ENV/DEV/840

CDD-13: LE RENFORCEMENT DES CAPACITÉS TECHNIQUES DES COLLECTIVITÉS LOCALES EST ESSENTIEL POUR ATTEINDRE LES OBJECTIFS LIÉS À L’EAU ET À L’ASSAINISSEMENT

13/04/2005
Communiqué de presse
ENV/DEV/840


Commission du développement durable

Treizième session

6e & 7e séances – matin & après-midi


CDD-13: LE RENFORCEMENT DES CAPACITÉS TECHNIQUES DES COLLECTIVITÉS LOCALES EST ESSENTIEL POUR ATTEINDRE LES OBJECTIFS LIÉS À L’EAU ET À L’ASSAINISSEMENT


Les délégations souhaitent une meilleure coordination des interventions internationales et soulignent le rôle central du Comité de l’ONU sur les ressources en eau


La Commission du développement durable a poursuivi aujourd’hui ses débats interactifs sur les mesures pratiques et options politiques exigeant un effort régional ou global concerté pour accélérer la réalisation des objectifs liés à l’eau et à l’assainissement.  Elle a tenu un débat consacré spécifiquement à l’eau et à l’assainissement, suivi d’un autre sur les interactions entre l’eau, l’assainissement et les établissements humains.


Le premier débat interactif consacré à l’eau et l’assainissement a été l’occasion pour la plupart des délégations de reconnaître que la réalisation des objectifs de développement durable passait par le renforcement des capacités techniques et humaines des collectivités locales.  Celui-ci permettrait aux pays en développement d’assurer le suivi et l’évaluation de la gestion de l’eau et de l’assainissement.  Les intervenants se sont accordés sur le fait que la réalisation de ces objectifs dépendait aussi de la capacité de la communauté internationale à mieux coordonner les apports des différents organismes et de clarifier leur contribution.  Plusieurs délégations ont insisté sur le rôle prépondérant de la Commission du développement durable pour le suivi des questions liées à l’eau et à l’assainissement, d’autres soulignant le rôle central du Comité des Nations Unies sur les ressources en eau pour coordonner les efforts internationaux et régionaux. 


À l’introduction de ce premier débat, la Commission a entendu des exposés et déclarations liminaires des représentants du Comité des Nations Unies sur les ressources en eau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), du Système mondial de surveillance continue de l'environnement (GEMS), du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), du Fonds pour l'environnement mondial (FEM), de l’Initiative de l'Union européenne en faveur de l'eau et du Conseil des Ministres africains chargés de l’eau qui ont insisté surla coopération sous-régionale et la gestion des bassins et sur la nécessité de promouvoir les mécanismes de financement internationaux.  Ils ont notamment mis l’accent sur la bonne gouvernance au niveau mondial et la nécessité de pouvoir compter sur un point focal au niveau mondial doté de règles claires pour l’ensemble du système multilatéral.  Les intervenants ont également insisté sur l’importance de la qualité de l’eau en notant que la réalisation de l’objectif d’améliorer l’accès à l’eau serait impossible si l’on ne peut garantir la qualité de l’eau destinée à la production agricole et celle de la gestion des eaux souterraines.  À cet égard, ont-ils rappelé, la coopération Sud-Sud est indispensable pour la protection de l’eau. 


Dans le cadre du débat consacré à l’interaction entre l’eau, l’assainissement et les établissements humains et les autres questions intersectorielles, la Commission a entendu la représentante de la Belgique, au nom de l’Union européenne, qui a suggéré que la planification de ces thèmes soit intégrée dans les stratégies nationales pour le développement durable et pour la réduction de la pauvreté en faisant en sorte que les processus soient participatifs.  Elle a rappelé l’urgence de la mise en œuvre de telles stratégies d’ici à septembre 2005 conformément aux engagements de Johannesburg en 2002, en estimant qu’il existait un lien clair entre les objectifs du Sommet mondial sur le développement durable de 2002 et la feuille de route de mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire. 


