COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE: LE DÉBAT MINISTÉRIEL INSISTE SUR LA NÉCESSITÉ DE CONCILIER DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT
Communiqué de presse ENV/DEV/845 |
Commission du développement durable
Treizième session
13e & 14e séances – matin & après-midi
COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE: LE DÉBAT MINISTÉRIEL INSISTE SUR LA NÉCESSITÉ DE CONCILIER DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT
La Vice-Secrétaire générale, Louise Fréchette, appelle
à des mesures novatrices et audacieuses pour réduire la pauvreté dans le monde
L’ouverture ce matin du débat de haut niveau de la Commission du développement durable (CDD-13), a été l’occasion pour la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Louise Fréchette, de rappeler la tâche qui incombe aux délégations de parvenir à concilier les impératifs de croissance économique, de réduction de la pauvreté et de protection des écosystèmes. S’appuyant sur l’évaluation des écosystèmes pour le Millénaire, elle a mis en garde contre la poursuite d’activités humaines non viables et a suggéré, pour les actions relatives à l’eau, l’assainissement et les établissements humains, de s’inspirer à la fois des connaissances locales ainsi que des expériences d’autres pays.
Insistant sur l’importance de cette 13e session de deux semaines pour trouver des moyens d’accélérer la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) liés à l’eau, l’assainissement et aux établissements humains, le Président de la Commission, M. John Ashe (Antigua-et-Barbuda) s’est réjoui de la participation à ce débat de plus de 100 ministres et hauts fonctionnaires chargés des questions d’eau, d’assainissement, de santé, de finances, de commerce ou d’environnement. Une participation définie comme une opportunité exceptionnelle de mobiliser la volonté politique nécessaire à la promotion d’une vision orientée sur l’action dans l’optique du prochain Sommet d’évaluation de septembre.
La Commission a entendu également, par le biais d’une retransmission vidéo des interventions du Prix Nobel de la paix, Mme Wangari Maathai, et du Conseiller spécial du Secrétaire général sur les OMD, Jeffrey Sachs. Mme Maathai a indiqué que le Comité du prix Nobel en décernant son Prix à une militante écologique, avait invité la communauté internationale à faire de l’environnement un élément central de nos réflexions sur la démocratie et la paix. Elle a estimé qu’il sera difficile d’assurer paix et développement sans un partage équitable des ressources, partage qui ne pourra devenir effectif tant que les États ne prendront pas en compte les droits et les besoins des plus défavorisés, dont ceux des enfants et femmes. M. Sachs a insisté sur la responsabilité locale en matière d’adduction d’eau et d’assainissement et s’est dit quelque peu découragé face aux promesses non tenues des pays les plus puissants. Nous ne rendrons pas service aux plus pauvres en nous contentant d’échanger de belles paroles, a-t-il prévenu.
Les délégations ont pris part à des discussions interactives autour des trois thèmes de la concrétisation des engagements politiques; la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) relatifs à l’eau, l’assainissement et les établissements humains; et enfin l’impact des catastrophes naturelles: prévention et réponses.
Le Ministre du commerce et de l’industrie de la Norvège, intervenant en sa qualité de Président de la CDD-12 qui s’était tenue l’année dernière au Siège de l’ONU, a rappelé que chaque dollar investi dans l’eau et l’assainissement apporterait des dividendes économiques variant entre trois et 34 dollars selon les régions. Il a suggéré que nous honorions cette année le 60e anniversaire de l’ONU en adoptant des actions décisives pour la réalisation des objectifs liés à l’eau, l’assainissement et aux établissements humains, faisant observer que 32% des populations sont toujours privées de toilettes. Poursuivant sur cette question, la Ministre de l’environnement de l’Islande a justifié l’urgence d’une intervention en faveur de l’assainissement en notant que 3 millions de personnes, notamment des enfants, mourraient chaque année de maladies véhiculées par l’eau.
Par ailleurs, le représentant de la Suisse a estimé que l’absence d’une référence aux conventions sur les produits chimiques dans le rapport du Secrétaire général « Dans une liberté plus grande » constituait une lacune. Il a rappelé le danger extrême que constituent les polluants organiques pour la santé, en soulignant l’opportunité qu’offrait à cet égard la Conférence des parties à la Convention de Stockholm qui se réunira en Uruguay dans deux semaines. S’agissant tout particulièrement de la prévention des catastrophes naturelles, le débat interactif sur ce thème a été l’occasion pour la plupart de définir ces phénomènes, dont 90% sont liés à l’eau, comme un obstacle au développement durable, une délégation notant que les 2 000 catastrophes identifiées entre 1990 et 2001 avaient d’abord eu des conséquences dévastatrices sur les efforts de développement des pays les plus démunis. De nombreux intervenants ont souhaité que les efforts de prévention soient intégrés dans tous les objectifs de développement.
Dans le contexte d’un exode rural sans précédent sur leur continent, de nombreux ministres africains ont demandé la mise en œuvre des mesures visant à faire face aux défis qui les attendent en matière d’établissements humains, alors que la population urbaine atteindra des effectifs de 4 milliards dans les pays en développement d’ici à 2030.
La Commission du développement durable poursuivra son débat de haut niveau, demain jeudi, 21 avril à 10 heures.
MODULE THÉMATIQUE DU CYCLE D’APPLICATION 2004-2005: EAU, ASSAINISSEMENT ET ÉTABLISSEMENTS HUMAINS
Débat de haut niveau
Mme LOUISE FRÉCHETTE, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a rappelé que les sujets abordés par la Commission du développement durable (CDD), à savoir l’eau, l’assainissement et les établissements humains, figurent parmi les besoins humains les plus élémentaires. La communauté internationale a la responsabilité de faire tout ce qu’elle peut pour appuyer les efforts des gouvernements afin de répondre à ces aspirations, a-t-elle ajouté. Rappelant les propositions de portée considérable que le Secrétaire général a présentées dans son rapport « Dans une liberté plus grande: développement, sécurité et respect des droits de l’homme pour tous » visant à réduire la pauvreté ainsi que l’évaluation des écosystèmes pour le Millénaire, elle a prévenu contre le risque de poursuivre les activités humaines en cours qui ne sont pas viables. Ainsi, elle a souhaité que le Sommet de septembre soit l’occasion pour les États Membres de prendre de nouvelles mesures dans ce sens. La tâche qui incombe à la Commission du développement durable est un lourd fardeau, a-t-elle lancé aux délégations, car c’est au sein de cette Commission que les impératifs de la croissance économique mondiale, de la réduction de la pauvreté et de la protection des écosystèmes convergent.
C’est ici qu’il faut trouver des moyens de souligner leur compatibilité et de les renforcer mutuellement. Notant le lancement de la Décennie « L’eau, source de vie » le mois dernier, elle a expliqué que cette initiative devait permettre de mobiliser des ressources et d’aider les organisations locales et les fournisseurs de petite échelle à renforcer leurs capacités, en travaillant notamment avec les groupes de femmes, les associations d’usagers et les peuples autochtones. Elle a souligné que la fourniture d’eau potable ne serait pas possible sans un assainissement adéquat, alors qu’en 2030 la population urbaine dans le monde en développement atteindra quatre milliards de personnes, soit le double de ce qu’elle représentait en 2000. Ainsi, elle a rappelé que la gestion des établissements humains est un des défis les plus importants pour les pays en développement.
Par ailleurs, Mme Fréchette a insisté sur le rôle des connaissances locales, tout en notant que les expériences d’autres pays pouvaient servir d’exemples précieux, notamment dans la gestion des déchets ou l’administration publique. La Vice-Secrétaire générale a invité la Commission à identifier les moyens de renforcer cette coopération. Il serait irresponsable de dire que la réalisation des objectifs peut se faire sans mobiliser des ressources financières, a-t-elle poursuivi, en précisant que trop de pays doivent encore choisir entre le remboursement de la dette et les investissements dans l’éducation, les infrastructures ou la santé qui leur permettraient d’attendre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il serait tragique d’échouer en 2015, mais il est possible de réaliser ces objectifs en travaillant collectivement et en rassemblant notre énergie et nos ressources, a-t-elle conclu.
Mme WANGARI MAATHAI, lauréate du prix Nobel de la paix 2004, a indiqué qu’en décernant le prix Nobel à une femme qui a consacré l’essentiel de sa vie à plaider en faveur de la protection de l’environnement, le Comité du prix Nobel avait voulu nous donner un signe nous invitant à faire de l’environnement un élément central de nos réflexions sur la démocratie et la paix. Si nous ne partageons pas les ressources de manière équitable aux niveaux local, régional et international, a-t-elle prévenu, il sera difficile d’assurer la paix. Ce partage des ressources sera difficile à organiser si nous ne sommes pas capables de mettre en place un espace démocratique qui prendra en compte les droits des femmes, des enfants, des groupes les plus défavorisés mais aussi de toutes les autres espèces vivantes. Nous ne pourrons pas survivre sans les autres espèces de la planète, a-t-elle déclaré, en insistant qu’il fallait être conscient de l’interdépendance entre les différences qui existent entre les hommes mais aussi entre toutes les espèces vivantes de la planète. Elle a indiqué que les Sommets de Rio et de Johannesburg avaient été l’occasion de souligner la nécessité de placer la gestion des ressources humaines au centre de nos débats sur la paix et la sécurité.
