COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE: MIKHAEL GORBATCHEV APPELLE À L’ÉLABORATION D’UNE CONVENTION INTERNATIONALE SUR LE DROIT D’ACCÈS À L’EAU
Communiqué de presse ENV/DEV/847 |
Commission du développement durable
Treizième session
15e & 16e séances – matin & après-midi
COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE: MIKHAEL GORBATCHEV APPELLE À L’ÉLABORATION D’UNE CONVENTION INTERNATIONALE SUR LE DROIT D’ACCÈS À L’EAU
Les besoins pour régler le problème de l’eau dans les 10 prochaines
années sont estimés à 20 dollars par an et par habitant de pays développés
S’adressant aux 140 représentants de ministères qui participent au débat de haut niveau de la 13e session de la Commission du développement durable (CDD-13), M. Mikhael Gorbatchev a exhorté les États Membres à soutenir l’élaboration d’une convention internationale sur le droit à l’eau, qui reconnaîtrait aux populations un droit à l’accès à cette ressource. Intervenant au nom du Conseil du Comité international de la Croix Verte qui regroupe 29 organisations nationales, M. Gorbatchev a réagi contre ceux qui sont peu convaincus que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) sont réalisables. Ces Objectifs, a-t-il soutenu, constituent un minimum à atteindre pour améliorer la qualité de vie des populations dans le monde.
Aujourd’hui, a-t-il rappelé, 1,1 milliard de personnes n’ont pas accès à l’eau potable et 2,4 milliards ne disposent pas de services d’assainissement de base. Chaque jour, a-t-il ajouté, ce sont des milliers d’enfants qui meurent des conséquences du manque d’eau potable et d’assainissement adéquat. Face à ce triste constat, il a souligné l’urgence d’une intervention des pays développés, chiffrant les besoins à 20 dollars par personne et par an pour régler le problème de l’eau en 10 ans.
Cette deuxième journée de débat, au niveau ministériel sur la concrétisation de engagements en matière d’eau, d’assainissement et des établissements humains, a été l’occasion d’associer les chefs des organismes des Nations Unies et les institutions spécialisées avant de permettre aux représentants des grands groupes de s’exprimer.
L’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), qui travaille à l’élaboration d’une stratégie pour l’alimentation et l’agriculture dans 150 pays, estime qu’il faudrait disposer de 10 milliards de dollars par an pour les infrastructures jusqu’à 2010, puis de 20 milliards jusqu’à 2015, pour atteindre les objectifs dont nous discutons aujourd’hui, a indiqué son représentant. Les dividendes de l’investissement en eau et en assainissement pourraient atteindre 200% du montant investi, a estimé pour sa part la représentante de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), convaincue que la couverture universelle en matière d’eau et d’assainissement pourrait être atteinte d’ici à 2025. Enfin, celui du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), rappelant l’impact d’une démographie galopante, a souhaité l’autonomisation des femmes. Si 300 millions de femmes pouvaient exercer leurs droits à la santé génésique et avoir accès à la planification familiale, elles limiteraient sensiblement le rythme des naissances. De son côté, le représentant du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) qui soutient des programmes d’eau et d’assainissement à faible coût dans plus de 90 pays avec un budget de 150 millions de dollars, a insisté sur l’importance de programmes de sensibilisation à l’eau et à l’hygiène dès l’école primaire.
Illustrant les conséquences de l’exode rural, la Ministre des ressources naturelles du Lesotho a indiqué que l’approvisionnement en eau était assurée à 62% dans les zones rurales, mais seulement à 52% dans les zones urbaines compte tenu de cet exode. Toujours dans le domaine de l’urbanisation, la Vice-Ministre pour les villes du Brésil, dont 84% de la population est urbaine, a présenté un programme devant permettre à 100 000 familles brésiliennes d’accéder à la propriété en 2005. Ces deux intervenantes ont indiqué qu’en dépit des efforts en cours, il ne sera pas possible à leurs pays respectifs de réaliser les objectifs fixés s’ils ne bénéficient pas d’un soutien substantiel de la communauté des donateurs.
L’ensemble des intervenants ont reconnu qu’il est essentiel pour les pays développés d’augmenter l’aide publique au développement (APD), dont l’objectif est de consacrer 0,7% de leur PNB à cette aide, pour permettre aux pays en développement d’atteindre leurs objectifs en matière d’eau, d’assainissement et de logement. La représentante des ONG, intervenant dans le cadre du débat interactif avec les représentants des neufs grands groupes, a regretté que les pays en développement doivent consacrer 100 000 dollars par jour au remboursement de la dette, une somme qui pourrait être investie dans les infrastructures en échange d’une réduction de la dette.
Cette journée de débat a également été l’occasion d’entendre la présentation d’une étude, menée par 1 300 experts dans 95 pays, qui a montré que 60% de l’écosystème supportant la vie avait été endommagé. Rappelant que 500 millions de personnes vivaient dans des zones où l’accès à l’eau demeurait très limité, des délégations ont attiré l’attention sur le fait que ce chiffre pourrait passer à 3,4 milliards d’ici à 2025 si la communauté internationale n’est pas en mesure de faire face à la crise de l’eau. À cet égard, plusieurs délégations ont souligné la nécessité de renforcer la coopération en matière de gestion des ressources transfrontalières en eau, même si plus de 200 accords transfrontaliers ont été signés au cours des 50 dernières années.
Par ailleurs, le Ministre de l’environnement de la France s’est déclaré convaincu que l’on ne pourrait répondre aux besoins des populations que si l’on responsabilisait chacune des parties prenantes. Il a souhaité que la mission confiée à ONU-HABITAT d’élaborer une déclaration politique sur des principes directeurs en matière d’accès aux services essentiels soit reprise dans les orientations politiques de la CDD-13.
La Commission du développement durable poursuivra ses travaux demain, vendredi 22 avril, à 10 heures. Après la clôture du débat de haut niveau, cette dernière journée de la 13e session devrait aboutir à l’adoption d’un texte sur les mesures visant à accélérer la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement en matière de l’eau, l’assainissement et aux établissements humains.
MODULE THÉMATIQUE DU CYCLE D’APPLICATION 2004-2005
Débat de haut niveau: Déclarations et débats interactifs avec les chefs de secrétariats d’organismes des Nations Unies, des commissions régionales des institutions spécialisées et des institutions de Bretton Woods
M. JACQUES DIOUF, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), a fait observer que 75% de l’eau consommée à travers le monde est utilisé par l’agriculture et que les pays en développement ont fait de cette activité leur priorité afin de réduire la pauvreté, en créant des emplois et générer des revenus. Il a ainsi expliqué le rôle de la FAO concernant les défis que posent les OMD, soulignant notamment la préparation de plans, de programmes et de projets pour accélérer leur mise en œuvre. Il a cité en exemple le travail de la FAO pour l’élaboration dans 150 pays d’une stratégie pour l’alimentation et l’agriculture pour 2015. Il a aussi expliqué que la FAO aidait 49 pays à établir des programmes à moyen terme pour les investissements, insistant sur la nécessité de traiter la question des ressources rapidement. Il a affirmé qu’un des plus importants problèmes était l’APD destinée à l’agriculture dont le montant a été réduit de moitié entre 1990 et 2000. Rien qu’en Afrique, il faudrait investir 10 millions de dollars chaque année dans les infrastructures jusqu’à 2010, puis 20 millions jusqu’à 2015 pour atteindre les objectifs de développement, a-t-il ajouté, en citant le rapport du Premier Ministre britannique, Tony Blair. Sans cet apport, a-t-il averti, les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ne seront concrétisés qu’en 2150 et non en 2015.
Mme KERTSIN LEITNER, Directrice générale adjoint de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a rappelé que les dividendes de l’investissement en eau et en assainissement pouvaient atteindre 200% du montant investi. Elle a souligné l’importance de préserver les écosystèmes et de ne pas les polluer. Elle a rappelé que l’évaluation des écosystèmes pour le Millénaire montre que 60% des ressources ont été utilisées. Le développement durable en matière d’eau et d’assainissement va plus loin que l’élargissement des infrastructures. Il s’agit d’assurer la qualité de l’eau et de coordonner le suivi des décisions. Les meilleures estimations de l’OMS situent à 2025 au plus tôt la couverture universelle en matière d’eau et d’assainissement.