D’autres délégations ont présenté l’éducation et l’échange de l’information comme les clefs de voûte de la réussite du développement durable, insistant notamment sur les connaissances traditionnelles.  La représentante des ONG a indiqué que si 10% des femmes illettrées apprenaient à lire, cela se traduirait par la réduction du taux de mortalité infantile et une croissance économique supplémentaire potentielle estimée à 0,3%. 


Concernant tout particulièrement la situation des femmes, plusieurs intervenants ont souligné les conséquences positives de la parité entre les sexes sur la réalisation des objectifs liés à l’eau, l’assainissement et établissements humains.  Ils ont souhaité que soit garanti le droit d’accès des femmes à la terre et au logement et que l’on assure que les objectifs susmentionnés puissent influencer les relations de pouvoir et exacerber les inégalités existantes.  À cet égard, ils ont précisé que l’expérience montrait que les dépenses en faveur des enfants augmentaient lorsque la gestion du foyer était assurée par une femme. 


Préalablement à ce débat, la Commission a entendu des exposés liminaires de représentants de la Banque mondiale, du PNUD, de l’OMS et de l’Alliance pour la parité entre les sexes et l’eau.


La représentante de la Banque mondiale a indiqué que sa stratégie visait la bonne gouvernance des villes.  Face au défi qui consistera à répondre aux besoins en eau des villes qui accueilleront au cours des 20 prochaines années l’essentiel de la croissance démographique mondiale, elle a suggéré d’élargir l’éventail des fournisseurs de services, en y incorporant les fournisseurs de petite échelle et de trouver des solutions durables aux problèmes de l’assainissement.  Rappelant que la Déclaration de Rio en 1992 avait placé les êtres humains au centre du développement durable, la représentante de l’OMS a indiqué que la santé constituait un indicateur et une ressource de ce développement.  Notant que les habitants des taudis étaient de plus en plus sujets à des maladies causées par la pollution externe et interne, elle a notamment souligné le caractère essentiel de systèmes d’information et banques de données sur l’eau et l’assainissement et le renforcement des capacités en gardant à l’esprit les questions de la santé et de l’environnement.


La prochaine réunion de la Commission du développement durable aura lieu vendredi 15 avril à 10 heures.


DÉBATS INTERACTIFS SUR L’EAU ET L’ASSAINISSEMENT


Renforcement des capacités de surveillance et d’évaluation des services d’abduction d’eau et d’assainissement


Rappelant brièvement l’historique de la collecte de données relatives à l’eau et l’assainissement, M. JAMIE BERTRAM, du Comité des Nations Unies sur les ressources en eau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a indiqué qu’il s’agissait désormais de développer des outils afin d’analyser les résultats obtenus et de prendre ainsi des décisions informées.  Souhaitant que le rôle du Programme de surveillance conjoint (JMP) soit renforcé, il a expliqué que les pays devaient obtenir ces informations de contrôle à des fins de politiques nationales et pour contribuer à une évaluation au niveau mondial.  Cette surveillance améliorée permettrait également d’évaluer les coûts et impacts des variantes techniques mais aussi de suivre le financement ou le développement réglementaire.  Enfin, il a insisté sur la coopération des Commissions et Banques régionales pour tirer profits des efforts de surveillance.


M. RICHARD ROBARTS, représentant du Système mondial de surveillance continue de l'environnement (GEMS) du programme sur l’eau du PNUE, a rappelé pour sa part que le rapport d’évaluation des progrès accomplis dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement venait de conclure que la qualité d’eau baissait alors que la capacité des écosystèmes devant absorber les déchets est limitée.  C’est pour cette raison que la surveillance est primordiale, a-t-il ajouté, précisant que la connaissance de la condition de l’eau dans le monde devait être améliorée afin d’identifier les questions émergentes.  Il a notamment jugé nécessaire d’établir des données exactes en temps opportun et de recenser les stations d’épuration ou de déterminer les agents polluants dans les cours d’eau.  Pour renforcer le GEMS, il a souhaité que le Comité des Nations Unies sur les ressources en eau joue un véritable rôle de coordination.  De plus, il a souligné que le GEMS était un programme volontaire et a recommandé d’encourager les pays à y participer pour le bien de la collectivité. 