Présentant le contenu de ces débats, le Président de la Commission, M. JOHN ASHE (Antigua-et-Barbuda), a indiqué que les deux prochaines journées seront consacrées aux options productives et aux mesures pratiques à mettre en œuvre pour accélérer la réalisation des OMD relatifs à l’eau, l’assainissement et aux établissements humains. Il s’est félicité de la qualité de débats qui ont commencé lundi 11 avril, avec le présentation de rapports sur les réunions intersessions, citant notamment les exposés du Ministre Murata du Japon, de l’Ambassadeur Kumalo d’Afrique du Sud et de l’Ambassadeur Sopoaga de Tuvalu portant respectivement sur les recommandations de la Conférence de Kobé sur la prévention des catastrophes naturelles, la Réunion ministérielle africaine sur le logement et le développement urbain, et la Réunion internationale de Maurice sur les petits États insulaires en développement (PEID). En dépit du scepticisme qui prévalait, s’est-il par ailleurs réjoui, la réunion sur les initiatives régionales a été considérée comme fructueuse.
Il a tout particulièrement insisté sur l’importance de la journée de lundi 1 avril qui, après la tenue d’une table ronde de Ministres des finances, de la coopération et du développement international qui ont présenté les avantages économiques de politiques concernant l’eau, l’assainissement et des établissements humains, a entendu une discussion interactive vivante animée conjointement par le Ministre sud-africain, M. Trevor Manuel, et de la Ministre norvégienne, Mme Hilde Johnson. Il s’est dit heureux d’annoncer que plus de 100 ministères chargé des questions d’eau, d’assainissement, de santé, de finances, de commerce ou d’environnement participeront à ce débat de haut niveau de deux jours et demi, un engagement et une participation qu’il a définis comme une opportunité exceptionnelle de mobiliser la volonté politique nécessaire à la promotion d’une vision orientée sur l’action.
PREMIER DÉBAT THÉMATIQUE: TRADUIRE LES ENGAGEMENTS POLITIQUES EN ACTION
Intervenant au nom de l’Union européenne, M. CLAUDE WIESELER, Chef de la délégation du Luxembourg, a déclaré qu’il ne sera pas possible de garantir une paix et une sécurité durables si l’on ne peut assurer une sécurité environnementale. Il faut être conscient, a-t-il ajouté, que la mise en œuvre des objectifs du Sommet mondial sur le développement durable est essentielle pour assurer la prospérité et la sécurité. M. Wieseler a rappelé l’importance d’intégrer les mesures liées à l’eau, l’assainissement et aux établissements humains dans les politiques nationales de développement. Il a insisté sur le rôle fondamental de la bonne gouvernance, les transferts de technologies et l’utilisation de l’aide publique au développement (APD) comme un catalyseur du développement des secteurs public et privé. Il faut nous attaquer aux obstacles
transversaux et communs aux trois questions en nous penchant sur la nécessaire égalité entre hommes et femmes et en promouvant des modes de consommation durables. Soulignant la contribution de l’Union européenne, il a présenté l’Initiative de la facilité européenne pour l’eau en indiquant que l’Union accordait chaque année 1,4 milliard d’euros pour l’eau et l’assainissement dans les pays en développement.
M. DONALD BUCHANAN (Jamaïque), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a déclaré que les peuples avaient investi les gouvernements d’une responsabilité, notamment en ce qui concerne l’accès aux services en eau et assainissement. Il a donc souligné le rôle essentiel de ces pouvoirs publics pour améliorer ces services. Si l’on veut réaliser les objectifs de développement dans ces domaines, nous ne pouvons agir seuls, a-t-il précisé, en insistant sur les partenariats entre institutions publiques et entre secteur privé et secteur public ainsi que sur la nécessité de mobiliser des ressources supplémentaires. Toutefois, il a rappelé qu’au niveau international, les partenariats avec le secteur privé pouvaient se traduire par un coût élevé pour la population et était donc contraire au but recherché. Il a ainsi demandé un soutien international accru pour répondre à ces besoins. Malgré la mise en place de mesures relatives à l’eau et l’assainissement, a-t-il poursuivi, bon nombre de pays attendent encore des résultats et ne sont pas capables de tenir leurs engagements à l’égard de leur population, notamment pour ce qui est de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Le représentant a souligné la nécessité d’adopter des démarches novatrices au niveau des collectivités, capables d’assurer un accès durable aux services dans ces secteurs. Il a également souhaité que l’accès aux marchés des produits des pays en développement soit accru et a appelé la collectivité des bailleurs de fonds à augmenter l’aide publique au développement (APD). Celle-ci doit aussi trouver des moyens novateurs de financer la construction de logements à coûts modérés, a-t-il poursuivi, insistant sur le besoin d’accroître la proportion de l’aide consacrée à ce domaine. Enfin, il a estimé qu’il faudrait mettre en place des infrastructures appropriées et gérer de manière intégrée l’eau, l’assainissement et les établissements humains.
M. KWAK KYUL-HO, Ministre de l’environnement de la République de Corée, s’est félicité des éléments de réflexion rassemblés par le Président de la Commission pour mettre en place une démarche holistique et équilibrée qui nous permette d’accélérer la réalisation des OMD liés à l’eau, à l’assainissement et aux établissements humains. Il s’est dit heureux de constater que les principales réflexions de l’Initiative 2004 de Jeju aient pu être intégrées dans le projet de décision adopté. Il a souligné l’importance de la gestion intégrée des ressources en eau comme la politique de référence en matière de gestion des ressources en eau. Il s’est félicité que ce projet mette l’accent sur la préservation des écosystèmes et des politiques favorables aux pauvres en matière d’accès à l’eau, à l’assainissement et aux établissements humains. Il a insisté sur le rôle primordial des gouvernements pour mettre en place un environnement propice à la réalisation de ces objectifs, en soulignant les possibilités que représentent, à cette fin, les partenariats entre les secteurs public et privé et la coopération entre les institutions internationales et la communauté internationale. Il faut, a-t-il ajouté, un cadre juridique et institutionnel favorable à l’investissement privé. Il a précisé que la mise en place d’une taxe spéciale sur les alcools avait permis de financer la fourniture de services de
base aux populations locales alors que l’adoption d’une formule BTL (build-transfer-lease) pour stimuler l’investissement privé dans les services publics. Enfin, il a souligné l’importance de la coopération au niveau régional, en citant l’exemple que constitue en la matière l’Initiative de Séoul lancée par les ministres de l’environnement, et adoptée par la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) en 2005.
M. WILMOT DANIEL (Antigua-et-Barbuda) a expliqué que l’environnement était une ressource fondamentale pour la région des Caraïbes qui reçoit chaque année 25 millions de visiteurs. Il a ainsi souligné le rôle crucial des investissements dans le secteur du tourisme dont les recettes permettent de relever le niveau de vie des citoyens. Notant que 90% de la population avaient accès à l’eau potable, il a indiqué que son pays était engagé pour que l’accès à l’eau soit assuré à tous d’ici à 2015. Malgré ces avancées, il a mis en lumière la vulnérabilité de son pays qui, comme tous les petits États insulaires en développement (PEID), avait besoin des Nations Unies, en raison notamment de ses ressources limitées. Il a surtout insisté sur la nécessité de créer un plan d’assistance en cas de catastrophes naturelles dans cette région durement touchée par les ouragans et qui voit trop souvent ses services en eau et assainissement détruits lors de ces catastrophes. Sans ce plan, nombre de pays insulaires devront avoir recours à l’aide d’urgence de la communauté internationale en cas de nouvelle catastrophe, a-t-il estimé. Soulignant l’importance de la prévention des catastrophes naturelles, il a aussi demandé à la Commission du développement durable de se pencher sur cette question.
M. JÜRGEN TRITTIN, Ministre de l’environnement de l’Allemagne, a déclaré que pour que les travaux de la Commission du développement durable progressent, il fallait envoyer un message fort lors de l’examen sur les suites données à la Déclaration du Millénaire. La 13e session de la Commission doit être un tournant dans la mise en œuvre des objectifs de développement, a-t-il dit. Poursuivant, M. Trittin a rappelé que, dans ce cadre, la priorité budgétaire devait être donnée, au niveau national, à l’approvisionnement en eau et à l’assainissement. Pour ce faire, a-t-il encore indiqué, il convient d’utiliser les accords en matière de technologies et de plan d’action pris par le Conseil de concertation pour l'approvisionnement en eau et l'assainissement. M. Trittin a également souligné la nécessité de renforcer les mécanismes de donations destinées aux plus pauvres. L’Allemagne a investi plus de 350 millions d’euros pour l’eau et l’assainissement et a participé à hauteur de plus de 117 millions d’euros au financement du Fonds européen pour l’eau, a-t-il ajouté. Estimant que la gouvernance internationale en matière d’environnement devait s’adapter aux défis du 21e siècle, M. Trittin a, en conclusion, invité les pays intéressés à participer aux consultations informelles sur le statut juridique du PNUE que le Gouvernement allemand tiendra le 27 mai prochain à Berlin.