Intervenant au nom du Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), M. KUNIO WAKI a regretté que plus de la moitié de la population mondiale n’avait pas accès à l’assainissement alors que la grande majorité de la croissance démographique à venir se concentrera dans les pays en développement qui n’ont pas les moyens actuellement de faire face à une démographie exponentielle dans les zones urbaines, alors qu’aujourd’hui, un milliard de personnes vivent dans les taudis des pays en développement. Nous ne résoudrons pas les objectifs de développement, a-t-il insisté, si nous ne sommes pas capables de répondre aux besoins des populations, y compris la santé génésique, le renforcement des pouvoirs de décisions des femmes et la parité entre les sexes, notamment en matière d’héritage et d’accès au crédit. À titre d’exemple, il a indiqué que 300 millions de femmes voudraient arrêter d’avoir des enfants mais n’ont pas accès à des mesures de planification familiale. Plus de la moitié des pays des régions les moins développés estiment que leur croissance démographique est trop élevée.
M. KUL GAUTAM, Directeur exécutif adjoint du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a déclaré que son Organisation avait adopté une approche axée sur des objectifs depuis 10 ans en soutenant des programmes d’eau et d’assainissement à faible coût dans plus de 90 pays en dépensant 150 millions de dollars par an à cette fin. Il a présenté des programmes de promotion de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène à l’école. Nous avons coordonné une campagne d’hygiène d’urgence sur l’hygiène liée à l’eau et à l’assainissement durant la guerre en Iraq où 4,5 millions de personnes reçoivent de l’eau grâce à l’UNICEF. Les écoles forment une excellente enceinte pour sensibiliser les populations aux objectifs liés à l’eau, l’assainissement et l’hygiène. C’est parce que les écoliers constituent un public attentif et sensible, que les écoles constituent le lieu de référence en matière de promotion des objectifs de promotion de l’eau et de l’assainissement liés à l’hygiène.
Mme BRIGITA SCHMÖGNEROVÀ, Sous-Secrétaire générale de la Commission économique européenne, a insisté sur l’importance d’une mise en œuvre au niveau régional des engagements pris en matière de développement, et particulièrement ceux pris à Johannesburg. Elle a expliqué que les commissions régionales avaient pour rôle d’aider les pays à élaborer des politiques et des cadres juridiques afin qu’ils puissent faire face aux problèmes, comme celui de la pollution de l’eau, par exemple, qui transcendent les frontières. Les politiques régionales sont indispensables à la concrétisation des engagements pris par les États Membres dans le cadre des OMD, a-t-elle précisé. Concernant le suivi, elle a estimé essentiel de faire une évaluation périodique dans le cadre du suivi et a souhaité que la CDD cerne les défis par région et axe ses actions sur celles-ci.
M. MICHEL JARRAUD, Secrétaire général de l’Organisation mondiale de la météorologie (OMM), a souligné l’importance de compter sur des données scientifiques. Il s’est inquiété que les disponibilités d’eau et de données scientifiques à leur égard aient diminué ces dernières années. Il faut développer des réseaux d’informations et former les personnes au niveau local pour exploiter ses données en faisant des prévisions, a-t-il ajouté. Il a souhaité que les catastrophes naturelles ne soient pas abordées au cas par cas, mais dans le cadre d’un programme d’ensemble de prévention en évaluant systématiquement les risques et la mise en place de système d’alerte précoce en matière de météorologie. Les donnés hydrométriques peuvent intervenir dans l’atténuation de ces risques. Une meilleure préparation et prévention des catastrophes permettraient d’économiser chaque année 7 millions de dollars.
M. HAMA ARBA DIALLO, Secrétaire général de la Convention des Nations Unies de lutte contre la désertification, a rappelé que toutes ces questions seront examinées à nouveau au regard de la mise en œuvre de la convention de lutte contre la désertification. Rappelant que l’eau était liée à la désertification, il a souhaité que l’on prenne en compte les conséquences de la sécheresse qui sont entre autres, l’appauvrissement des sols et des ressources en eau. Il existe un lien étroit entre la désertification et l’appauvrissement des ressources en eau et donc des capacités de production et de développement agricole. Il a insisté sur l’importance d’une gestion intégrée des ressources en eau en mettant l’accent sur la coopération transfrontalière et la mise en commun des connaissances et des compétences acquises. Enfin, il a souligné la nécessité de gérer les ressources hydriques des bassins versants et des lacs.
M. KIYO AKASADA, Secrétaire général adjoint de l’OCDE, a souligné le rôle fondamental des investissements dans l’eau et l’assainissement. Il a noté que le travail de l’OCDE qui avait porté sur les ressources en eau permettait de conclure que toutes les sources de financement, nationales et internationales devaient être mobilisées. Toutefois, il a insisté sur la nécessité de ne pas considérer l’aide publique au développement (APD) et les investissements étrangers directs (IED) comme sources essentielles de financement pour les pays pauvres. Ces pays doivent rechercher chez eux des moyens de financer l’amélioration du secteur eau et être capable d’en assurer la maintenance. Il a ainsi suggéré entre autres de relever le niveau des redevances ou d’améliorer les recettes dans ce secteur, tout en s’assurant de limiter le coût de l’eau, surtout pour les populations les plus démunies.
M. PETER BRIDGEWATER, Secrétaire général de la Convention relative aux zones humides d'importance internationale (Convention de Ramsar, 1971), a déclaré que le travail entrepris dans le cadre de cette Convention, signée en 1971, représentait une contribution importante pour la gestion des ressources en eau. Il a indiqué que, cette année, la Convention tiendrait sa 9e Conférence des États parties et allait à cette occasion mettre un point final à certaines directives sur les ressources en eau, en insistant notamment sur l’importance de protéger les zones arides en altitude.
M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a insisté sur le rôle de la coopération et la nécessité de renforcer celle-ci afin de parvenir aux objectifs de gestion intégrée. Il a notamment souligné le rôle du Comité des Nations Unies sur les ressources en eau qui pourrait aider à mettre en œuvre les directives qui seront arrêtées lors de cette session, a-t-il précisé. La responsabilité d’assumer cette coopération au niveau du Comité des Nations Unies sur les ressources en eau nous reviendra après la clôture de la 13e session de la CDD, a-t-il précisé. Il a aussi rappelé que la stratégie de coopération par le biais du PNUD imposait de s’associer à d’autres partenaires, comme l’OCDE, la Banque mondiale, les banques de développement régionales ou encore le secteur privé et la société civile, et de souscrire à des accords bilatéraux.
Le représentant des États-Unis notant que l’APD ne sera jamais suffisante à long terme, a souligné qu’il est indispensable que le coût et la maintenance et de l’exploitation à long terme soient couverts avec la participation des usagers. Il a souhaité que l’on s’appuie sur les succès obtenus en la matière.
Le représentant du Ghana a demandé d’expliquer comment nous pouvions faire pour que les engagements de la Commission du développement durable cessent d’être en contradiction avec les décisions prises par les mêmes gouvernements au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Le représentant du Pakistan a demandé si les entreprises privées étaient prêtent à investir dans des pays et régions où les habitants ne sont pas encore en mesure de consacrer plus d’un dollar par mois à l’assainissement. Il a invité les donateurs à promouvoir l’entreprenariat local des pays en développement aux fins de la réalisation des objectifs liés à l’eau et à l’assainissement.
M. SERGE LEPELTIER, Ministre de l’écologie et du développement durable de la France, a rappelé que la France avait mis en place une stratégie nationale de développement durable. L’objectif est d’analyser les bonnes pratiques, d’identifier les obstacles a surmonter et déterminer certaines expériences susceptibles d’être transférées a d’autres pays, voire d’être généralisées. La France a ensuite soumis son initiative au regard de pairs, comme la Belgique, le Ghana, l’île Maurice et le Royaume-Uni, l’Institut international pour l’environnement et le développement, le Département des Nations Unies pour les affaires économiques et sociales de l’ONU (DESA), la Commission européenne et l’Organisation internationale de la Francophonie.
