ENV/DEV/848

LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE CLÔT SA 13e SESSION EN ADOPTANT UNE SÉRIE DE MESURES CONCERNANT L’EAU, L’ASSAINISSEMENT ET L’HABITAT

22/04/2005
Communiqué de presse
ENV/DEV/848


Commission du développement durable

Treizième session

17e & 18e séances – matin & après-midi


LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE CLÔT SA 13e SESSION EN ADOPTANT UNE SÉRIE DE MESURES CONCERNANT L’EAU, L’ASSAINISSEMENT ET L’HABITAT


Elle propose de tenir sa prochaine session du 1er au 12 mai 2006 et

de consacrer son prochain cycle biennal (2006-2007) à l’énergie et au développement industriel


Réunie depuis le 11 avril, la 13 session de la Commission du développement durable (CDD-13) a conclu ses travaux, tard dans la nuit après de longues négociations, en adoptant un texte1 qui prévoit une série de mesures politiques et d’actions visant à accélérer la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) liés à l’eau, l’assainissement et les établissements humains.  


La proposition du Groupe des 77 et de la Chine visant à inclure dans le texte une dispositions sur la nécessité de combattre les obstacles qui s’opposent à la réalisation des droits des peuples vivant sous une occupation étrangère (pages 9 et 11 de la version anglaise du document) a donné lieu à deux interruptions de séance pour permettre aux délégations de l’examiner et de parvenir à un accord.  Intervenant après l’adoption, les représentants du Canada et de l’Australie se sont dissociés du consensus jugeant cette mention excessive, alors que celui de l’Union européenne a regretté les conditions dans lesquelles ce texte a été adopté.


Si le représentant de la Jamaïque, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a estimé que les pays développés n’avaient pas fait preuve de volonté suffisante pour répondre aux questions cruciales du financement du développement et du renforcement des capacités humaines, celui des États-Unis a rappelé que l’aide publique au développement de son pays avait doublé, entre 2000 et 2004, pour passer de 10 à 19 milliards de dollars.  Il s’est félicité de l’adoption d’un texte précisant clairement les responsabilités respectives aux niveaux local, national et international.


Le texte, dont un avant-projet avait été proposé par le Président de la  CDD-13, comporte cinq parties portant respectivement sur l’eau, l’assainissement, les établissements humains, les questions transversales ou intersectorielles, et les arrangements institutionnels internationaux pour le suivi des décisions.  Il insiste notamment sur l’accès aux services de base, la gestion intégrée des ressources en eau et l’éducation à l’assainissement et à l’hygiène.


Par ce texte, les États Membres rappellent les références que constituent les objectifs de développement durable agréés à Johannesburg et les OMD avec l’objectif de réduire de moitié d’ici à 2015 le nombre de personnes n’ayant pas accès à l’eau et à l’assainissement, et de permettre à 100 millions de personnes d’accéder à un logement décent d’ici à 2020.  Il souligne l’importance d’augmenter les ressources financières de manière significative, y compris l’aide publique au développement (APD) et la mobilisation au niveau national, afin de permettre aux pays en développement d’atteindre les Objectifs de développement agréés au niveau international, incluant ceux de la Déclaration du Millénaire et du Plan de mise en œuvre de Johannesburg.


S’il insiste sur le rôle premier des gouvernements pour assurer l’accès à l’eau potable, l’assainissement de base ainsi qu’un logement sûr et durable, grâce à la bonne gouvernance à tous les niveaux impliquant toutes les parties prenantes, il invite également la communauté internationale à soutenir les efforts nationaux par le biais d’un environnement propice, incluant un système d’échange non discriminatoire et équitable, la conclusion des négociations de Doha en faveur du développement, la mobilisation et le transfert des ressources financières, l’allègement de la dette, les partenariats public-public et public-privé, la coopération technique, le renforcement des capacités et un transfert des technologies pertinentes  


Le chapitre concernant les établissements humains met l’accent sur l’accès à la propriété foncière à des conditions raisonnables et au logement et à la promotion de l’emploi et de l’entreprenariat, et le chapitre sur les arrangements institutionnels internationaux pour le suivi des décisions de la CDD-13 » identifie les contributions potentielles en matière de suivi et d’évaluation des différents acteurs que constituent le Comité des Nations Unies sur les ressources en eau, le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DESA), le Programme commun d’évaluation UNICEF/OMS et ONU-Habitat.  Toujours dans le domaine du suivi, la CDD-13 a décidé par ce texte de consacrer une journée de ses prochaines sessions à l’évaluation de la mise en œuvre de la Stratégie adoptée à Maurice en janvier 2005 sur les petits États insulaires en développement (PEID).


Au cours de cette dernière journée, la Commission du développement durable a également adopté six projets de décision ou résolution.  Après avoir invité le Conseil économique et social (ECOSOC)2, à fixer les dates de la 14e session la CDD (session d’examen, du 1er  au 12 mai 2006), et de la 15e session de la CDD (session directive, du 30 avril au 11 mai 2007), la CDD-13 lui a recommandé3 de décider qu’au cours de son prochain cycle de deux ans, soient examinés les quatre thèmes suivants: énergie; développement industriel; pollution atmosphérique; et changements climatiques.


En outre, la Commission a recommandé4 à l’ECOSOC de confirmer le mandat de son Bureau pour le prochain cycle, comprenant les 14e et 15e sessions.  Par ailleurs, elle lui a recommandé5, d’envisager de couvrir les frais de voyage des membres du Bureau des pays en développement et de pays en transition, par le biais de contributions extrabudgétaires désignées au Fonds d’affectation spéciale pour les travaux de la CDD.  Cette décision concernerait également les réunions ailleurs qu’à New York. 


Par l’adoption d’un projet similaire6, elle a recommandé à l’ECOSOC d’inviterles gouvernements et autres donateurs à contribuer au Fonds d’affectation spéciale pour financer des frais de voyage des représentants de pays en développement et de pays en transition devant participer aux sessions de la CDD.  À cet égard, le Président de la CDD a indiqué que ce Fonds avait permis cette année la participation d’une centaine de ministères des pays en développement et de pays en transition, en se félicitant que pour la première fois un pays en développement, l’Afrique du Sud, y avait contribué.  En fin de séance, elle a adopté le rapport des travaux de cette session7comprenant les questions d’organisation.  


Les représentants de la Jamaïque, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, et des États-Unis ont fait une déclaration.


Après la clôture de sa 13e session, la Commission du développement durable a ouvert les travaux de sa 14 session en vue d’élire les membres du Bureau pour son prochain cycle. 


Elle a porté à la présidence M. Aleksi Aleksishvili, actuel Ministre du développement économique de la Géorgie, qui était le candidat du Groupe des États d’Europe orientale.  Ont été élus à trois des quatre postes de Vice-Président MM. Javad Amin-Mansour (République islamique d’Iran) au nom du Groupe des États asiatiques; Adrian Alfredo Fernandez Bremauntz, Président de l’Institut national d’écologie du Mexique, au nom du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes; et Yvo De Boer (Pays-Bas) au nom du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États.  Le Groupe des États d’Afrique désignera son candidat à une date ultérieure.