M. PIETER VAN GEEL, Secrétaire d'État au logement, à l'aménagement du territoire et à l'environnement des Pays-Bas, a estimé qu’il fallait que la Commission adresse quatre messages essentiels au prochain Sommet sur les suites données à la Déclaration du Millénaire. Le premier est que la préservation de l’environnement est indispensable à la mise en œuvre des objectifs de développement. On ne pourra réduire le nombre de personnes privées d’accès à l’eau potable que si des progrès sont accomplis en ce qui concerne l’Objectif 7 du Millénaire pour le développement relatif à l'eau et à l'assainissement, a déclaré M. Van Geel. Le second message à faire passer, a-t-il poursuivi, est que l’échec de la préservation de l’environnement saperait l’effort de réduction de la pauvreté et d’amélioration de la santé publique, et mettrait en péril la paix, la sécurité et la stabilité dans les régions troublées. Dans ce contexte, les pays développés ont des responsabilités particulières comme, par exemple, celle de s’assurer du bon suivi de leurs contributions au Sommet sur la Déclaration du Millénaire, de s’acquitter des engagements en vertu des accords multilatéraux sur l’environnement ou encore de faciliter les travaux de l’Objectif du Millénaire sur l'amélioration des conditions de vie dans les taudis, a dit M. Van Geel. Le troisième message est qu’une stratégie cohérente en matière d’environnement et d’éradication de la pauvreté et des maladies sera bénéfique au développement durable. Il faut ainsi s’assurer que la gestion durable de l’eau puisse accompagner la croissance d’une production agricole suffisante pour répondre au besoin alimentaire d’une population mondiale de plus en plus nombreuse. Le quatrième message met l’accent sur le traitement davantage coordonné de la question énergétique. L’énergie doit demeurer une donnée essentielle du développement durable, et, pour cela, faire l’objet de politiques stratégiques cohérentes. Les Pays-Bas ont ainsi adopté un plan national d’aide énergétique dont devraient bénéficier quelque 10 millions de personnes, essentiellement des Africains, a précisé M. Van Geel. En conclusion, il a émis le souhait que l’effort de développement soit déployé de manière plus conjointe, permettant ainsi au PNUD, au PNUE et aux institutions financières internationales de s’impliquer plus avant, dans ce cadre, aux travaux de la Commission.
Mme PAULA DOBRIANSKY, Sous-Secrétaire d’État aux affaires mondiales des États-Unis, a indiqué que son pays appuyait l’Initiative du PNUD sur la gestion intégrée des rivières communes. Elle a précisé que les États-Unis avaient doublé leur aide au développement depuis 2000. La promotion des libertés démocratiques, a-t-elle ajouté, est le meilleur moyen de libérer et diffuser les flux financiers comme l’investissement étranger à l’appui du développement. Illustrant la volonté de coopération de son pays, elle a cité un partenariat conclu récemment avec Madagascar portant sur un montant de 110 millions de dollars sur quatre ans visant à financer la lutte contre la pauvreté. Elle a rappelé que la Conférence sur le financement du développement de Monterrey en mars 2002 avait été l’occasion de mettre en place un fonds annuel de 2,5 milliards de dollars pour la coopération internationale qui devrait être doublée à la demande du Président Bush et portée à 5 milliards de dollars. Nous mobilisons des ressources comme des crédits garantis et fonds autorenouvelables alors que les partenariats entre le secteur public et le secteur privé lancés à Johannesburg en septembre 2002 continuent de porter leurs fruits.
M. ALDO MANTOVANI (Italie) a fait part de la détermination de son gouvernement à trouver des solutions à la crise que connaît le monde en matière d’eau potable. Le représentant est revenu sur les diverses initiatives mises en œuvre à cet effet comme les programmes bilatéraux et multilatéraux de développement qui traitent de cette question spécifique. Il a précisé que son pays présentera les résultats des programmes qu’il parraine, tels que le programme Eden en Iraq et celui en faveur de l’Afrique, en marge du segment de haut niveau. Pour nous, il est important de continuer de placer l’accent sur le rôle de l’eau dans la gestion des ressources bien au-delà de CDD 13. À cet égard, le représentant a relevé les excellents résultats obtenus grâce aux partenariats entre le secteur public et le secteur privé. L’Italie joue un rôle de chef de file en matière de suivi de l’initiative sur l’eau de l’Union européenne. D’autres instruments financiers tels les incitations fiscales ou le microcrédit sont complémentaires de l’aide publique au développement (APD), cette dernière devant être un catalyseur financier.
Le représentant a estimé que l’assainissement était une question directement liée à une gestion efficace des ressources en eau. Il a par ailleurs plaidé en faveur d’une approche intégrée qui guiderait les politiques de planification afin de trouver des solutions au phénomène d’urbanisation croissante, en particulier dans les pays en développement. L’amélioration de la qualité de vie dans les zones rurales est la clef pour faire baisser les flux migratoires vers les zones urbaines. Nous estimons par ailleurs que les stratégies intersectorielles, les politiques d’élimination de la pauvreté, la promotion de schémas de production et de consommation durable sont des priorités pour les objectifs de développement durable.
DÉBAT INTÉRACTIF: ATTEINDRE LES OMD RELATIFS À L’EAU, L’ASSAINISSEMENT ET LES ÉTABLISSEMENTS HUMAINS
M. JEFFREY SACHS, Conseiller spécial du Secrétaire général sur les Objectifs du Millénaire pour le développement et Directeur du Projet du Millénaire, dans une intervention vidéo préenregistrée, a rappelé que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avaient été fixés en 2000 mais avaient été relégués au second plan en raison de la violence et de la guerre. Il a noté qu’il ne restait que 10 ans pour atteindre les OMD et, qu’à moins de se lancer dans la bonne voie et de fournir des efforts soutenus, ces objectifs pourront être difficilement réalisés. Il a affirmé que des investissements étaient nécessaires, pour les infrastructures en eau et assainissement notamment, et que les engagements pris en matière d’APD devaient être respectés. Il a noté que l’arrêt d’un calendrier pour atteindre une APD de 0,7% du PNB par la France, le Royaume-Uni, l’Espagne, la Belgique, la Finlande était un signe encourageant, de même que l’augmentation de l’APD fournie par le Japon. Toutefois, il a regretté le manque d’efforts concrets, notamment des États-Unis en matière d’APD. Par ailleurs, il a insisté sur les efforts au niveau local affirmant que l’aide en matière d’eau et d’assainissement devait être ciblée et devait parvenir aux collectivités locales. M. Sachs s’est dit quelque peu découragé face aux promesses non tenues des pays les plus puissants. Convaincu que l’argent n’était pas une solution unique, il a cependant demandé à la communauté internationale de tenir les engagements pris. Si tel n’est pas le cas, a-t-il conclu, nous échangerons de belles paroles mais nous ne rendrons pas service aux plus pauvres.
M. ROBERT ORR, Sous-Secrétaire général à la planification des politiques au Cabinet du Secrétaire général, a invité la CDD à prendre des décisions hardies avant le Sommet d’évaluation de la mise en œuvre des OMD de septembre en précisant que des millions de vies dépendaient de ces décisions. Il a rappelé la référence que constitue le récent rapport du Secrétaire général intitulé « Dans une liberté plus grande » et qui insiste sur l’interdépendance entre les questions de sécurité de paix et de développement. Il a invité les pays en développement à mettre en place de plans de développement pour réaliser les OMD et les pays développés à respecter leurs engagements en matière d’APD. Il a souhaité que le Cycle de Doha de l’OMC soit conclu, que la dette soit effectivement allégée et que es pays développés soient en mesure de consacrer 0,7% du PNB à l’APD. Pour mieux gérer les ressources naturelles, il a préconisé des efforts soutenus pour la prévention des catastrophes naturelles, la préservation de la biodiversité, la promotion de la production alimentaire, l’application de normes écologiques, et le renforcement de la cohérence de toutes nos politiques écologiques à travers le monde.
M. STAVROS DIMAS, Commissaire européen à l’environnement, a affirmé qu’on ne pourrait progresser vers le développement durable si il n’y a pas d’avancées pour faciliter l’accès à l’eau et à l’assainissement. Il a insisté sur le rôle crucial des mécanismes novateurs pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). À cet égard, a-t-il expliqué, l’Union européenne s’est engagée fermement et est sur le point d’atteindre les objectifs concernant l’APD, en 2006. Il a fait observer que l’Union européenne consacrait 1,4 milliard d’euros pour soutenir les efforts en matière d’assainissement et renforcer les politiques en matière d’eau. De plus, il a indiqué que l’Initiative pour l’eau de l’Union européenne illustrait bien les efforts de recherche de nouvelles solutions dans ce domaine et a mis en lumière le rôle de la Facilité européenne pour l’eau qui est un moyen de fournir l’aide publique au développement (APD) dans ce domaine. Il a demandé que des politiques viables dans le temps soient mises en œuvre et que leurs conséquences soient étudiées. Enfin, il a déclaré que le Sommet de septembre devait être l’occasion de revoir les responsabilités et de faire comprendre que pour réduire la pauvreté, il faut passer par le développement durable qui est lui-même à la base de la paix et de la sécurité.
