LA CDD-13 ENTEND DES PROPOSITIONS PERMETTANT D’ACCÉLÉRER LA MISE EN ŒUVRE DES OBJECTIFS LIÉS À L’EAU, L’ASSAINISSEMENT ET AU LOGEMENT
Communiqué de presse ENV/DEV/839 |
Commission du développement durable
Treizième session
4e & 5e séances – matin & après-midi
LA CDD-13 ENTEND DES PROPOSITIONS PERMETTANT D’ACCÉLÉRER LA MISE EN ŒUVRE DES OBJECTIFS LIÉS À L’EAU, L’ASSAINISSEMENT ET AU LOGEMENT
L’accès au microcrédit et à la sécurité de l’occupation présentés comme des
éléments clefs pour accélérer l’accès au logement et au service public de base
La Commission du développement durable (CDD-13) a entamé aujourd’hui une série de débats interactifs sur l’eau, l’assainissement et les établissements humains. Ils ont permis aux délégations de présenter des mesures pratiques afin d’accélérer les progrès pour atteindre les objectifs convenus au plan international dans les domaines de l’eau, de l’assainissement et des établissements humains, alors que le nombre de personnes vivant dans des taudis pourrait passer de 1,1 à 1,5 milliard d’ici à 2015.
S’agissant de la problématique liée aux établissements humains, deux débats ont respectivement porté, le matin sur les moyens d’accélérer l’accès au logement et aux services publics et, l’après-midi, sur la création d’emplois et promotion des entreprises en rappelant que le onzième objectif du Millénaire pour le développement (OMD) consiste, d’ici à 2020, à améliorer sensiblement la vie d’au moins 100 millions d’habitants de taudis. Ces débats ont été l’occasion pour la plupart des délégations de souligner la nécessité d’aborder la planification et le développement des établissements humains selon une optique nouvelle, en intégrant la planification urbaine, les politiques en faveur du logement, l’approvisionnement en eau potable et l’assainissement, la gestion des déchets solides, l’enseignement, les services sanitaires, les transports, l’emploi et le développement des entreprises.
Les échanges de vues sur l’accès au logement ont souligné la nécessité de définir la sécurité de l’occupation et l’accès au microcrédit comme des éléments décisifs de l’amélioration de l’accès au logement alors que les débats sur la création d’emploi et promotion des entreprises en relation avec les établissements humains. Dans ce cadre, de nombreux intervenants ont insisté sur l’importance pour les autorités locales d’adopter des politiques favorisant l’essor des petites entreprises, notamment en se dotant d’un cadre réglementaire transparent, en facilitant l’accès aux biens de production et aux services collectifs de distribution (eau, gaz, électricité) et en régularisant l’économie souterraine.
Certaines délégations ont insisté sur l’adoption de stratégies et politiques qui concilient augmentation de la productivité et de la croissance économique en faveur des pauvres, en intégrant les aspects formation, éducation et renforcement des capacités locales. De leur côté, les représentants des pays en développement ont estimé que leurs efforts de promotion de l’entreprise locale resteront vains si les pays développés n’acceptent pas de répondre à leurs engagements en matière d’ouverture de marchés et de transfert de technologies au niveau local.
Le débat interactif consacré aux moyens d’améliorer la gestion intégrée des ressources en eau et l’accès à l’eau potable salubre dans les zones urbaines et rurales a permis à de nombreux intervenants de demander des ressources techniques et financières supplémentaires pour aider les pays en développement à atteindre leurs objectifs dans ce domaine. Certains ont mis l’accent sur la nécessité d’améliorer les données concernant les ressources en eau et sa qualité. Avant de procéder à une gestion intégrée, nous devons connaître ce que nous devons gérer, a insisté le représentant du Programme des Nations Unis pour le développement (PNUD). Ce dernier a notamment mis en lumière le rôle de la décentralisation des systèmes de surveillance de l’eau tout en soulignant la nécessité de coordination aux niveaux local et national et la participation de toutes les parties prenantes. La représentante du Luxembourg, s’exprimant au nom de l’Union européenne, a reconnu la nécessité d’augmenter l’aide publique au développement tout en soulignant le rôle crucial des mécanismes financiers novateurs au niveau local et au niveau de la microfinance.
