UNE TABLE RONDE DE LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE SOULIGNE LE DILEMME POSÉ PAR LA PRIVATISATION DE L’EAU
Communiqué de presse ENV/DEV/842 |
Commission du développement durable
Treizième session
10e & 11e séances – matin & après-midi
UNE TABLE RONDE DE LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE SOULIGNE LE DILEMME POSÉ PAR LA PRIVATISATION DE L’EAU
Le Secrétaire général appelle à nouveau les pays donateurs
à renforcer leurs investissements en faveur du développement
La question de la privatisation de l’eau a été au cœur des débats d'une table ronde de la Commission du développement durable sur l'eau, l'assainissement et les établissements humains, à laquelle ont pris part, cet après-midi, en présence du Secrétaire général, des ministres et des experts du financement et du développement de nombreuses régions du monde. Un certain nombre d'entre eux ont en effet attiré l’attention sur les problèmes que pourrait poser une déréglementation trop forte du marché de l’eau, même si le secteur privé ne gère à ce jour que 5% des ressources mondiales. Ainsi, Carlos Fortin, Secrétaire général adjoint de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a rappelé que si dans certains pays, comme au Chili ou à Trinité-et-Tobago, la privatisation des ressources phréatiques avait permis d’améliorer autant la profitabilité des entreprises que les services proposés, il arrivait cependant qu'elle débouche sur une inflation incontrôlable, comme à Buenos Aires, en Argentine. L’eau est en effet une ressource fondamentale dont l’accessibilité devrait être universellement garantie, ont rappelé plusieurs délégations, notamment la Jamaïque, qui s'exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine.
Des recherches ont cependant montré que des partenariats entre les secteurs privé et public pouvaient produire des résultats positifs, grâce au rôle de réglementation joué par l’État. Selon les experts, l’eau est un bien public, même si sa privatisation peut être appuyée dans certains pays et dans certains secteurs. L’Administrateur adjoint de l’Agence américaine pour le développement (USAID) pour l'Amérique latine et les Caraïbes, Adolfo A. Franco, a ainsi affirmé que des partenariats étaient possibles, à condition d'assurer la transparence, de maintenir l’aide publique au développement et de lutter contre la corruption.
Pour le Secrétaire général, le défi consiste maintenant à combiner l’aide aux niveaux local et international, rappelant à l'instar de Trevor Manuel, le Ministre sud-africain des finances, que les pays en développement avaient aussi leur part de responsabilité à assumer dans les domaines de l'eau, de l'assainissement et des établissements humains. M. Annan a insisté sur la bonne gouvernance, les investissements publics dans la santé, l’éducation et les autres services de base, ainsi que sur les stratégies nationales en vue de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Le Secrétaire général a cependant réitéré son appel aux pays donateurs pour qu'ils renforcent leur aide publique au développement.
Face aux préoccupations exprimées par certains intervenants concernant l’usage multiple de l’eau, les experts ont répondu que les exigences concurrentielles, de l’irrigation à la pêche, ne doivent pas faire perdre de vue la nécessité d’assurer l’assainissement et l'alimentation des villages situés en milieu rural, notamment en Afrique, où des femmes et des filles passent parfois jusqu'à six heures par jour pour aller chercher de l'eau. Ils ont à cet égard cité l’exemple de la Chine, qui gère les réserves de ses bassins par différentes techniques et planifications de l’emploi des ressources phréatiques. La nécessité de préserver l'écosystème doit cependant être prise en compte dans toutes les approches retenues. S’agissant enfin de la question des établissements humains, les experts ont mis en évidence que le recours au microcrédit pouvait réduire la pauvreté dans les zones les plus défavorisées. Le représentant de Trinité-et-Tobago a affirmé qu'il était nécessaire d'explorer de nouveaux moyens pour améliorer les systèmes d’occupation des sols.
Ce matin, la Commission du développement durable a tenu une brève séance plénière au cours de laquelle elle a poursuivi l’examen de son projet de document final visant à établir un programme de mesures concrètes pour accélérer la réalisation des objectifs liés à l’eau, à l’assainissement et au logement, présenté vendredi dernier par son Président, M. John Ashe (Antigua-et-Barbuda). Auparavant, elle a entendu le représentant de l’Indonésie, M. Djismun Kasri, qui a présenté les travaux de la dernière session ministérielle du Forum mondial de l’environnement du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Il a notamment mis en avant la question du manque d’accès aux connaissances technologiques et au savoir-faire dans le domaine de l’assainissement de l’eau, mais aussi et surtout du manque de ressources financières et de capacités nationales. Il a également souligné la révision de la politique de l’eau du PNUE, sur la base des engagements du Sommet mondial pour le développement durable et les préoccupations spécifiques des petits États insulaires en développement examinées dans le cadre de la Réunion internationale de Maurice de janvier dernier. Enfin, il a mis l’accent sur la collaboration du PNUE avec le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), notamment dans le cadre de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes, afin de mettre en place des systèmes d’alerte rapide, notamment aux tsunamis dans la région de l’Asie du Sud.
La Commission reprendra ses travaux en plénière demain, mardi 19 avril à 10 heures.
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