Intervenant dans le cadre du débat suivant les déclarations liminaires, le représentant du Groupe des 77 et de la Chine a insisté sur les problèmes de l’insuffisance des capacités institutionnelles et techniques des pays en développement pour relever les défis du développement. Il est nécessaire de nous doter d’une capacité humaine et institutionnelle pour que nous puissions compter sur des personnes compétentes. Malheureusement, ces personnes compétentes fuient nos pays où le chômage règne en maître, s’est-il lamenté.
Le représentant de l’Union européenne a insisté sur l’interdépendance entre la sécurité, la paix, le développement et les droits de l’homme. Il s’est inquiété de la situation de l’Objectif 7 du Millénaire pour le développement qui concerne la durabilité environnementale. Il s’est particulièrement inquiété de la perte de la biodiversité, la déforestation, et la persistance de modes de consommation non durables. Il a estimé qu’un environnement durable était la base de la réalisation des OMD et crucial pour lutter contre la pauvreté. Il a souligné l’importance d’augmenter l’efficacité énergétique et la promotion des sources d’énergies durables. En tant que plus grand donateur en matière d’aide publique au développement, a-t-il conclu, l’Union européenne a l’obligation d’atteindre un niveau ambitieux d’APD d’ici la tenue du Sommet d’évaluation de septembre prochain.
M. DICK ROCHE, Ministre de l’environnement, du patrimoine et du Gouvernement local d’Irlande, a rappelé que la CDD-13 offrait l’occasion de contribuer aux préparatifs du Sommet de septembre qui doit permettre d’assurer des résultats à long terme. Tout en reconnaissant les progrès accomplis ces dix dernières années des progrès pour réaliser un développement durable, il a estimé que davantage d’efforts devraient être faits par les pays développés les plus riches.
M. IAN CAMPBELL, Ministre de l’environnement de l’Australie, s’est dit déterminé à aider les pays en développement à réaliser les OMD. Ainsi, il a rappelé que son pays consacrerait cette année 135 millions de dollars à l’assistance en matière d’eau. Il a estimé que l’APD était cruciale pour les pays en développement, notamment les petits États insulaires en développement, mais a souhaité que celle-ci soit mieux ciblée. Si l’APD n’est pas adaptée à la demande locale, ce sera une perte d’argent malgré les bonnes intentions, a-t-il précisé. Il a noté que les ressources seront constituées en priorité à partir des investissements étrangers directs (IED), étant donné que les pays récipiendaires devront s’attacher à assurer la bonne gouvernance. Enfin, rappelant que le Sommet de Johannesburg avait été l’occasion d’insister sur les partenariats, il a déclaré que ceux-ci devaient être mieux connus pour donner des résultats substantiels.
Mme PAULA LEHTOMÄKI, Ministre du commerce extérieur et du développement de la Finlande, a estimé essentiel que les objectifs de lutte contre la pauvreté prennent en compte les questions environnementales. Elle a insisté sur la nécessité d’intégrer les questions intersectorielles relatives à l’eau, l’assainissement et aux établissements humains. Pour tenir compte des préoccupations des populations, a-t-elle estimé, il est important d’intégrer la bonne gouvernance, la consommation et la production durables, et la dimension sexospécifique dans les projets de services en matière d’eau, d’assainissements et d’établissements humains.
M. JOSÉ GUILLERMO MAZA, Ministre de la santé d’El Salvador, a indiqué que la situation avait peu évoluée en matière d’eau et d’assainissement dans son pays, faute de moyens. Conscient que la lutte contre la pauvreté devait commencer par la fourniture de services de base, le Gouvernement d’El Salvador a mis en place un programme hydraulique qui devrait permettre d’ici à 2009 à 80 des 262 collectivités locales du pays un accès et une gestion de l’eau par les acteurs locaux. Il a précisé que le Gouvernement avait décidé de consacrer l’essentiel des impôts sur le tabac, l’alcool et les armes à feu à des projets relatifs à la santé.
M. ARCADO NTAGAZWA, Ministre d’État de la République-Unie de Tanzanie, a indiqué que la réalisation des OMD en matière d’eau, d’assainissement et d’établissements humains demandaient encore beaucoup d’efforts. Il a estimé que les projets dans ces secteurs devaient, entre autres, se baser sur une croissance durable et la participation de toutes les parties prenantes, cette dernière condition étant indispensable au succès. De même, il a insisté sur la nécessité de renforcer les capacités locales. Par ailleurs, il a maintenu qu’en Afrique, où de nombreuses régions souffrent d’instabilité et de conflits, il fallait d’abord remédier à ces problèmes pour pouvoir mettre en place des services appropriés d’approvisionnement en eau. Il a espéré que la CDD-13 permette de faire le bilan dans les trois secteurs étudiés et d’engager de mesures pour l’avenir.
Mme BUYELWA SONJICA (Afrique du Sud) a expliqué que les Ministres africains qui se sont récemment rencontrés à Durban avaient mis en lumière la nécessité d’aligner objectifs relatifs aux taudis sur les autres objectifs de développement durable. Elle a indiqué qu’il avait souhaité, en matière d’établissement humains, une approche plus ambitieuse. Ainsi, elle a demandé aux pays développés de remplir leurs engagements pris au niveau international et aussi de procéder à des mesures d’allègement de la dette, espérant que la CDD-3 créera un cadre afin d’accélérer la dynamique actuelle. Rappelant que l’Afrique n’était pas sur la bonne voie concernant les OMD, elle a espéré que la CDD-13 parvienne à des résultats positifs, notamment pour faire respecter les engagements internationaux, et redonne ainsi de l’espoir à l’Afrique.
M. LORD WHITTY OF CAMBERWELL, Ministre de l’agriculture, de l’alimentation et de l’énergie renouvelable du Royaume-Uni, tout en insistant sur la responsabilité première des gouvernants nationaux pour la mise en place de plans de lutte contre la pauvreté, a reconnu la nécessité d’un volume d’aide plus important pour améliorer la bonne gouvernance et mobiliser les opportunités offertes par le secteur privé. Il a souligné la nécessité de cibler l’aide et les investissements vers les domaines où les besoins sont les plus criants en nous appuyant sur des partenariats entre le secteur public et le secteur privé. Il a souhaité que la CDD lance un message clair sur le suivi de la Conférence de Monterrey car sans la préservation de l’environnement, y compris l’eau et l’assainissement, nous ne pourrons pas atteindre les OMD.
Reprenant la parole, le Sous-Secrétaire général à la planification des politiques, M. ORR s’est tout particulièrement félicité de l’importance accordée par les intervenants au débat de ce matin pour orienter nos gouvernements dans les décisions qu’ils auront à prendre. Il a assuré que le Sommet de septembre sera l’occasion de tirer le meilleur parti de ce qui a été dit et entendu aujourd’hui.
Mme SYLVIA T. MASEBO, Ministre de la décentralisation et du logement de la Zambie, a souligné le défi qu’impose une urbanisation rapide dans un pays dont 50% de la population vivent déjà dans les villes. Face à l’insuffisance de l’aide internationale, nous sommes largement tributaires de nos ressources nationales que nous devons gérer avec prudence. Nous avons atteint le point d’achèvement PPTE (initiative en faveur des pays pauvres très endettés). Elle a précisé que son pays appuyait des initiatives comme la Facilité pour l’eau en Afrique et des projets dans le cadre de la Banque africaine de développement, le programme de l’eau pour les villes africaines et le programme « villes sans taudis ».
M. TAHER E. JEHAIMI, Ministre de la planification de la Jamahiriya arabe libyenne, a indiqué que la réalisation des OMD dans les trois secteurs examinés par la CDD-13 nécessitait une implication de tous. L’eau, l’assainissement et les établissements sont à la base du développement durable, a-t-il insisté. Il a affirmé qu’il était temps d’exécuter les engagements pris lors du Sommet de Johannesburg sur le développement durable et a demandé une augmentation de l’aide pour des projets qui permettront des améliorations, en particulier dans ces trois domaines. Citant les avancées dans son pays, il a notamment mis en lumière les réalisations en matière d’approvisionnement en eau ainsi que sur le plan de l’assainissement, expliquant qu’un large programme sur ces thèmes avait été mis en œuvre et devait se terminer dans les sept prochaines années.
M. TORKI BIN NASSER AL-SAUD, Directeur de l’Agence de météorologie et de protection de l’environnement d’Arabie saoudite, a mis de l’avant les nombreuses actions en matière d’eau lancées par son pays, et notamment l’agrandissement des établissements de désalinisation qui a permis d’augmenter la quantité d’eau potable disponible chaque jour pour chaque habitant. De même, il a indiqué que son pays envisageait de construire des réseaux d’alimentation en eau tout en creusant des puits. En outre, il finance des projets de coopération d’un montant total de 50 millions de dollars pour contribuer aux efforts de lutte contre la sécheresse en Afrique.