La table ronde, consacrée à la question de l’assainissement et des moyens d’améliorer l’accès aux services d’assainissement de base et hygiène ainsi que le traitement, recyclage et réutilisation des eaux usées, a permis d’entendre le représentant de la Banque mondiale qui a encouragé un changement de comportement dans ces domaines. C’est une mission pour laquelle la société civile pourrait se montrer très efficace. Il a exhorté les communautés locales à établir des normes claires en matière d’assainissement. Dans la même optique, le représentant du Conseil collaboratif sur les ressources en eau et l’assainissement a jugé nécessaire de renforcer les forums régionaux pour développer un meilleur échange d’informations sur les bonnes pratiques. De son côté, le représentant du Ghana a déclaré que l’objectif de l’Union africaine était d’assurer une couverture de 80% de l’Afrique subsaharienne d’ici à 2050. Un objectif, a-t-il avoué, impossible à atteindre sans l’aide de la communauté internationale.
Intervenant en début de journée au nom de l’Union européenne, la représentante du Luxembourg avait regretté que les grands groupes n’aient pu participer aux séances qui ont marqué hier l’ouverture de la CDD-13. Elle a demandé qu’ils soient à l’avenir intégrés à l’ensemble des débats de la session.
La CDD-13 reprendra ses travaux demain, mercredi 13 avril à 10 heures pour examiner les questions liées au suivi et à l’évaluation de la gestion des services d’eau et d’assainissement.
DÉBAT INTERACTIF SUR LA GESTION INTÉGRÉE DES RESSOURCES EN EAU
M. ROBERTO LENTON, Président du Comité technique du Partenariat mondial sur l’eau (Global Water Partnership), a fait remarquer que la gestion intégrée des ressources en eau n’était pas nouvelle mais constituait un instrument majeur pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il a aussi souligné que, conformément au Plan de mise en œuvre de Johannesburg et au Plan d’efficacité de l’eau d’ici à 2005, il était essentiel de catalyser l’action pour aller vers des approches plus intégrées. Cette gestion intégrée de l’eau pourrait servir aux moyens de planification au sens plus large et en particulier pour la réduction de la pauvreté sur la base des OMD, a-t-il ajouté. Il a fait valoir que plusieurs pays s’étaient déjà lancés sur la voie de la gestion intégrée et bien que la plupart des actions doivent se produire aux niveaux communautaire et national, l’ONU a aussi un rôle d’appui à jouer. Actuellement, ce soutien souffre du partage des responsabilités entre les différentes institutions spécialisées de l’ONU et des faibles ressources humaines chargées de la question de l’eau, a-t-il expliqué. M. Lenton a conclu en souhaitant que ces institutions et les États Membres veillent à ce qu’il y ait un appui fort pour la réalisation des objectifs en matière d’eau et d’assainissement.
Lors de son intervention, M. JOACHIM HARLIN, représentant du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), s’estintéressé aux moyens pratiques de mettre en œuvre une gestion intégrée des ressources en eau. Il a ainsi relevé l’importance d’améliorer les données concernant les conditions socioéconomiques, l’environnement et, bien sûr, les ressources en eau et la qualité de l’eau. Avant de procéder à une gestion intégrée, nous devons connaître ce que nous gérons, a-t-il insisté. Il a aussi mis en lumière le rôle de la décentralisation des systèmes de surveillance de l’eau tout en soulignant la nécessité de coordination aux niveaux local et national et la participation de toutes les parties prenantes. Dans cette perspective, il a suggéré de renforcer les capacités des institutions et des individus afin d’améliorer la prise de conscience ainsi que les compétences, en soutenant particulièrement les femmes. Il a également insisté sur le besoin de se concentrer sur les problèmes locaux, de laisser les associations d’usagers influencer les tarifs ou encore d’assurer la sécurité de la propriété des terres. Il a tout particulièrement souligné le besoin d’investissements destinés aux infrastructures pour l’eau afin de construire cette approche intégrée. Ainsi, il a souhaité la mise en place de politiques financières pour le secteur de l’eau et l’inclusion de la gestion des ressources en eau dans les stratégies nationales de développement.
Après ces deux interventions, la Présidente de la table rondea souhaité que les délégations s’expriment sur les mesures concrètes que devrait envisager la Commission du développement durable. De nombreuses délégations, dont ceux de la Jamaïque au nom du Groupe des 77 et de la Chine, de la Norvège et du Bangladesh, ont ainsi souligné que la gestion intégrée des ressources en eau ne pouvait s’appliquer de la même manière partout et devait prendre en compte les spécificités nationales.
