Ministre de l’administration d’État des forêts de la Chine, a affirmé que son pays se penchait depuis longtemps sur la protection de son écosystème.  La Chine a su renforcer le secteur forestier dans le développement économique du pays, a-t-il ajouté.  Le couvert forestier du pays, entre 1998 et 2003, a augmenté de 60 millions d’hectares, soit une progression de 18,1%, a-t-il indiqué.  Dans le même temps, le déboisement a diminué de plusieurs millions de mètres cubes.  La propriété privée représente aujourd’hui 20% du couvert forestier du pays, a-t-il également déclaré.  La Chine, a-t-il poursuivi, veille à la durabilité et la viabilité des forêts, ainsi qu’à la protection de la faune et de la flore des forêts, de même que des zones humides et sèches.  Le Ministre a néanmoins reconnu que les ressources consacrées au secteur forestier étaient encore trop faibles.  La Chine occupe, dans ce domaine, le 30e rang mondial, les ressources s’établissant à 61% de la moyenne internationale.  La Chine a pour politique de promouvoir le développement régional par l’entremise de ses principaux projets, a-t-il souligné, précisant qu’elle s’attachait à renforcer la gestion durable forestière dans le plein respect de ses engagements internationaux.  La Chine n’a pas arrêté son activité forestière commerciale, mais a ralenti le déboisement, a-t-il ajouté, répondant à une question posée par le Modérateur.  La Chine s’oppose vivement au commerce illégal du bois, a-t-il dit, notant que la législation avait été renforcée en ce sens.  Il a en outre plaidé pour une approche coordonnée au niveau mondial pour empêcher que des importations de bois aient des répercussions sur les forêts d’autres pays.


M. HENSON MOORE, Président de l’American Forest and Paper Association, qui représente plus de 240 entreprises de l’industrie du papier et associations aux États-Unis, a affirmé que pour réhabiliter les forêts, il était nécessaire de concentrer les efforts sur les régions du monde qui en avaient le plus besoin.  La gestion durable des forêts constitue le meilleur outil dont nous disposons pour restaurer les forêts, a-t-il ajouté.  De même, l’industrie forestière devrait être un partenaire actif dans la réhabilitation et la santé des forêts.  Aucun pays n’a de pratiques parfaites, a-t-il dit, notant que l’apprentissage de pratiques, à partir de nouvelles méthodes ou de nouvelles idées, était constant.  Selon lui, des grands progrès ont été réalisés au cours des dernières années, le temps étant venu de partager ces connaissances.  Les forêts sont plus dégradées sur les terres relevant du domaine public que sur les domaines privés, a-t-il également constaté.  Une gestion durable s’applique aussi bien aux pays développés ou en développement qu’aux secteurs public et privé, a-t-il poursuivi.  Selon lui, ce qui a été accompli au sein du secteur privé peut être utile pour le secteur public du monde entier.  La connaissance et l’expérience du secteur privé sont très développées, a-t-il affirmé.


Dans le cadre de l’échange de vues qui a suivi, le représentant du Japon a souligné l’urgence d’établir une feuille de route pour assurer l’équilibre entre l’utilisation durable et la conservation des forêts, ce qui, a-t-il dit, exige une coopération et une collaboration internationales.  Le Forum des Nations Unies sur les forêts fournit, a-t-il estimé, un cadre approprié pour les États Membres, les organisations internationales et des autres parties prenantes pertinentes pour discuter et explorer les options en vue de lutter contre la déforestation et la dégradation des forêts.  Toutefois, des forums régionaux seraient utiles pour réunir toutes les parties prenantes des régions concernées, a-t-il ajouté, citant l’exemple du Partenariat Asie Forêt, initié par l’Indonésie et le Japon.


Plusieurs pays ont par ailleurs demandé une aide financière et technique de la communauté internationale pour les soutenir dans leurs efforts de réhabilitation des forêts.  Ce fut le cas, notamment du Bangladesh, mais aussi du Liban, lequel a mis l’accent sur les ravages causés par la guerre, et en particulier par l’occupation israélienne, sur les forêts du pays.  Pour le représentant du Yémen, pays où les forêts ne couvrent que 4% du territoire, les pays industrialisés doivent assumer leur part de responsabilité dans la réhabilitation des forêts, ceux-ci étant à l’origine des problèmes climatiques actuels.  L’Indonésie a pour sa part demandé au Forum de faciliter le transfert de technologies rationnellement écologiques dans le domaine de la restauration des forêts ainsi que la mise en place de mécanismes financiers. 