Suivi des services d’abduction d’eau et d’assainissement


Prenant la parole sur le deuxième thème relatif à l’eau et l’assainissement, M. AL DUDA, du Fonds pour l'environnement mondial (FEM), a indiqué que 138 pays bénéficiaient de l’aide du Fonds, notamment pour coopérer en matière d’exploitation des bassins versants.  Ainsi, il a cité plusieurs initiatives d’exploitation commune de bassins concernant plusieurs pays, comme ceux du Danube, du Mékong ou du Lac Tchad.  Il a expliqué que le Fonds aidait les pays à mettre en place des pratiques pour contrôler la qualité et la quantité d’eau, pour équilibrer ses utilisations de l’eau et créer des institutions pour la gestion intégrée de cette ressource.  Par ailleurs, il a souligné que les pays avaient besoin de ressources et d’assistance technique, précisant que la coopération entre pays avait permis de développer les capacités.  Par ailleurs, il a demandé que le secteur agricole soit impliqué dans la gestion intégrée de l’eau et a également souligné le besoin de prendre en compte l’influence des changements climatiques, notamment par la planification en prévision des périodes de sécheresse.  Le représentant du Fonds a aussi affirmé que l’assainissement de base ne suffisait pas, précisant que la pollution par les eaux usées était le problème actuel le plus grave.  Enfin, en termes de financement, il a insisté sur le rôle des partenariats et d’une assistance régulière accompagnée de réformes dans les pays bénéficiaires.  Il faudrait enfin faire appel au secteur privé et envisager des techniques à moindre coût, notamment pour le traitement et le recyclage de l’eau, a-t-il conclu.


Dans son intervention, M. PATRICK MURPHY, de l’Initiative de l'Union européenne en faveur de l'eau, a avant tout souligné le rôle de la gouvernance à l’échelle mondiale ainsi que la nécessité d’établir des règles claires.  Dans cette perspective, le Comité des Nations Unies sur les ressources en eau a un rôle déterminant à jouer, a-t-il expliqué.  Il a déclaré qu’il fallait identifier un point focal entre les instances des Nations Unies, la Banque mondiale et les Banques régionales de développement pour une meilleure coordination en vue d’élaborer des politiques plus efficaces.  La question des eaux transfrontières est très délicate, a–t-il estimé, en préconisant de revoir la manière de gérer les bassins communs à plusieurs pays.  À cet égard, il a cité l’exemple du bassin du Danube, dont la gestion est partagée par 17 pays.  Enfin, il a insisté sur l’importance de prendre en compte les changements climatiques dans la gestion de l’eau afin de prévoir leurs influences et de gérer ainsi de manière adéquate les ressources en eau.


Ce débat sur l’eau et l’assainissement a été l’occasion  pour la plupart des délégations de reconnaître que la réalisation des objectifs de développement durable passait par le renforcement des capacités techniques et humaines des collectivités locales.  Celui-ci permettrait aux pays en développement de faire face à leurs responsabilités en matière de suivi et d’évaluation de la gestion de l’eau et de l’assainissement. 


Si les représentants du Kenya, de l’Indonésie, de l’Inde, de l’Iran, de la Namibie, de l’Égypte ont souhaité que les pouvoirs publics des pays en développement soient soutenus dans leurs efforts visant à renforcer les capacités locales et le transfert de technologies pour assurer le suivi et l’évaluation, la représentante de Cuba a estimé que les impacts des projets seraient limités tant que les pays en développement n’étaient pas en mesure de mettre en place un cadre national de coordination bien structuré.  Le représentant de la Jamaïque au nom du Groupe des 77 et de la Chine, du Ghana au nom du Groupe africain, ont exhorté les pays développés à respecter leurs engagements en matière d’aide publique au développement (APD), notamment en faveur des pays les moins avancés (PMA) et demieux coordonner l’aide des donateurs.  Celui du Nigéria a tout particulièrement salué la proposition du Premier Ministre britannique, Tony Blair, de réduire la dette en échange d’initiatives en matière de gestion des ressources en eau et en assainissement.  