Leurs conclusions ont été présentées le 14 avril. M. Lepeltier a reconnu que les conseils des pairs ont été utiles. Ils ont notamment suggéré de mieux hiérarchiser les objectifs et d’articuler davantage la stratégie nationale en fonction d’autres réformes en cours, comme celle de la comptabilité publique. La France se dit prête à faire bénéficier de son expérience d’autres pays. La revue par des pairs a prouvé son efficacité, a estimé M. Lepeltier, qui a préconisé de généraliser une telle initiative.
M. CLAUDE WISELER, Ministre des travaux publics du Luxembourg, a déclaré, au nom de l’Union européenne, que les Objectifs du Millénaire et les objectifs du Sommet mondial sur le développement durable étaient complémentaires. Il a ensuite rappelé que l’ONU avait décidé de faire du développement durable un élément essentiel du cadre général des activités de l’Organisation, surtout pour ce qui est d’atteindre les objectifs de développement convenus sur le plan international, notamment ceux figurant dans la Déclaration du Millénaire. Aussi, a préconisé M. Wiseler, les agences des Nations Unies devraient-elles œuvrer en faveur d’un suivi intégré des Sommets de Doha, Monterrey et Johannesburg. Des capacités suffisantes au niveau des différents pays étant, dans ce cadre, une condition préalable de cette approche intégrée, l’Union européenne considère que le plan stratégique de Bali pour l’appui technologique et le renforcement des capacités, comme le « Partenariat mondial sur la pauvreté et l’environnement » du PNUD/PNUE constituent des contributions précieuses aux efforts visant à renforcer la gouvernance environnementale sur le plan national. Pour que les populations locales voient les résultats concrets des discussions tenues au cours de la présente session, a poursuivi M. Wiseler, il faudrait que les pays en développement indiquent eux-mêmes quelles options et actions stratégiques ils mettront en œuvre, dans quel domaine et de l’aide de qui ils auront besoin. M. Wiseler a également souhaité qu’au sein du système des Nations Unies, le Groupe de développement de l’ONU joue un rôle plus actif pour traduire dans les faits les décisions prises par la Commission. En outre, une participation accrue du PNUE dans ce Groupe pourrait avoir pour effet que les questions environnementales essentielles ne soient plus systématiquement mises de côté au niveau des pays. Au plan financier, les investissements en matière d’infrastructures doivent couvrir les services d’eau potable et d’assainissement, d’énergie durable, d’électricité et les combustibles sûrs ainsi qu’un système de transports publics durable, a continué M. Wiseler. Pour soutenir cet effort, le PNUD, le PNUE, ONU-HABITAT et les institutions financières internationales devraient s’associer beaucoup plus étroitement au cycle de la Commission. S’agissant toujours des questions de financement, M. Wiseler a dit que l’Union européenne plaidait pour une reconstitution importante du Fonds pour l’environnement (FEM). Concernant le cadre du suivi de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement, le Secrétariat de l’ONU devrait continuer à jouer son rôle en fournissant un aperçu complet et en dressant le bilan de l’ensemble des thèmes abordés lors de la CDD-3.
M. KLAUS TOEPFER, Directeur exécutif du Programme du Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a souligné l’importance de la mise en œuvre au niveau régional, en insistant sur la nécessité de renforcer les capacités et de partager les technologies. Il a affirmé que toutes ces questions devaient être prises en compte de manière intégrée dans les programmations en eau et assainissement. Les services environnementaux ne sont pas un luxe, a-t-il insisté, c’est une condition « sine qua non » pour que les écosystèmes puissent continuer à fournir des services dans ces secteurs. Il a également souhaité une approche intégrée en matière de produits chimiques et de déchets.
M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil) a regretté que le concept de développement durable n’ait pas été jusqu’ici inclus dans les cadres de mise en œuvre. Il a affirmé que celui-ci était considéré uniquement du point de vue de l’environnement mais n’était pas appliqué en matière économique notamment. La Commission du développement durable (CDD) doit permettre à tous de se recentrer sur cette perspective, a-t-il insisté, notamment grâce à des efforts concertés de la part des pays, du système de l’ONU et des institutions financières internationales. Il a espéré que ces deux derniers appuient les pays de manière novatrice, affirmant que les nouvelles ressources financières pourraient permettre aux pays de concrétiser les engagements pris en matière de développement.
Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a repris la parole pour insister sur la question du financement et notamment sur le rôle du secteur public et du secteur privé. Ainsi, il a expliqué que chaque pays devait définir le rôle incombant à ces deux secteurs dans la gestion de l’eau et l’assainissement. De plus, il a souligné que les moyens financiers devraient émaner essentiellement du secteur public en ce qui concerne les plus pauvres et pour leur assurer un accès à l’eau. Il a affirmé qu’en matière de logement, le secteur privé avait un rôle de premier plan. Enfin, il a noté que les services environnementaux devaient être intégrés dans la gestion de l’eau, dans une perspective de développement durable.
Intervenant en tant que président du Conseil du Comité international de la Croix-Verte qui regroupe 29 organisations nationales, M. MIKHAEL GORBATCHEV a rappelé que 1,3 milliard de personnes, soit un quart de la population mondiale, vivaient dans l’extrême pauvreté en 1999, 800 millions d’entre elles souffrant de malnutrition. Il s’est dit en totale opposition avec ceux qui estiment que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) étaient irréalisables, ajoutant même qu’ils constituaient un minimum à atteindre en matière de standard de vie. Il a jugé utile la création d’un mouvement international sur la façon d’aider l’ONU à mieux réaliser ces objectifs. Il a indiqué qu’une étude menée par 1 300 experts dans 95 pays avait montré que 60% de l’écosystème supportant la vie avait été endommagé et que cette évolution se poursuivrait dans les 50 années à venir.
Soulignant l’impact social de l’insuffisance d’accès à l’eau et à l’assainissement, il a indiqué les diarrhées causées par les maladies véhiculées par l’eau avaient tué plus d’enfants au cours des 10 dernières années que tous les conflits armés depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Il a ajouté que 1,1 milliard de personnes n’avaient toujours pas accès à l’eau potable et que 2,4 milliards ne disposaient pas de services d’assainissement de base. En outre, le nombre d’enfants qui meurent chaque jour des conséquences du manque d’eau potable et d’assainissement correspond au nombre de victimes qu’occasionnerait un accident simultané de 30 Boeing 747.
M. Gorbatchev s’est fait l’écho d’une étude de la FAO qui souligne que pour répondre aux besoins de la population mondiale dans les 25 années à venir, il faudra augmenter la production de nourriture de 67%, avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer en matière de gestion des ressources en eau. Si le rythme de la production agricole mondiale se maintient, la demande en eau augmentera de 14% d’ici à 2025. Il s’est inquiété qu’à ce jour, 500 millions de personnes vivaient dans des zones à accès limité à l’eau, une population qui pourrait passer à 3,4 milliards d’ici à 2025 si nous ne sommes pas en mesure de faire face à cette crise de l’eau. Il a noté que si les dirigeants des pays développés consacraient 20 dollars par personne et par an au problème de l’eau, nous pourrions régler le problème de l’eau en 10 ans. Tout en indiquant que plus de 200 accords transfrontaliers avaient été signés au cours des 50 dernières années concernant la gestion transfrontalière des ressources, il a regretté que la majorité des pays avait fait preuve d’insuffisance en matière de coopération dans le domaine du partage de l’eau.
La notion de droit d’accès à l’eau est mentionnée plus ou moins explicitement dans plusieurs instruments internationaux dont le Plan d’action de la Conférence des Nations Unies sur l’eau qui s’était tenue à Mar del Plata (Argentine) en 1977, la Convention contre l’éradication de toute forme de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW de 1979), la Convention sur le droit des enfants de 1989, et la Déclaration de Dublin sur l’eau et le développement durable de 1992 sans oublier de nombreuses législations et textes nationaux, a rappelé M. Gorbatchev. En théorie, a-t-il estimé, les 145 États ayant adhéré au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels se devaient d’améliorer un accès équitable à l’eau potable. Aussi, s’adressant aux représentants des 140 ministères représentés à cette session, il les a exhortés à soutenir l’élaboration d’une convention internationale sur le droit à l’eau, qui offrirait aux populations un soutien juridique dans leur combat pour l’eau. Il a rappelé que des discussions sur les principes fondamentaux d’une telle convention sont en cours depuis quatre ans. Il a également indiqué qu’une réunion sur l’eau et la paix s’est tenue à Barcelone en juin 2004 pour contribuer aux travaux du Forum mondial des cultures.