Pour l’Iran, qui a fait état de progrès très importants en matière de gestion durable des forêts, avec une réduction significative de la coupe et de l’abattage illégaux et un renforcement du reboisement, les efforts déployés aux niveaux national et international doivent être encouragés et effectués de manière complémentaire.  Le représentant de la République de Corée a indiqué de son côté que son pays poursuivrait ses efforts en vue d’apporter une contribution financière, technique et pédagogique pour améliorer la situation des forêts dans le monde et restaurer les zones endommagées par le tsunami.


La restauration écologique doit être une priorité internationale, a souligné ainsi la représentante des États-Unis.  Elle va, selon elle, au-delà du reboisement, car il ne suffit pas de replanter des arbres pour maintenir la santé et la biodiversité des forêts, mais il faut une volonté ferme.  Le FNUF et le Partenariat de la collaboration sur les forêts devraient aider les pays à établir des capacités fortes pour la restauration des paysages forestiers et le développement des politiques, des lois et projets dont les pays ont besoin pour progresser, a-t-elle ajouté.  Le représentant de l’Espagne a regretté l’absence d’un accord sur une convention-cadre contraignante.  La gestion durable, la restauration des forêts dégradées n’est pas une option mais une obligation de la société envers les générations futures, a-t-il estimé.  Il n’est pas juste que nous n’assumions pas ces responsabilités aujourd’hui, a-t-il observé.


Par ailleurs, le représentant de la Norvège a souligné la nécessité de recourir à l’investissement privé pour mettre en place des politiques plus prévisibles, mieux financées.  De son côté, le représentant du la République du Congo a estimé que beaucoup d’efforts étaient à fournir dans la restauration des forêts denses en zone tropicale.  La régénération naturelle reste la méthode la plus appropriée, économique et écologique pour restaurer les forêts dégradées, a-t-il souligné.


Table ronde: Lois et gouvernance forestières pour la durabilité


M. M.S KABAN, Ministre des forêts de l’Indonésie, a déclaré que les ressources forestières de son pays jouaient un rôle pivot dans le soutien aux initiatives de développement économique, l’habitat rural et la fourniture de services environnementaux.  Dans le cadre de l’Arrangement international sur les forêts, l’Indonésie est pleinement engagée dans la mise en œuvre des dispositions pertinentes incluant notamment les propositions d’action du Partenariat de collaboration.  La stratégie implique dans ce cas de tenir compte du lien entre la gestion durable des forêts et la réalisation concomitante des Objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier l’éradication de la pauvreté, l’engagement multipartite par le biais de programmes forestiers nationaux, la mise en œuvre des décisions convenues en matière de gestion durable et l’accélération des processus de réhabilitation et de conservation de la biodiversité. En dépit des résultats accomplis, beaucoup reste à faire.  Le Gouvernement d’Indonésie a ainsi mis en place des politiques destinées à réduire le taux national légal d’abattage.  Il est aussi dans nos intentions de protéger ce qui reste de forêts nationales et de réhabiliter les domaines dégradés, a indiqué le Ministre.  S’agissant de l’abattage illégal, l’Indonésie a pris des mesures en vue d’intensifier la lutte contre cette pratique en créant notamment un système de traçage des délits forestiers et en durcissant sa législation contre ces crimes et délits.  L’Indonésie continuera à œuvrer à l’amélioration de la gouvernance forestière et nous espérons que la communauté internationale nous apporterons son plein soutien dans cette entreprise, a-t-il assuré.


M. CHAMBRIER BARRO, Vice-Ministre de l’économie forestière du Gabon, a déclaré que l’histoire enseignait que la pauvreté était à l’origine des conflits en Afrique.  L’État a donc le devoir de tout mettre en œuvre pour assurer les conditions de gestion durable des ressources forestières et de gouvernance, à même de garantir la paix sociale.  À cet effet, la politique du Gabon consiste à assurer la valorisation des ressources par une industrialisation plus poussée de la filière bois et la conservation et la gestion durable des forêts.  Ce deuxième volet s’appuie sur une politique systématique d’aménagement des forêts et par l’érection de 11% du territoire en parcs nationaux.  Nous considérons que le développement durable et la gouvernance doivent reposer sur une application stricte des lois et règlements.  Cette application exigeant des femmes et des hommes formés, le Gouvernement du Gabon a introduit un projet de loi portant création d’un fonds forestier national destiné à autofinancer l’ensemble des activités forestières et le renforcement des capacités.  Au plan de l’implication des parties prenantes, le Gabon estime nécessaire le renforcement de la concertation entre administration, secteur privé, ONG, société civile et populations locales.