Les représentants de l’Inde, de l’Iran, de l’Indonésie ont insisté sur la transparence, la bonne gouvernance et l’information des utilisateurs et populations concernées en insistant sur la coopération avec la société civile.  Celui de Tuvalu a tout particulièrement souhaité que les données collectées puissent être communiquées aux communautés locales.  La responsabilisation au niveau local sera possible lorsque les gouvernements auront clairement défini leurs objectifs et programmes de développement. 


Parmi les autres propositions, les pays en développement ont reconnu l’importance de tenir compte des connaissances locales pour mettre en place des concepts de gestion de l’eau plus adaptés aux réalités locales.  La plupart des intervenants ont également relevé l’importance de la coopération Sud-Sud en matière d’échange d’informations et d’expériences.  Néanmoins, le représentant du Groupe des 77 et de la Chine a indiqué que cette coopération nécessiterait un soutien international.   


Si les représentants du Nigéria et du Groupe des 77 et de la Chine ont souhaité que cette session soit l’occasion de donner mandat à la CDD pour suivre les questions de gestion des ressources en eau et en assainissement, ceux de la Suisse et de la France ont insisté sur la mise en place d’un cadre intergouvernemental de suivi et d’évaluation ouvert à toutes les parties prenantes aux travaux de la CDD appuyé par le secrétariat du Département des affaires économiques et sociales (DESA).  Un mécanisme qui, selon la France, devrait reposer sur trois niveaux d’action, d’abord le niveau local et national, ensuite le niveau régional et enfin le niveau mondial.  Il a indiqué que la France était prête à soutenir le Programme commun de surveillance de l'eau et de l'assainissement (Joint Monitoring Program) par des apports techniques et financiers et à renforcer le Service de l’eau, des ressources naturelles et des petits États insulaires en développement du DESA par la mise à disposition d’un expert. 


Au nom de l’Union européenne, la représentante du Luxembourg a estimé que le Rapport mondial sur le développement de l’eau du Programme mondial d'évaluation des ressources en eau qui représente le Comité des Nations Unies sur les ressources en eau devrait être reconnu comme mécanisme de référence faisant état des progrès réalisés en matière d’eau et d’assainissement.  Elle a invité le Programme mondial d'évaluation des ressources en eau à collaborer avec les acteurs concernés, citant le PNUD, le PNUE, le Partenariat mondial pour l'eau, le Conseil mondial de l'eau, en matière de récolte et d’étude des données.  Elle a proposé la tenue d’une session de dialogue de la CDD tous les quatre pour faire état des meilleures pratiques et expériences.


De son côté, le représentant du Groupe des 77 et de la Chine a insisté pour que soit préservé le rôle de la Commission du développement durable et l’intégrité des décisions qu’elle a prises dans le cadre de sa onzième session annuelle et que l’on examine systématiquement la mise en oeuvre des accords préalablement agréés par la CDD.


Les représentants du Canada, des États-Unis, de la Norvège et du Mexique ont défini le Comité des Nations Unies sur les ressources en eau comme l’instance la plus appropriée pour coordonner l’action des organisations internationales en matière de suivi et de gestion des questions liées à l’eau et à l’assainissement.  Ils ont invité cette instance à mener un travail de réflexion avec tous les partenaires impliqués dans la gestion et le suivi de l’eau et de l’assainissement pour que soient revues les responsabilités respectives afin d’améliorer la coordination et d’éviter tout double emploi.  À ce sujet, la représentante d’ONU-Habitat a estimé indispensable d’harmoniser les modus operandi et méthodes de suivi d’approvisionnement en eau de bidonvilles.