M. DIRK JAN VAN DEN BERG (Pays-Bas), faisant lecture de la déclaration du Prince d’Orange, a souligné qu’il fallait désormais se pencher sur les méthodes et les moyens d’agir pour réaliser les objectifs de développement. Il a d’abord mis en avant la nécessité pour les pays donateurs de respecter l’engagement de consacrer 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement (APD), geste qui mettrait les OMD sur la bonne voie. De leur côté, les pays en développement doivent assurer une bonne gouvernance, a-t-il ajouté. Il a affirmé que selon lui, les solutions à long terme commençaient au niveau des collectivités locales, insistant à cet égard sur le rôle déterminant des ONG, des femmes et du microcrédit. Citant les conclusions de la Conférence de La Haye sur l’eau, l’alimentation et les écosystèmes organisée par les Pays-Bas et la FAO, il a rappelé que seul un quart des personnes devant être incluses dans les OMD vivaient dans des villes et qu’il fallait donc s’intéresser aux spécificités du milieu rural.
Il a aussi indiqué que cette Conférence avait mis en lumière la nécessité de mettre en œuvre une approche intégrée. Sans cette approche, a-t-il poursuivi, nous ne pourrons pas avancer car l’insuffisance en eau, par exemple, nous empêchera de progresser encore économiquement. Rappelant que cette année était la dernière que la CDD consacre à l’examen des questions de l’eau, de l’assainissement et des établissements humains, il a demandé à la Commission de ne pas perdre de vue la question importante de l’eau, élément clef qui touche de nombreux autres secteurs. Il a appelé les pays à coopérer afin de transformer les engagements en actions politiques. Comme il existe un consensus sur l’importance d’une approche intégrée et de la participation au niveau local, il a souhaité que cette approche soit désormais mise en œuvre, suggérant que ces éléments soient, par exemple, une condition préalable du financement de projets.
M. IAN CAMPBELL, Ministre de l’environnement et du patrimoine de l’Australie, a regretté cette tendance que les États ont de réaffirmer les engagements en repoussant chaque fois leur mise en œuvre. Il faut garantir l’accès international à l’eau et cela ne pourra se faire que dans une optique de croissance économique. Il faut établir un cadre normatif pour renforcer nos marchés d’approvisionnement. L’APD pourra aider les démocraties émergentes et les pays en développement à contribuer à la réalisation des objectifs relatifs à l’eau et à l’assainissement, à laquelle s’ajouteront des capitaux privés dans la mesure où ces investissements seront rentables. Il a souligné l’importance d’assurer la protection de la propriété intellectuelle. Il a suggéré aussi la mise en place d’une taxation pour protéger l’environnement. Parmi les mesures à prendre d’urgence, il a cité la nécessité d’assurer aux produits des pays en développement un accès équitable aux marchés mondiaux, pour leur permettre de tirer des avantages de la croissance économique.
Mme ELIZABETH THOMPSON-MCDOWALD, Ministre du logement des terres et de l’environnement de la Barbade, a reconnu que la bonne gouvernance était une condition sine qua non pour atteindre les OMD et pour encourager l’investissement étranger. Il faut, a-t-elle ajouté, que les pays en développement prennent note de l’importance d’échanger des bonnes pratiques et des informations et de transférer les technologies nécessaires. Elle a invité les Nations Unies à améliorer la coordination au niveau mondial des interventions liées aux établissements humains dans le but de réduire le nombre de personnes vivant dans des taudis. Elle a noté que la détérioration de la situation des pays en développement ne fera qu’encourager les migrations vers les pays développés. Elle a souhaité que l’année prochaine soit l’occasion de parler de nos réalisations plutôt que de nos échecs.
M. STEFAN WALLIN, Secrétaire d’État de l’environnement de la Finlande, a rappelé que son gouvernement faisait de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement le principal objectif de sa coopération. Il a indiqué que l’eau, l’assainissement et les établissements humains sont fondamentaux pour parvenir à la réalisation d’autres objectifs de développement. Soulignant les responsabilités des pays en développement notamment en matière de bonne gouvernance, il a aussi souhaité que les pays développés s’engagent à progresser, entre autres, dans les négociations du cycle de Doha ainsi que sur les mesures pour l’allègement de la dette. Il a espéré que le Sommet de septembre débouchera sur l’accélération de la mise en œuvre des OMD, faisant remarquer que son pays ne peut réaliser ces objectifs sans une assistance multilatérale.
Mme ANNA TIBAIJUKA, Directrice exécutive d’ONU-Habitat, a expliqué le travail de cette institution, notant qu’il était indispensable de rassembler des données sur les personnes logées dans des taudis, dont la plupart se trouvent en Afrique. Elle a rappelé les conditions de vie de ces personnes qui n’ont pas accès à l’assainissement et qui ne bénéficient pas de la sécurité d’occupation et vivent souvent dans des logements surpeuplés. Elle a noté que l’Objectif du
Millénaire relatif aux taudis insistait également sur la prévention de l’apparition de nouveaux logements inadéquats et que, selon les projections, il y aura 500 000 millions de nouveaux habitants de taudis d’ici à 2020. Elle a donc insisté sur la nécessité pour la Commission du développement durable d’aborder la question de la prévention lors de l’étude de la question des taudis.
Indiquant que 96% des ressources en eau de son pays venaient de l’étranger, M. MIKLOS PERSANYI, Ministre de l’eau et de l’environnement de la Hongrie, a insisté sur la nécessité de mettre en œuvre des actions concertées dans le domaine de l’eau, et notamment en ce qui concerne la gestion des risques. Lorsque les ressources en eau sont partagées entre pays, a-t-il poursuivi, la bonne gouvernance est essentielle aux niveaux national et régional. Il a aussi indiqué que les ressources transfrontalières nécessitaient à la fois une approche coordonnée et la mise en place d’un suivi renforcé au niveau régional.
Mme SYLVI GRAHAM, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a estimé que dans les pays en développement, l’absence de reconnaissance d’un droit à des ressources en tant que partie intégrante des autres droits de l’individu constituait un obstacle à la mobilisation de capitaux. En reconnaissant le droit à la propriété on facilite la mobilisation de ressources nationales, qui est essentielle pour le développement. Les pauvres ne bénéficient pas de protection juridique pour leurs biens et revenus, ce qui équivaut à une exclusion qui fera obstacle à la croissance économique, a-t-elle expliqué. Comme ce processus complexe, il faut un engagement politique fort et une connaissance de chaque situation nationale pour y parvenir. Enfin, elle a souhaité, avec la participation d’autres pays, la création d’une commission internationale qui aurait pour mandat de renforcer les capacités des pauvres et a demandé le soutien de tous les membres de l’ONU, notant que cette initiative avait été présentée au Secrétaire général de l’ONU le 4 mars dernier.
Mme ELS VAN WEERT, Secrétaire d’État au développement durable et à l’économie sociale de la Belgique, a jugé essentielle la mise en œuvre d’un cadre de politique appropriée au niveau national. Il est vital, a-t-elle ajouté, de coordonner toutes les mesures que nous prenons aux niveaux fédéral et régional. Nous travaillons en collaboration avec la France, le Royaume-Uni et le Ghana à la mise en place d’une réaction intergouvernementale pour la mise en œuvre du programme de Johannesburg. Elle a fait sienne la proposition selon laquelle l’accès à l’eau devait constituer un droit fondamental.
M. WANG GUANGTAO, Ministre de la construction de la Chine, a exhorté les gouvernements à établir leur plan de développement national en créant un cadre administratif, réglementaire et juridique propice au développement. Il a invité les pays en développement à s’entraider, dès lors qu’il s’agit d’échanger des technologies ou des expériences dans le domaine du renforcement des capacités en eau, assainissement et logement. Le Gouvernement de la Chine est conscient de sa responsabilité en matière de protection de l’environnement, a-t-il dit, en ajoutant que son pays mobilisait tous ses moyens pour se faire en s’appuyant sur les orientations de Johannesburg. Il a notamment insisté sur les efforts de la Chine en matière de développement rural et d’amélioration des établissements humains.