À l’instar du représentant du Luxembourg, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, de nombreuses délégations ont souligné les liens étroits entre stratégies nationales et approche intégrée des ressources en eau. Cette gestion intégrée est un moyen de catalyser les efforts des gouvernements et de faciliter une approche favorable aux pauvres ainsi que la participation des organisations de base, a-t-il expliqué. À cet égard, la représentante de la Norvège a particulièrement insisté sur la participation active des femmes. Par ailleurs, la représentante de la Suisse a déclaré que les instruments juridiques sur l’environnement en vigueur -en particulier sur la diversité biologique- étaient des outils essentiels pour la mise en œuvre de cette gestion intégrée. La perte des écosystèmes nous empêchera de réaliser les OMD, a-t-elle rappelé. Cette dimension écologique a également été soulevée par le Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) qui a déclaré que la gestion intégrée devait comporter trois éléments, à savoir le développement économique, l’équité sociale et la viabilité pour l’environnement. La représentante de l’ONG WaterAid Ouganda a elle aussi expliqué qu’il fallait assurer les ressources en eau pour les générations futures et que la gestion intégrée des ressources en eau devait comporter la protection de celles-ci. Les questions du financement et d’un cadre juridique approprié pour une approche intégrée ont été abordées par plusieurs délégations. Ainsi, les représentants de la Jamaïque, du Japon et de l’Iran ont souligné la nécessité de fournir des ressources techniques et financières supplémentaires pour aider les pays en développement à atteindre l’objectif d’une gestion intégrée des ressources en eau.
DÉBAT INTERACTIF SUR L’ACCÈS À L’EAU POTABLE SALUBRE DANS LES ZONES URBAINES ET RURALES
M. JAMAL SAGHIR de la Banque mondiale a expliqué que la CDD-13 devra être orientée vers l’action car pour l’instant, les progressions dans le domaine de l’accès à l’eau étaient encore lentes. Il a affirmé que la seule manière d’atteindre les OMD est de faire naître une responsabilisation, en faisant payer ceux qui sont en mesure de le faire et de subventionner les pauvres. Les subventions devraient viser à aider les pauvres à faire face au coût de la connexion à l’eau. Par ailleurs, il a indiqué que les investissements devaient être accrus de manière considérable pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement. Toutes les sources de financement doivent être mobilisées pour atteindre ce but, a-t-il insisté.
Outre la question du financement, M. SAGHIR s’est penché sur le rôle de la gouvernance, affirmant que chacun devait trouver son modèle pour avoir des systèmes efficaces et durables d’approvisionnement en eau et d’assainissement, et ce, à moindre coût. Bien qu’elle soit généralement efficace, la décentralisation risque de poser des défis liés aux nouvelles responsabilités qui seraient peu adaptées aux capacités des autorités locales, a-t-il estimé. C’est pourquoi, il a plaidé pour un renforcement de ces capacités, en suggérant d’y inclure le secteur privé.
Intervenant à son tour, le Directeur exécutif de WaterAid, M. RAVI NARAYANAN, a mis en lumière quelques principes généraux qui pouvaient s’appliquer à tous pour améliorer l’accès à l’eau. Il a jugé indispensable de fournir un meilleur financement à ce secteur. Selon lui, il faudrait au moins doubler le financement destiné à l’eau et à l’assainissement dans les 10 prochaines années, en le faisant passer de 14 millions de dollars à 30 millions de dollars. Il a aussi souhaité que l’aide publique au développement s’adresse en priorité aux pays les plus pauvres et qu’une meilleure coordination soit instaurée entre les donateurs et les différents ministères concernés au sein des gouvernements nationaux. De plus, il a souligné le rôle d’une gouvernance efficace ciblant les régions pauvres dans les pays. Le renforcement des capacités locales pour mieux utiliser les ressources financières est également nécessaire pour éviter le gaspillage, a-t-il expliqué. Enfin, M. Narayanan a insisté sur la nécessité de recueillir des informations authentiques, estimant que beaucoup de données ne reflètent pas la réalité, notamment pour ce qui est du taux de couverture. Les Nations Unies et les organismes gouvernementaux doivent inclure la participation de la société civile dans ce recueil de l’information pour qu’il soit véritablement efficace, a-t-il conclu.