Dans d’autres domaines, le représentant des syndicats a regretté que l’on ne tenait pas assez compte de l’implication potentielle des travailleurs sur le terrain pour remporter la victoire de l’eau, de l’assainissement et des établissements humains, celui du monde agricole a demandé que l’on reconnaisse le rôle des agriculteurs en matière de protection de l’environnement et des ressources en eau.  Le représentant de la communauté scientifique s’est engagé à travailler avec la CDD sur les questions de gestion de la qualité et de disponibilité de l’eau.  Certaines délégations ont souhaité que l’on tienne compte des conséquences des changements climatiques notamment sur la situation des petits États insulaires.  Enfin, le représentant de la Ligue des États arabes a insisté sur la prise en compte des problèmes liés à l’exploitation des ressources en eau sur des territoires occupés, celui de la Syrie ajoutant que la question de pénurie de l’eau pouvait être source de conflit. 


DÉBATS INTERACTIFS SUR L’EAU, L’ASSAINISSEMENT ET LES ÉTABLISSEMENTS HUMAINS


Mme KATHERINE SIERRA de la Banque mondiale a déclaré qu’il était impératif de tenir compte de ce qui était faisable car la mise en œuvre des mesures constituaient une priorité pour les pays en développement.  Elle a rappelé que l’essentiel de la croissance démographique dans les 20 prochaines années aurait lieu dans les villes.  Ils payent un prix trop élevé pour l’eau, a-t-elle ajouté, précisant qu’ils devaient parfois avoir recours à des pots-de-vin ou acheter l’eau à des prix exorbitants auprès de vendeurs.  Elle a indiqué que l’absence de propriété foncière était une contrainte pour les pauvres qui n’avaient pas accès aux services appropriés en eau et en assainissement: ils vivent dans des zones non planifiées et n’ont aucun droit juridique.  Dans ce domaine, elle a donc estimé essentiel d’avoir recours à des mesures de réformes de la part des gouvernements.  Par ailleurs, elle a fait remarquer que la crise de l’assainissement augmentait dans les taudis.  Rappelant que la stratégie de la Banque mondiale dans ce secteur visait à mettre l’accent sur la bonne gouvernance des villes, elle a déclaré qu’il fallait aussi un engagement ferme au plan national.  De plus, elle a insisté sur la nécessité de réformes dans les cadres juridiques, réglementaires et institutionnels pour améliorer les services en eau et assainissement.  Elle a par ailleurs suggéré d’élargir l’éventail des fournisseurs de services, en y incorporant les fournisseurs de petite échelle notamment, et de trouver des solutions durables aux problèmes de l’assainissement.  Les investissements pour améliorer les services aux pauvres des zones urbaines dans ce secteur et celui de l’eau sont essentiels pour la croissance et la réduction de la pauvreté, a-t-elle conclu.


Afin de mettre en lumière les interactions entre la gestion des ressources en eau et l’assainissement, M. CARLOS LINARES, représentant du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a exposé l’exemple de San Julian, petite municipalité de 6 000 habitants d’El Salvador.  Depuis 1997, a-t-il expliqué, la municipalité a créé une entreprise autonome pour gérer son système d’eau auquel participent à la fois représentants de la ville et de la communauté, afin de remplacer les services publics qui ne fournissaient l’eau de 2 à 4 heures d’eau par jour.  Aujourd’hui, 98% des habitants de San Julian ont accès à l’eau 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 et c’est dans cette ville que le taux de maladies gastro-intestinales est le plus faible dans le  pays, a-t-il indiqué.  Il a aussi noté que les tarifs avaient augmenté mais que les habitants ne s’y étaient pas opposés car les services étaient meilleurs.  Malgré ce succès, a-t-il précisé, l’assainissement connaît toujours un certain retard.  Il a affirmé qu’à travers le monde, les opérateurs privés locaux devaient faire face à des obstacles légaux, financiers et administratifs.  Il a ainsi demandé d’affecter un financement pour les entrepreneurs locaux et d’utiliser le potentiel du secteur privé local.  Il a souligné la nécessité d’adopter des politiques inclusives et flexibles et d’assurer l’accès aux ressources financières, dont des subventions ciblées pour les pauvres.