M. VALERY ROSHCHUPKIN, Ministre des ressources naturelles de la Fédération de Russie, a indiqué que son gouvernement était conscient de la complexité des problèmes examinés dans le cadre de ce Forum.  En matière de gestion durable des forêts, la Fédération de Russie tient un rôle de chef de file dans la région.  Ces dernières années, notre pays a ainsi suivi de près les négociations intergouvernementales en matière de forêts.  Au plan des mesures nationales, la Fédération de Russie a mis en place un système de suivi par avion des activités forestières dans les régions concernées en soumettant à un contrôle une grande superficie de forêts.  Et d’ici à 2006, l’ensemble des zones forestières du pays sera placé sous contrôle.  Un nouveau code forestier est par ailleurs discuté au Parlement russe afin de renforcer la base juridique de nos politiques forestières et de développement.  Dans ce cadre, nous soutenons une participation la plus large possible de toutes les institutions intéressées, juridique et économique. Notre but est de renforcer le contrôle des matières forestières pour transformation et prévenir l’exploitation illégale des ressources forestières dans la région.


Mme ROSALIA ARTEAGA SERRANO, représentante de l’Organisation du Traité de coopération de l’Amazone, a déclaré que l’exploitation de la forêt amazonienne avait été livrée aux lois sauvages de l’offre et de la demande.  L’Amazonie est une mosaïque culturelle et économique riche mais qui connaît beaucoup de pauvreté.  Son accès y est toujours très difficile, et le modèle de production durable n’y est pas encore consolidé, ce qui a un impact très négatif sur la productivité et la compétitivité dans la région.  Les conflits résultant de la lutte pour l’accès aux ressources viennent se greffer sur cette situation difficile.  Tout ceci empêche que les pays s’accorde sur une vision d’ensemble intégrant une conception commune de ce que doivent être les actions en matière de durabilité.  Face à de tels défis, nous devons renforcer les mesures de gestion en impliquant l’État par la mise en œuvre de politiques régionales à long terme et faisant participer au processus de prise de décisions les groupes les plus vulnérables.  Nous sommes en outre prêts à  participer à l’Arrangement international sur les forêts (AIF) en tant que mécanismes visant à parvenir à un consensus en matière de gestion durable des forêts.


M. VIEIRA VARGAS, Directeur général du Département pour l’environnement du Brésil, a expliqué que le Programme national des forêts du Brésil faisait partie des 10 priorités nationales de son gouvernement.  Dans ce contexte, la politique nationale en la matière intègre les questions relatives à la protection de l’environnement, aux problèmes sociaux, à la modernisation des infrastructures, aux questions financières et de stratégies à même de nous permettre de réaliser nos objectifs de développement.  Cette action est soutenue par des mesures de contrôle et implique les acteurs de la société civile.  La déforestation est le plus grand défi posé à la bonne gouvernance forestière au Brésil.  La législation en la matière a été améliorée et des mesures concrètes ont été prises aux niveaux fédéral, étatique et local pour lutter efficacement contre ce fléau.  Dans le même temps, il est important de continuer à encourager la mise en œuvre des programmes de gestion durable des forêts.  À cet égard, le Congrès national du Brésil discute en ce moment d’une loi de régulation visant à faciliter la gestion durable des forêts, qui représentent 250 millions d’hectares, soit 2,5 millions de mètres carrés.  Néanmoins, a fait remarquer M. Vargas, le Brésil doit toujours faire face à une déforestation aux proportions dramatiques.  Il est donc indispensable que la coopération internationale s’associe aux efforts menés à l’échelle des pays.


M. MICHAEL ROSS, Professeur en science politique de l’Université de Californie (UCLA), a évoqué les tendances en matière de conflits liés aux forêts.  De nombreuses guerres civiles éclatent dans les pays à bas revenus, dans un contexte où les ressources naturelles sont abondantes.  Les griefs naissent de la lutte pour l’accès à ces ressources souvent mal exploitées.  Cette abondance devrait être mise au service du développement et, finalement, elles contribuent à alimenter des guerres longues et coûteuses.  La corruption et une exploitation des ressources forestières mal gérées sont les causes principales de conflits liés aux forêts.  De plus, dans certains cas de conflits, les revenus tirés de l’exploitation illégale des forêts servent de financement aux guérillas.  Pour lutter contre cette situation qui sapent les efforts de bonne gouvernance en matière de gestion durable des forêts, nous estimons que les transactions entre entreprises et gouvernements devraient être beaucoup plus transparentes.  Tous les paiements devraient ainsi être tracés et des rapports détaillés et systématiques devraient être remis régulièrement par les gouvernements et les entreprises.  Une bonne part du commerce forestier étant marquée par la corruption, réduire cette corruption contribuerait à réduire considérablement les griefs.  Il suffirait déjà de s’accorder sur un régime de contrôle relatif à la façon dont le revenu du bois est utilisé.