M. NIKOLA RUZINSKI, Secrétaire d’État pour la protection de l’environnement de la Croatie, a souligné l’importance pour son pays d’améliorer les infrastructures de base en matière d’adduction d’eau et d’assainissement. Il a souligné l’importance de trouver un équilibre entre le développement économique et la sensibilisation des populations à la nécessité de protéger l’environnement. Il a souhaité que cette réunion soit l’occasion de réaffirmer toute la pertinence des objectifs liés à Action 21 et au Sommet du développement durable de Johannesburg.
M. BEAT NOBS, Chef adjoint de la délégation de la Suisse, s’est tout particulièrement inquiété de la dégradation de l’environnement. L’Objectif 7 du Millénaire pour le développement relatif à la durabilité de l’environnement est lié à tous les autres objectifs du Millénaire, a-t-il ajouté. Ils sont interdépendants et ne pourront être atteints que si nous les mettons en œuvre de façon holistique. L’objectif 9 du Millénaire, visant à inverser la tendance actuelle de déperdition des ressources environnementales ne peut-être mise en œuvre que lorsque nous reconnaîtrons les écosystèmes comme des infrastructures primaires pour l’eau au sein d’une gestion intégrée des ressources en eau, puisqu’ils assurent l’approvisionnement en eau potable, l’assainissement, la nourriture et la gestion de sécheresses et des inondations. Il a déclaré que l’absence dans le rapport du Secrétaire général de la mention aux conventions sur les produits chimiques constituait une lacune que nous devions combler si nous voulons des politiques cohérentes pour l’eau. À cet égard, il a rappelé le danger extrême que constituent les polluants organiques pour la santé et pour l’homme, en soulignant l’occasion qu’offrira la Conférence des parties à la Convention de Stockholm prévue dans deux semaines en Uruguay.
M. AMOS KIMUNYA, Ministre du logement du Kenya, a affirmé que l’accès à l’eau était une condition préalable pour atteindre le développement durable, domaine dans lequel les pays en développement restent à la traîne. Il a souhaité que des mesures globales soient prises impliquant tous les secteurs de la société et a insisté sur la nécessité d’intégrer l’eau, l’assainissement et les établissements humains dans les programmes nationaux de développement. Par ailleurs, il a souligné la nécessité de fournir des ressources supplémentaires pour mener à bien les projets dans ces secteurs et a demandé une augmentation de l’APD pour les pays en développement. L’APD reste leur principale source de financement, a-t-il expliqué. Il a salué les efforts de l’Union européenne pour parvenir sous peu à l’engagement de 0,7% du PNB en matière d’APD et espéré que cette initiative serve d’exemple à d’autres pays. Enfin, il a souligné le rôle des partenariats entre différents acteurs sociaux et économiques, dans le respect mutuel et avec un sens des responsabilités partagées.
Suite des déclarations et des débats interactifs: concrétisation des engagements politiques
Dans une déclaration liminaire, le Président de la CDD-12 et Ministre du commerce et de l’industrie de la Norvège, M. BORGE TRENDE, a rappelé qu’il y a 60 ans, 50 pays s’étaient réunis à San Francisco pour rédiger la Charte des Nations Unies qui a abouti à la création de l’Organisation. En 2000, la Déclaration du Millénaire défini les huit Objectifs du Millénaire pour le développement. Ces objectifs sont réalisables à condition de pouvoir mobiliser la volonté politique nécessaire. M. Trende s’est réjoui qu’un nombre considérable de pays appuyés par plusieurs acteurs pourraient atteindre l’objectif de mettre en place un plan d’accès à l’eau et un système de gestion intégrée en eau d’ici à 2005. Il s’est inquiété que 90% des eaux usées soient rejetées dans les pays en développement, avec des conséquences désastreuses sur l’alimentation et la santé estimées à 190 millions de dollars. Sans eau, on ne pourra garantir la santé, sans assainissement on ne pourra respecter la dignité de chacun d’entre nous et sans toit, il n’y aura pas de sécurité, a-t-il martelé. Il a également précisé que chaque dollar investi dans l’eau et l’assainissement apporterait des dividendes économiques variant entre trois et 34 dollars selon les régions. Si l’assainissement a été longtemps le parent pauvre des politiques sur l’eau, son impact social est aussi choquant que le VIH/sida et la polio. Il a indiqué que 32% des êtres humains doivent se passer de toilettes. Honorons le 60e anniversaire en parvenant à un accord sur des actions décisives pour la réalisation des objectifs liés à l’eau, à l’assainissement et aux établissements humains.
M. MAHMOUD ABU ZEID, Ministre des ressources en eau et de l’irrigation de l’Égypte, a déclaré que la réalisation des objectifs liés à l’eau et à l’assainissement était tributaire de la capacités des gouvernements, des partenariats entre les secteurs public et privé, des transferts de technologie et la participation de toutes les parties prenantes. Le droit à l’accès à l’eau pour les plus pauvres. Si l’eau est un droit, le droit ne peut être assuré que par les gouvernements à condition qu’ils disposent de capacités et d’infrastructures à cette fin. L’Égypte a donné la priorité à l’eau potable à laquelle 95% de la population a aujourd’hui accès. Il a reconnu les efforts qui restent à réaliser en matière d’assainissement, notant que seulement 30% de la population ont accès à l’assainissement dans les zones urbaines en Égypte.
Mme PONTS’O MATUMELO SEKATLE, Ministre de la décentralisation du Lesotho, a déclaré que les établissements humains étaient le fondement de toutes les infrastructures. Il offre un potentiel sur le plan socioéconomique qui est réduit dans les PMA à cause du chômage. Il faut établir des programmes d’aménagement des taudis et dégager des fonds, appuyés par le microfinancement au niveau national, dans un contexte marqué par une intensification de l’exode rural. Reconnaissant le rôle que peuvent jouer les collectivités locales dans le renforcement des capacités et les responsabilités locales. Il faut une approche intégrée des questions liées à l’eau, à l’assainissement et aux établissements humains. Il faut une approche financière holistique si l’on veut favoriser la mise en place d’une infrastructure de base. Elle a souligné le rôle clef d’ONU-Habitat pour permettre la réalisation de l’Objectif 11 du Millénaire pour le développement.
M. JERZY SWATON, Ministre de l’environnement de la Pologne, s’associant à la déclaration de l’Union européenne, a souligné l’importance de stratégies nationales intégrées des ressources en eau. Il a fait remarquer qu’une telle stratégie avait déjà été élaborée en Pologne et faisait actuellement l’objet de consultations publiques. Enfin, il a espéré que la CDD-13 permette de traduire en mesures concrètes les recommandations faites préalablement en matière d’eau, d’assainissement et d’établissements humains.
Mme ULLA TORNES, Ministre du développement du Danemark, a souligné la nécessité de protéger l’environnement pour parvenir à un développement durable. La CDD-13 doit envoyer un message énergique sur les thèmes de l’eau, l’assainissement et les établissements humains et demander que le concept de développement durable soit intégré dans l’évaluation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-elle indiqué. Elle a jugé nécessaire de concrétiser les engagements politiques, notamment en se concentrant sur un petit nombre de recommandations politiques fondamentales. Ainsi, elle a souhaité qu’une des grandes recommandations de la CDD-13 porte sur l’intégration des objectifs liés aux trois thèmes étudiés dans les stratégies de réduction de la pauvreté et les programmes de développement. Leur mise en œuvre au niveau national doit être une priorité absolue, a-t-elle insisté, en appelant à l’assistance de la communauté internationale.
M. HAFIZ UDDIN AHMED, Ministre des ressources eau du Bangladesh, a déclaré que son pays avait rencontré des succès considérables dans le domaine socioéconomique, notamment grâce au microcrédit et au recours de l’éducation non formelle. Le Gouvernement a adopté un plan national sur 25 ans de gestion de l’eau dans le cadre de la mise en œuvre des OMD liés à l’eau. Il a précisé que la grande majorité des 57 fleuves du pays trouvaient leur source dans un autre pays et sortaient du territoire national. Il a insisté sur la menace majeure en matière de disponibilité en eau que constitue le caractère transfrontalier des ressources en eau.
M. LASZLO MIKLOS, Ministre de l’environnement de la Slovaquie, a jugé que la bonne gouvernance et la primauté du droit étaient essentielles pour assurer la pérennité des trois piliers du développement durable. Il s’est réjoui des progrès de son pays qui est passé du statut de bénéficiaire de l’aide internationale dans les années 90 à un État donateur qui soutient aujourd’hui les initiatives de développement de 14 pays. Dans le contexte de la candidature de la Slovaquie à un siège non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2006-2007, nous sommes conscients de notre responsabilité à l’égard de la réalisation des OMD, a-t-il insisté, avant de regretter la résistance des décideurs politiques qui refusent de renoncer à leurs prérogatives.
