ENV/DEV/838-SAG/349-UNEP/278

UN NOUVEAU RAPPORT INDIQUE COMMENT PRÉSERVER LA COUCHE D’OZONE TOUT EN LUTTANT CONTRE LE DÉRÈGLEMENT CLIMATIQUE

11/04/2005
Communiqué de presse
ENV/DEV/838
SAG/349
UNEP/278


UN NOUVEAU RAPPORT INDIQUE COMMENT PRÉSERVER LA COUCHE D’OZONE TOUT EN LUTTANT CONTRE LE DÉRÈGLEMENT CLIMATIQUE


(Publié tel que reçu)


Genève, le 11 avril 2005 -- Après 20 ans d’efforts visant à assurer la protection de la couche d’ozone au moyen d’une nouvelle génération de produits chimiques, les gouvernements doivent faire face à un autre problème lié au fait que ces produits de remplacement des chlorofluorocarbones (CFC), sans danger pour la couche d’ozone, n’en sont pas moins des gaz à effet de serre qui contribuent au réchauffement planétaire.


Afin de préciser l’ampleur du problème et d’indiquer les solutions possibles, le Groupe d’experts intergouvernemental OMM/PNUE sur l’évolution du climat (GIEC) a collaboré avec le Groupe de l’évaluation technique et économique (GETE) à l’élaboration d’un rapport spécial intitulé « Préservation de la couche d’ozone et du système climatique planétaire : questions relatives aux hydrofluorocarbones (HFC) et aux hydrocarbures perfluorés (PFC) ».


Ce rapport, dont la rédaction a mobilisé 145 experts de 35 pays pendant deux ans et qui a été parachevé lors d’une réunion qui s’est tenue à Addis-Abeba (Éthiopie) du 6 au 8 avril, a été rendu public aujourd’hui.


Prises ensemble, les diverses solutions proposées dans le rapport permettraient de réduire de moitié d’ici à 2015 la part des CFC et de leurs produits de remplacement dans le réchauffement planétaire.


Le GIEC a été créé en 1988 par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Le GETE a été établi dans le cadre du Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d’ozone (1987) et est administré par le PNUE.


« Bien que le changement climatique et la destruction de l’ozone soient des problèmes foncièrement différents, ils se trouvent cependant réunis par l’usage que nous faisons de certains produits chimiques » a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, M. Michel Jarraud. « Nous devons en permanence surveiller de près cet ensemble de substances extrêmement utiles, entreprendre des recherches à leur sujet et veiller à améliorer leur gestion, car elles sont en partie la cause non pas d’un seul, mais de deux des plus graves problèmes d’environnement qui se soient jamais posés. »


En vertu du Protocole de Montréal, les gouvernements de tous les pays éliminent progressivement les CFC, les halons et les autres substances chimiques qui détruisent l’ozone et les remplacent par des produits de substitution beaucoup moins nocifs. Toutefois, à l’instar des CFC, certains de ces produits de remplacement -- notamment les hydrochlorofluorocarbones (HCFC), les HFC et les PFC -- sont de puissants gaz à effet de serre.


C’est pourquoi les gouvernements signataires de la Convention sur les changements climatiques (1992) et de son Protocole de Kyoto (1997) ont inclus les HFC et les PFC dans la liste des six gaz à effet de serre dont la plupart des pays développés se sont engagés à réduire les émissions au cours de la période 2008-2012. « Il ne peut y avoir d’alternative entre la préservation de la couche d’ozone et l’atténuation du changement climatique » a déclaré le Directeur exécutif du PNUE, M. Klaus Töpfer. « Ce rapport montre que nous sommes en mesure de poursuivre l’application du Protocole de Montréal et d’atteindre parallèlement les objectifs du Protocole de Kyoto. Il montre aussi que bon nombre des solutions doublement avantageuses qui sont envisageables rivalisent, sur le plan des coûts, avec les mesures retenues pour réduire les émissions de dioxyde de carbone et des autres gaz à effet de serre. »


Selon le rapport, il est possible de réduire au minimum les émissions de CFC et de leurs produits de remplacement en s’employant à :


-- Renforcer le confinement des produits chimiques, afin d’empêcher les fuites, l’évaporation et les émissions de sous-produits indésirables;


-- Réduire les quantités nécessaires dans chaque type particulier d’appareil;


-- Favoriser davantage la récupération, le recyclage et la destruction des substances présentes dans les appareils mis au rebut;


-- Utiliser de plus en plus l’ammoniac et les autres substances de remplacement dont le potentiel de réchauffement planétaire est faible ou nul;


-- Recourir aux nouvelles technologies ne nécessitant pas l’utilisation de gaz qui appauvrissent la couche d’ozone ou qui contribuent au changement climatique.


Le passage à des produits chimiques sans danger pour la couche d’ozone


Le problème de l’appauvrissement de la couche d’ozone découle de l’utilisation sur une grande échelle, à partir du milieu du siècle dernier, de produits chimiques stables et ininflammables dans les secteurs de la réfrigération, de la climatisation, des mousses, des aérosols, de la protection contre les incendies et des solvants. Dans les années 1980, des scientifiques ont établi que ces produits chimiques s’échappaient dans la stratosphère, où ils contribuaient à détruire les molécules d’ozone (O3) qui protègent les organismes terrestres du rayonnement solaire.


Comme le confirme le rapport publié ce jour, l’action rapide engagée par les gouvernements en vue d’adopter et de mettre en œuvre le Protocole de Montréal a eu pour effet de réduire la production mondiale de gaz nocifs pour l’ozone et, pour l’essentiel, de stabiliser la couche d’ozone.