De nombreuses délégations ont pris la parole pour évoquer les politiques de gestion durable des forêts conduites dans leur pays et les problèmes spécifiques rencontrés dans ce domaine au niveau national.  Tous ont stigmatisé les dégâts causés par l’exploitation illégale du bois qui, partout, entravent les mesures de bonne gouvernance prises aux niveaux national, régional et sous-régional.


Le représentant de la Chine a par exemple expliqué que le commerce illicite de la forêt devait être combattu par le renforcement de la coopération entre les gouvernements.  Il a recommandé que soit convenu dans ce cadre un mécanisme pour aider à soutenir l’effort des collectivités locales, dont les intentions de développement sont le plus souvent de bonne foi.  Le représentant de la France a, lui aussi, considéré que la mobilisation internationale était indispensable pour lutter contre les pratiques illégales qui touchent les forêts sous toutes les latitudes.  L’application renforcée de la législation forestière et une meilleure gouvernance sont des éléments clefs de la gestion forestière durable, a–t-il dit.  Poursuivant, il a estimé que les pays producteurs et consommateurs devaient travailler conjointement, en utilisant les leviers du commerce, du dialogue entre parties prenantes, de la coopération et de la valorisation des bonnes pratiques.  De son côté, le représentant de la Roumanie a indiqué que la législation de son pays était alignée sur les recommandations et normes juridiques internationales en vigueur en matière de forêts.  Au plan de la défense de l’intégrité du patrimoine forestier de son pays, le Gouvernement roumain mise sur une gestion transparente des modalités d’appropriation des terres, a indiqué le représentant.


Intervenant à son tour, le représentant de la Suisse a indiqué qu’une bonne gouvernance était le meilleur moyen de prévenir l’apparition de conflits.  En relation étroite avec l’Indonésie, la Suisse est ainsi engagée dans une initiative de décentralisation des processus de gestion durable des forêts, a-t-il fait savoir. Cette initiative est essentielle pour faciliter les interactions des parties prenantes aux  différents niveaux de gouvernance.  La centralisation des activités forestières est d’autant plus efficace dans des zones éloignées où la présence de l’État est faible et la corruption particulièrement développée, a dit le représentant.  Pour le représentant des États-Unis, une gestion durable des forêts efficace et complète contribuerait aux objectifs généraux de développement.  Pour cela, a-t-il déclaré, une telle gestion dépend d’un cadre législatif clairement défini et d’une bonne gouvernance, de même qu’une participation accrue des communautés.  À cette fin, il a plaidé pour un renforcement du régime international des forêts en vue de fournir aux pays les capacités indispensables à une exploitation régulée de leurs ressources forestières.  Le représentant du Kenya a fait remarquer que son pays dépendait pour une très grande partie du bois utilisé à des fins domestiques.  Ainsi, a-t-il précisé, 10 tonnes de bois transformé sont nécessaires pour produire seulement une tonne de charbon de bois, d’où un déboisement important.  De toute évidence, le Kenya se préoccupe surtout du manque d’alternatives en matière de sources d’énergie abordables, a-t-il dit.


Le représentant de la Grèce a expliqué que, dans le cas des forêts de l’Europe méditerranéenne, il était important de renforcer la lutte contre les feux, qui peuvent aboutir à une véritable désertification, et à mettre en place des mesures harmonisées de réhabilitation des superficies dégradées.  La gestion durable des forêts occupe une place de choix dans les politiques de développement de la Grèce, qui la considère à présent comme une tradition.  Se faisant l’écho de l’ensemble des participants au débat, le représentant a dit que la gestion durable suivie des forêts était un défi à relever pour léguer aux générations futures un patrimoine forestier équilibré et productif.


Des représentants d’organisations internationales sont également intervenus pour demander que les acteurs de la société civile participent plus avant à l’ensemble des processus de décision dans les domaines relatifs à la gestion durable des forêts dans tous les pays.  Le représentant de la FAO a ainsi estimé que la certification des forêts, l’adoption de codes volontaires de conduite, la conduite indépendante des opérations forestières et le traçage des opérations d’abattage figuraient au nombre des mesures concrètes associant le secteur privé et les acteurs de la société civile en vue de lutter contre l’exploitation illégale des forêts.  Il a aussi été demandé que les communautés locales soient activement impliquées dans le processus de décentralisation et, ce, afin de mettre un terme à l’exploitation illégale par la voie positive de la revalorisation des statuts sociaux et professionnels des ouvriers du bois qui n’ont parfois pas d’autres recours pour survivre que de se livrer à des activités illégales.


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