Mme SIGRIOUR ANNA POROARDOTTIR, Ministre de l’environnement de l’Islande, a rappelé que le manque d’eau salubre et de services d’assainissement était la première cause de maladies dans le monde. Selon elle, il n’est pas de mesure plus utile que d’investir dans le développement des services d’eau, aux fins notamment d’améliorer l’état de santé des enfants. En effet, un rapport récent a montré que garantir la viabilité des écosystèmes contribuait grandement au bien-être commun. Pour répondre à ce défi, la Ministre a préconisé une action conjointe associant plus avant la communauté internationale. La première Décennie des Nations Unies pour l’eau (1981-1990) a permis d’alimenter en eau salubre plus d’un milliard de personnes et d’équiper en services d’assainissement plus de 770 millions d’individus, a-t-elle poursuivi. Toutefois, on compte encore aujourd’hui 1,1 milliard d’humains vivant sans accès à l’eau potable et 2,4 milliards sans services d’assainissement. Dans ce contexte, il est important que la Décennie internationale d'action sur le thème « L'eau, source de vie » (2005-2015) soit une décennie d’action en faveur de l’eau. L’eau étant vital à la préservation de la biodiversité, il importe donc de protéger de la pollution en particulier les zones côtières, qui sont les premières « productrices » d’écosystèmes sur la Terre. En conclusion, Mme Popoardottir a réitéré son soutien à l’action du Programme d'action mondial pour la protection du milieu marin contre la pollution due aux activités terrestres, un outil indispensable pour parvenir à des accords internationaux visant à la réalisation des Objectifs du Millénaire.
M. KYMUNYA, Ministre des terres et du logement du Kenya, s’associant à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine, a souligné que la CDD-13 devait prendre des mesures pratiques pour mettre en œuvre les objectifs d’Action 21 et accélérer la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Il a indiqué que le manque de ressources constituait une grande contrainte pour les pays en développement qui doivent aussi s’acquitter du fardeau de la dette. L’affectation de ressources à l’eau, l’assainissement et les établissements humains est donc limitée, a-t-il insisté, en demandant aux donateurs de simplifier les conditionnalités de l’aide. Le Kenya a mis en place les cadres juridiques nécessaires pour réformer ces trois secteurs et a intégré la protection des écosystèmes dans les plans de reprise de la croissance. Le représentant a demandé un renforcement des instances nationales et régionales pour accélérer la réalisation des OMD en Afrique.
M. LAMINE BA, Ministre de la prévention de l’hygiène publique et de l’assainissement du Sénégal, a souligné l’urgence d’avancer en matière de réalisation des OMD et a exhorté la communauté internationale à agir rapidement. Il a expliqué que son pays avait élaboré des programmes pour l’eau potable et l’assainissement mais a regretté que les procédures de mobilisation de fonds et de décaissement soient très longues. Ainsi, il a demandé l’allègement de l’ensemble de ces procédures, prenant exemple sur son pays qui a mobilisé 200 000 millions de dollars et attend que la communauté internationale l’aide à mobiliser un milliard de dollars pour réaliser les OMD. Enfin, il a insisté sur l’importance d’impliquer les populations locales afin qu’elles s’approprient les services et installations en eau et en assainissement.
M. HUSEYNOGLU BAGHIROV, Ministre de l’environnement de l’Azerbaïdjan, a souligné la responsabilité des gouvernements afin d’assurer un accès à l’eau et à l’assainissement. De plus, il a indiqué que l’approvisionnement en eau et l’utilisation rationnelle des ressources en eau sont essentiels pour les stratégies nationales de développement. Il a aussi plaidé pour une approche intégrée concernant les établissements humains, tout en améliorant l’accès des pauvres aux services sociaux et à la propriété. Enfin, il a fait remarquer que le problème de la dégradation de l’environnement devait être résolu pour parvenir à un développement durable.
M. MARTHINUS VAN SCHALKWYK, Ministre de l’environnement et du tourisme de l’Afrique du Sud, a déclaré qu’avec des outils comme le Conseil des ministres africains sur l’eau, la Facilité africaine sur l’eau, et le Conseil africain sur l’urbanisation, l’Afrique était désormais est mesure de mieux utiliser l’aide internationale. Il a invité les pays développés à réduire les subventions agricoles et à faciliter l’accès aux marchés pour les produits des pays en développement. Il a jugé urgente une action déterminante pour atteindre les OMD liés à l’eau, à l’assainissement et aux établissements humains. Il a déclaré que les gouvernements n’étaient pas en mesure à eux seuls d’atteindre les objectifs de Johannesburg, en définissant les partenariats avec le secteur privé et la société civile comme des ingrédients essentiels.
Mme JAQUELINE FARIA, Ministre de l’environnement du Venezuela, a déclaré que nous ne pourrons pas atteindre les objectifs de développement sans créer de nouveaux mécanismes de financement et si nous ne réalisons pas les engagements de Monterrey en matière de financement de développement, nous manquerons une occasion unique de répondre aux besoins des plus défavorisés. Elle a jugé inacceptable l’idée que la nature et ses ressources puissent être considérées comme un bien négociable. Le Venezuela, a-t-elle précisé, exclut tout renoncement à la souveraineté nationale en matière de ressources naturelles. Soulignant les progrès de son pays, elle a indiqué que 90% de la population avaient accès à l’eau potable et 75% à l’assainissement. Elle a estimé que la coopération Sud-Sud représentait le meilleur outil pour aider les pays en développement à faire face au processus de mondialisation.
Mme MONA SAHLIN, Ministre du développement durable de la Suède, a souhaité que les hommes et les femmes puissent bénéficier d’un accès à la santé génésique. Soulignant que les femmes avaient 1,6 fois plus de chances d’être contaminées par le VIH/sida et qu’elles étaient plus gravement affectées par l’accès à des sources d’énergie, elle a insisté sur l’importance d’associer les femmes aux processus de décision. La Suède qui devrait d’ici l’année prochaine consacrer 1% de son PNB à l’aide publique au développement, exhorte les autres pays en développement à
atteindre l’objectif de 0,7%. Elle a également indiqué que la Suède était engagée en faveur du processus de Marrakech concernant les objectifs débattus aujourd’hui. Enfin, elle s’est particulièrement inquiétée que 2 millions de personnes mourraient dans le monde en développement des conséquences de gaz toxiques résultant du chauffage domestique et feux dans les foyers.
M. BUCHANAN, Ministre du logement et de l’eau de la Jamaïque, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a souligné l’importance d’adopter des approches innovantes et de renforcer les institutions. Il a expliqué que la plupart des pays en développement étaient limités par leurs capacités financières et devaient s’appuyer sur des partenariats ainsi que sur l’aide de la communauté internationale pour élaborer des projets de grande portée. Il a insisté sur cette question du mode de financement de ces projets, demandant qu’elle soit examinée au sein des institutions multilatérales et dans le cadre du secteur privé international.
Mme CHRISTINE CHURCHER, Ministre de l’environnement et de la science du Ghana, a souhaité que les phases du Plan de mise en œuvre de Johannesburg ayant trait à l’eau, à l’assainissement et aux établissements humains soient clairement définies à chaque étape de leur réalisation. L’intégration de ces dispositions dans la Stratégie nationale de développement durable devient impérative, a-t-elle dit. À ce titre, nous exhortons tous les pays à partager leur expérience au service du progrès. Le Gouvernement de la France, en collaboration avec ceux de la Belgique, du Ghana, de Maurice et du Royaume-Uni, puis de l’Union européenne et du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies ont mis au point une excellente méthodologie visant à rendre efficace l’expérience partagée. Poursuivant, Mme Churcher a déclaré que le renforcement des relations entre les secteurs public et privé, entre services publics et ONG était essentiel dans le règlement des questions relatives à l’eau, à l’assainissement et aux établissements humains. Dans ce contexte, les autorités locales jouent un rôle décisif, a-t-elle conclu.
M. PHILIPPE DJANGONE-BI (Côte d’Ivoire), rappelant que son pays bénéficie de ressources hydrauliques relativement abondantes, a souligné l’importance d’une approche intégrée et participative. De même, il a insisté sur le rôle du partage des expériences, notamment par le biais de la coopération Sud-Sud et Nord-Sud. Il a expliqué que les actions engagées dans son pays ont permis d’obtenir des résultats depuis 1998, comme l’alimentation en eau potable de 618 municipalités et l’amélioration de 250 000 latrines ventilées en milieu rural. Il a affirmé que son pays souhaitait maintenant doubler le nombre de localités alimentées en eau potable, procéder à l’aménagement des réseaux d’assainissement des villes principales et renforcer les capacités au niveau local. Enfin, il a déclaré que les OMD ne seront pas réalisés sans le concours des institutions internationales et des pays développés.