La Commission, après approbation par le Conseil économique et social, tiendrait sa 14 session du 1er  au 12 mai 2006.


1 Ce document n’étant disponible qu’en anglais sous forme provisoire, sera disponible dans les autres langues officielles à une date ultérieure.


2 E/CN.17/2005/L.5

3 E/CN.17/2005/L.3

4 projet de décision E/CN.17/2005/L.4

5projet de résolution  E/CN.17/2005/L.6

6 projet de résolution  E/CN.17/2005/L.7

7 rapport de la CDD-13 E/CN.17/2005/L.2



MODULE THÉMATIQUE DU CYCLE D’APPLICATION 2004-2005


Débat de haut niveau


Suite des déclarations: Concrétisation des engagements politiques


Mme SUNITA NARAIN, lauréate du prix de Stockholm 2005 sur l’eau, a déclaré qu’un changement de paradigme où les connaissances traditionnelles sont à l’honneur était nécessaire.  Tout le monde doit s’occuper de l’eau et l’économiser, a-t-elle poursuivi, en indiquant que l’implication des communautés était essentielle pour le succès de cette entreprise.  Nous devons gérer différemment nos ressources en eau, a-t-elle insisté; dès lors que nous aurons revu notre modus operandi, nous obtiendrons des résultas.  Elle a cité l’exemple de ses activités en Inde, pays qui subit constamment inondations et sécheresse, et a indiqué que la solution était de prendre en compte les écosystèmes existants qui sont bien distincts.  Elle a expliqué comment la récolte des eaux de pluie avait été encouragée à petite échelle.  À travers tout mon pays, les gens ont appris à valoriser chaque petite goutte de pluie, a-t-elle soutenu.  La lauréate a ainsi affirmé que la clef de ce succès tenait à l’implication des communautés.  Elle a aussi indiqué qu’après ces avancées, le Gouvernement de l’Inde avait lancé un programme pour tirer parti de ces expériences et avait mis en place un programme d’action pour creuser des puits et installer des canalisations pour une meilleure gestion des ressources en eau.  Ces actions montrent qu’il est possible de changer les choses, a-t-elle remarqué.  Elle a souligné qu’il était important de faire changer les mentalités et de réviser les méthodes utilisées.  Enfin, elle a souhaité que les pays en développement donnent la priorité à l’eau, qui doit être accessible pour tous et que des investissements soient faits dans des technologies durables, tout en faisant appel à la collaboration des populations.  Rappelant que l’eau et l’assainissement étaient un défi qui concernait les plus pauvres d’entre les plus pauvres, elle a demandé que ces communautés soient particulièrement prises en compte.


M. THOMAS ZELTNER, Secrétaire d’état à la santé de la Suisse, a estimé que l’objectif du Millénaire de réduire de moitié, d’ici à 2015, le nombre de personnes sans accès durable à l’eau potable et à l’assainissement de base représentait un grand défi pour le monde entier.  Pour y répondre, la délégation suisse pense qu’il faut que tous les acteurs, à savoir les gouvernements nationaux, les autorités locales, les donateurs, la société civile, les opérateurs publics et privés joignent leurs forces.


Peu importe qu’il s’agisse d’une gestion du public ou du privé, l’essentiel est que cette gestion des systèmes d’eau et d’assainissement soit efficace, a-t-il précisé.  Le secteur privé -les sociétés commerciales internationales mais surtout les entrepreneurs locaux- doit travailler en partenariat avec le secteur public pour améliorer ses performances, a estimé M. Zeltner.  Afin d’éviter la mauvaise expérience passée où de nombreux projets financés conjointement par les secteurs public et privé de première génération ont échoué en raison de résistances publiques massives, il faut mettre en place des principes de politiques et des lignes directrices pour améliorer la gouvernance.  Il faut permettre l’accès aux services à toutes les populations y compris les plus pauvres, mais aussi garantir la transparence, la responsabilité, les mécanismes de financement et la protection des ressources en eau.  La Suisse, a ajouté M. Zeltner, a développé de tels principes.  Les instruments en la matière existent, a rappelé M. Zeltner, invitant tous les acteurs du secteur à les consulter.


M. WOLFGANG STALZER, Directeur général du Ministère de l’agriculture, des forêts, de l’environnement et de la gestion de l’eau de l’Autriche, a fait sienne la déclaration du représentant de l’Union européenne.  Il a émis le souhait que ce débat de haut niveau donne un signal politique, comme cela a été le cas au Sommet de Rio, lors de l’élaboration d’Agenda 21, puis lors de l’examen à mi-parcours de Rio + 5, et ensuite lors du Sommet mondial sur le développement durable à Johannesburg.  En Autriche, où l’eau est abondante, il a fallu cependant suivre tout un processus d’apprentissage avant d’atteindre des standards élevés pour la qualité de l’eau.  Aujourd’hui, nous essayons d’utiliser l’eau d’une façon durable et responsable, a-t-il expliqué.  Du fait de sa situation géographique et des conditions climatiques, l’Autriche doit relever des défis particuliers, comme la protection contre les inondations, a indiqué son représentant, précisant que les solutions qui ont été trouvées sont acceptables sur le plan écologique.  À ce jour, l’Autriche concentre ses efforts sur la gestion intégrée des ressources en eau, dans la mise en œuvre de la Directive-cadre de l’Union européenne relative à l’eau. 


Pour M. Stalzer, la dégradation de l’environnement constitue une menace à la paix et à la sécurité régionales et internationales.  Il ne peut pas y avoir de développement s’il n’est pas durable et s’il n’intègre pas tous les aspects environnementaux, économiques et sociaux.  La gestion intégrée des ressources en eau est le moyen le plus efficace de résoudre les problèmes en matière d’eau et d’assainissement, a-t-il considéré.  Cette gestion passe par l’hydroélectricité, une méthode propre et durable de produire de l’énergie et une contribution utile pour atteindre les objectifs de Kyoto.  En Autriche, a-t-il expliqué, la sensibilisation des citoyens à tous ces problèmes contribue à les préparer aux solutions à long terme.  Le représentant a aussi souligné que le secteur de l’eau dans le développement représente un élément essentiel dans la lutte contre la pauvreté qui est un des objectifs de la politique autrichienne de coopération pour le développement.  Maintenant que l’eau et l’assainissement ont fait l’objet de messages politiques et que des actions sont menées dans ces domaines, il faut coordonner les pays donateurs pour atteindre de meilleurs résultats, a estimé M. Stalzer.  Le Sommet de septembre 2005 présente une occasion de renforcer le programme de développement durable, s’est–il déclaré convaincu.