En réponse à ces exposés, les participants à la CDD-13 ont à nouveau pris la parole pour mettre en lumière d’une part les contraintes et d’autre part les possibilités à explorer pour garantir un meilleur accès à l’eau pour tous. Le représentant de la Finlande a ainsi souligné que l’élaboration de plans de gestion intégrée des ressources en eau d’ici à 2005 était un défi majeur pour nous tous qui appelle à développer les capacités nationales et locales. À cet égard, le représentant des syndicats a indiqué que les investissements étaient une question clef à qu’il faut examiner. Il faudrait s’assurer que ces investissements profitent à des projets encourageant les pratiques durables et que l’allègement de la dette devait également être pris en compte. Les représentants de l’Indonésie et de l’Afrique du Sud ont aussi insisté sur la mobilisation des ressources financières afin de fournir un accès de base à l’eau, en demandant notamment que les engagements pris en matière d’aide publique au développement soient respectés. La représentante du Luxembourg, au nom de l’Union européenne, a réitéré ces propos tout en soulignant l’importance des mécanismes financiers novateurs au niveau local et au niveau de la microfinance.
La coopération visant à améliorer l’accès à l’eau a également été au centre des interventions. Le représentant du Canada a notamment déclaré que celle-ci permettrait des avancées plus rapides. Le représentant des Philippines a lui aussi insisté sur le rôle de la coopération Sud-Sud pour bien gérer les ressources en eau. Quant au représentant de la France, il a fait valoir les avantages de la coopération décentralisée ainsi que de la coopération solidaire permettant les échanges d’expériences, les transferts de compétences et la création de partenariats. Pour assurer une meilleure coordination et une mise en œuvre efficace de la gestion intégrée de l’eau, le représentant des États-Unis a souligné l’importance de ces partenariats qui offrent un appui utile aux pays qui en ont besoin et facilitent la participation de tous. Les représentants du Kenya et de l’Australie ont d’ailleurs souhaité que la consultation et la participation de toutes les parties prenantes dans la gestion de l’eau soient encouragées. D’autres délégations, comme celles de la Fédération de Russie et de la République de Corée, ont insisté sur la décentralisation tout en précisant que celle-ci devait se faire en prenant en compte le contexte national. Le représentant de l’Indonésie a pour sa part souhaité l’élaboration de législations pour définir les responsabilités à chaque niveau.
DÉBAT INTERACTIF SUR LESÉTABLISSEMENTS HUMAINS
Accès au logement et aux services publics
Ce premier débat interactif sur les établissements humains a été l’occasion pour de nombreuses délégations de définir la sécurité de l’occupation et l’accès au microcrédit comme des éléments décisifs de l’amélioration de l’accès au logement. Les délégations ont souligné l’urgence de mesures concrètes constatant que 1,1 milliard de personnes vivaient dans des taudis, un chiffre qui risquerait de passer à 1,5 milliard si rien n’était fait.
Si le représentant du Brésil, s’appuyant sur son expérience, a estimé que le microfinancement était un mécanisme prometteur et la principale source de finances des populations pauvres, celui de l’Afrique du Sud a invité en revanche les gouvernements à mener une politique dynamique d’acquisition de terrains afin d’y construire des logements accessibles aux ménages à faible revenu.
Des présentations liminaires des représentants du Programme des établissements humains des Nations Unies, Mme Nefise Bazoglu et M. Dinesh Mehta, ont été l’occasion de noter que 95% de la croissance démographique à venir s’exercera dans les zones urbaines. Si les pauvres des zones rurales ont souvent un toit, force est de constater que le logement est un placement inaccessible pour les pauvres des villes, a-t-il été souligné, alors qu’en 2007, pour la première fois, la majorité de la population mondiale vivra dans des villes. Ils ont souligné les difficultés particulières des pauvres des villes. À cet égard, ils ont noté que si les pauvres dans les zones rurales avaient souvent un toit, les pauvres des villes ont rarement accès à un logement décent. Ils ont souligné que les expériences en matière de microcrédit avaient montré que les pauvres étaient solvables, mais ne disposaient pas des moyens d’obtenir des garanties bancaires. La plupart des délégations ont estimé que les pays en développement et notamment ceux de l’Afrique subsaharienne ne disposaient pas des moyens d’atteindre le onzième Objectif du Millénaire pour le développement (OMD), qui consiste, d’ici à 2020, à améliorer sensiblement la vie d’au moins de 100 millions d’habitants de taudis. Outre l’augmentation indispensable de l’aide publique au développement (APD) et de la réduction de la dette, de nombreuses délégations ont insisté sur la nécessité de trouver de nouvelles sources de financement. Elles ont estimé que l’épargne et l’octroi de prêts constituaient le meilleur moyen d’aider les populations locales à améliorer leurs conditions de logement, d’autant plus que les expériences en matière de microcrédit montrait que les populations pauvres sont plus solvables. Le seul problème qui subsiste est la garantie bancaire, ont-ils fait observer. Pour y remédier, ils ont suggéré de mettre en place un fonds international qui puisse servir de garantie bancaire aux pauvres souhaitant emprunter pour accéder à un logement décent.