M. MICHEL JARRAUD, représentant de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), a mis l’accent sur la promotion d’actions préventives face aux catastrophes naturelles. Il a noté que son Organisation s’employait à accroître sa collaboration avec d’autres institutions du système des Nations Unies pour mettre en place un système d’alerte aux tsunamis dans les régions vulnérables. Il a affirmé que l’OMM s’était donnée comme but de réduire de moitié la mortalité due à des causes météorologiques et climatiques, comme cela avait été souligné à Kobé. Concernant la gestion rationnelle des ressources en eau, il a expliqué que l’eau douce constituait un bien précieux et limité, essentiel au développement
économique et à la paix. Il a aussi plaidé pour une gestion intégrée et participative de l’eau et demandé aux pays de les mettre en œuvre dès aujourd’hui par le biais de plans nationaux intégrés. Enfin, il a indiqué que la protection de l’environnement ne serait pas assurée sans un système d’alerte précis.
M. CELESTINO MIGLIORE (Observateur permanent du Saint-Siège) a attiré l'attention sur le principe de subsidiarité, selon lequel une communauté de rang supérieur ne devrait pas commettre d'ingérence dans la vie d'une communauté de rang inférieur, mais devrait plutôt la soutenir et l'aider à coordonner son activité avec celles du reste de la société. Selon le représentant, ce principe devrait être appliqué pour résoudre les problèmes spécifiquement liés à l'eau, l'assainissement et les établissements humains et susciter une plus grande responsabilité de la part des fournisseurs et des usagers de biens et services en ces domaines. Une telle responsabilité, a poursuivi l'Observateur du Saint-Siège, suppose aussi une conscience plus aiguë de la complexité de l'usage de ces biens et services et donc nécessite une éducation et une formation au niveau local pour réorienter les pratiques vers un développement durable. Le principe de subsidiarité permettrait en outre de réaliser un des objectifs essentiels identifiés par la Déclaration de Rio, à savoir que l'être humain est au centre des préoccupations relatives au développement, a conclu M. Migliore.
Mme SONIA TSCHORNE BERESTESKY, Ministre du logement, de l’urbanisme et des biens nationaux du Chili, a fait sienne la déclaration du représentant du Groupe des 77 et de la Chine. Elle a déclaré que son pays déploie des efforts importants afin d’atteindre les objectifs sur lesquels il s’est engagé en matière de développement. Pour aboutir à des changements réalistes et progressifs, elle a considéré essentielle la participation active de la société civile dans les décisions prises par les autorités publiques, cela permettrait notamment la reconnaissance des identités locales. Au Chili, on a recensé en 2002 un peu plus de 15 millions d’habitants, dont 87% réside en zones urbaines, a-t-elle exposé. Elle a ajouté que 99% de la population chilienne ont accès au réseau d’eau potable, que 97% des logements sont reliées à un système d’évacuation des eaux usées et que 98% des logements sont alimentés en électricité. Par ailleurs, a-t-elle poursuivi, plus d’un million de logements sociaux ont été construits au Chili au cours des 10 dernières années. Mme Tschorne a indiqué que tous ces efforts n’ont pas été menés sans difficultés et ont nécessité des compromis de la part de tous les secteurs du pays. Pour conclure, la représentante a souhaité le renforcement du rôle de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) dans le processus de révision, de suivi et de mise en œuvre des décisions adoptées par la Commission du développement durable.
M. JOHN PANDENI, Ministre des gouvernements régionaux et locaux, du logement et du développement rural de la Namibie, a déclaré que son pays, le plus aride de l’Afrique subsaharienne, jugeait plus qu’opportun le contenu de ces débats. L’objectif de la Namibie est de permettre à 80% de la population rurale d’accéder à l’eau potable d’ici à 2007. Du fait de l’insuffisance d’investissements étrangers ou privés, le Gouvernement n’a eu d’autres options que d’imposer les plus riches pour financer l’accès à l’eau des plus pauvres.
M. SERGE LEPELTIER, Ministre de l’écologie et du développement durable de la France, a déclaré qu’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement et respecter les engagements de Johannesburg en matière d’eau et d’assainissement représentaient un véritable défi. Estimant qu’il restait encore beaucoup de chemin à parcourir, il a prôné une mobilisation accrue de tous, au plan politique mais aussi financier. Sur ce point, a-t-il précisé, le Président Jacques Chirac s’est engagé à doubler l’aide publique française pour l’eau, en la portant à 360 millions d’euros par an. Poursuivant, M. Lepeltier a demandé à ce que soit développée une meilleure connaissance de la situation réelle en matière d’eau et d’assainissement, cela grâce à la collecte et à la diffusion de données plus fiables. Cette proposition de dispositif d’information et de suivi ne consisterait pas à créer de nouveaux mécanismes mais à structurer les ressources existantes, en les complétant si nécessaires, a-t-il indiqué. Le système résultant devrait être à la fois technique et politique, c’est-à-dire assuré par les gouvernements s’agissant du suivi politique, et global, ce qui signifie que le dispositif technique d’observation doit comporter les échelons mondiaux et nationaux existants, et vraisemblablement un échelon régional. Dans cette perspective, la France s’engage à soutenir financièrement le fonctionnement effectif du dispositif d’observation globale en soutenant le Programme de suivi conjoint au titre du renforcement des capacités, en mettant à disposition un expert pour étoffer le Comité sur les ressources en eau et en soutenant le projet pilote africain en apportant 12 millions d’euros sur cinq ans.
M. TAHIR IQBAL, Ministre de l’environnement du Pakistan, a jugé important que nous formulions des recommandations en nombre limité mais solide à l’attention des chefs de gouvernement qui participeront au Sommet de septembre. Il a tout particulièrement insisté sur le poids de la dette que doivent assumer les petits pays pauvres très endettés. Il a suggéré la mise en place d’un mécanisme d’échanges de réduction de la dette contre des initiatives en matière d’eau et d’assainissement. Il a souhaité la mise en place d’un système de cartographie mondial pour identifier et mesurer les ressources en eau. Le Pakistan dispose du plus grand système d’irrigation en eau qui nous permet de subvenir à 90% de nos besoins alimentaires. Pour réaliser nos objectifs en matière d’assainissement, pour lesquels nous sommes très en retard, l’aide internationale est indispensable
M. IBRAHIM SESAY, Vice-Ministre pour le développement économique de la Sierra Léone, a déclaré que la réalisation des objectifs des OMD liés à l’eau, l’assainissement et aux établissements humains faisait partie des priorités de nos options stratégiques. Pour obtenir les résultats nécessaires pour la réalisation de ces objectifs, il faut une augmentation sensible de l’APD et des investissements privés. Il a souligné la nécessité de s’entendre sur des mesures spécifiques en faveur des pays les moins avancés, des petits États insulaires en développement et des pays enclavés en développement.
PRÉVENTION DES CATASTROPHES NATURELLES ET RÉPONSES
M. MICHEL JARRAUD de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), a expliqué que plus de 90% des catastrophes naturelles étaient d’origine météorologique. Ces catastrophes constituent un obstacle important pour les pays en développement et notamment les pays les moins avancés (PMA). Il a souligné l’impact de ces catastrophes, qui ont détruit les réseaux et systèmes en eau et en assainissement. Pour réduire les vulnérabilités des pays touchés par ces phénomènes, du cyclone à la sécheresse, il a suggéré la mise en place de plusieurs mesures dont le renforcement de la résistance des systèmes socio-économiques, la fourniture d’information en temps opportun sur la base d’un système d’alerte, la prise en compte des analyses de risques, ou encore, la réinstallation des infrastructures dans des zones mieux protégées. Rappelant qu’il était impossible de prévenir toutes les catastrophes, il a aussi insisté sur le besoin de mesures d’adaptation ainsi que la préparation et sensibilisation du grand public. Toutefois, il a indiqué que cette mise en place d’activités préventives et de réponse exigeait des ressources importantes et a mis en lumière le rôle des partenariats à tous les niveaux et entre les secteurs public et privé pour cette mobilisation financière.
M. SALVANO BRICEÑO, Directeur de la Stratégie internationale pour la lutte contre les catastrophes (ISDR), a affirmé que le développement durable et les OMD en particulier, ne peuvent être viables sans prendre en considération les risques liés aux phénomènes naturels. Il a observé que le récent tsunami avait fait prendre conscience à tous de la nécessité d’adopter des mesures préventives et avait ajouté à la pertinence des travaux de la récente Conférence de Kobé, en janvier 2005. Il a expliqué que les politiques relatives à ses phénomènes doivent être en place avant les catastrophes. La réduction des risques doit comprendre, a-t-il poursuivi, la sensibilisation, l’évaluation des vulnérabilités, l’élaboration d’une culture de la prévention ou encore la mise en place de systèmes d’alerte précoce et de capacités de réaction. Rappelant qu’au cours des 10 dernières années, plus de deux milliards de personnes avaient été affectées par ces catastrophes et que dans certains pays les pertes qui y sont liées représente plus que le PIB annuel, il a affirmé que la prévention dépendait, à long terme, des décisions prises en matière de développement. Ainsi, il a souhaité que la prévention des risques fasse partie intégrante de la planification urbaine et que la question du logement précaire dans les zones à hauts risques soit prioritaire. Rappelant que la vulnérabilité mondiale face aux catastrophes naturelle s’accroissait et qu’une action urgente était nécessaire, il a espéré que la CDD-13 prenne en compte cette composante dans ses conclusions.