Mme ERMINIA MARICATO, Vice-Ministre des villes du Brésil, a indiqué que
84% de la population du Brésil vivaient dans les villes. Elle a insisté sur l’importance d’une conférence nationale qui se tiendra au Brésil au mois de novembre prochain avec la participation de tous les acteurs concernés pour définir les moyens d’améliorer l’accès au logement des plus démunis. Elle a précisé que son gouvernement avait amélioré l’accès au logement de 800 000 familles et mis en place des programmes qui devraient permettre à 100 000 familles d’accéder à la propriété en 2005, en centrant les actions sur les besoins des populations autochtones. Malgré ces initiatives, a-t-elle ajouté, nous connaissons toujours de gros problèmes de logement et d’assainissement et nous comptons sur l’appui du service privé pour compléter nos initiatives.
M. SINISA STANKOVIC (Serbie-et-Monténégro) s’est félicité des bons résultats obtenus lors de la préparation de la 13e session de la Commission du développement durable. Il faut maintenant appliquer les mesures adoptées, a-t-il pondéré. Dans la ligne du Plan de mise en œuvre d’Action 21, adopté par le Sommet sur le développement durable de Johannesburg en 2002, les Républiques de Serbie et du Monténégro ont chacune mis en place leur Conseil national pour le développement durable et ont commencé une ébauche du document « Développement d’une stratégie pour le développement durable en Serbie et au Monténégro par le biais de la coopération entre les pays ». M. Stankovic a rappelé que le Monténégro avait adopté sa Déclaration sur la situation écologique en 1991. C’est pourquoi, le Monténégro s’intéresse de près aux programmes relatifs à la protection de l’environnement, et notamment de l’eau. Des programmes sur l’assainissement de l’eau ont été mis en place, et le programme principal pour l’approvisionnement en eau va bientôt être adopté. Le projet sur le logement a été récemment révisé en vue de son adoption.
Les deux Républiques vont devoir mettre en place ces mesures. À cette fin, elles ont besoin non seulement d’un soutien financier mais aussi d’un soutien technique. À cet égard, M. Stankovic s’est dit confiant dans la poursuite, voire le développement de la coopération entre les deux Républiques et les organisations internationales, car c’est dans l’intérêt de tous. M. Stankovic a conclu en estimant que la CDD-13 pouvait encourager les pays voisins mais aussi toute l’Union européenne et le monde entier à renforcer leurs liens de coopération.
M. SHIMON TAL, Commissaire pour l’eau de l’État d’Israël, a déclaré que la gestion du secteur de l’eau dans son pays était basée sur la rareté de cette ressource dans la région. Du fait du caractère désertique de certaines parties d’Israël, les seules ressources naturelles en eau ne peuvent couvrir l’ensemble des besoins des populations. De ce fait, l’exploitation abusive de ces ressources a conduit à la fois à leur dégradation et à leur raréfaction. Aujourd’hui, a poursuivi M. Tal, le Moyen-Orient est l’une des régions du monde qui doit faire face à la pénurie d’eau la plus grave. En 2025, les ressources naturelles existantes ne pourront plus satisfaire la demande nationale, et ni la production alimentaire ni la création de nouveaux bassins d’emploi ne seront possibles. La qualité de vie en Israël étant destinée à baisser, les générations futures risquent de ne pas trouver le pays suffisamment attractif pour rester y vivre ou venir s’y installer.
Mme ANNIKA VELTHUT, Secrétaire générale et Ministre de l’environnement de l’Estonie, a insisté sur le nécessité d’une intégration sur le plan sectoriel, notant que son pays avait élaboré des stratégies dans ce sens, l’intégration étant, selon elle, cruciale non seulement dans le domaine des ressources en eau mais aussi dans celui de l’énergie qui utilise beaucoup d’eau. Par ailleurs, elle a souligné l’importance du partage des responsabilités avec les collectivités locales ainsi que la nécessité de garantir la transparence dans la prise de
décisions et la gestion de l’eau. Elle a également souligné le rôle de la coordination transfrontière en ce qui concerne la gestion des bassins, véritable défi qui doit prendre en compte des secteurs aussi divers que la protection de l’environnement, le transport, le tourisme ou encore l’industrie. Enfin, elle s’est dite inquiète du manque de ressources financières mises à la disposition des pays dans ce domaine.
M. CHANSY PHOSIKHAM, Ministre des finances de la République démocratique populaire lao, a expliqué qu’entre 1990 et 2002, son pays amélioré l’accès à l’eau en le faisant passer de 28% à 58% et l’accès à l’assainissement qui est passé de 11% à 42%. En outre, l’abduction d’eau couvre actuellement 75% du territoire national, a indiqué le Ministre, précisant que le gouvernement poursuivait ses efforts dans tous les domaines. Bien que le problème des taudis touche peu son pays, il a indiqué que son Gouvernement avait souhaité mettre en place une stratégie à long terme pour prendre en compte l’expansion future des zones urbaines. Enfin, il a déclaré que pour tenir les engagements internationaux, il fallait renforcer les capacités dans son pays et a espéré pouvoir compter sur l’appui et l’aide de la collectivité des bailleurs de fonds.
M. STAVROS DIMAS, Commissaire européen à l’environnement, a insisté sur l’urgence de mettre en place un système effectif pour protéger l’environnement. Il a espéré qu’après la clôture de sa 13e session, la Commission du développement durable produira un plan d’action pour les années à venir. De plus, il a souhaité une amélioration de la gouvernance pour intégrer les objectifs de Johannesburg dans les politiques nationales. Il a affirmé que l’Union européenne prenait en compte cette approche afin d’utiliser à bon escient les ressources et de mieux les gérer avec la participation des parties prenantes, notamment en ce qui concerne la gestion des bassins.
M. FRANCISCO NUNES CORREIA, Ministre de l’environnement, de l’aménagement et du développement régional du Portugal, a souligné la nécessité de se doter d’un mécanisme pour mettre en œuvre les plans en matière de gestion de l’eau. Il a aussi insisté sur la répartition entre secteur public et secteur privé, notant que si ce dernier joue un rôle déterminant, l’expérience montre que le leadership public est essentiel pour la mise en place de plans stratégiques. Par ailleurs, il a déclaré qu’il fallait motiver les investisseurs privés et créer les conditions propices pour garantir leur participation, notamment à travers une bonne gouvernance et un cadre normatif stable.
M. VLADIMIR A. AVERCHENKO, Ministre du logement de la Fédération de Russie, s’est dit favorable à l’approche intégrée des questions liées à l’eau et à l’assainissement. Il faut prendre en compte les facteurs et spécificités économiques et sociales des régions et États visés. Il a précisé que l’amélioration des établissements humains était à l’ordre du jour à tous les niveaux de prise de décisions par le Gouvernement russe. Il a également présenté les efforts de son gouvernement visant à créer un marché du logement financièrement accessible aux plus démunis
Mme MARGARET CATELY-CARSON, Présidente du Global Water Partnership, a insisté sur la nécessité d’intégrer la gestion de l’eau, les Objectifs du Millénaire pour le développement, la sécurité alimentaire, la protection de l’environnement, l’accès aux transports et à l’énergie. Une action a été mise en place, avec une date butoir fixée à 2015. Il faut un cadre pour une participation de toutes les institutions de l’ONU pour veiller à ce que le suivi et les collectes d’information nécessaire soient réalisées.
M. EARL ASIM MARTIN, Ministre des travaux publics, du transport et du logement de Saint-Kitts-et-Nevis, a présenté un projet consistant à creuser des puits pour répondre aux besoins des populations alors que le Gouvernement s’est engagé à construire des logements pour tous dans les 10 prochaines années. Il a souligné les efforts de son pays en matière d’assainissement, tout en indiquant que la capacité d’initiative et d’investissement était entravée par les conséquences du poids de la dette.
Mme PÉNÉLOPE BECKLES, Ministre des services publics et de l’environnement de Trinité-et-Tobago, a rappelé le constat de la Commission des Nations Unies du développement durable selon lequel au moins 1,1 milliard de personnes vivant dans des pays en développement n’ont pas accès à l’eau potable.