La plupart des intervenants ont souligné la nécessité d’aborder la planification et le développement des établissements humains selon uneoptique nouvelle, en intégrant la planification urbaine, les politiques en faveur du logement, l’approvisionnement en eau potable etl’assainissement, la gestion des déchets solides, l’enseignement, les services sanitaires, les transports, l’emploi et le développement des entreprises. Même si la définition de cette planification revient à l’État, il est important, a-t-il maintes fois été souligné, que les collectivités locales soient dotées, dans le cadre d’une réelle décentralisation, des compétences permettant de répondre aux besoins des pauvres au niveau local. Le représentant du Ghana a estimé que des bidonvilles se développaient en l’absence de réglementation et souvent parce ce que les constructions se développaient de manière sauvage que l’assainissement, l’adduction d’eau et autres services publics ne pouvaient suivre. La représentante de la Suède a souhaité que l’on renforce les capacités des ONG qui travaillent sur la question du logements; celui de la France s’est dit pour sa part favorable à l’adoption d’une déclaration internationale énonçant les grands principes dont les succès auront été mis en évidence par ONU-Habitat en matière d’accès au logement.
Si la représentante des peuples autochtones a souhaité que l’on renforce les capacités des autochtones en matière de gestion des services liés au logement, celui des syndicats a mis l’accent sur les projets qui tiennent compte de la qualité de l’environnement et de la santé sur le lieu de travail. Il faut prendre des mesures concrètes pour la gestion des terres en axant nos efforts sur la protection de l’environnement et le transport, a insisté le représentant russe, alors que la représentante du Kenya a insisté sur des politiques de planification s’appuyant sur la construction de matériel alternatif disponible sur le lieu. En outre, le représentant du Mexique s’est particulièrement félicité du programme d’ONU-Habitat qui a permis de fournir des logements à 700 000 personnes dans 70 villes du pays alors que celui de la République de Corée a vanté les mérites d’une politique nationale qui finance 80% des projets de construction de logements.
Création d’emploi et promotion des entreprises
Dans un discours liminaire, le représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT), M. VAN DER REE, a déclaré que les nouvelles stratégies de développement du secteur privé avaient créé de nouvelles opportunités pour les microentreprises des pays en développement à condition que les gouvernements soient en mesure de décentraliser les compétences nécessaires pour exploiter ces opportunités. Il a cité trois conditions préalables pour créer des emplois et stimuler l’esprit d’entreprise: l’intégration des questions de l’emploi dans les programmes locaux d’établissements humains; le renforcement des capacités, de l’éducation, de la formation et des échanges au niveau des responsables locaux et au niveau national; améliorer l’accès au marché aux niveaux régional et mondial dans le souci de renforcer l’accès à l’emploi des femmes et des jeunes.
Ce débat a été l’occasion pour de nombreux intervenants de souligner l’importancedes autorités locales en ce qui concerne l’adoption de politiques propices à l’essor des petites entreprises, notamment en se dotant d’un cadre réglementaire transparent, en facilitant l’accès aux biens de production et aux services collectifs de distribution (eau, gaz, électricité) et en régularisant l’économie souterraine. Les études de marché pour le développement des petites et moyennes entreprises (PME) ne serviront à rien sans l’intervention favorable des gouvernements, a estimé le représentant de la République de Corée.