Intervenant au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement (AOSIS), M. ENELE SOPOAGA (Tuvalu) a souhaité que soient examinés plus avant le caractère particulier des petits pays insulaires en développement (PEID) en matière de développement rural en insistant sur la nécessité de renforcer leur vulnérabilité par rapport aux catastrophes.  Il a jugé très utile le développement d’un système de collecte d’eau attaché au logement.  Il a souhaité l’intégration de l’eau et l’assainissement, en sensibilisant les populations à la nécessité d’économiser l’eau et d’éviter de polluer les ressources, en particulier la nappe phréatique.  Il s’est surtout inquiété des conséquences négatives du changement climatique et de la montée du niveau de la mer sur les ressources en eau potable.  Il a exigé une contribution scientifique urgente pour faire face à ces phénomènes.  L’AOSIS, a-t-il ajouté, est profondément convaincue que les séances de la CDD doivent inclure un segment examinant spécifiquement l’application de la Stratégie adoptée à la Conférence de Maurice sur les PEID en janvier 2005. 


M. ACHIM STEINER, Directeur général de l’Union mondiale de la préservation (IUCN), a déclaré que nous arrivons au point de rupture en matière d’eau alors que certaines rivières ne parviennent plus à la mer et que les ressources souterraines diminuent dangereusement.  Il s’est félicité de l’augmentation de l’APD, des mécanismes de financement créateurs et des progrès de la bonne gouvernance qui sont autant de pas dans le bonne direction.  Il a souhaité plus d’investissement dans les écosystèmes, ce qu’il a défini comme indispensable pour assurer des ressources durables en eau et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il a fait sienne la proposition d’évaluer régulièrement toute la palette des mesures et initiatives mises en œuvre par les États, les organisations internationales, la société civile, le secteur privé et les collectivités et communautés locales pour réaliser les OMD. 


Mme MARIA MADALENA BRITO NEVES, Ministre de l’agriculture, de l’environnement et de la pêche du Cap-Vert, s’est réjoui que la Commission du développement durable ait consacré au moins une journée à la révision de la mise en oeuvre de la Stratégie de Maurice pour les petits États insulaires en développement (PEID).  Son pays, qui place au centre de ses priorités l’accès à l’eau, dispose maintenant d’une couverture d’eau potable de 78% de son territoire alors qu’il était le pays le plus aride de la région du Sahel.  Elle a souligné le rôle de la désalinisation et de l’exploitation des nappes souterraines au Cap-Vert pour l’approvisionnement en eau et de la création d’organes interministériels, comme le Conseil national de l’eau, facilitant une bonne gestion de cette ressource.  Toutefois, étant donné les progrès restant à accomplir pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, elle a demandé des initiatives visant à réduire et à supprimer la dette publique, tout en soulignant l’importance des partenariats techniques et financiers ainsi que la nécessité d’une forte volonté politique et d’intégrer les programmes en eau dans les programmes de développement au niveau national.  


M. JULES CODJO ASSOGBA, Ministre de l’environnement, de l’habitat et de l’urbanisme du Bénin, a indiqué que l’eau, l’assainissement et les établissements humains figurent en bonne place dans la Loi-cadre sur l’environnement du Bénin et dans l’Agenda 21 national.  Les eaux de surface et les aquifères sont très peu utilisés au Bénin pour l’alimentation en eau potable, l’abreuvement du bétail et l’irrigation des cultures, alors que les besoins en la matière sont grands.  C’est pourquoi, l’élaboration et la mise en œuvre d’une politique nationale de gestion intégrée de l’eau font partie des préoccupations majeures du pays, a-t-il expliqué.  S’agissant de l’assainissement, il a cité les actions menées, telles que la création de la police sanitaire et de la police environnementale, la promotion de la construction et de l’utilisation des latrines familiales à dalle, ou encore l’appui à la gestion des déchets solides et des déchets biomédicaux.  Le représentant a cependant évoqué le grave problème de gestion des eaux usées domestiques dans les grandes agglomérations, ce qui entraîne la propagation de maladies comme la fièvre typhoïde.


En ce qui concerne les établissements humains, la situation de l’habitation est caractérisée par les unités d’habitations précaires, les constructions anarchiques et l’ambivalence de la législation foncière, a poursuivi M. Assogba.  Il a indiqué à cet égard que le Gouvernement mène des programmes de soutien aux promoteurs privés pour améliorer l’habitat rural et construire des logements économiques.  Un code foncier rural est aussi en cours d’élaboration, a-t-il précisé.  Pour renforcer la capacité institutionnelle et en capital humain dans le domaine considéré, le Ministre a proposé que les pays riches tiennent leurs engagements de relèvement de l’Aide publique au développement à 0,7% du PNB, que la dette publique des pays en développement soit éliminée ou encore que des partenariats entre les secteurs public et privé soient établis.  En outre, la participation effective de tous les acteurs, notamment des femmes, est nécessaire.


M. ARCADO NTAGAZWA, Ministre d’État chargé de l’environnement de la République-Unie de Tanzanie, a rappelé que les engagements pris devaient se traduire par des actions concrètes sur le terrain.  Le monde a des ressources suffisantes pour vivre dans la prospérité à condition de les protéger et de les économiser, a-t-il affirmé.  Il a souligné le rôle déterminant de la coopération ainsi que du changement de comportement des consommateurs, associé à une véritable volonté politique au niveau national.  Énumérant les succès de son pays dans les secteurs de l’eau et l’assainissement, il a toutefois affirmé que l’appui de la communauté internationale était indispensable car elle avait les moyens d’accélérer la réalisation des OMD.  Ainsi, il a plaidé pour une annulation de la dette des pays en développement afin que ceux-ci puissent affecter cet argent aux secteurs prioritaires de l’eau, de l’assainissement et des établissements humains.  Enfin, il a estimé que l’accès aux marchés des produits des pays en développement était primordial pour permettre aux pays pauvres d’accéder au stade de pays développés. 


M. OULD TALEB AMAR (Mauritanie) a indiqué qu'un vaste programme d'infrastructures hydrauliques a été exécuté en Mauritanie au cours des dernières décennies pour y généraliser l'approvisionnement en eau et soutenir le développement de l'élevage extensif et de l'agriculture irriguée.  Par ailleurs, un cadre stratégique de lutte contre la pauvreté élaboré par le pays en 2000 fait du développement des établissements humains, de l'accès à l'eau potable et de l'assainissement des axes stratégiques de l'action gouvernementale, menée dans une approche multisectorielle basée sur le développement d'un partenariat public privé qui implique les collectivités et la société civile.  Enfin, l'engagement pris par notre pays pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) pour l'eau et l'assainissement nécessite la réalisation d'ici à 2015 du projet Aftout Essahli, visant l'alimentation à long terme de Nouakchott à partir du fleuve Sénégal, des extensions et modernisations des réseaux existants, de 400 nouveaux réseaux de distribution d'eau et 1 200 points d'eau modernes associés à des infrastructures d'assainissement adéquats en zones rurales et semi-urbaines, a conclu le représentant.