Si les HCFC ont permis dans un premier temps d’atteindre les objectifs initiaux d’élimination progressive des CFC, leur présence est généralement considérée comme indésirable dans la plupart des nouveaux appareils, car ils ont un certain potentiel d’appauvrissement de la couche d’ozone; ils seront par la suite éliminés progressivement en vertu du Protocole de Montréal.


Parce que les HFC et les PFC ne contiennent ni chlore ni brome (les deux principaux agents de l’appauvrissement de la couche d’ozone), ils ont fait partie des produits de remplacement envisagés à longue échéance. Malheureusement, ce sont aussi des gaz à effet de serre.


La contribution au réchauffement planétaire


Molécule pour molécule, les CFC et bon nombre de leurs produits de remplacement sont des gaz à effet de serre beaucoup plus puissants que le dioxyde de carbone, lequel est cependant émis en plus grandes quantités. On estime que la part actuelle des CFC, de leurs produits de remplacement et des autres substances nocives pour l’ozone dans le réchauffement planétaire représente 10 % environ de celle des émissions de dioxyde de carbone dues à la combustion de combustibles fossiles ou 5 % environ de celle de l’ensemble des émissions anthropiques de gaz à effet de serre.


Comme pratiquement toutes les substances nocives pour l’ozone et leurs substituts sont désormais utilisés dans des systèmes fermés, ils sont généralement rejetés dans l’atmosphère des années ou même des décennies après avoir été produits. Ainsi, de grandes quantités de CFC sont encore présentes dans les installations actuelles de réfrigération et de climatisation ainsi que dans les mousses isolantes, d’où ces gaz peuvent s’échapper par évaporation ou à la suite de fuites. Plus tard, lorsque les appareils sont mis au rebut, ces gaz sont souvent simplement rejetés dans l’atmosphère.


S’agissant des CFC et des HCFC, rien n’est prévu dans les protocoles de Montréal ou de Kyoto pour empêcher leurs émissions. Pendant ce temps, les quantités stockées de HFC et de HCFC ne cessent d’augmenter.


Actuellement, 65 % environ de l’ensemble des émissions correspondant à ce groupe de produits chimiques sont encore des émissions de CFC, qui s’échappent principalement d’appareils de réfrigération et de climatisation existants. Par conséquent, la diminution des fuites de cette provenance pourrait contribuer à réduire notablement les émissions de gaz à effet de serre, pour le plus grand profit de la couche d’ozone et du système climatique.


D’après des estimations, les HCFC et les HFC représenteraient actuellement 20 % et 15 % respectivement des émissions de ce groupe de produits chimiques. Toutefois, d’ici 2015, ces proportions pourraient passer à 40 % et 50 % respectivement, selon les substances de remplacement et les technologies qui seront utilisées. Quant aux émissions de CFC, elles devraient diminuer au point de ne plus représenter que 10 % environ du total des émissions par suite de l’élimination progressive des nouvelles utilisations de ces gaz et de la réduction des rejets en provenance des quantités stockées.


Estimation des coûts


Les efforts déployés en vue de réduire au minimum les émissions de produits de remplacement des CFC causeront des dépenses. Les coûts estimatifs varient considérablement selon la nature et la dimension des appareils considérés et les solutions retenues. Par exemple, si le remplacement des HFC peut coûter de 0 à 30 dollars des États-Unis dans le cas d’un réfrigérateur ménager, il pourrait coûter de 48 à 180 dollars des États_Unis dans celui de la climatisation d’une automobile.


Dans le cas d’installations plus grandes telles que les systèmes qui équipent les supermarchés, les dépenses seraient beaucoup plus importantes. Par exemple, les incinérateurs servant à détruire les HFC dérivés de la production de HCFC pourraient coûter des centaines ou des milliers de dollars.


Toutefois, ces coûts sont relativement bas lorsqu’on les compare à ceux des autres méthodes de réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’incinération des HFC coûte par exemple moins de 0,2 dollar des États-Unis par tonne d’équivalent CO2.


De plus, bon nombre de solutions permettront aussi d’économiser de l’énergie et de réduire par conséquent les coûts annuels de l’énergie et les émissions connexes de dioxyde de carbone. Par exemple, la réduction des émissions en provenance des appareils de réfrigération, de climatisation et de chauffage à usage ménager et commercial pourrait coûter de 0 à 170 dollars des États-Unis environ par tonne d’équivalent CO2. Mais si l’on tient compte des améliorations apportées en matière de rendement énergétique, on peut dans certains cas réaliser des économies nettes se chiffrant à 75 dollars des États-Unis par tonne d’équivalent CO2.


Note à l’intention des journalistes  : Il est possible de consulter la version anglaise du rapport sur le Web, à l’adresse www.ipcc.ch.  Pour de plus amples renseignements, veuillez vous adresser à : PNUE : M. Michael Williams (Genève), + 41.22.917.8242/8244/8196, + 41.79.409.1528 (portable) ou michael.williams@unep.ch; M. Eric Falt, porte-parole, + 254.20.623292 ou eric.falt@unep.org; M. Nick Nuttall, chef de la division Médias, + 254.20.623084 ou nick.nuttall@unep.org.  OMM : Mme Carine VanMaele (Genève), + 41.22.730.8314/8315, + 41.79.406.4730 (portable) ou cvanmaele@wmo.int.  New York : Jim Sniffen, Fonctionnaire à l’information, PNUE, tel : +1-212-973-8094/8210, email : info@nyo.unep.org, Web : www.nyo.unep.org.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.