Comme de nombreux autres États insulaires dans le monde entier, Trinité-et-Tobago est confronté à plusieurs défis. C’est pourquoi, dans les années à venir, le Gouvernement s’est engagé à mettre en œuvre de nombreuses recommandations du Président de la Commission, à savoir: réhabiliter les infrastructures et augmenter leur capacité, mettre en application des stratégies communautaires, assurer la participation des femmes dans le processus de prise de décisions, informer le public sur la préservation de l’eau, la lutte contre le gaspillage ainsi que le traitement des eaux usées. Le Gouvernement de Trinité-et-Tobago s’est également engagé à développer des stratégies réalisables pour récupérer les frais engagés tout en maintenant l’accès à l’eau, aux systèmes sanitaires et à l’habitat parmi les populations pauvres et à examiner la possibilité d’incitations fiscales pour le secteur privé afin qu’il investisse.
M. MAMPHONO KHAKETLA, Ministre des ressources naturelles du Lesotho, a indiqué que son pays disposait de ressources en eau relativement abondantes qui ne se caractérisent pas de grandes variations dans l’espace et le temps. Elle a indiqué que l’approvisionnement en eau était assuré à 62% dans les zones rurales, mais seulement à 52% dans les zones urbaines qui éprouvent des difficultés à absorber les conséquences de l’exode rural. Le Gouvernement a dû se pencher sur les questions de capacités institutionnelles en révisant les cadres législatifs. Nous faisons appel aux forces conjuguées de la société civile, du secteur privé, des ONG, et de la communauté internationale, a-t-elle ajouté, en citant tout particulièrement le soutien que l’Irlande, la Suisse et l’Union européenne apportent à son pays.
Mme BUYELWA SONJICA, Ministre de l’eau et des forêts d’Afrique du Sud, a déclaré que malgré leurs efforts, les pays en développement, en particulier en Afrique, ne pourraient atteindre seuls les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et devaient pouvoir compter sur l’aide de la communauté internationale. Dans le cadre de la responsabilité partagée, a-t-elle ajouté, les pays développés doivent respecter les engagements pris au niveau international. Elle a insisté sur le rôle des programmes de renforcement des institutions et des capacités, souhaitant que les décideurs n’attendent pas la réalisation de leurs réformes pour prendre des mesures concrètes en matière d’eau, d’assainissement et des établissements humains. Elle a estimé indispensable la participation des femmes en particulier et de la société civile. Notant que son pays avait réussi à fournir l’eau à 10 millions de personnes en trois ans, elle a demandé que la priorité soit donnée à l’assainissement par le biais de solutions novatrices, notamment en traitant les eaux usées ou en développant la recherche dans ce domaine.
Mme SYLVIA MASEBO, Ministre des collectivités locales et du logement de la Zambie, s’exprimant au nom du Groupe sur les établissements humains du Commonwealth, a expliqué que cette initiative visait à appliquer les recommandations d’ONU-HABITAT et à atteindre les OMD relatifs aux établissements humains. Rappelant que le logement est la base de la dignité humaine, elle a déclaré qu’il ne peut y avoir de développement durable sans urbanisation durable. Par ailleurs, elle a affirmé que la question du financement est un grave problème dans la mise en œuvre des objectifs. Ainsi, elle a demandé un allègement de la dette pour les pays les moins avancés afin qu’ils puissent réaffecter au secteur du logement l’argent destiné au remboursement de la dette.
M. Mohamed BENNOUNA (Maroc) a rappelé que dans les pays du sud, et particulièrement en Afrique, le développement durable passait notamment par le renforcement des capacités en eau, moteur de développement, des capacités en eau potable, vitales, et des installations d’assainissement, essentielles pour la santé des populations. À cet égard, le Maroc a mené une politique de développement de l’accès à l’eau depuis son indépendance, en construisant plus de 100 barrages, d’une capacité totale de près de 16 milliards de mètres cubes, et en érigeant des ouvrages hydrauliques pour le transfert de l’eau et pour l’irrigation.
Des retards et des lacunes subsistent, notamment en matière d’accès des populations rurales à l’eau potable, a déploré M. Bennouna, qui a indiqué que des insuffisances d’assainissement dans certaines agglomérations sont également constatées. De plus, si la demande en eau continue de croître au rythme actuel, le Maroc fera face a une pénurie dès 2025. La Loi sur l’eau, le Plan national de l’eau et différents autres programmes visent à éviter cette situation. Renforcer les mesures d’économie d’eau et de recyclage de l’eau, lutter contre la pollution des eaux et mieux traiter les rejets en sont les points essentiels. Afin de réaliser ces objectifs, le partenariat est essentiel. C’est pourquoi, M. Bennouna a lancé un appel en faveur du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), particulièrement dans les domaines de l’eau, de l’assainissement et de l’habitat. Ces efforts contribueront à soutenir les pays africains dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement
Mme KAREN KRAFT SLOAN (Canada) a réitéré l’engagement de son pays en faveur du développement durable mondial. Le Canada s’est engagé à doubler au moins son aide internationale, qui passera à plus de 5 milliards de dollars par an d’ici à 2010 et qui sera de plus en plus concentrée sur l’Afrique. Le Gouvernement canadien est résolu à maintenir les augmentations au delà de 2010. Il est impératif, aux yeux de Mme Kraft Sloan, que la CDD-13 décide de combler les lacunes en matière de gouvernance internationale de l’eau. Il faut selon elle renforcer le Comité des Nations Unies sur les ressources en eau et lui accorder le soutien nécessaire. Il est capital d’agir sans tarder contre les changements climatiques. À cet égard, le Canada organise en novembre prochain la conférence de Montréal sur le climat.
Le Canada veut faire davantage pour mettre en place et appuyer les réseaux régionaux qui élaborent et mettent en place les politiques de l’eau. Plus particulièrement, sa délégation est impatiente de travailler avec ses partenaires des Amériques, par l’entremise du processus du Sommet des Amériques, et avec des organisations telles que l’Organisation des États américains. Le Canada continue d’appuyer le renforcement de la capacité en eau en Afrique. Son principal organisme donateur, l’ACDI, s’est engagé à verser 26 millions de dollars sur cinq ans pour appuyer le projet de protection de l’environnement du Nil et le projet de soutien du bassin du Nil. Nous continuons, a poursuivi Mme Kraft Sloan, à fournir des budgets au Mécanisme pour l’eau en Afrique et au Fonds d’affectation spéciale pour l’eau et l’assainissement d’ONU-HABITAT. Mme Kraft Sloan a conclu en exhortant tous les pays à mettre en œuvre un plan collectif qui cible les actions clefs à entreprendre.
M. VARDAN AYVAZYAN, Ministre de la protection de la nature de l’Arménie, a insisté sur la nécessité d’assurer la pérennité des ressources naturelles. Il a rappelé que son pays avait traversé une crise importante dans les années 1990 qui avait engendré l’effondrement des infrastructures. C’est pourquoi, le Gouvernement actuel a donné la priorité à l’amélioration des services d’accès à l’eau. Le Gouvernement arménien est déterminé à coopérer, dans la mesure du possible, avec les gouvernements de pays voisins et appelle à un effort concerté de la région pour une gestion intégrée des ressources en eau. Il a affirmé que celle-ci pourrait permettre de faire table rase des divergences politiques et d’assurer à toute cette région un développement durable.
M. MAX PUIG, Secrétaire d’État pour l’environnement et les ressources naturelles de la République dominicaine, a expliqué que le plus grand défi pour le monde aujourd’hui était d’assurer la durabilité de l’environnement, préconisant à cet égard de changer de paradigme de développement. Il a indiqué que les investissements pour réaliser les OMD en termes d’eau, d’assainissement et d’établissements humains étaient insuffisants, surtout dans les pays accablés par la dette et limités par les restrictions qu’imposent les institutions financières internationales. Il a souligné le rôle indispensable des femmes dans la réalisation des OMD au niveau local. Par ailleurs, il s’est notamment interrogé sur la manière d’encourager la participation des femmes et s’est inquiété de l’avenir du tourisme dans la région des Caraïbes face à la dégradation de l’environnement.