Intervenant au nom de la Ministre de la planification du développement et de la reconstruction du Burundi, M. SERAPHINE WAKANA a regretté que le niveau d’investissement était devenu trop faible dans les pays en développement pour permettre à ces derniers de développer leurs infrastructures et réaliser les objectifs liés à l’eau et à l’assainissement.  Elle a insisté sur le rôle du financement des programmes de la reconstruction post-conflit, qu’il a définis comme des catalyseurs de la consolidation de la paix et de la réconciliation nationale.  Il faut donc, a-t-il ajouté,  des efforts exceptionnels de la part des pays amis et des organisations internationales pour financer ces programmes.  Notant que l’emploi était le vecteur qui transforme la croissance en revenus, il a tout particulièrement souligné l’importance du secteur informel en l’absence de croissance.  Pour sortir de la pauvreté, a-t-il conclu, une coopération internationale s’impose  en vue de contribuer au renforcement des capacités de production des pays pauvres ainsi qu’à leur compétitivité. 


M. AMMAR HIJAZI, Observateur de la Palestine, a souligné la situation particulière de son pays qui vit encore sous occupation.  Il a précisé que du fait de l’occupation israélienne, les familles palestiniennes n’ont accès qu’à 120 millions de mètres cubes d’eau sur les 850 millions que contiennent les nappes phréatiques de la rive occidentale occupée.  L’apport domestique en eau, a-t-il dénoncé, se limite entre 57 et 76 litres par jour par ménage, ce qui est largement inférieur au minimum fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).  Il a souligné le caractère indispensable de l’accès à l’eau pour le développement de l’économie.  Il a indiqué que la construction du mur de séparation en Cisjordanie avait entraîné la confiscation de 200 citernes et 36 puits alors que 63 000 maisons ont été complètement ou partiellement détruites au cours des dernières années.  Pour que la coopération puisse s’installer en matière de gestion des ressources en eau, a-t-il conclu, l’occupation et l’hégémonie doivent d’abord prendre fin dans la région. 


Soulignant l’importance de la protection des ressources en eau, M. JORGE VILLACORTA, Vice-Ministre pour la construction et l’assainissement du Pérou, a rappelé que le bassin de l’Amazone possédait 26% des ressources en eau douce du monde, alors que le Pérou n’en bénéficiait que d’une part réduite, certaines zones du pays étant arides.  ll a lancé un appel pour économiser les ressources en eau, surtout dans les systèmes d’irrigation.  De plus, il a suggéré de dresser un cadastre agraire pour définir les types de culture en fonction de la disponibilité en eau de la région.  Il a également mis en lumière le processus de décentralisation actuellement en cours qui doit permettre aux collectivités locales de gérer les questions de l’eau, de l’assainissement et du logement.  Notant que son pays avait investi 4,64 milliards de dollars dans le secteur de l’eau, il a déclaré qu’il fallait surmonter la différence entre secteurs public et privé, observant qu’ils doivent tous deux  donner la priorité au bien-être des populations.  Ainsi, il a souhaité le renforcement des partenariats privé-public, précisant que ce dernier secteur se devait de protéger les plus pauvres.  Enfin, il a demandé l’appui de la communauté internationale et le respect des engagements pris à Monterrey.


M. MUSTAPHA KARIM RAHIEL, Secrétaire général du Ministère des ressources en eau de l’Algérie, a déclaré que le caractère aléatoire des ressources en eau a amené les pouvoirs publics à redéfinir une nouvelle politique en eau avec deux objectifs: la sécurisation de l’alimentation en eau des populations et des secteurs de production et l’amélioration du taux de couverture alimentaire.  Le programme de développement préconisé permettra une hausse de la disponibilité en eau de 37,4% pour couvrir 95% des besoins en 2030 pour une population estimée à 50 millions d’habitants et l’irrigation de 1 million d’hectares.  Le programme d’investissement selon la formule BOO (Build Own Operate: construire, posséder et faire fonctionner) déjà engagé sur le terrain pour la réalisation de stations de dessalement (12 en 2010) permettra une production d’eau de 455 millions de mètres cubes par an.  Un potentiel renforcé  par la réutilisation des eaux usées épurées au profit de l’irrigation et de l’industrie avec une production attendue de 400 millions de mètres cubes.  Avec un taux de raccordement de 79% pour l’eau potable et 75% pour l’assainissement, l’Algérie a déjà atteint les objectifs de Johannesburg.  Il a indiqué que l’Algérie, qui accorde une importance particulière aux partenariats tant nationaux qu’étrangers et aux initiatives de coopération régionale, procède actuellement à la promulgation d’un nouveau code de l’eau qui va concourir à une gestion intégrée et moderne de l’eau en permettant le recours au partenariat, y compris avec le secteur privé. 


M. JORGE SKINNER-KLEE (Guatemala) indiqué que son gouvernement s’était attaché à recadrer l’environnement pour en faire une partie intégrante du développement.  Il a souligné que le plan de développement national du pays, GUATE VERDE, allait dans ce sens et mettait l’accent notamment sur un cadre normatif et institutionnel efficace et transparent qui s’aligne sur les exigences mondiales, tout en favorisant les partenariats entre le secteur public et le secteur privé et le rôle de l’éducation et de la formation.  Il a affirmé qu’il n’y avait pas de solution unique et que chaque pays devait décider de ses propres priorités en matière d’eau.  Il s’est dit convaincu qu’une meilleure gestion en eau était un facteur fondamental pour l’élimination de la pauvreté, de la faim ainsi que pour le développement de la santé et de l’industrie, entre autres.  Par ailleurs, il a affirmé que les collectivités locales devaient être responsables de l’approvisionnement en eau potable, avec la participation du secteur privé pour améliorer les services.  Enfin, il a indiqué que le Guatemala accueillera en mai 2005 le sommet régional sur la gestion intégrée des ressources en eau, sous les hospices du Global Water Partnership, et a souhaité la participation de tous à cet évènement. 


M. YERZHAN KAZYKHANOV (Kazakhstan) a invité la CDD à promouvoir une réalisation effective des objectifs de développement.  Parce que ces objectifs sont étroitement liés entre eux, a-t-il ajouté, il faut une démarche intégrée en matière d’eau et d’assainissement.  Il a souligné les difficultés du Kazakhstan frappé par des catastrophes naturelles telles que l’assèchement de la mer d’Aral ou les conséquences des essais nucléaires en termes de contamination.  La gravité de la situation autour de la mer d’Aral, a-t-il insisté, exige une réponse coordonnée au niveau international.  L’adoption d’une résolution par l’Assemblée générale des Nations Unies consacrée spécifiquement à la mer d’Aral pourrait servir de cadre à une telle coopération.  Il a souligné l’importance de la Convention sur la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontières et des lacs internationaux.  Il a estimé nécessaire l’adoption d’une convention de l’ONU sur l’accès à l’eau douce et la mise en commun des pratiques optimales avec tous les pays intéressés.  Au Kazakhstan, a-t-il conclu, l’intégration des questions de l’eau, de l’assainissement et des établissements humains  au processus de développement sur la base d’une démarche globale et intersectorielle à toujours figuré parmi les priorités du pays au côtés de l’énergie, du développement industriel, de la lutte contre la pollution de l’air et des changements climatiques.  