INTERACTIONS ENTRE LES TROIS THÈMES ET TOUTES QUESTIONS INTERSECTORIELLES


Rappelant que la Déclaration de Rio en 1992 avait placé les êtres humains au centre du développement durable, Mme YASMIN VON SHIRNDING, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a indiqué que la santé constituait justement un indicateur ainsi qu’une ressource de ce développement.  Les liens entre les conditions de vie et la santé sont clairs, notamment en ce qui concerne la manière dont l’assainissement est assuré, a-t-elle expliqué.  Elle a donné entre autres exemples le fait que les habitants des taudis sont plus sujets à des maladies causées par la pollution externe et interne.  Elle a estimé que tous les éléments de l’eau, de l’assainissement et des établissements humains devaient être pris ensemble et que des investissements sérieux devaient voir le jour.  Elle a aussi insisté sur la nécessité de renforcer une approche intégrée dans ces secteurs et de se préoccuper des avantages à long terme des mesures prises.  Les systèmes d’information et les banques de données sur l’eau et l’assainissement sont essentiels pour soutenir les prises de décisions dans ces domaines, a-t-elle noté.  Il faudrait donner la priorité au renforcement des capacités et garder toujours à l’esprit les questions de la santé et de l’environnement.  Enfin, elle a souligné le besoin de travailler en étroite coopération et de manière créative, suggérant la mise en place de nouveaux partenariats et le renforcement de ceux existants. 


Mme ETHNE DAVEY, présidente de la Gender and Water Alliance, a quant à elle insisté sur la nécessité de porter une attention particulière à l’égalité entre les sexes et la mobilisation de la communauté, à travers l’écoute et la formation, lorsqu’il s’agit de projets relatifs à l’eau et l’assainissement en zones rurales.  Citant les exemples de deux projets en Afrique du Sud du Mvula Trust, elle a expliqué que la technologie utilisée devait être appropriée aux ressources en eau du village.  De plus, elle a insisté sur l’éducation et la formation afin que la communauté s’implique et s’approprie le projet.  Elle a insisté également sur la nécessité de fournir un soutien financier et technique fort mais flexible.  Enfin, elle a mis en lumière le rôle fondamental des femmes et leur participation pour la conception et le choix de l’emplacement des installations.  Alors que la communauté internationale ne prend pas au sérieux la création de moyens dans les secteurs de l’eau et de l’assainissement, certaines communautés locales ont relevé ce défi en améliorant leur vie avec très peu de ressources, montrant ainsi qu’il était possible de progresser si l’on faisait preuve de bonne volonté.  


La majorité des représentants ayant pris la parole après la présentation par des experts ont insisté sur le lien indéniable entre l’eau, l’assainissement et les établissements humains, favorisant une approche inclusive et globale pour faire face aux défis que ces secteurs présentent.  La représentante de la Belgique, intervenant au nom de l’Union européenne, ainsi que celle de l’Ouganda ont déclaré que les stratégies nationales devaient intégrer ces questions intersectorielles.  Elles ont toutes deux indiqué que la planification et la gestion de ces thèmes devaient être intégrées dans les stratégies nationales pour le développement durable et pour la réduction de la pauvreté en faisant en sorte que les processus soient participatifs. Pour la représentante de l’Ouganda, les mesures seront en conséquence plus efficaces à long terme.