M. SAUFATU SOPOANGA, Vice-Premier Ministre et Ministre du travail et de l’énergie de Tuvalu, prenant la parole au nom du Forum des îles du Pacifique, a déclaré que la CDD devait être l’enceinte appropriée pour mettre en œuvre le suivi des engagements en faveur des petits États insulaires en développement. Notant l’élaboration d’un plan d’action régional du Pacifique pour la gestion intégrée des ressources en eau, il a déclaré que celui-ci avait permis, entre autres, de mettre au point de nouveaux partenariats pour relever les défis dans ce secteur. Il a souligné l’importance des modalités régionales, citant l’exemple du Plan de coopération régionale approfondie du Pacifique. Il a regretté qu’en ce qui concerne les eaux usées, sa région ne disposait pas encore des moyens nécessaires pour les traiter. Les pays de la région se sont toutefois engagés à donner la priorité à ce secteur pour 2005. Rappelant les besoins particuliers des pays qu’il représente, il a indiqué que l’aspect communautaire devait être pris en compte dans les politiques de mise en œuvre, tout en espérant le soutien résolu des partenaires de développement.
M. HIROSHI TAKANO, Vice Ministre de l’environnement du Japon, a déclaré que l’industrialisation rapide du Japon a mené à la destruction de son environnement et à la pollution de l’eau. En conséquent, nous avons mis en place un système sévère de régulation des niveaux de pollution. Nous avons également pris un certain nombre de mesures pour atteindre les Objectifs du Millénaire en matière d’eau et d’assainissement. Dans le cadre de l’aide publique au développement, le Japon accorde une importance particulière à l’eau. Sa contribution représente un tiers de l’aide publique au développement dans les domaines de l’eau et de l’assainissement. Pour ce qui est de l’eau et des catastrophes naturelles, le Vice-Ministre a souhaité que le cadre d’action de Hyogo pour 2005-2015 soit
réellement mis en œuvre pour contribuer à atténuer l’impact des catastrophes naturelles. Il sera également décisif de développer des systèmes d’alerte et de mieux nous préparer à d’éventuelles catastrophes et ceci, grâce à l’utilisation des écosystèmes comme les forêts dans les zones côtières, a-t-il ajouté.
M. FERNANDO TUDELA, Vice-Ministre de l’environnement et des ressources naturelles du Mexique, a déclaré que l’eau relevait de la sécurité nationale. Il a suggéré d’adopter des stratégies novatrices pour sa gestion et sa préservation, indiquant que son pays avait élaboré une réforme sur les eaux nationales qui y associait aux mécanismes de gestion intégrée, la participation sociale et la protection de l’environnement. Il s’est dit disposé à échanger les expériences qui ont été concluantes dans son pays et a souhaité que ce partage se fasse dans le cadre des travaux de la CDD. Enfin, il a noté que le Mexique était déterminé à contribuer au suivi des décisions prises par la CDD et notamment par le biais du 4e Forum mondial de l’eau, prévu pour mars 2006.
Le représentant de la République centrafricaine, a rappelé que la proportion des Centrafricains vivant en dessous du seuil de pauvreté atteint les 62% avec un dollar par jour. La priorité de mon pays s’éloigne ainsi des questions de l’accès à l’eau, de l’assainissement et des établissements humains compte tenu des maux récurrents dont souffre l’Afrique, à savoir le VIH/sida, la tuberculose et les crises diverses qui ont des répercussions sur la durabilité de l’environnement. Le Ministre a précisé que seulement 18% des trois millions d’habitants ont accès à l’eau potable et nous constatons une baisse du potentiel hydrique.
Sur le plan de l’assainissement, le système de traitement des ordures ménagères et autres déchets est inexistant. Dans les grands centres urbains, seulement 20% de la population ont accès à l’électricité, et 10% au réseau téléphonique. La capacité du système d’évacuation des eaux usées est limitée à près de 60% de quartiers non viabilisés. En 2000, 25,6% des ménages de la capitale disposaient d’un système d’installation sanitaire moderne. Le représentant a lui aussi appelé les pays développés à procéder à des transferts de technologies ainsi qu’au renforcement des capacités institutionnelles et humaines.
Le représentant de l’Égypte a présenté les conclusions du déjeuner-débat qui a eu lieu hier sur les liens entre le Sommet de Johannesburg et le Sommet d’évaluation de la réalisation des OMD en septembre prochain. Il a souligné la difficulté de convaincre les décideurs d’investir dans la protection, alors qu’il est évident aujourd’hui que l’investissement dans les domaines de l’eau, de l’assainissement et des établissements humains avait un excellent rendement. Ce débat a été l’occasion d’insister sur l’urgence d’une intervention en faveur de la préservation de l’environnement, compte tenu de l’état de dégradation constaté. Les participants ont insisté également sur la nécessité d’éviter les incohérences dans les politiques nationales en rappelant que les femmes devaient être associées à ces politiques.
Débat interactif avec les représentants des grands groupes
Le représentant du Groupe des femmes a rappelé que nous vivons la Décennie de l’eau pour la vie en insistant sur le fait que les principes du droit d’accès à l’eau n’étaient pas négociables. Elle a insisté sur la responsabilité des gouvernements à assurer l’accès à l’eau, à l’assainissement et aux établissements humains. Elle a craint que le projet de texte en négociation ne prenne pas en compte la question de la participation des femmes dans le processus de décision. Si la représentante des jeunes a souhaité que les solutions proposées tiennent compte les besoins des jeunes, regrettant cependant que l’on oublie l’aspect « durabilité » de nos objectifs. Pour sa part, le représentant des peuples autochtones a lancé un appel pour que l’humanité protège l’élément sacré qu’est l’eau, source de vie, en rappelant la contribution importante que constituent les connaissances et pratiques traditionnelles pour la gestion de l’eau.
Se faisant l’écho des différentes revendications des neuf grands groupes représentés à ce débat, le représentant de l’Union européenne a reconnu qu’en associant le développement à la croissance économique, on risque de renoncer à l’objectif de la durabilité. Il a notamment souligné la nécessité de réduire l’écart nord-sud en ce qui concerne les capacités techniques notamment dans le domaine clef de l’agriculture qui utilise 70% des ressources en eau, alors qu’elle doit doubler sa capacité de production d’ici à 2050. Le représentant du Brésil qui a présenté les efforts du Gouvernement brésilien pour la transformation des favellas en collectivités vivantes, a notamment souligné l’importance d’un système décentralisé de gestion des ressources en eau qui tienne compte des trois piliers du développement durable. Il s’est inquiété d’un processus de mondialisation qui véhicule des modes de production non viables. La représentante de la Norvège a souligné l’importance de la participation de la société civile afin de s’assurer que les questions à l’ordre du jour soient examinées sous tous les angles.
La représentante du Groupe des ONG a insisté sur la préservation des écosystèmes et la nécessité de garantir aux populations l’accès à l’eau. Saluant les déclarations de M. Gorbatchev et du représentant des Pays-Bas, elle a souligné la responsabilité nationale, notamment dans la construction d’infrastructures tout en notant le rôle indispensable des communautés pour ces services. Elle a noté que le fardeau de la dette empêchait trop de pays, en particulier en Afrique, de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement et a souhaité que les institutions financières internationales se montrent responsables à cet égard. La libéralisation des échanges ne suffira pas à relancer la croissance, a-t-elle ajouté, citant l’obstacle que posent par exemple les subventions. Par ailleurs, elle a déclaré qu’un suivi d’évaluation des objectifs était nécessaire pour assurer la durabilité des réserves en eau et assurer le logement à long terme. Elle a exhorté les pays à montrer une ferme volonté politique pour réaliser ces objectifs. Sans eau, a-t-elle conclu, il n’y a pas de dignité et pas d’avenir.
Le représentant du Groupe des collectivités locales s’est quant à lui déclaré déterminé à réaliser les OMD au niveau local. Il a estimé que ces objectifs devraient être atteints en consultation avec les élus et les collectivités locales, en insistant sur le rôle de la décentralisation. Il a jugé que s’il était parfois difficile d’élaborer des plans pour économiser les ressources naturelles, ce travail essentiel pouvait se faire au niveau local. Enfin, il a insisté sur la nécessité d’engager les personnes au niveau local, afin de les responsabiliser. Son Groupe est déterminé à travailler pour cette mobilisation, a-t-il dit, tout en souhaitant le soutien des pouvoirs publics.