M. RADZI RAHMAN (Malaisie) a estimé qu’il n’y avait pas de solution unique aux problèmes liés à l’approvisionnent en eau, à l’assainissement et aux établissements humains, chaque pays ayant ses propres spécificités, des besoins propres et des contraintes particulières.  Toutefois, les pays en développement ont tous un point commun qui est leur manque de ressources financières et de capacités techniques.  La mobilisation des ressources et le transfert de technologies figurent en effet parmi les questions les plus pressantes.  De nombreux pays ne parviendront pas à obtenir les résultats escomptés sans soutien financier.  Les partenaires des pays en développement devront continuer à déployer des efforts pour atteindre les objectifs de l’aide publique au développement et procéder à de réels transferts de technologies.


La Malaisie est par ailleurs déterminée à atteindre les objectifs de développement agréés au niveau international.  L’alimentation en eau constitue un élément intégral des stratégies de développement national.  Nous avons couvert à 100% les besoins en eau des régions urbaines et désormais 87% des zones rurales ont accès à l’eau potable.  D’ici à 2020, la totalité de la population devrait avoir accès à l’eau courante.  Le plan de développement pour 2006-2010 prévoit également de remplacer toutes les canalisations afin d’améliorer aussi la qualité de l’eau.  Pour ce qui est des habitats humains, le représentant a indiqué que les entrepreneurs immobiliers devraient réserver 30% de leur parc immobilier à des habitations à loyer modéré.


M. CHANEL BOUCHER, Vice-Président de la Banque africaine de développement (BAD), a présenté l’initiative de la BAD en matière de promotion de l’accès à l’eau des zones rurales.  Il a rappelé qu’un grand nombre de ministres des finances et de l’eau du continent africain se sont réunis à Paris, il y a trois semaines, pour s’accorder sur une déclaration sur les bassins versants.  Un engagement sans précédent pour l’approvisionnement en eau des zones rurales  (relevant de l’Objectif 7 des OMD) vise à assurer l’accès à l’eau potable à 80% de la population africaine d’ici à 2015.  Il a exhorté les donateurs à aligner leurs stratégies sur les stratégies des pays en développement, avec la participation active de tous les acteurs concernés.  Par cette déclaration, a-t-il ajouté, les pays africains sont invités à mettre en place des plans et programmes en faveur de l’eau dans les zones rurales en y affectant les financements nécessaires dans leurs budgets nationaux.  La Banque africaine de développement, a-t-il insisté, appuiera les efforts du Conseil des Ministres africains sur l’eau par le biais du Fonds africain sur l’eau et soutiendra les politiques nationales africaines.  L’accès à l’eau permettra à des millions de jeunes filles d’aller à l’école au lieu de marcher des kilomètres et des heures chaque jour pour chercher de l’eau.  La BAD, a-t-il précisé, mettra en place un mécanisme de suivi en ce qui concerne la réalisation des objectifs en matière d’eau et d’assainissement.  


M. ZÉPHERIN DIABRÉ, représentant du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a rappelé que l’année 2005 était cruciale pour accélérer les progrès en vue d’atteindre les OMD.  Il a indiqué que le PNUD soutenait les programmes des pays concernés afin de développer leur capacité nationale pour adopter une approche intégrée des ressources en eau.  Il a expliqué que le PNUD travaillait avec les institutions du secteur public aux niveaux national et local, la société civile, les organisations bilatérales et multilatérales, le secteur privé et les partenaires du système de l’ONU pour aider les gouvernements à mettre en œuvre leurs engagements en ce qui concerne l’eau, l’assainissement et les établissements humains.  Il a encouragé les efforts pour la coordination, le partage d’informations et le suivi des questions relatives à l’eau et l’assainissement par les institutions appropriées des Nations Unies, et tout particulièrement le Comité des Nations Unies sur les ressources en eau.  Enfin, il a déclaré que les OMD étaient réalisables si les pays en développement et la communauté des donateurs accéléraient leur mise en œuvre, notamment en respectant les accords existants dans ces domaines. 


M. ÉMILE DOUMBA, Ministre de l’économie forestière, des eaux, de la pêche chargé de l’environnement et de la protection de la nature du Gabon, a estimé que l’eau, l’assainissement et les établissements humains sont intimement liés et constituent des besoins essentiels pour une vie décente et sans lesquels il ne peut y avoir ni santé, ni éducation, ni sécurité, ni développement.  Pour atteindre les Objectifs du Millénaire, une mobilisation accrue des ressources est nécessaire.  Les études menées à cet effet montrent que pour atteindre les objectifs en matière d’eau, d’assainissement et d’établissements humains, nous aurons besoin globalement de 35 milliards de dollars par an.  Le Ministre a fait part des initiatives menées par son pays en matière d’eau et d’assainissement en précisant qu’en milieu urbain, la gestion de l’eau se fait en partenariat avec le secteur privé et couvre 60% des besoins de cette population.  Face à une démographie galopante de nos villes, nous sommes très préoccupés par la qualité de l’eau et son utilisation ainsi que par l’assainissement et les établissements humains.  Dans la perspective d’une meilleure coordination de nos actions aux niveaux régional et sous-régional, nous préconisons l’appui au renforcement des mécanismes institutionnels existants.  Au niveau international, la mise en œuvre effective des engagements pris à Doha, à Monterrey et à Johannesburg permettrait à nos pays de relever les défis du développement.


M. ISMAEL GASPAR MARTINS (Angola) a expliqué que la situation de son pays en termes d’accès à l’eau potable et d’assainissement était toujours mauvaise.  Cette situation avait des répercussions directes sur le taux élevé de mortalité infantile et des autres indicateurs de niveau de vie.  De plus, il a rappelé que 3,8 millions de personnes avaient été déplacées par le conflit armé et que la plupart s’était désormais établie dans des taudis précaires.  Le Gouvernement est résolu à traduire la paix récemment conclue en une amélioration sensible de la vie des 14 millions du pays, dans une perspective de développement durable, a-t-il indiqué.  Enumérant les différents programmes mis en œuvre dans ce sens, il a aussi souligné les efforts accomplis, dans l’élaboration d’une stratégie de développement, pour prendre en compte les aspects de protection de l’environnement.  Par ailleurs, il s’est déclaré convaincu que la clef de la réalisation des objectifs de développement était la réaffirmation des responsabilités communes mais différenciées, comme elles avaient été exposées lors du Sommet de Johannesburg.  Rappelant que les 30 ans de conflit en Angola avaient créé des difficultés qui ne peuvent être résolues par la seule mobilisation des ressources nationales, il a demandé l’appui, à la fois financier et technologique, de la communauté internationale, tout en espérant que les décisions de la Commission du développement durable accéléreront la mise en œuvre des objectifs.