De leur côté, l’ensemble des représentants des pays en développement qui ont pris la parole ont estimé que leurs efforts de promotion de l’entreprenariat local resteraient vains, tant que les pays développés n’accepteront pas de répondre à leurs engagements en matière d’ouverture de marchés et de transfert de technologies au niveau local. Le représentant de l’Afrique du Sud a tout particulièrement demandé la création d’un fonds international destiné aux établissements humains en Afrique. La représentante des autorités locales a invité les donateurs à faire preuve d’une meilleure coordination des ressources et soutiens qui sont adressés à des gouvernements locaux dont les capacités ne permettent pas de s’acquitter efficacement de leurs responsabilités.
Dans d’autres domaines, le représentant de la République-Unie de Tanzanie, au nom du Groupe africain, et celui de la République islamique d’Iran ont notamment insisté sur l’influence des migrations sur les économies locales. Les représentants des jeunes et des femmes ont tous les deux souhaité des programmes de microcrédit qui leur sont spécifiquement destinés. Le représentant de la communauté scientifique a insisté sur l’importance des sciences sociales, notant qu’il n’existait aucune réponse technologique aux problèmes sociaux et de comportement. Le représentant du monde des affaires a souligné l’importance de partenariats avec la société civile pour accélérer la diffusion des technologies et appuyer la croissance durable des petites et moyennes entreprise des pays en développement.
Commentant ces débats, le représentant de l’OIT a déclaré que l’emploi et la création d’emplois devaient être considérés dans les différents domaines en tenant compte des groupes communautaires et de leurs besoins en matière de gestion de l’assainissement et des déchets. Il a insisté sur la nécessité d’améliorer les compétences des femmes, des jeunes et des personnes défavorisées en général pour augmenter leurs chances de trouver un emploi. Il a fait sien l’avis selon lequel il était crucial de disposer d’infrastructures comme les routes ou autres moyens de transport et infrastructures de communication.
Résumant les débats, le modérateur, M. BOO-NAM SHIN (République de Corée), a notamment insisté sur la nécessité de renforcer les capacités locales en formant des créateurs d’entreprises et en transférant des technologies afin de permettre aux entrepreneurs d’exploiter toutes les possibilités de développement économique. En outre, il a fait siennes les propositions selon lesquelles, il fallait encourager des méthodes de construction utilisant une main d’œuvre nombreuse. Enfin, il a souligné l’importance de promouvoir le microcrédit aux fins de la création d’emplois et des microentreprises.
DÉBAT INTERACTIF SUR L’ACCÈS AUX SERVICES D’ASSAINISSEMENT DE BASE ET À L’HYGIÈNE
Entamant le débat, M. EDE IJJASZ de la Banque mondiale a expliqué que l’accès à l’assainissement était un des principaux défis des OMD. Il a indiqué que les mandats pas toujours très bien définis entre les différentes administrations des pays posaient une difficulté majeure pour l’assainissement et que seule la coordination pouvait remédier à ce problème. Il a noté que, trop souvent, l’assainissement est considéré par le gouvernement comme un problème des ménages et a demandé que l’eau et l’assainissement reçoivent une priorité plus élevée dans les Stratégies de réduction de la pauvreté, tout en tenant compte de la question de l’environnement. On doit penser en terme de durabilité, a-t-il expliqué au sujet des solutions relatives à l’assainissement. Le représentant a aussi souligné qu’il fallait encourager un changement de comportement afin d’améliorer l’hygiène et l’assainissement. La société civile peut être extrêmement utile pour que les ménages améliorent leur consommation, a-t-il expliqué. Enfin, il a aussi insisté sur la nécessité de mettre en place des réglementations claires pour les municipalités.
Malgré quelques progrès réalisés, Mme VANESSA TOBIN du Fonds des Nations Unies pour l’enfance a estimé que 2,6 milliards de personnes n’avaient pas d’assainissement amélioré. Bien que de nombreux pays se concentrent désormais sur l’assainissement, beaucoup reste à faire dans le domaine de la réduction des inégalités, particulièrement en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne, a-t-elle souligné. Elle a préconisé des initiatives tournées vers les communautés, avec une participation des pauvres dès la phase de planification, et tenant en compte de la parité. Par ailleurs, elle a souhaité que les pays s’inspirent des initiatives réussies afin de progresser et que les politiques nationales accordent une importance accrue à l’assainissement et à l’hygiène ainsi qu’à leur promotion. Toutes les énergies et les ressources doivent être rassemblées dans des partenariats efficaces pour apporter des bénéfices aux programmes nationaux, a-t-elle conclu.