Le représentant du Groupe des syndicats a souligné que le seul moyen de se soustraire à la pauvreté était d’accéder à un emploi. Il a encouragé une plus grande intégration de la dimension sociale du développement durable. Il faut tirer partie des programmes d’assistance technique de l’OIT, a-t-il poursuivi, insistant sur le rôle déterminant de la participation. Enfin, il a souligné l’importance de la sécurité sur le lieu de travail et encouragé les technologies propres et la protection de la main d’œuvre. Rappelant que le secteur privé est celui qui crée le plus grand nombre d’emplois, il a toutefois fait observer que ce secteur dépendait de bonnes infrastructures publiques. Les pouvoirs publics doivent assumer leur responsabilité pour garantir les services en eau, en assainissement et de logement.
La représentante du Cap-vert a soutenu les déclarations des grands groupes, en indiquant que son pays donnait la priorité à la promotion et à l’intégration des femmes dans les programmes nationaux de développement. En ce qui concerne l’eau, elle a présenté les efforts nationaux visant à établir des stratégies pour la gestion intégrée des ressources en eau, dans la perspective plus large de la lutte contre la pauvreté. De même, elle a expliqué que son pays s’attachait à associer la participation des collectivités locales dans la recherche de solutions aux problèmes de l’eau. Elle a ainsi cité l’exemple des comités autonomes de gestion des ressources en eau et en assainissement qui ont des responsabilités spécifiques, notamment dans le domaine de l’approvisionnement.
La représentante de la Suède a appuyé les déclarations faites par les grands groupes, souhaitant une participation encore plus active de ceux-ci. Elle a insisté sur le rôle des femmes, regrettant qu’elles soient très peu représentées dans les institutions de protection de l’environnement alors que leur participation serait essentielle. De même, elle a insisté sur le manque de visibilité des jeunes qui sont sans emploi et ne peuvent se faire entendre. C’est pourquoi, il faudrait créer les moyens de les éduquer et de leur apprendre la manière de préserver l’environnement.
M. MAMADOU SIDIBÉ, Ministre du plan et du développement durable du Sénégal, a souligné les progrès effectués et les nombreuses initiatives de son pays dans les domaines liés au développement durable, notamment les plans d’action pour l’environnement, l’eau et l’assainissement. Il a toutefois remarqué que les bonnes politiques et bons programmes de développement durable ne suffisaient pas et qu’il fallait des ressources humaines qualifiées pour les mettre en œuvre, en assurer le suivi et l’évaluation. Il a demandé que la CDD crée des mécanismes de coordination des interventions des institutions des Nations Unies et autres organisations internationales dans les domaines de stratégies, de mobilisation des ressources et de mise en œuvre de programmes de développement durable.
Le représentant du monde des affaires a souhaité que la CDD soutienne les initiatives locales et nationales. Il a assuré que les entreprises en tant que fournisseurs de technologies souhaitaient faire preuve de leur engagement en faveur de la réalisation des OMD en tenant compte des besoins des plus pauvres. Il s’est opposé à la privatisation des ressources en eau et suggéré que les contributions privées en matière d’eau et d’assainissement soient reconnues comme des services d’intérêt public. Le représentant du monde scientifique a regretté qu’on ne mette pas assez l’accent sur la nécessité d’avoir recours à des infrastructures en fournissant un accès libre aux données scientifiques indispensables à l’évaluation de la mise en œuvre. Le représentant du monde agricole a insisté sur l’importance de ressources en eau pour subvenir aux besoins alimentaires des populations mondiales. Il a regretté qu’on ne mentionne pas la contribution humaine et créative des agriculteurs qui sont les gardiens des ressources naturelles. Il a souhaité que les agriculteurs soient associés à part égale à la gestion des ressources en eau.
Répondant à ces interventions, la Ministre du développement urbain de l’Afrique du Sud a assuré que son gouvernement encourage la participation de tous les grands groupes aux processus de gestion des ressources en eau. Elle a souligné la nécessité d’intégrer les contributions des grands groupes aux initiatives des collectivités locales dans un souci d’efficacité des stratégies mises en œuvre. Le Ministre de l’environnement de l’Azerbaïdjan a rappelé le rôle du gouvernement de favoriser un environnement propice aux investissements privés, regrettant cependant que certaines entreprises demandent parfois des conditions difficiles à réaliser. Il a souhaité une attitude ferme de la communauté internationale pour réagir aux pollutions causées par certaines entreprises. Le Ministre de l’environnement de la France a mis l’accent sur les travaux réalisés par ONU-Habitat et l’UNITAR en vue de préciser le rôle de chacune des catégories des parties prenantes à la fourniture de services essentiels. La responsabilisation de chacune des parties prenantes permettra, a-t-il estimé, de satisfaire les besoins des populations. Il a souhaité que la mission confiée à ONU-Habitat d’élaborer une déclaration politique sur des principes directeurs en matière d’accès aux services essentiels soit reprise dans les orientations politiques de la CDD-13. Enfin la représentante du Canada s’est tout particulièrement félicitée de la contribution des jeunes à l’élaboration de stratégies en matière d’eau, d’assainissement et d’établissements humains.
Fin du débat et reprise des déclarations
M. CARLOS MANUEL RODRIGUEZ, Ministre de l’environnement du Costa Rica, a souligné les efforts accomplis par son pays pour lutter contre la désertification. Il a affirmé que les actions en matière d’eau et d’assainissement ne pouvaient se concevoir sans être associées à la protection de l’environnement. Réaffirmant la nécessité de mobiliser toutes les ressources, et en particulier les ressources privées, il a aussi plaidé pour une augmentation réelle de la coopération internationale afin d’accélérer la réalisation des OMD. Il a en outre jugé essentiel de garantir la participation de tous les acteurs, en lançant un appel pour faire preuve de responsabilité et répondre aux besoins de tous.
M. PATRICK K. KALIFUNGWA, Ministre du tourisme, de l’environnement et des ressources naturelles de la Zambie, a indiqué que les discussions tenues au sein de la Commission du développement durable avaient montré que les gouvernements nationaux et les autorités locales étaient les principaux responsables des problèmes rencontrés en matière d’eau, d’assainissement et d’établissements humains, ce qui inclut les questions d’hygiène et d’éducation. Ils ont en outre la responsabilité de sécuriser les financements publics pour l’assainissement, le retraitement des eaux usées et les établissements humains. En Zambie, les autorités locales sont chargées de l’approvisionnement en eau, de l’assainissement et de l’habitat. Dans ce cadre, un engagement politique est nécessaire pour permettre aux gouvernements centraux de transférer les ressources requises aux autorités locales afin que celles-ci soient en mesure de s’acquitter de leurs mandats. Poursuivant, M. Kalifungwa a suggéré que l’allocation nationale consacrée à l’eau passe des 3% traditionnels à 8%, ce qui traduirait l’importance qu’accorderaient les politiques nationales aux programmes concernant l’eau et les établissements humains.
S’agissant de la lutte contre la pauvreté au sens large, le Ministre a estimé que la Zambie avait le potentiel pour accomplir certains des Objectifs du Millénaire, dans les domaines notamment de la réduction du taux de mortalité, du VIH/sida, de la malaria et autres maladies majeures, de l’accès à l’eau salubre ou encore du combat contre la faim. Des succès dans ces secteurs dépendent toutefois du soutien de la Commission du développement durable et de la communauté internationale, en particulier de leur capacité à s’acquitter des engagements pris dans le cadre d’Agenda 21 et du Plan de mise en œuvre de Johannesburg, a précisé M. Kalifungwa. Aux niveaux régional et sous-régional, il a souhaité que soient renforcés les différents programmes et projets par le biais d’un renforcement de l’intégration du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique, de l’Initiative africaine et des stratégies pour les Objectifs du Millénaire.
M. BALA MANDE, Ministre de l’environnement du Nigéria, a énuméré les mesures mises en place par son pays en matière d’eau et d’assainissement, affirmant que l’objectif était de garantir un environnement propre et sain pour la population. En ce qui concerne le logement, il a expliqué que de nombreux programmes avaient également été établis notamment pour la construction de logements ou la restauration de certains quartiers. Par ailleurs, il a lancé un appel au pays développés pour qu’ils envisagent un allégement et même une annulation de la dette, geste qui permettrait de dégager des ressources pour les dépenses liés à ces trois secteurs. Il a également souligné le besoin d’assistance financière, de transfert de technologies, de renforcement de capacités et de l’accès aux marchés. Enfin, il a demandé que la Commission du développement durable fournisse un mécanisme de suivi sur les questions relatives à l’eau, à l’assainissement et aux établissements humains.
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