M. NAMO NARAIN MEENA, Ministre de l’environnement et des forêts de l’Inde, a souligné l’importance d’une réunion qui donne l’occasion aux pays de réaffirmer leurs engagements en direction de la réalisation des OMD, tout particulièrement ceux liés au développement durable.  Il est grand temps, a-t-il ajouté, de nous donner des objectifs de mise en œuvre, y compris de faire en sorte que les technologies soient mises à la disposition des pays en développement en moyennant des conditions favorables, dans le souci premier de faire reculer la pauvreté.  Il faut un accès équitable aux ressources naturelles, ce qui est rendu impossible par les modes de consommation dominants des pays développés.  Il a souligné le caractère indispensable d’investissements structurels en rappelant que ces derniers font appel à des politiques efficaces de l’eau.  Il faut mettre en place des politiques de coordination de nos politiques en matière d’eau et revoir ces politiques dès lors qu’elles ont fait leur preuve, au regard des technologies accessibles.  Il a assuré que son pays avait pris toutes les mesures nécessaires pour mettre en œuvre un environnement propice aux objectifs de développement durable. 


M. HENRI DJOMBO, Ministre de l’économie forestière et de l’environnement du Congo, a déclaré que, selon les indications des Nations Unies, 1,5 milliard de personnes n’ont pas d’accès à l’eau potable, 2,5 milliards ne disposent pas de services d’assainissement adéquat et 1 milliard vivent dans des bidonvilles.  M. Djombo a rappelé que le Congo avait demandé, l’année dernière, à la communauté internationale de faire en sorte que l’eau potable soit disponible pour le plus grand nombre des populations vivant en milieu rural et à la périphérie des zones urbaines; de rendre accessibles les services d’assainissement adéquats en milieux urbain et rural; et de résoudre l’épineux problème du logement en mettant l’accent sur les normes internationales concernant l’habitat.  De son côté, a poursuivi M. Djombo, le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, avait attiré l’attention sur les liens existants entre la question de l’eau et celles de la santé, de la protection de l’environnement et de la préservation des conflits.  Malgré les efforts menés ces dernières années pour la question de l’eau, en Afrique centrale -sous-région très arrosée par le fleuve Congo, ses affluents et une pluviométrie très abondante - l’accès à l’eau potable reste un luxe pour la plus grande partie de la population.  Cela résulte des perturbations qui pèsent de façon dramatique sur le niveau et le débit des cours d’eau du fleuve Congo.  C’est pourquoi, les pays riverains ont lancé un programme d’aménagement appuyé par le FEM, le PNUD et la FAO.  Pour ce qui concerne des services d’assainissement, les pays d’Afrique centrale sont confrontés aux défis démographiques et d’urbanisation incontrôlée.  Aussi, a poursuivi M. Djomba, le Congo souhaiterait que des mesures soient prises pour que les réseaux d’assainissement ne se limitent pas seulement aux centres villes.


Mme CARMEN ELENA AREVALO CORREA, Vice-Ministre de l’environnement de la Colombie, a jugé important d’apporter des éléments de réflexion supplémentaires à ce qui a déjà été dit dans le cadre des débats de cette Commission, en s’appuyant sur la stratégie nationale colombienne arrêtée le 14 mars dernier en matière d’eau, d’assainissement et d’établissements humains.  Elle a indiqué que la Colombie s’était donnée comme objectif de fournir l’accès à l’eau potable à 10 millions de Colombiens et l’assainissement à 11 millions de Colombiens des zones urbaines marginalisées et des zones rurales.  Nous avons mis au point un programme de développement intégré visant à renforcer les institutions de contrôle et consolider le plan de décentralisation et de participation du secteur privé pour les services.  Elle a jugé indispensable que les pays mettent en place une politique visant à accélérer la réalisation des OMD qui s’inscrivent dans une logique de pérennité de l’environnement.  Cela implique, a-t-elle ajouté, des ressources supplémentaires pour la réalisation des objectifs de développement durable. 


M. KAHINDA OTAFIIRE, Ministre de l’eau, des terres et de l’environnement de l’Ouganda, a affirmé que son pays avait inclus l’eau, l’assainissement et les établissements humains parmi les priorités de sa stratégie de développement.  Rappelant que la réalisation de ces objectifs nécessitait des investissements massifs pour le développement des infrastructures et des capacités, il a fait observer les ressources limitées de son pays et a lancé un appel aux pays développés afin qu’ils augmentent leur APD et lui consacrent 0,7% de leur PNB.  De plus, il a souhaité que l’annulation de la dette des pays pauvres, notamment ceux d’Afrique, soit envisagée.  Si des engagements ont été pris dans certains domaines, a-t-il poursuivi, les actions mises en œuvre ne sont pas suffisantes pour fournir les ressources financières qui garantiraient un développement durable.  Il a souhaité que la CDD-13 soit l’occasion d’adopter des mesures concrètes qui permettront d’accélérer la réalisation des OMD, en insistant sur le rôle des partenariats et la mobilisation de la communauté internationale en faveur des pauvres.


M. MARJAN SETINC (Slovénie) a déclaré que son pays avait, depuis de nombreuses années, centré ses programmes de développement dans une perspective de développement durable.  Il a notamment insisté sur l’urgence de préserver l’environnement.  De plus, dans le cadre de la coopération internationale, il a indiqué que la Slovénie allait augmenter son aide aux pays en développement.  Il a estimé que le système actuel d’APD avait besoin de ressources supplémentaires mais aussi de directives acceptées par tous pour améliorer la situation en matière d’eau et d’assainissement, en particulier en milieu rural.  Enfin, il a souligné la nécessité de réduire les disparités en matière de production et de consommation dans le monde afin que les générations futures ne soient pas privées de ressources précieuses.


M. THOSAPALA HEWAGE (Sri Lanka) a indiqué que son pays avait développé une stratégie nationale visant à approvisionner en eau potable et à fournir des services d’assainissement à l’ensemble de la population d’ici à 2025.  Pour cela, nous nous concentrons sur l’élimination des disparités entre les zones rurales et urbaines.  Malheureusement, le 26 décembre dernier a été une journée catastrophique pour le Sri Lanka lorsque le tsunami a frappé ses côtes causant plus de 35 000 morts et des dégâts d'un montant d'un milliard de dollars, dont 600 millions rien que pour les infrastructures dans le domaine de l'eau, de l'assainissement et des établissements humains.  Cette catastrophe nous a forcés à revoir notre plan national pour l’eau et l’assainissement.  Il faudrait, a-t-il suggéré, laisser à tous les acteurs le soin de développer des mécanismes et aux communautés locales le soin de les mettre en œuvre.


M. ANTONIO SERRANO (Espagne), se ralliant à la position exprimée par le représentant de l’Union européenne, a indiqué que sa délégation soutient la proposition de créer des observatoires pour surveiller les progrès accomplis dans la mise en œuvre des objectifs de développement.  L’Espagne accueillera en 2008, à Zaragosse, une exposition internationale sur le thème « eau et développement durable », a-t-il indiqué.  Son gouvernement a proposé d’installer un bureau dans cette ville qui aurait pour mission de collaborer à la poursuite des objectifs du Comité des Nations Unies sur les ressources en eau dans le cadre de la Décennie internationale de l’eau 2005-2015.  Parmi les actions proposées dans ce cadre, le représentant a évoqué la promotion de l’information et de la sensibilisation du public sur les relations entre eau et développement durable, afin d’encourager une participation plus grande de la société civile.  Il faudrait aussi promouvoir la sensibilité des États dans la recherche de solutions globales et orientées vers l’écosystème pour régler les problèmes liés à l’eau.  Le représentant a également suggéré une meilleure diffusion des résultats obtenus et la promotion des activités menées dans le cadre de la Décennie de l’eau.