Rappelant que la situation de l’assainissement est critique, M. GOURI GHOSH du Conseil collaboratif sur les ressources en eau et l’assainissement (Water supply and Sanitation Collaborative Council), a quant à lui déclaré qu’il fallait en cette matière adopter une démarche ethnocentrique et faire changer les styles de vie. Il a jugé primordiale de promouvoir l’assainissement, notamment en impliquant toutes les parties dans une campagne continuelle pour expliquer les bienfaits de l’assainissement. Il a aussi souligné l’importance d’une démarche et d’une surveillance locales. Ce sont ces communautés qui doivent changer d’attitude pour atteindre les objectifs en matière d’assainissement, a-t-il précisé.
DÉBAT INTERACTIF SUR LE TRAITEMENT, LE RECYCLAGE ET LA RÉUTILISATION DES EAUX USÉES
Deux autres conférenciers ont abordé le thème du traitement, du recyclage et de la réutilisation des eaux usées. Dans ce secteur, a indiqué la représentante du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), Mme VEERLE VANDERWERD, il faudrait mettre l’accent sur les normes internationales tout en favorisant le financement, une gouvernance adéquate et le transfert de technologies. Elle a estimé que les partenariats dans ce domaine, notamment par les institutions spécialisées de l’ONU et par les institutions financières, étaient essentiels et qu’il fallait accroître les échanges sur les bonnes pratiques. L’intervenante a aussi souligné qu’il fallait améliorer le financement au niveau international afin d’aider autorités locales. Le dernier conférencier, M. JAMIE BERTRAM de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a rappelé que depuis 30, l’OMS aidait les pays à utiliser efficacement l’eau et qu’à ce titre, des enseignements pouvaient être tirés de son expérience. Il a notamment noté l’écart technologique persistant ainsi que le manque de prise en compte de règles sanitaires de base. Il faut établir des directives pour réglementer le traitement des eaux usées et adapter ces normes aux besoins propres des pays puis de les mettre en œuvre, a-t-il déclaré, en soulignant notamment le rôle crucial du contrôle et de la surveillance pour mener à bien une politique d’assainissement, le lien entre l’utilisation des eaux usées et la gestion intégrée des ressources en eau ainsi que l’importance d’une meilleure cohérence, rôle déterminant que le Programme UN Water pourrait jouer.
Les délégations ont échangé leurs idées concernant l’assainissement, plusieurs délégations ont notamment insisté sur le rôle essentiel de l’éducation et de la participation locale, notamment celle des femmes. Ainsi, la Jamaïque, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a fait remarquer que les changements de comportement pour améliorer l’assainissement exigeaient un renforcement des capacités au niveau des ressources humaines. Le représentant du Groupe des jeunes a mis l’accent sur le rôle de l’éducation, de la sensibilisation et de participation de la communauté, estimant que c’était dans ce domaine que les choses pouvaient véritablement être réalisées. De plus, la représentante du Groupe des femmes a souhaité une meilleure autonomisation des femmes pour qu’elles puissent jouer un rôle actif dans le développement durable de leur pays et a souligné l’importance d’installations d’assainissement tenant compte de la particularité des sexes. Le financement d’une bonne politique d’assainissement a aussi fait l’objet de nombreuses interventions. Ainsi, le représentant du Luxembourg a estimé que l’assainissement, domaine prioritaire, devait figurer dans les stratégies de développement qui seraient ensuite reprises dans les budgets nationaux. Le représentant du Ghana, s’exprimant au nom du Groupe africain, a notamment indiqué qu’il fallait répondre à la question de l’allégement de la dette pour favoriser le déblocage de ressources en faveur de l’assainissement. Outre le manque de ressources, le problème des technologies disponibles a été soulevé par plusieurs délégations, dont celles de la Jamaïque et de l’Iran. Certains ont demandé qu’un accès préférentiel aux technologies figure dans les recommandations de la Commission du développement durable. Pour renforcer les capacités, le rôle des partenariats a été à maintes fois souligné par de nombreux représentants comme ceux des États-Unis et de la Colombie. Ces intervenants ont souhaité que les partenariats entre le secteur public et le secteur privé soient renforcés. Enfin, les représentants du Canada et du Luxembourg, entre autres, ont demandé que le rôle du Programme des Nations Unies pour l’eau soit élargi et renforcé, afin qu’il puisse coordonner la mise en œuvre des mesures relatives à l’assainissement et aux traitement des eaux usées.
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