M. MASAKI KONISHI, Ambassadeur du japon chargé des affaires environnementales mondiales, a présenté les efforts de son pays en matière de prévention des catastrophes. Il a indiqué que le Gouvernement du japon avait imposer des normes et règlement antisismiques aux constructeurs dans l’optique de diviser de moitié les conséquences des tremblements de terre dans les 10 prochaines années, notamment en renforçant les hôpitaux. Il a précisé que la gestion des rivières et des forêts était organisée de façon à limiter les conséquences des inondations dues aux pluies torrentielles. Il a précisé qu’un tremblement de terre en 1995 avait tué 6 400 personnes au Japon. Il a insisté sur l’importance de l’éducation et de la formation en notant que 90% des rescapés avaient été sauvés des décombres par des voisins et amis, le reste par les services de secours.
Intervenant au nom de l’Union européenne, M. CLAUDE WISELER, Ministre des travaux publics, a noté que les populations des pays en développement étaient les plus vulnérables aux catastrophes naturelles, qui représentent un obstacle majeur au développement durable. La prévention doit être partie intégrante de nos efforts visant à la réalisation des OMD, a-t-il ajouté en insistant sur la nécessité d’assister les États les plus vulnérables à ces catastrophes. Il a indiqué que 70% de toutes les catastrophes étaient liées à des événements hydrométéorologiques en estimant indispensable d’établir un équilibre entre les besoins en matière de prévention et les risques.
M. CAMPBELL, Ministre pour l’environnement et le patrimoine national de l’Australie, a souligné l’importance de la prévention en notant que les acquis des OMD pouvaient être anéantis en quelques minutes lors d’une catastrophe naturelle. Il a indiqué que l’Australie avait mis une politique d’action humanitaire visant à aider les communautés à se remettre des conflits ou des catastrophes naturelles heures. Il a indiqué que le premier Ministre australien avait rencontré le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono pour s’accorder sur la mise en place d’un partenariat entre l’Australie et l’Indonésie pour la reconstruction et le développement portant sur un montant de 1 milliard de dollar. Ce partenariat vise à faciliter l’intervention de sociétés australiennes pour la reconstruction afin d’éviter notamment que cette reconstruction ne se traduise pas par une déforestation.
Mettant en lumière la vulnérabilité géographique de son pays, M. AHMED, Ministre des ressources en eau du Bangladesh, a insisté sur le besoin de prévention et la nécessité d’un système d’alerte précis. Il a aussi insisté sur la mise en place de systèmes de coopération régionale dans ce domaine, tout en s’appuyant sur le soutien technique et financier de la communauté internationale. Il a affirmé que les questions des stratégies de gestion des risques devaient être intégrées aux plans nationaux de développement. Il a cité en exemple le plan quinquennal élaboré par son pays et les partenaires du développement relatif à la prévention des catastrophes qui offre une approche plus globale et se base sur la culture de la prévention. Outre les inondations, il a noté que son pays devait aussi faire face à l’érosion des rives et des rivières par laquelle 10 000 hectares de terres sont perdus chaque année. Le Gouvernement s’attaque seul à ce problème, a-t-il conclu, mais devrait bénéficier d’une assistance technique dans ce domaine.
Le représentant de la Commission européenne a insisté sur la nécessité d’intégrer le concept de développement durable, qui est la meilleure prévention, dans toutes les stratégies nationales. Par ailleurs, il a noté qu’un renforcement des systèmes de prévention était aussi nécessaire, particulièrement en matière de protection civile des communautés et, ce, en collaboration avec les institutions d’assistance humanitaire des Nations Unies. Il a aussi souligné qu’il fallait garantir une coordination serrée avec d’autres partenaires, notamment les ONG et les homologues militaires. Enfin, il a déclaré que l’Union européenne ferait une contribution importante consacrée à la prévention des catastrophes naturelles.
M. RANTE (Indonésie) a fait remarquer que tous les types de catastrophes, de l’éruption volcanique aux inondations, pouvaient se produire dans son pays. Rappelant que le tsunami de décembre dernier avait fait plus de 200 000 victimes, il a remercié le Secrétaire général de son soutien, notamment par sa visite en Indonésie dans les jours qui ont suivi la catastrophe. Le Secrétaire général a ainsi rappelé à tous, a-t-il expliqué, qu’il était nécessaire de concrétiser nos engagements. Il a souligné les divers problèmes d’infrastructure en eau, en assainissement et dans les systèmes d’hébergement auxquels doit actuellement faire son pays et s’est félicité de l’initiative de l’Union européenne pour y répondre.
La Ministre pour le développement durable de la Suède a rappelé que le récent tsunami avait tué plus de Suédois que toute autre catastrophe naturelle auparavant. Elle a rappelé que c’est grâce à des voisins et amis que certaines vies ont été sauvées, d’où l’importance de promouvoir l’éducation en matière de prévention. Elle a également souligné la nécessité de protéger la végétation naturelle pour qu’elle serve de protection naturelle contre les catastrophes naturelles.
M. MIKLOS PERSANYI, Ministre de l’environnement et de l’eau de la Hongrie, a souhaité que les catastrophes naturelles soient examinées dans le contexte du développement durable comme un obstacle à la réalisation des objectifs de développement. Il a indiqué que 2 200 catastrophes se sont produites entre 1990 et 2001, les inondations représentant plus de la moitié d’entre elles. Il est nécessaire d’établir une gestion au niveau institutionnel à long terme assortie d’une éducation et d’une planification à long terme.
M. THOMAS ZELTNER Secrétaire d’État à la santé de la Suisse, a expliqué que, durant les 10 dernières années, la fréquence et la sévérité des catastrophes naturelles avaient augmenté de façon significative avec des conséquences dramatiques, en particulier dans les pays en développement. Or, a-t-il continué, il existe un lien étroit entre les catastrophes et les objectifs du développement durable, les catastrophes naturelles empêchant la réalisation de ces objectifs. Dans ce contexte, les deux tiers des catastrophes enregistrées sont liés à l’eau et à une utilisation non durable des ressources naturelles, a-t-il dit. De ce fait, la gestion des sécheresses et des inondations sont des éléments critiques dans la gestion intégrée des ressources en eau. La Suisse soutient ainsi pleinement le programme d’action de Hyogo, adopté à Kobé en janvier en 2005 et qui reconnaît la nécessité de mettre en œuvre une gestion des ressources naturelles, comme celle des écosystèmes critiques intégrant la réduction des risques dus aux catastrophes. En conclusion, M. Zeltner a estimé que la prévention et la gestion des sécheresses et inondations ne seront couronnées de succès que si elle intervient au travers d’une coopération interdisciplinaire s’effectuant aux niveaux national et local.
Le Ministre de l’environnement du Pakistan a souhaité des études sur la gestion des catastrophes. Il nous faut des plans pour que nous puissions réagir et faire face aux problèmes d’accès tels que nous les avons rencontrés en Indonésie, a-t-il précisé.
Le Ministre de la prévention, de l’hygiène publique et de l’assainissement du Sénégal a insisté sur les conséquences des changements climatiques, qui causent des pluies excessives et des sécheresses inattendues. Il y a une insuffisance de prise en compte de ces phénomènes dans le cadre de la gestion des établissements humains. Il a exhorté les États Membres à ratifier le Protocole de Kyoto, une démarche qu’il a définie comme un moyen de renforcer la prévention.
M. FRANCISCO NUNES CORREIA, Ministre de l’environnement, de l’aménagement et du développement régional du Portugal, a souligné qu’une partie des catastrophes était attribuable aux actions humaines. Il a déclaré que pour atteindre les OMD, il fallait renforcer les investissements pour prévenir les catastrophes naturelles et protéger les communautés les plus vulnérables. Ceci, a-t-il ajouté, exige des interventions importantes à la fois aux niveaux national et international. Le Ministre a évoqué particulièrement le problème de la sécheresse, auquel son pays doit faire face de manière plus pressante depuis quelques années, la situation s’aggravant notamment en raison des incertitudes des changements climatiques. Notant la création d’un programme contre la sécheresse dans son pays, il a toutefois insisté sur le besoin de renforcer la coopération et la capacité de la communauté internationale à réagir face aux défis que posent les catastrophes naturelles.
M. TOMAS NOVOTNY, Vice-Ministre pour l’environnement de la République tchèque, a mis de l’avant l’expérience de son pays qui connaît des inondations considérables. Il a expliqué qu’un nouveau système de gestion des crises, appliqué avec succès, avait permis d’améliorer les mesures de réponse lors des inondations de 2002, comparativement à celles qu’il y a cinq ans. Il a de plus souligné le nouveau cadre juridique visant à éviter d’installer des établissements dans des zones vulnérables. Par ailleurs, il a mis l’accent sur la coopération de son pays en ce qui concerne la gestion des bassins versants et la protection des grands fleuves d’Europe comme le Danube. Enfin, il a insisté sur le rôle d’un système d’alerte précoce ainsi que de la formation et l’éducation des populations dans le domaine de la prévention des catastrophes naturelles.
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