M. MITHAT RENDE, Vice-Directeur général de l’eau, de l’énergie et de l’environnement de la Turquie, a affirmé que, dans son pays, la priorité avait été donnée à l’approvisionnement en eau potable et aux services d’assainissement, notamment dans le cadre d’efforts plus larges pour éliminer les disparités sociales et économiques.  Par ailleurs, il a souligné que la plupart des grands fleuves de la Turquie sont transfrontaliers et que la coopération avec les autres pays riverains représente donc un élément clef de la gestion des ressources en eau.  Toujours dans ce domaine, il a insisté sur l’importance de l’hydroélectricité en tant qu’énergie renouvelable et propre, estimant que cette dernière pouvait être un facteur essentiel du développement des pays pauvres.  Ainsi, il a souhaité que l’hydroélectricité soit considérée dans le contexte des Objectifs du Millénaire pour le développement et de leur mise en œuvre.  Il a souligné l’urgence de mobiliser des ressources supplémentaires et a mis de l’avant le rôle des partenariats entre les secteurs public et privé.  Enfin, il a demandé que la Commission du développement durable soit en mesure de recommander les mesures axées sur l’action et qui pourront contribuer au Sommet de septembre prochain. 


M. LEUTLWESTE MMUALEFE (Botswana) a estimé que les engagements pris à Johannesburg et ceux pris lors de l’adoption de la Déclaration du Millénaire symbolisent la nature profonde des engagements pris par la communauté internationale.  Cette session nous offre l’occasion de traduire ces engagements en des décisions et politiques concrètes.  L’eau, l’assainissement et les établissements humains sont essentiels à l’élimination de la pauvreté.  Au cours de cette session, a ajouté le représentant, les pays en développement ont fait la preuve de leur engagement en faveur de ces objectifs.  Il est donc nécessaire d’encourager leurs efforts en leur accordant l’aide dont ils ont besoin.  Le

représentant a précisé qu’au niveau national, son pays mettait en place cette année le plan national pour l’eau et qu’il avait achevé la mise en place de son plan pour l’assainissement.  Toutefois, les ressources financières et techniques limitées du pays ainsi que le fléau de la pandémie du VIH/sida menacent nos gains et nous ont forcés à revoir nos priorités de développement, a fait remarquer le représentant.


M. ORLANDO REQEIJO GUAL (Cuba) a rappelé qu’une personne sur cinq vivait avec moins d’un dollar par jour alors que 2,4 milliards n’avaient pas accès à un assainissement de base, qu’un milliard n’avait pas accès à l’eau potable ou encore que près de 900 millions étaient analphabètes.  Il s’est opposé à l’idée de tenir les gouvernements seuls responsables des mesures en faveur de l’accès à l’eau et à l’assainissement.  Il a souhaité que l’on tienne compte des besoins particuliers des pays africains, des PMA et des petits États insulaires en développement en attirant l’attention sur leur vulnérabilité aux catastrophes naturelles.  Il a estimé indispensable que le processus de décentralisation de la gestion de ressources intégrées en eau soit mené en harmonie avec les priorités définies par les politiques nationales.  Il a insisté sur la contribution des femmes à la gestion des ressources en eau et des services d’assainissement.  Il est impératif, a-t-il conclu, de faire du développement la meilleure contribution à la paix et à la durabilité. 


M. KAMAL KHIDIER, Ministre de la planification et de la coopération internationale de la Jordanie, a indiqué que son pays croit à la gestion intégrée des ressources et des demandes en eau comme manière de subvenir à la demande croissante dans ce domaine, particulièrement dans les pays arides et semi-arides.  Comme beaucoup de pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, la Jordanie souffre cruellement du manque d’eau pour couvrir ses besoins essentiels, la situation s’étant en outre aggravée du fait de l’augmentation anormale de la population avec les flux de réfugiés en provenance de pays voisins.  Le Ministre a précisé que la Jordanie accueille ces nombreux réfugiés en leur fournissant des abris approvisionnés en eau, mais a regretté l’impact négatif de ces installations sur l’environnement.


M. Khidier a abordé le problème de la surexploitation de la Mer morte, située au niveau le plus bas de la surface de la terre.  Au cours du siècle dernier, la majeure partie de l’eau de mer a été exploitée et retenue en amont, a-t-il expliqué.  Cela a causé une baisse d’un mètre par an du niveau de la mer et la réduction de sa surface de milliers de mètres carrés.  Pour les scientifiques, la Mer morte n’existera plus d’ici 50 ans si aucune mesure n’est prise pour contrer cette évolution.  De l’avis du Ministre, la coopération de la communauté internationale, en matière financière et technique, est donc nécessaire pour faire face à cette catastrophe environnementale mondiale et sauver la Mer morte.


M. ITTIPORN BOONPRACONG (Thaïlande) s’est associé à la déclaration du représentant du Groupe des 77 et de la Chine.  Son pays est engagé pleinement dans la mise en œuvre du Sommet mondial sur le développement durable et en particulier du Plan d’application de Johannesburg, a-t-il assuré.  Ainsi, la Thaïlande s’est dotée d’un Comité national de développement durable, présidé par le Premier Ministre.  Le représentant a ajouté que divers plans et politiques ont été développés et mis en œuvre dans le pays.  La Thaïlande suit les principes de gestion intégrée des ressources en eau depuis 1997 et, à ce jour, l’accès à l’eau potable et aux services d’assainissement a atteint un niveau élevé.  M. Boonpracong a indiqué cependant que le traitement des ordures ménagères et industrielles n’est pas satisfaisant.  S’agissant des établissements humains, de nombreux programmes sont appliqués, notamment pour le logement des plus pauvres.


Le représentant s’est prononcé en faveur du cycle de deux ans pour les travaux de la Commission de développement durable.  Pour permettre aux pays en développement de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, il a lancé un appel à la communauté internationale afin qu’elle continue à soutenir les pays en développement, par l’aide financière et le transfert de technologies.  La Thaïlande est prête quant à elle à partager son expérience dans les domaines de l’eau, de l’assainissement et des établissements humains, a-t-il conclu, en passant par les institutions des Nations Unies concernées.


M. TERUNEH ZENNA (Éthiopie) a tout d’abord rappelé à quel point l’accès à l’eau en général et à l’eau potable en particulier était essentiel pour un pays comme l’Éthiopie, l’un des pays les moins développés au monde.  L’alimentation en eau ne couvre que 39% de la population, et le système sanitaire n’en couvre que 11,5%.  Plus de 70% des populations urbaines vivent dans des taudis.