La participation de toutes les parties prenantes a d’ailleurs été maintes fois soulignée.  Les représentants de l’Inde, des pouvoirs locaux, de la Bolivie ont ainsi estimé que le dialogue et la participation de la société civile étaient essentiels pour la réussite de la mise en œuvre des mesures en matière d’eau, d’assainissement et d’établissements humains.  De son côté, le représentant de l’Iran a insisté sur se point en affirmant qu’aucune politique ne réussirait sans la participation de toutes les parties prenantes y compris la société civile.  Cette implication de la société civile notamment permettrait le respect des spécificités socioculturelles locales, comme l’a souhaité la représentante de la Suisse, qui a rappelé le respect des spécificités socioculturelles locales en notant à titre d’illustration le respect des modalités locales d’établissement et la spécificité des matériaux de construction.  


Toujours dans l’idée d’une forte participation, les discussions ont aussi largement fait place au rôle des femmes.  Les représentantes du Groupe des femmes, d’ONU-Habitat et de la Norvège ont souligné l’importance de garantir le droit d’accès des femmes à la terre et au logement, cette dernière rappelant que les dépenses consacrées aux enfants étaient plus importantes lorsque le foyer était géré par une femme.  Elles ont souhaité que les initiatives locales en matière d’eau, d’assainissement et d’établissements humains permettent de répondre aux besoins des femmes et aux objectifs liés à la parité entre les sexes.  S’inquiétant du fait que les questions d’eau et d’assainissement puissent influencer les relations de pouvoir et exacerber les inégalités existantes, la représentante de la Suisse a jugé essentiel d’intégrer aux objectifs d’accès à l’eau et à l’assainissement la question de la parité entre les sexes dans le contexte de la santé et de l’hygiène.  Le représentant de l’Afrique du Sud a, quant à lui, demandé que les femmes et les jeunes participent à tous les programmes.  Dans le même ordre d’idées, la représentante des ONG a souligné l’importance de l’éducation en expliquant que si 10% des femmes illettrées apprenaient à lire cela aurait une conséquence très bénéfique sur la mortalité infantile et se traduirait par une croissance économique supplémentaire potentielle de 0,3%.  


Plusieurs représentants ont soulevé la question du financement pour atteindre les objectifs fixés en matière d’eau, d’assainissement et d’établissements humains.  La représentante de la République-Unie de Tanzanie a souhaité un appui financier fiable grâce à une APD accrue, et privilégiant les pays les plus pauvres et ceux accueillant des réfugiés.  Le représentant du Sénégal a également mis l’accent sur les besoins des milieux défavorisés, demandant que l’accès des pauvres aux services d’eau et d’assainissement soit subventionné.  De même, le représentant des syndicats a souligné les limites de l’intervention du secteur privé en estimant que l’aide internationale dans le cadre de politiques publiques répondait mieux aux besoins des populations défavorisées.  Les représentants de la République islamique d’Iran et du Ghana ont quant à eux insisté sur l’importance d’un environnement économique favorable.  Ainsi, ce dernier a plaidé pour une réforme du commerce, jugeant celle-ci indispensable pour le développement durable de l’économie africaine, ainsi que pour l’allègement de la dette qui permettrait de rediriger des ressources vers une meilleure fourniture de services.  Dans l’optique d’un environnement économique porteur, les représentants de l’Afrique du Sud, du Ghana et des industries ont fait valoir qu’il était indispensable d’encourager la création d’emplois sans laquelle la durabilité des avancées ne pourra être assurée. 


Le transfert des technologies, par le biais des partenariats a été au cœur de l’intervention du représentant des États-Unis.  Le représentant du Sénégal et de la République islamique d’Iran ont également été parmi les nombreux intervenants sur ce sujet, mettant l’accent sur les avantages de la coopération, à la fois Sud-Sud et Nord-Sud.  Enfin, le représentant de la France a pour sa part insisté sur la modification des schémas de production et de consommation, estimant qu’il existait des actions simples pour amorcer un changement radical mettant en avant le souci de préserver les ressources en eau.  Les représentants du la Belgique, des ONG et du Brésil ont souligné la nécessité de promouvoir des schémas de production durable, ce dernier rappelant, entre autres, que ces efforts de changement avaient abouti à une augmentation de la production et de la consommation. 


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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.