Un programme national de développement durable et de lutte contre la pauvreté a été élaboré.  Le développement des ressources en eau reste la condition essentielle au développement social et économique du pays.  Mais les efforts fournis par l’Éthiopie pour développer ses ressources en eau sont loin d’avoir donné les résultats escomptés.  M. Zenna espère que son pays pourra atteindre dans les temps les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il a rappelé que son gouvernement avait réaffirmé son engagement en doublant le budget alloué à l’approvisionnement en eau et aux systèmes sanitaires pour les zones rurales.  L’investissement total nécessaire est de 2,6 milliards, dont 550 millions pour le court terme.  À ce jour, les contributions des différents partenaires s’élèvent à 320 millions de dollars.  Il manque donc, selon lui, 230 millions de dollars pour financer les investissements à court terme.  Pour les zones urbaines, sur un total de 4 milliards 740 millions de dollars nécessaires, environ 1,1 milliard de dollars sont nécessaires à court terme.  Pour l’instant, le Gouvernement et les communautés peuvent garantir environ 290 millions de dollars, mais il manque encore 720 millions de dollars. 


Mme KAREN KRAFT SLOAN (Canada) a déclaré que les priorités de son pays en matière de développement portaient sur des enjeux tels que l’urbanisation, l’aménagement du territoire, la sécurité d’occupation et l’accessibilité au logement et aux services connexes, de même que sur l’accès au financement et au microcrédit pour permettre aux pauvres de se loger.  Dans ce cadre, le Canada appuie les mesures prises par la Commission favorisant l’objectif de « fournir un logement convenable à tous », telles que l’utilisation de mécanismes de financement novateurs pour la création de logements à coûts modérés et l’amélioration des services d’intérêt commun au moyen de garanties de prêts et de systèmes de microcrédit, a-t-elle indiqué.  S’agissant de l’urbanisation, le Canada a mis en place, au plan national, un « Nouveau Pacte » visant à aider les municipalités à répondre à des besoins tels que l’infrastructure durable, la gestion de l’eau et des eaux usées, le transport en commun, les espaces verts et le logement abordable.  À l’échelle internationale, a poursuivi Mme Kraft Sloan, le Gouvernement canadien favorise le développement des capacités institutionnelles pour le financement de l’habitation et facilite l’accession à la propriété dans le monde grâce à des partenariats avec des gouvernements, des entreprises et des organismes sans but lucratif.  D’autre part, la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) a participé à différents projets d’aide en Afrique, en Asie,

en Amérique latine, en Europe orientale et au Moyen-Orient.  Le Canada accorde aussi une importance primordiale aux discussions sur les enjeux urbains au sein de la communauté internationale et c’est avec fierté qu’il accueillera le Forum urbain mondial de l’ONU-HABITAT du 19 au 23 juin 2006 à Vancouver.  Ce Forum s’appuiera sur les réalisations du deuxième Forum urbain qui s’est tenu à Barcelone, a conclu Mme Kraft Sloan. 


M. RASHID ALIMOV (Tadjikistan) a déclaré que son pays possédait parmi les plus importantes ressources en eau de la planète, estimées à 13 000 mètres cubes d’eau par personne.  Néanmoins, il a souligné les difficultés de son pays à atteindre les objectifs liés à l’eau et à l’assainissement en raison d’insuffisance de moyens et de capacités.  Il a indiqué que le pays avait procédé à des investissements considérables en matière d’hydroélectricité, estimés à 2 milliards de dollars, et que deux centrales hydroélectriques avaient déjà été construites.  Il a souligné l’importance des accords de coopération au niveau régional.  Une conférence internationale en matière de coopération sur les fleuves transfrontières se tiendra prochainement au Tadjikistan sous l’égide des Nations Unies.  Cette conférence sera une occasion unique d’ouvrir un cycle de réflexions internationales tout au long de la Décennie sur l’eau.  


M. YUSSEF HOJJAT, Vice-Président adjoint du Département de l’environnement de la République islamique d’Iran, a souhaité que les mesures concrètes qui seront adoptés dans le cadre de la Commission du développement durable, prennent en compte les principales revendications des pays de façon globale et équitable en insistant sur la mobilisation des ressources et technologies appropriées pour aider les pays en développement à atteindre leurs objectifs.  Il a insisté sur les besoins particuliers des régions arides et semi-arides.  Il a souhaité que l’efficacité de l’utilisation de l’eau et les transferts de technologies soient considérés comme une priorité.  Les analyses d’impact des catastrophes naturelles comme les tremblements de terre, a-t-il ajouté, doivent être prises en compte par la mise en place de plans d’urgence aux niveaux national, régional et international.  En outre, il a insisté sur l’importance d’une conférence internationale sur l’environnement, la paix et le dialogue entre les civilisations et les cultures, qui se tiendra à Téhéran les 9 et 10 mai 2005.


M. STUART W. LESLIE (Belize), s’exprimant au nom de la CARICOM, a expliqué que le tourisme représentait l’essentiel des économies de ces pays.  Toutefois, a-t-il poursuivi, la vulnérabilité des côtes a été exacerbée par la croissance démographique qui se traduit par une urbanisation rapide dans cette région déjà largement urbanisée.  Il a fait remarquer que cela crée de nouvelles pressions sur l’environnement, engendrant notamment des pénuries sur le plan de l’eau.  Il a insisté sur l’importance de la gestion des bassins versants dans la région et indiqué qu’il fallait revoir la gestion des zones plus éloignées, surtout peuplées de pauvres qui n’ont pas accès aux infrastructures.  De plus, il a noté que des établissements humains sauvages dans les régions périphériques aux villes empiètent sur les zones des bassins versants, y créant une dégradation supplémentaire de l’environnement.  Il a affirmé qu’une bonne gestion de ces secteurs demandait une stratégie globale pour répondre aux besoins des pauvres.  Enfin, faisant référence à la Réunion de Maurice sur les petits États insulaires en développement, il a estimé que les progrès accomplis devraient être évalués dans le cadre des travaux de la Commission du développement durable.


M. ALHAJI MUKHARI, Ministre des ressources en eau du Nigéria, a déclaré que son pays avait pris des mesures concrètes, précisant que l’accès à l’eau couvre 63% du territoire national et a espéré que d’ici à 2011, l’ensemble du territoire aura accès à l’eau.  Il a indiqué que l’initiative en matière d’eau lancée dans son pays prenait en compte la participation des collectivités locales et de la société civile.  Cet engagement pris par le Nigéria représente un investissement de 120 millions de dollars par an, faisant de cette question la troisième priorité des dépenses publiques, a-t-il précisé, en déclarant toutefois que le budget national ne suffise pas.  Pour réaliser les OMD, a-t-il suggéré, il faudrait examiner de près les difficultés des pays pauvres, notamment en ce qui concerne le service de la dette et envisager de manière sérieuse son annulation, seule manière pour les pays en développement de trouver des ressources qu’ils alloueront ainsi aux domaines de l’eau et de l’assainissement.


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